Bastian (Novel) Sides Stories

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Tome 2 - Bonus – Chapitre 203 – Journal

des soins infirmiers 1

31 janvier

Une semaine s'était écoulée depuis le jour où Bastian s'était réveillé de son long sommeil, et son pronostic n'était pas défavorable. Les médecins avaient réussi à suturer les muscles déchirés de sa jambe droite grâce à une intervention chirurgicale secondaire. Pourtant, le chemin à parcourir est encore long, sa rééducation représenterait un long voyage rempli d'immense douleur.

Les médecins ont évoqué la possibilité qu'il ne retrouverait peut-être jamais une pleine santé, mais je le connaissais mieux que quiconque – il avait la volonté la plus forte que j'aie jamais vue, quelles que soient les difficultés. J'avais entièrement confiance en lui et il pourrait traverser cette période difficile. Même si les choses ne se déroulaient pas comme prévu, je serais prête à l'aimer, quelles que soient les limitations qui pourraient être imposées à lui ou à son corps ; –

boiteux ou handicapé – je crois que nous réussirions quand même à fonctionner ensemble.

Maintenant, les médecins ont commencé à réduire sa dose d'analgésiques narcotiques et à permettre à son corps de retrouver ses sensations naturels.

C’était douloureux de le voir souffrir, mais c’était nécessaire à son rétablissement.

Restaurer sa force physique était primordial pour lui pour surmonter cette crise, et un simple régime de repas à l'hôpital n'était pas suffisant, j'ai donc pris note mentalement de discuter des alternatives avec le médecin. Et tout aussi important que les soins physiques, je dois prendre soin de son bien-être émotionnel et mental, car la dépression pouvait facilement s'installer s'il se sentait impuissant ou désespéré.

Notes IMPORTANTES:

– Je dois lui parler amicalement accompagné d'un sourire.

– M’assurez qu’il dispose de la nourriture nécessaire à une alimentation saine.

-Je dois être prudente dans mes paroles et mes actes ; ne faire ni ne dire rien qui puisse porter atteinte à son honneur ou à sa fierté

*****************************

La mer du Nord projetait sa claire lumière bleue dans la chambre d'hôpital, accueillie par les gémissements que Bastian luttait pour tenter de réprimer ses souffrances. Son

corps tout entier souffrait de douleur et aucun analgésique ne semblait apporter de soulagement. Avec une lutte haletante, il réussit à se soulever de son lit et à s'appuyer contre le bord. Il était paralysé par son impuissance, lorsqu'Odette surgit soudain à la porte, portant un sac de bandages et de médicaments.

« Bastian »

Bastian sourit alors qu'elle se dirigeait vers son lit, soigneusement vêtue d'une combinaison d'infirmière militaire.

Oui militaire,

Il était surpris – il la savait courageuse, mais ne s'attendait pas à ce qu'elle soit aussi imprudente à le suivre dans la zone de guerre. Au début, il ressentit de la colère parce qu'elle s'était mise en danger, juste pour avoir la possibilité d'être avec lui. Mais quand elle lui avait dit à quel point il lui avait désespérément manqué, sa colère fondit et tout ce qui restait était l'amour – un amour incontrôlable et inébranlable.

« Bonjour, mon chéri, bonjour » la salua Odette. Un léger sourire lui répondit Odette déposa les analgésiques et les relaxants musculaires sur le lit puis prépara habilement une seringue à injecter dans son bras. Bastian grimaça de douleur sous le coup sec de l'aiguille mais resta parfaitement immobile pendant qu'elle lui administrait la solution dans la veine.

Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'elle le regardait endurer la douleur intense les yeux fermés. Une fois l’injection terminée, elle se précipita vers la salle de bain, attrapa une serviette mouillée ainsi qu’un rasoir et remplit le lavabo d’eau.

« Tout va bien » se répétait-elle sans cesse, se forçant à rester forte. Car Bastian dépendrait d'elle maintenant, il ne devait jamais savoir à quel point elle était parfois sur le point de s'effondrer.

Quand Odette revint dans la chambre, Bastian regardait la mer par la fenêtre. Son inquiétude pesait toujours sur son cœur, même s'il avait l'air mieux qu'avant. Elle essuya l'humidité de ses yeux et se dirigea vers son lit, puis posa une bassine d'eau sur la table. Elle le déplaça rapidement, soutenant son corps avec sa force et glissa un oreiller derrière son dos pour qu'il puisse s'adosser confortablement.

« .. Odette » Bastian regardait Odette en s'essuyant tendrement le visage.

« La neige s'est enfin arrêtée » Odette sourit, faisant de son mieux pour égayer l'ambiance « Nous pouvons profiter d'un ciel magnifique aujourd'hui »

Le soleil du matin brillait à travers la fenêtre et illuminait la pièce alors qu'elle commençait à le déshabiller. Les cicatrices et les coupures qui marquaient sa peau étaient exposées à ses yeux alors qu'elle défaisait son bandage. Le silence remplit bientôt l'air comme une couverture, avec une peur courant dans ses veines à la vue de sa blessure ensanglantée, et ses yeux commencèrent à se remplir de larmes.

« Appelle une infirmière » dit calmement Bastian en lui tenant la main tremblante.

« Je suis infirmière »

« Ne sois pas si têtue »

« Non, je suis le commandant de cette chambre d'hôpital ! » À la vitesse de l'éclair, Odette arracha la corde de la cloche à côté du lit alors que Bastian s'apprêtait à la tirer «

S'il vous plaît, coopérez, amiral »

Odette faisait de son mieux pour être courageuse en observant ses blessures. Bastian savait pourquoi elle était déterminée à le soigner ; car en prenant soin de lui, elle pourrait se distraire du chagrin qui cherchait à l'accabler.

Elle pansa soigneusement et essuya sa sueur froide, apportant le peu de réconfort qu'elle pouvait. Pendant qu'elle travaillait, Odette racontait ses histoires de la vie ordinaire – sur les îles Trosa en hiver, sur ses nouvelles amies du corps des infirmières, une lettre de la comtesse de Trèves sur Margrethe et ses trois chiots. Elle le tenait engagé dans une conversation sur les sujets quotidiens tout en l'aidant à changer de vêtements.

« Maintenant, ferme les yeux » demanda Odette en ramassant la crème à raser et son rasoir. Pour être honnête, elle n'était pas douée pour le raser, et il pourrait faire un meilleur travail lui-même, mais son cœur se gonfla sous ses soins doux et affectueux, et il suivit ses ordres sans un mot, même si les conséquences était une barbe légèrement négligée, son attention dévouée en valait la peine.

« Je vais commencer. Ne bouge pas »

Odette étala la crème et sa main délicate fit glisser le rasoir sur son menton. Bastian s'enfonça dans les coussins, savourant son souffle chaud qui lui chatouillait la joue. Son odeur corporelle le calmait comme une douce berceuse, chassant toute trace de douleur, même celles que les analgésiques les plus puissants ne pouvaient atteindre.

C'était comme un miracle qu'il soit vivant et respire à côté d'elle. Il ouvrit les yeux, la regardant pour s'assurer que ce moment n'était pas une illusion. Cela la surprit et la lame glissante lui égratigna la joue.

« BASTIAN ! » Odette sortit précipitamment un mouchoir de sa poche et lui pressa la joue. Bastian rit en la regardant essayer d'arrêter le saignement. « NE RIT PAS ! »

« Je vais bien »

« Mais pas moi. Pourquoi as-tu ouvert les yeux ? »

« Tu me manques » Il murmura. « Parce que…. Tu me manques »

La lumière du soleil hivernale illuminait les murs de la pièce et sa voix, douce et grave, coulait à travers l'espace. Odette le regarda un instant, confuse, essayant de comprendre

ses paroles. Son sérieux la submergeait de pensées et d'émotions, c'était comme un poids lourd sur sa poitrine, son côté espiègle la mettait plus à l'aise.

« Nous avons encore beaucoup de temps. À partir de maintenant, nous serons ensemble pour toujours, alors ne t'inquiète pas, Bastian » Odette essayait de rester calme en disant cela, même si ses joues étaient rouges.

Ensemble pour toujours… Bastian rit, la promesse de s'attarder doucement sur ses lèvres.

« Maintenant, vas-tu fermer à nouveau les yeux ? » La voix d'Odette traversa le silence momentané, ses doigts légers sur sa peau alors qu'elle touchait ses yeux.

Il ne serait jamais capable de battre cette femme – la façon dont elle avait une domination sans effort sur lui était à la fois passionnante et terrifiante. Il céda à nouveau à son amour impuissant. Il ferma les yeux une fois de plus, s'abandonnant complètement à son contact maladroit mais affectueux alors qu'elle commençait à le raser.

« Ah, c'est parfait » aujourd'hui aussi Odette mentit après avoir fini de se raser.

La lumière du soleil éclairait son visage souriant. Elle lui sourit en retour, son mensonge oublié.

Il fut fasciné par la beauté de la scène et s'y perdit un moment. Une vague de paix l'envahit alors qu'il la regardait dans les yeux et ne voyait que la vérité. Le moment était une pure perfection.

**************************

« Es-tu sûr que tu vas bien ? » demanda Odette, pour ce qui semblait être la énième fois.

« Je vais bien, vas-y » Bastian gardait la même réponse.

Odette soupira et hocha la tête « Très bien, alors je vais y aller » Il n'y avait plus rien à dire ; elle avait promis de partir après le petit-déjeuner pour apporter de la vaisselle, il fallait donc le faire. Elle se leva de sa chaise et enfila son manteau presque en lambeaux.

Elle ne put pas résister à sa demande. Elle doutait qu'il soit peut-être trop tôt pour qu'elle serve la nation, mais Bastian était têtu et voulait qu'elle reprenne son travail d'infirmière bénévole et honore la promesse faite à l'empereur lorsqu'il lui rendit sa couronne. Alors maintenant, elle devait faire de son mieux pour être à la hauteur des normes royales et faire scintiller sa couronne.

Le sourire de Bastian était doux-amer. Elle savait qu'il faisait de son mieux pour cacher sa douleur, mentant sur le fait qu'il allait bien – ils étaient tous deux experts dans l'art de porter des masques, trompant le monde et les uns les autres. Dans son cœur, elle avait appris à accepter, peut-être que c'était mieux pour eux deux. Rester avec lui n'était pas une bonne idée, surtout si elle voulait protéger le sanctuaire dans son cœur, et elle aurait fait la même chose si elle avait été à sa place.

Alors, souriant en retour, elle lui dit au revoir. « Au revoir, Bastian. Je reviendrai » elle embrassa sa blessure dû à la lame de rasoir avant de partir Le carillon lointain des cloches annonçait le changement d'équipe, et Odette se précipita dehors, lui apportant les plateaux vides. Enfin seul, Bastian prit une profonde inspiration et ferma les yeux ; un gémissement s'échappa de sa gorge alors qu'il endurait la douleur sans morphine. Ce n'était pas facile, sa blessure était maintenant bien plus douloureuse et partout que ce qu'il avait subi dans le passé.

Bastian sonna, appelant le personnel médical, et bientôt le colonel Haller, suivi d'une infirmière, arriva dans sa chambre.

« Je veux connaître exactement mon état –au détail près. Aucune édulcoration de la réalité – je dois connaître la vérité. Mais s'il vous plaît, gardez ce secret pour la princesse

» Il parlait d'une voix saccadée en s'adressant à son médecin.

« Amiral, c'est… » Le colonel Haller restait bouche bée. Il eut du mal à trouver les mots tandis qu'Odette lui demandait de lui dire la vérité sur sa condition physique.

Elle avait peur de la façon dont son anxiété d'être infirme ne ferait qu'aggraver sa santé

- ce que le colonel Haller ne pouvait s'empêcher d'être en accord avec elle sur le fait que Bastian avait besoin de stabilité plus que toute autre chose, alors ils décidèrent tous les deux de lui mentir à ce sujet. Malheureusement, il semblait que Bastian pouvait les lire intégralement.

« Mes excuses, j'ai commis une grave erreur en vous trompant » Le colonel Haller baissa la tête et commença à expliquer toute la situation. Il fut prudent dans le choix de ses mots, s'assurant de présenter tous les faits de la manière la plus objective possible. «

Même s’il est encore incertain si nous réussirons, nous pourrons être sûrs de notre diagnostic une fois que la rééducation motrice aura commencé. »

« Je vois. Quand dois-je commencer la rééducation ? » demanda Bastian.

« C'est impossible maintenant. Vous devez finir de cicatriser et vos os se réparer avant que nous puissions la faire »

« Je vois. Merci pour votre coopération, colonel Haller » Bastian le remercia pour sa coopération, puis se moqua de son désastreux visage reflété dans le miroir de la chambre d'hôpital. « Au fait, puis-je vous demander une faveur ? »

« Bien sûr, amiral. »

Bastian passa sur ses cheveux moites : « Appelez-moi un barbier »

« ... Oh, oui, je le ferai »

Le colonel se sentit mal à l'aise : une femme avait quitté son mari blessé pour un autre patient, tandis que le mari cherchait un coiffeur lorsqu'il apprit qu'il serait infirme. Il ne comprenait pas les actions du couple. Mais que dire, ils n'étaient plus mariés.

« Je vous enverrai un bon barbier »

Il quitta alors la chambre d'hôpital, espérant ne jamais avoir à examiner la logique du héros.

Ps de Ciriolla: debut des bonus, avec un petit retour dans le passé ♥

Tome 2 - Bonus – Chapitre 204 – Journal

des soins infirmiers 2

20 février

Par une soirée pétillante, nous avons décidé d'aller nous promener. Bastian devait toujours utiliser le fauteuil roulant, mais ses progrès avaient été bien plus importants que prévu, car il pouvait désormais se transférer seul dans le fauteuil roulant sans avoir besoin d'aide. Chaque jour, il travaillait dur pour augmenter sa force, et avec de tels progrès, il pourrait bientôt commencer sa rééducation.

Il aurait été préférable pour lui de retourner à Ratz pour se faire soigner, mais comme l'hôpital militaire des îles Trosa était bien équipé en médecins et infirmières expérimentés, Bastian a choisi de rester ici. Le risque de se trouver dans une zone de conflit était grand, mais des rapports récents suggèrent que les tensions se sont apaisées après la dernière bataille. Et des rumeurs circulaient au loin selon lesquelles la flotte de Lovita s'était retirée de la mer du Nord, signalant peut-être le début des négociations sur un traité.

Contrairement à beaucoup de ses camarades, Bastian parlait rarement des batailles auxquelles il avait survécu, mais regardait plutôt la mer lointaine comme si son esprit était toujours en train de se battre dans des guerres lointaines. Voir cette douleur gravée dans ses yeux m'a fait ressentir une profonde douleur à l'âme – une blessure ouverte que j'avais trop peur pour guérir, alors j'aurais juste souhaité pouvoir être son lieu de repos.

Le mois prochain, Bastian sortirait de l'hôpital et emménagerait dans une résidence officielle où il commencerait un protocole de rééducation, une fois qu'il serait devenu assez fort pour marcher avec des béquilles.

J'attendais cela avec impatience, mais une autre partie de moi craignait pour ce qui m'attendait. Une fois installé, j’ai décidé de perfectionner mes compétences culinaires pour lui – en préparant des repas qui pourraient aider à restaurer la force musculaire et en apprenant des techniques de massage pour éviter que son corps ne se raidisse trop. J'espérais que cela apporterait un changement et mettrait peut-être enfin un terme à ses souffrances.

Notes IMPORTANTES:

– S’assurer que la résidence officielle est en parfait état avant de déménager.

-Fournitures nécessaires répertoriées : lessive, sucre, farine, cacao en poudre, bois de chauffage, chaussons, poêle à frire, tasse à thé.

– Établir un mode de vie sain qui donne à mon corps la force de prendre soin des patients.

-Élaborer un plan nutritionnel garantissant une alimentation équilibrée.

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Après une longue journée passée à soigner les blessés, Odette était prête à mettre un terme à cette soirée. Elle rassembla ses affaires dans le salon des infirmières et compléta son agenda avant de dire au revoir à ses collègues. Le soleil venait juste de commencer sa descente derrière l'horizon, peignant un magnifique ciel occidental. L'air sentait doux et invitant – parfait pour une promenade nocturne avec son bien-aimé Bastian.

La pensée de lui attendant son retour mettait un peu de vivacité dans ses pas. Elle dévala les escaliers en courant et traversa le hall rempli de soldats fraîchement arrivés pour des soins ambulatoires – chacun partageant ses propres histoires déchirantes de la guerre qui résonnaient dans le couloir.

« Où vas-tu si vite, princesse ? »

Une voix du passé perça le bruit de la foule. Elle se tourna pour y faire face, et son cœur se gonfla de joie à la vue de Bastian assis dans son fauteuil roulant poussé par un médecin.

« Bastian ! Qu'est-ce qui t'amène ? » Odette s'approcha de lui, il ne répondit que par un petit haussement d'épaules « Ce qui m’amène ? » Craignant le pire, ses yeux pâles se levèrent pour rencontrer ceux du médecin qui se tenait derrière son fauteuil roulant.

« Vérifiez par vous-même » Dit-il énigmatiquement, tendant à Bastian une longue tige qu'elle remarqua comme une béquille.

Certainement pas…. Odette resta sans voix face à cette vue. Il se tenait devant elle, appuyé sur ses béquilles, dans le couloir de l'hôpital ; une mer vibrante de rose dansait autour d’eux alors que la foule se réjouissait à cette vue. La sueur coulait le long de sa mâchoire robuste sur le sol immaculé en contrebas alors qu'il faisait lentement un pas vers elle, supprimant mentalement la douleur qui lui traversait la jambe.

La foule rugit de joie, l'applaudissant alors qu'il se dirigeait vers sa bien-aimée. Faisant un pas après l'autre, Bastian réduisit sa distance et se plaça finalement devant elle. Son corps tout entier était trempé de sueur froide. Pourtant, il l'avait bien fait, il n'avait pas trébuché ni tombé devant elle.

« Je ne suis toujours pas complètement rétabli, mais je marche enfin à nouveau. Je voulais que tu le voies en premier, ma princesse » dit Bastian, sa voix comme celle des profondeurs de la mer du Nord, couvrant toute l'agitation autour d'eux.

Odette détourna le regard, luttant pour contenir ses émotions : c'était une zone de guerre et Bastian était un soldat respecté ; une effusion sentimentale leur ferait honte à

tous les deux. Elle dut faire preuve de maîtrise de soi et garder intacte sa dignité. Même si elle voulait crier de joie pour son rétablissement, elle restait calme.

La première chose qu'elle fit fut de le féliciter de manière audible par tous. Sa sincère gratitude envers le personnel médical pour son dévouement suivit aussitôt. Puis vint un moment figé dans le temps, comme une scène sortit d’un rêve. Tous les regards étaient tournés vers lui alors que des acclamations éclataient de la foule, criant le nom du héros, le médecin se joignant à eux pour exprimer sa joie d'apprendre la nouvelle. Et Bastian qui ne pouvait s'empêcher de sourire de joie.

« Odette. Êtes-vous d'accord ? »

La voix de Bastian l'enchanta comme une douce vague, l'appelant par son nom. Odette fut tirée de son état onirique, les gens qui les entouraient avaient disparu et tout ce qu'elle voyait étaient les minces arbres d'hiver avec des lanternes à gaz illuminant la zone. Ses joues s'illuminèrent de joie alors qu'elle marchait à ses côtés, ce qu'elle désirait depuis plusieurs jours.

« Si tu es fatiguée, tu peux rentrer chez toi… »

« Non » Odette lui demanda « Pouvez-vous aller aussi loin ? Juste jusqu'au banc ? » Elle montra un banc face à la mer, à quelques pas de là.

Bastian lui fit un signe de tête sans rien dire d'autre. Il attrapa les poignées du fauteuil roulant tout en envoyant un clin d'œil au médecin qui marchait derrière eux. Le médecin disparut rapidement au coin du bâtiment de l'hôpital alors que Bastian commençait à marcher. Pas à pas, il avançait, à grands pas délibérés, à l'aide de béquilles. Il commençait à s'y habituer.

Ils se promenèrent tranquillement, Odette parlant nonchalamment des événements de la journée, comme si de rien n'était. Le soleil descendit progressivement dans le ciel et la lune commença son ascension lorsqu'ils atteignirent un banc en bois perché au sommet d'une colline. Ils étaient tous deux assis côte à côte et profitant de la vue fascinante sur l’horizon.

« Bastian » La voix d'Odette flottait dans la nuit balayée par le vent, parvenait jusqu'à ses oreilles et détournait son attention des dernières lueurs du jour, qui faisaient pétiller de larmes ses yeux turquoise. Elle sourit, ses mains s'enroulèrent autour de son visage comme une étreinte « Merci. Merci beaucoup d'avoir surmonté ces difficultés, Bastian. » expira-t-elle avec gratitude avant de le serrer fort dans ses bras, lui transmettant toute la joie qu'elle ressentait.

Les grandes mains de Bastian, toujours enroulées autour de son dos, étaient suffisamment chaudes pour lui faire oublier le froid glacial du vent de la mer du Nord.

Son cœur soulagé de son inquiétude, palpitait dans sa poitrine, brûlant de bonheur et d'espoir.

C'était la première fois de plein bonheur sous le ciel du champ de bataille.

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Bastian se déshabilla avec l'aide d'Odette. L'eau chaude de la baignoire bouillonnait et tourbillonnait autour de son corps alors qu'elle le plaçait avec précaution dans la baignoire. L'eau commença à déborder, se répandant sur ses vêtements, mais elle n'y prêta pas attention.

Sa récente opération avait été éprouvante et elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter «

Est-ce que l’eau est trop chaude ? » demanda Odette, les yeux pleins d'inquiétude tandis qu'elle testait la température avec sa main.

« Non. C'est bon » Bastian secoua la tête, s'appuyant contre le rebord en porcelaine.

C'était la première fois qu'il prenait un bain depuis son opération.

Après un repos bien mérité, Bastian fut autorisé à prendre une légère douche, mais la zone chirurgicale devait être maintenue à l'écart de l'eau pendant un temps excessif. Il fallut des mois pour se remettre d'une blessure aussi grave et, ce soir, il obtint finalement le feu vert de son médecin pour reprendre sa vie quotidienne.

Le médecin qui inspecta les entailles laissées par ses béquilles déclara que l'exercice était désormais possible sans trop forcer. Forte de ces connaissances, Odette commença à préparer le bain de Bastian plus tard. Demain serait le début de son épuisant entraînement de rééducation et elle voulait qu'il ait une nuit complète de repos avant cela – un cadeau de sa part pour avoir surmonté tous les obstacles de son difficile processus de guérison.

« Es-tu confortablement installé ? Comment te sens-tu ? » demanda Odette.

Les lèvres de Bastian se retroussèrent en un léger sourire narquois en la regardant, prenant en compte ses interminables questions sans importance « Tout est parfait.

Maintenant dégage »

« Tu es toujours un patient, Bastian, tu ne peux pas te laver tout seul »

Bastian plissa les yeux « Et alors ? Est-ce que ça veut dire que la princesse veut me laver

? » Odette sourit et retroussa ses manches « Peu importe. Je suis ta tutrice » dit-elle, ses yeux déterminés le laissant perplexe.

« Pas besoin d’être si têtu ; appelez des soignants »

« On dit que c'est bon pour la relaxation musculaire » Elle s'approcha du côté de la baignoire avec un chiffon en coton, faisant comme si elle ne l'avait pas entendu du tout, et mit de l'huile essentielle de fleur dans l'eau.

« Odette » Bastian lui prit la main pour l'arrêter.

« Je peux bien le faire aussi »

« Ce n'est pas ce que je veux dire » rit-il

« Je ne veux pas te laisser entre les mains de quelqu'un d'autre » Odette repoussa la main de Bastian « Je ne vais pas vous mettre mal à l'aise. Fais-moi confiance, Bastian »

Doucement, elle commença à essuyer le corps de Bastian et à lui faire un massage.

Même si elle n'était pas aussi forte qu'un thérapeute professionnel, Odette fit de son mieux pour soulager ses muscles fatigués. Bastian soupira de résignation, incapable d'exprimer son malaise et choisit de garder le silence et de le supporter.

« Il existe une pommade qui peut affiner cette cicatrice. Je te donnerai une ordonnance demain » dit Odette en caressant la toile d'araignée rouge de cicatrices qui ornait son dos. Bastian ne dit rien, mais il fut apaisé par son contact. « Qu'est-ce que ça fait ? Est-ce bien mieux que ce à quoi vous vous attendiez ? »

Après que le linge chaud lui ait nettoyé le dos, Odette se déplaça vers ses épaules et sa poitrine. Sa respiration s'accéléra alors que ses joues et ses lèvres roses effleuraient sa peau. Un filet de cheveux descendait sur son cou de porcelaine tandis que les gouttelettes de sueur serpentant à travers sa clavicule brillèrent dans la lumière tamisée.

« En fait, je prenais soin de ma mère même lorsqu'elle était malade. J'ai donc l'habitude de donner le bain aux patients. En plus, je m'occuperai de… » Odette buta sur ses derniers mots en regardant le bas de son corps immergé dans l'eau.

« Cela semble être un domaine de travail dépassant les attributions de Lady Odette, non

? Pourriez-vous s'il vous plaît partir ? » Bastian rit en lui disant cela Connaissant le sens, la chaleur d'un rougissement lui monta au cou. Elle aurait dû partir et laisser Bastian se laver tout seul, mais quelque chose en elle la maintenait immobile. «

Je… je pense que je peux t'aider » dit-elle avec embarras et ne pouvait pas se résoudre à le regarder dans les yeux, et elle ne pouvait pas non plus s'enfuir.

« …Quoi ? »

Odette choisit de répondre par des actes plutôt que par des mots. Elle s'approcha de la baignoire et commença fermement à lui frotter les jambes. Ses mains bougeaient de manière experte, nettoyant son corps.

Les claquements de l'eau devinrent plus forts et la respiration de Bastian plus lourde, il lui attrapa la main pour la faire arrêter. Son désir n’en était que plus brillant.

« Bastian ? »

La vue de son visage innocent laissa chaque lambeau de sa logique derrière lui dans le néant. Un besoin sauvage surgit en lui. Il lui tenait fermement le poignet et ses lèvres brûlaient les siennes. L'air était rempli du bruit du clapotis de l'eau alors que leur souffle s'accélérait et que sa poigne autour d'elle se resserrait farouchement jusqu'à ce qu'il atteigne l’orgasme avec un beuglement indompté.

Odette ouvrit les yeux. Bastian enfouit son visage dans son cou, ne voulant pas la lâcher

« C'est bon, Bastian » dit-elle doucement, essayant de ne pas l'embarrasser « C'est normal. Je… je suis heureuse que tu sembles avoir grandement récupéré »

Dès qu’il entendit ses paroles, Bastian éclata de rire. Elle agissait de manière maternelle et voulait être la voix de la raison, mais ne pouvait cacher ses joues rougissantes.

Bastian se pencha et embrassa ses lèvres mensongères. Il n'y avait pas de dame plus élégante qui ait gagné l'admiration de tous avec une extrême dignité. Odette n'était plus qu'une amante infiniment tendre et charmante, attendant de fondre sous ses baisers.

C'était un petit secret qu'il aimait tant.

Ps de Ciriolla: une infirmière très très dévouée, notre Odette

Tome 2 - Bonus – Chapitre 205 – Journal

des soins infirmiers 3

12 mars

La rééducation motrice a été un défi plus difficile que prévu. Son visage avait l'air bien, mais d'après les cris et les sanglots de la salle de soins, je peux pleinement imaginer à quel point il souffrait. Il refusait de me permettre d'être à ses côtés pendant ces séances, peut-être n'aimait-il pas montrer ses faiblesses. J'étais triste, mais j'ai décidé de comprendre et je lui ai demandé de me raconter tout ce qui s'était passé là-bas.

Grâce à cela, pendant la nuit, nous nous blottissions ensemble au lit. Bastian s'est ouvert et a partagé avec moi la douleur qu'il ressentait dans la salle d’exercice et nous avons eu des conversations intimes. C'était vraiment un moment très précieux et spécial.

Notre résidence officielle où nous vivions était beaucoup plus confortable et douillette que je ne le pensais. C'était à l'origine un logement pour un officier de l'armée et sa famille, mais il disposait de tout le mobilier nécessaire.

Notre vie quotidienne était calme et monotone : chaque matin, nous nous réveillions du même lit, nous préparions pour la journée et nous dirigeions ensemble vers l'hôpital. Pendant que Bastian faisait sa rééducation, je m'occupais de mes fonctions d'infirmière. Une fois notre travail terminé, nous rentrions à la maison et dînions ensemble puis nous dormions. Les jours de repos, nous nous aventurions souvent à l'extérieur de la caserne pour récupérer des fournitures ou faire une promenade décontractée.

Après que les deux nations aient conclu une trêve, les îles Trosa étaient relativement paisibles. Sa paix était la raison pour laquelle je pensais parfois à Rothewein. Les cinq jours que j'y ai passés avec Bastian ont été les plus beaux jours de ma vie.

J'aurais aimé que nous puissions y aller pour notre lune de miel. Si seulement nous avions pu venir sur ces îles paradisiaques à l'automne de notre première année de mariage.

…Mais de telles pensées ne faisaient que me déprimer encore plus avec le regret et la douleur des erreurs passées. Eh bien, il n’y avait aucun moyen de remonter le temps, donc tout ce que nous pouvions faire était de vivre dans le présent et d’en tirer le meilleur parti.

Je dois renforcer la force physique de Bastian pour les exercices de rééducation rigoureux qui l'attendent, mais je crains qu'il ne puisse pas prendre de poids.

Heureusement, un cargo du continent devrait arriver la semaine prochaine, je pourrai donc lui fournir des repas copieux et nutritifs.

Notes IMPORTANTES:

– Trouver un traitement pour soigner l’insomnie causée par la douleur.

– Modifier le régime alimentaire de Bastian : Augmenter la consommation de protéines, de céréales et de légumes.

– Réduire l’intensité des exercices de rééducation.

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Dans l'obscurité tranquille de la nuit, un gémissement soudain et lourd brisa le paisible sommeil d'Odette. Ses yeux s'ouvrirent brusquement pour voir Bastian se tordre de douleur à côté d'elle.

« Bastian ! » Elle sauta du lit et se précipita vers le tiroir près de la fenêtre où elle gardait ses médicaments. De retour avec de l'eau et des pilules à la main, elle le trouva toujours contorsionné par la douleur, le visage livide et humide de sueur.

Doucement, elle releva Bastian épuisé. La nuit passa dans le flou tandis qu'elle administrait le médicament et essuyait sa sueur, les yeux fixés sur l'horloge qui s'égrainait.

Minuit passa pendant qu'elle administrait habilement des médicaments et essuyait la sueur. Le cri lointain des animaux sauvages pouvait être faiblement entendu, mais l'attention d'Odette restait uniquement concentrée sur Bastian.

« Repose-toi maintenant.» dit Bastian en esquissant un léger sourire « Je vais bien maintenant »

« Je sais. Mais j'attendrai pour en être sûre » Odette lui rendit son sourire, son contact apaisant sur sa joue

« Odette »

« C'est comme ça que tu fais, n'est-ce pas ? » Odette éteignit la lampe et se recoucha en faisant signe à Bastian de la rejoindre dans son lit « Maintenant, allonge-toi aussi » dit-elle d'un ton enjoué alors qu'il riait et s'allongeait à côté d'elle.

Le bruit d’un chien sauvage qui aboie résonna au loin avant de s’estomper. Bastian serra les dents et ferma les yeux, attendant que la douleur s'apaise. La rééducation était plus difficile que prévu, son os cassé guérissait et l'entraînement se concentrait désormais sur la jambe droite, une préoccupation majeure pour son médecin en raison de l'adhérence des muscles fibreux et de l'engourdissement dû aux nerfs endommagés. Au début du traitement, cette douleur atroce persisterait pendant des semaines.

Finalement, l'analgésique fit effet, facilitant sa respiration et lui permettant de se détendre.

« Veux-tu que je t'endorme ? » demanda Odette.

En silence, Bastian se tourna et se blottit contre sa poitrine. Quand la nuit tombait et que la douleur devenait trop insupportable et que le sommeil était hors de portée, il s'allongeait toujours dans ses bras pour chercher du réconfort.

« Tu n'as pas à t'inquiéter, Bastian » dit Odette en lui caressant les cheveux. « Prends ton temps, je t'attendrai aussi longtemps qu'il le faudra. Ne vous épuisez pas à essayer de précipiter les choses » Elle l'embrassa sur le front, jusqu'aux yeux, jusqu'au nez, jusqu'aux joues et enfin jusqu'aux lèvres. Alors que ses doux baisers continuaient, Bastian sentit les crampes dans sa jambe disparaître.

Il ferma les yeux et enfouit son visage dans son cou, se sentant immédiatement détendu par son parfum réconfortant.

« Tu es une personne précieuse, Bastian » Bastian la regarda lentement alors qu'elle s'enroulait autour de ses joues « Je t'aime le plus au monde, alors s'il te plaît, chéris-toi aussi »

« Est-ce un cadeau pour que le patient se sente mieux ? » Bastian lui lança un sourire enfantin.

« Je suppose que tu pourrais dire ça » Odette rougit et se détourna quand il riait.

« Ce n'est pas si mal d'être malade »

« …Quoi ? »

« Si je suis blessé, tu seras gentil avec moi »

« Je suis naturellement une personne gentille ! » Elle essaya de faire la moue, mais ne put retenir ses propres rires lorsque Bastian embrassa joyeusement ses joues rougissantes.

L'atmosphère autrefois sombre se transforma rapidement en une atmosphère de plaisanteries enjouées et de passion flamboyante, leurs corps s'entrelaçant alors que les blagues taquines échangées, chaque baiser ressemblait à un coup de couteau, leurs mains s'agrippant au corps de l'autre avec un besoin désespéré.

Sans pause, Bastian grimpa sur elle et remonta son pyjama, ses mains errèrent sur son corps, traçant chaque courbe et chaque creux, attrapant sa poitrine, avant de la réclamer avec des baisers dévorants.

« Ah... »

Bastian lui mordit la poitrine quand elle l'aidait à se déshabiller. Ses yeux bleus s'épaississaient de désir, son mouvement était plus brutal que d'habitude, mais elle

essaya d'y faire face et se tourna sur le côté pour ajuster sa position afin de ne pas lui fatiguer les jambes.

Le haut de pyjama de Bastian étant retiré, la main d'Odette palpa son dos nu. Le son de leur baiser dévorant et de leurs gémissements passionnés brisa le calme de la nuit. A travers ses yeux voilés de désir, Odette pouvait voir la pièce au-delà de l'obscurité, des flocons de neige en forme de pétales tombaient devant les fenêtres tachées de gaz et perdues dans les pensées de leur journée passée à jouer dans la neige printanière.

Bientôt, elle se retrouva allongée sous Bastian dans le lit. Sa main agrippait fermement sa poitrine, trempée de sueur, tandis que son autre main explorait entre ses jambes.

Lorsqu'elle essaya de se retourner, Bastian la retint dans un baiser brutal. Avant qu'elle ne s'en rende compte, ses jambes étaient largement écartées et Bastian était assis entre elles.

« Bastian, arrête ! Vous ne pouvez pas encore faire ça. Ton corps… »

« C'est bon »

Dès qu'il put bouger, ils se livrèrent à des caresses intimes mais maintenaient des limites. Mais maintenant, il semblait que ses limites étaient sur le point d’être dépassées. Il ne pouvait pas croire que son désir pour elle n'ait jamais faibli, même après tout ce qu'ils avaient vécu. Elle était son seul salut, et le désir qu'il ressentait pour elle était plus que physique – il le consumait comme une obsession.

Se penchant, Bastian retira doucement sa main de son épaule. Alors que leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau, un feu féroce en lui, semblable à celui d'une bête affamée à l'affût. Et il ne pouvait plus contenir sa patience ni son désir pour elle quand Odette s'accrochait à lui de tout son être.

« Attends, Bastian ! » cria Odette lorsque Bastian commença à grimper sur elle « Je vais… je vais le faire. Laisse moi faire ! »

« Quoi ? »

Odette se leva rapidement et s'assit, le déposant sur le lit comme elle l'avait fait auparavant. Elle prit une profonde inspiration et grimpa prudemment sur son ventre.

Elle avait honte de faire cela, mais elle était plus inquiète de l'état de Bastian.

Elle savait qu'il allait loin d'être bien. Les analgésiques parvenaient à peine à le maintenir stable. Pourtant, même s'il connaissait les risques, il insista pour que l'intimité physique aille jusque là, il semblait donc préférable qu'elle prenne les devants cette fois-ci.

Même si elle essayait de le convaincre du contraire, elle ne pouvait pas nier qu'elle le voulait aussi. Cela la troublait, son esprit était un fouillis de pensées contradictoires.

Une partie d'elle voulait le protéger, mais une autre partie voulait juste lui plaire à tout prix. Elle remit en question sa propre raison pour avoir aimé quelqu'un si profondément et désespérément.

Elle ne savait pas pourquoi elle l'aimait autant.

Avec un regard plein de ressentiment, Odette s'abaissa lentement sur lui, enfonçant profondément son sexe. De doux gémissements remplissaient la pièce alors qu'elle ajustait sa position et commençait à bouger à un rythme doux et rythmé.

« Est-ce que ça fait très mal ? » demanda Odette en essuyant la sueur sur le front de Bastian.

« ... Non... Continue » Bastian se leva lentement. Leurs lèvres se rencontrèrent dans un doux baiser et leurs battements de cœur se mêlèrent alors qu'ils pressaient leurs poitrines l'une contre l'autre. « …Je t'aime » murmura-t-il.

Odette s'arrêta de bouger et Bastian l'embrassa de nouveau.

De l’amour pur. C'était tout ce qui existait entre eux, non entaché de désir, de haine ou de compassion. Ils s'embrassèrent avec rien d'autre que de l'amour.

Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir dépassée par ce moment miraculeux. Des larmes de joie coulaient sur son visage alors qu'elle essayait de contenir ses émotions. Ses lèvres se courbèrent en un sourire de pur bonheur et ses yeux brillaient de larmes sans fin.

« Je t'aime, Odette »

Essuyant ses larmes qui scintillent comme un bijou, Bastian se confessa une fois de plus.

Alors qu'il regardait son beau sourire, même la douleur qui le consumait devenait douce.

Je t'aime.

Ces mots étaient un baume apaisant pour l'anxiété constante qui le tourmentait et lui donnaient une raison de continuer à vivre. Les jours de désespoir où il rampait sur le sol avec un corps brisé semblaient désormais n'être qu'un lointain souvenir. Dans les bras de sa bien-aimée, pour la première fois de sa vie, trouvant réconfort et paix, et elle le serra fort, les larmes coulant sur son visage mais avec un sourire qui illuminait son monde.

Ils étaient deux âmes profondément liées, enfermées dans leur propre univers tandis que la neige printanière dansait dehors comme une symphonie onirique. Avec un soupir qui contenait à la fois douleur et extase, Bastian ferma les yeux et se laissa consumer par les sentiments mêlés de douleur et de bonheur.

Ps de Ciriolla: Encore des bonus pleine de douceur, d'amour et de lumière ♥

Tome 2 - Bonus – Chapitre 206 – Journal

des soins infirmiers 4

17 avril

Bastian était désormais capable de marcher sans béquilles après avoir commencé un entraînement musculaire complet. Son poids remontait progressivement grâce à des repas appropriés et à de l'exercice. Il n’y a eu aucune atteinte physique définitive, même si sa jambe droite était toujours inconfortable. Le personnel médical prévoyait une guérison plus lente, mais sa ténacité a conduit à une guérison plus rapide.

J'étais fière de lui et de ses nombreux mérites, c'était une personne minutieuse, sincère et sympathique. Il a aussi une forte volonté et de la patience. Cependant, il a des habitudes malsaines qui me déplaisent.

Bastian semblait trop aimer fumer. Pendant son séjour en cure de désintoxication, il avait réussi à arrêter pendant un court moment, mais une fois sur pied, les mauvaises habitudes reprirent le dessus. Je l'ai vu hier fumer en rang avec ses collègues, apparemment sans aucun souci.

Je savais que les cigarettes étaient considérées comme un acte de gentleman, mais il était encore en convalescence et devrait faire attention à sa santé. J'avais besoin d'élaborer un plan pour l'aider à surmonter cette dépendance.

Son habitude de boire m'a également dérangé, mais je vais attendre et voir. Cela n'arrivait pas souvent parce que je n'étais pas une bonne compagne de beuverie.

Depuis cette semaine, des vivres étaient en préparation pour être distribués aux jeunes soldats blessés vivant seuls dans la résidence officielle. Ce n'est pas si difficile car cela a fourni suffisamment de nourriture pour nous. J'avais des collègues qui voulaient nous rejoindre, alors j'ai créé un groupe distinct de bénévole gérant d'alimentation et j'en étais la leader. J'ai essayé de faire de mon mieux pour assumer mes responsabilités.

Notes IMPORTANTES:

-Aidez Bastian à réduire son habitude de fumer → Limitez-vous à trois cigarettes par jour, puis diminuez progressivement à deux.

– Réunion de planification de l'activité de groupe de bénévoles en alimentation : le 19 avril à 18 h au salon des infirmières.

*****************************

« Envisagez-vous de rejoindre l'armée en tant que cuisinier la prochaine fois ? » Bastian la taquinait depuis le seuil de la cuisine, où Odette remuait la marmite, une louche à la main. Il était toujours en survêtement, empestant le soleil.

« En fait, j'ai pour objectif de devenir tireur d'élite, mais être cuisinier ne serait pas trop mal non plus. J'en tiendrai compte » plaisanta-t-elle en reportant son attention sur la cuisinière. La chaleur qui montait de la marmite remplie de cinquante portions de ragoût était comme le soleil d'été, mais Odette préférait cuisiner plutôt que d'acheter des plats cuisinés.

Odette était aujourd'hui comme une jeune femme de son âge. Elle passait la journée avec ses amis, à rire et à s'amuser. Elle avait l'air fraiche et Bastian ne pouvait s'empêcher d'être attiré par elle.

Alors que la brise de la mer du Nord lui caressait doucement le visage, Bastian vaquait tranquillement à ses tâches dans la cuisine. Il se fit chauffer un verre de lait et ajouta juste ce qu'il fallait de poudre de cacao. En prenant une gorgée, il le trouva presque trop sucrée, mais cela convenait parfaitement au goût d'Odette. Il vérifia la température pour s'assurer qu'elle était suffisamment chaude pour qu'elle puisse boire sans se bruler pour autant

« Merci, Bastian » dit Odette en retournant des crêpes moelleuses sur la plaque chauffante. Bastian, sans faute, préparait toujours son chocolat chaud préféré pour accompagner leur petit-déjeuner et cela faisait désormais partie de leur vie quotidienne.

Odette regardait toujours la boîte de cacao sur le comptoir lorsqu'elle recevait des rations, mais ne l'achetait jamais. Bastian pensait qu'elle cherchait juste à s'amuser, mais quand il la vit continuer à chercher, il changea d'avis.

Le week-end dernier, alors qu'il achetait des cigarettes, il lui fit la surprise d'acheter du cacao. À ce moment-là, elle était absente pour distribuer des rations et cela lui apporta une grande joie à son retour. Le cacao était un article militaire de qualité inférieure acheté avec des tickets de rationnement, mais voir son visage heureux lorsqu'elle le reçut en valait la peine.

Odette avoua avec hésitation qu'elle avait vraiment envie de boire du cacao, mais se retenait car elle accomplissait actuellement ses fonctions royales.

Bastian comprenait que la simple boîte de cacao avait une grande signification pour elle, combien la réputation et l'honneur étaient importants pour elle, et il respectait son choix de protéger que même une telle chose ne comptait pas personnellement pour lui.

Bastian apporta son chocolat à la table où un copieux repas était préparé et mangea la crêpe qu'Odette avait préparée. Elle le regarda manger en silence pendant qu'elle buvait son chocolat.

« Heureusement que je ne l'ai pas réparé » dit Odette, satisfaite de sa décision de laisser la chemise de Bastian telle qu'elle était. Elle était bouleversée de le voir perdre du poids

et voir ses vêtements devenir trop grands, mais elle ne voulait pas fixer la taille, croyant qu'il serait bientôt de nouveau en bonne santé et il l'avait fait. Même si les bras étaient encore un peu lâches, ils s'ajusteraient parfaitement le mois prochain.

« Tu t'en sortiras bien cette fois aussi » ajouta-t-elle. Après que Bastian ait vidé l'assiette. Odette lui tendit la boîte qu'elle avait préparée à l'avance.

« Qu'est-ce que c'est ? »

K. _ Il reconnut la boîte sur laquelle étaient gravées ses initiales.

« Ouvre-la » sourit Odette tandis que Bastian suivait son ordre. Les cigarettes qui se trouvaient à l’intérieur avait disparu, n’en laissant plus que trois. « Je ne veux pas dire que tu devrais arrêter de fumer. Je n'interdirai pas quelque chose que vous aimez »

« Sérieusement ? » Bastian s'adossa à sa chaise, attendant le prochain mouvement d'Odette.

« Oui c'est vrai. Cependant, il serait préférable pour votre santé de réduire votre consommation de tabac. Faisons le ensemble. Et si on commençait par se limiter à trois cigarettes par jour ? »

« Comment veux faire cela ensemble ? »

« Je cocherai la case tous les soirs et je t'embrasserai pour chaque cigarette laissée à l'intérieur »

Odette parla de son état et Bastian rit. Il s'empara de la boîte de cigarettes. « C'est une bataille entre une princesse et une cigarette. Pensez-vous que vous vous surestimez ? »

« Je te fais confiance » Odette sourit et but une autre gorgée de cacao. Elle lui avait fait un cadeau, mais elle avait l'impression d'être punie. Il semblait qu'il était en train de perdre ce match.

************************

Après le cessez-le-feu en vigueur, l'hôpital militaire autrefois très animé était désormais calme, avec moins de patients. Odette se précipita dehors, reconnaissante de pouvoir terminer son travail plus tôt, son esprit se précipita vers la boîte à cigarettes de Bastian.

Elle ne pouvait s'empêcher de se demander combien il en restait Son impatience grandit à mesure qu'elle approchait de leur maison. C'était une pensée idiote – utiliser le nombre de cigarettes contre des actes d’amour – mais cela faisait quand même battre son cœur d'excitation comme celui d'une enfant.

Odette s'arrêta devant le parc du village et aperçut un grand soldat aux cheveux platine debout sous un bouleau aux feuilles nouvelles. « BASTIAN ! »

« Je me demandais qui venait – on dirait que la princesse est arrivée » dit l'amiral Demel, habillé avec désinvolture, se tenant à côté de Bastian. « Quelle coïncidence, princesse, je viens de vous annoncer une bonne nouvelle »

« Ce qui s'est passé ? » demanda Odette.

« Les négociations sont terminées. La guerre est officiellement terminée »

Un sourire illumina le visage d'Odette en entendant les paroles de Demel. Bastian souriait, mais ses yeux restaient impassibles, comme sculptés dans la pierre. Conscient de la situation, l'amiral Demel changea rapidement de sujet « La guerre est terminée maintenant, nous devons donc arranger vos relations. Avant de retourner à Berg et d’affronter les spéculations et les rumeurs, pourquoi ne pas d’abord vous réconcilier, amiral Klauswitz ? »

« Pour l'instant, gardons notre relation telle qu'elle est » répondit calmement Bastian

« Quelle est votre relation maintenant ? »

« Eh bien, nous sommes en couple » Bastian parla rapidement, Odette souriant en accord.

L'amiral, qui s'apprêtait à rire, poussa un soupir. Une relation non conventionnelle entre un ex-mari et une ex-femme vivant ensemble dans une nouvelle maison, même la mouette qui passait par là semblait se moquer d'eux.

Sans plus de mots, leur conversation prit fin. Bastian et Odette se dirent au revoir et se dirigèrent vers sa résidence officielle de l'autre côté de la route. En partant, l'amiral sourit et secoua la tête.

Typique de la jeunesse d'aujourd'hui.

********************

Odette finit de se peigner et se dirigea vers la fenêtre. La boîte à cigarettes sur la commode attira son attention. Elle ne pouvait s'empêcher de la regarder, même si elle savait qu'il valait mieux attendre Bastian.

La cloche sonna dix heures, il était encore en retard. Bastian resta dans son bureau jusque tard dans la nuit, c'était un changement récent qui avait commencé le week-end dernier mais elle ne demanda pas pourquoi. Elle ne voulait pas se mêler de ses affaires ni attiser ses blessures émotionnelles. Elle choisit d'attendre patiemment qu'il s'ouvre lorsqu'il serait prêt.

Ne voulant pas le déranger, Odette ouvrit seule la boite de cigarettes. Elle ne s'attendait pas à grand-chose le premier jour et était prête à le féliciter même pour une cigarette.

Mais la boîte était vide. Déçue, elle la referma. A-t-elle fixé ses attentes trop élevées ? Il était occupé aujourd'hui, peut-être que trois cigarettes ne lui suffisaient pas.

En regardant ses yeux auparavant, elle ressentit un sentiment passager de compréhension de ses pensées après avoir entendu la nouvelle de la fin de la guerre.

Peut-être que son cœur était fatigué, après des années de course constante vers l'horizon de la bataille, et maintenant, tout d'un coup, tout était fini. Il semblait que dans des jours comme celui-ci, il avait besoin d'une cigarette pour apaiser ses sentiments.

Odette poussa un léger soupir en reposant la boîte sur la table, puis elle entendit frapper.

« Bastian ? » Odette se força à sourire, cachant sa déception.

Bastian entra et leva la main, révélant trois cigarettes entre ses doigts. « Je pense que j'ai déployé suffisamment d'efforts à ce rythme-là. Maintenant c'est ton tour, Princesse. Où est mon cadeau ? » sourit-il en secouant la cigarette dans sa main.

Odette rit en se taquinant. Elle courut et serra son amant dans ses bras.

Trois baiser ce soir.

C'était maintenant son tour.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 207 – Journal

des soins infirmiers 5

22 mai

La réhabilitation de l'amiral Klauswitz est devenue un conte dans la flotte de la mer du Nord. Bastian est devenu un modèle pour d’autres soldats blessés, les incitant à persévérer tout au long de leur propre rétablissement. Son rétablissement a été considéré comme un succès. Il devait encore faire preuve de prudence en cas d'activité trop intense, mais la vie quotidienne n'était plus gênée.

Nous avons même fait de longues promenades ensemble, explorant l’autre côté de l’île.

Il garde une canne à portée de main, mais il n’a jamais vraiment besoin de s’en servir car nous marchons main dans la main. Pouvoir le soutenir m’apporte une grande joie. Même si sa jambe droite souffrait de lésions nerveuses et ne retrouverait jamais complètement sa force d'antan, on nous a dit que le temps la guérirait suffisamment pour qu'elle puisse être utilisée de manière fonctionnelle.

Bastian a pris du poids, c'est presque comme avant et maintenant ses vêtements lui vont bien. Sa force physique s'améliorait progressivement et je ne pouvais m'empêcher de me demander si cela l'aidait également à arrêter de fumer.

Dernièrement, il ne fume que deux cigarettes par jour, et il y a même des jours où il ne fume pas du tout. Je suis tellement heureuse de pouvoir lui donner 200

baisers chaque nuit.

Son humeur s'était considérablement améliorée depuis la déclaration officielle de la fin de la guerre. L'armée retirait toutes les unités, à l'exception de celles stationnées dans les îles Trosa, une île autrefois animée, désormais calme avec seulement la moitié des soldats encore sur place.

Nous devions prendre le dernier ferry, mais une cérémonie inattendue nous a obligé à rentrer chez nous plus tôt que prévu. Afin d'éviter tout commérage, il serait préférable que Bastian et moi nous marions rapidement, mais nous avons décidé de conserver notre relation actuelle pour l'instant. D’autres peuvent nous juger, mais nous sommes déterminés à avancer ensemble selon nos propres pensées et choix.

Avec Bastian complètement guéri, la dernière entrée de mon journal d’infirmière approche. Le 21 du mois prochain, nous nous rassemblerons sous le chaud soleil et célébrerons son rétablissement. J’ai hâte de voir comment mon amour, qui a traversé les moments les plus sombres, brillera le plus en ce jour joyeux.

Notes IMPORTANTES:

– Organiser notre vie officielle et préparer notre retour à la maison.

– Dites merci à nos amis qui prennent soin de nous

*******************************

La mer du Nord accueillit enfin le printemps dans ses bras. La lumière du soleil du matin qui passait à travers sa fenêtre la réveilla. La lumière dansait autour de son lit, s'enroulant autour d'elle comme un voile arachnéen. Elle se tourna et trouva Bastian allongé, la tête appuyée sur son bras, la regardant avec des yeux aussi brillants que le soleil printanier.

« Bonjour, Bastian » Odette le salua avec un sourire paresseux. Il lui rendit son salut avec son propre sourire charmeur, mais ses yeux descendirent bientôt lentement sur son corps et se fixèrent sur sa poitrine nue qui dépassait de la couverture.

Rougissant à son regard, les joues d'Odette devinrent bientôt rouges. Les mêmes traces de rougeurs ornaient sa poitrine et sa nuque, et les souvenirs de leur nuit passionnée revenaient, jetant une ombre sur ses pensées.

Avant de rentrer chez eux, l'assistant de Bastian leur présenta une bouteille de whisky aromatisé au chocolat. Elle décida d'ajouter une pincée de whisky à leur dîner hier soir comme récompense surprise pour sa réussite dans la réduction de la consommation de tabac.

Exceptionnellement curieuse, hier, elle se retrouva attirée par cette boisson inconnue devant elle. Sentant son intérêt, Bastian se leva doucement de son siège et lui servit un verre. Pour son plus grand plaisir, la première gorgée de whisky lui fit frissonner le dos, sa douceur lui invitant à boire davantage. Elle but une autre gorgée, puis une autre, jusqu'à ce qu'elle perde tout contrôle. Et ce fut ainsi qu’elle ressentit le frisson de l’alcool pour la toute première fois de sa vie.

« Bonsoir, ma dame » Avec un sourire malicieux, Bastian salua la dame devant lui. Les marques rouges sur son cou et sa poitrine reflétaient celles sur la sienne.

Perdue dans ses pensées, une légère rougeur colora les joues d'Odette alors qu'elle remontait la couverture pour se couvrir. Elle aurait aimé pouvoir oublier toutes les erreurs qu'elle avait commises la nuit dernière, mais ses souvenirs étaient parfaitement clairs. Alors qu'elle se tournait pour s'allonger, Bastian lui saisit la taille, l'empêchant de quitter le lit. Il la rallongea sur le lit, puis grimpa sur elle Odette soupira et se résigna en levant les yeux vers lui « Vas-y, taquine-moi autant que tu veux »

« Il semble y avoir un malentendu. Je veux juste exprimer ma profonde gratitude » Il se pencha et déposa un baiser amical sur sa joue. À son grand soulagement, elle éclata d'un rire joyeux, son froncement de sourcils disparaissant rapidement.

« Considérez l'incident d'hier comme une erreur ponctuelle. Je ne boirai plus trop » dit-elle avec les bras tendus, attirant Bastian dans ses bras.

« Vous êtes la bienvenue. Je suis très heureux d'avoir un si bonne compagne de beuverie

»

« Je suis flattée »

« Je le pense vraiment, princesse. Il faut une habileté particulière pour boire seul aussi bien que vous » L'amiral Demel sera sûrement impressionné.

« Et si j'avais vraiment l'intention de succéder à l'amiral Demel ? »

« Eh bien, alors je serai un homme heureux »

Une matinée brillante se leva entre leurs blagues et leurs rires alors que leurs souffles portaient la chaleur de leur amour l'un pour l'autre. Mais leurs plaisanteries ludiques furent interrompues lorsque le son retentissant du réveil brisa la belle atmosphère, la faisant sursauter et le repousser de surprise.

Odette se précipita pour sortir du lit tandis que Bastian se redressait avec un sourire triste d'avoir été laissé pour compte. Le moment était passé trop vite, le laissant découragé.

D'un geste rapide, elle fit taire l'alarme retentissante et se précipita vers la salle de bain.

Après une éclaboussure d'eau rafraîchissante sur son visage, elle s'assit devant sa vanité bien organisée. Elle s’appliqua du maquillage et de la crème, apprivoisant ses cheveux en un chignon élégant. En enfilant son uniforme d'infirmière, elle se transforma en une servante dévouée à son pays et à son peuple, digne d'admiration même de la famille royale elle-même.

Odette s'approcha du lit : « Je reviens, Bastian. Je n'aurai pas le temps de prendre le petit-déjeuner avec toi puisque je dois bientôt aller travailler. Il y a de la nourriture que j'ai préparée hier, assurez-vous de la manger. Je vérifierai à mon retour, alors ne vous précipitez pas et prenez-le avec un café fort. »

Bastian lui sourit alors qu'elle faisait cette demande. « J'ai l'impression de vivre en réchauffant ton lit. Ce n’est pas une mauvaise façon de vivre »

Les chauds rayons du soleil levant tombaient en cascade sur sa peau nue alors qu'il était assis au bord de son lit. Il sourit quand Odette, avec ses yeux brillants et pleins de joie, remplit la pièce de ses rires – c'était comme une musique à ses oreilles.

Alors qu'elle lui disait au revoir avec un doux baiser, Bastian resta au lit, leur maison autrefois animée tomba dans le silence, comme un monde caché sous l'océan. Mais bientôt, le silence fut rompu alors qu'il se levait et se dirigeait vers la fenêtre, il la regarda marcher vers la clôture ornée de feuilles vertes fraîches.

Il resta là encore un moment, s'imprégnant de la chaleur et de la lumière qui traversait le verre, jusqu'à ce que sa silhouette ne devienne plus qu'un petit point avant de disparaître complètement.

***************************

Bastian posa la barre après avoir terminé son entraînement de la journée. Il avait pris plus de poids depuis la semaine dernière, un signe prometteur de progrès. Alors qu'il quittait la salle de musculation chaude et en sueur remplie de soldats, il pouvait sentir son corps bourdonner d'énergie.

Après une douche rapide et un examen approfondi, il retourna à sa résidence. À la maison, la vue familière de son bureau encombré l’accueillit. Son regard tomba sur sa dernière tâche : il prit son stylo et laissa ses pensées couler sur le papier tout en écrivant des lettres sincères aux proches des victimes de Rayvael.

La dernière lettre du lieutenant Caylon, adressée à sa famille en deuil, restait fermée sur son bureau. En fin de compte, il n'avait pas pu retourner auprès de sa famille et avait sombré dans un sommeil éternel dans la mer gelée, et cela transperçait le cœur de Bastian comme une épine. Il ne pouvait ébranler l'image de Mme Caylon, attendant le retour de son mari avec le même espoir qu'Odette.

Bastian trouva enfin les mots pour lui écrire. Dans sa lettre, il lui parla du courage et du dévouement de son mari, à quel point il aimait sa famille et à quel point il manquait profondément à tous ceux qui servaient à ses côtés. Il présenta également ses humbles excuses pour ne pas avoir pu ramener son mari à la maison. La lettre contenait une note d'expiation – pour avoir survécu alors que tant de personnes ne l'avaient pas fait –

avant de sceller la lettre avec le devoir militaire du sous-lieutenant ci-joint. C'était un petit geste, mais il espérait qu'il apporterait un peu de réconfort à Mme Caylon dans ses moments de deuil.

Pour la première fois cette nuit-là, il dormit sans cauchemars obsédants. Chaque nuit, il écrivait assidûment une lettre, même lorsqu'il manquait de papier, ses lettres continuaient à affluer.

Dans sa lettre à la famille inconnue d'un camarade tombé au combat, il raconta les histoires de la bataille finale - que tous les courageux membres de l'équipage de Rayvael avaient combattu avec une détermination inébranlable jusqu'à leur dernier souffle - et furent salués comme des héros.

Après avoir clôturé l'histoire du héros final, Bastian organisa son bureau avant de repartir avec une boîte pleine de lettres écrites. Sur le chemin menant au bureau de poste, des fleurs sauvages vibrantes dansaient dans la douce brise, l'enveloppant de leur arôme doux et parfumé.

« Excellent travail, amiral » Le réceptionniste sourit à Bastian en lui tendant la lettre qu'il attendait.

Bastian hocha la tête en guise de remerciement et quitta le bureau de poste d'un pas plus léger. Au lieu de rentrer directement chez lui comme il l'avait prévu, il se retrouva à

traverser un champ voisin rempli de fleurs colorées. Le soleil était chaud sur sa peau, le parfum des fleurs épanouies remplissait son nez et il ne pouvait s'empêcher de s'arrêter également.

La douce brise marine caressait son visage alors qu'il se promenait le long du sentier, s'imprégnant de la vue pittoresque devant lui et continuait à marcher vers la mer étincelante. Malgré ses pieds instables, il n'avait plus besoin d'aide pour marcher, mais tenait toujours la main d'Odette par habitude. Il se sentait comme un enfant gâté quand elle l’adorait, et il chérissait chaque instant de ses adorables soins.

Perdu dans les souvenirs de l'hiver passé, Bastian atteignit le bout de la route et contempla la vaste étendue de la mer du Nord d'un bleu profond. Le soleil dansait sur les vagues, créant un spectacle éblouissant à couper le souffle.

Il regarda l'horizon sans fin, admirant la beauté de la mer et l'immensité de la terre, l'esprit enfin apaisé après avoir passé tant de temps en haute mer. Son cœur se gonfla d'un sentiment de liberté, se sentant enfin complètement chez lui sur un terrain solide.

Alors qu’il revenait sur ses pas, une colonie de fleurs sauvages attira son attention.

Hypnotisé, il s’agenouilla et arracha une belle fleur du sol. Puis, les souvenirs d'une femme dont le sourire était aussi radieux que la fleur dans sa main flottèrent dans son esprit. Il s'enfonça plus profondément dans le parterre, sélectionnant soigneusement chaque fleur délicate comme s'il s'agissait de fragments de son passé.

Il choisit soigneusement uniquement les fleurs les plus fraîches et les plus belles, rejetant tous les pétales fanés ou endommagés. D’une main exercée, il les disposa astucieusement en un superbe bouquet. Lorsque la lumière de l’après-midi commença à baisser, son chef-d’œuvre était terminé. Le tenant précieusement, il avait hâte de le présenter à sa bien-aimée.

*****************************

Bastian était introuvable. Odette fouilla toutes les pièces de la maison, mais il était absent de la chambre, du bureau et même du jardin. Peut-être était-il sorti pendant un moment ? Se calmant, elle enfila des vêtements propres et se dirigea vers la cuisine.

Alors qu’elle préparait du pain et coupait des légumes, le ciel autrefois bleu à l’extérieur commençait à prendre une teinte rouge vif, signalant l’approche du coucher du soleil.

Elle apprit que Bastian avait écourté son entraînement quotidien. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à sa conversation avec le colonel Haller alors qu'elle rentrait du travail. Après tout, la routine quotidienne de Bastian était loin d'être passionnante : la rééducation et l'exercice occupaient la majeure partie de son temps, avec des moments libres passés à ses côtés. Mais il laissait toujours une charmante note manuscrite détaillant où il se trouvait lorsqu'il sortait sans horaire. Ces absences spontanées ne ressemblaient pas au Bastian qu'elle connaissait, et cela la laissait inquiète.

Odette faisait les cent pas anxieusement devant la fenêtre, son tablier désormais retiré, alors qu'elle quittait leur résidence. Même si Bastian n'était plus un enfant et était en bonne forme, son instinct maternel refusait de lâcher prise sur l'inquiétude lancinante

qui la rongeait. Lors de leurs promenades habituelles ensemble de l’autre côté de l’île, ils rencontraient souvent des routes encore accidentées et non entretenues. Dans ces moments-là, elle serrait plus fort les mains de Bastian.

D'un pas tremblant, elle marchait dans la rue tandis que le soleil descendait lentement à l'horizon. Était-il vraiment allé jusque-là seul ? Son cœur s'emballa à l'idée de le voir trébucher et tomber, car ses jambes étaient encore engourdies. Demander de l'aide ne sera pas une tâche simple dans cette rue déserte. Et s'il était tombé à la mer ? La peur l'envahit alors qu'elle accélérait le pas

« Odette »

Alors que ses pensées prenaient une tournure sombre, une voix venant de l’autre côté de la route lui traversa l’esprit. Elle se tourna pour voir une silhouette approcher, ses pas confiants et forts comme la brise du soir. C'était quelqu'un qu'elle ne pouvait reconnaître que de loin à sa silhouette. Odette s'arrêta net tandis que Bastian réduisait la distance qui les séparait. Il était difficile de croire qu'il s'agissait du même homme qui avait compté sur elle hier.

Avant que son humeur ne se calme, Bastian s’arrêta de marcher. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle vit les fleurs sauvages qu'il lui tendait.

C'étaient des fleurs sauvages, elles devaient avoir été cueillies de sa propre main dans le champ de fleurs car il n'y avait pas de magasins vendant des bouquets à proximité.

Quand Odette fut abasourdie, Bastian parcourut la distance à pas lents et confiants. Il la rejoignit finalement et lui présenta un bouquet de fleurs aux couleurs vibrantes.

Les larmes coulèrent sur ses joues, donnant à ses yeux la couleur d'un coucher de soleil enflammé alors qu'elle acceptait le cadeau de sa main tendue. Il l'étudiait, observant chaque petit geste et ne voulant pas manquer un seul instant.

Avec un bonheur immense, Odette leva les yeux vers Bastian et leurs regards se croisèrent. À ce moment-là, son visage souriant prit le rougissement d'un garçon qui goûte pour la première fois à l'amour.

A cet instant, elle pourrait dessiner une histoire d'amour entre un officier de marine et une dame, en partant du plus ordinaire des débuts. L'officier et la dame s’étaient rencontrés sous le ciel fusionnant du jour et de la nuit au printemps. Ces instants magiques approfondirent la chaleur dans leurs yeux.

Son sourire brillait plus brillamment que les fleurs dans ses bras, et son étreinte l'enveloppait, comme une chaude journée de printemps.

Chuchotant doucement contre ses lèvres, elle fit un vœu, ajoutant encore une autre entrée à son précieux journal d'infirmière qui venait d'atteindre sa dernière page.

Les dernières notes importantes, les plus importantes

« Je t'aimerai sans regret »

Ps de Ciriolla: derniere page du journal d'Odette, les prochains bonus nous permettront de découvrir leur nouvelles vies à deux, qu'on aimerait pleine de bonheur après tant de diffilcuté

Tome 2 - Bonus – Chapitre 208 –

Lentement

Le bruit d’une lame frappant du bois résonnait dans l’ait frais du petit matin. Les légumes coupés en dés et hachés furent rapidement entassés sur la table de la cuisine et une fois terminé, Odette retourna son couteau de cuisine sur le pain et les autres ingrédients pour obtenir un sandwich savoureux.

Odette vérifia l'heure, il restait encore beaucoup de temps alors qu'elle coupait soigneusement la tarte aux pommes refroidie, en parts égales et la mettait dans le panier avec le champagne. Dans l’ensemble, c’était un déjeuner plutôt somptueux. Les biscuits au chocolat complétaient l’ensemble.

Au moment où Odette terminait le panier pique-nique, il était presque l'heure du retour de Bastian. Préparant un verre de limonade fraîche et une serviette, Odette sortit dans le jardin pour attendre Bastian. Margrethe et ses trois chiots bondirent après elle, impatients d'être dehors et de courir partout. Ils rebondirent autour de ses chevilles avec joie, se bousculèrent et se mordillèrent dans leur excitation.

« Arrête, ne mange pas ça » dit sévèrement Odette tandis que Cécile essayait de manger une feuille de citrouille.

Elle alla au jardin et s'assit sous le pommier, attendre Bastian. Au loin, elle entendait la tour de l'horloge de la place du village sonner l'heure, Bastian ne devrait pas tarder à arriver. Odette tourna son visage vers le point jaune brillant du soleil. C'était le milieu de l'automne, les feuilles étaient tombées et l'air était frais, mais la chaleur radieuse du soleil était toujours agréable sur sa peau pâle.

Ils étaient censés être en lune de miel, mais Bastian avait dû consacrer du temps à l'administration de l'entreprise. Elle comprit qu’il y avait beaucoup d’ajustements à faire dans la période économique d’après-guerre. Cela aurait pu être laissé au conseil d’administration, mais Bastian tenait à le superviser lui-même. Il était clair qu’il avait décidé de poursuivre la voie d’un homme d’affaires.

Pour l'essentiel, Bastian avait tenu sa promesse de ne pas en faire trop et elle était simplement heureuse qu'il porte rarement son uniforme militaire, après avoir renoncé à son congé pour profiter de sa lune de miel. Bien qu'il ait continué à travailler à distance par le biais d'appels téléphoniques et de correspondance, il veilla à ce que son travail ne perturbe pas leur voyage de noces.

Ne soyez pas gourmande. Lentement.

Odette se leva de son siège lorsqu'elle aperçut au loin un homme de grande taille qui marchait d'un pas assez rapide sur la route. C'était Bastian qui rentrait à la maison après l'exercice. Sentant son excitation, les chiens se mirent à aboyer, à japper et à sauter vers la porte, également impatients du retour de leur maître.

« Bastian ! » cria Odette, ne parvenant plus à se contrôler.

Bastian lui fit un sourire en prenant le verre de limonade et en le buvant rapidement.

Après cela, il se dirigea vers la pompe à eau pittoresque nichée à côté du jardin florissant. Les yeux d'Odette suivaient chacun de ses mouvements tandis qu'il se rafraîchissait, les gouttelettes scintillant sur sa peau reflétant les rayons du soleil couchant.

« On dirait que tu vas plus vite » Odette lui tendit la serviette qu'elle avait préparée, son regard parcourut son visage fraîchement lavé et ses vêtements de sport en sueur, il s'arrêta brusquement sur une cicatrice déchiquetée qui gâchait ses beaux traits.

« A quoi je ressemble ? » demanda-t-il

« Tu es superbe, je n'aurais pas dû m'inquiéter » dit Odette avec un sourire.

Bastian se remettait assez rapidement de ses blessures, retrouvant pratiquement la même force qu'avant la guerre. Même si une certaines perte sensoriel et la douleur subsistaient encore, cela ne semblait pas affecter Bastian autant que l’on pourrait le croire.

Odette essuya le reste d'eau de son visage d'une main aimante. Bastian se pencha et lui donna un baiser affectueux, avant de tourner son attention vers les quatre chiens excités.

« Je pense que nous allons devoir héberger ta femme de chambre, Odette » dit Bastian en voyant Odette prendre un verre vide et une serviette mouillée.

« Ne sois pas stupide, où diable allons-nous placer une femme de chambre ? »

« Nous pouvons louer une des maisons vides à proximité »

« Non, ne fais pas ça, j'aime les choses telles qu'elles sont » Odette regarda la maison avec nostalgie. « J'aimerais que nous puissions rester ici ensemble, juste nous deux. Et les chiens » S'il se moquait de son rêve, elle allait pleurer, Bastian le savait bien.

Bastian rapporta le verre à la cuisine, les chiens bondissant après lui sous forme de boules de poils excitées et Odette à sa suite. Bastian eut un sourire effronté en voyant le panier de pique-nique sur la table de la cuisine. Cela faisait maintenant 15 jours qu'ils étaient à Rothewein, mais pas une seule fois Odette n'avait eu envie de pique-niquer.

Parce qu'il faisait chaud, mais les feuilles d'automne n'étaient pas encore belles et d'épais nuages couvraient le ciel. Elle attendait le moment idéal, un ciel bleu clair, pour organiser leur pique-nique promis depuis longtemps. Après tout, c’était un événement spécial qui ne se reproduirait plus.

Cela pouvait paraître un entêtement insaisissable, mais Bastian savait qu’il valait mieux ne pas discuter avec elle. Après tout, c’était quelque chose qu’elle attendait avec impatience depuis un moment. Il était plus que disposé à réaliser son souhait, et plus qu'heureux de le faire.

« Aujourd'hui alors ? » dit Bastian alors qu'elle lavait son verre.

« Aujourd'hui » dit Odette avec un sourire enfantin.

Odette s'approcha de lui, lui passa la main autour de la taille. Après l'avoir attendu si longtemps, le moment dont elle avait rêvé était enfin là.

Bastian ne pouvait s'empêcher d'admirer la beauté complexe de sa femme. L’élégance d’une femme raffinée et l’innocence d’une fille timide s’entremêlent parfaitement, comme une fleur fraîchement éclose à son apogée.

« Allez-y et préparez-vous » Odette revérifia le ciel dégagé derrière la fenêtre avant de donner un ordre amical. Un sourire narquois s'étala sur ses lèvres alors qu'il se penchait et déposait un baiser sur sa joue rouge.

Bastian répondit par un rire retentissant, penchant la tête pour embrasser sa joue rouge. Ce geste en disait long sur sa volonté d’obéir.

***********************************

Il leur fallut un certain temps avant qu'ils soient prêts pour le pique-nique. Odette était à peine habillée, ayant passé la majeure partie de la matinée à préparer la nourriture et Bastian avait besoin de prendre une douche pour se laver de la crasse du travail.

Même lorsque Bastian avait fini de prendre la douche, Odette était toujours assise devant son vanity, tripotant les boucles de ses cheveux. Au lieu de boucles courtes sur le côté, elle avait arrangé ses cheveux en longues formes ondulées dans son dos, soigneusement regroupées par un ruban rose tendre.

Bastian venait de terminer sa douche matinale et enleva son peignoir. Même s'ils vivaient dans une modeste maison d'une chambre, ce n'était pas différent de leur vie dans le manoir d'Ardenne. Leurs vies s'étaient parfaitement mélangées depuis leur deuxième mariage. Il commençait chaque matin dans le lit d'Odette, faisant de sa propre chambre un véritable dressing somptueux.

Bastian enfila son costume de flanelle brillant assorti à la cravate dorée qu'Odette lui avait offerte. Ses boutons de manchette brillaient de pierres précieuses d'améthyste, assorties à la riche teinte violette de la jupe d'Odette. En jetant un coup d'œil à sa montre, Bastian remarqua que le temps passait rapidement, mais Odette était toujours en train de se préparer à la coiffeuse. Bastian ne trouvait pas les mots pour l'interrompre,

Bastian s'inclina sur sa chaise et la regarda calmement. Ils avaient tout le temps du monde, rien pour se précipiter. Il l'observa donc patiemment pendant qu'elle débattait pour savoir quelle broche compléterait la nervure de son chemisier. Il semblait presque

identique au précédent, mais elle semblait satisfaite de l'échange. Il ne pouvait pas vraiment discerner de différences subtiles, mais il ne pouvait pas nier le sentiment de satisfaction émanant d'elle.

« Je suis désolée, Bastian. Je suis prête maintenant » Odette sourit alors que leurs reflets se rencontraient dans le miroir, puis elle sortit deux paires de boucles d'oreilles du tiroir de la commode « Lesquelles pensez-vous ? » demanda-t-elle en portant différentes boucles d'oreilles serties à ses oreilles.

« Hmm, les bonnes » dit Bastian en choisissant une petite boucle d'oreille en perles au vernis doux.

« J'aime ça aussi » dit Odette. Elle mit les boucles d'oreilles et se leva de table. « Meg, Adèle, Henriette, Cecile» cria-t-elle.

Les chiens étaient recroquevillés et faisaient la sieste, mais dès que leurs noms étaient appelés, ils relevaient la tête au garde-à-vous. Elle mit un collier différent à chaque chien et, enroulant un châle autour de ses épaules, elle était enfin prête pour le pique-nique.

Bastian escorta les cinq dames de la maison Klauswitz jusqu'à la voiture, où il avait chargé le coffre avec le panier de pique-nique rempli de nourriture et diverses tables et nappes pliantes. La banquette arrière était encombrée de meubles et quiconque les regardait aurait du mal à croire qu'ils ne sortaient que pour l'après-midi.

« Ah, je vois que vous sortez, M. Lovis »

« Bonjour, Mme Haas, oui, je pars pique-niquer avec ma femme » dit Bastian en s'arrêtant pour ouvrir la portière du conducteur.

Odette, qui s'occupait des chiens, voulut sortir lorsque la vieille femme s'approcha.

« Vous n'êtes pas obligée de sortir, Miss Byller » dit la vieille dame d'un ton enjoué, faisant rougir Odette.

Même si certains villageois étaient un peu offensés d'avoir été trompés par Miss Byller et son « cousin », la plupart avaient déjà deviné la véritable nature de la relation entre Odette et Bastian. Quand on vit dans un si petit village, il est difficile de cacher des secrets à qui que ce soit. Tout comme Mme Haas, qui aimait taquiner Karl Lovis et Marie Byller de temps en temps.

« Eh bien, je vous souhaite une agréable après-midi de sortie, Amiral et Princesse »

rigola Mme Haas avec un sourire éclatant sur le visage et un scintillement dans les yeux.

Bastian hocha la tête, fit signe à la vieille dame et monta dans la voiture. Odette à peine soulagée et caressa la joue rougie. Quand elle se souvenait de l’époque où ils imitaient des cousins, elle avait envie de se cacher quelque part ; admirant juste Bastian, qui était extrêmement calme.

« Allons-nous partir alors, Miss Byller ? » dit Bastian en faisant tourner le moteur.

Odette répondit en riant.

La voiture vert foncé serpentait le long du chemin le long du ruisseau scintillant et s'approchait de l'entrée du village pittoresque. En passant par les champs de blé et les moulins à eau, fraîchement récoltés pour la saison, la destination apparaît lentement. Le soleil brillant brillait depuis un ciel bleu clair, projetant une lueur dorée sur les champs dansants.

Le regard rêveur d'Odette s'étend sur le paysage pittoresque dont elle rêvait. C'était comme si le monde lui-même bénissait leur voyage en ce jour parfait.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 209 – Un cours réussi

Bastian sortit la couverture et la laissa doucement dériver jusqu'au sol, sous le saule, au bord du ruisseau. C'était le même endroit où ils avaient pique-niqué avant la guerre, quand il avait désespérément besoin de vivre chaque moment libre avec elle.

Odette était occupée à sortir les chiens de la voiture et à détacher les laisses pour qu'ils puissent courir à leur guise. Elle commença ensuite à sortir la vaisselle et les coussins qu'elle avait achetés dans un grand magasin de Ratz. Serviettes, couverts, argenterie et verres en cristal. Bastian comprenait maintenant pourquoi cette boîte était si grosse et si lourde.

Appuyé contre le saule, il regardait sa femme jouer avec un sourire enfantin aux lèvres.

Elle disposa soigneusement chaque plat avec une détermination si délicate. Il ne voulait pas s'en mêler, s'il plaçait les sandwichs dans la mauvaise assiette, cela mettrait Odette de mauvaise humeur pour le reste de la journée, alors il se contenta de simplement la surveiller. La façon dont elle se penchait sur la couverture de pique-nique lui permettait de jeter un regard effronté sur son chemisier, donc ce n'était pas si mal.

« As-tu prévu de camper ici pour la nuit ou quelque chose du genre ? » demanda Bastian, incapable de garder plus longtemps son silence lorsqu'il vit autant de nourriture pour un repas.

« J'ai préparé beaucoup de choses » dit Odette en cherchant de la place sur la couverture pour quelques assiettes et vaisselle supplémentaires « Il vaut mieux en avoir trop que pas assez, je suppose » Avec panache, elle présenta le plat suivant : une tarte aux pommes bien cuite, ornée d'une croûte dorée et feuilletée, de biscuits au beurre, de chocolat et de bonbons, une friandise qu'Odette aimait beaucoup.

Bastian rit en prenant la bouteille de champagne dans l'un des nombreux sacs. Le claquement du bouchon était suffisamment fort pour que les chiens se figèrent dans leurs pitreries et les regardèrent. Odette recula pensivement devant le bruit, mais elle corrigea rapidement sa posture et sortit le dernier objet pour le pique-nique, un vase de fleurs.

Odette arrangea délicatement la forme des pétales froissés dans le vase, elle le déposa au milieu d'une somptueuse nourriture. Son expression stoïque ne faiblit jamais, même si Bastian ne pouvait plus contenir son rire. Alors qu'il éclatait de rire, Odette lui lança un regard désapprobateur tout en fixant nonchalamment ses cheveux dans la douce brise.

« Je sais que tu es plutôt une personne pratique, Bastian, mais tu dois t'habituer à ce type de formalité. C'est une coutume nécessaire, qu'il faut apprendre pour pouvoir naviguer facilement dans les situations sociales, vous savez »

« Ah, je dois apprendre les mœurs d'une nouvelle classe de personnes » rigola Bastian en remplissant son verre « J'étais là, pensant que je satisfaisais simplement ma propre cupidité personnelle, s'il te plaît, pardonne-moi, princesse »

« Sérieusement, Bastian, j'essaie de te donner un conseil » dit Odette en appréciant l'odeur de l'herbe dans le vent.

Bastian lui tendit une flûte de champagne et hocha la tête. « Pour réussir en classe » dit-il en levant sa propre flûte pour porter un toast.

Le rire d'Odette bouillonnait comme une coupe de champagne. L'ambiance devint plus animée à mesure que les quatre chiens, qui venaient de rentrer, se joignirent à la fête. «

Laisse tomber, Cécil ! Viens ici » gronda-t-elle tandis que Cecilia se précipitait vers la nourriture. Elle prépara rapidement un repas séparé pour les compagnons à fourrure avant de retourner préparer le déjeuner de Bastian.

« Oui, maintenant, mangeons » dit Odette en la regardant avec des yeux affamés.

C'était étrange de prendre un sandwich délicatement préparé et d'en prendre une énorme bouchée, mais dès que cette première bouchée atteignit son estomac, Bastian réalisa à quel point il avait vraiment faim. Odette ne commença à manger que lorsqu'elle fut convaincue que Bastian était satisfait de tout ce qu'elle avait préparé. Tandis qu'elle mangeait avec parcimonie, Bastian en dévorait autant pour donner l'impression que tout le pique-nique était sa part de nourriture. Les sucreries ne lui plaisaient pas mais il les mangeait néanmoins.

Il ne fallut pas longtemps à Margrethe pour remarquer la nourriture exposée et elle vint voir quels restes elle pouvait se procurer. Alors qu'Odette préparait leur thé de l'après-midi, Bastian attrapa discrètement un sandwich du plateau dans son assiette. Au grand dam d'Odette, Bastian était plus qu'heureux de jeter au chien les croûtes de sa nourriture.

Adélaïde et Henrietta accoururent également à ses côtés. La plus jeune sœur, Cecilia, alors qu'elle poursuivait un ver dans l’herbe, rejoignit finalement le groupe. Lorsque Bastian distribua du pain à chacune des filles de Margrethe, Odette revint avec un plateau de thé fumant et ses yeux se croisèrent dans les siens. Bastian fit une pause alors qu'il commençait à découper la viande en bouchées, même les chiens s'arrêtèrent net,

« Ne les nourrissez pas avec ça, ce n'est pas bon pour eux » gronda Odette.

Bastian l'ignora et leur lança un sandwich à la salade de poulet entier.

« Bastian… » Odette se releva pratiquement.

Bastian se fit pardonner en faisant la vaisselle. Margrethe, étant la plus vive d'esprit, s'était déjà détournée, hors de portée de la colère d'Odette. Les autres s'enfuirent rapidement à travers le champ, ne laissant que Cecilia, qui était la plus gloutonne des chiennes.

Bastian tapota doucement la tête de Cécilia, tandis qu'il s'appuyait obliquement contre la pile de coussins qu'Odette avait installés. Ensemble, ils subissaient de plein fouet les lamentations d'Odette. Odette traitaient les chiens comme s'ils étaient ses propres enfants, elle corrigea la forme de leur ruban et de leur collier tordus et à la fin de son remontrance, elle donna à chaque chienne un tendre baiser.

« Si seulement les nobles dames voyaient la moitié de la gentillesse et de la tolérance dont vous faites preuve envers les chiens. Vous avez passé la majeure partie de votre vie avec des hommes grossiers, donc je pense que vous ne connaissez pas très bien la manière dont vous devez vous comporter avec les femmes. Ce ne serait pas une si mauvaise idée si vous appreniez un peu l'étiquette. Ce n'est pas une affaire perdante si vous pouvez faire du profit en faisant semblant, n'est-ce pas ? » Elle lui tendit une tasse de thé d'une chaleur parfumée.

« Tu n'aimes pas mon étiquette le week-end dernier ? » demanda Bastian, sachant très bien ce qu'Odette allait dire.

Le week-end dernier, l'épouse de l'instituteur du village, propriétaire de la grande brasserie de Rothewein, avait organisé une grande cérémonie de sortie. Ce n'était pas quelque chose que Bastian avait prévu d'assister, mais Odette pensait que ce serait une merveilleuse idée qu'ils le fassent. Elle y voyait une opportunité de gagner les cœurs et les esprits de la communauté.

Il considérait cela comme une tâche inutile, mais il resta un invité amical tout au long de la soirée. À partir du moment où il avait salué l'hôtesse, il était toujours entouré d'autres hommes en conversation, mais il ne se souvenait pas d'avoir jamais été impoli ou offensant. Cependant, Odette semblait avoir un avis différent.

« Eh bien, ce n'était pas mal » dit Odette en secouant la tête et en riant. « Cependant, je voulais juste vous faire savoir qu'un certain niveau d'étiquette est attendu de la part d'un invité lorsqu'il assiste à une réunion organisée par l'hôtesse. Mais je n'interviendrai pas si vous ne le souhaitez pas »

« Non, Odette » Bastian se prépara mentalement à cette inévitable longue conférence. Il ne détestait pas les reproches d'Odette, en fait, il appréciait l'attention et l'affection.

C'était comme la preuve qu'elle l'aimait vraiment et qu'elle le considérait comme sa famille « Dites-le-moi alors et je vous écouterai » dit-il avec un sourire nonchalant et il s'allongea sur les genoux d'Odette.

« C'est l'attitude » Odette lui abandonna son genou alors qu'elle faisait une crise de colère. Elle protégea le visage de Bastian de la lumière du soleil avec sa main. « Il y a des femmes qui pensent que vous êtes une personne effrayante et froide. Ils vous comprennent mal et je n’aime pas ça »

Bastian ne prêtait aucune attention aux normes sociales, mais il restait silencieux. Au lieu de cela, il se concentrait sur ses yeux turquoise fascinants qui le remplissaient.

Son paradis brillait magnifiquement. Il sentit une profonde chaleur émaner de la lumière dorée. Maintenant, il connaissait le nom de ce sentiment global.

Amour.

C'était un amour débordant.

******************************

Odette revint lentement à l'éveil alors que la lumière du soleil scintillait à travers les branches ondulantes du saule. La lumière éblouissante interrompit sa sieste.

« Ah, tu es réveillée ? » une voix douce et fraîche parvint à ses oreilles.

« Bastian… » un sourire langoureux s'afficha sur le visage d'Odette. Il était allongé sur le côté, la tête posée sur sa main et l'observait. Ils se sourirent.

Elle regarda les chiens endormis et le champ où se couchait le coucher du soleil. Après le copieux pique-nique, ils avaient traversé les champs de fleurs sauvages, cueilli des baies pour en faire de la confiture, puis se reposaient sous le saule, partageant des blagues et des histoires jusqu'à ce que l'après-midi somnolent se transforma en un sommeil agréable. C'était une belle journée, comme si les vœux du jour de notre séparation se réalisaient en se bénissant.

« Merci » dit Odette « Merci beaucoup de m'avoir rendu heureuse »

En écoutant le bruit d'un cœur qui battait en bonne santé, Odette transmit une fois de plus le sentiment bouleversant de ce moment. Elle était bien consciente que c'était un jour où elle se comportait comme une enfant immature. Elle faisait semblant d'être une adulte et Bastian lui avait accordé beaucoup de considération, mais en fait, elle comptait sur cet homme depuis le début. C'était possible parce qu'elle était sûre d'être aimée.

« C'est formidable d'avoir quelqu'un avec qui je peux faire des bêtises et partager mes rires. C'est ton tour, Bastian, tu as exaucé mon souhait, quel est le tien ? Je l'accorderai. »

« Ah, eh bien, j'ai peur que cela puisse me causer quelques ennuis ici »

Bastian tendit la main et commença à lui caresser le dos, se rapprochant de plus en plus de sa taille. Odette fronça les sourcils, s'accrochant au picotement que le contact envoyait dans son corps, le rendant froid et picotant. Bastian sourit, haussant son beau sourcil.

Même si elle savait qu'elle ne devrait pas le faire, elle était prise par cette sensation enivrante. L'irritation provoquée par ses doigts délicats fondit comme neige, ne laissant derrière elle que de l'excitation, comme si elle était redevenue une écolière.

« Oh, les deux cousins sont à nouveau en bons termes, je vois » Une voix appelée au moment où elle l'embrassa brisa le sentiment sensuel et fit redresser Odette. Le mouvement soudain a réveillé les chiens, qui se sont levés sur leurs pattes en un éclair de mouvement.

C'était le propriétaire du moulin dont Bastian avait cassé la porte. Il revenait chez lui après une dure journée de labeur dans les champs.

« M. Lovis, Mme Byller ! Venez à la ferme plus tard, je viens de finir de mettre du vin en bouteille »

Bastian et Odette lui rendirent la main et le regardèrent traverser les champs éloignés pour rejoindre sa propre ferme. Dès qu'il fut hors de vue, Bastian attrapa Odette par la taille et la serra plus fort dans ses bras.

« Allons-y alors, sœur » dit Bastian, déposant un baiser ferme sur son visage rougissant.

Elle essaya de le repousser car elle avait peur si le fermier revenait pour une raison quelconque « Quand vous êtes dans une situation impossible pour sauver la face, autant l'accepter » dit Bastian en riant, une fois de plus en embrassant Odette amicalement sur la joue « Je pourrais t'apprendre comment »

Odette regarda son visage effronté en fronçant les sourcils et éclata bientôt d'un sourire clair. Puis elle étendit les bras et serra son professeur dans ses bras.

Odette se comportait certainement comme une Klauswitz et il savait qu'il avait des ennuis maintenant.

Elle avait du mal à faire des affaires à perte.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 210 – C'était une mauvaise journée dès le début

La journée avait mal commencé dès le départ. Odette sortit de son sommeil et regarda le réveil, essayant de lui donner un sens. Le soleil brillait et l'absence de Bastian dans le lit prouvait l'heure tardive. Alors pourquoi l'alarme n'avait-elle pas sonnée ? Bastian avait dû l'éteindre en se levant.

Au prix d'un grand effort, Odette força son corps fatigué à sortir du lit et fut instantanément accueillie par un courant d'air froid lorsqu'elle ouvrit la fenêtre. Sans aucun avertissement, l'hiver avait planté ses griffes sur la terre alors qu'hier encore, ils avaient profité d'un pique-nique chaleureux et confortable.

C'était l'anniversaire de Bastian aujourd'hui et même ce jour-là spécial, Bastian était sorti pour faire ses exercices matinaux. C'était étrange, depuis quatre ans qu'ils étaient ensemble, c'était la première fois qu'ils passaient son anniversaire ensemble.

Leur relation avait alors pris un tournant. Lors de leur premier automne, elle commit une grave erreur en le trahissant. Ce ne fut qu’après que Bastian soit parti en mission militaire sur l’île de Trosa qu’elle découvrit que c’était son anniversaire – mais il était alors trop tard.

Lors de la deuxième année, ses pensées à son égard étaient teintées de remords et de honte. Elle écrivait souvent un bref message de félicitations à la fin de son rapport mensuel à l'île de Trosa, mais elle ne parvenait jamais à l'envoyer. C'était une époque où le silence était le seul cadeau qu'elle pouvait offrir.

Au troisième automne, elle s'était enfuie chez Felia pour lui échapper. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il passerait son anniversaire seul, mais elle essayait de ne pas prendre cela à cœur. Au quatrième automne, la guerre lui avait volé, ne lui laissant que des souvenirs et un cœur plein de prières pour sa sécurité.

Et maintenant, au cinquième automne, l’anniversaire arriva, lui apportant enfin de l'amour et des bénédictions.

Elle se préparait pour cette journée depuis le début de l'automne et elle avait dormi trop longtemps. Pourquoi Bastian avait-il éteint l'alarme ? Non. Si elle n'était pas restée éveillée tard avec lui, elle se serait levée à l'aube sans avoir besoin d'une alarme.

La première tâche de sa journée aurait dû de réveiller Bastian avec un baiser et de lui dire « Joyeux anniversaire ». Elle le regarderait ensuite s'habiller avec un pull tricoté à la main qu'elle avait confectionné pour lui. Elle avait envisagé cela comme la manière

idéale de célébrer son anniversaire, mais maintenant cela lui semblait être un rêve éveillé futile.

« Tout va bien » se rassura Odette en enfilant une robe en lin épais. Il lui restait encore une bonne partie de la journée, suffisamment pour accomplir ses projets si elle se dépêchait. Elle renonça aux ablutions matinales habituelles et se rendit directement à la cuisine. Elle avait à peine commencé que la sonnette retentit.

« Livraison du cadeau d'anniversaire de l'amiral Klauwitz ! » La voix du livreur résonnait à travers le son de la cloche.

Odette se dirigea vers le porche et fut accueillie par une pile de coffrets cadeaux joliment emballés, « Oh mon Dieu... »

« Bonjour, princesse, cadeaux pour l'amiral Klauswitz » Il y avait bien plus de cadeaux que ce à quoi Odette s'attendait. « Ah, il y a aussi quelques cadeaux de l'écrivain Esher.

J'ai également apporté des cadeaux de ma famille proche et de mes amis. Tous les noms sont sur chaque cadeau » Il ramena quelques autres cartons qui se trouvaient encore dans la voiture.

« Merci d'être venu jusqu'ici » dit Odette. « Veuillez adresser mes remerciements au vicomte Esher et à son épouse. »

Le chauffeur-livreur proposa d'apporter tous les cadeaux à l'intérieur, mais Odette voulait désespérément conserver l'air d'une hôte aimable et fit signe au chauffeur qu’il pouvait y aller. Alors qu'elle transportait les cadeaux jusqu'au salon, elle vit des étiquettes avec des noms dessus. Ces cadeaux inondaient leur maison depuis deux jours, ils provenaient de toutes sortes de personnes, de quelques aristocrates et hommes d'affaires de haut niveau, de ses camarades de la marine et même de dirigeants locaux.

L’espace du salon se remplissait vite et Odette était trop pressée pour tout organiser correctement. Le problème était que ce n’était pas un manoir et qu’il n’y avait pas d’employés pour tout organiser. Le couple passerait des jours après l'événement à trier les cadeaux et jeter tout le papier d'emballage. Personne ne savait à quel point la maison des Klauwitz était petite.

La pile de cadeaux était complétée par un petit paquet qui tenait dans sa paume. Au moment où elle eut enfin fini, il était temps de sortir et de rencontrer Bastian, mais alors qu'elle atteignait la porte, le téléphone commença à sonner depuis le bureau de Bastian, qui fut aménagé dans la chambre d'amis. Avec un soupir de résignation, Odette se précipita dans les escaliers.

*****************************

« Bastian », cria Odette sous le choc en descendant les escaliers, Bastian était déjà là, ramassant le petit cadeau qui avait été le dernier ajouté à la pile « Je suis désolée, je voulais venir te retrouver, mais tu as reçu un appel de Faber te souhaitant un joyeux anniversaire »

« Oh, Faber ? » dit Bastian en essuyant un filet de sueur de son front avec le revers de sa manche. Il avait récemment augmenté sa distance de course. Après quelques problèmes initiaux de contrôle de vitesse, il s’adapta rapidement et retrouva des performance équivalente à d’avant sa blessure. C’était son plus grand objectif pour la seconde moitié de l’année.

« Oh, je suis désolée, laisse-moi te chercher une serviette » Odette se tourna pour remonter les escaliers en courant, mais s'arrêta « Oh mon Dieu, j'ai complètement oubliée de te féliciter et te dire joyeux anniversaire.'

« C'est vrai, Odette, tu l'as en quelque sorte oublié » Bastian adopta un ton moqueur Bastian avait du mal à comprendre l'obsession d'Odette pour les anniversaires. Ce n'était pas comme si c'était un événement rare ou quoi que ce soit, quelque chose qui revenait chaque année pour vous rappeler que la vie continuait. Il n'avait jamais donné beaucoup d'intérêt dans cette journée « S'il vous plaît, vous n'avez pas à vous inquiéter autant »

« Mais c'est la première fois que nous passons ton anniversaire ensemble. C'est aussi votre premier anniversaire depuis que vous avez frôlé la mort »

« Malgré tout, je ne suis pas redevenu un enfant d'un an » dit Bastian avec indifférence. «

N'en fais pas trop, Odette. Les anniversaires n’ont jamais vraiment eu autant d’importance pour moi. Je ne veux pas te voir aux prises avec ce genre de choses »

« Ne te rabaisse pas comme ça »

« Non, je ne le vois pas ainsi, je te dis juste mes vrais sentiments, ce que je veux vraiment, c'est... »

Bastian fut à nouveau interrompu par la sonnerie du téléphone. Bastian réfléchit intérieurement alors qu'il montait les escaliers pour répondre au téléphone, s'arrêtant brièvement pour accepter un baiser d'Odette.

Pour ce genre de chose, Odette voulait se plaindre de Bastian pour avoir traité sa journée avec tant de désinvolture, mais elle ne voulait pas d'une dispute inutile lors d'un jour spécial qu'elle attendait.

Elle se calma un peu en arrivant à la cuisine, mais elle était toujours furieuse que Bastian ne soit pas aussi excité qu'elle. Tout irait bien, la journée n'était pas encore gâchée et après un bon et copieux petit-déjeuner d'anniversaire, elle était sûre de pouvoir l'encourager. S'il n'en connaît pas la signification, elle pouvait le lui faire savoir.

Elle retourna ensuite cuisiner. Les saucisses étaient dans la poêle avec le bacon. Les œufs bouillaient bien et le pain était grillé au four.

« Je pense que je devrais peut-être sortir un petit moment » dit Bastian en se tenant sur le seuil de la cuisine.

Odette venait de commencer à faire bouillir des œufs lentement retirés des plaques de cuisson, le visage rouge et boudeur de colère. Elle plissa les yeux vers Bastian. Un autre plan fut ainsi ruiné.

« Je me souviens que tu avais promis de passer toute la journée ensemble »

« Je sais et je suis désolé, mais l'amiral Ryan est à Rothewein, ce ne sera qu'un déjeuner car il doit retourner à Ratz ce soir » Bastian pouvait sentir la chaleur monter chez Odette alors qu'elle le regardait « Bien sûr, seulement avec la permission de la princesse

»

« Allez-vous décommander si je ne le permets pas ? »

« Bien sûr »

« Tu mens » Odette se retourna vers la table de cuisson et sourit intérieurement. Elle savait ce qu'il faisait, lui offrant la façade d'une option, sachant très bien qu'elle ne pouvait pas lui interdire d'y aller. C'était une stratégie éhontée.

« Vous feriez mieux d'être de retour au plus tard à cinq heures , est-ce compris, amiral Klauswitz ? »

Bastian enroula ses bras autour de sa taille, lui donnant un baiser sur la nuque, les joues et les lèvres. « Je serai de retour à 4 heures »

Odette ne voulait pas se laisser prendre à son tour, mais en effet, son médicament, c'était lui.

*****************************

Odette finit le pull qu'elle avait confectionné pour Bastian avec quelques gouttes de son parfum. C'était pour les femmes, mais elle voulait que Bastian pense à elle à chaque fois qu'il le portait. Ce n’était pas une odeur particulièrement forte et ressemblait davantage à celle du savon.

Elle regarda le vêtement bleu avec un sentiment de fierté et de satisfaction. C'était la première fois qu'elle essayait de confectionner des vêtements pour un homme et cela lui prit beaucoup plus de temps que prévu. Le décolleté et les manches étaient des motifs qu'elle avait conçus personnellement.

Une fois cela fait, Odette descendit à la cuisine pour finir de préparer le repas d'anniversaire. Elle portait une robe à fleurs totalement inappropriée pour cuisiner, mais elle ne savait pas quand Bastian reviendrait.

Odette parait la viande, cuisait le gâteau, montait la crème fraîche et découpait les légumes, se déplaçant dans la cuisine comme l'eau qui coule dans un ruisseau. Au moment où elle terminait les dernières préparations, il était déjà trois heures et demie.

Bastian devrait bientôt revenir.

Elle espérait que le dîner serait réussi. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas préparé de gâteau d'anniversaire, et elle espérait désespérément qu'elle se souvenait encore de comment. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'elle étalait soigneusement la crème sur les couches, essayant de recréer la décoration parfaite à partir de ses souvenirs.

Aujourd'hui, rien ne s'était passé comme prévu. Odette se calma et reprit la décoration.

Cependant, plus elle essayait de bien faire, plus la décoration devenait terne. Le problème était que son esprit était distrait. Il y avait eu beaucoup d'appels de la Marine récemment, ainsi que des visites personnelles comme aujourd'hui. Il semblait y avoir beaucoup d’intérêt et on ne savait pas pourquoi. Elle espérait qu'ils n'essayaient pas de ramener Bastian à l'amirauté.

Bastian ne fera pas ça, n'est-ce pas….

« Ah ! » Cette pensée provoqua un tremblement au bout de ses doigts alors qu'elle essayait de lacer une poche de crème. Odette pinça les lèvres de frustration. La crème jaillit de sa poche et éclaboussa le gâteau. Abasourdie par son erreur, Odette alla chercher le couteau plat et finit par renverser un pot de sucre. Dans son désespoir de sauver le pot, elle finit par renverser le gâteau. Les chiens s’y mirent en un instant et commencèrent à laper la crème. La cuisine était en désordre.

Odette essaya d'éloigner les chiens du gâteau et de la crème émiettés mais elle glissa et tomba sur le sol maculé de crème. Alors qu'elle était sur le point de pleurer, il y eut un rire enfantin tonitruant et sans vergogne et des applaudissements dans les mains depuis la porte de la cuisine.

« Bastian »

Fidèle à sa parole, Bastian arriva à l’heure et se tint devant le chaos de la cuisine.

Ps de Ciriolla: il y a vraiment des journées où rien ne va... pauvre Odette

Tome 2 - Bonus – Chapitre 211 –

Problèmes émotionnels

« Arrêtez ça ! »

Bastian frappa violemment dans ses mains et les chiens se figèrent. D'un geste de la main, Margrethe sortit de la cuisine, l'air désolée, les chiots la suivirent. Bastian ferma la porte de la cuisine et commença à ramasser les couverts éparpillés sur le sol.

Il s'approcha d'Odette, qui était toujours assise là « Odette, ça va ? » La main douce de Bastian effleura ses cheveux et essuya la crème qui recouvrait sa robe.

« Oui, je vais bien, j'ai juste laissé tomber le gâteau par erreur. Je ne suis pas blessée, alors ne vous inquiétez pas » Un sourire monta aux lèvres d'Odette. Bastian était bien conscient que c'était sa façon de cacher ses véritables sentiments. Il souleva Odette pour le reposer sur le comptoir de la cuisine et commença à vérifier si elle était blessée.

« Non, ne fais pas ça » Odette lui repoussa fermement la main. Elle ne supportait pas que Bastian la voie dans cet état de vulnérabilité – c'était trop humiliant.

« Je pense que tu es en colère. Est-ce parce que j'ai gâché mon anniversaire ? » demanda Bastien.

Odette soupira et tenta de sortir en trombe de la cuisine, mais Bastian lui bloquait le chemin. Elle le poussa en vain. Elle fut obligée de regarder Bastian, il y avait de la crème partout sur la manche de sa veste.

« S'il te plaît, écarte-toi de mon chemin, Bastian. Vos vêtements sont déjà sales »

Bastian était indifférent à l'état de sa tenue vestimentaire et jeta sa veste de côté.

« Ou est-ce parce que j'ai rompu ma promesse qu’on soit en tête à tête aujourd'hui ? » Il caressa doucement sa joue avec sa grande main calleuse.

Odette se résigna face à ses yeux doux. Il n'y aurait pas de moyen rapide de contourner ce problème, alors elle devait lui faire face. Pourquoi se sentait-elle si bouleversée et triste ? Elle pensait pouvoir le comprendre dans la dévastation du gâteau, mais l'idéal restait tout simplement hors de portée.

« Ce n'est pas à cause de toi » dit-elle finalement dans un murmure. Bastian continua son regard silencieux et attendit que les mots suivent « C'est devenu si stupide »

« Qu'est-ce que cela signifie ? » dit Bastian en regardant profondément les yeux pleins de larmes d'Odette.

« Je sais que je suis trop sentimentale et stupide. Je ne comprends pas non plus moi-même. Je ne suis pas vraiment comme ça normalement »

S'accrochait aux petites choses, en proie à des pensées constantes d'inquiétude et de regret. Sa descente dans le désespoir lui fit se sentir à nouveau comme une adolescente naïve, elle n'avait jamais ressenti ces sentiments auparavant.

« Je sais que chaque moment passé ensemble ne peut pas être parfait, mais cela ne signifie pas que nous pouvons effacer toutes les erreurs de notre passé et pourtant….Je le souhaite »

Les joues d'Odette se colorèrent d’une chaleur rouge et ses yeux turquoise étincelants s'écarquillèrent de chagrin. Un beau visage ensoleillé où ses yeux, remplis de larmes, brillaient aussi colorés qu'un bijou finement ouvragé. L'expression de Bastian s'approfondit lorsqu'il l’observa. « Nous sommes ensemble depuis plus de quatre ans et plus de la moitié de ce temps est rempli de colère et de haine. Nous avons passé plus de temps à nous faire du mal qu'à nous aimer. Cela me rend tellement triste. Il semble tout simplement injuste de s’accrocher à un rêve que nous ne pourrons jamais réaliser. Peu importe tous mes efforts, cela ne fonctionnera jamais et je suis simplement confus »

Odette repoussa Bastian avec des mains tremblantes. Il ne s'était pas battu cette fois.

L'anxiété qui durait depuis qu'elle était sortie du lit se dissipa en un instant. Prenant une profonde inspiration, Odette essuya la crème de son visage avec un torchon et ôta son tablier. Elle avait l'air tellement mieux qu'avant.

« Je suis désolée d'avoir fait preuve d'une attitude aussi immature, tout ira bien maintenant » dit Odette, prenant à nouveau l'air d'une noble dame « Je vais faire un autre gâteau »

« Tu n'es pas obligée »

« Non, c'est différent maintenant et même si cela n'a aucun sens pour toi, ça ne l'est pas pour moi. Je pense cependant que nous devrons retarder un peu le dîner. Une partie est déjà prête si vous avez faim. Je vais d'abord me laver. Écarte-toi, Bastian »

« Eh bien, je ne veux pas » dit Bastian en regardant Odette qui était couverte de crème.

« Que veux-tu dire… »

Bastian s'approcha d'Odette et, sans prévenir, commença à lécher la crème laissée sur la joue d'Odette et à lui mordiller le lobe de l'oreille.

« BASTIAN ! » s'écria Odette en le repoussant « QUE FAIS-TU ? »

Bastian continuait à lécher la crème sur son cou et sur ses lèvres « Comme tu l'as dit, j'ai faim et je me sers de la nourriture déjà préparée »

« Ce n'est pas ce que je voulais dire et tu le sais, si tu veux que je te prépare un autre gâteau... »

« Mais mon gâteau d'anniversaire est déjà cuit et préparé comme je l'aime »

« Quoi ? » dit Odette à bout de souffle.

« C'est mon anniversaire et si je dois naître de nouveau à 13 heures, alors il n'y a pas de passé pour lequel être triste et aucune affaire pour laquelle s'énerver, n'est-ce pas ? »

« Alors tu recommences à te comporter comme un enfant d'un an ? »

« Si c'est ce que souhaite la princesse » Bastian sourit malicieusement et se remit à grignoter les miettes de gâteau laissées sur le cou d'Odette.

Coincée entre le grand homme et le comptoir, Odette n'avait d'autre choix que d'attendre que ce grand enfant ait fini, mais Bastian était loin d'avoir fini. Il prit la main d'Odette, comme s'il allait embrasser le dos de ses mains imbibées de crème, mais au lieu de ses lèvres, sa langue effleura ses doigts ornés de l'alliance et lapa la crème toujours là.

La respiration d'Odette n'était plus tranquille. Leur bruit de respiration pénétrait progressivement dans la chaleur qui remplissait la cuisine. À ce rythme-là, tout son plan d’aujourd’hui était complètement ruiné. Odette baissa les yeux sur Bastian qui la nettoyait de la tête aux pieds comme un chat le ferait pour son chaton. Les mains désormais propres, Bastian posa ses lèvres sur le décolleté de sa robe sans hésitation.

« Ah » laissa-t-elle échapper un cri choqué, luttant pour le pousser. Allait-il vraiment faire ça ? Elle ne savait pas ce qu'elle devrait ressentir, les picotements qui la parcoururent lui semblaient pervers, mais elle en voulait plus.

Bastian déboutonna adroitement sa robe et fit glisser ses sous-vêtements. Son regard était affamé, fixé sur sa poitrine haletante, son désir atteignant son paroxysme.

« Attends, Bastian ! » dit Odette à bout de souffle, le brouillard trouble qui recouvrait son esprit se dissipa un peu. Elle se souvint juste du four et sauta du comptoir en toute hâte.

Bastian regarda son gâteau d'anniversaire en fuite traverser la cuisine et ouvrir le four.

Le parfum savoureux de la viande délicieusement préparée remplissait la cuisine de son odeur grasse. Avec un soupir de soulagement, Odette posa le rôti de bœuf sur le plan de travail. C’était presque comme si la passion n’avait jamais été là et cela déconcerta Bastian. Odette se montra même enthousiaste en tapotant la viande pour vérifier qu'elle était bien cuite.

Il ne savait pas s'il avait plus faim de bœuf ou de sa femme. Quoi qu'il en soit, un sourire satisfait apparut sur ses lèvres alors qu'il regardait son pantalon serré. Il se sentait comme un chien, mais il en était étrangement excité, plutôt que rebuté. Il se sentait comme quelqu'un qui éprouvait des problèmes émotionnels anormaux.

Il s'approcha d'Odette, passa ses bras autour de sa taille et lui embrassa la nuque.

Odette oublia aussitôt le rosbif et, d'un mouvement tourbillonnant, elle fut allongée sur la table de la cuisine. Le bruit de la vaisselle claquante emplit l’air.

« Si nous faisons cela, le dîner sera complètement gâché » dit Odette, attendant avec impatience que Bastian défasse sa robe.

Odette réfléchit à la journée gâchée, manquant de dire joyeux anniversaire à Bastian avec un délicat baiser dès le matin. Passer la journée ensemble à ouvrir les cadeaux et à terminer le tout avec un bon repas et un gâteau parfait. Tout avait mal tourné à partir du moment où le soleil avait levé la nuit, mais cela n'avait pas d'importance.

En un rien de temps, les deux étaient à moitié nus et enlacés dans l'amour l'un de l'autre. Les claquements de lèvres, les respirations profondes d'excitation et les gémissements d'extase remplissaient l'air avec la table grinçante.

Elle leva les yeux vers l'homme avec un mélange d'excitation et de joie brillant dans ses yeux. Ses cheveux parfaitement coiffés et sa chemise soignée contrastaient fortement avec les mouvements chaotiques qui se déroulaient en dessous de la ceinture Cela se termina ainsi. Odette embrassa Bastian dans sa défaite. Elle l'embrassa et serra fort son corps. Elle passa ses doigts dans ses doux cheveux dorés.

Ils étaient si immatures et elle aimait ça.

Ps de Ciriolla : ... J'imagine la discussion le lendemain au boulot de Bastian: X : Alors cet anniversaire?

Bastian: top, le gateau était un régal!

X: c'etait quoi comme gateau?

Bastian: Une Odette à la crème... Délicieux

X: ... Je connais la charlotte comme gateau... mais l'odette?

Bastian: ^^

Tome 2 - Bonus – Chapitre 212 – Belle dissonance

« Bastian Klauswitz, mon bébé géant » appela Odette en traversant la pièce.

Bastian baissa son regard vers le sol inondé de lumière lunaire. Il releva à nouveau la tête lorsqu'il entendit Odette rire dans sa barbe, leurs yeux se rencontrèrent, les siens scintillant au clair de lune. Elle s'allongea sur le lit et posa sa tête sur sa poitrine nue.

« Joyeux premier anniversaire, mon amour » dit-elle en caressant ses doigts autour de son ventre. Son toucher doux stimulait sa peau sensible.

Bastian étendit les bras et embrassa Odette autant qu'il pouvait se rapprocher d’elle qui pouvait sentir les battements doux et rythmés de son cœur.

« As-tu réalisé ce que tu voulais accomplir aujourd'hui ? » demanda Bastian d'un ton endormi. Le doux crépitement des gouttes de pluie contre la fenêtre créait une ambiance apaisante dans la pièce. Odette poussa un léger soupir et embrassa ses lèvres de manière ludique, la malice dansant dans ses yeux les illuminaient

« Non grâce à toi » répondit Odette d'un ton enjoué.

Il lui releva le menton pour que son visage soit près du sien « Tu n'avais pas besoin den faire autant, un gâteau d'anniversaire aurait suffi » dit Bastian, il pressa ses lèvres contre les siennes avant qu'elle n'ait la chance de répondre. Sa main effleura son dos jusqu'à ce qu'elle arrive sur ses hanches.

Odette poussa un soupir exaspéré et lui frappa la poitrine. Le coup était si doux qu'il aurait pu être frappé avec une plume. Alors qu'ils s'embrassaient plus profondément, la pluie commença à crépiter contre la fenêtre, mettant encore une fois une croix sur les projets d'anniversaire d'Odette. Son envie de faire une promenade nocturne et de profiter de l'air frais de l'automne s'était envolée.

Si l’expression de leur amour avait commencé dans la cuisine, alors que Bastian léchait le reste de la crème et enlevait ses couches de vêtements souillés. Il ne fallut pas longtemps avant que la crème ne se transforma en une substance collante et que Bastian porta Odette jusqu'à la douche, où ils terminèrent leurs ébats.

Alors que le soleil disparaissait sous l’horizon, les premières gouttes de pluie commencèrent à tomber. Perdus dans leur étreinte passionnée, ils ne se rendirent compte qu'il pleuvait qu'en sortant de leur bain de vapeur.

Ils eurent un dîner préparé à la hâte, en peignoirs et les cheveux encore mouillés. La faim avait vaincu toute tentative de rétablir le sens de la bienséance. La nourriture était toujours bonne, même froide ou moyennement réchauffée, témoignant des capacités de cuisinière d'Odette. La conversation se déroulait aussi doucement que la pluie d’automne dehors. Malgré son dégoût habituel pour les jours de pluie, elle se surprit à apprécier le crépitement des fenêtres. C'était comme un cadeau, ajoutant à l'atmosphère déjà agréable de leur dîner.

« Bastian » l'appela Odette d'une voix chantante tandis que la mélodie du piano retentissait dans le phonographe.

« Oui » dit Bastian en lissant ses cheveux aussi noirs et lisses que la nuit .

« Je me posais des questions sur la grande roue, ils doivent avoir presque terminé la construction maintenant » Odette avait l'air rêveuse en regardant le cadre posé sur la console près de la fenêtre. C'était une vue plongeante d'un parc d'attractions en construction dans le golfe d'Ardenne – son tableau préféré. La grande roue vibrante se dressait haute sur fond de mer, un spectacle qui lui faisait toujours sourire. Elle avait soigneusement choisi le cadre parfait et le gardait toujours près de son cœur.

Bastian laissa échapper un petit rire alors qu'il se penchait pour embrasser ses cheveux dénoués. Il pouvait sentir le parfum subtil de ses sels de bain préférés.

Odette fit la moue. « Pensez-vous qu'ils auront terminé avant votre deuxième anniversaire ? Ou le troisième ? » elle caressa l'épaule de Bastian . Ses doigts commencèrent à tracer des cercles autour de ses pectoraux, imitant le parcours de la grande roue.

« Peut-être aux alentours de ton anniversaire »

« C'est impossible de finir à mon premier anniversaire, je compte sur mon propre deuxième anniversaire » Bastian lâcha ses cheveux et toucha sa joue rouge.

« Mon premier anniversaire, c'était il y a 2 ans » sourit Odette « le jour où tu m'as offert vingt-quatre iris. C'est ce que je considère comme mon premier anniversaire » Les souvenirs lui revinrent en masse, un flot de douleur et de chagrin. C'était comme revivre un cauchemar qu'elle avait essayé si fort d'oublier, mais qui maintenant, d'une manière ou d'une autre, contenait un sentiment d'affection dans son cœur.

Bastian regardait Odette en silence, son expression remplie de contemplation. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma, incapable de trouver les mots pour le dire. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était supporter le poids du regret, de peur que cela n'empoisonne ce moment précieux.

« Le feu d’artifice que nous avons vu ce jour-là était vraiment merveilleux. Une fois le parc d'attractions terminé, pourquoi ne pas organiser un feu d'artifice chaque année à la fin de l'année, Bastian ? Pour que ce soit la fête des Ardennes pour célébrer la fin de l'année. Nous pourrions le regarder depuis le manoir, tout comme nous l'avions fait ensemble cette fois-là… » Les yeux d'Odette étaient brillants et émerveillés.

Le souvenir était aussi vif que si cela venait de se produire. Lorsqu'il s'enroula autour d'Odette et commença à caresser son ventre légèrement gonflé tout en regardant les feux d'artifice colorés décorant le ciel nocturne d'hiver. Il pouvait encore sentir le chocolat qu'elle avait dégusté, la sensation de ses mains dans les siennes. Tandis que leurs mains s'empilaient côte à côte, ils sentaient les faibles mouvements du bébé. Il se souvenait de tout cela, son esprit rejouant chaque instant.

Odette regardait en l'air avec des yeux larmoyants, et bientôt elle sourit, laissant ses mots inachevés dans les airs.

La pluie, la musique et le bruit des bûches qui brûlaient dans la cheminée.

Bastian s'allongea, berçant Odette dans ses bras alors qu'ils partageaient un baiser passionné. Son bras tendu lui donna la permission d'explorer son corps et approfondit leur étreinte. Leurs lèvres dansaient ensemble comme des flammes, Bastian savourait chaque contact, chaque souffle partagé entre eux, contrôlant son désir de s'abandonner pleinement à l'instant présent.

Le Dr Kramer avait dit un jour que toute violence laisse des traces non seulement sur le corps, mais aussi sur l'esprit et l'âme. Bastian savait très bien que toutes les blessures ne guérissaient pas complètement.

Son grand-père avait accepté l'offre avec plaisir, lui permettant de bénéficier de soins psychiatriques de premier ordre dispensés par les plus hautes autorités.

Son grand-père était ravi et croyait sincèrement que cela aiderait Bastian à devenir un adulte en bonne santé. Le public partageait également ce sentiment, avec un large consensus sur la question. Cependant, Bastian savait au fond de lui que certaines blessures dans ce monde ne peuvent pas être complètement guéries, quels que soient les soins ou les médicaments prodigués.

Même lorsque la peau s'était reconstituée et qu'une nouvelle chair poussait sur la plaie.

Ceux qui avaient traversé des périodes de violence portaient encore ces blessures dans leur esprit et leur esprit ne se guérissait pas si facilement.

Bastian arrêta de l'embrasser lorsque le souffle s'étouffa.

« Alors, quel était ton plan pour le reste de la soirée ? » dit-il alors qu'Odette levait ses yeux humides pour regarder les siens.

« Le piano…» dit Odette. « Je voulais jouer du piano pour toi, pour marquer la fin de ton anniversaire »

Bastian hocha la tête avec un large sourire « pas mal » Il lâcha Odette, puis alla s'asseoir sur le bord du lit et s'humecta les lèvres avec le vin sur la table.

« Bastian…»

« Joue-le pour moi, une performance rien que pour moi »

« Maintenant ? » Odette avait l'air troublée. « Dans cet état ? Laisse-moi au moins m'habiller d'abord » Elle s'appuya contre le coussin moelleux, repliant le drap enroulé pour cacher son corps nu.

« Quinze minutes, cela devrait suffire pour une chanson » dit Bastian en regardant l'horloge accrochée au mur. Drapé d'un peignoir, il s'approcha du lit, la robe d'Odette à la main.

« Comment puis-je jouer du piano… pieds nus et avec ce peignoir… »

Bastian éluda la réponse en l'habillant

« Attends une minute, Bastian ! Laisse-moi prendre mes vêtements…Ah ! »

Au moment où elle sortait du lit, son corps flottait dans les airs. Tenant Odette, Bastian ne perdit pas de temps et quitta la chambre.

« Eh bien, nous devrions au moins accomplir quelque chose pour aujourd'hui, n'est-ce pas ? »

Il la déposa sur le banc moelleux devant le piano à queue. Il avait été acheté pour leur lune de miel spécifiquement pour cette maison

« Comment peux-tu être comme ça... » Odette s'empressa de nouer le cordon de sa robe.

« C'est le seul cadeau que je veux » déclara Bastian « Je serais honoré si vous me jouiez un morceau, dame Odette »

Odette rit avec résignation. Elle se sentait absurde mais c'était l'expression parfaite de leur amour.

***********************************

L'horloge approchait de minuit alors que le concert de Bastian Klauswitz était sur le point de commencer. Les doigts d'Odette planaient sur les touches du piano avec un toucher concentré. Elle avait prévu de jouer leur chanson, un morceau fantastique d'une beauté envoûtante qui marquait leur première rencontre. Mais quelque chose en elle hésitait et elle choisit à la place une composition courte et douce qui pourrait être achevée en un temps limité. Avec une multitude d’options parmi lesquelles choisir, elle choisit celle avec laquelle elle se sentait la plus à l’aise.

Les dernières notes profondes s'évanouissaient dans l'obscurité de la chaumière comme un sombre fantôme retournant dans sa tombe. Plonger le chalet dans le silence juste au moment où l'horloge était sur le point de sonner minuit. Bastian était assis sur la chaise, immobile et ne quittait jamais sa femme des yeux, même lorsque Margrethe entrait péniblement dans le salon et posait sa tête sur les genoux de Bastian. Ses trois chiots gisaient aux pieds d'Odette, mais étaient assez intelligents pour ne pas la gêner. C'était une sorte de règle non écrite au sein de la famille Klauswitz.

Les mouvements amples de sa main remplissaient le salon d’une symphonie sonore, comme l’eau dansant sur les rochers. Elle était comme un rayon de lumière perçant la nuit. Ses doigts étaient une danse – parfois lente et douce, puis rapide et fervente.

Délicate et précise, la mélodie qu'elle jouait était comme un beau rêve devenu réalité.

Bastian remarqua à quel point Odette avait tout donné, son visage impassible se contractait à chaque fois qu'elle jouait un accord difficile et la montée vers le point culminant ne la faisait même pas tressaillir.

La représentation se terminée environ une minute avant minuit. Lorsque la dernière note disparut dans les airs, il y eut un lent applaudissement. Elle respira lourdement et regarda Bastian avec un air d'excuse.

« Il y a eu quelques erreurs, mais c'était le mieux que je pouvais faire dans l'état dans lequel je me trouve. Je jouerai quelque chose d'encore mieux le jour de ton prochain anniversaire » Odette bougea un peu son corps et laissa la place à Bastian pour s'asseoir.

« C'était parfait » félicita Bastian en s'asseyant à côté d'elle. La cloche sonna minuit comme pour marquer la fin du premier anniversaire passé ensemble.

Il passa de nouveau ses bras autour d'Odette et posa ses mains sur les siennes qui reposaient toujours sur le clavier. Le poids de celui-ci les fit appuyer sur les touches et envoya un choc sonore dans le silence serein.

Il serait peut-être impossible d'effacer toutes les cicatrices du passé, Bastian l'acceptait, mais avec plus d'efforts, de compréhension et d'amour, ils pourraient peut-être trouver le chemin pour devenir des amants ordinaires.

Ils restèrent longtemps assis ensemble devant le piano, jusqu'à ce que le carillon de la cloche se termine. Se tenir la main immobile, comme pour partager des sentiments qui ne pouvaient être exprimés.

Odette recommença distraitement à appuyer sur les touches, créant un son de trille auquel Bastian se joignit. Elle était élégante, alors qu'il était maladroit. Ils créèrent une belle dissonance.

« Tu n'es pas mauvaise à ça » dit Odette en riant, racontant un pieux mensonge. « Et si vous appreniez à jouer du piano ? »

Bastian pensait qu'elle racontait une très jolie blague.

Au moins jusqu'à cette nuit-là.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 213 – Un nouveau départ

« Veux tu faire une pause un instant ? » suggéra Odette, la gentillesse s'infiltrant dans ses paroles entre les coups de piano.

Bastian arrêta de jouer, il leva les yeux pour la voir debout près du piano. Ses yeux plissés lui donnèrent le sentiment que quelque chose n'allait pas encore.

« Il faut s'asseoir droit, avec une posture droite. Étirez vos doigts pour couvrir toutes les octaves et frappez avec force. Vous avez un rythme, c'est bien »

Bastian fronça les sourcils en regardant les partitions puis se tourna vers son professeur de piano. Il avait appris par expérience que les véritables sentiments de son professeur étaient souvent cachés dans le choix de ses mots, ce qui commençait comme un compliment se terminait généralement par une critique sévère. Au départ, il s'était moqué de l'idée d'apprendre le piano, mais Odette le surprit par son enthousiasme.

Avec l’arrivée de la saison froide, les activités extérieures devenaient limitées, il serait donc bon d’adopter quelques loisirs d’intérieur.

Même s'ils auraient pu pratiquer de nombreuses activités intérieures ensemble, il n’avait pas contesté lorsqu'elle lui demanda de jouer du piano. Odette l'avait pratiquement traîné jusqu'à la salle de piano, à la recherche d'un livre de musique spécifique datant de son époque de préceptrice dans un village rural. Il aurait pu refuser, mais il savait que cela ne mènerait qu'à une déception de sa part. Alors, à contrecœur, il s’assit au piano, essayant de tirer le meilleur parti d’une situation inconfortable. Il ne savait pas qu'il regretterait cette décision plus tard.

Odette l'observait attentivement pendant qu'elle le guidait à travers quelques accords simples. « Il existe quelques défauts simples que vous pourriez corriger et qui auraient un impact remarquable sur vos compétences. Puis-je vous donner quelques conseils ? »

demanda-elle fermement.

« S'il vous plaît, allez-y, Mme Byller, je suis tout ouïe » dit Bastian, se laissant entrer dans l'esprit de la leçon.

Le visage d'Odette parut s'éclairer et elle sourit à son élève avide. Il comprenait maintenant pourquoi elle avait pu devenir tutrice si rapidement.

« Des frappes fortes » dit-elle. « Comme si vous vouliez mettre vos doigts dans les touches, mais faites attention aux symboles sur la partition, la musique n'est pas seulement une question de sons durs. Si vous regardez ici » Odette montra quelque

chose sur la partition « cela représente un son plus doux et vous devrez ajuster la forme de votre main car la manière que vous utilisez maintenant rendra difficile l'accès aux touches. Odette corrigea la position des doigts de Bastian. « Lève un peu le dos de ta main, comme ça, là. Lorsque vous frappez, utilisez le bout de vos doigts, comme ceci.

Vous voyez, le son est beaucoup plus chaleureux »

Bastian rit, il ignorait que la température du son était si importante. Il ne sentait aucune différence, mais il ne discutait pas.

Lorsqu'il regarda Odette, le sourire sur ses lèvres s'effaça sous le regard grondant de celle-ci. Son haleine sentait le cacao sucré, la boisson qu'il lui avait préparée avant qu'elle ne lui enseigne

« D'accord, essaie de rejouer depuis le début » dit Odette en récupérant une partition dans le petit coffre à côté du piano, qui lisait des chansons pour piano pour enfants.

Bastian se moqua de nouveau de tant d'enfantillage et commença à jouer des chansons d'entraînement pour débutants. Odette posa le cacao sur le cadre de la fenêtre et tapota à nouveau sa paume pour garder le rythme comme un professeur de musique.

Bastian fit de son mieux pour suivre les notes sur la feuille. Il connaissait la musique, tout le monde à partir de deux ans la connaissait.

« Tu as vu ? Le simple fait de prêter attention aux quelques éléments que j’ai marqués rend le son encore plus doux » déclara Odette en souriant.

Bastian n'avait aucun talent naturel pour la musique, mais il était doué pour apprendre et jouait du mieux qu'il pouvait. À ce rythme-là, il pourrait peut-être terminer le cours pour débutants avant la fin de leur voyage de noce

« Vous souvenez-vous de la fête à laquelle nous avons assisté à la résidence du duc Reiner l'été dernier ? Celui où ils ont organisé un concert de charité et où ils l’ont joué eux-mêmes ? » dit Odette en posant sa tête sur les épaules de Bastian alors qu'elle s'asseyait à côté de lui.

Bastian hocha légèrement la tête, sirotant son café tiède posé sur le piano droit. C'était le goût préféré d'Odette – un café infusé, doux, fade et aqueux – il s'y était habitué au fil du temps et pouvait maintenant en supporter le goût.

« Je pense que ce serait bien si nous organisions un concert comme celui-là un jour »

Bastian rit de bon cœur « Je ne pense pas que quiconque ouvrira son portefeuille pour des chansons pour enfants comme « Au clair de la lune » rigola Bastian.

« Oh, tu t'amélioreras, tu ne seras pas toujours un débutant. Je suis sûre que tu sera capable de jouer une chanson chef-d'œuvre en un rien de temps »

« Je m'en assurerai » La détermination d'Odette transparaît dans ses yeux turquoise. «

Mais bien sûr, je n'insiste pas pour que tu apprends le piano, si cela ne te conviens pas, tu peux choisir n'importe quel instrument ou même n'importe quel passe-temps que tu veux. L'art, la lecture, l'écriture, la cuisine, je ne sais pas. Je veux juste savoir comment tu

occupes ton temps libre. Je sais que l'exercice est un grand passe-temps et tout et j'admire ton endurance, ayant entraîné ton corps pendant de nombreuses années, mais maintenant que tu as recommencé, tu pourrais vivre un genre de vie différent, en plus d'être officier, donc ne le fais plus… ne fais plus souffrir ton corps, d’accord ? » Ses mains fraîches et douces s'enroulèrent autour de sa joue.

Un nouveau départ.

Bastian pouvait sentir ses propres yeux devenir lourds alors qu'il réfléchissait à ces mots.

« Bastian…» Elle l'appela impulsivement et au même moment la sonnette retentit.

« Est-ce qu'on attend quelqu'un ? » demanda Bastian en se levant du fauteuil du piano.

« Non, je ne pense pas » Odette se précipita dans les escaliers, suivie par Bastian et ouvrit la porte d'entrée.

« Oh... » dit-elle en voyant une jeune femme familière debout, tenant sa petite fille dans ses bras.

« Ça fait longtemps que je n’avez pas vu, Marie » Elle salua Odette la première.

Il s'agissait de Nina Schmidt, l'épouse d'un instituteur du village qui évitait Odette.

***************************

« Marie ou devrais-je vous appeler princesse maintenant ? » demanda Nina.

Odette sourit et secoua la tête. « Je préférerais que vous me traitiez comme vous l'avez fait auparavant. Mes tentatives pour cacher mon identité sont plutôt embarrassantes, alors s'il vous plaît, appelez-moi simplement Odette »

« Eh bien, c'est un peu irrespectueux, mais si vous insistez. Je le ferai, Odette »

L'atmosphère était tendue, mais son sourire restait le même.

« Princesse, puis-je jouer avec tes toutous ? » demanda l'enfant après avoir vidé le plat à gâteau. Odette sourit, lui donnant la permission, en caressant les joues rebondies de l'enfant.

L'enfant avait tellement grandi depuis la dernière fois qu'Odette l'avait vue. Ce n'étit plus un petit paquet dans ses bras, mais une vraie jeune fille avec de bonnes manières et une conversation polie, ce qui en faisait une invitée idéale pour un goûter. C'était un rappel doux-amer du temps qui passait. Une brève lueur d'émotion traversa le visage d'Odette, mais elle se ressaisit rapidement. L'enfant accepta le biscuit enveloppé dans une serviette et s'enfuit avec un sourire excité sur le visage.

« Je suis vraiment désolée de vous imposer dans un délai aussi court » s’excusa Nina. «

L'amiral s'inquiètera-t-il de ma visite ? »

« Non, pas du tout » dit Odette en posant la théière sur le feu. « À cette heure, il travaille habituellement dans son bureau. Il n'est pas parti parce qu'il était mal à l'aise, alors s'il vous plaît, ne vous inquiétez pas »

Bastian se faisait un devoir de consacrer un peu de temps chaque après-midi à son travail. Bien qu'il l'ait fait par considération pour son invité, il n'avait pas ressenti le besoin de se montrer et de causer des désagréments. Au lieu de cela, il se retira tranquillement dans son bureau plus tôt que d'habitude, laissant l'autre personne tranquille.

« Eh bien, c'est un soulagement » Nina eut un sourire maladroit et s'agita sur son siège.

Elle avait toujours été mal à l'aise avec Odette, même si elle voulait continuer leur relation comme avant. Elle avait fait de nombreux efforts pour paraître suffisamment amicale, mais le mur qui les séparait ne s'effondrait pas. Le sentiment de trahison était trop fort.

Odette pouvait comprendre et respecter ses sentiments et c'était triste de perdre une amie chère, mais c'était la conséquence de ses actes et elle ne pouvait rien y faire. Elle fut donc très reconnaissante lorsque Nina était venue la voir et lui tendit la main en premier.

« Je suis au courant pour l'argent que vous avez envoyé pour les veuves de guerre du village… le soutien » Nina regarda Odette avec détermination, qui tressaillit en déposant les tasses de thé.

Même après avoir quitté Rothewein, Odette se souvenait souvent de Nina, lorsque ses larmes coulaient sur son visage alors qu'elle se tenait devant un cercueil vide. Tout ce qui restait de son bien-aimé était un uniforme militaire taché de sang et une plaque d'identité solitaire. La pensée de Nina, laissée seule à élever ses trois enfants pendant la guerre, remplissait l'esprit d'Odette d'une obscurité pas comme les autres.

Odette réfléchit aux moyens d'aider ceux qui en avaient besoin et se tourna vers la comtesse Trèves pour obtenir des conseils. Avec l'aide de la maison de Trèves, elle avait pu faire un généreux don à Rothewein. Ses efforts ne se limitèrent pas à aider seulement Nina, mais s’étendirent également à d’autres veuves. Et grâce à une gestion prudente, le fonds resta en sécurité jusqu'à la fin de la guerre. Des rumeurs couraient selon lesquelles un philanthrope anonyme serait à l'origine de cet acte de gentillesse, mais il semblait que même le gestionnaire immobilier de la maison de Trèves ne pourrait pas garder un tel secret longtemps.

« Grâce à vous, j'ai pu surmonter une période assez difficile. Je n’oublierai jamais la gentillesse dont vous avez fait preuve aussi longtemps que je vivrai » Nina soupira et Odette put voir qu'elle combattait des émotions très difficiles. « Je voulais dire ça depuis si longtemps, mais c'était difficile. Je me sentais à la fois honteuse, reconnaissante et désolée. Mes sentiments sont très compliqués. Je ne savais pas comment je devais t'aborder, je connaissais Marie Byller plus qu'Odette. Je pensais que tendre la main pourrait me faire passer pour un opportuniste avide »

« Je ne penserais jamais ça de vous » répondit Odette en s'arrêtant avec la bouilloire chaude dans les mains.

« Je sais, Odette. Ce n’était pas un malentendu de votre part, je me sentais juste tellement inférieure » Elle eut un rire nerveux en essuyant une larme de sa joue « Je ne voulais pas vous laisser partir ainsi et donc, j'ai pensé que je finirais probablement par le regretter si je n'essayais pas au moins. J’ai donc rassemblé tout le courage que je pouvais et je suis venu immédiatement. Je suis tellement reconnaissante que vous m'ayez accepté si chaleureusement. J’adorerais si nous pouvions toujours être amies »

« Bien sûr, Madame Schmidt, vous n'imaginez pas depuis combien de temps j'attends ce moment » dit Odette en riant en versant le thé. Nina fondit bientôt en larmes.

Odette se leva, sortit son mouchoir et s'approcha de son amie. Nina sourit à travers ses larmes tandis qu'Odette les essuyait.

« Je ne veux plus être connue comme l’épouse d’un homme qui m’a quitté le premier. Tu peux m'appeler Nina, Odette »

« Très bien, Nina » Odette se corrigea et répara le col de chemisier désorganisé de Nina.

« Est-ce que cela signifie que je peux revenir à l'heure du thé des dames du village ? Cela m’a tellement manqué »

« Oui, bien sûr » dit Nina avec enthousiasme en prenant la main d'Odette « Vous êtes notre sauveuse pour moi et mon enfant et pour beaucoup de dames ici, ma chère Odette

»

Tome 2 - Bonus – Chapitre 214 – Quel est ton rêve?

Le briquet prit vie dans le silence du bureau. Bastian tenait le combiné contre sa joue avec son épaule tout en allumant une autre cigarette. L'amiral Ryan était toujours plongé dans son monologue et ne montrait aucun signe d'arrêt, pas même le temps d’une respiration.

« J'attendrai votre réponse, amiral Klauswitz, j'espère qu'elle sera positive. J'espère pouvoir exprimer suffisamment ce fait » continua-t-il jusqu'à la vingtième minute... «

alors j'apprécierais que vous me répondiez le plus tôt possible » déclara l'amiral Ryan.

Finalement, il avait fini.

« Oui, Amiral, vous n'avez rien à craindre » répondit Bastian en remettant le téléphone sur son crochet.

Alors qu'il se rapprochait de la fenêtre, le faible soleil d'hiver transperça les lamelles et dansa sur son visage. Bastian souffla un panache de fumée au plafond. C'était déjà sa deuxième cigarette depuis le coup de téléphone et Bastian commençait à craindre d'en manquer avant la fin de la conversation. Il baissa les yeux sur la boîte à cigares presque vide, il en restait une. Trois par jour était loin d'être suffisant et il regrettait la limite qu'il avait accepté.

Depuis ses jours de rééducation sur les paisibles îles de Trosa, il avait développé une habitude de s'isoler. Au début, il souffrait de symptômes de sevrage, mais désormais, une cigarette le matin et une le soir suffisaient à le satisfaire. Cependant, aujourd’hui, c’était une exception puisque les deux cigarettes furent épuisées avant le coucher du soleil. C'était étrange pour lui de les finir si vite.

Bastian fuma sa cigarette aussi longtemps qu'il l'osait, savourant chaque bouffée jusqu'à ce qu'elle soit finie, puis l'écrasa. Il regarda par la fenêtre les champs couverts de givre.

Le ruisseau gelé était devenu une patinoire, peuplée de villageois dont la joie venait tout juste de l'atteindre. Au-delà de ça, les maisons étaient toutes décorées pour Noël. Le paysage hivernal prit vie avec des décorations vibrantes et des ornements en verre prismatique dispersés sur les clôtures et les pignons.

Les derniers jours de la lune de miel approchaient. Une fois l'anniversaire d'Odette passé et la nouvelle année passée, ils retourneraient à Ardenne. Toute cette période s'était écoulée comme une sorte de rêve et ils étaient prêts à aborder le prochain chapitre de leur vie ensemble.

De la place au-delà du village, les cloches de l'église sonnaient pour la prière du soir.

Bastian tira une bouffée de sa cigarette et essuya les cendres accumulées. Alors qu'il se réinstallait à son bureau et ouvrait ses documents, on frappa légèrement à sa porte.

« Les invités sont partis » dit Odette en passant la tête par la porte.

« Ah, si j'avais su qu'elle partait, je serais descendu » répondit Bastian en éteignant sans hésitation la moitié de la cigarette restante.

« Nina ne voulait pas vous éloigner de votre travail, c'est une femme attentionnée »

Odette se dirigea d'un pas nonchalant vers son bureau et son regard se fixa sur la boîte à cigares ornée perchée au sommet.

« Nina? » demanda Bastian en soulevant le couvercle de la boîte et en la refermant rapidement.

« Oui, c'est son nom. Maintenant que nous sommes amies, nous allons nous tutoyer »

Odette sourit et lui prit la main. Bastian, qui était capable de deviner à peu près ce qui s'était passé en bas, resserra sa prise sur sa main.

« Qu'est-ce que c'est ? » s’interrogea-t-elle en remarquant une pile de lettres sur le bureau de Bastian. Un paquet de lettres, étroitement liées par des ficelles, reposait sur le bureau. Il semblait avoir été livré par un préposé venu hier déposer les données professionnelles de son entreprise.

Bastian plaça calmement la lettre dans le tiroir du bureau « Ce sont des lettres d'honneur » expliqua-t-il.

« De la Marine ?

« Oui, Hans s'était arrêté à l'Amirauté pour le récupérer pour lui »

« Pourquoi ont-ils envoyé votre carte du Nouvel An à la Marine… ? »

« C'est une tradition pour les familles des marins tombés au combat d'envoyer des cartes de nouvel an. Ils n'ont pas mon adresse, donc je suppose que c'est pour cela qu'ils l'ont envoyée à la Marine pour le moment » Bastian ferma le tiroir avec un léger sourire sur le visage.

La lettre de Bastian pour honorer son camarade tombé au combat était devenue une histoire qui émut la marine de Berg. Bien que Bastian soit resté silencieux, la nouvelle de la lettre se répandit parmi les familles endeuillées en la rapportant au ministère de la Marine et aux journaux.

Odette savait que Bastian avait écrit des lettres à toutes les familles qui avaient perdu leurs proches à bord du HMS Rayvaell lors de leur réhabilitation sur l'île de Trosa. Un pincement de sympathie frappa le cœur d'Odette, à l'idée qu'il lui faudrait soulager ce cauchemar chaque année. Une tâche si pénible.

Elle attendit patiemment, espérant qu'un jour il le lui dirait en premier. Mais alors que le temps passait et que la nouvelle de ses exploits se répandait dans tout l’empire,

Bastian resta silencieux. Il faisait comme si de rien n'était, comme s'il avait déjà tout oublié. Elle ne voulait pas le pousser à en parler. Elle savait que lorsqu'il serait prêt, il s'ouvrirait à elle. Mais d’ici là, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il ne pourrait jamais vraiment quitter sa vie de soldat.

« Le marché de Noël devrait être ouvert maintenant, tu veux y aller ? » dit Odette, espérant que le changement de sujet leur remonterait le moral. « Maintenant, nous devons aussi préparer Noël. Il est temps d'aller faire les courses »

Bastian la regarda, sa prise sur le document se relâchant alors qu'il lui tendait la main.

Leurs doigts s’entrelaçaient, ne faisant plus qu’un.

« Oui, faisons ça »

**************************

Les lumières scintillantes du marché de Noël du village voisin leur ont fit signe, leur rappelant leur premier rendez-vous en tant que Marie Byller et Karl Lovis. Le marché de Noël était devenu un grand spectacle. Des centaines de tentes rouges bordaient chaque rue du village et l'air était empli d'un parfum d'épices, de chocolat et de pin terreux.

Bastian conduisit Odette à travers le marché animé. Le marché animé était plein de couleurs et de joie, avec une tente rouge festive en son cœur, ornée de lumières scintillantes et de guirlandes scintillantes. Sous l'arbre imposant, les vendeurs exposaient fièrement leurs étales, attirant les passants avec leurs marchandises.

Décorations de Noël et épicerie, des gourmandises simples. Odette examinait attentivement le marché divisé par compartiments et se dirigeait vers les stands de nourriture, où elle achetait une coupe de vin chaud pour elle et Bastian. Elle alla ensuite chercher des beignets chauds recouverts d'une épaisse sauce au chocolat. Elle reçut également des biscuits épicés pour grignoter.

Lorsqu'elle eut fini de faire ses courses, le ciel se transformait déjà en une couleur d'encre claire. La foule était compacte et se déplacer dans le village était un processus lent et pénible. Chaque fois qu'ils trouvaient des îles d'espace ouvert, c'était un soulagement et ils avaient l'impression de pouvoir respirer à nouveau, pour ensuite être repoussés dans la pression.

Odette se promenait dans le marché de Noël animé avec une coupe de vin épicé à la main. Elle parcourut les stands débordant d'ornements scintillants, de rubans délicats et de boules de verre scintillantes pour orner l'arbre parfait. Elle sélectionna soigneusement une poupée en noix et une bougie parfumée, les ajoutant une à une à son panier débordant.

Avec le poids des bagages en remorque, Bastian suivit Odette alors qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans la nuit qui s'assombrissait. Entourée de couches d’obscurité, leur destination brillait de plus en plus clairement : un marché animé orné de lumières scintillantes. La musique lointaine d'un manège animé résonnait sur la place, ajoutant au bourdonnement déjà accru d'excitation pour le festival à venir.

Odette se promenait dans le marché nocturne jusqu'à ce que ses joues soient rouges de froid et qu'elle ait un émerveillement enfantin sur son visage alors qu'elle parcourait les bibelots et les breloques. Cela ne dérangeait pas du tout Bastian. Il aimait regarder sa femme se promener d'un stand à l'autre et chaque fois qu'elle lui demandait son avis sur quelque chose, elle avait le plus grand sourire sur son visage.

« Pourquoi tu ne manges pas ça ? » Les yeux de Bastian se plissèrent lorsqu'il trouva un sac de cookies non ouvert. Alors que tout le monde se livrait, Odette refusait même de toucher aux collations.

« Mangeons-les plus tard, quand nous rentrerons à la maison »

Odette se tourna vers le stand d'épicerie animé, où Bastian la suivait silencieusement. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre pourquoi elle ne mangeait pas ses collations : les collations en forme de boule de neige étaient recouvertes de sucre en poudre, ce qui rendait presque impossible de manger sans se salir. Et pour quelqu’un d’aussi posé et élégant qu’Odette, retirer ses gants de velours noir au milieu d’un marché bondé serait impensable. Sa fierté ne le permettrait tout simplement pas Bastian ôta ses gants et prit le sachet de biscuits dans la main d'Odette. Avec une légère pression, il écrasa le snack entre ses doigts.

Les yeux d'Odette s'écarquillèrent de surprise lorsqu'il lui tendit un petit morceau brisé.

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, puis revint à Bastian, ne sachant pas trop quoi faire.

Avec un sourire malicieux, Bastian lui attrapa la main et la tira vers les imposants épicéas qui se dressaient entre les étals animés.

« Bastian, je suis désolée, mais ici……. » Odette exprima son embarras, mais avant qu'elle puisse dire quoi que ce soit, Bastian se retourna, l'arbre et son corps servant de mur pour bloquer le regard des curieux.

Odette ne put s'empêcher de rire de ses intentions, les comprenant parfaitement.

Bastian prit une bouchée de la collation, presque comme s'il lui montrait comment la manger, puis lui en donna doucement un morceau de ses propres mains, essuyant le sucre en poudre de ses lèvres.

« Si seulement il pouvait toucher les touches du piano aussi doucement » pensa-t-elle.

La performance au piano de Bastian était un désastre, comme une mer agitée au milieu d'une tempête. Mais Odette gardait ses pensées pour elle, pour ne pas gâcher l'atmosphère magique. Le délicieux mélange de gourmandises salées et sucrées, les lumières éblouissantes rappelant les contes de fées et le regard adorateur de son amant l'enveloppèrent dans un moment de pure joie. Elle refusait de laisser des pensées négatives gâcher ce précieux souvenir.

Lorsque les réverbères s'allumaient et que les arbres projetaient des ombres, elle se précipitait derrière le dos robuste de Bastian, savourant des bouchées de collations, après avoir retrouver leur rôle de princesse royale et de noble amiral, parcourant le marché animé et se régalant des friandises. Au moment où ils rentraient chez eux, leur sac de collations était vide

*************************

« Voulez-vous obtenir plus de cookies ? » dit Bastian en regardant le paquet vide.

« Non, je pense que c'était largement suffisant pour aujourd'hui » dit Odette en souriant.

« Mais je pense que j'en voudrais pour demain »

« Bien sûr » dit Bastian. Odette lui sourit.

Une fois qu'ils eurent fait le plein de biscuits et de cidre de pomme pour accompagner le dîner, ils quittèrent le marché de Noël. Une fois éloignés de la bruyante place du village, le silence de la campagne hivernale les accueillit.

« Il ne faudra plus longtemps avant que nous soyons de retour en Ardenne » dit Odette.

« Je ne veux pas quitter Rothewein, mais en même temps, j'ai hâte d'y retourner, ce sera alors le début de notre nouvelle vie ensemble »

Le doux craquement de la marche sur le chemin de pierre glacé était accompagné du doux son des doigts entrelacés. Le couple déambulait en parfaite synchronisation, leurs pas laissant des empreintes temporaires sur le sol gelé.

« Je veux étudier davantage la musique, Bastian » Odette ouvrit son cœur lorsqu'elle aperçut une voiture vert foncé dans un paysage autrement incolore. « Quand je reviendrai à Ardenne, je veux préparer le concours d'entrée au Conservatoire Royal de Musique. »

« Est-ce que ça veut dire que j'aurai une pianiste comme épouse ? »

« Non, je ne pense pas que je serai une musicienne professionnelle, je veux juste approfondir ma compréhension de la musique. Cela peut paraître noble, mais c’est mon rêve, qu’en pensez-vous ? »

« Pourquoi me demandes tu ? » dit calmement Bastian.

« Parce que tu es ma famille. Si je fais cela, je devrai me concentrer sur mes études, ce qui signifie que je pourrais, par inadvertance, négliger mon rôle d'hôtesse de la famille.

Bien sûr, je ferai de mon mieux pour assumer toutes mes responsabilités… mais… »

« Tout va bien, Odette » coupa Bastian avec un sourire sincère « Tu fais ce que tu as envie de faire, ma princesse »

« Vraiment ? »

« Oui bien sûr, à condition que tu réussisses » dit-il avec un sourire enjoué.

« Très bien, je te rembourserai avec ma lettre d'acceptation, et Bastian... »

« Oui ? »

« Je veux créer une fondation pour soutenir les victimes de la guerre » Le visage d'Odette devint soudain sérieux.

« Une fondation ? »

« Oui, je veux pouvoir offrir un soutien plus poussé, à une échelle bien plus grande que le simple envoi de quelques dons. Je veux créer une fondation sous le nom de Klauswitz.

Je pense que cela renforcerait notre réputation de famille attentionnée, mais je ne connais rien à un tel domaine, pourriez-vous m'apprendre ? »

« Tu peux m'apprendre le piano et je t'apprendrai les finances. Cela semble être un commerce équitable » déclara Bastian avec un sourire chaleureux.

« C'est votre argent, êtes-vous sûr que cela ne vous dérange pas ? »

« Que veux-tu dire ? »

« J'ai l'intention d'utiliser la pension alimentaire de divorce que vous m'avez donnée comme fonds de fondation »

En entendant son explication, Bastian ne put retenir son rire « Ce n'est pas mon argent, Odette, puisque je te l'ai donné, c'est à toi d'en faire ce que tu veux » Bastian agita la main avec dédain et continua sa route vers la voiture garée sous la lampe à gaz. Il ouvrit la portière passager d'un geste élégant.

« Il se fait tard dans la nuit, alors je vais te ramener à la maison maintenant. Lady Odette, pianiste et présidente de la Fondation Klauswitz. »

Odette trottait après Bastian avec une danse dans le pas et un rire dans le cœur. Lorsque le moteur démarra, elle posa soudain la dernière question qu'elle avait en tête « Et toi ?

» Bastian détourna la tête du volant et regarda Odette.

« Bastian, quel est ton rêve ? »

Ps de Ciriolla: et la on lance la chanson du disney raiponce....

Tome 2 - Bonus – Chapitre 215 –

Dévouement

« Mon rêve ? »

Bastian réfléchit à la question jusqu'au chalet. C'était étrange, comme une langue complètement différente.

Il n’avait jamais vraiment réfléchi à ce concept auparavant. Personne ne lui avait jamais posé de questions sur son rêve, pas même lui-même. Les rêves n’avaient pas lieu de s’enraciner et de grandir dans son enfance. Il endurait simplement chaque jour comme il venait, reconnaissant de pouvoir se réveiller le matin encore vivant. Même après avoir été accueilli par son grand-père, sa vie restait une lutte constante pour démanteler la famille et prouver sa valeur en tant que successeur.

Toute sa vie, il n'y avait eu qu'une chose, accomplir ses devoirs, c'était tout. Maintenant, ces tâches avaient disparu et il pouvait simplement être. La seule raison pour laquelle il souffrait encore chaque jour était à cause d'Odette.

« Quel est mon rêve ? »

Le visage de Bastian ressemblait à celui des eaux calmes d'un lac.

C'était grâce à Odette qu'il vivait encore. Sa vie était entièrement sienne, il essayait de vivre pour elle en remplissant ses nouvelles responsabilités et devoirs, mais elle voulait qu'il suive son propre rêve, alors qu'était-ce ?

Un rêve.

A plus de trente ans, il contempla son rêve pour la première fois et pour la première fois, l'esprit de Bastian était vide. Il avait l'impression de sortir d'un après-midi clair, clair et ensoleillé et de se retrouver dans un brouillard gris, profond et sombre.

Se débarrassant de son uniforme militaire et retournant à la vie civile d'homme d'affaires, il entendait presque dans son esprit la voix d'Odette qui le poussait à prendre cette décision.

Odette était son rêve, elle l'avait toujours été. Dans le passé, il avait été un choix pour avancer dans ses objectifs de vengeance, mais ces objectifs s'étaient évaporés et Odette restait.

Son rêve était son rêve. Mais alors qu'il se trouvait à ce carrefour, avec le poids de son passé et de son présent pesant sur lui, il ne pouvait s'empêcher d'hésiter. Le souvenir de

l'offre de l'amiral Ryan, faite ce jour fatidique à Rothewein, persistait encore dans son esprit comme un spectre obsédant.

« Bastian… ? »

« Oh ! Amiral Klauwitz ?! »

Un grand cri retentit soudain. Alors qu'ils entraient dans le village, des hommes du village bordaient la route et se pressaient autour de la voiture alors qu'elle entrait lentement dans le village. Ils l’acclamaient tous.

Bastian se ressaisit, baissa la fenêtre et leur offrit un bref salut. Ce seul petit geste ravit les enfants. C'était un spectacle courant chaque fois qu'il sortait avec Odette.

Odette le regardait avec un gentil sourire. La plupart des hommes du village admiraient et vénéraient Bastian, c'était un héros de guerre après tout et pratiquement tous les hommes du village étaient des vétérans de la marine puisqu'ils parlaient de cuirassés et de batailles navales.

« Oh je suis désolé. J’étais tellement heureux de voir l’amiral que j’ai fait preuve d’un grand manque de respect »

Un homme qui aperçut Odette s'excusa maladroitement et le groupe emboita tranquillement le pas. Cependant, leurs yeux restaient fixés sur Bastian, comme s'ils étaient amoureux de lui à cet instant précis.

Le héros de la mer du Nord, le duc de Trosa.

Ils félicitèrent Bastin avec des acclamations bruyantes, ils s’alignèrent à côté de la voiture et saluèrent avec une discipline acerbe. Bastian répondit de la même manière avant de s'éloigner lentement. Ils restèrent debout un moment, jusqu'à ce que la voiture soit hors de vue, puis retournèrent à leurs boissons et à leurs réjouissances.

« Je pense que nous devrions dîner au marché demain » dit Bastian en tournant la voiture dans l'allée. Il semblait avoir oublié la conversation du rêve depuis quelque temps. Dans la rue sombre, son visage, touché par le clair de lune, paraissait immobile comme une nuit d'hiver.

« Bien sûr, Bastian. Faisons ça répondit Odette, incapable de quitter Bastian des yeux.

Elle décida de ne pas lui poser de questions sur la vérité qu'il cachait dans le silence.

D’une manière ou d’une autre, elle avait l’impression qu’elle devrait le faire.

***********************

L'heure du thé avec les dames du village se termina au moment où le soleil se couchait un autre jour.

Nina, la charmante organisatrice, distribua des biscuits et des tartes fraîchement sortis du four pour le plaisir de toutes. Les femmes avaient passé toute la journée à prendre le

thé, à échanger des réflexions sur leurs livres préférés et à bavarder. Odette put participer à la discussion même sans avoir lu au préalable le livre sélectionné – ses vastes connaissances et son amour de la littérature suffisaient à suivre la conversation animée.

Alors que ses compagnes se dispersaient pour rentrer chez elles, Odette se retrouva seule à marcher le long de la berge de la rivière. En voyant les lumières chaudes du chalet, son rythme s'accéléra. La fumée qui s'élevait de la cheminée était une promesse de dégeler ses os glacés.

S'arrêtant sous le porche pour se coiffer et rajusta sa tenue, Odette entra dans la maison et sentit la chaleur lui picoter les joues. La maison était silencieuse, même les chiens ne sortaient pas de leur lieu de sieste pour la saluer.

Pensant pouvoir surprendre Bastian, elle monta les escaliers sur la pointe des pieds aussi doucement que possible, mais alors qu'elle s'apprêtait à faire le premier pas, du coin de l'œil elle vit que Bastian et les chiens étaient dans le salon simplement affalés dans un fauteuil devant la cheminée, tous les cinq endormis.

Tranquillement, Odette avança. Margrethe, comme toujours, occupait la place centrale sur les genoux de Bastian. Adélaïde et Henrietta de chaque côté et Cecilia dormait pratiquement entre les deux accoudoirs et ses jambes, tandis que la plus jeune ronflait sur son pied.

Odette s'approchait à peine assez pour caresser la joue de Bastian que Margrethe releva la tête avec un grognement et regarda Odette. Elle cligna des yeux et laissa échapper un énorme bâillement. Heureusement, Bastian ne bougea pas tandis que les chiots remuaient légèrement la queue pour saluer Odette.

Le cœur d'Odette soupira de bonheur et au lieu de surprendre Bastian, elle décida de le laisser dormir et commença à ranger tous ses papiers et les jouets pour chiens qui étaient éparpillés sur le tapis.

La boîte de friandises était vide, son contenu dévoré avec impatience par les chiots turbulents. Ils avaient droit à un jour de repos après leur délicieuse aventure et leur festin satisfaisant.

« Il doit être très fatigué après une journée bien remplie » pensa-t-elle en se tenant devant lui. Son visage, taché par la lumière agréable de la cheminée, semblait sans défense et confortable et ses yeux se gonflèrent lentement et se remplirent de larmes.

Il lui avait consacré sa vie, elle en était bien consciente et elle sentait qu'elle pourrait profiter de cette paix pour toujours, mais il y avait encore un doute dans son cœur. Elle était heureuse de vivre avec lui ainsi pour le reste de sa vie, mais était-ce réciproque pour lui aussi ? Était-il vraiment heureux de vivre ainsi ? Cet homme d'action, ce héros de guerre ?

Elle ne pouvait plus ignorer les ténèbres qui menaçaient son esprit. La joie d'avoir cet homme à ses côtés était toujours accompagnée d'un pincement au cœur,

Il avait passé toute sa vie à servir d'outil dans un but précis. Il vivait pratiquement pour exécuter les ordres de ses supérieurs, même maintenant, alors que toute contrainte et oppression avaient disparu. Du bouc émissaire de l’avidité diabolique au tranchant de la vengeance, et maintenant en tant que prisonnier de l’amour. Il serait toujours ainsi, mais désormais, sa supérieure était elle.

Un rêve.

Son esprit revint à l'époque où ils parlaient de leurs rêves ce matin. L'expression de son visage lorsqu'elle lui avait demandé, l'incertitude dans ses yeux. Elle ne le laissera pas continuer à vivre dans le sombre nuage de violence de leur passé. Mais malgré cela, elle ne parvenait pas à embrasser pleinement les émotions sincères de Bastian.

Elle connaissait son désir de retourner à la vie d'officier.

Odette s'en était rendu compte lorsqu'il n'avait pas donné sa démission, mais simplement pris un congé. Non, c'était à partir du moment où elle avait vu ses yeux fixés sur la mer du Nord.

Alors elle fit de son mieux. Pour que Bastian puisse avoir un autre rêve. Croire que vivre une vie remplie de paix et de joie avec elle lui montrerait comment prendre soin de lui-même et s'aimer, et que son esprit changerait

Jusqu’à présent, elle voulait encore y croire.

La tristesse pesant désormais sur elle, elle posa une main sur la sienne. Il trembla un peu pendant son sommeil. Elle savait que son esprit contradictoire était drôle. Elle voulait qu'il soit le maître de sa vie, mais elle n'aime pas l'idée qu'il retourne dans la marine. Il y avait tellement d’autres rêves auxquels il pourrait se consacrer.

Odette ferma les yeux, comme pour prier pour Bastian. Elle prévoyait de l'aider à trouver un nouveau rêve du mieux qu'elle pourrait. À leur retour à Ardenne, ce serait bien de rencontrer toutes les personnalités célèbres de la société – de riches hommes d’affaires, des hommes politiques influents et des artistes talentueux. Grâce à ces liens, elle espérait que Bastian pourrait élargir ses connaissances et peut-être même changer de point de vue. Organiser un tel rassemblement ne demandait pas beaucoup d'efforts, tant les prestigieuses familles ardennaises entretenaient des liens étroits lors de la haute saison sociale estivale.

Elle priait secrètement pour que Bastian reste indécis au moins encore un peu.

« Odette…» dit Bastian d'un ton endormi et interrompit sa prière égoïste.

Odette ouvrit les yeux et regarda Bastian avec des lèvres tremblantes. Ses yeux bleus endormis la capturèrent.

« On dirait que je me suis endormi » rit Bastian et s'apprêta à s'étirer, pour se rendre compte que les chiens l'avaient coincé.

« C'est bon, aujourd'hui c'était ta journée libre » dit Odette avec un sourire éclatant.

Agité après une nuit blanche, Bastian se retrouvait toujours hors de la chambre aux premières lueurs de l'aube. Mais peu de temps après, il se glissa sous les draps à côté d'Odette, emportant avec lui une odeur de tabac amer.

« Comment s'est passé le club de lecture ou le club de thé ? » Bastian lui saisit doucement la main, apaisant son anxiété avec sa chaleur et sa poigne.

« C'était agréable, tout le monde était très accueillant avec moi, mais Bastian... »

« Oui ? »

« Le prochain rendez-vous aura lieu ici et tout le monde attend avec impatience le cousin de Marie Byller. Est-ce cela vous convient ? »

« Vais-je devoir boire du thé et tricoter de la dentelle ? »

« Non, bien sûr que non, nous ferons de la broderie Felia la prochaine fois, m. Lovis »

« Vous savez que je le ferai, Miss Byller » dit Bastian avec un rire qui perturba le réveil des chiens.

« Reste te reposer, je vais commencer le dîner » Odette sourit et l'embrassa sur la joue.

« Non, je vais le faire »

« Tu vas cuisiner ? »

Odette était choquée. Les compétences culinaires de Bastian étaient aussi mauvaises que son jeu de piano. Il pouvait gérer des tâches simples comme préparer des ingrédients, mais tout ce qui allait au-delà était un exploit intimidant. Surtout quand il s’agissait de préparer un repas complet pour le dîner.

« Certainement, je vais vous préparer le meilleur dîner que vous ayez jamais vu »

Bastian se leva de sa chaise et se dirigea vers la cuisine. Odette le suivait. Alors qu'il ouvrait les portes du garde-manger, le cliquetis des casseroles et des poêles se joignit au rythme croissant des battements de son cœur.

Avec un sourire charmant, Bastian retroussa ses manches et commença à préparer le dîner. En un rien de temps, la cuisine immaculée se transforma en un fouillis d’ingrédients et d’ustensiles de cuisine.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 216 – Gentil et cruel

Le seul élément comestible du menu était le pain qu'Odette avait fait cuire le matin. Le steak était trop cuit, difficile à mâcher et il leur fallait plus de quelques minutes pour en finir avec chaque bouchée. Les pommes de terre n'étaient pas mauvaises, mais plus de la moitié d'entre elles étaient croustillantes car brûlées. Odette sirota généreusement le vin pour nettoyer sa palette du goût brûlé dans sa bouche.

Après mûre réflexion, elle décida de couper un autre morceau de steak et de recommencer le long processus de mastication. C'était loin d'être délicieux, mais c'était quand même la première fois que Bastian préparait un vrai repas et au moins la majeure partie était réellement comestible.

« Mes compétences en cuisine sont-elles meilleures que mes compétences en piano ? »

demanda Bastien. La manière dont il dînait lui-même laissait tout observateur occasionnel deviner l'état du repas.

« C'est difficile de dire lequel est le meilleur » dit Odette en riant et remplissant son verre vide.

Elle regarda Bastian alors qu'elle sirotait lentement son vin, retardant l'inévitable. Il était assis comme à la table du roi, son éloquence et ses manières étaient toujours aussi impeccables, on ne saurait deviner qu'il mangeait un repas mal préparé. Odette se sentait injustement traitée, avait-il gardé pour lui le meilleur de ca repas ? Il semblait que le monde culinaire n’était pas un passe-temps adapté pour lui.

« Mais quand même, c'est un dîner spécialement préparé, merci Bastian » Le sourire d'Odette était aussi chaleureux que les bougies qui éclairaient la table à manger. Un sourire apparut sur les lèvres de Bastian.

Depuis qu'il était avec Odette, Bastian n'avait appris que les tâches de cuisine les plus simples et la préparation des légumes. Il n'avait jamais rien abordé en matière de préparation, d'assaisonnement et de grillage de la viande, ni rôtir correctement les pommes de terre et comment manier un couteau de cuisine.

« Appelons ça un banquet de style naval, je connais des marins qui adoreraient ça » dit Bastian, essayant de détendre l'ambiance.

Sa cuisine n'était peut-être pas aussi bonne que celle d'Odette, mais au moins il pouvait se targuer d'être meilleur que n'importe quel chef de la marine. Même si parfois cette terrible nourriture lui manquait, elle avait quelque chose de réconfortant et de familier.

Pendant très longtemps, la vie d'un soldat manqua à Bastian, mais il avait dû faire face à la vérité sur la raison pour laquelle il avait rejoint la marine en premier lieu, et c’était pour progresser. Maintenant qu'il n'avait plus besoin de cela, il n'avait plus besoin de la marine, mais une partie de lui savait que son temps dans la marine était devenu plus que cela, c'était une grande partie de sa vie à laquelle il s'était consacré.

Devenir amiral était un exploit dont il ne pouvait se détourner. Il avait brisé les chaînes du statut et de la lignée, même si le chemin était taché de sang et de sueur, il lui était précieux. Même si les jours passaient et que son succès ne reposait plus sur la gravir les échelons, le titre resterait toujours un élément précieux de qui il était. C’était gravé dans son histoire, cela faisait partie de qui il était censé être.

« Et si tu cherchais à te faire de nouveaux amis à notre retour à Ardenne ? Je pourrais arranger certaines choses pour toi » dit Odette en souriant. Elle se leva de table pour aller chercher une autre bouteille de vin. C'était surprenant de voir avec quelle rapidité ils s'en sortaient ce soir.

« Arrête, Odette » dit Bastian « J'ai quelque chose à te dire »

Odette regarda Bastian avec un regard légèrement rêveur et Bastian réalisa qu'elle avait probablement déjà trop bu. Odette hocha la tête et se rassit.

S'il vous plaît, pas maintenant….

Ses prières désespérées résonnaient silencieusement alors qu'elle suppliait que ces mots ne soient pas prononcés. Mais au fil des secondes, il était devenu évident que ses supplications étaient tombées dans l’oreille d’un sourd.

« La Marine m'a demandé de reprendre du service. Ils veulent que je remplisse les postes vides du bureau de l'état-major »

Un verre d'eau à la main, Odette ne dit rien pendant un long moment. Elle fut stupéfaite par la franchise des aveux de Bastian et il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'elle voulait faire de cette information.

« Est-ce pour cela que l'amiral Ryan est venu à Rothewein l'autre jour ? » demanda calmement Odette.

« Oui c'est exact »

« Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? »

« Je ne pensais pas avoir besoin de te le dire puisque j'aurais rejeté l'offre de toute façon

»

« Mais tu ne l'as pas fait »

« J'ai demandé du temps pour réfléchir. Maintenant, j'ai pris ma décision »

« Bastian…»

« Je veux accepter son offre, Odette. Les rêves dont tu parlais, eh bien, pour moi, c'est la marine » Bastian regarda Odette et elle vit qu'il n'avait plus l'air d'un enfant perdu. Il était désormais déterminé à parler de ses rêves.

Odette éclata de rire. C'était une réponse indésirable, en conflit avec le visage qu'elle voulait voir. Cela ne servait à rien d'essayer de le convaincre d'explorer d'autres voies, le bleu profond de ses yeux traduisait une conviction qui ne l'ébranlerait pas.

Son regard se tourna de l'assiette de nourriture, apparemment un pot-de-vin, vers le visage de Bastian. Elle essaya d'essuyer son visage, les larmes qui brouillaient sa vision, mais elle pouvait toujours voir ses yeux gentils, son sourire contagieux et son cœur sincère briller.

« Vous n'avez pas à vous inquiéter, c'est une position sûre et la promesse que je vous ai faite de toujours vous donner la priorité est toujours valable » Bastian ramassa la bouteille et remplit le verre vide d'Odette « Alors laisse-moi entendre ta réponse, Odette. »

« Alors, si je le refuse, vas-tu y renoncer ? » dit Odette, à peine capable de retenir ses larmes.

« Oui je le ferai » dit Bastian sans hésitation.

Odette refusait de le regarder et restait silencieuse, ses larmes scintillant comme des joyaux sur ses joues. Elle ne doutait pas de sa sincérité. Elle savait qu'un seul mot d'elle et il obéirait, brisant ses rêves. Elle savait qu'il suivrait le chemin proposé sans ressentiment, même si cela impliquait d'abandonner son rêve.

« Odette.. »

Son amant gentil et cruel murmura son nom à travers la table. Odette ne répondit pas, elle ramassa son couteau et sa fourchette et continua à manger. Bastian se remit également à manger son steak trop cuit, ses yeux restèrent fixés sur Odette. Il ne voulait pas la forcer à prendre des décisions irréfléchies, c'était un choix important à faire et elle avait besoin de temps pour y réfléchir. Il décida d'attendre, c'était une leçon qu'il avait apprise d'elle sur la compréhension et le respect.

Faute de conversations amicales, l’air dans la salle à manger devint froid et tendu. Le seul bruit était celui des couverts qui claquaient sur les assiettes. Le dîner naval se termina dans un profond silence. Une fois rassasiés, Odette débarrassa les assiettes.

« Je vais le faire, repose-toi un peu » dit Bastian.

« Non, Bastian, je peux le faire » dit froidement Odette. « Il y a un ordre dans ma cuisine, et même si j'apprécie votre inquiétude, je peux faire le ménage moi-même. Si vous voulez vous rendre utile, vous pouvez nettoyer le salon »

Bastian s'éloigna et l'observa un moment en silence, avant de pousser un profond soupir et de se tourner vers le salon. Alors que ses pas s'éloignaient dans le couloir, Odette se

leva de ses corvées et s'affala comme un jouet à remonter qui venait de manquer d'énergie.

« Hypocrite » sanglota Odette, faisant de son mieux pour la contrôler sur les émotions les plus importantes.

Heureusement, le moment de tristesse passa vite. Odette reprit son calme et essuya ses larmes. Elle ramassa la vaisselle sale et se dirigea vers la cuisine, où Bastian avait laissé du désordre. Tandis qu'elle rangeait et rétablissait l'ordre, la froide nuit d'hiver devenait encore plus sombre et plus calme, comme un linceul s'installant sur la maison.

**********************

L'heure du déjeuner approchait à grands pas et Odette venait tout juste de mettre la table. Elle ôta rapidement son tablier et redressa sa robe. Le repas était presque terminé et il ne restait plus qu'à le servir à tous les invités. Odette se précipita dans la salle à manger et la cuisine, vérifiant une dernière fois tout.

Normalement, les Dames du Village se retrouvaient pour le thé de l'après-midi, mais elles faisaient toutes une exception dans ce cas car Odette allait bientôt rentrer à Ardenne. Odette souhaitait organiser un vrai repas pour lui dire au revoir.

Odette avait préparé un somptueux banquet de viandes et de fromages raffinés, de pain frais et de confitures. Il y avait des motifs de broderie Felia à partager. Le seul problème était l'absence de Karl Lovis, le merveilleux cousin de Marie Byller, que les autres dames attendaient avec impatience de rencontrer.

Odette soupira en regardant son alliance scintillante. Une guerre froide couvait entre eux depuis que Bastian avait avoué son rêve de retourner à l'amirauté.

« Je sais que c'est de ma faute » se dit-elle en levant les yeux vers les escaliers menant au deuxième étage.

Bastian avait fait de son mieux pour briser l'épais silence qui planait entre eux. En lui préparant du cacao fumant et en essayant de susciter une conversation informelle, mais rien ne semblait dissiper la tension glaciale. Elle savait qu'elle devait céder et accepter la main qu'il lui avait tendue, mais c'était un orgueil égoïste et insensé qui la retenait.

« Dois-je aller voir Bastian maintenant et lui demander ? »

Alors que les invités allaient arriver, Odette s'inquiéta. Depuis le week-end dernier, Bastian était devenu un livre fermé. Les interactions autrefois faciles entre eux avaient disparu, les laissant coexister dans la même maison mais mener des vies séparées. Si seulement il avait quitté la maison comme hier, elle aurait pu trouver un moyen d'engager la conversation avec lui. Mais Bastian était enfermé dans son bureau, rongé par le travail et inaccessible.

Alors qu'elle réfléchissait à la manière dont elle allait expliquer cela à ses invités, la sonnette de la porte retentit. Surpris par son introspection, Odette jeta un coup d'œil par la fenêtre et vit Nina debout poliment près de la porte.

Odette se précipita vers les escaliers et faillit entrer en collision avec Bastian, alors qu'il descendait les escaliers, dans le but également d'ouvrir la porte. Il se tenait devant elle dans un costume en laine somptueux, bien que simple, et une cravate rouge, de la même couleur que la robe qu'elle portait.

« Bastian… » dit Odette sous le choc.

« Sourit, Odette, nous avons des invitées » Il passa ses bras autour de la taille d'Odette «

J'espère que mes compétences ne se sont pas rouillées avec le temps »

Avec un sourire, il ouvrit la porte. Les yeux de Nina s'écarquillèrent de plaisir et un sourire rayonna sur son visage pâle. Elle se tenait avec deux autres femmes.

Dans un éclair de choc, le monde d'Odette devint d'un blanc aveuglant. En un instant, elle se ressaisit, redressant sa posture et affichant un charmant sourire alors qu'elle comblait l'écart entre elle et son mari.

Le couple Klauswitz sortit ensemble, marquant le début parfait de leur déjeuner. Leur apparence était aussi impeccable que leur réputation, ne laissant aucun doute sur le fait qu'ils formaient un couple profondément amoureux.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 217 – La mélodie de la tentation

Ce fut un déjeuner plutôt agréable et exceptionnel. Nourriture délicieuse, conversation agréable et rencontre très attendue avec l'amiral Klauswitz. Le succès fut bien plus grand qu'Odette n'aurait pu l'espérer.

C'était comme un cadeau de Bastian qu'Odette acceptait humblement. Depuis l'accueil chaleureux des invités jusqu'à la conclusion du délicieux déjeuner, il joua parfaitement son rôle, même s'il s'adressait principalement aux femmes, se joignant à la conversation avec une attitude sociable en cas de besoin. Bastian s'adapta habilement à l'image souhaitée et dirigea le déjeuner, jouant les rôles d'un mari aimant, d'un héros de guerre prestigieux et du cousin de Marie Byller, qui était la cible de plaisanteries dans le village.

Odette se sentait un peu gênée en pensant aux cours d'étiquette qu'elle lui donnait. La vérité était que Bastian pouvait facilement se transformer en gentleman raffiné que la société voulait qu'il soit, sans aucune aide de sa part.

Bastian pouvait se transformer en gentleman quand il le voulait. Malgré les critiques sévères de la société à l'égard de ses actes, il était clair qu'il n'agissait pas par ignorance.

En fait, il y avait un certain charme dans ses imperfections qui l’attirait vers sa personne, même si elle le grondait pour ces mêmes imperfections. Au fond, elle appréciait son indifférence aux normes du monde et espérait secrètement que cela ne changerait jamais. C'était un secret précieux qu'elle comptait garder pour toujours.

« Comment aurais-je pu croire qu'un couple aussi merveilleux n'était que de simples cousins. Trompée par ma propre crédulité » plaisanta l’une des dames les plus âgées.

« Eh bien, je savais que quelque chose n’allait pas dès le début. Il n’y avait rien de relatif chez eux »

« En effet. J'étais un peu inquiète de l'atmosphère étrangement intime qui régnait entre eux » déclara une autre dame et les blagues continuèrent A chaque fois, Odette essayait de regarder discrètement Bastian du coin de l'œil, pour juger de la manière dont il prenait les plaisanteries mal dosées. Il semblait écouter attentivement les invités et souriait aux moments opportuns.

« J'aimerais organiser un événement spécial pour célébrer l'anniversaire de ma femme et notre merveilleux moment ensemble ici à Rothewein » annonça Bastian à l'improviste. Sa déclaration inattendue fit écarquiller les yeux d'Odette.

« Le 31 décembre de cette année, nous avons l'intention d'organiser un banquet à la salle des fêtes. Nous souhaitons inviter tous les membres du village à nous rejoindre.

Nous demandons humblement votre présence et serions honorés si vous pouviez y assister »

« Mon Dieu, bien sûr, amiral ! »

« Oh, comme c'est romantique, ne vous inquiétez pas, nous allons passer le mot et impliquer tout le monde »

Avant qu'Odette ait pu dire ou faire quoi que ce soit pour intercepter l'idée, toute la réunion éclata en une acclamation de commérages et de planifications. Odette regarda Bastian, ses joues devenant écarlates et ses lèvres boudeuses. Cependant, il haussa simplement les épaules avec nonchalance.

« Quel merveilleux cadeau. Merci beaucoup, Odette » dit Nina avec un visage heureux en se penchant près d'Odette.

« Je n'ai pas fait de cadeau ; J'en ai reçu un. Créer des moments inoubliables est pour moi une expérience vraiment inestimable » répondit Odette en secouant la tête.

Maintenant que les dames étaient pleinement en train de planifier une fête à l’échelle du village, Bastian se leva et s’inclina légèrement. « Eh bien, mesdames, puisque vous êtes toutes occupées à planifier, je vais prendre congé. J’ai hâte de vous revoir bientôt »

Avant de partir, Bastian s'approcha d'Odette et passa son bras autour de son épaule «

J'espère que tu passes un bon moment, ma femme » murmura-t-il, mais assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre.

Se sentant mal à l'aise, Odette se força à sourire, consciente des regards posés sur elle.

Ils les regardaient tous avec des yeux pétillants.

« Merci Bastian, toi aussi » répondit Odette, elle lui serra doucement la main sur son épaule, comme tout le monde l'espérait.

Toute la salle regarda Bastian partir et l'admiration se tourna vers Odette une fois qu'il fut hors de vue. Pour les hommes, il était un héros et pour les femmes, un mari dévoué et aimant.

La popularité de Bastian dans Rothewein continua de monter en flèche et Odette ne savait pas vraiment ce qu'elle en pensait. Elle reprit part aux conversations, gardant un sourire digne de son rôle, suivant le rythme des compétences toujours améliorées de son mari.

***************************

Le sapin de Noël arriva juste au moment où la courte journée d’hiver touchait à sa fin. Il avait été commandé à un bûcheron du village voisin. Bastian avait commandé un petit arbre, comprenant l'espace limité disponible dans le chalet, mais à cause de la générosité des bûcherons, il y eut un léger problème ; c'était malgré tout trop grand pour le salon, finissant par rendre l'espace entre les meubles et l'arbre plutôt exigu.

Bastian passa la majeure partie de la soirée à déplacer les meubles pour faire de la place à l'arbre. Il n'était pas nécessaire que ce soit parfait puisqu'ils reviendraient en Ardenne après le week-end prochain.

Une fois que Bastian eut fini d’installer l'arbre, il alla chercher la boîte de décorations qu'Odette avait remplies au fil des années. Il fut surpris de voir à quel point la boîte était suffisamment grande pour contenir Margrethe et sa litière.

Tout ce que Bastian pouvait faire, c'était rire en pensant à un écureuil ramassant des glands. Odette montrait une fois de plus son côté mignon qui plaisait tant à Bastian.

Une fois l’installation terminée, Bastian se rendit à la cuisine pour préparer quelques collations à déguster pendant qu'ils décoreraient le sapin. Il s'agissait surtout des restes de friandises du rendez-vous des dames, ainsi que de quelques chocolats qu'Odette avait conservés dans un bocal.

Il avait prévu de profiter de cette opportunité pour sortir de l’impasse régnant entre eux et voir s’il pouvait trouver un terrain d’entente. Il avait l'intention de proposer une alternative. Les parcours d'homme d'affaires qu'Odette lui avait suggérés n'étaient pas une mauvaise option, mais ce n'était pas non plus son rêve.

Après avoir posé le panier de friandises sur la table basse, il alla chercher Odette. Elle s'était enfermée dans sa chambre depuis la rencontre avec les dames et chaud n'en était pas encore ressorti. Elle lirait ou tricoterait probablement, comme d'habitude. Bastian se demandait si elle allait un jour redescendre ou si elle allait simplement se cacher de lui jusqu'à leur retour en Ardenne.

« Odette » appela doucement Bastian en frappant à la porte de sa chambre. Les chiens se mirent à aboyer, mais Odette ne répondit pas « Le sapin est prêt si tu veux descendre et commencer à décorer, j'attendrai »

Avec un gros soupir, Bastian laissa le message à Odette et retourna au salon. Il ajouta une autre bûche dans la cheminée et s'assit dans l'un des fauteuils à haut dossier, attendant que sa femme descende, mais alors que le crépuscule du crépuscule devenait une vraie nuit, Odette n'était toujours pas sortie.

Un gros soupir s'échappa de ses lèvres, se fondant dans les ombres grandissantes de la soirée.

********************

Le son de notes étouffées parvint à ses oreilles alors qu'elle regardait le motif : dou-ce-nuit- sain-te-nuit et puis encore une fois : dou-ce-nuit- sain-te-nuit Odette leva les yeux de sa broderie avec un soupir, faisant glisser la pelote de fil avec laquelle elle travaillait sur ses genoux et rouler sur le sol. Après avoir récupérer la pelote de laine, elle rangea tout dans le panier, puis posa soigneusement le pull fini sur le lit alors qu'elle retirait un fil égaré de la manche, les notes du piano montaient et descendaient à nouveau.

Odette ne put s'empêcher de sourire. Cette fois, c'était une véritable interprétation, le chant de Noël qu'elle lui avait appris lors de la dernière leçon. C'était l'une des mélodies les plus simples auxquelles elle pouvait penser pour lui apprendre. Transformer un lourdaud aléatoire, tapant sur les touches qui agaçaient Odette, en quelqu'un capable de jouer une mélodie simple et séduisante. Même si le tempo était décalé et brouillon, le son restait doux à entendre.

Odette orna tranquillement un pull réalisé avec le fil de la même couleur que celui qu'elle était en train de tricoter. Elle avait eu l'intention de confectionner les deux pulls assortis d'ici Noël, mais la tâche était plus ardue qu'elle ne l'avait imaginé au départ et elle n'en avait qu'un pour le moment.

C'est presque cela.

Odette enleva ses vêtements d’intérieur confortables et enfila une jupe et un chemisier élégants, associés à un pull nouvellement fini assorti à celui qu'elle avait offert à Bastian pour son anniversaire. Son objectif avait été de préparer deux articles pour lui lors de sa journée spéciale, mais le design complexe et la taille du vêtement l'avaient ralentie.

Odette se plaça devant le miroir et ajusta ses cheveux, puis, sans plus de retard ni d'hésitation, elle se retourna et quitta la pièce, laissant derrière elle les quatre chiens endormis. Elle ne pouvait pas se cacher pour toujours. Elle traversa les couloirs sombres, descendit les escaliers sombres et pénétra dans la lueur chaleureuse du salon.

Odette entra dans la pièce d'humeur sombre, se préparant mentalement à la conversation qu'ils devaient avoir, mais quand elle vit le sapin de Noël surdimensionné, courbé en haut par le plafond bas, et l'homme surdimensionné assis au piano, elle ne put ne pas s’empêcher de rire. Bastian arrêta de jouer et se retourna, les yeux toujours aussi froids.

Alors que la cloche sonnait jusque tard dans la nuit, Odette alla se placer devant l'arbre, le regarda et secoua la tête. Bastian se leva du piano et alla se placer à côté d'elle. Le couple, vêtu de pulls assortis, se tenaient côte à côte, écoutant la cloche. Lorsque le silence revint, ils attrapèrent la boîte de décorations placée sous le sapin.

L'arbre de Noël, autrefois une présence stérile dans la pièce, prenait maintenant vie en remplissant sa véritable fonction dans cet instant

Tome 2 - Bonus – Chapitre 218 –

Promesse

Bastian revint de la cuisine avec deux tasses fumantes de chocolat chaud aromatisé avec du rhum. Odette inspectait l'arbre de noël, à la recherche des endroits où elles auraient pu manquer.

« On dirait certainement que tout est terminé » dit Bastian en offrant une tasse ; un chocolat chaud au rhum à Odette.

« Oui, je pense » dit Odette en prenant la tasse. C'était la première chose qu'ils se disaient depuis le début. Ils sirotèrent maladroitement leur chocolat, les yeux toujours rivés sur le sapin de Noël coloré, orné de rubans.

« Le vôtre n'est pas du cacao, n'est-ce pas ? » demanda Odette en fronçant les sourcils, en jetant un coup d'œil à la tasse que tenait Bastian.

Bastian ne dit rien et hocha simplement la tête. Le regard désapprobateur d'Odette se transforma rapidement en sourire. Boire aussi tard dans la nuit n'était pas une habitude qu'Odette approuvait, mais c'était les vacances, alors elle décida d'en pas en tenir rigueur pour ce soir, d'autant plus que son cacao contenait aussi du rhum.

« Merci pour aujourd'hui » dit Odette dans sa tasse « Le déjeuner s'est parfaitement déroulé grâce à toi »

« Votre accueil, Lady Odette, a été plutôt agréable » dit Bastian en exagérant sa politesse. C'était sa façon de taquiner Odette de manière ludique.

Odette rit et ajusta la tasse à moitié vide qu'elle tenait à la main. Les parties de son cœur qui avaient commencé à geler fondirent. La réconciliation semblait insignifiante comparée à leur précédente querelle.

« Qu'est-ce que tu as dit à propos d'un banquet avec tous les villageois ? Nous n'avions pas de tels projets » posa finalement la question qu'elle avait retenue en jouant le jeu du couple amoureux.

« Oh, ça » dit nonchalamment Bastian, ajustant l'une des décorations de travers «

Désolé, j'ai organisé un nouveau plan »

« Quand ? »

« Pendant que tu étais occupé à être en colère »

« Bastian ! » Odette posa sa tasse sur la table et se tourna vers Bastian, le visage plein d'inquiétude. « Comment pouvez-vous prendre une telle décision sans me consulter au préalable ? C'est peut-être un petit village, mais il y a quand même plus d'une centaine d'habitants ici. En plus, louer une salle pour accueillir une fête de cette envergure et le fait que nous ne soyons que deux… »

« Ne vous inquiétez pas, le personnel s'occupera du gros du travail » dit Bastian toujours aussi calmement.

« Que veux-tu dire ? »

Posant sa tasse vide, Bastian se pencha en arrière et la regarda. « Exactement comme je l’ai dit. J'ai envoyé chercher tous les domestiques et servantes du manoir d’Ardenne pour qu'ils viennent nous aider. Le chef également. Les éléments vacants seront gérées par Lovis, qui est en contact avec une agence pour l'emploi. Toutes les fournitures arrivent du manoir. Cela suffira-t-il, ma dame ? »

Odette ne pouvait que rester debout et regarder Bastian avec incrédulité. « Et où diable allez-vous loger tous ces gens ? » Odette avait du mal à garder son sang-froid, regardant autour d'elle la maison exiguë.

« J'ai loué un hôtel dans le village voisin » Bastian éclata de rire et lui prit doucement la joue. « Après le banquet, ils se verront offrir des sortes de mini vacances à l'est et après avoir rangé la maison, nous reviendrons ensemble en Ardenne. Je pensais que cela semblait être le plan parfait »

Le fait que le Bastien soit resté totalement calme pendant qu'il expliquait à Odette son plan ne fit qu'énerver encore plus Odette. Tout cela lui rappelait qui était exactement Bastian Klauswitz.

« Est-ce que tu fais ça pour me soudoyer pour que je réalise ton rêve ? » dit Odette, les poings sur les hanches. Elle essayait d'être enjouée, tout comme il l'avait été avec elle, mais la réponse qu'elle reçut fut sérieuse.

« Non, Odette, bien sûr que non. J'avais prévu cela bien avant notre désaccord, mais ensuite vous avez arrêté de me parler, donc ce n'était pas le bon moment pour vous faire participer au plan »

L'espièglerie quitta Odette et ses yeux bleus se creusèrent d'émotion.

« Un pot-de-vin aurait suggéré une attente en retour. Aucune personne sensée ne dépenserait de l'argent pour un plan qui a déjà été abandonné, ma princesse »

« Que veux-tu dire par là ? »

« J'ai décidé que je ne retournerai pas à une carrière militaire si cela signifie vous faire du mal » déclara fermement Bastian. « À notre retour en Ardenne, je demanderai une décharge et rejoindrai ensuite l'entreprise comme vous… »

« Non, Bastian ! » Ce n'est pas du tout ce que je veux, dit Odette en secouant la tête. « Je n'étais pas en colère parce que j'étais blessée. J'avais juste besoin de temps pour accepter ce que tu voulais et même si je te répondais tout de suite, cela aurait toujours été pareil, mais donner la réponse à ce moment-là aurait signifié que les choses étaient vraiment terminées et je voulais tenir je vais continuer encore un peu, pour vous avoir pour moi tout seule »

« Odette… » L'attitude calme de Bastian commença à vaciller, ses yeux reflétant l'agitation intérieure.

« Je respecterai et accepterai toujours votre rêve » reprit Odette au bord des larmes. Un sentiment qui persistait sur ses lèvres depuis des jours ressortit finalement « Je savais depuis le début que Bastian Klauswitz était un militaire et que je ne pourrais jamais vous éloigner du chemin d'un soldat, c'est votre rêve, mais je ne peux pas dire que l'idée que vous retourniez dans cet endroit dangereux cela m'attriste, mais je dois l'accepter.

Je te choisis ainsi que tout ce que tu viens avec »

Odette tendit une main tremblante et la posa sur sa joue. Alors que ses yeux se remplissaient de larmes, Bastian la rapprocha.

« Je t'aime, mais j'aime aussi la vie que tu m'as donnée » dit Odette. « Je veux donc te donner une vie qui t'apporte autant de joie et d'amour que notre relation, Bastian. S’il vous plaît, aime-toi aussi profondément que tu m’aime »

***************************

Odette lui exprima son sentiment par un baiser, touchant sa joue, son nez bien dessiné et ses lèvres bien fermées. Le baiser fut long et profond. Cela transmettait des émotions qui ne pouvaient pas être exprimées à haute voix. C'était un geste de réconfort pour un garçon qui avait été maltraité, d'un homme qui nettoyait le sang d'une lame de vengeance et une bénédiction pour un homme qui était enfin devenu le maître de sa vie.

« Tu brille le plus lorsque tu es soldat et que tu es beau en uniforme. Promets-moi juste que tu ne passeras pas ta vie dans l'insouciance » dit Odette, ses doigts traçant tendrement les légères rides autour du visage de Bastian « Je n'aime pas être loin de toi, alors promets-moi que tu ne partiras pas, tu resteras à l'amirauté, derrière un bureau en sécurité »

« Très bien, je le promets » répondit Bastian à voix basse.

« Et promets-moi que, quoi qu'il arrive, tu reviendras toujours vers moi » Les larmes coulaient sur les joues d'Odette. Bastian regarda dans les yeux turquoise de sa femme, ses propres yeux injectés de sang aussi « Sais-tu à quel point je te chéris ? » Bastian hocha la tête. « Tu m'appartiens, ta vie n'est plus seulement la tienne, c'est la mienne aussi, j'en ai le droit en tant qu'épouse. Alors, Bastian, ne te blesse plus, si tu endommages ce que j'ai de plus précieux, je ne te le pardonnerai jamais »

Odette se détourna de Bastian, au moment où elle aperçut son reflet taché de larmes dans la porte vitrée, toutes ses émotions soigneusement contenues se brisèrent d'un coup. Elle ne pouvait plus cacher sa honte et laissait ses émotions se répandre en

sanglots incontrôlés. Comment pouvait-elle accepter avec grâce cette situation alors qu'elle la déchirait intérieurement ?

« Odette » dit Bastian en enroulant ses bras autour de sa taille.

« Il faut que j'aille me laver » dit fermement Odette en s'écartant et en sortant de la pièce, mais elle perdit l'équilibre sur les emballages des décorations éparpillées sur le sol. Elle poussa un cri aigu en tombant.

Il n'y avait aucune douleur, son élan s'arrêtait comme si elle touchait le sol, mais elle ne le sentait pas. Elle ouvrit les yeux et vit que Bastian, toujours dans ses bras autour d'elle, ne l'avait pas lâchée. Il la serra fort contre lui avec un sourire. Odette essaya de se relever, mais le monde bascula. Alors qu'elle regardait le sapin de Noël, le visage de Bastian remplit sa vision.

« Bastian ! » Elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit de plus alors qu'il la plantait dans un baiser profond et passionné.

Enlacés dans les bras l'un de l'autre comme du lierre agrippant un arbre ils s'embrassèrent avec ferveur sans interruption. Quelque part sur le palier, l'horloge sonna minuit et rapidement, leurs pulls bleus jonchaient le sol à côté d'eux près de la cheminée.

Ils s'arrêtèrent un instant et s'enfermèrent dans une autre étreinte, leurs corps s'assemblant comme des pièces de puzzle parfaites. Il n’y eut aucune hésitation, seulement un doux abandon dans l’amour de l’autre

Ps de Ciriolla: ca communique... c'est tellement beau

Tome 2 - Bonus – Chapitre 219 – A la lumière de Noël

Alors que ses sous-vêtements glissaient le long de ses jambes fines, elle révéla un corps nu magnifique. Bastian se pencha sur elle, admirant la vue d'Odette allongée sous lui.

Son regard parcourut ses séduisants yeux turquoise et ses lèvres entrouvertes, jusqu'à sa poitrine haletante et puis, alors que son regard se posait entre ses jambes, il réalisa qu'il n'y avait aucune raison de se retenir plus longtemps. Pourtant, à mesure que sa frustration grandissait, la tentation d’arrêter augmentait également. Mais juste au moment où il pensait qu'ils devraient emporter ça dans la chambre, il entendit la voix d'Odette crier son nom comme le chant d'une sirène.

« Bastian…»

Et à ce moment-là, toute hésitation disparut. Son regard se tourna des vêtements éparpillés sur le tapis vers le visage d'Odette, son expression brumeuse rencontrant la sienne. Elle étendit les bras, le ramenant au présent et effaçant toutes ses pensées. Il ne pouvait plus résister à ses désirs. D'un rapide mouvement, il déboucla sa montre et jeta son pantalon, suivi de sa chemise qui avait déjà été déboutonnée. Dans la pénombre de la pièce, la seule chose qui brillait dans ses yeux bleus était un désir ardent, à la limite de la faim.

Bastian planait au-dessus d'elle, son souffle chaud lui chatouillant le cou alors qu'il attrapait passionnément sa poitrine. Odette passa ses doigts dans ses cheveux, le rapprochant et déclenchant une chaleur ardente entre eux. Ils tombèrent au sol dans une frénésie de respirations et de gémissements, perdus dans leur désir irrésistible l'un pour l'autre.

Entre halètements et gémissements, Bastian se débarrassa de ses vêtements, révélant un physique parfait qui ne fit qu'ajouter à l'excitation d'Odette. Ils s'enlaçaient dans un désordre de tissu, grimpaient l'un sur l'autre, se livrant à des baisers sauvages et à des attouchements avides.

« Ah…….» Odette gémit tandis que la douceur du tapis lui touchait le dos. Bastian, qui venait de haleter lourdement au-dessus d'elle, la tenait à nouveau fermement dans ses bras.

La lumière vacillante de la cheminée projetait des ombres sur sa silhouette musclée, soulignant chaque courbe et ondulation de son corps. Avec une émotion bouleversante, Odette retraça les cicatrices et les imperfections de sa peau, mais alors même qu'elle s'offrait complètement à lui, Bastian restait simplement immobile. Il la regarda seulement profondément et rit avec un léger froncement de sourcils.

« Bastian ? »

Lorsque les yeux embarrassés d'Odette se mirent à trembler, la main de Bastian s'enroula autour de sa poitrine. D'un toucher délicat, il l'attrapa doucement et commença à le serrer.

« Pianissimo » Il lui tapota doucement la poitrine comme une touche de piano. Il transforma les recommandations de ses cours de piano avec Odette en une exploration sensuelle de son corps nu. Ses doigts délicats dansaient sur sa peau douce et en réponse, la réponse d'Odette fut une réponse de confusion et de plaisir.

« Cressendo » Il murmura et l'embrassa sur la joue et son emprise sur sa poitrine s'intensifia progressivement. Tendrement… et puis plus fort. C'était l'introduction de la chanson d'entraînement qu'elle lui avait enseignée lors des cours de piano. Un travail qui avait reçu de nombreuses critiques car il jouait avec trop de puissance et en ignorant les instructions de la partition.

« Qu'est-ce que tu ……. »

« Détendez-vous là où je dois utiliser une note faible »

Bastian serra sa poitrine d'un air espiègle, essayant de réprimer son violent désir. Mais lorsqu'il vit la réaction d'Odette, il devint curieux de savoir quel son elle produirait pendant sa performance, mettant en valeur tout ce qu'il avait appris.

« Levez le dos de votre main » demanda Bastian. Il enroula ensuite ses mains autour de sa poitrine durcie, formant un arc arrondi « Comme ça » Il bougea ses doigts comme s'il jouait d'un clavier, et Odette laissa échapper un léger gémissement. « Est-ce correct, Miss Byller ? » interrogea Bastian d'un ton espiègle, sa voix étant un mélange de séduction et d'humour.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire malicieux alors qu'il continuait à parsemer son visage rougissant de baisers. Ses mains bougeaient plus lentement maintenant, serrant doucement sa poitrine alors qu'il faisait glisser sa langue le long de sa nuque, il se réjouissait du goût de sa peau, laissant de petites morsures sur sa joue. Il savourait chaque centimètre d'elle avec ses lèvres, mais laissait ses lèvres chantantes intactes.

Bastian baissa les yeux sur sa belle forme, sa respiration étant saccadée. Maintenant, il comprenait son conseil selon lequel la couleur du son changeait à mesure qu'il suivait les instructions. Le son était chaleureux et bien meilleur à entendre.

Son regard s'adoucit et il embrassa tendrement les larmes de ses yeux, reconnaissant envers le professeur de piano qui lui avait si bien appris. Puis ses mains explorèrent son corps, traçant des lignes de plaisir le long de ses cuisses et entre ses jambes écartées, elle gémit de plaisir.

Son désir le consumait désormais, Bastian commençait à réclamer sa place en elle. Il s'enfonça en elle sans relâche, plongeant profondément au cœur de son être. Même après que l’orgasme soit passé, les conséquences de celui-ci persistaient. Ses

mouvements énergiques ne faisaient qu'ajouter à l'intensité, sa conduite experte amenait Odette au bord d'une libération agréable.

Alors qu'ils atteignaient leur orgasme, le cœur d'Odette battait à tout rompre avec un mélange d'excitation et de peur. Mais elle ne le laissa pas paraître, attirant Bastian dans ses bras et traçant ses doigts le long de sa colonne vertébrale lacérée de cicatrices. A cet instant, elle connut le véritable plaisir de se donner à l'homme qu'elle aimait. Chaque mouvement, aussi intense soit-il, semblait juste et parfait.

Elle ne parvenait pas à donner un sens à ses pensées, mais ses yeux ne s'éloignaient jamais de l'homme qui la tenait dans une étreinte d'amour infini. Odette le serra fort et lui déposa un baiser passionné sur les lèvres. Il était tout pour elle. Sa famille. Son chéri.

Son véritable amour dans tous les sens du terme. Avec toutes ses significations, comme si elle lui avouait ses désirs les plus profonds.

Alors que les larmes menaçaient de couler de ses yeux, son corps se souleva soudainement du sol. Un cri de surprise s'échappa de ses lèvres, Bastian laissa échapper un rire espiègle et la posa sur ses cuisses. Il lui tapota doucement le dos, son désir sauvage brûlant toujours en lui, mais il ne voulait jamais la faire pleurer en ce jour.

Odette sourit à Bastian. Elle pouvait sentir son corps étroitement serré contre le sien lorsqu'il la serrait dans ses bras.

« Je t'aime » murmura-t-elle en caressant ses cheveux moites. Puis elle déposa un tendre baiser sur sa joue et lentement elle commença à balancer son corps comme dans une danse.

Bastian poussa un faible gémissement et saisit ses fines épaules, sentant la sueur couler le long de ses muscles tendus.

« Je t'aime, Bastian »

La voix douce d'Odette murmura encore, les larmes brillaient dans ses yeux comme des bijoux précieux. Sa beauté lui faisait perdre les mots. Il grimpa rapidement sur elle, la poussa une fois de plus et l'embrassa.

A ce moment-là, il eut envie de la dévorer complètement. C'était comme si toutes les autres pensées s'étaient évanouies.

**************************

Une bûche dans le feu se fissura lorsque la chaleur la brisa et sonnant comme l’arrêt complet de la fin de leur passion. Bastian se releva lentement, le regret dans les yeux de laisser derrière lui la douce chaleur de sa femme et enfila son pantalon. Il ôta la couverture du canapé et s'en servit pour couvrir Odette qui dormait.

Ils étaient tous les deux épuisés d’avoir ouvert leur cœur l’un à l’autre. L'intensité de leur passion avait fait des ravages sur Odette et elle s'enfonça dans la brume profonde du sommeil, alors même que Bastian la bordait dans la couverture.

Après avoir contemplé la belle lueur d'Odette pendant un dernier moment pendant son sommeil, Bastian commença à ranger le désordre qu'ils avaient fait ensemble. Ramasser les vêtements et les plier soigneusement sur le canapé, puis rassembler tous les emballages et les mettre dans la boîte vide de décorations. Un nettoyage en bonne et due forme pourrait attendre jusqu'au matin.

Bastian s'assit et réfléchit à la liaison passionnée à laquelle ils s'étaient livrés.

Maintenant, avec le recul, il avait l'impression qu'ils s'étaient comportés comme des animaux sauvages, ils fusionnaient, s'embrassaient, se touchaient et ruminaient toute la nuit, et pourtant, ces moments d'amour profond étaient souvenirs précieux.

Avec un sourire, Bastian souleva Odette dans ses bras. Elle murmura et se blottit contre lui. Il jeta un dernier regard à l'arbre, ses lumières clignotaient paresseusement et brillaient comme dans un rêve.

En grandissant, les fêtes de Noël n’étaient pour lui qu’un spectacle lointain. Son père, Jeff Klauswitz, organisait chaque année de grandes cérémonies d'illumination des arbres dans leur manoir, mais il n'y avait jamais de place pour Bastian lors de ces cérémonies et les années passeèrent. En tant que fils aîné, il était toujours plongé dans les livres et les conférences, manquant des événements familiaux importants déguisés en obligations académiques. Mais ce n'était pas seulement une excuse fragile : sa préparation en tant que successeur parfait exigeait chaque moment libre.

Un souvenir inattendu lui revint de l'époque où il avait neuf ans et nourrissait naïvement un espoir, suscité par un cadeau de son grand-père, apporté par sa tante ; une étoile dorée sur laquelle se trouvait un ruban pour faire un vœu. Il avait gardé cette étoile dans sa poche, une fois qu'il aurait fini ses devoirs, il espérait pouvoir participer aux festivités, mais sa chance d'accrocher l'étoile qui souhaitait ne se présenta jamais.

Son tuteur, déterminé à garder le jeune enfant à l'écart des célébrations des adultes, ne fit qu'accumuler davantage de travail. Chaque fois que Bastian protestait, il était sévèrement puni et il se rendit vite compte de la futilité de ses arguments. Chaque fois qu’il répondait quelque chose, il était frappé. Après avoir été giflée six fois, il comprit finalement la réalité. La porte des festivités ne s’ouvrirait jamais pour lui. Plus il résistait, plus la douleur devenait aiguë. Finalement, cette année-là, l’illumination du sapin de Noël se déroula sans la présence du fils aîné.

Lorsque la célébration fut terminée et que le manoir fut à nouveau silencieux, Bastian se faufila jusqu'au sapin de Noël, l'étoile dorée toujours dans sa poche et regarda longuement le sapin. Même si l’étoile n’approcha jamais l’arbre de Noël, il envoya une lettre de remerciement à son grand-père pour ce cadeau si précieux et à partir de ce moment, Bastian abandonna l'espoir de participer un jour aux festivités.

Au fil des années, il était devenu insensible aux lumières scintillantes et au décor festif qui ornaient leur maison à chaque Noël. Même après avoir emménagé chez son grand-père, les choses restèrent inchangées.

« Bastian ? » Alors que Bastian était sur le point de s'éloigner de ces souvenirs, une voix douce lui parvint. Il baissa les yeux pour voir Odette le regarder rêveusement à la lumière du sapin de Noël.

Leurs regards se croisèrent et Odette lui sourit tendrement puis l'embrassa sur la joue.

Perdu dans la beauté aimante de son regard, Bastian l'étreignit étroitement.

Il pensait pouvoir faire un nouveau vœu maintenant.

C'était le premier pas pour aimer la nouvelle vie que l'amour lui avait accordée.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 220 – Quand

un nouveau rideau se lève

Les chutes de neige avaient ralenti au cours de l'après-midi et s'étaient complètement arrêtée dans la soirée, permettant aux premières étoiles de scintiller dans le ciel violet.

Bastian était assis dans le salon, feuilletant des documents en attendant sa femme. Il était prêt pour le banquet depuis des heures, Odette prenait son temps pour s'assurer qu'elle était aussi présentable qu'une princesse était censée l'être.

Hans bougea alors qu'il se tenait à côté du sapin de Noël, attendant Bastian. « Hans, pourquoi ne t'assois-tu pas ? » demanda Bastian en ouvrant sa boîte à cigarettes.

« C'est très généreux, monsieur, mais je suis de service » Hans se redressa comme s'il participait à un défilé. Bastian rit et alluma une cigarette. La lumière du briquet se fondit dans le salon baigné de la lueur cramoisie du coucher de soleil.

Bastian fuma et commença à examiner les documents de Ratz. La plupart des domestiques venus d'Ardenne logeaient dans un hôtel proche de la salle des banquets, pour faciliter les préparatifs, mais malgré leur emploi du temps très chargé, Hans prenait quand même le temps d'assister le maître de maison. Bastian pouvait également ressentir un sentiment de curiosité pas si subtil de la part des serviteurs à l'égard de Rothewein. Ils s'attendaient à un grand manoir de campagne et furent surpris lorsqu'ils aperçurent une petite maison peu impressionnante.

Même des semaines après leur arrivée, le choc qu’ils ressentirent en voyant cette petite maison exiguë ne s’était pas dissipé. Le salon était plus étroit que le grand hall d’entrée du manoir ardennais. Il semblait absurde de choisir cette humble demeure pour leur lune de miel, alors qu’ils possédaient de luxueuses demeures dispersées dans tout l’empire.

« Bastian » appela Odette en entrant dans le salon avec sa femme de chambre juste au moment où Bastian avait fini de réviser les documents « Oh, Hans, je suis désolée de vous avoir fait attendre »

Hans ne répondit rien. Le murmure d'un sourire apparut sur ses lèvres et il inclina légèrement la tête alors qu'Odette entra dans la pièce.

Bastian se leva, tendit les documents à Hans et récupéra sa veste sur le dossier de la chaise. Il salua ensuite sa femme d'un baiser sur la joue, puis aida Odette à enfiler son manteau, devançant sa servante à la tâche. Elle s'éloigna et partagea un sourire gêné avec Hans alors qu'ils regardaient leur maître et sa femme en silence. Leur maître avait

toujours été un mari gentil et courtois, mais désormais l'atmosphère entre eux était différente.

« C'est presque comme s'ils étaient de nouveaux mariés », dit la servante à Hans en se penchant pour ne pas déranger Bastian et Odette.

« C'est agréable de les voir s'entendre et être si intimes, même si cette maison est étonnamment simple à bien des égards « dit Hans, suivant rapidement son maître alors qu'il entendait la porte d'entrée s'ouvrir.

Hans n'était pas sûr de ce qu'il devait faire car Bastian insistait pour se rendre au banquet en voiture, mais heureusement, Odette intercepta le plan de Bastian. Soulagé de ne pas avoir à marcher jusqu'au prochain village, Hans ouvrit la porte passager à Odette.

« Merci » dit Odette avec un sourire si chaleureux qu'il aurait pu faire fondre la neige autour d'eux. Bastian entra ensuite dans la voiture par la porte du côté opposé.

Hans s'assit sur le siège conducteur et partit. La femme de chambre, qui avait dit qu'elle s'occuperait des chiens, baissa la tête depuis le porche avant de retourner dans la chaleur du cottage.

Le ciel nocturne de Rothewein était une toile d'étoiles scintillantes, une toile de fond parfaite à contempler à la veille du festival.

**************************

La fête fut un franc succès. Tous ceux qui avaient reçu des invitations étaient présents et même certains qui ne l'avaient pas reçu. Même si ce n’était pas par méchanceté, ils avaient simplement été négligés. Ils ont été laissés de quelque manière que ce soit.

Les servantes et les domestiques réalisèrent un travail exceptionnel en organisant les décorations, la nourriture et la musique, et bien qu'ils soient habitués à organiser des fêtes plus éloquentes, la salle semblait digne de n'importe quel roi.

« Merci Lovis, vous et le personnel avez fait un travail incroyable » déclara Bastian, alors que les deux hommes se tenaient ensemble dans un coin discret.

« Ce n'était rien, monsieur, je suis juste heureux de vous servir à nouveau. Préparer un tel événement a aussi été un moment significatif pour moi » Lovis avait presque l’air d’être sur le point de pleurer. « Les derniers mois sans vous ont été un cauchemar et je suis heureux que ce soit enfin terminé. Merci d'être revenu sain et sauf »

Lovis détourna le regard et prétendit qu'il surveillait les invités, il ne serait pas professionnel de laisser le maître le voir devenir ému. La salle de banquet était remplie de vitalité et de joie. Il y avait tellement de bonheur dans une pièce qu'il n'était pas difficile de comprendre pourquoi Bastian et Odette étaient tombés amoureux du petit village.

Du coin de l'œil, Lovis aperçut l'un des vieux fermiers venant vers lui. « Excusez mon interruption » dit le fermier « Je voulais juste remercier Karl Lovis pour cette merveilleuse fête »

Lovis parut confus pendant une seconde « Vous devriez remercier l'amiral Klauswitz, monsieur »

C’était au tour des agriculteurs de paraître confus « N'êtes-vous pas Karl Lovis ? »

demanda-t-il

« Et bien non. Mon nom de famille est Lovis, mais Karl n'est pas mon prénom. C'est le prénom de l'arrière-grand-père de mon maître. Comment connais-tu ce prénom ? »

demanda Lovis, ignorant un reniflement plutôt peu distingué de Bastian.

Le fermier regarda Bastian et Lovis, ne sachant pas trop quoi faire ou dire, puis il comprit « Oh, je vois, Lovis c'est toi » Il éclata d'un rire franc. « Il semble que l’Amiral soit un homme plutôt excentrique, même s’il manque de créativité. Eh bien, c'est un plaisir de rencontrer le vrai M. Lovis » Le fermier baissa la tête et s'éloigna d'un pas enjoué.

Lovis regarda Bastian avec une expression qui attendait une sorte d'explication. « Je suis désolé, Lovis. C'est comme ça » Bastian haussa simplement les épaules avant de tourner son attention vers l'autre bout de la pièce.

« Voici le gâteau d'anniversaire ! »

Les yeux de tous les invités étaient attirés par le chef qui poussait un chariot sur lequel se trouvait un grand gâteau d'anniversaire décoré. Odette, qui discutait avec Nina, aperçut le gâteau et ses yeux s'écarquillèrent.

La servante en chef conduisit Odette vers le gâteau à cinq étages. Un page se dirigea vers Bastian et lui tendit un gros bouquet de fleurs.

« Bastian » dit Odette en s'approchant « Qu'est ce que tout ca ? »

« C'est en échange du meilleur gâteau » déclara Bastian. Il conduisit Odette au centre de la table.

Le gâteau était un monstre de glaçage parfaitement décoré pour ressembler à une tour de belles fleurs d'été, exactement comme il l'avait commandé. Même s’il n’avait jamais réalisé à quel point le gâteau allait être gros.

Une fois la bougie allumée. L’orchestre changea la musique pour un morceau fantastique, le préféré d'Odette. La même mélodie qui avait été jouée pour son vingt-quatrième anniversaire mélancolique mais joyeux. Même si la grandeur du décor semblait trop sophistiquée, c'était comme une somptueuse fête d'anniversaire digne d'une impératrice.

Avec un peu d'encouragement de Bastian, Odette aborda le gâteau avec l'élégance attendue d'une princesse. Avec une profonde inspiration, Odette souffla toutes les bougies et la salle explosa dans un tumulte d'acclamations et un écho de félicitations.

La dernière nuit de l’année était animée de mélodies enchanteresses et de lumières éblouissantes. Les souvenirs d’une époque où elle devait subir de vives insultes et critiques flottaient vaguement dans son esprit.

Était-ce la fin heureuse pour une héroïne de conte de fées qui avait enfin surmonté toutes ses épreuves ? La réponse lui vint facilement : non. Ce n'était qu'un intermède.

Une pause avant le début du prochain acte de sa vie. Lorsqu’un nouveau rideau se lèverait, il y aurait de nouveaux défis à relever, il pourrait y avoir des moments tristes et difficiles. Car elle avait très bien compris que des lumières fortes entraînent également des ombres profondes mais avec Bastian à ses côtés, elle sentait qu'elle pouvait les affronter de front et les surmonter. Il y aura des moments tristes et difficiles, bien sûr, mais elle savait aussi qu’elle avait la force d’aller de l’avant

« Pourtant, ça ira » pensa Odette en regardant Bastian lui tendre vingt-six iris. Avec cet homme, elle sentait qu'elle pouvait assez bien se débrouiller. Elle sentait qu’ils pouvaient faire face à tout ce que la vie leur réserve jusqu’au bout et osa rêver à la fin d’un conte de fées.

Lorsqu'Odette accepta le bouquet, les acclamations de la foule se firent plus fortes et Bastian l'embrassa poliment.

« Maintenant, que diriez-vous de danser ensemble ? » cria quelqu'un sorti de nulle part alors que la cérémonie de coupe du gâteau touchait à sa fin.

« Oui, c'est une tradition à Rothewein » cria un autre. « Changeons la musique pour quelque chose de plus vivant »

Avant que Bastian ou Odette ne puissent dire ou faire quoi que ce soit, l’orchestre changea rapidement de chanson et d'air folk optimiste et les villageois dégagèrent un grand espace, formant une formation de danse comme s'ils avaient attendu ce moment toute la nuit.

« Venez nous rejoindre ! Dépêchez-vous ! »

Les villageois, déjà engagés dans la danse animée, les appelèrent. Les yeux d'Odette s'écarquillèrent d'étonnement en voyant la danse se dérouler devant elle. Cela ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait jamais vu. Sur ce, tout le village se mit à danser en couple pendant que l’orchestre jouait la polka. Ils tournoyaient et bougeaient ensemble en parfaite harmonie au rythme des mélodies folkloriques traditionnelles.

« Allons-y » Bastian tendit la main à Odette avec un salut.

« Bastian, je ne… »

Bastian, avec un sourire généreux, saisit la main hésitante d'Odette « Je vous apprendrai

»

« Tu sais comment danser comme ça ? »

« Oui bien sur. J'ai dû assister à plusieurs réceptions à l'amirauté. Vous apprenez à maîtriser un certain nombre de danses différentes au service de l’empire » Bastian guida Odette tout au long de la danse, tous les regards étaient attirés vers le couple debout sous le lustre vintage.

Bastian démontra le premier les pas de la danse, et son habileté prouva qu'il ne s'agissait pas de bluff. Il guida Odette de manière experte à chaque étape, et lorsqu'elle avait du mal à suivre, il ralentit patiemment et la guida une fois de plus.

« Oh mon Dieu, je ne suis pas sûre de pouvoir faire ce Bastian » Elle le regarda avec un visage perplexe. Elle faisait de son mieux pour suivre le pas mais maîtriser sur place une danse inconnue n'était pas facile.

« Recommençons » Bastian ne semblait pas perturbé par sa situation, il lui attrapa la taille et commença à mener la danse. Odette était irritée par son attitude décontractée, mais elle n'eut pas le temps de le gronder. Il ne lui restait plus qu'une option à présent.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 221 – La fleur s'épanouit

À mesure que la nuit s’avançait, la ferveur de la fête ne faisait que croître. Tout le monde s’amusait bien et mangeait autant de nourriture et de boissons que possible. La princesse Berg, l'invitée d'honneur, ne faisait pas exception. Après une gorgée de champagne, Odette prit la main de Bastian et retourna sur la piste de danse.

Même si elle était nerveuse au début, elle avait pris goût à la danse et refusait de s'arrêter. Sa robe était en désordre, ses cheveux étaient ébouriffés et ses joues étaient roses.

Même si elle paraissait plus que légèrement ivre, Bastian fit semblant de ne pas le remarquer, après tout, la plupart des invités étaient dans le même état, voire pire.

Le bruit des battements de pieds, des applaudissements des mains et des rires joyeux remplissaient la pièce avec la musique entraînante. Odette rejoint la danse du groupe avec aisance, ses mouvements désormais plus naturels et fluides.

Bastian dansait avec elle à chaque occasion. Il aimait la faire tournoyer dessus du sol et la serrer contre lui. Chaque fois que leurs pieds s'emmêlaient, il la tenait simplement fermement et tournait avec elle. Chaque fois que leurs regards se croisaient, ils riaient et s'embrassaient.

« Est-ce que j'ai l'air parfaite maintenant ? » demanda Odette avec un air très fier, sa robe blanche battant comme des ailes alors qu'elle dansait avec grâce.

Bastian rit. Il se sentait comme un jeune insouciant, emporté par l'excitation de la fête.

Quelque chose qu'il n'avait jamais vraiment vécu dans sa jeunesse. L'énergie du groupe était contagieuse et ne montrait aucun signe de ralentissement, mais elle devait prendre fin car la pause de l’orchestre approchait à grands pas.

Les invités discutaient et buvaient par petits groupes pendant que Bastian et Odette circulaient parmi eux. Peu avant minuit, il fut annoncé que le dernier point du programme du parti était prêt.

« Pourrait-il encore y avoir d’autres surprises ? » s’interrogea Odette alors que la salle applaudissait le groupe alors qu'ils se levaient, s'inclinaient et quittaient la scène.

« Eh bien, maintenant que tu en parles » répondit Bastian en guidant Odette vers la sortie. Les domestiques étaient déjà en train de guider les villageois vers la place du village.

« Que se passe-t-il ? »

Bastian ne dit rien tandis qu'il prenait son manteau à une femme de chambre et aidait Odette à enfiler le sien. Tout le monde sortit du hall et prit les boissons chaudes distribuées par les domestiques à la porte. Ils furent également mis en garde contre le bruit fort attendu, prévenant aux personnes âgées et aux enfants de ne pas être surpris.

La réponse semblait évidente, mais Odette hésitait « Comment une telle chose avait-elle pu arriver ici ? » Le temps qu'elle y réfléchisse, ils arrivèrent sur la place du village sous un ciel étoilé.

« Bastian, tu ne veux pas dire… »

Au moment où Odette parlait, une cloche sonna quelque part dans la nuit, marquant la fin de l'année et le début d'une nouvelle. Il y eut un éclair et une détonation qui ébranla le sol. La foule laissa échapper un hoquet de surprise, puis hua et hurla devant les couleurs vives peintes sur le ciel nocturne.

Alors que la rémanence du premier feu d’artifice brillant commençait à s’estomper, elle fut rapidement remplacée par un autre, puis un autre, créant un affichage lumineux continu. La nuit autrefois silencieuse dans ce pittoresque village de campagne se transforma grâce au feu d'artifice éblouissant.

Un rire s'échappa d'Odette alors qu'elle levait les yeux vers les explosions de couleurs et de lumière. Les pops et les sifflements se firent applaudir et acclamer par la foule.

En tournant la tête, elle aperçut les yeux bleus de Bastian, pleins de son reflet. Sans mots, ils continuèrent à se regarder silencieusement. Leurs doigts entrelacés, la poigne serrée de Bastian transmettait toutes les émotions qu'il ne pouvait pas exprimer avec des mots.

Les lumières vives du feu d'artifice les enveloppèrent tous deux, perdus l'un en compagnie de l'autre.

Bastian se pencha et embrassa doucement le front d'Odette. En retour, elle se leva sur la pointe des pieds pour déposer un tendre baiser sur sa joue avant que leurs lèvres ne se rencontrent à nouveau alors que le feu d'artifice final s'épanouissait au-dessus d'eux.

*******************************

Les fleurs du jardin ressemblaient à des feux d’artifice. Odette sourit en les regardant depuis le balcon. Le printemps avait rappelé toutes les couleurs éclatantes du jardin dont elle n'avait jamais vraiment profité auparavant. Et au-delà de ses frontières, la mer sereine brillait comme un million de diamants sous le soleil brûlant de midi.

Odette inspira profondément l'air doux empli du parfum des fleurs printanières. Elle eut une matinée bien remplie jusqu'à présent, les registres remplis de documents et de formulaires nécessitant sa signature étaient toujours sur le bureau. Elle avait également sélectionné des robes d'été pour cette saison et organisé les dons pour les Femmes de la

Navy. Ce fut un début de journée chargé, mais enrichissant et elle disposait désormais de l'après-midi pour ses propres projets.

Elle prévoyait de rendre visite à Thomas Muller, qui l'aidait avec sa fondation. Elle avait appris les bases auprès de Bastian, mais le vrai travail devait être effectué par quelqu'un qui connaissait les détails et cette personne était Thomas Muller. Bastian dit à Odette que Thomas serait un excellent professeur et il avait raison. Les explications de Müller avaient aidé Odette à comprendre. Il montra les compétences d'un mentor qui avait fait de Bastian Klauswitz un homme d'affaires compétent.

Tout d’abord, elle devait suivre quelques cours à l’Académie Royale de Musique. Elle posa sa lourde mallette sur la table avant de disparaître dans la loge pour se changer.

Après quelques instants, elle était de retour vêtue d'une jupe vert pastel et d'un chemisier simple, et elle enfila des chaussures plates confortables, parfaites pour un après-midi chargé. Elle ajouta un chapeau et un foulard en soie assortis, nécessaires pour la balade en décapotable le long de la côte.

Au moment où Odette s'apprêtait à sortir, on frappa à la porte « Madame, c'est Dora »

« Entrez » dit patiemment Odette en jetant un sac sur son épaule.

Dora entra dans la pièce et parut choquée qu'Odette porte son propre sac « Voudriez-vous me laisser prendre votre sac s'il vous plaît, madame »

« C'est bon, je veux le porter moi-même. Cela me donne l’impression d’être une étudiante »

Malgré l’absurdité de la situation, Dora ne contesta pas. Les derniers mois furent une leçon sur l'entêtement d'Odette et Dora savait qu'il serait inutile de discuter. Un soupir était tout ce qu'elle pouvait faire, elle ne pouvait tout simplement pas comprendre comment quelqu'un pouvait laisser la princesse faire elle-même toutes ces tâches subalternes. Odette se mit même à conduire elle-même partout.

Après son retour, Odette était à la fois familière et changée. Elle remplissait parfaitement son rôle d’hôtesse digne et élégante, mais révélait également un côté excentrique et espiègle. Dora a initialement soutenu son projet d'étudier l'art à l’Académie Royale de Musique, même si cela était inhabituel pour les femmes de la haute société. Elle accepta également le travail caritatif d'Odette, sachant que cela profiterait à leur famille.

Mais conduire lui était incompréhensible. Elle regarda les clés dans la main d'Odette comme si elles étaient une ennemie. « Est-ce que vous reprendrez la voiture aujourd'hui

? » demanda Dora.

« Oui. J'ai un entraînement de conduite avec Hans » dit Odette avec un signe de tête joyeux. Dora ne put que soupirer et se toucha le front. Odette souhaitait apprendre à conduire après sa lune de miel et avec le soutien de son mari.

Une princesse conduisant une bête de métal !

Même si elle était consternée, Dora ne pouvait pas faire grand-chose. Elle avait espéré qu'il s'agissait d'une curiosité passagère, mais après plusieurs leçons avec Hans, elle obtint son permis et était impatiente d'exprimer sa nouvelle liberté. Malgré les plaintes de nombreuses femmes nobles indignées, Bastian resta tout aussi obstiné à arrêter le comportement peu distingué d'Odette.

C'était vraiment un couple qui se ressemblait.!

« Bastian reconnaît mes compétences de conduite, alors ne t'inquiète pas trop, Dora »

Odette sourit vivement, le ruban de son foulard noué flottait.

« Dans quoi s'est-elle embarquée ! »

Dora soupira profondément, se résignant au désespoir. Bastian était le coupable. Non seulement il laissait sa femme conduire, mais il lui avait également appris et aujourd’hui, cela semait le chaos dans leur paisible après-midi.

« Il y a un cadeau pour vous, madame. Laissez les clés et descendez » dit Dora.

Le mal était fait et il semblait impossible de revenir en arrière.

**************************

Dora conduisit Odette en bas et par la porte d'entrée, où une décapotable jaune vif se trouvait dans l'allée. C'était une voiture neuve, de couleur légèrement plus pâle que celle qu'Odette utilisait.

« Un cadeau de l'amiral Klauswitz » annonça un homme, debout près de la porte conducteur et attendant patiemment.

« Mon mari m'a acheté une nouvelle voiture ? » demanda Odette incrédule. L'homme, qui était le vendeur, affichait simplement un sourire éclatant.

« Oui, princesse. Justement, c'est une voiture achetée pour vous. »

« Ah, je vois. Merci. Vous avez dû faire un long voyage »

Odette fit de son mieux pour se comporter de manière gracieuse, prenant poliment les clés du vendeur et inspectant chaque centimètre carré de la nouvelle voiture. Au moment où elle eut fini et fut satisfaite, une voiture noire s'approcha le long de l'allée du manoir, Bastian revenait tout juste du club de polo

Alors qu'il s'arrêtait à côté de la voiture neuve et étincelante, Bastian sortit de la banquette arrière, ouverte par le chauffeur. Odette s'approche rapidement de son mari, rentré chez lui.

« Bastian, de quoi s'agit-il ? »

« Eh bien, comme vous pouvez le voir, c'est une nouvelle voiture » dit nonchalamment Bastian en enroulant son bras autour de sa taille. Ses lèvres, rencontrant les siennes

dans un baiser, portaient le léger parfum d'alcool d'une journée passée avec un chauffeur.

« C'est trop tôt, je viens juste d'avoir mon permis »

« Je sais, mais tu conduis déjà, n'est-ce pas ? »

« Mais j'ai toujours besoin de l'aide de Hans »

« Alors utilisez cette voiture pour vous entraîner et améliorer vos compétences »

Bastian mit fin au débat en se tournant vers le vendeur, qui lui expliqua avec empressement les caractéristiques de la nouvelle voiture.

« Eh bien, merci, mais c'est un peu gênant d'avoir une nouvelle voiture alors que notre garage est déjà plein » dit Odette, toujours incapable d'accepter le cadeau. Ses joues rougirent lorsqu'elle accepta les clés.

« Oui, mais vous n'avez pas de voiture pour vous tout seule dans la collection. C'est votre première voiture. Je l'ai commandé dans cette couleur spécialement pour toi, c'était ta couleur préférée, non ? »

Le visage sérieux de Bastian fit comprendre à Odette son choix, et elle rit de soulagement « Oui c'est le cas. Je l'aime » Elle décida d'y aller avec un petit mensonge de politesse. Elle utilisait une voiture jaune parce qu’il ne l’utilisait pas souvent. Mais maintenant, elle avait l’impression qu’il aimerait vraiment cette couleur.

« Merci, Bastian, je vais m'entraîner tous les jours et devenir habile, comme tu l'as dit »

Odette accepta gracieusement le cadeau de son mari et se précipita pour éviter d'être en retard à son cours. « Je devrais y aller maintenant, nous pourrons parler davantage à mon retour » dit Odette en jetant son sac sur le siège passager de sa nouvelle voiture.

Mais soudain Bastian ouvrit la portière passager.

« Aujourd'hui, je t'accompagnerai à la place de Hans. Allons-y »

Odette regardait son mari assis sur le siège passager avec un visage abasourdi et n'était pas sûre d'aimer le sourire malicieux sur son visage. Il ressemblait à un écolier qui avait monté une farce et attendait avec impatience la récompense. Résignée, Odette s'assit sur le siège conducteur et un agréable frisson l'envahit alors que la voiture s'animait.

La voiture jaune vif glissa gracieusement dans l'après-midi de printemps chaud et radieux, emmenant le couple Klauswitz dans son voyage.

Ps de Ciriolla: pour info, il reste 16 chapitres bonus à venir, on va pouvoir encore profiter de ces beaux moments encore un certain temps

Tome 2 - Bonus – Chapitre 222 –

Méthode d'enseignement du professeur

paresseux

Alors qu'ils s'éloignaient du manoir en empruntant la route côtière, Bastian ne pouvait quitter Odette des yeux. Ses compétences dans la conduite d'une voiture progressait bien. La façon dont elle passait en douceur entre les vitesses, la douce accélération et sa gestion des virages étaient impressionnantes. Elle était bien plus courageuse au volant qu’il ne l’aurait jamais imaginé.

« Vous ne feriez pas un mauvais chauffeur » dit Bastian d'un ton enjoué. La lumière du soleil traversait les arbres, tachetant le visage d'Odette alors qu'elle se concentrait.

« S'il vous plaît, Bastian, pas de commentaires distrayants pour le moment. Vous devez également prendre en compte votre sécurité » répondit Odette alors qu’elle franchissait un virage sur la route. Sa voix trahissait sa tension, mais ses yeux restaient détendus et intrépides. Bastian la regardait avec amusement conduire, toujours inexpérimenté mais peu susceptible de provoquer des accidents graves.

A mesure qu'ils entrèrent dans la ville, Odette devint plus alerte. La présence de véhicules et de piétons partout augmentait son anxiété.

« Pourquoi tu ne dis rien ? » dit-elle.

« Tu m'as dit de ne pas te déranger » dit Bastian, feignant la confusion.

« J'ai encore besoin de conseils utiles, si vous en avez » dit Odette en évitant de peu un cycliste. Le trajet ne lui était pas familier vu qu’elle ne le conduisait jamais pendant ses cours avec Hans. C'était différent d'être au volant et d'avoir comme passager Bastian que dans la voiture de leur chauffeur.

« Tu semble te débrouiller assez bien toute seule » dit Bastian, il aida calmement Odette à ajuster sa posture rigide et guida ses mains sur le volant « Garde tes distances avec la voiture qui te précède, accorde-toi un peu d'espace pour bouger et assure-toi de vérifier tes rétroviseurs »

Le ton égal et la voix apaisante de Bastian aidèrent Odette à circuler dans les rues sinueuses du centre-ville. Alors que la voiture roulait sur la route sinueuse, elle revit la mer et remarqua que les mains de Bastian n'étaient pas sur le volant. On aurait dit qu'il avait fait semblant pendant tout ce temps, pour qu'elle se sente en sécurité alors qu'elle ne l'était pas.

« Bastian ! et s'il y avait un accident ? » Odette le gronda, mais Bastian se contenta de sourire.

« Tu vois, tu y arrive très bien, tu n'as pas vraiment besoin de mon aide » répondit Bastian en se penchant en arrière sur son siège et en levant les yeux vers le ciel. Le bleu clair s’étendait à l’infini, ponctué de nuages duveteux et de pétales de fleurs dansants.

C’était une scène pittoresque qui semblait tout droit sortie d’un tableau, avec chaque détail parfaitement placé pour créer une atmosphère idyllique. Le cadre idéal pour une journée de printemps sereine.

« Tu es un enseignant plutôt détendu » rit Odette. L'enseignement décontracté de Bastian contrastait fortement avec le style rigide et protocolaire de Hans. « Envisagez-vous de faire une sieste ? » elle lui jeta un coup d'œil, alors qu’il fermait lentement les yeux.

« Y a-t-il une raison pour laquelle je ne devrais pas ? » répondit-il en riant, les yeux fermés.

Odette cligna des yeux de surprise mais bientôt elle rit fort : « Très bien, je vais me débrouiller toute seule. Un dernier conseil ? »

Bastian ouvrit enfin les yeux et consulta sa montre. « Nous devons accélérer le rythme ou nous serons en retard, peut-être presser plus le champignon ? » suggéra-t-il. Le vent avait ébouriffé ses mèches platine, projetant une ombre sur son front et ses yeux. Ses yeux, brillants dans la lumière de l’après-midi, reflétaient le ciel bleu clair au-dessus.

Avec le soutien de Bastian, Odette roula plus vite en toute confiance. Il la regarda avec satisfaction alors qu'elle dirigeait sa voiture jaune de manière experte vers Ratz.

« Une princesse qui aime la vitesse » il envisageait de laisser Odette conduire lors de leur prochaine visite au palais impérial. Ce serait amusant de voir la réaction inattendue de l'empereur, mais cela pourrait être trop pour l'impératrice au cœur timide, mais l'idée d'une princesse amoureuse de la vitesse était trop amusante pour être abandonnée.

Bastian et Odette rirent ensemble. Son écharpe blanche flottait dans la brise marine, créant une scène magnifique dont Bastian ne pouvait quitter les yeux pendant longtemps.

***********************

Odette se gara derrière l'académie. La montre à son poignet indiquait qu'elle était arrivée dix minutes en avance. Elle attrapa son sac et sortit de la voiture. Ce ne fut qu'à mi-chemin qu'elle réalisa qu'elle laisserait Bastian seul pendant qu'elle serait en classe.

« Qu'est-ce que tu vas faire? Je vais être absent pendant au moins deux heures »

« Je sais » dit Bastian en se redressant pour passer un bras autour de la taille d'Odette.

Malgré ses tentatives subtiles pour repousser son bras, consciente de tous les yeux qui les regardaient, Bastian refusait de renoncer à sa démonstration publique d'affection.

« Bastian, pas ici… »

« Allons-y » dit-il, ignorant ses protestations.

« Tu ne penses pas venir à l'école avec moi, n'est-ce pas ? »

« Y a-t-il une règle qui dit que je ne peux pas ? » Il conduisit Odette sur les marches de l’Académire Royal de Musique, un lieu où les musiciens en herbe pratiquaient et étudiaient pour leurs examens d'entrée.

Odette ne s'était jamais sentie aussi gênée, mais elle se laissait conduire. L'académie était pleine d'étudiants qui s'entraînaient, même le week-end. Le couple attira beaucoup d’attention.

« À partir d'ici, je vais continuer seule », dit Odette alors qu'ils approchaient du bâtiment principal, les joues rouges.

« Tout le monde ici sait qui tu es, Odette » Bastian entra cependant dans le bâtiment sans hésitation. Il parcourut le couloir en direction des salles de classe. Il connaissait bien le tracé pour avoir accompagné Odette le premier jour.

« C'est peut-être le cas, mais il n'est pas nécessaire de le rappeler »

« Pourquoi ? Est-ce que vous cachez un jeune amateur de musiciens ou quelque chose comme ça ? » la taquina Bastian.

« Bastien !» Odette craqua sous le choc et lui serra fermement le bras. Il haussa simplement les épaules « Tout le monde ici est ici à cause de sa passion pour la musique, alors s'il vous plaît, ne plaisantez pas comme ça »

Odette accéléra le pas pour arriver plus vite en classe et s'éloigner de ces situations embarrassantes. Bastian la suivit assez facilement et s'abstint de tout autre commentaire. Il choisit de ne pas lui dire ce que le jeune étudiant pensait de sa femme.

Lorsqu'ils arrivèrent dans la classe d'Odette, Bastian lui déposa un baiser et Odette l'accepta sur sa joue. « Je t'attendrai dans la voiture » lui dit-il.

« Merci » dit Odette avec un sourire et se précipita dans la classe.

Bastian la regarda entrer dans la salle de classe, qui était remplie d'une trentaine d'autres élèves. Il hocha poliment la tête avant de se détourner de leurs regards inconfortables. Il pourrait visiter un club social à proximité, mais il décida qu'il profiterait d'un rare moment de paix.

Son polo au bras, Bastian déambulait dans les couloirs de l'académie. D'un côté du bâtiment, de petites pièces alignées en rangées soignées. Les sons des pianos, violons et autres instruments remplissaient l’air. L'académie était majoritairement remplie de jeunes hommes, aux traits délicats tout comme Odette.

Vite lassé de sa promenade au milieu du vacarme des musiciens amateurs, Bastian décide de retourner dehors. Il se distinguait parmi les étudiants par sa tenue de polo et ses bottes en cuir. Il se dirigea vers un kiosque à journaux voisin et acheta un journal. Il alla ensuite profiter du chaud soleil printanier dans le jardin de l’académie.

Bastian était assis sur un banc sous un arbre en fleurs, lisant le journal. Au bout d'une heure, il le plia. Le temps était parfait pour une sieste sur la pelouse, mais cela ne lui convenait pas compte tenu de l'image de sa femme, alors il décida de se promener tranquillement dans les jardins printaniers de l’Académie Royale de Musique

***************************

Odette sortit du cours un peu plus tôt que d'habitude et dans sa hâte de retrouver Bastian, inquiète qu'il ne se soit attiré des ennuis, elle oublia sa partition. Quelque chose qu'elle ne réalisa pas jusqu'à ce qu'elle soit sur le parking mais décida de la récupérer la prochaine fois qu'elle aurait des cours.

Bastian était appuyé sur le capot de la voiture et fumait une cigarette en l'attendant.

«Bastian !» cria-t-elle d'une voix chaleureuse et mielleuse.

« Bonsoir, belle dame. Auriez-vous le temps d’offrir un tour à ce vieux clochard ? » dit Bastian en éteignant la cigarette et en lui montrant le paquet de cigarettes presque vide.

« Je ne peux pas me permettre d'offrir des trajets gratuits, c'est tout simplement une mauvaise affaire » répondit Odette.

« Vous êtes une jeune femme plutôt avare » continua Bastian, se parant d'une expression blessée. « Mais je pense que j'ai vos honoraires ici » Il sortit de sa poche un petit sachet de friandises au caramel qu'il avait acheté au magasin de l'académie.

Incapable de retenir son rire, Odette tendit la main pour accepter le faux pot-de-vin.

Alors qu'elle pensait que Bastian avait fait preuve d'une certaine retenue, il lui présenta un autre cadeau, une luxueuse enveloppe.

La curiosité prit le dessus sur Odette et elle ouvrit. Ce qu’elle trouva à l’intérieur la fit sursauter de stupeur. Il s'agissait d'un abonnement exclusif à l'opéra, son nom gravé à la feuille d'or, offert uniquement aux membres VIP. Les billets, imprimés avec les noms du couple Klauswitz et le numéro de la loge privée.

« Est-ce un paiement suffisant pour un trajet ? » demanda Bastian en brossant les pétales qui tombèrent sur ses cheveux.

Odette le serra fort dans ses bras, lui disant oui sans mots. La première d'un nouvel opéra de son compositeur préféré était prévue pour le week-end suivant.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 223 – Un autre cadeau

Leur loge privée à l’Opéra Ratz s’appelait « La Tour de Garde ». Ils devaient entrer dans l'opéra via l'entrée VIP réservée aux membres. Ils devaient ensuite passer sous l'escalier central et monter sur le balcon du deuxième étage.

Les cinq balcons du bâtiment offraient une vue parfaite pour observer et critiquer les nobles. Ils ressemblaient à des tours de guet, disposées stratégiquement pour dominer les autres spectateurs.

La concurrence pour ces loges était féroce, surtout un jour comme aujourd'hui, où le public était deux fois plus nombreux à vouloir voir un spectacle populaire. Les participants allaient des nobles aux hommes âgés distingués, une foule plus diversifiée que d'habitude en raison du scandale provoqué par l'adhésion du couple Klauswitz en tant que membre VIP de l'Opéra.

« Ah, je vois que l'Opéra a finalement cédé au fils d'un brocanteur » déclara la comtesse Trier en évaluant les robes des dames qui montaient les escaliers depuis sa loge VIP.

« Je ne serais pas surprise, l'amiral Klauswitz a financé à lui seul la rénovation du théâtre. Avec une telle somme, même les juges les plus fiers n’avaient pas le choix »

déclara une autre dame à côté de la comtesse Trier, incapable de cacher ses yeux déçus.

« Je ne comprends tout simplement pas pourquoi il a choisi de rester un roturier et d'agir comme un nouveau riche, au lieu d'accepter un titre. L’opéra, autrefois symbole de noblesse, est désormais tombé aux mains du capital »

Naturellement, elles bavardaient à propos de Bastian, critiquant son refus audacieux d'accepter un titre tout en se faisant passer pour quelqu'un de noble naissance grâce à la richesse.

« Ne mélangeons pas les faits ici, c'est l'Opéra qui a contacté l'amiral en premier, avec un pot-de-vin pour financer les rénovations » intervint la comtesse Trier. Les bavardes qui commençaient à parler d'Odette, devinrent soudain prudentes et échangèrent des regards. « Ce n'est un secret pour personne que le directeur a pratiquement supplié l'amiral Klauswitz d'ouvrir son portefeuille. On dit que l’amiral n’a cédé qu’après avoir satisfait à ses demandes d’un joli cadeau pour sa femme »

« Eh bien, c'est vrai mais... »

Leurs conversations s'arrêtèrent lorsqu'ils furent distraits par l'arrivée des nouveaux invités VIP ; Le duc et la duchesse de Herhardt, les autres familles nobles célèbres

comme le couple Klauswitz, étaient connus pour leurs excentricités dans la haute société.

Présentées devant une nouvelle cible, les dames s’approchèrent avec enthousiasme de l'avant de la balustrade du balcon et tournèrent l'attention de leurs commérages vers ce couple. La comtesse Trier, agitant son éventail à plumes, regarda également par-dessus la balustrade pour voir le duc et la duchesse de Herhardt monter l'escalier du théâtre, accompagnés d'anciennes duchesses.

Les badauds remarquèrent rapidement Layla et Elysee von Herhardt, mais leur regard s'est rapidement attiré vers la jeune duchesse, une personne qui les intrigua.

« Hmm, où penses-tu qu'elle a trouvé cette robe ? »

« On dirait une création de Sabine »

« En effet, les femmes des Herhardt sont toutes des modèles de Sabine »

« C'est plus modeste que ce à quoi je m'attendais »

« L'exposition de ses bijoux vous fera changer d'avis, le collier sur sa petite silhouette, n'est-ce pas les bijoux de la famille Lovita que la douairière Herhardt a apportés lors de son mariage ? »

« Je pense que tu as raison. La vieille dame l’a finalement acceptée comme belle-fille »

« Elle leur a donné un fils, alors pourquoi pas ? »

« C'est vrai, il ressemble tellement à son père, c'est comme revoir le jeune duc Matthias

»

« Je me sens mal pour Madame Elysée, elle doit être bouleversée d'avoir une telle femme dans la famille, surtout alors que son fils était autrefois sa fierté et sa joie, et n'est plus qu'une déception »

Les rumeurs sur les choix vestimentaires de la duchesse se tournèrent rapidement vers l'élégante mère de Matthias von Herhardt. Autrefois reine régnante de la société, elle faisait désormais face à une humiliante chute de grâce. Il y avait un plaisir tordu à voir sa chute. Le monde social était prêt pour une nouvelle reine, mais elle n’était pas encore prête à abandonner son trône.

Elysee Von Herhardt s'arrêta dans les escaliers bien en dessous d'elle et leva son regard vers les balcons au-dessus. Même si elle était sûrement consciente des ragots et des moqueries échangées, elle gardait son sang-froid avec grâce. La comtesse Trier regardait la scène avec un intérêt marqué tandis que l'Elysée souriait à chacun des cinq balcons, comme si elle était une chanteuse d'opéra se prélassant sous les applaudissements du public.

Les dames, qui bavardaient sur la famille Herhardt, s'arrêtèrent en voyant le sang-froid de l'Elysée. Elle reconnut poliment leurs sourires gênés et répondit avec une courtoisie formelle avant de continuer calmement à monter les escaliers.

« Il semble que le duc Matthias ne soit pas le seul à chérir sa femme comme un joyau »

Bientôt, les dames perdirent leur élan et cherchèrent une autre cible pour leurs commérages incessants.

Alors que la fortune de sa famille déclinait, chaque bijou précieux était mis aux enchères, dispersés à travers le continent. Odette se souvenait de sa tristesse lorsque sa mère vendait des morceaux précieux de sa couronne. Son chagrin s'était atténué avec le temps. Ce qui surprit Odette d'apprendre, c'était que Bastian avait récupéré et acheté presque tous les bijoux.

Il avait déclaré que c'était pour marquer la célébration de leur nouvelle adhésion au prestigieux opéra. Il avait également déclaré que si l'un des bijoux de la princesse Hélène devait refaire surface, il veillerait à les rapporter à Odette. Il était si décontracté à propos de toute cette affaire, comme s'il offrait simplement des fleurs ou des chocolats.

« Merci, Bastian » murmura Odette en enfilant le collier scintillant de sa mère.

Elle se souvenait encore du jour où sa mère avait été obligée de le vendre. Son père avait demandé de l'aide en larmes après avoir été impliqué dans une autre arnaque à l'investissement. Ils avaient emprunté de l'argent à des parents, mais ne pouvant pas le rembourser, ils avaient dû fuire vers Felia. Son père promit qu'il récupérerait tous les bijoux une fois qu'il aurait fait fortune, mais la fortune n'arriva jamais. Le diadème et les autres bijoux hérités ne retourna jamais auprès sa mère jusqu'à son décès.

Odette imaginait l'expression du visage de sa mère alors que son collier pendait désormais autour du cou de sa fille. C'était un autre cadeau de Bastian.

« Ce n'est qu’un simple cadeau, ne vous inquiétez pas » déclara Bastian avec un sourire.

« J’ai entendu dire que les loges sont des sanctuaires pour des histoires d’amour secrètes. « Veux-tu me rejoindre, princesse ? » plaisanta Bastian.

Odette cligna des yeux de surprise, puis rit. Ils avaient atteint le palier de l'escalier qui se sépara « Par ici, Bastian » dit-elle en le conduisant à leur loge.

Sur le balcon, ils pouvaient voir la foule rassemblée serpenter loin en contrebas tandis que les spectateurs cherchaient leurs places. Posée, Odette ne fit preuve que de calme.

Elle se dirigea vers l'escalier de gauche, gracieusement drapée dans sa cape d'opéra.

L'escalier central était un tourbillon de longues robes élaborées qui ressemblaient à des plumes de paon colorées. L’exposition pour ceux qui se trouvaient dans la boîte faisait autant partie de l’expérience que le spectacle lui-même. L'extravagance des robes portées par les dames était spécialement choisie pour cette exposition. C'était comme un défilé de mode et tous les créateurs bien connus de la ville étaient représentés d'une manière ou d'une autre dans ces escaliers. Odette l'apprit par Madame Sabine, qui venait de lui livrer la robe et le manteau d'opéra commandés par Bastian.

Madame Sabine se contenta de rire et dit à Odette de garder cela secret. Elle était amusée par le fait que Bastian ait programmé l'achèvement de la robe pour coïncider avec l'obtention de son adhésion à l'opéra, une décision qui allait sûrement émouvoir la haute société.

La surprise d'Odette fut rapidement remplacée par une surprise encore plus grande lorsque les assistants de Madame Sabine révélèrent une robe et un manteau époustouflants. La soie d'un bleu profond, ornée de riches décorations et de motifs de fils d'or, coulait gracieusement jusqu'au sol. Regarder des dames dans de telles tenues monter les escaliers du théâtre était vraiment admirable.

Avec grâce, Odette monta les escaliers et elle put sentir tous les regards de l'opéra sur elle alors qu'elle arborait la plus belle robe sur mesure de Madame Sabine. Parfois, elle se sentait vaciller sur ses chaussures à talons étroits, mais heureusement Bastian était là pour dissimuler sa maladresse.

Ayant atteint le haut des escaliers sans trop de mal, Odette sourit à Bastion, qui sourit en retour et ils se dirigèrent vers leur loge.

Ps de Ciriolla: ça me fait toujours sourire quand l'auteur, fusionne ses romans, comme si l'on ne faisait que suivre les histoires d'un meme monde et d'une meme époque, apres si vous avez pas tout lu... la référence tombe un peu à l'eau

Tome 2 - Bonus – Chapitre 224 – Une guerre élégante

La loge de Klauswitz était située à côté de la loge appartenant à l'Empereur et appartenait à l'origine à un comte, mais ils avaient perdu leur adhésion lorsque leur fortune déclina.

« Félicitations pour votre adhésion, Odette. Je suis tellement heureuse que nous puissions assister à des représentations ensemble dans ce théâtre » dit la princesse héritière en se penchant près d'Odette. Ils étaient venus à la loge Klauswitz pour rendre hommage à leur famille et assister ensemble au premier acte.

Par réflexe, Odette se redressa un peu plus et fit en retour les salutations polies appropriées. Odette salua également et sourit au prince héritier, qui ne dit rien. Odette s'était assez vite habituée aux normes de l'étiquette sociale de Berg, qui étaient un peu plus strictes que celles auxquelles elle était habituée à Felia, mais qui étaient globalement similaires, ce qui rendait l'apprentissage facile.

« Mon mari et moi cherchions à venir aujourd'hui, n'est-ce pas Bastian ? »

Odette tenta de combler le fossé entre Bastian et le prince héritier en leur faisant assister ensemble au premier acte de l'opéra, en tant qu'invités d'honneur.

Bastian avait échangé des hochements de tête et des salutations avec un sénateur dans une loge voisine. Il se tourna et sourit, se joignant naturellement à la conversation. Ils discutèrent par de simples bavardages, échangeant des détails sur les dernières tendances du monde de l'art, des nouvelles sur les proches de la famille royale et leurs attentes concernant le spectacle. Bastian poursuivit la conversation avec douceur, abordant même des sujets qui ne l'intéressaient pas. Ce fut un premier pas réussi et embarrassa Odette qui s'était inquiétée.

Odette regarda par-dessus le rebord de la boîte, vers la masse rassemblée, la joie dans les yeux. Le théâtre, avec ses tapisseries de velours violet et ses boiseries à la feuille d'or, était en soi une œuvre d'art. Le plafond circulaire était décoré de peintures murales complexes et d'un immense lustre en bronze suspendu au centre du dôme, c'était plus beau que ce qu'elle avait imaginé d'après les histoires de sa mère.

« Alors, que ressentez-vous d'être enfin membre de l'opéra ? » Alors que la représentation approchait, le prince héritier posa une dernière question pour mettre fin à leur conversation.

« Mon sentiment ? »

Bastian regarda autour de lui, admirant le décor et les accessoires. Devenir membre était uniquement pour le bonheur d'Odette et tant qu'elle était heureuse, Bastian était heureux. Sans son amour de la musique, Bastian n'aurait jamais ouvert son portefeuille pour un endroit aussi ennuyeux. Il n'avait pas plus de sentiments que ça, mais ce ne serait pas une réponse appropriée ici.

Bastian scruta la salle, cherchant une réponse. Un homme d'âge moyen, autrefois ami avec Jeff Klauswitz, assis au premier étage, montra leur loge avant de détourner rapidement le regard.

« C'est assez éblouissant » dit calmement Bastian en regardant la lumière du lustre qui brillait au-dessus du crâne chauve de l'homme. Odette soupira, son regard impatient se tournant vers la déception. Heureusement, le prince héritier n'avait pas saisi l'ambiguïté du ton de Bastian.

Les lumières commencèrent à baisser et Odette fut sûre d'avoir vu un sourire effronté apparaître sur les lèvres de Bastian. Juste au moment où elle était sur le point de gronder Bastian pour s'être moqué du prince héritier, le théâtre devint complètement sombre et l'orchestre se réveilla.

Bastian rit et prit la main d'Odette en remarquant le regard réprimande sur son visage avant de se plonger dans l'obscurité. Elle ne refusa pas, car le public les regardait toujours même si le rideau de l'opéra se levait. Toute querelle publique serait dangereuse. Mieux valait être critiqué pour avoir montré trop d'affection.

Odette se redressa et tourna son regard vers la scène. Un homme aux tenues criardes entra en valsant sur scène et Bastian se pencha vers Odette, qui la regardait toujours avec des couteaux à la place des yeux, pour lui raconter une blague. Sa tête illuminée par l'éclairage de la scène. Son expression sévère se brisa et elle éclata de rire, étouffé par sa main.

Bastian l'observa tranquillement alors que son expression se réchauffait. Il lui prit la main dans la sienne et la serra affectueusement. Une nouvelle crise évitée, mais heureusement, Odette sut bien la gérer.

La représentation sur scène avait commencé. Odette sourit et se concentra sur l'opéra.

****************************

En substance, naviguer dans le monde social n’était pas très différent de celui sur un champ de bataille. Cela nécessitait une planification méticuleuse, des repérages et des bousculades pour obtenir un avantage. Des sourires peu sincères et une rhétorique éblouissante étaient les armes. C’était une guerre élégante où les seules victimes étaient les egos et le statut social.

Bastian prit une profonde inspiration alors que le deuxième acte touchait à sa fin et que le prince héritier s'excusa ainsi que sa femme. Il fut momentanément découragé lorsqu'il pensa qu'il restait encore trois actes à tenir.

« Qui sera en visite dans le prochain acte ? » Bastian demanda. Il croisa les jambes tout en tournant la tête vers la balustrade du balcon. Odette était toujours assise, regardant la scène fermée.

« Personne n’a demandé à venir nous rendre visite. On dirait qu'il va falloir que nous jouions seuls les derniers actes » dit Odette après avoir inspecté les environs. Elle portait des airs de noble femme comme une armure, mais il y avait déjà un léger signe de fatigue qui lui opprimait les yeux. Après une nuit de violentes batailles sociales, il était naturel de se fatiguer, mais elle espèra qu'elle trouvera son second souffle.

Les deux hommes quittèrent la loge et suivirent le prince héritier jusqu'à la petite salle de banquet où ils passaient chaque entracte, pour choisir leurs partenaires, faire du contre-espionnage et apprendre de nouvelles rumeurs.

Odette naviguait dans la salle comme un poisson dans l'océan, planant de partout, sachant exactement à qui parler et quoi dire. Elle fluidifia des conversations pour Bastian avec les membres de la famille royale et les nobles présentés par le couple du prince héritier. Elle savait également utiliser ses liens avec l’Institut des Femmes de la Marine et l’Académie Royale de Musique.

Lors du deuxième acte, Bastian se rendit vite compte qu'il n'y aurait pas de paix pour lui, car de nombreux visiteurs venaient rendre hommage à la trop sociable Odette. Il y avait les matriarches de la famille royale, dirigées par la comtesse Trèves. Quelques-uns des artisans les plus influents de la Bergs Art Academy et plusieurs hauts chefs d’état-major de la Marine s’étaient tous déclarés amis avec Odette.

Bastian était reconnaissant qu'Odette ait amené ce dernier car cela lui fournissait des personnes avec qui il savait parler. Ce fut à ce moment-là qu’il découvrit pourquoi les généraux cherchant à gravir les échelons craignaient tous l’Institut des Femmes de la Marine. Son influence était plus grande que celle de n'importe quel maréchal ou commandant.

« Comment peut-on impressionner l’épouse du chef d’état-major ? » Bastian rit en regardant un couple regagner leur place.

« C'est grâce au club des épouses. Nous avons construit de nombreuses amitiés » Odette n'avait même pas sourcillé.

« Ah, l'amitié. Je vois » Tout ce que Bastian pouvait faire, c'était féliciter Odette pour son génie tactique savamment exploité.

L'acte final était très différent des autres actes. Les gens restaient dans leurs loges et seuls quelques-uns d’entre eux étaient recouverts de rideaux. Il semblerait que le champ de bataille soit devenu silencieux.

« Il semble que nous soyons parvenus à une trêve maintenant » Bastian quitta son siège et se dirigea vers la section privée de la loge. Derrière la zone d'observation se trouvait un espace privé de toilettage et de repos, où tout le monde pouvait se faufiler pour une pause.

« Allons-y » Bastian prit la main d'Odette et la conduisit vers le fond des sièges. Il ferma les rideaux marron pour plus d'intimité et l'assit sur une longue chaise près d'un cintre.

Puis il verrouilla la porte, les enfermant dans leur espace confortable.

Odette était visiblement détendue sur son siège, sa posture droite fondant et son faux sourire devenant son doux sourire habituel, mais elle veillait toujours à arranger l'ourlet de sa robe pour laisser de la place à Bastian pour s'asseoir.

« Installe-toi confortablement, Odette » dit Bastian en s'approchant du miroir accroché au mur du fond. Enlevant soigneusement ses gants, Odette l'observait depuis sa position inclinée sur l'accoudoir. Il attrapa le champagne et les flûtes sur une petite table d'appoint.

« Mouille simplement tes lèvres »

« On dirait que je suis la seule à être fatiguée » dit Odette en réprimant un bâillement avant de prendre la flûte que lui tendait Bastian. Elle avait plus que tout besoin d'eau, mais une gorgée d'alcool suffirait à réveiller ses sens émoussés.

« Viens ici et aide-moi » dit Odette en tapotant le siège à côté d'elle.

Comprenant ce qu'elle voulait, Bastian ôta ses gants et s'assit à côté de sa femme puis saisit la peau douce de sa nuque pour commencer à lui masser le cou.

« Ah… » Odette laissa échapper un léger gémissement. Le corps du féroce commandant d’une guerre élégante était raide et tendu.

« Vous n'êtes pas obligée d'en faire trop » dit Bastian dans un murmure. Sa voix et son toucher étaient aussi doux que la douce lumière de l'applique murale, soulageant ses muscles tendus.

« C'est mon choix, s'il te plaît, respecte-le » sourit Odette, se perdant dans la sensation de ses doigts pressés contre ses épaules et évacuant la tension. Faire affaire avec des personnalités élevées de la société était épuisant, mais aussi enrichissant et agréable.

« La lutte pour le pouvoir dans la marine relève-t-elle également des devoirs d'une princesse ? » Bastian rit et posa ses mains sur son dos douloureux.

« C'est à moi de commenter les affaires de ma famille », dit simplement Odette en fermant les yeux.

« Le jeu politique ne m'intéresse pas tellement, Odette »

« Je le veux, Bastian » Odette se tourna vers lui et leurs regards se croisèrent dans la pénombre qui éclairait l'obscurité « Quand j'ai travaillé pour que tu réintègres la famille royale, ce n'était pas pour qu'ils puissent à nouveau t'exploiter »

« Et s'ils le font ? Je veux que tu réussisses et que tu atteignes le sommet. Bastian Klauswitz est une personne qui mérite cet honneur »

« Eh bien, Odette, étant la nièce de l'empereur, ce serait problématique de devenir une traîtresse, n'est-ce pas ? »

« C'est pourquoi je t'ai installé pour un siège au ministère de la Marine. Ne vous inquiétez pas pour ça » dit Odette. Elle révéla ses grandes ambitions avec un sourire effronté.

Bastian rit et massa un point particulièrement sensible de la taille de la femme ambitieuse et la fit se tortiller dans ses mains. C'était comme s'ils étaient les deux seuls au monde, protégés par les rideaux, ce qui dévoilait clairement pourquoi l'opéra était devenu connu comme un refuge pour les amoureux secrets.

« Ça suffit maintenant Bastian, merci. Je me sens beaucoup mieux », Odette comprenant que le dernier acte allait bientôt commencer.

Elle le repoussa mais Bastian ne lâcha pas. Ses grandes mains fermes s'étendirent autour de sa taille et l'enroulèrent autour de son corps. Les yeux d'Odette se plissèrent.

Même si de tels actes ludiques étaient courants, elle ne trouvait pas approprié de s'amuser. De plus, c'était aujourd'hui leur premier jour en tant que membre de l'opéra.

« Bastian, le spectacle est sur le point de commencer… »

Quand Odette essaya de dire, leurs lèvres se rencontrèrent et une bouffée de chaleur parcourut son corps. Elle pouvait entendre l'orchestre commencer à s'éveiller alors qu'elle se sentait elle-même s'éveiller en même temps.

Les rideaux restèrent fermés jusqu'aux derniers instants de la première scène du troisième acte.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 225 – Vents de juin

« Je crois que les félicitations sont de mise, n'est-ce pas Amiral Klauswitz ? Ce week-end, cela fait un an depuis votre remariage avec Lady Odette, n'est-ce pas ? Votre premier mariage a eu lieu en juin, si je ne me trompe pas ? » demanda l'amiral Demel avec un rire chaleureux en entrant à l'improviste dans le bureau de Bastian.

Bastian se leva de la chaise derrière son bureau et serra la main des autres amiraux. «

Oui, le premier mariage, c'était en juin »

« Oups, j'ai fait une erreur, mais comme c'est la même partenaire, commémorons les deux anniversaires en juin et juillet. N'est-ce pas génial d'avoir autant de journées spéciales ? » Demel se dirigea vers le petit canapé sur le côté du bureau et sortit quelques cigares de sa veste.

« Je m’en passe, merci » Bastian déclina poliment lorsque Demel lui en proposa une.

« C'est à vous que je dois la fourniture de cigares de qualité supérieure, même si vous ne les fumez pas vous-même. Je vais pouvoir en profiter maintenant grâce à vous. S'il vous plaît, transmettez ma gratitude à la princesse » Demel alluma ses cigares et rapidement, les bureaux s'emplirent de fines volutes de fumée qui flottaient dans l'air et emportées par la brise de juin passant par la fenêtre.

Après quelques bavardages, Demel tourna la conversation vers les affaires du personnel des opérations. Ils parlèrent d'un entraînement commun avec la marine Belov jusqu'à ce que son cigare soit terminé.

« Honnêtement, moi et le reste des gars craignions que vous quittiez la marine pour de bon. » Demel s'interrompit et Bastian se concentra de nouveau sur lui, toujours en train d'organiser les documents. « Nous pensions tous que vous ne voudriez plus jamais revoir la mer après ce qui s'est passé » Un sourire amer traversa les lèvres de Demel alors qu'il se remémorait ces moments cauchemardesques. « J'étais prêt à célébrer votre retraite et à me débarrasser de tous ceux qui tenteraient de vous retenir. Vous ne me croirez peut-être pas maintenant, mais je le pensais vraiment »

« Non, je comprends vos sentiments, amiral » Bastian ajusta sa posture en souriant calmement.

Il y avait eu de nombreuses demandes et interrogations concernant le retour de Bastian au ministère de la Marine, mais Demel avait refusé d'y répondre, par respect pour Bastian. Il se contentait de poser des questions sur la santé de Bastian et engageait qu’une conversation légère.

« Je sais que vous avez respecté mon désir de garder mes distances » répondit Bastian. «

J'apprécie profondément votre discrétion »

Demel sourit largement et souffla un nouveau nuage de fumée blanche et propre, la lumière du soleil filtrant à travers les branches d'un arbre éclairait son visage maladroitement souriant.

« Ce n’était vraiment rien. Je pense que c’est moi qui ai le plus sauté de joie lorsque nous avons tous entendu parler de votre retour » rit Démel

Demel était devenu de plus en plus sentimental ces derniers temps. Il pensait que sa femme avait peut-être raison, qu'il était temps de se retirer pour travailler dans un bureau, un peu comme Bastian, mais chaque fois qu'il pensait à poser ses armes à feu et à prendre une canne à pêche ou un club de golf, il ressentait un désir irrésistible de le faire, de continuer un peu plus de service actif.

« C'est bon de travailler à nouveau avec vous et s'il vous plaît, transmettez mes remerciements à la princesse de vous avoir laissé revenir. Non, attendez, je la reverrai bien assez tôt, je lui dirai moi-même »

L'amitié entre leurs deux épouses était plus profonde que leur propre amitié, c'était agréable d'avoir quelqu'un d'autre avec qui socialiser et dîner, mais Demel trouvait ennuyeux d'être constamment comparé au célèbre Bastian Klauswitz. L’idée de ne fumer que trois cigarettes par jour lui hérissait les poils

« En parlant de ça, comment va Odette ces jours-ci ? » L'amiral Demel, se dirigeant vers la porte, s'arrêta brusquement « Il n'y a rien de mal, j'espère »

« Que voulez-vous dire ? » Bastian, qui le suivait tranquillement, s'arrêta également.

« Ma femme a vu Odette à la clinique du docteur Kramer. D'autres membres de l’Association des Femmes de la Marine l'y ont également souvent vue. J’espère que ce n’est rien de grave »

« Alors, est-ce qu'Odette rend visite au Dr Kramer pour se faire soigner ? » Bastian avait l'air confus car c'était la première fois qu'il l'entendait, Demel remarqua son léger changement d'expression.

« Je ne suis pas sûr de la situation ; personne ne veut indiscret, alors ils restent silencieux. Je suis désolé, j'ai parlé pour ne rien dire. J'ai juste supposé que vous seriez au courant de la situation. » Demel jeta un coup d'œil à Bastian, se sentant mal. Le regard immobile et profond de Bastian montrait qu'il n'en était pas au courant. « Ce ne doit être rien, sinon elle vous l'aurait dit. Oublions juste ce que j'ai dit. De toute façon, je dois partir, défiler dans quinze heures. Vous vous considérez chanceux d'être un officier de bureau, mon brave homme »

Sur ce, ils se saluèrent formellement et Demel quitta le bureau. Bastian se rassit et fit pivoter la chaise jusqu'à ce qu'il regarde par la fenêtre. Bastian se retourna et saisit le téléphone. Il était en train de composer le numéro d'Odette lorsqu'il raccrocha lentement le combiné.

Il savait que la femme de Demel n'était pas du genre à fabriquer des rumeurs et qu'Odette ne lui cacherait sûrement pas ses problèmes de santé.

Odette s'était rendue secrètement à l'hôpital. Quoi qu'il en soit, elle devait avoir de bonnes raisons de le lui cacher. Il choisit de se concentrer sur son travail de la journée au lieu de spéculer à ce sujet.

Debout près de la fenêtre donnant sur le jardin d'eau, Bastian fumait sa première cigarette de la journée et se rendit ensuite à la réunion présidée par le directeur de cabinet adjoint. Après cela, il eut une réunion avec le conseil d’administration de l’entreprise, mais il lui restait un peu de temps avant la nomination.

Bastian décida de ce qu'il allait faire.

La voiture de couleur crème quitta le bâtiment naval et s'éloigna du quartier financier de la ville.

*********************************

Les rayons du soleil du petit matin traversaient la chambre, obligeant Odette à se lever du lit. Avec un effort langoureux, elle écarta les rideaux de dentelle autour du lit et laissa échapper un grand bâillement.

« On dirait que ce sera une belle journée » dit-elle en s'étirant comme un chat.

Bastian se retourna pour lui faire face et s'appuya sur une pile d'oreillers. Il la regarda alors qu'elle se dirigeait d'un pas endormi vers la vanité. Il pouvait voir les courbes amples de son corps se profilant dans sa nuisette. Bien qu’encore mince, elle était devenue nettement plus robuste ces derniers temps, signe certain que sa forme physique s’améliorait

Odette regarda son reflet dans le miroir de la vanité et après avoir un peu ajusté ses cheveux, se dirigea vers le balcon pour profiter de l'air frais du matin. La douce brise qui soufflait en ouvrant les portes apportait le doux parfum du soleil et de la mer.

Après avoir admiré la transformation de sa femme, Bastian sortit du lit et attacha son peignoir ample, et presque comme s'il attendait ce moment précis, un bruit de grattement vint de la porte de la chambre, suivi de quelques gémissements sourds. Avec un soupir, Bastian ouvrit la porte et laissa entrer les chiens.

Après un bref reniflement des talons et de la paume ouverte de Bastian, ils firent le tour de la pièce et se précipitèrent vers le balcon. Odette accueillit Margrethe avec un sourire éclatant tandis qu'elles se joignaient à elle pour profiter de la brise.

Bastian rigola en suivant les chiens sur le balcon. Odette les serra et les embrassa avec amour, brossant de la main leur fourrure froissée en cours de route.

Bastian regardait depuis la balustrade chauffée au soleil tandis qu'Odette prêtait attention aux chiens, puis ils se tournaient vers lui, implorant de l'affection.

Bastian s'accroupit avec un sourire pour caresser les têtes poilues de ses chiens bien-aimés. Les chiots contents gambadaient sur le sol en marbre lisse, savourant les heures paresseuses du matin. Après avoir réprimandé Adélaïde de manière ludique pour son comportement espiègle, Odette se tenait à ses côtés pour admirer la beauté du matin d'été et la chaleur grandissante du soleil sur la mer.

« Voudrais-tu me rejoindre pour faire de l'équitation plus tard ? » demanda Odette en brossant les cheveux ébouriffés par le vent de Bastian « C'est une journée spéciale et je veux la passer avec toi »

Bastian savait qu'Odette faisait en sorte qu'il ne puisse pas refuser « Comme tu veux, ma princesse » acquiesça facilement Bastian.

Depuis qu'elle avait été acceptée à l’Académie Royale de Musique au printemps dernier, Odette s'était engagée à faire régulièrement de l'exercice. Elle comprit qu'en tant que musicienne, elle avait besoin d'une grande endurance pour suivre les jeunes étudiants masculins pendant les séances de pratique. C’était une approche logique pour poursuivre la carrière de ses rêves.

Il avait contacté le chorégraphe de l'Opéra Ratz pour qu'il fasse une séance de remise en forme pour Odette. Malgré sa réputation d'ancienne danseuse célèbre redoutable et stricte, cette femme d'âge moyen semblait entretenir d'excellentes relations avec Odette.

Tout cela grâce au nouveau programme d'entraînement d'Odette, elle se découvrit un nouveau penchant pour les activités de plein air actives. Normalement, elle allait faire de l'équitation tôt le matin, tandis que Bastain allait courir, puis plus tard, jouer au tennis. Elle s'était améliorée si rapidement qu'elle pouvait désormais jouer en double avec Bastian et devenir un partenaire tout à fait redoutable. Le week-end dernier, ils avaient joué contre le prince héritier et la princesse. Même si elle n'était pas aussi douée que la princesse héritière, Odette s'était quand même bien battue, laissant entrevoir un potentiel match de revanche la saison prochaine.

Bastian pensait aux deux dernières saisons avec Odette, lorsqu'elle était brillante et énergique. Heureusement, Odette retourna dans la chambre, ignorant son soupir. Il avait rencontré le Dr Kramer ce soir-là, après avoir entendu de manière inattendue l'histoire de l'amiral Demel plus tôt dans la journée.

Perdu dans ses pensées, Bastian regardait sa femme préparer le petit-déjeuner. Odette appela une femme de chambre pour lui préparer deux thés. Ils prenaient un petit-déjeuner simple dans la chambre et discutaient de leur tenue vestimentaire pour la journée.

Odette ne semblait pas différente des autres fois, ne laissant pas échapper une seule fois qu'elle avait vu le médecin. Elle était une hôtesse gentille et généreuse, une épouse aimante et une princesse dans son attitude

Bastian avait pu apprendre qu'Odette avait commencé à se rendre à l'hôpital depuis le début du printemps dernier, pour demander conseil sur la possibilité d'avoir un autre

enfant. Le Dr Kramer ne pouvait pas en dire davantage, car il avait déjà tracé une ligne claire. Odette avait son propre gynécologue, et il ne voulait pas non plus partager de détails, rappelant le secret médecin/patient.

« Bastian ! » cria Odette, ramenant Bastian à la réalité. La femme de chambre avait déjà dressé la table du petit-déjeuner près de la fenêtre.

« Je vais juste devoir faire comme si je ne savais rien »

Bastian avait fait une promesse au médecin avant de se séparer. Il avait toujours l’intention de tenir cette promesse.

Assis à table près de la fenêtre, Bastian enfila un masque d'ignorance. Il savait qu'il devait être un mari heureux en ce moment.

Et pour l’instant, c’était suffisant.

Ps de Ciriolla: Odette ferait des cachoteries ???

Tome 2 - Bonus – Chapitre 226 – Voyage

au paradis

Deux chevaux galopaient puissamment à travers le champ, leurs sabots soulevant des mottes de terre et d'herbe. L’un était une jument blanche et l’autre un étalon brun foncé.

Ils coururent le long du chemin bordant la forêt et la mer.

Les domestiques regardaient depuis le balcon, applaudissant les chevaux de course.

Certains acclamèrent Bastian sur l'étalon, tandis que d'autres encouragèrent Odette sur la jument. Le cheval d'Odette était en tête tandis que celui de Bastian maintenait une distance constante derrière.

« Ne pensez-vous pas qu'il ressemble à un noble chevalier escortant une brillante reine

? » cria une jeune servante avec enthousiasme. Même Dora ne pouvait s'empêcher de rire.

Les jeunes filles idolâtraient leurs maîtres comme des chanteurs d'opéra ou des acteurs.

Leur fascination était si grande qu’ils écrivirent même de petits romans de fiction tirés de leur imagination. Parfois, ils s'imaginaient comme la reine, alors qu'il était leur brillant chevalier. D’autres fois, c’était une sirène et il était leur héros. Dora avait confisqué un grand nombre d'histoires de ce genre. Au moins, c'était mieux que de le détester.

« Très bien » dit Dora alors que les chevaux contournaient un bosquet d'arbres et étaient hors de vue. « Retour au travail, maintenant » Dora frappa dans ses mains pour confirmer l'ordre.

Dora arrêta l'une des servantes. « Avez-vous reporté le rendez-vous de M. Fisher ? »

« M. Fisher ? » répéta distraitement la jeune servante.

éOui, le cordonnier, pour les chaussures de la maîtresse »

« Oh, oui, madame. J’ai demandé à l’un des valets de pied qui se rendaient en ville aujourd’hui de prendre les dispositions nécessaires »

« Je suis surpris que la maîtresse ait même besoin d'un cordonnier, avec la façon dont le maître la transporte partout » intervint l'une des autres servantes principales.

Dora ne put s'empêcher de ricaner, même si elle savait qu'elle devrait réprimander la servante pour son comportement impertinent.

Dora s'éclaircit la gorge. « Si vous ne finissez pas de nettoyer la terrasse avant le retour du couple, vous frotterez les marmites en cuivre en guise de punition » déclara-t-elle, incitant les autres servantes à la prendre au sérieux.

« L'entretien du yacht est terminé » dit Lovis en sortant sur la terrasse avant que Dora puisse partir. « Il ne reste plus qu'à préparer le pique-nique. »

Dora déléguait aux femmes de chambre flânant sur la terrasse et vaquait à ses occupations quotidiennes, nettoyant le yacht, transportant la nourriture et la vaisselle et préparant la tenue de sortie de la maîtresse et du maître. Maintenant que tout le monde était mis à l’œuvre, la tranquillité revenait dans le manoir.

« Les enfants ont le don de raconter des histoires plus grandes qu’eux. Ils devraient vraiment faire preuve de plus de légèreté, » remarqua Lovis, ses yeux s'attardant pensivement sur Dora.

« Et à quoi sert notre discrétion, d’ailleurs ? C'est comme si cela n'avait pas d'importance ; c’est le couple lui-même qui alimente chaque jour le moulin à rumeurs avec du fourrage frais » répliqua Dora

Se trouvant à court de mots, Lovis laissa échapper un léger rire et détourna le regard. À

ce moment-là, le bruit rythmé des sabots sur la terre molle annonçait le retour du maître et de la maîtresse, leurs chevaux soulevant des jets de sable alors qu'ils revenaient de leur balade sur la plage.

« C'est réconfortant de les voir si heureux en compagnie l'un de l'autre » réfléchit Dora à voix haute, ses yeux suivant le couple avec une pointe d'admiration. « En effet, les bavardages autour d’eux pourraient provenir davantage de l’affection que de la méchanceté. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure » se rassura-t-elle.

« C'est réconfortant à entendre. Il ne faut cependant pas oublier avec quelle facilité la chaleur peut se transformer en froid. La frontière entre camaraderie et conflit est souvent plus fine qu’on ne le pense »

« Absolument » approuva Dora en lissant son tablier. À présent, les chevaux s’étaient arrêtés tranquillement au fond du jardin. Bastian descendit de sa monture puis aida Odette à descendre, la rattrapant doucement. Leurs rires et leur aisance l’un avec l’autre formaient une belle image, qui pourrait facilement susciter des blagues légères sur Odette qui n'avait même pas besoin de chaussures en raison de la manipulation prudente de Bastian.

« Si seulement elle pouvait avoir un enfant » pensa Dora à voix haute en regardant la mer. « Est-ce que ce serait merveilleux ? »

« Faites attention à vos paroles » intervint le majordome.

« Je sais, je ne dirais jamais de telles choses avec la maîtresse dans les parages »

« Il serait plus sûr de mettre un terme à ces pensées vaines dès le départ. Madame est parfaitement heureuse comme elle l'est maintenant » prévint Lovis.

Dora ne pouvait que deviner ce qu'Odette traversait, avec les visites constantes à l'hôpital et la boucle sans fin d'espoir et de déception chaque mois. La vraie raison derrière son nouveau dévouement à la forme physique et à une alimentation saine.

Dora avait beaucoup de choses en tête, mais elle restait silencieuse. Elle et Odette partageaient un secret que personne d'autre ne connaissait.

« N'est-ce pas, Dora ?» demanda Lovis, cherchant son accord.

Dora se contenta de faire un petit signe de tête sans grand chose et alla préparer l'eau et les serviettes pour Bastian et Odette. Alors qu'elle s'approchait, Lovis continuait de parler, essayant de la convaincre avec ses raisons, mais Dora ne pensait pas qu'elles valaient la peine d'y répondre. Elle ne pouvait s'empêcher de penser : les hommes croient toujours qu'ils ont toutes les réponses . Les hommes pensent toujours qu’ils savent mieux.

*******************************

Le K brillait sur le côté du bateau, la lumière du soleil qui s'y reflétait l'aveuglait. Odette sourit doucement en regardant le yacht qui était prêt à naviguer. Le bas de sa robe, qui avait un col marin, ondulait doucement dans la douce brise marine.

La comtesse Trier avait exhorté Odette à créer ses propres armoiries, pour remplacer la vulgaire initiale « K » en or. La comtesse devenait très insistante. Faisant désormais partie de la famille royale, la comtesse pensait qu'il était important d'avoir des armoiries qui témoignent de son statut élevé. Odette, cependant, avait un avis différent sur la question.

Elle savait qu'il y avait certains aspects chez Bastian qui mettaient l'aristocratie sociale mal à l'aise, mais elle estimait qu'il n'était pas nécessaire de se plier à ces gens. Odette aimait le symbole de leur maison, c'était un emblème qu'ils utilisaient depuis si longtemps et elle en appréciait la simplicité.

« Odette » appela Bastian après avoir terminé son inspection du yacht. Ses cheveux platine en désordre scintillaient dans la lumière, tout comme l'emblème brillant du yacht . « Allons-nous mettre les voiles ? »

Bastian monta sur la planche du passage et tendit la main à Odette. Vêtu d'une chemise, sans cravate et avec des bretelles, il ressemblait beaucoup à un marin insouciant.

Odette replia son parasol et accepta l'aide qui lui était proposée. Elle avait peur des bateaux, surtout des plus petits, mais faisait de son mieux pour cacher son inconfort. La perspective de voir la grande roue de près, depuis la mer, était une opportunité qu'elle ne voulait pas manquer.

Elle priait silencieusement tous les dieux de la mer qui pourraient l'écouter pour la protéger du mal de mer. Ils furent les deux seuls restés à bord une fois que les domestiques eurent fini de charger tous les bagages qu'ils emportaient avec eux. Même si un coin douillet avait été aménagé sur le pont arrière, Odette entra d'abord dans la cabine.

« Passez un agréable moment » héla Lovis depuis le quai, tandis que Bastian prenait la barre et se préparait à appareiller.

Bastian répondit par un signe de tête poli et fit tourner la roue pour diriger le yacht vers la sortie du port, vers la grande roue. Le yacht de la famille Klauswitz capta rapidement la brise de juin et se dirigea vers le large

« Notre maître ressemble plus à un héros d'aventure en mer qu'à un chevalier »

murmura l'une des jeunes servantes derrière tout le monde. Dora la regardait d'un œil perçant.

« Un chevalier de la reine ? C'est démodé » dit une autre servante en regardant une plus jeune qui avait été ravie plus tôt sur la terrasse.

Dora ne put s'empêcher de renifler à cette pensée. On aurait dit qu'elle savait qui avait inventé cette histoire de « sirène et héros » mais elle n'était pas d'humeur à lui faire des reproches. Qu’importait s’il s’agissait d’une reine ou d’une sirène ? Chevalier ou héros, peu importe pour elle. Tout ce que Dora voulait vraiment, c'était que cette sortie en mer remonte le moral de sa maîtresse.

Gardant cet espoir, elle se retourna et retourna au manoir.

**************************

« Vous avez très bien réussi sur un navire de guerre » dit Bastian. L'excitation de voir la grande roue fut de courte durée et remplacée par une nervosité évidente qu'elle ne pouvait cacher. « Les navires de guerre sont grands » répondit-elle docilement « La plupart du temps, vous n'avez même pas l'impression d'être sur l'eau »

« Si vous avez peur, nous pouvons rentrer. Vous avez déjà vu la grande roue de près »

dit Bastian en dirigeant avec désinvolture. Mais Odette, d'un air déterminé, secoua la tête

« Non, je veux continuer »

« Odette »

« C'est bon, je m'y habitue » Odette se tenait droite et regardait Bastian avec sévérité.

Même si son teint était jaune et ses jointures blanches à force de s'agripper à la balustrade.

Bastian respecta sa volonté et poursuivit la croisière, tournant la barre pour diriger le yacht vers une zone qu'il souhaitait vraiment montrer à Odette. Il était sûr que la vue lui ferait oublier son mal de mer. On ne pouvait pas y accéder par voie terrestre, il y avait des falaises abruptes et une petite plage de sable accessible uniquement par la mer, c'était comme un paradis coupé du monde. La plupart des marins de la région ne connaissaient même pas cet endroit.

Odette endura le court voyage, mais avait l'air d'être sur le point de vomir lorsqu'une vague frappa le côté du bateau et fit osciller le yacht dans un mouvement exagéré.

« Nous sommes là. Au paradis, ma princesse. Préparez-vous à débarquer » Bastian lâcha l'ancre.

« Mais… ce n'est que la mer » dit faiblement Odette, son visage prenant une teinte verte plus foncée. Elle regarda autour d'elle avec confusion.

La plage n'était pas loin, mais ils allaient devoir patauger dans l'eau. Bastian tendit à nouveau la main à Odette.

« Je sais, malheureusement, il n'y a pas de quai »

« Que veux-tu dire ? »

« Je veux dire, c'est aussi loin que le yacht peut aller »

« Bastian », dit Odette, incapable de cacher son choc.

Bastian fit juste un sourire effronté alors qu'il enlevait sa chemise et son pantalon. « Ne vous inquiétez pas, l'eau n'est pas très profonde, mais à moins que vous n'ayez emporté des vêtements de rechange, je vous suggère d'enlever les vôtres »

Odette réalisa qu'il était sérieux, soupira, se sentant un peu vaincue, et commença à enlever son chapeau, ses gants, ses chaussures et sa robe « Mais je garde mes sous-vêtements » déclara fermement Odette, s'accrochant à sa dignité.

Bastian fourra ses vêtements dans un sac étanche et le jeta. Après que le sac ait atterri sur la plage, Odette ressentit un sentiment de regret. Mais avant qu'elle ne s'en rende compte, elle était déjà au bord du pont du yacht. Soudain, un grand cri suivi d’un rire joyeux emplit l’air.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 227 – Galet de verre

Odette trouva son maillot de bain dans la deuxième malle. Ce maillot de bain qu'elle avait préparé pour les soirées estivales était soigneusement rangé parmi les couvertures et les serviettes. Elle fut surprise de constater qu'elle l'avait négligé.

Saisissant l'instant, Odette attrapa le maillot de bain que Dora avait emballé et trouva un endroit isolé pour se changer. Lorsque Bastian revint de son deuxième aller-retour du yacht, pour transporter les affaires du pique-nique, il rit en voyant Odette se cacher derrière un rocher, un maillot de bain à la main.

Elle ne comprenait pas pourquoi Bastian l'entraînerait jusqu'à cette petite île, avec sa plage miniature, alors qu'ils auraient pu simplement pique-niquer sur la plage à l'extérieur du manoir, mais elle décida de tirer le meilleur parti de la situation.

Désormais en maillot de bain et se sentant un peu plus à l'aise, Odette revint à la plage et commença à aménager l'aire de pique-nique. Elle étendit la couverture et enfonça le parasol. Elle s'assit en dessous et regarda Bastian retourner au yacht pour aller chercher la nourriture.

L'eau devenait moins profonde à mesure qu'il se rapprochait du rivage. Sous l'ombre protectrice d'un parasol, les joues d'Odette rougirent en le regardant sortir de l'océan.

Le soleil d'été de midi scintillait sur sa peau humide. Bien qu'il soit à moitié nu, Bastian marchait sur la plage comme s'il se trouvait dans l'intimité de sa propre chambre. Il marcha à grands pas et plaça la glacière dans le sable à côté d'elle.

Dans un grand panier en osier, il y avait une variété de plats préparés par le chef. Odette disposa le déjeuner sur une nappe en dentelle, le transformant en un présentoir raffiné orné de paniers de fruits vibrants et de jolis sirops. Pour éviter la gêne, elle se concentra sur la disposition des objets pendant que Bastian se séchait.

Satisfaite de son arrangement de nourriture colorée et merveilleusement odorante, elle ouvrit la dernière malle pour trouver un assortiment d'articles essentiels de toilette pour femmes. Elle était reconnaissante pour la minutie de Dora.

« Tu dois avoir faim, mangeons » dit Odette en se forçant à lever le regard au-dessus des pectoraux fermes de Bastian.

Contrairement à ce qu'elle pensait qu'il aurait enfilé une chemise, Bastian apparaissait le même, toujours torse nu, quoique un peu plus sec.

« Avez-vous l'intention de t’habiller ? » demanda Odette en allant fouiller les bagages à la recherche de sa tenue de bain. La panique la frappa lorsqu'elle réalisa qu'il n'y avait pas de maillot de bain pour Bastian « Oh non, je pense que les servantes ont oublié ton…

» Odette fit une pause, réalisant que peut-être les servantes n'avaient pas oublié du tout.

Bastian ne fit pas grand-chose pour cacher son sourire alors qu'il ramassait une pomme sans répondre. Son attitude calme en mangeant la pomme suggérait que ce n'était peut-être pas l'erreur de la servante après tout.

« Tu ne seras pas toujours comme ça, n'est-ce pas ? » Odette soupira, lui lançant un regard incrédule en comprenant la situation.

« Croyez ce que tu veux » répondit nonchalamment Bastian, prenant une autre grosse bouchée de pomme verte. Odette comprit enfin son attachement a venir dans cet endroit.

« Bastian ! Et si quelqu'un nous voit ? »

« Tout ce que je vois, c'est le ciel et la mer. Oh, et quelques mouettes, mais je ne pense pas que cela les dérange » Bastian agissait comme il le voulait, le sarcasme dans sa voix était clair à la vue de tous. « Viens, tu dois être sexy dans ce truc à froufrous, mais n'hésite pas à l'enlever »

Bastian tourna lentement la tête pour regarder sa robe de plage à froufrous, inconscient de la dernière mode, une lueur espiègle dans les yeux. Odette réprimanda moqueusement Bastian avec un regard qui suggérait qu'elle n'était pas du tout amusée par ses pitreries de garçon.

Alors qu'ils partageaient des regards perplexes, l'éclat du soleil devenait plus fort. «

Respectons-nous les uns les autres » dit Odette en ramassant un vol-au-vent fourré au thon. Avec des falaises abruptes derrière eux et le vaste océan devant eux, leur intimité n'était menacée que par des mouettes occasionnelles, alors elle accepta de concéder quelque peu « Mais au moins, respectons une certaine étiquette pour manger, d'accord »

Odette s'arrêta dans ses tâches et poussa un léger soupir. Bastian, quant à lui, essuyait ses mains tachées de jus avec une serviette, conscient des normes d'élégance de sa femme. Les Klauswitz, malgré leurs styles contrastés, commencèrent à savourer leur déjeuner au bord de la plage chacun à leur manière.

********************************

Des coquillages colorés scintillaient comme des joyaux dans le sable. Odette les regardait avec ravissement et rassemblait tous ceux qui lui plaisaient le plus en se promenant sur la plage.

« Bastian, regarde celui-ci » cria Odette avec enthousiasme. Elle brandit une coquille rose brillante.

Bastian était en pleine mer, nageant avec élégance autour du yacht. Changeant d'avis quant à l'appeller, elle décida de lui montrer à son retour à la plage. Elle plaça ses découvertes colorées sur un rocher plat près de l'endroit où ils avaient pique-niqué.

Bastian finit de flotter à la surface de l'eau et se releva, l'eau lui clapotait autour de la taille et le soleil brillait sur son torse mouillé. Odette sentit soudain un éclair de chaleur monter en elle le regardant scintiller comme une partie de la mer.

Lorsque Bastian arriva sur le rivage, Odette attrapa une serviette et essuya délicatement l'eau de son visage. Elle commença à chanter une chanson sur un vieux poème de Pellia, une chanson qui jurait l'amour éternel. Bastian ne le comprenait peut-être pas, mais Odette aimait quand même. Cela lui permit d'exprimer ce qu'elle ressentait en chanson.

Bastian s'appuya contre le rocher et l'écoutait chanter. Le brillant soleil de l'après-midi les baignait de sa lueur tandis que leurs regards se croisaient intensément. Elle se sentit gênée sous son regard, mais elle continua, rassemblant son courage et mettant tout son cœur dans chaque vers. Le doux clapotis de l’eau agitée par le vent et les cris lointains des oiseaux marins s’harmonisaient à merveille avec sa mélodie. Elle termina sa chanson avec un rire timide.

« J'aime celui-ci » déclara Bastian en brandissant une conque. Dans ces moments-là, Odette avait l'impression d'être redevenue une petite fille. Son visage était écarlate, un visage réservé à Bastian seul, une innocence qui était son cadeau, un cadeau de bonheur.

Alors que la joie du moment diminuait, Bastian se délecta d'un autre trésor qu'il avait arraché au fond de la mer.

« Qu'est-ce que c'est ça. » dit Odette, les yeux pétillants à la lumière du bijou qu'il tenait à la main.

« Un galet de verre » répondit Bastian.

« Cette pierre était autrefois un morceau de verre ? »

Bastian hocha la tête et lui tendit un autre morceau « Il est issu de fragments de verre qui ont été lissés par les courants marins et le sable »

« C'est beau, comme un joyau » s'émerveilla Odette en plaçant soigneusement le galet dans le panier avec ses autres trésors.

Soudain, une éclaboussure d'eau frappa Odette et le choc de la fraîcheur de sa peau chauffée par le soleil la fit crier.

« BASTIAN ! » s'écria-t-elle tandis que Bastian se retirait vers la mer avec un rire enfantin. Il l'éclaboussa de nouveau, plus violemment.

Alors qu'il déclenchait une attaque implacable, Odette moitié réprimandait, moitié riait en essayant de riposter. Fougueuse, Odette se jeta à la mer après lui. Son foulard glissa et ses cheveux se défirent, mais cela n'avait plus d'importance.

La bataille d'eau se termina avec la victoire d'Odette, se jetant physiquement sur Bastian, le déséquilibrant et tombant dans la mer. Bastian sortit de la mer, soulevant

haut le vainqueur. Ils partagèrent des sourires, échangé de profonds baisers et ri à nouveau ensemble – un moment de pur bonheur sans nuages.

**********************************

Odette savourait la chaleur du sable sous ses pieds alors qu'elle se tenait debout, enveloppée dans une serviette et une autre enturbannée autour de la tête. Ses vêtements étaient encore trempés et elle essayait de repousser l'idée qu'elle allait devoir se rendre nue au yacht.

Elle se retira sous le parasol et à l'abri de l'imposant soleil de midi « Il ne fait pas trop chaud ? » dit-elle à Bastian en se rafraîchissant avec de l'eau infusée d'une tranche d'orange parfumée.

« C'est mieux que de porter ces vêtements mouillés » dit Bastian en ouvrant les yeux pour la regarder. Il était allongé sur une serviette, en vue directe du soleil « Viens ici, couche-toi avec moi »

« Non merci, je ne veux pas me faire cuire au soleil » elle refusa fermement, se retirant plus profondément dans l'ombre.

Au lieu de cela, Odette s'occupa à démêler les nœuds de ses cheveux, espérant que son maillot de bain sera sec au moment où ils décideront de rentrer chez eux. Une fois ses cheveux en ordre, elle se mit à ranger tous les trésors qu'elle avait trouvés, les lavant et les séchant. Elle les déposa avec amour dans une malle, emballant le galet de verre en dernier.

La couleur étincelante du galet correspondait aux yeux de Bastian et elle l'aimait d'autant plus. Elle sourit en le regardant. Elle était ravie à l'idée que du verre brisé puisse être transformé en quelque chose de si beau. Tout comme la façon dont le cœur brisé de certains pouvait se transformer en quelque chose de doux et de beau.

Cet amour mis en garde pour un enfant. Un désir qu'Odette voulait désespérément assouvir, entre espoir et désespoir. Le médecin lui avait dit que ce n'était pas impossible, mais qu'il ne fallait pas être trop optimiste quant à cette idée. Parfois, elle se sentait comme Sisyphe, poussant toujours une pente plus audacieuse, hantée par le passé et le regret.

Et si ce désir ruinait l'amour qu'elle avait ? Odette craignait parfois ce qu'elle allait perdre avec Bastian, poursuivant le rêve impossible d'une famille heureuse. Ce serait étonnant si ce miracle se produisait, mais elle savait, enfant ou pas enfant, que l'amour de Bastian pour elle ne changerait jamais, tout comme son amour pour lui ne faiblirait jamais. Même sans cela, les choses allaient parfaitement bien telles quelles.

Odette rangea le galet bleu translucide et sourit en levant les yeux vers le ciel bleu clair.

Bastian se leva pour prendre une gorgée d'eau, puis se recoucha pour se prélasser au soleil. Odette le regarda attentivement et se décida. Elle se débarrassa de l'épaisse serviette en laine et sortit de dessous le parasol, laissant le soleil embrasser chaque centimètre carré de sa peau.

Ps de Ciriolla: plein de métaphore sur les mythes, en commençant par la génése, avec l'image du couple perdu dans un paradis naturel, et de l'homme nu mangeant une pomme préparé par la femme..

Puis changeant de registre, avec la mythologie grecque, en citant Sisyphe, qui est celui qui fut condamné à pousser éternellement un rocher en haut d'un montagne, qui finira obligatoirement par dévaler la pente en lui roulant dessus, symbole de la punition de la vanité humaine face au refus face à leur destin, ou aux dieux

Tome 2 - Bonus – Chapitre 228 – Un été

barbare

Odette souriait doucement en rêvant. Elle rêvait de jours meilleurs, lorsqu'elle était enfant, excitée par les vacances d'été, d'être entourée d'une famille dont les noms s'étaient effacés avec le temps. Elle rêvait de se réunir pour passer un bel été à la station alors que faire partie de la famille Dyssen lui apportait de la joie plutôt que de la peur.

Des jeunes filles et quelques proches dont elle ne se souvenait plus du nom, s’étaient rassemblés sur une plage pour construire des châteaux de sable.

C'était chaud, c'était dur et c'était ennuyeux. Un à un, les visages des sœurs qui se plaignaient s'effaçaient, quittant la plage pour trouver de meilleurs divertissements à l'abri du soleil brûlant. Tous quittaient la plage jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une, la plus jeune fille de la famille Dyssen, qui refusait de partir. Elle saisit avec détermination son seau et sa pelle à motifs de fleurs et entreprit de construire son château de sable.

Alors que le soleil se levait vers l'horizon et que la lumière diminuait, le château de sable brillait sous le soleil abreuvant. Le vent était désormais frais et la petite fille se retrouvait seule sur la plage. Elle sentit une vague de tristesse l'envahir et des larmes coulèrent sur ses joues. Elle s'était amusée toute la journée. Elle avait construit un magnifique château de sable et espérait en avoir un autre demain. Néanmoins, l’enfant était envahi par l’envie de pleurer, profondément touché par la beauté de cette journée d’été qui s’amenuisait et par la tristesse qu’elle apportait.

« Es-tu réveillée ? » appela une voix lointaine derrière elle.

La plage disparut, remplacée par la réalisation que ses yeux étaient fermés et que le bruit des vagues déferlantes dans son rêve se transforma lentement en le doux clapotis des vagues dans le monde éveillé. Avec un bâillement et un étirement, Odette se réveilla et se rappela où elle se trouvait, le rêve se fondant dans un vague souvenir d'être à la plage.

Ses yeux s'ouvrirent pour voir Bastian appuyé sur son bras et la regardant. Il caressa le côté de son visage avec le dos de ses doigts. Elle pencha son visage dans sa main comme une enfant irritable. Elle était toujours perdue dans la brume rêveuse et il lui fallut un moment pour se rappeler qu'ils avaient terminé l'après-midi en prenant un bain de soleil complètement nu.

Après avoir enlevé son maillot de bain mouillé, Odette s'étendit à côté de Bastian pour profiter du soleil avec lui. Au début, elle semblait mal à l’aise, mais elle trouva rapidement du réconfort en se prélassant sous la chaude lumière du soleil. Ils avaient discuté des plans pour la soirée d'été, partagé des nouvelles de Nina concernant

Rothewein, passé en revue la liste des invités pour la cérémonie d'ouverture de la fondation et déploré le manque de progrès dans leurs répétitions de concerto pour piano.

Après que leur conversation ait erré d'un sujet à un autre, elle s'endormit, son expression totalement ouverte et innocente. Bastian se retrouva captivé, incapable de détourner le regard pendant un bon moment. À ce moment-là, c'était comme s'il voyait pour la première fois la vraie Odette, intelligente mais émotive, un modèle d'élégance qui incarnait aussi la joie et la simplicité d'une jeune fille.

Mon Odette, uniquement et uniquement la mienne.

« Oh, Bastian » murmura Odette en se penchant vers lui.

Bastian passa doucement son bras autour de l'épaule d'Odette, trouvant du réconfort dans la chaleur et la douceur de sa peau bronzée. Savourant ce contact tendre, il poussa un léger soupir de contentement et tenta de se lever, bien qu'il se trouva incapable de donner suite à son intention de partir.

A ce moment, Odette se tourna vers lui et leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser, leurs lèvres s'ouvrant l'une pour l'autre pour que leurs langues puissent se retrouver.

Cet accès de passion effaça tout semblant de retenue qu'ils avaient.

Bastian se retrouva irrésistiblement emporté par la tempête émotionnelle.

Dans un moment de folie, les yeux d'Odette s'ouvrirent, le regard embué d'intensité, alors qu'elle regardait le ciel lointain. Le soleil, désormais plus doux, caressait son visage qui avait une expression comme si elle était au bord des larmes. Odette poussa un son, mi-gémissement, mi-sanglot, et changea de position. Sa main sortit de sous la couverture, saisissant le sable chaud. La sensation du sable glissant entre ses doigts semblait d'une intensité presque indécente. Les vagues incontrôlées de sensations parcourant son corps étaient désormais écrasantes, presque effrayantes.

Odette respirait fort, prise dans un mélange de douleur et de plaisir, tandis que sa main s'aventurait entre ses jambes. Elle effleura les doux cheveux blonds platine de Bastian, aussi délicats que du sable fin. Même si elle essayait de s'éloigner, elle n'y parvenait pas.

Bastian la maintint doucement mais fermement immobile, continuant ses actions.

Odette ne pouvait que regarder, hébétée, accablée par la soudaineté de tout cela.

La joie de la journée, autrefois si vive et pleine, se transforma en une profonde tristesse, comme un enfant en rêve regardant le coucher de soleil sur l'océan, les yeux remplis de larmes. Au moment où ses pensées s'envolèrent vers cette réalisation, elle l'embrassait déjà, motivée par une impulsion plutôt que par un projet.

Son seul souhait à ce moment-là était un peu plus de temps, un peu plus de proximité –

rien d'autre n'avait d'importance. Attraper son regard, celui qui semblait la chérir comme l'entité la plus précieuse qui existe, et prolonger un peu plus ce beau et éphémère moment de pur bonheur, était tout ce à quoi elle aspirait. C’était une démarche peu judicieuse, semblable à des décisions prises dans un brouillard d’ivresse.

Pourtant, ce n’était pas une simple impulsion ; au fond d'elle-même, Odette se rendait compte qu'elle aurait pu être la première à nourrir de tels désirs.

Un mélange intense de désir insupportable et de honte mêlé à un élan de joie l'envahit.

Perdant tout semblant de contrôle d'elle-même, Odette poussa un cri et lâcha les mèches de cheveux dorés qu'elle serrait. Dans ce moment d’abandon total, elle se retrouva complètement immobilisée, incapable ne serait-ce que de bouger le petit doigt.

En fin d'après-midi, le parasol projetait une longue ombre qui offrait un refuge frais à Odette, allongée dessous, reprenant son souffle. Bastian, se redressant, eut un petit rire en la regardant, les lèvres encore humides. La peau d'Odette, scintillante de sueur et de crème solaire qui la recouvrait, captait magnifiquement la lumière.

Bastian se retrouva dans un état similaire, également inondé par la chaleur du jour.

Luttant pour reprendre son souffle, Odette se retourna rapidement pour s'allonger sur le ventre. Elle ferma les yeux et enfouit son visage dans ses mains, cherchant du réconfort dans la fraîcheur du sol. Bastian, amusé et tendre, se pencha sur le dos d'Odette. Il dénoua doucement le bandeau qui retenait ses cheveux lâchement rassemblés, laissant ses mèches soyeuses tomber librement entre ses doigts, un moment de douce intimité dans la douce lueur du soleil couchant.

Bastian, prenant de profondes inspirations pour calmer son cœur qui battait à tout rompre, se rapprocha doucement d'elle. Avec tendresse, il suça le lobe rougi d'Odette. «

Stop », gémit Odette lorsqu'il se pencha pour un baiser. Ses yeux, rouges d'émotion, venaient d'apercevoir la verdure ondulante et les vagues de l'océan caressant le rivage «

Arrête, c'est embarrassant, ne me regarde pas »

Odette se retourna et cacha son visage dans la couverture. « Je suis trop gênée. Ne me regarde pas comme ça. » Les répliques palpitaient toujours dans son ventre et elle balançait ses hanches et s'écrasait dans les airs. Son manque de conscience de ses propres actes rendait sa protestation à la fois plus audacieuse et plus charmante.

Bastian honora gracieusement son souhait, la rapprochant pour que leurs corps se fondent ensemble, créant un espace permettant à la timide princesse de cacher son visage. Doucement, mais avec conviction, il la souleva, ses mains fermement autour de sa taille fine, la force de sa poigne étant visible.

Leurs désirs communs s’intensifièrent, déclenchant une profonde chaleur entre eux. Les halètements silencieux et les doux gémissements remplissaient l'air, devenant plus intenses, tout comme le bruit de la chair mouillée entrant en collision, devenant plus rapide et plus rugueux.

Revenant avec ses mains, Odette alternait entre saisir les bras de Bastian et secouer la tête pour signaler sa limite. Chaque fois que le rythme ralentissait, elle se cambrait instinctivement, le rapprochant, et parfois, elle guidait doucement ses mains vers sa poitrine, tout en évitant son regard. L'idée que les regards croisés étaient plus embarrassants que leur proximité physique, semblable à une bête conduite uniquement par son instinct, était une honte d'une complexité intrigante, difficile à comprendre pleinement.

Plus elle secouait désespérément ses hanches, plus son désir semblait devenir grand.

Bastian repoussa ses cheveux trempés de sueur et se pencha, mordant son épaule pâle.

Ce fut cet acte de tendresse qui finit par inciter Odette à se tourner vers lui. Pourtant, le regard fut fugace. Peu de temps après, elle ferma les yeux une fois de plus et le réprimanda avec un léger soupir.

Cela continua jusqu'à ce que, d'un effort déterminé, Bastian plaça Odette sous lui. Alors qu'il la pénétrait à nouveau profondément, il se retrouva captivé par le regard rêveur de ses yeux turquoise, qui semblaient plaider silencieusement. Son cœur battant contre le sien, il la regarda dans les yeux, capturant un moment d'intense vulnérabilité. Alors qu'il lui tenait doucement le visage pour l'empêcher de détourner le regard, Odette ferma à nouveau les yeux, s'éloignant de son regard intense.

Bastian ajustait ses mouvements, s'arrêtant chaque fois qu'Odette ouvrait les yeux dans un mélange de surprise et de confusion, et ralentissant lorsqu'elle détournait à nouveau le regard. Reconnaissant cette communication silencieuse, Odette ouvrit enfin les yeux dans une acceptation tranquille. Voyant son expression véritablement troublée, Bastian ne put réprimer un rire, son mouvement s'adoucissant. Ce passage de la barbarie à la civilisation lui paraissait absurde. Pourtant, ce qu'il trouvait encore plus étonnant, c'était qu'il aimait même ce côté déroutant d'elle.

Louant son ouverture d'esprit, Bastian lui donna un doux baiser et l'entoura de ses bras.

Leurs yeux se croisèrent aussi intimement que leurs corps, provoquant un soupir de contentement de tous deux.

Savourant l'été brut et barbare, Bastian se retrouva une fois de plus emporté par la passion. Il atteignit le sommet de son désir, tout en voyant son propre reflet dans les yeux d'Odette, qui scintillaient comme un océan serein et paradisiaque.

*******************************

Il ne fallut pas longtemps avant que la chaleur entre eux ne se rallume, insufflant une nouvelle vie à leurs respirations lentement stabilisées.

Elle passa ses doigts dans ses cheveux dansant dans la brise du soir alors qu'elle appréciait la rémanence de leur mélange « Tes cheveux sont redevenus assez longs »

dit-elle doucement à son oreille alors qu'il l'embrassait dans le cou.

« Peut-être qu'il est temps de faire une coupe » répondit doucement Bastian, regardant le soleil couchant à l'horizon. Sa caresse sur Odette, désormais serrée dans ses bras, était tendre, contrastant vivement avec l'intensité de leur amour quelques instants auparavant.

« Y a-t-il une règle interdisant aux amiraux d'avoir les cheveux longs ? » demanda Odette avec ses yeux contemplatifs en le regardant.

« Aucune règle ne l'interdit » rit Bastian en la rapprochant par la taille. Alors que les cadets devaient adhérer à des normes strictes de toilettage, les officiers avaient la liberté de décider de leur apparence une fois qu'ils étaient commissionnés. Son choix habituel pour les cheveux courts était tout simplement par habitude.

« Et si tu les gardais cette longueur ? » dit-elle, ses doigts passant dans ses cheveux, qui étaient maintenant assez longs pour effleurer son front « Je pense que ça t'irait mieux, ça te rend plus doux, ce que j'aime bien » Odette jeta un nouveau regard attentif à Bastian. Sa frange plus longue donnait une touche plus douce à ses traits autrement pointus et à la froideur de ses yeux. Elle eut envie de s'attarder sur la sensation de ses cheveux entre ses doigts, mais choisit de garder ces désirs plus intimes inexprimés.

« Je choisirai ce que Lady Odette préfère » dit Bastian, prenant sa décision avec aisance, puis Odette lui déposa un joyeux baiser sur la joue en réponse.

« Je penserais aussi qu'il serait préférable que vous restiez rasé de près » les images de tous les marins débraillés qu'elle avait vus, avec leurs barbes négligées les faisant ressembler à des gamins des rues. « S'il y a quelque chose que tu préférerais que je fasse, tu peux simplement le demander » Odette se sentait coupable de ses exigences et essayait de régler les choses par son propre échange équitable.

En réponse, Bastian resserra joyeusement son étreinte autour de sa taille. Odette, un peu dépassée, repoussa sa main en fronçant les sourcils. Son action était un peu trop pour elle, mais son doux rire révélait qu'elle n'était pas vraiment imposée, juste taquine.

Le couple gisait dans le sable alors que le soleil commençait ses dernières étapes de déplacement au-delà de l'horizon.

« Tu sais, nous avons fini par passer cette journée spéciale comme des barbares »

déclara Odette en regardant le ciel se baigner de roses et de violets vibrants.

« Je promets que nous ferons quelque chose de plus civilisé à l'occasion de notre prochain anniversaire »

« Que veux-tu dire ? »

« C'était une idée de l'amiral Demel, puisque nous avons été mariés deux fois, il serait juste que nous célébrions les deux anniversaires »

Odette rit. « J'ai quelque chose en tête pour notre anniversaire plus civilisé » Les yeux d'Odette pétillaient alors qu'elle regardait de l'autre côté de l'eau la grande roue au loin.

« J'aurai besoin de votre soutien. Seras-tu là avec moi ? » La main d'Odette, qui jouait tendrement avec ses longues mèches qu'elle adorait, prenait maintenant tendrement la joue de Bastian. Sa réponse était toujours aussi ferme : « À tout moment. Comme tu le souhaite »

Tome 2 - Bonus – Chapitre 229 –

Capturer l'amour

« Maître a déjà terminé ses préparatifs et s'est dirigé vers la salle de réception » un domestique expliqua où se trouvait Bastian à la maîtresse de maison. Ouvrant doucement les yeux, Odette l'aperçut reflété dans sa vanité.

« Merci, s'il vous plaît, faites-lui savoir que je le rejoindrai sous peu » dit Odette, la voix chaleureuse et le sourire gracieux. Elle ferma ensuite doucement les yeux une fois de plus, redressant gracieusement son cou pendant que ses servantes la maquillaient. Les nuages de fine poudre blanche se mêlaient à la poussière dorée par le soleil couchant.

Une fois le maquillage appliqué, les beaux bijoux de sa mère et revenus dans ses mains étaient posés autour de son cou et le diadème délicatement fixés dans ses cheveux minutieusement tressés.

On frappa à la porte alors que son maquillage était terminé « Madame, le premier invité est arrivé » dit Dora, se tenant poliment à la porte après son retour après avoir vérifié la salle de banquet.

« Ce doit être la comtesse Trier » devina Odette, ses lèvres se courbant en un doux sourire alors qu'elle faisait signe à une autre servante qui était prête avec une boîte à bijoux. Le collier et les boucles d'oreilles de sa mère, un cadeau de Bastian, étaient assortis à la robe turquoise conçue spécialement pour l'occasion d'aujourd'hui qui avec la couronne de sa mère délicatement posée sur sa tête, complétait l'ensemble.

« Oui madame »

« Vous pouvez lui faire entrer dans le salon où il y a des rafraîchissements à déguster, je serai bientôt là »

« C'est ce que j'ai suggéré, madame, mais elle a dit qu'elle avait des sujets importants à discuter. Elle est avec l'amiral Klauswitz dans son bureau, madame » expliqua Dora avec un visage troublé.

« Tout va bien, Dora » Odette s'y attendait. Pour ce second anniversaire, Odette avait prévu un grand banquet et une grande fête. Ce devint rapidement l'un des plus grands événements sociaux de la saison, tout cela grâce à la comtesse Trier qui avait réussi à convaincre certains des nobles les plus inébranlables et les plus têtus qui refusaient d'accepter Bastian dans les rangs de l'aristocratie. Grâce à la comtesse Trier, même les seigneurs et les dames les plus têtus décidèrent de donner une chance à Bastian et vinrent désormais à la fête qui était sur le point de devenir le plus grand événement de la saison sociale estivale.

Odette lui avait adressé ses sincères remerciements et lui avait partagé les détails d'un plan spécial qu'elle avait orchestré pour la soirée. La comtesse, immédiatement piqué par son intérêt, écouta attentivement. Consciente qu'ils avaient prévu quelque chose de spécial, la comtesse Trier s'était proposée pour les aider. Elle arriva tôt pour aider à se préparer.

Odette accepta timidement sa proposition, mais sans hésitation. Après tout, la comtesse Trier avait joué un rôle central dans l'orchestration de son mariage, ce qui faisait d'elle un choix indéniable pour être témoin de cet événement capital.

Une fois la dernière parure en place, l'écharpe royale sur sa poitrine, Odette se leva de la vanité et sortit de la chambre pour aller retrouver Bastian et la comtesse Trier. Odette faillit sursauter lorsqu'elle ouvrit la porte et se retrouva nez à nez avec Dora, sur le point de frapper.

« Le duc et la duchesse de Demel sont arrivés, madame » dit Dora sans broncher.

Odette regarda Dora sous le choc, puis se tourna vers l'horloge au-dessus de la cheminée. Elle eut soudain peur d'être en retard, mais non, les Demel étaient une heure en avance. La duchesse Demel était certainement une femme consciente de ces conventions.

« Oh, d'accord, faites-les entrer dans le salon des invités, ils devront attendre, nous ne sommes pas prêts »

Dora s'inclina et partit en courant, mais avant même qu'Odette ait pu faire dix pas vers le bureau privé de Bastian, Dora revint en courant.

« Madame, la famille Kramer vient d'arriver »

Odette se sentit soudain bouleversée lorsque la servante annonça une nouvelle arrivée.

Maria Gross, Thomas Muller, voire le prince héritier et son épouse « Très bien, ils n'auront qu'à attendre dans le salon des invités jusqu'à ce que nous soyons prêts et cela leur servira bien d'arriver tôt »

« C'est l'autre chose » dit Dora et Odette lui lança un regard confus « Ils ont tous refusé et ont souhaité parler avec Bastian dans son bureau privé »

Il n'y avait qu'une seule explication à cela : la comtesse Trier ne pouvait pas se taire et avait bavardé avec les Demel et les Kramer. Il semblait que toute la liste des invités était au courant de son petit plan.

Odette regardait par la fenêtre le ciel qui s'assombrissait. C’était certes une situation difficile, mais il était trop tard pour modifier les plans maintenant que tout le monde était en place.

« Le photographe est là » annonçait la nouvelle très attendue. Avec un sourire résigné, Odette sortit de la chambre, d'un pas mesuré et gracieux.

******************************

Le photographe regarda nerveusement la foule rassemblée. Il était seulement censé prendre une photo du couple Klauswitz avant le début de la fête, mais il semblait que la fête battait déjà son plein. Les invités se rassemblaient dans la grande salle et discutaient entre eux assez bruyamment et il ne savait pas quoi faire de lui-même.

La discussion s’était largement concentrée sur les conseils pour la photo commémorative, chacun défendant vocalement son style préféré. Malgré le froid qui lui parcourut le dos, le photographe rassembla son courage, voyant là une excellente occasion de consolider son statut de meilleur photographe de Ratz. Il savait qu'il ne pouvait pas laisser cette aubaine lui filer entre les doigts en apparaissant comme un novice.

« Ah, vous y êtes, bienvenue M. Verner, la journée a été assez chaude, n'est-ce pas »

coupa une voix autoritaire à travers la foule. Sortant de sa transe momentanée, le photographe ajusta rapidement sa position et se dirigea vers l’élément clef de la journée. La présence imposante du couple Klauswitz en faisait un point central dans la foule, chacun mesurant une tête de plus qu'un gentleman ou une dame typique.

« C'est un plaisir de vous rencontrer, je suis l'amiral Klauswitz » Le photographe, auparavant fasciné par la beauté de la princesse, se tourna pour voir le visage souriant de Bastian le regardant, une main tendue pour le saluer. Il réussit à esquisser un sourire gêné et serra la main qui lui était offerte.

Bastian, vêtu de tous les insignes de l'uniforme d'officier de marine d'amiral, affichant sa poitrine fièrement décorée de médailles et de rubans qui parlaient de sa bravoure et de ses réalisations. L'éclat brillant des médailles ne fit qu'amplifier l'aura d'autorité qui émanait de cette formidable figure.

« Je m'appelle Odette Klauswitz. J'ai hâte de travailler avec vous » se présenta Odette en tendant la main en guise de salutation.

Le photographe, reprenant son souffle, accepta avec hésitation la poignée de main d'Odette. C'était une simple courtoisie, mais il se retrouva plongé dans la nervosité, jetant des regards furtifs vers son mari. L'expression indifférente de l'amiral ne parvint pas à apaiser sa tension. Entouré de badauds qui donnaient leur avis sur le moindre détail pour le tournage, le photographe sentit la pression monter.

« Allons-nous commencer ?» demanda Bastian, prenant le contrôle de la situation. Il chassa tous les invités, laissant ainsi la place à son équipement photographique. Les assistants, qui attendaient tranquillement près de l'entrée de la salle de réception, se précipitèrent maintenant avec la caméra et les réflecteurs en remorque.

Une fois la scène sous contrôle, le photographe prit les choses en main, installant son appareil photo et évaluant méticuleusement les angles d'éclairage. Une chaise pour l'amiral avait été placée sur le balcon, un choix délibéré du couple Klauswitz qui souhaitait reproduire le décor et la composition de leur première photo de mariage. Ils déclinèrent poliment toute suggestion d'incorporer des accessoires tendance ou de suivre des styles contemporains, préférant honorer leur moment original.

Bien que le photographe ait été quelque peu déçu, il choisit de taire ses regrets persistants. Il se rendit compte que les décorations étaient superflues ; le couple possédait à lui seul assez d'élégance pour réaliser un magnifique portrait.

« Tout est prêt » déclara-t-il avec confiance, sa voix résonnant dans l'espace. C'était le soir d'une journée parfaitement claire, et le soleil était sur le point de se coucher, projetant une teinte dorée dont rêvent les photographes, le moment où la plus belle lumière pouvait être capturée.

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« Bastian » gronda doucement Odette en s'asseyant sur sa chaise. Il jouait avec son diadème. Bastian sourit simplement en ajustant doucement ses ornements.

Le délicat accessoire pour cheveux en forme d'étoile en diamant, une pièce prisée de la collection de la princesse Hélène, se trouvait dans le trésor impérial, sa propriété étant fermement entre les mains de l'empereur. Récupérer un tel objet semblait un rêve lointain. Cependant, dans un geste de générosité inattendu, l’impératrice l’accorda en gage de bonne volonté. C'était une reconnaissance des nobles efforts d'Odette pour créer une fondation dédiée à l'aide aux victimes de la guerre, une contribution significative au bien-être de l'empire.

« Tout est prêt maintenant » dit Bastian, après avoir soigneusement arrangé le diadème et s'être finalement assis sur la chaise à côté d'Odette. Il rit en réalisant que les chaises étaient les mêmes que celles de leur photo de leur premier mariage.

Odette nourrissait depuis longtemps le souhait de remplacer leur ancienne photo de mariage, en remplaçant la photo de propagande par une photo authentique avant que la grande roue du parc d'attractions ne soit terminée. Elle ne voulait pas accrocher une photo de propagande du passé devant un paysage symbolisant l’amour et le bonheur éternels.

Ce ne fut qu'après qu'Odette ait exprimé son désir que Bastian se rendit compte qu'ils n'avaient pas capturé leur nouveau départ en photo. L'idée ne lui avait pas effleuré l'esprit. Ils étaient mariés depuis longtemps et même si c'était une imposture, c'était toujours une photo de leur histoire d'amour commune, mais c'était ce que voulait Odette, alors Bastian accepta.

Bastian fit face à l’appareil dans la même posture que sur la photo précédente, et Odette recréa parfaitement ce moment de leur histoire.

Les spectateurs enthousiastes se rassemblèrent derrière le photographe. « Vous voyez, avoir les cheveux relevés lui donne un air beaucoup plus digne » déclara la comtesse Trier dans un murmure scénique.

« Je pense que c'est joli, comtesse. Parmi les jeunes filles du cercle social, les cheveux longs sont actuellement très à la mode », répondit Maria Gross. «Je pense cependant que Bastian conviendrait à une coiffure plus masculine et aux cheveux courts. Il ressemble à une sorte d’artiste bohème » dit-elle avec un petit rire ironique.

L'amiral Demel exprima son inconfort face à la sensation de démangeaison provoquée par ses cheveux coiffés héroïquement. « Ne t'inquiète pas, chérie. Tout le monde vous reconnaîtra sûrement en tant que soldat rien qu'à la stature de votre silhouette »

répondit la duchesse Demel, d'un ton indifférent, tout en rejetant les inquiétudes de son mari avec une moquerie.

Posture, expression, tenue vestimentaire. Au milieu du barrage de pinaillages et de conseils non sollicités, le couple Klauswitz assista à sa séance photo et dut ignorer la tirade constante de conseils. Le Dr Kramer se tenait à quelques pas et observait la scène, tandis que Thomas Müller s'était également éloigné du groupe.

Alors qu'ils partageaient un regard et échangeaient des sourires las, la touche finale au tournage fut mise en place.

« Très bien, prêt à prendre la photo ! » annonça le photographe en se retournant vers son appareil photo et en élevant la voix. Les invités qui se disputaient se turent, leur attention désormais fixée sur le couple Klauswitz.

Le balcon tomba dans un silence momentané, caressé par une brise sereine du soir et le murmure lointain des vagues. Le sourire de Bastian s'adoucit alors qu'il se tournait vers la caméra, tandis qu'un sourire radieux illuminait les joues rougies d'Odette. Même s’il semblait difficile de reproduire exactement la même photo qu’auparavant, le photographe décida d’accepter les légères modifications. Capturer la maturation de leur amour au fil du temps était considéré comme beaucoup plus significatif.

Ce qui ressortait le plus, c'était qu'ils avaient l'air beaucoup plus à l'aise et heureux ensemble que sur leur photo précédente. Le ciel, pris dans l’étreinte du jour et de la nuit, flamboyait de couleurs d’une profonde affection. La mer en contrebas reflétait ce spectacle, baignée des mêmes teintes vibrantes. Dans cette scène enchanteresse d’une soirée d’été, toute droite sortie d’un conte de fées, naquit une photographie qui captura l’amour dans sa forme la plus pure.

Ps de Ciriolla: je vais vous poster le dessin qui accompagne ce chapitre

Tome 2 - Bonus – Chapitre 230 – Du cacao sans rhum

Odette leva les yeux vers le tableau accroché au-dessus de la cheminée du salon. Elle pouvait presque entendre le pop et sentir l'image du flash sur ses yeux. Elle pouvait encore sentir l'odeur de la poudre éclair brûlante et entendre les spectateurs applaudir.

Le visionnage de la photo lui fit revivre les souvenirs de cette journée. L’immense joie de monter sur le balcon, main dans la main, était inoubliable. Odette se souvenait de chaque détail de cette journée avec une telle clarté, c'était comme si elle revivait ces moments sur-le-champ.

Odette fredonnait un des airs de valse prévus par l'orchestre tout en virevoltant dans le salon, nettoyant les décorations et époussetant les coins.

« Vous devriez vraiment laisser ça aux femmes de chambre » dit Dora en entrant dans la pièce avec le petit-déjeuner.

Odette s'approcha en riant de la table où Dora avait dressé le petit déjeuner. La mer d'Ardenne brillait au soleil alors qu'elle était assise. Même si la scène n’était pas différente des autres jours, Odette avait l’impression qu’il y avait quelque chose de plus brillant. C’était un sentiment qui rendait l’absence de Bastian un peu plus forte que la normale. Il avait dû partir peu après la fête d'anniversaire de mariage pour un voyage d'affaires afin de participer à une conférence sur la sécurité maritime dans la capitale de Belov, assumant également les fonctions d'invité d'État à la suite d'une invitation officielle du prince Nikolaï.

Odette n'avait pas pu le rejoindre car le voyage coïncidait avec la rentrée du nouveau semestre à l’Académie Royale de Musique. La princesse Isabelle semblait déçue par son absence, mais heureusement, le prince héritier était intervenu pour arranger les choses.

« Le Maître reviendra ce week-end » dit Dora, devinant pourquoi Odette regardait la mer avec tant de fantaisie.

« Oui, il revient ce samedi » Un soupçon de vivacité revint à Odette.

« Vous le saviez déjà, n'est-ce pas ? Bien sûr, comment pourrais-je oublier ? Vous êtes toujours en communication » Dora sourit en versant un thé à l'odeur fruitée. C'était très différent de ce qu'Odette buvait, puisque cet automne, elle ajoutait toujours du lait à son thé. Elle ne toucha pas non plus à son œuf à la coque, préférant grignoter la petite sélection de fruits et un petit pain moelleux et chaud. Ce changement dans ses choix de petit-déjeuner semblait coïncider avec le changement dans ses préférences en matière de thé.

Odette semblait à peine toucher à la nourriture qui lui était habituellement préparée.

Elle sauta même la grande quantité de sucreries qu'elle mangeait normalement lorsque Bastian était absent.

« Vous ne semblez pas vous-même, madame, dois-je contacter le Dr Kramer ? » Sonda Dora avec hésitation.

« Non, ça va, Dora. Je suis en assez bonne santé. C'est juste le changement de saison » la rassura Odette en secouant la tête. « Si la situation empire, je contacterai le Docteur. Il y a un hôpital près de l'école, ce serait plus pratique »

« Je pense que ce serait mieux si vous vous reposiez au manoir aujourd'hui »

« Non, j'ai déjà décliné une invitation importante, je ne peux pas sécher l'école ou je serai juste un peu paresseuse » Odette se leva de la table du petit-déjeuner et commença à s'occuper de ses affaires, s'assurant qu'elle avait tout ce dont elle avait besoin pour les cours.

Dora s'affairait à débarrasser la table du petit-déjeuner, inquiète d'avoir trop insisté et mis Odette de mauvaise humeur « Avez-vous l'intention de conduire aujourd'hui ? »

Dora soupira en observant Odette entièrement habillée, remarquant le foulard élégamment noué sur son chapeau, les gants en dentelle et les chaussures pratiques à talons bas – une tenue clairement choisie pour conduire.

« Oui, je m'en vais, Dora » annonça Odette. Après avoir embrassé les chiens qui s'attardaient autour d'elle comme de fidèles ombres, Odette sortit de la chambre d'un pas vif. Dora regarda en silence le départ de sa maîtresse. Quelques instants plus tard, sa décapotable jaune pâle disparut dans l'allée, se fondant dans le lointain.

************************

La voiture noire, désignée comme véhicule de cérémonie de l'amiral Klauswitz, s’arrêta à l'entrée du quartier général naval. En voyant Bastian, le chauffeur sortit précipitamment et ouvrit la porte à Bastian.

« À l’Académie Royale de Musique » dit sèchement Bastian.

Bastian se renversa dans son fauteuil tandis que le chauffeur partait vers la destination souhaitée. Ce matin-là, le navire de retour était amarré au quai du ministère de la Marine. Directement, Bastian se rendit au quartier général pour faire le point sur les résultats de la conférence sur la sécurité maritime et la restructuration de l'ordre international d'après-guerre. Après un déjeuner de travail avec l'état-major et après avoir réglé un retard de plusieurs semaines dans les tâches, il était déjà tard dans l'après-midi.

La voiture de cérémonie contourna la fontaine devant le quartier général et se dirigea vers l'Académie. Peu de temps après, l'élégante structure classique du bâtiment de l'académie apparut et la voiture s'arrêta au pied des marches. Bastian sortit et traîna sa malle par l'arrière.

Le chauffeur le regarda avec étonnement « S'il vous plaît, Amiral, laissez-moi vous la porter »

« Non, ça va, tu peux rentrer chez toi maintenant »

Le chauffeur cligna des yeux vers Bastian pendant une seconde avant que la tour de l'horloge ne sonne, marquant l'heure.

« Si vous doutiez de ses capacités de conduite, ma femme pourrait être mécontente »

plaisanta Bastian, cherchant à apaiser la tension, avec une plaisanterie légère. Un sourire de soulagement se répandit rapidement sur le visage du conducteur lorsqu'il comprit la plaisanterie de l'amiral.

« Pas du tout ! Cela n’a jamais été mon intention » précisa le chauffeur, sa réfutation énergique soulignant son sérieux.

« Je vais alors prendre congé, passez une bonne soirée, Amiral. » Et avec un salut, le chauffeur partit

A proximité, des étudiants qui venaient de terminer leurs cours observaient de loin l'échange. Étant si tard dans l'après-midi, il y avait de fortes chances que la plupart des cours soient déjà terminés et qu'Odette se soit rendue dans une salle de répétition.

Cependant, atteindre la pièce lui prouva qu'il avait tort car Odette n'était nulle part en vue.

« Bon après-midi, amiral ! » Salua une étudiante, son visage s'éclairant de reconnaissance alors qu'elle s'approchait de Bastian. C'étaient des violonistes proches d'Odette « Mme. Klauswitz est actuellement au café du syndicat étudiant ! » Après avoir partagé la position d'Odette, la jeune femme se dirigea rapidement vers un immeuble de l'autre côté de la pelouse, non pas vers la salle de répétition, mais vers le café.

« Salutations Amiral Klauswitz, cela fait longtemps » Parla une voix familière au moment où Bastian s'apprêtait à entrer dans la cafétéria.

« Comte Alex, bon après-midi » dit Bastian en retirant son chapeau.

« Je crois que vous avez rencontré Alma, il est poli de dire bonjour à l'amiral » dit Alex en se tournant à moitié vers un petit enfant recroquevillé derrière ses jambes.

Alma regarda timidement autour de son père et lui offrit un salut silencieux et une révérence maladroite, à moitié réfléchie. Bastian sourit en se souvenant de la petite fille qui aimait s'accrocher à son père, il ne sembla pas qu'elle ait encore perdu cette petite habitude.

« L'un des professeurs est un parent du côté maternel d'Alma, nous discutions justement du potentiel de son éducation musicale » expliqua Xanders en regardant Alma avec un sourire paternel.

« Je vois, est-ce qu'Odette est là ? »

« Oh oui, nous nous sommes rencontrés par hasard et avons eu une brève conversation.

J'espère que vous comprenez »

« Bien sûr » répondit calmement Bastian, son regard balayant le café animé de la présence des artistes. Là, Odette était assise sur une terrasse, enveloppée dans la chaude lueur d'un après-midi d'automne, sirotant délicatement son thé. La signification des deux tasses de thé vides placées en face d’elle n’était pas difficile à comprendre.

« Eh bien, je dois y aller, nous avons d'autres rendez-vous à prendre avant la fin de la journée. Prenez soin de vous, Amiral »

« Adieu, j'espère que vous allez bien tous les deux » dit Bastian alors qu'Alex s'éloignait avec Alma lui serrant la jambe.

Les retrouvailles après près de deux ans ont été aussi sèches que Bastian l'avait prévu et même s'il se doutait que lui et Odette étaient toujours amis, il n'y avait jamais accordé beaucoup d'importance jusqu'à présent. Chassant cette pensée de son esprit, il entra dans la cafétéria et aperçut Odette en train de parler à un de ses camarades dans un coin, un étudiant aux cheveux châtains – qu'Odette félicitait souvent.

Bastian posa sa malle et s'appuya dessus tout en regardant les deux se livrer à un débat plutôt houleux, qui ne cessa que lorsque la cloche sonna pour le cours suivant. Le mâle châtain lui fit alors ses adieux avec un sourire jovial et poursuivit son chemin.

L'attitude douce et l'aura sereine et inoffensive du musicien rappellent Maximilian von Xanders. La similitude de leurs traits délicats et de leur physique était également frappante.

« Bastian », cria Odette lorsqu'elle le remarqua enfin debout près de la porte. « Que fais-tu ici ? Tu as dit que tu ne reviendrais pas avant le week-end »

Sortant de l'ombre avec sa malle à la main, Bastian entra dans la brillante lumière du soleil de l'après-midi, qui semblait effacer toutes les pensées superflues, laissant une expression de pur amour sur son visage alors qu'il regardait enfin vers Odette « J'ai menti, je comptais revenir vraiment aujourd'hui » Il ôta sa casquette d'officier pour révéler ses yeux bleus.

« Mais pourquoi ? » Odette parut consternée par cet aveu.

« Pour vous surprendre, bien sûr. Je voulais voir ton visage s’illuminer quand je viendrais te surprendre »

Odette le regarda un instant, mais bientôt elle ne put résister à un faible rire. C'était comme si elle connaissait précisément l'expression qu'elle arborait sans avoir besoin de la demander. Il était clair que cet homme lui avait profondément manqué. La séparation d'à peine trois semaines avait semblé interminablement longue et difficile à supporter.

Leur amour aurait pu paraître stupide, mais elle n'avait aucune envie de le cacher.

Il était enfin de retour et cette prise de conscience lui fit monter les larmes aux yeux.

Elle avait tellement de choses à dire mais ne savait pas par où commencer, alors elle

choisit un salut silencieux, tendant les bras pour embrasser Bastian. Enfermée dans son étreinte étroite, elle était enveloppée par le parfum réconfortant du soleil sur sa peau.

Dans cette étreinte pleine de la chaleur à laquelle elle aspirait, Odette ferma les yeux, laissant le moment l'engloutir complètement.

*************************

Le banquet miniature destiné à accueillir uniquement le couple se termina et ils se retirèrent pour la soirée. Ils se sentaient mal à cause de la quantité de nourriture laissée sur place. Les chefs, dans leur enthousiasme à l'idée que le maître rentre chez lui sain et sauf, avaient préparé tous ses plats préférés, voulant s'assurer que son dîner de retour serait celui qu'il apprécierait certainement.

Bastian donna au personnel le reste de la nuit. Même s'il avait satisfait une faim, il était toujours avide de nourriture émotionnelle. Il escorta Odette jusqu'à la chambre et ferma la porte à clé pour qu'ils ne soient pas dérangés. Il commença alors à se livrer à son prochain repas

Leurs lèvres se rencontrèrent dans une frénésie de passion incontrôlée. Bastian déposa des baisers sur Odette tout en la conduisant au lit. Emportée dans le tourbillon de la passion, Odette eut à peine le temps de reprendre son souffle et s'allongea sur le lit.

Bastian avait déjà enlevé sa veste et sa cravate et déboutonnait ses poignets.

« Non, Bastian » dit désespérément Odette « Pas ce soir »

Bastian se figea en défaisant les mains et ses yeux se plissèrent vers Odette. Il enleva quand même sa chemise et alla se pencher sur Odette. Elle craignait qu'il ne l'ignore, mais il la remit doucement sur ses pieds et arrangea le bas de sa robe.

Il lui sourit chaleureusement « Je vais me laver » dit Bastian en embrassant Odette sur le front.

Odette poussa un soupir de soulagement et alla s'asseoir sur la chaise près de la fenêtre.

L'odeur du vin qu'ils avaient bu toute la soirée persistait encore dans son haleine lorsqu'il l'embrassait. Elle alla aussi se nettoyer, se brossant frénétiquement les dents pour éliminer la puanteur de son haleine. Bastian revint peu après qu'Odette se soit déjà préparée à se coucher.

Odette le regardait en silence s'allonger sur le lit. Il sécha ses cheveux longs, ferma les rideaux et éteignit la dernière lumière de la lampe de la table de chevet, plongeant la chambre dans l'obscurité.

Elle sentit le poids de Bastian s'asseoir sur le lit et se rouler sous la couette vers elle. Elle grimaça lorsque sa main toucha son bas-ventre. Il n'y avait aucune intention sexuelle dans la façon dont il la caressait, mais cela la laissait quand même incapable de se détendre.

« C'est bon Bastian, arrête maintenant » dit-elle en prenant ses mains dans les siennes pour arrêter ses mouvements.

Dans l'obscurité, Bastian l'observait tranquillement avant de soupirer profondément et d'allumer la lampe de nuit. La lumière projetait des ombres sur son visage.

« J'espérais quelque chose d'un peu différent » dit Odette, essayant de changer de sujet avec le visage naturel qu'elle pouvait trouver.

« Que veux-tu dire ? »

« Cacao » Odette réussit à trouver une excuse.

« Cacao ? » Les sourcils de Bastian se froncèrent encore plus.

« Oui, celui qu'on fait sans rhum » Sa bouche avait l'eau à la bouche rien qu'en y pensant.

Bastian la regardait dans l'obscurité, la tristesse de sa silhouette immobile. Puis il rit et sortit du lit juste au moment où l'horloge sonnait 10 heures. Odette se sentait gênée par son envie soudaine, mais elle avait vraiment envie de cette boisson chocolatée sans l’agrément du rhum amer. Ses mains berçaient son ventre là où Bastian l'avait touchée, elle pouvait encore sentir son contact.

Ps de Ciriolla: des envies de nourriture....mmmmhhhhh

Tome 2 - Bonus – Chapitre 231 – Une certaine prémonition

« Ne pensez-vous pas qu'il est temps de partager la nouvelle avec l'amiral Klauswitz ? »

s’inquiéta le Dr Kramer.

Odette se détourna du point où elle regardait le ciel bleu vibrant à travers la fenêtre. La joie, la peur, l’anticipation, l’anxiété et la confusion apparurent simultanément sur son visage.

« Je comprends vos inquiétudes, Lady Odette, mais cette précaution semble inutile »

poursuivit Kramer.

« Je sais, docteur, mais… » Odette ne trouva pas les mots à dire et promena ses yeux vers la salle de clinique. Elle avait besoin d'un peu plus de temps pour se ressaisir, parvenant à retenir ses larmes. Le Dr Kramer, fidèle à son habitude, l'attendait avec patience.

En peu de temps, ce qui s’était produit était un miracle. Elle l'avait ressenti au moment où Bastian était parti en voyage d'affaires. Étant donné qu'elle n'avait pas encore eu ses règles et qu'elle avait constamment des crampes au ventre et qu'une sensation de léthargie ne la quittait tout simplement pas. C'était un sentiment qu'elle avait déjà ressenti auparavant, mais elle ne pouvait pas en être sûre. En ce morne dernier jour de l’été, elle se retrouva seule et remplie d’excitation à l’idée d’être enceinte.

Odette essayait de ne pas laisser ses attentes augmenter, craignant que l'agonie d'être blessée une fois de plus ne soit trop lourde à supporter. Pourtant, son cœur défiait constamment sa résolution. Même si elle savait que ce n'était pas sage, son espoir grandissait chaque jour qui passait. Chaque matin, elle se réveillait pour vérifier si la douleur familière persistait. Se sentant somnolente et palpitante de nerfs dans son estomac, elle ressentit un étrange sentiment de bonheur. C'était comme si son cœur se dilatait, léger et moelleux comme de la barbe à papa.

Le dernier jour du mois d'août, animée par la conviction inébranlable que son intuition ne pouvait pas se tromper, Odette se rendit à l'hôpital. C'était là qu'elle reçut la nouvelle qu'elle avait tant espérée. Le médecin révéla qu’un certain temps s’était écoulé ; la conception avait eu lieu avant la fin juin, indiquant que l'enfant arriverait avec les fleurs printanières.

Lorsque le médecin eut confirmé la nouvelle, Odette eut encore plus envie de Bastian, mais il était à des millions de kilomètres d'outre-mer. Elle avait espéré qu'il l'appellerait pour qu'elle puisse lui annoncer l'heureuse nouvelle le plus tôt possible. Presque comme s'il était à l'écoute de ses sentiments, Bastian lui tendit la main, donnant l'impression que l'univers entier conspirait pour la combler de bénédictions.

Mais lorsqu’il l’appela, elle se rendit compte qu’elle ne pouvait rien dire. La peur de ce qui pourrait arriver si quelque chose devait inévitablement tourner mal l’amena à garder le secret. Les fausses couches précoces, malheureusement, n’étaient pas rares, touchant même les personnes en pleine santé. Après le chagrin causé par la perte de leur premier enfant et les précautions qui suivirent concernant une éventuelle infertilité, Odette trouva trop audacieux d'entretenir de l'optimisme pour cette grossesse.

« Encore un peu » pensa-t-elle « Juste pour être sûre »

Odette décida d'attendre encore un peu, par mesure de sécurité. Si le bébé continuait de grandir après le retour de Bastian, elle le lui dirait et lui avouerait, mais cette résolution n'était pas encore adoptée.

« J'ai peur » murmura Odette, dont la voix frémissante d'émotion dépasse à peine ses lèvres. « J'ai peur de ne pas pouvoir protéger l'enfant, Docteur. Je ne veux pas imposer cette douleur à Bastian. Ne vaudrait-il pas mieux attendre encore un peu, jusqu'à ce que nous puissions en être sûrs ? » Les larmes brillaient dans les yeux d'Odette.

Après avoir excusé l'obstétricien, le Dr Kramer demanda à sa secrétaire d'apporter du thé chaud et des chocolats. Il offrit gentiment une tasse à Odette. Le tenant, elle se détendit, regardant le jardin, sa posture s'adaptant au moment présent. Avec un doux sourire envers le Dr Kramer, le parfum apaisant de bergamote du thé commença à la calmer.

« Je suis désolée, docteur. J’étais trop émotive et sensible » s’excusa Odette.

« C’est tout à fait normal et tout à fait naturel de ressentir cela pendant la grossesse. Ne vous inquiétez pas trop » lui répondit le docteur Kramer avec un sourire rassurant en lui offrant une assiette de chocolat. Hésitante, Odette en arracha soigneusement un petit morceau.

Le Dr Kramer l'observa avec un mélange de chaleur et d'empathie. Odette, visiblement fatiguée, gardait impeccablement son sang-froid, même sa manière de manger du chocolat paraissait élégante. Sa quête de perfection et son sens excessif des responsabilités laissaient entrevoir des cicatrices plus profondes, des marques de douleurs passées. Il sentit qu'il s'agissait à la fois de son armure et de ses chaînes : des armes pour quelqu'un qui avait dû mûrir prématurément, mais aussi des poids qui la retenaient.

« Je comprends parfaitement votre réticence, Lady Odette. » déclara le Dr Kramer. «

Votre enfant grandit bien et fort, mais je ne peux pas garantir un accouchement sans problème, nous ne sommes pas des dieux. Je l'ai constaté à plusieurs reprises chez des femmes qui avaient déjà fait des fausses couches et, même si la grande majorité d'entre elles ont eu de nombreux enfants en bonne santé, même nous, les médecins, ne sommes pas en mesure de prédire l'avenir. Le « bon moment » que vous espérez n’existe tout simplement pas. Vous n’envisagez sûrement pas d’attendre la naissance de l’enfant pour parler de votre grossesse à Bastian »

Odette hocha la tête, une légère rougeur teinta ses joues pâles.

« Compte tenu des circonstances, il y a de très fortes chances que le bébé naisse en bonne santé. La principale préoccupation pour vous et votre enfant en ce moment est de bien manger et de bien vous reposer. Les dommages causés par la fausse couche précédente semblent avoir très bien guéri. Grâce à vos habitudes saines, vous avez créé l’environnement parfait pour que le fœtus puisse grandir. Même avec tout cela, nous ne pouvons pas complètement exclure la possibilité d’une autre fausse couche et ce n’est pas quelque chose que vous devriez affronter seule. Dès qu’un enfant est conçu, le père devient également parent. Ne pas porter l'enfant ne le libère pas de sa responsabilité. Si des difficultés ou du chagrin surgissent à nouveau, Bastian doit également y faire face »

Le Dr Kramer sortit un mouchoir de sa poche et le plaça à côté de l'assiette de chocolats.

Pourtant, Odette ne pleurait pas. Les larmes lui montèrent aux yeux, mais elle absorba ses paroles avec une grâce calme.

« Bastian n'est pas un enfant fragile qui a besoin de votre protection. Il a la responsabilité importante de protéger sa femme et son enfant. Et d'après ce que j'ai vu de Bastian au fil des années, il assumera ce rôle à bras ouverts. Alors partagez ce fardeau. Appuyez-vous sur votre mari et permettez-vous d'être vulnérable. Il s'agit d'un conseil d'un père avec une fille, et pas simplement celui d'un médecin » s’exprima le Dr Kramer, sa sincérité touchant chaque mot.

« Merci, docteur » dit Odette, désespérée mais capable de retenir ses larmes.

Dans la tranquillité qui suivit, ils finirent leur thé ensemble. Une fois le thé terminé, Odette se retrouva à sourire plus librement.

« Je vais rappeler l'obstétricien » dit le Dr Kramer en remarquant la tasse vide d'Odette et en se levant.

« Non, docteur, ce ne sera pas nécessaire » répondit Odette en secouant la tête en se levant pour le suivre. Le nuage de frustration qui pesait sur elle depuis des jours s’était dissipé. Elle réalisa qu’elle connaissait la réponse depuis le début, mais qu’elle n’avait pas le courage d’y faire face. « Je devrais être en route maintenant. Mon mari m'accompagnera pour la prochaine visite » annonça-t-elle en fixant un nouveau rendez-vous alors qu'elle quittait le cabinet du Dr Kramer.

L'amour exige des responsabilités, une vérité qu'Odette tenait à cœur. Son amour pour Bastian signifiait qu’elle s’engageait à honorer cette responsabilité. Pourtant, elle commençait maintenant à comprendre l'importance de respecter l'amour de Bastian en retour.

En quittant le parking de l'hôpital, Odette repartit vers Ardenne dans sa voiture jaune clair. Elle se retrouva bientôt sur le boulevard devant l'Amirauté, dirigeant sa voiture vers l'entrée, faisant le tour de la fontaine centrale. La sécurité était stricte, mais en tant qu'épouse de l'amiral Klauwitz, elle passa facilement le contrôle d’entrée.

Saluant les gardes d'un bref signe de tête, Odette se dirigea vers le quartier général de la marine. Le bâtiment de la Marine, avec sa flèche dorée ornée d'un trident symbolisant le pouvoir du dieu de la mer, était particulièrement radieux sous la lumière du soleil.

******************************

Bastian était assis dans son bureau, regardant la mer avec une certaine nostalgie. Il était peut-être encore dans la marine, mais travailler derrière un bureau n'était pas du tout comparable à travailler sur la passerelle d'un navire. Sa rêverie fut brisée lorsque son adjudant passa la tête par la porte qui était restée entrouverte.

« Monsieur, vous avez de la visite. Elle t'attend dans le jardin »

Bastian fronça les sourcils et écrasa la cigarette qu'il fumait. Il apposa une signature sur le dernier document et le remit à l'adjudant. « Amenez-les à leur place » ordonna Bastian en se précipitant vers le jardin.

Apprendre qu'Odette l'attendait dans le jardin, car ce ne pouvait être qu'Odette, fut un peu un choc. Il ne s'était jamais attendu à ce que sa femme fasse quelque chose d'aussi spontané et cela devait signifier que quelque chose n'allait pas. Il était à mi-chemin de la porte lorsqu'il réalisa qu'il avait oublié sa coiffe, mais il était un amiral, qui allait l'appeler pour cela ?

Au moment où Bastian atteignit la dernière marche et avançait de plus en plus vite vers les jardins, il s'était convaincu que quelque chose n'allait pas et il se lança presque dans un sprint. Le comportement récent d'Odette l'avait presque convaincu du fait que quelque chose n'allait pas. Elle avait reculé au moindre murmure de son contact, mais elle n'avait jamais semblé bouleversée ou en colère contre lui.

Certainement pas…

Samedi soir dernier, Odette avait encore une fois gentiment refusé de partager le lit, demandant plutôt quelque chose d'aussi insolite qu'un cacao sans rhum. Malgré sa perplexité et sa légère irritation, il accéda à sa demande. À sa grande surprise, Odette était ravie du cacao qu'il préparait, le buvant avec un enthousiasme très différent de ses récentes difficultés à manger.

« Odette ? » Bastian murmura son nom.

Odette avait levé vers lui un regard écarquillé et plein de non-dits. Bien qu’il ait beaucoup à dire, Bastian choisit finalement le silence. Offrant un sourire légèrement gêné, elle se précipita vers la salle de bain comme si elle s'enfuyait.

Resté seul dans la chambre, Bastian avait prit un moment pour réfléchir aux derniers jours. Odette s'était souvent assoupie et faisait la sieste comme un chat paresseux. Il pouvait également entendre les bruits occasionnels de nausée s'échappant de la salle de bain verrouillée. Son appétit était étrange et elle avait fait preuve d'une sensibilité et d'une attitude défensive accrues. En rassemblant toutes ces pièces, Bastian était arrivé à une conclusion incontournable.

Ne me dis pas…

Bastian contourna le coin du bâtiment. Quelques pas plus loin, il rencontra un jardin au bord d'une rivière, le long du Prater, où filtrait la clarté de la lumière de l'automne. Là, sous la canopée des arbres de la rue, Odette était assise, attendant sur un banc.

Reprenant son souffle, Bastian courut vers elle.

« Bastian ! » Le visage d'Odette s'éclaira d'un pur bonheur à son approche. Bastian, prenant place à côté de sa femme, ne put s'empêcher de sourire doucement devant sa chaleur.

« Pourquoi n'as-tu pas attendu au bureau ? » demanda-t-il, l'inquiétude se plissant sur le front à la vue de ses joues rouges. Odette secoua doucement la tête et prit sa main dans la sienne, un tendre geste de réconfort.

« J'ai préféré attendre ici. L'air, porteur du parfum de l'eau, me réconforte. Il semble que ce petit pourrait te ressembler » dit-elle, son sourire rayonnant d'innocence alors qu'elle guidait sa main pour qu'elle repose doucement sur son ventre. Bastian fit une pause, ayant besoin d'un moment pour saisir tout le poids de ses mots.

« Odette... »

« Nous allons avoir un nouveau membre dans notre famille, Bastian. Nous le rencontrerons au printemps prochain » Regardant directement Bastian dans les yeux, Odette partagea une fois de plus la nouvelle miraculeuse d'une voix calme. « J'ai eu le sentiment depuis le mois dernier que nous pourrions nous attendre à ce que nous espérions, mais j'ai hésité à vous le dire, craignant de me tromper. Après l'avoir confirmé à l'hôpital, mes inquiétudes se sont déplacées vers la santé de notre bébé en raison de mes propres problèmes de santé. J'ai pensé qu'il valait mieux attendre que la grossesse soit plus stable avant de vous le dire, mais je réalise maintenant que c'était peut-être une erreur. Je suis désolée de ne pas avoir eu le courage de vous le dire plus tôt »

Dans le paisible jardin d'eau, Odette attendait Bastian, prête à réfléchir calmement. « Cet enfant a été conçu en juin dernier. Nous l’avons fait avec amour. Qu’est-ce que cela vous a fait ? » demanda-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.

Bastian, les lèvres entrouvertes lentement, laissa échapper un soupir étouffé, se trouvant à court de mots. Ses doigts, caressant doucement le gonflement naissant de son ventre, frémirent très légèrement. Ce simple geste suffisait ; Odette pouvait discerner sa réponse tacite

Un enfant, conçu par amour, était entré dans leur vie. Au milieu de la vive intensité de l’été. Un vrai miracle.

« Je…» Bastian parvint finalement à parler après un long silence. Ses yeux, fixés sur Odette, étaient rouges comme le ciel au coucher du soleil. « Que puis-je faire pour toi Odette ? » reprit Bastian.

« S'il vous plaît, j'ai besoin que vous me protégiez ainsi que… notre bébé »

« Je le ferais » dit-il dans un empressement de mots.

« Tout comme tu as été un bon mari pour moi, tu dois être un bon père pour notre enfant » dit Odette en se jetant dans les bras de Bastian.

« Je le promets, Odette, toujours »

« Bien, maintenant je veux juste que tu me tiennes dans tes bras » Les larmes jaillirent d'Odette et trempèrent sa veste. « J'ai tellement peur, Bastian. Je suis si heureuse, mais j'ai aussi tellement peur »

Les larmes qu'elle avait retenues se libérèrent enfin. Bastian la tenait fermement, mais pas trop. Odette, blottie dans ce havre de réconfort, poussa un cri interne profond et prolongé… C'était la joie d'un enfant qui se retrouvait dans les bras aimants du réconfort.

Ps de Ciriolla: ils le méritent tellement ce bonheur ♥

Tome 2 - Bonus – Chapitre 232 –

Renouvèlement du coeur

« L’année a pris un nouveau tournant. Il est peut-être temps de célébrer la grossesse, tu ne penses pas ? » La comtesse de Trier commença la conversation d'aujourd'hui avec son ton habituel. Odette sourit simplement en portant le combiné à son oreille.

Il était d'usage d'organiser des célébrations lorsque la grossesse atteignait un stade stable, mais Odette ne voulait pas de tout cela, elle voulait juste que les choses soient paisibles, peut-être par peur inconsciente que quelque chose n'aille pas et pour ne pas donner espoir aux gens, Bastian partageait ce sentiment, même face aux critiques de parents comme la comtesse.

« Vous pourriez finir par avoir le bébé sans aucune sorte de célébration » pesta la comtesse Trier.

« Vous êtes plus que bienvenu à tout moment, je vais nous préparer un délicieux thé, nous pourrons organiser notre propre petite fête »

« Je vous jure, Odette, quand vous m'ignorez ainsi, vous êtes le portrait craché de Bastian » dit la comtesse en riant.

« Très bien, dois-je vous écrire pour jeudi ? Vous savez, rester à Ratz a ses avantages, surtout, je peux vous voir plus souvent. Y a-t-il quelque chose en particulier que vous souhaiteriez manger ? »

« Vous voir est plus que suffisant pour moi »

« Oh non ! Je vous apporterai un peu de ce gâteau au chocolat que vous aimez tant de l'hôtel Reinfeldt. Les deux femmes riaient en raccrochant le téléphone.

Bastian avait eu l'idée de déménager à Ratz pour préparer l'accouchement. De l’endroit où elle aimait jouer du piano, elle pouvait voir par la fenêtre et voir la grande roue dans le parc. C'était le plus beau spectacle qu'Odette puisse souhaiter. Avant leur déménagement en Ardenne, le manoir Ratz était bien plus grand que sa maison de ville qu'ils appelaient désormais leur maison. Ils l'avaient choisi pour sa chaleur et son confort et sa situation suffisamment proche du médecin traitant.

Odette descendit jusqu'à son piano dans le salon « Et si on pratiquait une valse aujourd'hui ? » dit-elle à son enfant en caressant son ventre gonflé.

Alors qu'elle commençait à jouer, le doux tintement des touches réveilla le bébé en elle et elle put le sentir donner des coups un peu plus que d'habitude.

De l'été à l'automne puis à l'hiver. Les saisons défilaient dans le flou. Le bébé était en bonne santé malgré tout, au grand soulagement d'Odette. Tout ce qu'ils avaient à faire était d'attendre que la saison change à nouveau et qu'elle rencontrerait son bébé face à face.

« Madame, c'est l'heure de votre promenade » dit Dora après qu'Odette ait joué pendant près d'une heure.

« Voulez-vous vous reposer aujourd'hui ? »

« Non, s'il te plaît, prépare tout, Dora »

« Oui madame »

Odette se leva de son siège devant le piano. Ses promenades quotidiennes étaient quelque chose qu'elle prenait très au sérieux, elle estimait qu'il était important de continuer à bouger, à moins que le temps ne soit particulièrement mauvais.

« Dois-je préparer les princesses blanches aussi ? » demanda Dora, son regard se tournant vers les quatre chiens étendus sur un divan dans un coin.

Tellement fatigués de crier constamment les noms complets des quatre chiens, les serviteurs du manoir les avaient raccourcis au titre collectif de « princesses blanches ».

Aujourd’hui, ils étaient chacune ornées d’un ruban coloré légèrement noué autour du cou.

« Margrethe, Adélaïde, Henrietta, Cecilia » Odette appela chacun de leurs noms. « C'est l'heure de la promenade »

Dès qu'Odette lança la suggestion, les chiens sortaient de leur torpeur et bondissaient dans le salon en jappant avidement, la queue battant comme l'éventail de pudeur d'une noble femme.

Devant l'entrée ouest du parc se trouvait un magasin de fleurs qu'Odette aimait visiter de temps en temps. Dora et une autre bonne attendaient dehors avec les chiens pendant qu'Odette parcourait les fleurs à l'intérieur. Odette ne tarda pas à sortir avec un magnifique bouquet de roses jaunes.

Rouge. Jaune. Écarlate. Bleu. Lors de ses promenades de l’après-midi, Odette se retrouvait souvent attirée par des fleurs aux teintes vibrantes, ce qui s’écartait de ses choix habituels, plus sobres.

Dora faisait de son mieux pour cacher l'agitation émotionnelle qui s'accumulait en elle chaque fois qu'elle voyait sa maîtresse dans un site aussi merveilleux. Odette ne s'en rendit même pas compte, trop absorbée par ses fleurs alors qu'elle nous conduisait à travers le parc. Dora suivait avec les chiens, tandis qu'une autre femme de chambre suivait lentement avec une poussette pour tout chien trop fatigué pour marcher davantage, même si elle ne fut jamais utilisée.

Après quelques tours supplémentaires dans le parc, elles s'approchèrent d'une porte qui constituait le seuil du manoir Ratz. Odette sortit une clé du fond de la poche de son manteau pour la déverrouiller. Au-delà de la barrière complexe en fer forgé s'étendait le vaste jardin du manoir, les accueillant dans ses bras.

Elle se dirigea vers la pergola au fond du jardin. Dora confia la garde des quatre chiens à la jeune servante, qui fut immédiatement submergée par les quatre boules de poils et elle tomba avec un léger cri.

Dora gardait une distance respectable avec Odette alors qu'elle se dirigeait vers un parterre de fleurs derrière la pergola, où reposait le premier enfant des Klauswitz.

L'hôpital avait discrètement entretenu une tombe pour leur premier enfant. Sa existence fut révélée le lendemain de leur déménagement au manoir Ratz. Lors d'une promenade dans le domaine, Bastian l'avait conduite jusqu'à un endroit qu'il avait dédié à leur enfant. À première vue, cela ne ressemblait qu'à un parterre de fleurs, mais un examen plus attentif révèle de subtiles distinctions qui le distinguent de son environnement.

« Bonjour petite » dit tendrement Odette en déposant les fleurs sur la tombe.

Lorsque Bastian avait montré à Odette où était enterrée leur fille, il avait simplement dit

« elle est enterrée ici » et c'était tout. Odette sentait qu'il avait encore quelque chose à dire. Elle pouvait presque voir Bastian porter le petit cercueil dans le jardin, creuser lui-même la tombe et déposer délicatement l'enfant endormi pour l’eternité. Chaque seconde devait être pour lui un nouveau chagrin. Elle ressentait presque du ressentiment que Bastian ait enduré cela seul et sans le miracle de leurs retrouvailles, cela aurait été un secret dont lui seul aurait été au courant.

Pourtant, elle ne lui en voulait pas « Merci » fut tout ce qu'elle parvint à dire. La hâte d'ignorer la douleur, ses excuses silencieuses à leur enfant et le chagrin provoqué par son homme stupide mais adorable étaient tous ensevelis dans son cœur, tout comme Bastian l'avait fait cette nuit-là.

Odette caressait la terre froide à main nue. Bien qu'il n'y ait pas de pierre tombale pour marquer le lieu de repos, Odette pouvait voir des preuves du soin doux que Bastian prenait du site. Des cailloux blancs gisaient en tas bien rangés à cet endroit seulement, ainsi que le dernier bouquet de fleurs qu'Odette avait déposé la dernière fois qu'elle était encore là.

Alors qu'Odette faisait face à la vérité qu'ils avaient toutes deux niée, ses sentiments persistants de chagrin non résolu commençaient à s'estomper, comme la dernière neige fondait à l'arrivée du printemps. Cela lui donnait l'impression qu'elle pouvait l'aimer avec un cœur toujours renouvelé.

« C'était une fille » avait dit Bastian « Une fille magnifique, vraiment magnifique »

Odette ferma les yeux en murmurant une prière pour la paix de sa fille au ciel. Se levant, elle se tourna lentement, respirant profondément pour apaiser la tempête dans son âme.

Sur le chemin du retour, Odette et les servantes s'aventurèrent dans les boutiques. Elles achetèrent des friandises pour le personnel de maison et du fil pour tricoter des vêtements et des chaussettes pour bébés. Comprenant, Margrethe se figea comme une statue sur le point de quitter le quartier commerçant. Ses filles, miroirs de leur mère, adoptèrent rapidement sa pose et se joignirent à sa position silencieuse.

À la fin, les petites princesses ramenées chez elles dans leur poussette, vers le manoir de marbre blanc qui se dressait majestueusement au bord du Prater, maintenant illuminé par le coucher de soleil qui enveloppait Ratz d'une lumière chaude.

« Le salon des invités a un visiteur qui attend votre arrivée, madame » annonça le majordome, qui s'était précipité pour la saluer, lui apportant cette nouvelle imprévue.

Perplexe, Odette entra dans le hall d'entrée.

« Est-ce qu'on attendait des invités ? » demanda Odette.

« Non, madame, il n'y a pas eu d'arrangements préalables, mais c'est la décoratrice d'intérieur, madame » Un sourire content s'étala sur le visage buriné de Lovis. « La décoratrice d'intérieur est là, convoquée à la demande du maître pour discuter de vos préférences en matière de décoration de la chambre de bébé »

********************

Bastian rentra chez lui bien plus tard qu'il ne l'aurait souhaité, tout cela à cause du dîner du Nouvel An naval organisé en l'honneur des chefs d'état-major. Il avait fait de son mieux pour sortir tôt, sachant très bien à quel point les généraux aimaient boire jusqu'à l'aube. Il fut finalement libéré en mentionnant sa femme très enceinte.

Escorté par le majordome, Bastian monta tranquillement les escaliers. Il salua ses princesses blanches dans le salon et ouvrit la porte de la chambre.

« Bastian » dit Odette avec un sourire éclatant alors qu'elle était assise à tricoter de la dentelle « Tu es à la maison plus tôt que prévu »

« Et je pensais que tu serais endormie maintenant » Bastian s'arrêta pour jeter un coup d'œil à l'horloge. 23h15. Pour Odette, c'était le cœur de la nuit.

« J'ai sommeil, mais je t'attendais » Odette posa son tricot et se leva de sa chaise, sa grossesse étant désormais si avancée que même le pyjama le plus ample ne pouvait en cacher l'ampleur. Enroulant un châle de dentelle autour de ses épaules, elle s'avança vers lui d'une démarche douce, le saluant d'un tendre baiser « As-tu beaucoup bu ? »

demanda-t-elle en scrutant le visage de Bastian à la recherche de signes.

« Non, juste un peu » répondit Bastian avec un sourire en embrassant la joue d'Odette. «

Bonjour, Coco » murmura-t-il à son enfant à naître, en posant tendrement sa main sur le ventre arrondi. Un petit coup contre sa paume fut une réponse venant de l'intérieur.

Odette avait partagé son souhait de donner un nom à leur bébé – un surnom prénatal –

comme cadeau spécial marquant leur parcours vers la parentalité.

« Cacao »

Bien qu'ils n'aient pas pu se décider sur un vrai nom, Bastian décida d'inventer un surnom entre-temps. Le nom lui vint un soir alors qu'il regardait Odette boire un chocolat chaud et étant donné son amour pour tout ce qui était chocolaté, il pensa naturellement que le bébé allait être en chocolat, alors Cacao était devenu le surnom choisi, même si Odette pensait que c’était un surnom un peu trop informel.

« Tu ne penses pas que c'est un peu trop informel pour un nom ? » Odette fronça les sourcils, lui jetant un regard interrogateur.

« Alors, nommez-le comme bon vous semble, ma princesse » répondit Bastian, lui renvoyant doucement le choix. Après mûre réflexion, Odette propose un juste milieu.

« Appelons-le Coco alors » dit-elle.

Bastian ne comprenait pas à quel point laisser tomber une lettre changeait quoi que ce soit, mais il honora sans conteste la préférence de sa femme.

« Je choisirai aussi le nom officiel du bébé », déclara Odette avec gravité, affirmation que Bastian accepta sans hésiter. « Tout le monde est convaincu que Coco sera un garçon, tout comme toi, à en juger par la vigueur de ses mouvements. Ils en sont sûrs »

Odette, calmant doucement l'enfant qui continuait à bouger avec entrain même au plus profond de la nuit, éclata d'un rire clair et joyeux.

Bastian laissa échapper un rire en sentant un coup de pied « Effectivement » dit-il. « Oh, j'ai entendu dire que le décorateur d'intérieur était venu aujourd'hui. As-tu pris une décision concernant la chambre ? »

« Non, nous n'avons pas encore décidé » dit Odette en suivant Bastian qui raccrochait son manteau et l'aidait à défaire sa cravate.

« Pourquoi, ça ne doit pas être si difficile, je me trompe ? » Le regard de Bastian se rétrécit alors qu'il la regardait. « Je voulais choisir avec toi » répondit Odette.

Célébration de la grossesse, shopping pour bébé, décoration de la chambre de bébé. Il était courant qu'Odette ne prenne aucune décision ni même ne tente de préparer l'arrivée du bébé sans Bastian à ses côtés. Elle s'était détachée de ces activités. Bastian savait ce qu'elle craignait, il le craignait aussi et à cause de cela, il respectait les souhaits de sa femme, même s'il essayait de l'encourager à chaque occasion.

« J'ai réfléchi à l'orientation générale, mais je n'ai pas encore pris de décision finale. J'ai des choses marquées dans un catalogue, voudras-tu les voir ? »

« Maintenant ? »

« Seulement si tu le veux bien »

« Tu n'es pas fatiguée ? »

« Non, je pense que j'ai trop fait la sieste pendant la journée »

« Laisse-moi d'abord me laver » Bastian, après avoir enlevé son uniforme et l'avoir soigneusement placé sur cintre pour le nettoyer à sec, enfila un peignoir.

« J'aimerais prendre un bain avec toi » dit doucement Odette « Est-ce que ça te va ? » sa voix se fondit dans le calme de la nuit.

Bastian jeta un coup d'œil à Odette, qui le suivait. Sa question, bien que formulée avec douceur, avait le poids d’une directive douce. Comprenant ce qu'elle cherchait vraiment, le rire de Bastian résonna dans la salle de bain.

Odette appréciait certes leurs bains partagés, même si c'était plutôt une torture pour lui, mais comment pouvait-il la refuser ?

Il avait seulement voulu prendre une douche rapide, mais il semblait qu'il allait devoir faire plaisir à sa princesse.

Bastian ouvrit le robinet et alluma la cheminée de la salle de bain. Pendant ce temps, Odette sélectionnait ses sels de bain préférés, choisissant la lavande pour son parfum apaisant. La vapeur qui s'échappait du bain, désormais imprégnée de teintes violettes, réchauffait encore davantage l'espace.

Une fois les préparatifs terminés, Bastian enleva son peignoir et Odette enleva son pyjama. Pour Bastian, la vue d'Odette, sa silhouette élancée portant élégamment le poids de leur enfant à naître, était sans cesse fascinante : un véritable miracle de la nature.

Doucement, il aida Odette à entrer dans le bain avant de la rejoindre, s'assurant d'abord qu'elle était à l'aise. Alors qu'ils s'installaient, le doux mouvement de l'eau s'arrêta, enveloppant la pièce dans un silence tranquille, confortable et intime.

PS de Ciriolla: encore une touchante écriture sur le deuil après une fausse couche, une pensée à toute les mam'anges, souvent si peu reconnu dans leur douleur

Tome 2 - Bonus – Chapitre 233 – Les fleurs du printemps

Le couple se prélassait ensemble dans la grande baignoire, Odette s'asseyait dos à Bastian et s'appuyait dans ses bras. Bastian s'enroula autour d'Odette, ses mains posées doucement sur son ventre et se blottirent dans son cou. C'était la façon la plus confortable de partager un bain. Se forcer à rester éveillée aussi longtemps en valait la peine.

« Comment s'est passé le dîner du Nouvel An ? » demanda Odette rêveuse, les yeux pleins d'impatience.

« C'était bien »

« J'ai entendu dire qu'ils comptaient sur vous pour occuper le poste de commandant adjoint des opérations »

« On dirait que les épouses de la Marine aiment un peu trop bavarder » dit Bastian avec un sourire narquois, ajustant sa position pour qu'Odette puisse s'appuyer plus confortablement contre lui.

Il venait en effet tout juste de recevoir la nouvelle ce jour-là. La marine subissait une restructuration massive et même si l'approbation de l'Empereur était toujours en attente, le chef d'état-major avait des raisons de croire que c'était tout sauf officiel, l'Empereur ne refuserait pas le mari de sa nièce. Bastian avait prévu de surprendre Odette avec la nouvelle, mais il semblait que les épouses des officiers de marine lui aient gâché l'effet de surprise.

« Le printemps sera une saison importante pour cette famille » déclara Odette, rayonnante de bonheur. Ses yeux, débordants de sa présence, et ses joues, illuminées de joie, scintillaient sous la douce lumière.

Bastian la serra plus fort. Une force surgit en Bastian et il sentit qu'il pouvait enfin comprendre le simple petit mot auquel Odette tenait tant : Famille. Ma femme, mon enfant, ma famille. Il avait trouvé un monde pour lequel il donnerait tout et n'importe quoi. Il pensait qu'avoir plus signifiait seulement qu'il y avait plus à perdre, que c'était une faiblesse, mais à cet instant, Bastian se sentait plus fort que jamais.

Il avait ouvertement reconnu ses défauts, façonnés par une vie largement absente de la présence de son père. Ce rôle inconnu semblait parfois écrasant et effrayant. Mais il choisit de s’appuyer sur l’amour qui l’entourait. Tout comme il chérissait la femme à ses côtés et la nouvelle vie qu'elle lui avait donnée, il résolut d'embrasser leur prochain enfant avec le même amour sans limites.

Les mains de Bastian enveloppèrent le ventre d'Odette, comme pour lui transmettre son vœu sous la pleine lune du ciel nocturne. L'enfant était encore, peut-être endormi. Sa main descendit, Odette le remarqua et sourit doucement.

« Par là, Bastian » dit Odette, reprenant ce que faisait Bastian. Elle posa sa main sur la sienne et le guida légèrement plus bas et vers la droite, là où Coco se reposait. Sa caresse était exceptionnellement douce, un contact étonnamment délicat de la part d'un homme de sa carrure robuste. Odette se mit à fredonner doucement. C’était sa façon d’exprimer son bonheur et son amour immenses que les mots ne pouvaient exprimer.

À mesure que la nuit s’assombrissait, les lumières de la ville s’éteignaient les unes après les autres. Bastian regardait comment l'éclairage de la grande roue devenait plus distinctif dans la nuit envahissante, tout en étant bercé par la mélodie captivante de sa bien-aimée, qu'il appelait affectueusement sa belle sirène.

La construction du parc d'attractions à Ardenne était en voie d'achèvement. De nombreuses attractions préférées d'Odette, notamment la grande roue, étaient presque prêtes. Avec la fonte des glaces en hiver et la fin des travaux d'aménagement paysager, ils avaient pour objectif d'inaugurer le parc au plus tard l'été. Cela deviendrait un lieu de joie pour leur enfant. Perdue dans les visions de ces jours idylliques, la mélodie se concluait doucement.

Un sourire apparut sur le visage de Bastian alors qu'il regardait sa femme et qu'elle le regardait. Leurs yeux se croisèrent et Odette tendit la main pour caresser la joue de Bastian avec la paume de sa main. Leurs lèvres se rencontrèrent sous un angle gênant.

Bastian enroula doucement ses bras autour d'Odette alors qu'elle s'installait sur ses genoux. Un soupir, rempli de désir inexprimé, lui échappa, mais ses mains restèrent fermes et prudentes. Leur baiser, plus doux et mesuré qu'auparavant, était entrecoupé de caresses douces. Ils échangèrent avec précaution des caresses prudentes, mais Bastian

gardait

généralement

ses

distances.

Sa

prudence

grandissait

proportionnellement à son ventre.

Alors que la chaleur entre eux montait brusquement, Bastian s'arrêta dans ses baisers et son massage habituel de sa poitrine. Un rire sec s'échappa de ses lèvres. Sa main, qui traçait auparavant des chemins doux le long de son dos et de ses épaules fines, finit par rassembler ses cheveux. Des gouttelettes de ses cheveux humides coulaient sur ses jointures.

« C'est la limite » pensa-t-il.

Bastian éloigna sa main, mais en même temps un gémissement rauque s'échappa de ses lèvres. Il sentit une main douce saisir fermement sa verge palpitante. Bastian plissa les yeux vers Odette. Elle, l'ayant observé en silence, répondit par une lente caresse.

Bastian, qui avait d'abord arrêté son mouvement, posait maintenant doucement sa main sur la sienne.

Les eaux calmes du bain se transformèrent rapidement en un déluge d'éclaboussures et de tourbillons chaotiques, mêlés à leurs respirations lourdes, leurs gémissements et leurs doux rires.

Même si Odette ressentait une montée d'embarras à cause de ses préliminaires osés, elle se battait dur pour maintenir son contact visuel avec l'homme qu'elle aimait. Elle savourait sa jouissance au détriment de son contact, aussi incontrôlé et fervent soit-il.

L'expression de son visage la faisait frissonner de plaisir, exacerbé par ses doigts massant ses parties les plus sensibles.

Odette se laissa ouvertement profiter du plaisir en embrassant profondément Bastian et celui-ci devint encore plus intense. Il lui attrapa les cheveux et lui tira brusquement la tête en arrière pour pouvoir atteindre son cou, où il l'embrassa et lui suça la poitrine avec une passion incontrôlée.

Une vive douleur la parcourut, mais elle n'avait pas peur. Elle savait que cet homme ne lui ferait pas de mal et Bastian répondit à cette confiance en déversant tout son amour sur Odette. Leurs lèvres chaudes s'interrogeaient l'une sur l'autre, s'embrassant et se suçant le cou à tour de rôle, alors même qu'ils se faisaient plaisir dans un acte d'amour mutuel.

Avec un léger gémissement, Odette encouragea Bastian, les yeux brillants d'accomplissement extatique alors qu'elle était témoin de l'apogée de leur plaisir partagé.

« Tu es celui que je préfère au monde entier » dit Odette entre baisers et gémissements.

Même si un nouvel amour, leur enfant, naissait, cela ne changerait jamais. Elle déposa des baisers sur son front humide, sur le coin de ses yeux et sur ses joues réchauffées par la douce lumière, chacun étant un sceau de son affection, jusqu'à ce que la ferveur de ses yeux bleus s'adoucisse. À maintes reprises, elle avat fait cela.

Odette réfléchit silencieusement alors que ses doigts effleuraient ses cheveux blonds platine brillants « J'espère que notre enfant hérite de ce trait de son père » Elle murmura son espoir secret : « Puisqu'il nous rejoint dans la plus brillante des saisons, puisse-t-il briller aussi éblouissant que le soleil de l'été. »

Avec un autre baiser, elle ancra son souhait. L'étreinte de Bastian, aussi enveloppante et réconfortante que la chaleur d'une soirée d'été, la rapprochait.

****************************

L'horloge sonna minuit peu de temps après qu'Odette ouvrit le catalogue jusqu'à la première page. Elle sentit une vague de somnolence l'envahir, mais elle fit de son mieux pour la cacher. Elle était motivée par un entêtement qu'elle ne parvenait pas à comprendre elle-même, alors, assises à côté de l'homme qu'elle aimait, ils parcoururent le catalogue à la recherche de meubles et d'articles pour bébé pour remplir la chambre de bébé.

Ils regardèrent d’abord les berceaux. Odette montra une illustration d'un joli bébé profondément endormi dans un berceau richement sculpté avec de la dentelle blanche, tendrement surveillé par un couple aimant.

« Et celui-ci ? J'aime celui-ci » déclara Odette. Bastian hocha simplement la tête, sans mot ni argument.

Il en était ainsi du point suivant, et du point suivant. Chaque fois qu'Odette soulignait un élément qui lui plaisait, Bastian était prompt à accepter. Tous ses choix furent respectés sans aucune contestation. Ce ne fut qu'après avoir presque tout sélectionné qu'Odette se rendit vite compte que Bastian n'avait même pas regardé le magazine, ses yeux restaient complètement rivés sur elle.

« Tu sais, il faut participer aussi, nous sommes tombés d'accord pour choisir ensemble »

rappela Odette, plus qu'un peu contrariée.

« Je fais de mon mieux pour coopérer » déclara Bastian avec un sourire ironique.

Sentant qu'elle allait s'engager dans une bataille perdue d'avance, Odette soupira. Elle se sentait gênée par sa bêtise, mais elle ne se laissait pas contrarier.

« D'accord, à partir de maintenant, tu choisis » dit-elle en tournant la page vers un étalage de mobiles pour bébés.

Après une minute d'étude calme de la page, Bastian posa un doigt vers le bas, choisissant une forme de nuage au centre.

« C'est joli, mais tu ne trouves pas que celui-ci est plus joli ? » dit Odette en désignant un autre mobile avec des étoiles dessus. Le matériau était nettement plus luxueux et, surtout, ses couleurs vibrantes semblaient destinées à captiver le plaisir des enfants.

« Bien sûr, si c'est celui-là que vous aimez, nous l'aurons »

Réalisant trop tard son erreur, Odette tenté de contrer sa propre décision.

« Tout ce que vous voulez » dit Bastian, avec un sourire triomphant aux lèvres. « Tu vois, c'est beaucoup plus efficace si tu choisis directement, plutôt que de perdre du temps à débattre alors que nous finirons par prendre ce que tu voulais en premier lieu »

Bastian céda sa prise de décision à Odette, qui fit semblant de réfléchir, mais reprit son trône en haussant les épaules, marquant son territoire en choisissant quelques bavoirs et hochets. Après quelques pages supplémentaires, Odette laissa échapper un bâillement assez important alors qu'elle sentait ses paupières devenir plus lourdes.

Il était déjà une heure du matin passée. Bastian se releva prudemment et sourit à la vue amusante d'Odette essayant désespérément de garder les yeux ouverts. Il la souleva doucement du canapé et Odette passa ses bras autour de son cou et s'appuya contre sa poitrine. Au moment où il l'allongea sur le lit à quelques pas de là, elle rêvait déjà.

Après avoir couché Odette dans son lit, Bastian alla vérifier la cheminée, puis se dirigea vers la table de la fenêtre pour organiser le catalogue et éteindre la lampe. Odette le regardait au bord du sommeil. Ce ne fut que lorsque Bastian s'installa à côté d'elle qu'elle ressentit tout le confort du repos.

« Bonne nuit, mon amour » dit Odette.

« Toi aussi, et Coco aussi. Puissiez-vous tous les deux faire de beaux rêves » La réponse de Bastian fut un doux au revoir, sa voix mêlée de rire. Ce ne fut qu'après que ses paupières se furent complètement fermées qu'elle se demanda s'il avait pu parler en Felia. « Impossible » pensa-t-elle. Rejetant les spéculations passagères, Odette s'endormit. Cette nuit-là, elle rêva des chansons qu'elle avait chantées à Bastian qui lui revenaient, un air plein d'espoir et d'amour éternel, souhaitant secrètement qu'il ne parle pas couramment Felia.

*******************************

Le printemps vit de nombreux nouveaux arrivants, non seulement des fleurs et des bébés d'animaux sauvages, mais aussi un enfant dans la maison Klauswitz. La nouvelle se répandit rapidement dans tout le pays, d'abord jusqu'aux plus proches parents et lorsqu'elle arriva au QG naval, rien n'y avait plus rien pour l'arrêter.

Bastian apprit la nouvelle alors qu'il était en plein banquet au ministère. Un assistant au visage pâle murmura qu'Odette avait commencé le travail discrètement. Pendant un moment, il fut trop abasourdi pour dire ou faire quoi que ce soit. On lui avait dit que le travail devrait avoir lieu dans dix jours. Le docteur Kramer avait même déclaré que la première grossesse prolongeait généralement au-delà de la date prévue.

Il n'y avait eu aucun problème pendant la grossesse, Odette était en bonne santé. Même si elle ne se sentait pas suffisamment bien pour assister au banquet d'aujourd'hui, il n'y avait eu aucun autre problème – et cela était constamment confirmé par les visites régulières du médecin.

« Le travail avance vite. Vous devriez y aller maintenant, Amiral ! » dit l'assistant, ramenant Bastian à la réalité.

« Amiral Klauswitz ? » cria la voix anxieuse de l'Empereur de l'autre côté de la table. Les autres officiers, voyant le teint pâle de Bastian, se mirent à murmurer.

« Je suis désolé, Votre Majesté, je dois partir immédiatement »

« Que veux-tu dire ? »

« Mon enfant… mon enfant est sur le point de naître »

Les yeux de l’Empereur s’écarquillèrent « Un enfant, tu veux dire le vôtre et celui d'Odette ? »

« Oui votre Majesté. Je crois que je dois être aux côtés de ma femme en ce moment. Je vous demande gentiment la permission de partir » Malgré la gravité de la situation,

Bastian garda son sang-froid en demandant la compréhension de l'empereur. À son grand soulagement, l'empereur accueillit la nouvelle de l'arrivée de sa petite-nièce avec un rire robuste et une salve d'applaudissements, donnant sa bénédiction.

« Oui, certainement, il faut y aller. Mes plus sincères félicitations, Amiral Klaubitz. En voyant votre rayonnement en ce jour propice, je suis convaincu que cet enfant est destiné à la grandeur »

« Merci, Votre Majesté » dit Bastian en s'inclinant. Il quitta la salle de banquet sous les acclamations et les vœux des autres officiers, mais il ne leur épargna pas un seul instant.

Bastian s'envola du bâtiment du QG et monta dans la voiture du personnel en attente. Il avait envie de conduire la voiture lui-même, mais ne voulait pas perdre un seul instant à discuter avec le conducteur. À la seconde où la porte se referma, le chauffeur solennel décolla. Personne ne lui barrait le passage à la porte, mais à peine un kilomètre plus loin, leur passage était bloqué.

« Je suis désolé monsieur, il semble qu'il y ait eu un accident plus loin » dit tristement le conducteur, la pitié dans les yeux alors qu'il examinait la route encombrée de Preve. Un tramway déraillé obstruait la route, rendant le passage sur cette route apparemment impossible. La file de voitures et de voitures qui s'était accumulée derrière ne laissait aucune possibilité de faire demi-tour.

Bastian n'attendit pas. Dès que le conducteur lui annonça l’accident, il était déjà sorti et courait de toutes ses forces. « Att.., amiral ! » Le chauffeur l'appela, mais Bastian était hors de portée de voix.

La rue d’où l’amiral avait disparu était inondée des teintes roses des fleurs printanières, ondulant comme des nuages sur l’horizon.

Ps de Ciriolla : Cours Bastian!! COURS!!!

Tome 2 - Bonus – Chapitre 234 – Mon paradis

La salle était silencieuse, à l'exception du crépitement désespéré des chaussures à talons. La comtesse Trier ne pouvait pas rester assise un seul instant et avait dû déjà parcourir cent kilomètres dans ce couloir. De temps en temps, elle s'arrêtait devant les portes de la salle d'accouchement et regardait par la fenêtre, mais le paravent l'empêchait de voir ce qui se passait. Avec un soupir d'impatience, elle continua à faire les cent pas.

Encore quelques tours dans le couloir et elle s'arrêta de nouveau devant la porte, regardant à travers la petite fenêtre, mais comme auparavant, le paravent bloquait son horizon. De temps en temps, elle regardait l'horloge et se demandait pourquoi Bastian prenait autant de temps. Il avait sûrement déjà reçu la nouvelle. Elle l'attendait ce qui semblait des heures.

Le claquement rythmé de ses chaussures était complété par le bruit de pas pressés, de quelqu'un qui courait. Elle leva les yeux vers le couloir juste à temps pour voir Bastian déraper, se heurtant presque au mur en avançant.

« Mon Dieu, amiral Klauswitz, avez-vous traversé un champ de bataille ou quelque chose comme ça ? » demanda la comtesse Trier.

Bastian avait l'air d'avoir été traîné à reculons à travers une haie, ses cheveux étaient ébourifés, sa ceinture était tordue, les médailles de travers et son visage était rouge betterave et ruisselant de sueur.

« Est-ce que ma femme est là, est-ce qu'elle va bien ? » Bastian, essoufflé, demanda fermement, toujours haletant, ignorant les remarques de la comtesse et regardant par la porte vitrée.

La comtesse Trier, comprenant pourquoi il était si pressé, laissa échapper un petit rire qui ressemblait presque à un soupir : « Oui, oui, elle va parfaitement bien. Aux dernières nouvelles, les médecins ont dit que la tête était, euh, couronnée. C'est donc presque fini

»

« Qu'est-ce que cela signifie ? »

« Cela signifie que vous tiendrez votre enfant dans vos bras très bientôt » La comtesse sourit à Bastian et lui posa la main sur l'épaule.

C'était très choquant de voir un héros de guerre, quelqu'un qui avait commandé de nombreuses batailles, qui était resté calme à travers tout, ressembler maintenant à un

petit garçon perdu et troublé. C'était intéressant de penser que Bastian pouvait arborer une telle expression.

Bastian regardait dans le vide, essuyant son visage trempé de sueur à main nue. Puis il entendit quelqu'un crier, c'était un cri de femme, c'était Odette. Bastian pâlit et agit instinctivement, faisant irruption en saisissant les portes et voulant se diriger vers sa femme, mais la comtesse Trier s'imposa entre lui et la porte.

« Maintenant, voyez, Amiral, un homme ne peut pas être autorisé à entrer dans la salle d'accouchement. Vous devez respecter les règles de la décence »

« Écartez-vous, Lady Trier, sinon ce ne sera pas la seule chose peu distinguée que je ferai aujourd'hui. C'est de ma femme dont nous parlons » Les yeux de Bastian étaient des flaques de feu bleu flamboyant alors qu'il regardait l'obstacle entre lui et sa femme.

« Raison de plus pour maintenir le décorum et la dignité ou avez-vous l’intention de souiller la naissance de votre premier-né avant même qu’il ait eu la chance de prendre son premier souffle ? » répondit sévèrement la comtesse Trier, comme si elle parlait à un enfant qui se comporte mal.

La pièce était remplie d'yeux vigilants : des parents qui s'étaient précipités après avoir entendu parler du travail d'Odette, ainsi que des membres d'autres familles nobles visitant la salle VIP. C'était comme une représentation à petite échelle de la société Ratz.

L'enfant du couple Klauswitz, chouchou de l'élite sociale qui avaient conçu contre vents et marées, était sur le point de naître. L’idée de la renommée que cet enfant porterait était écrasante.

« Je sais bien que vous considérez l'étiquette sociale comme un simple simulacre. Bien que je ne puisse pas contester ce point de vue, après tout, mais c’est le monde dans lequel votre enfant naîtra et, en tant que tel, vous devez montrer l’exemple. Maintenant, allez chercher des rafraîchissements et réfléchissez au type de modèle de père que vous souhaitez être pour votre enfant » elle fit signe à la foule rassemblée avec ses yeux.

Heureusement, Bastian comprit.

« Allez et préparez-vous à devenir père » La comtesse repoussa Bastian, qui se laissa conduire vers le salon des invités. Elle avait raison et il le savait. À contrecœur, il dut accepter. C'était jusqu'à ce que le cri d'Odette se fasse à nouveau entendre et que Bastian se figea sur place. Soudain, la comtesse Trier eut l'impression d'essayer de pousser un mur de briques.

« Amiral…. »

«… J'ai un message pour ma femme. Dis-lui que je suis arrivé ici. Que tout ira bien. S'il vous plaît, transmettez ceci à Odette, comtesse » demanda Bastian, ouvrant ses yeux bien fermés, avec un supplication.

Le personnage redoutable, souvent comparé à un chien de l'enfer, se retrouvait détruit par le son des cris laborieux de sa femme. La comtesse Trier, luttant pour dissimuler un sourire, fit un signe d'approbation. Ce fut alors seulement que Bastian reprit sa marche.

Pour ceux qui observent de loin, la vue doit être impressionnante. Ils ne virent que le

jeune amiral dans sa resplendissante tenue de cérémonie, se déplaçant d'une démarche militaire déterminée.

Alors que Bastian entrait dans la salle d'attente, la comtesse Trier autorisa finalement l'accès à la salle. Elle comprenait que ce n’était pas le moment de faire preuve de sentimentalité, mais qu’une promesse restait une promesse, après tout.

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Dans la salle de bain de la salle d'attente VIP, Bastian se rafraîchit en se lavant le visage.

Il se coiffa, redressa les médailles et les rubans tordus, et son apparence s’améliora considérablement.

Même si Bastian ne pouvait s'empêcher d'avoir l'impression de participer à une pantomime absurde, il s'occupait consciencieusement de chaque aspect de son uniforme, s'assurant que même les parties cachées étaient impeccables, exemptes d'un seul grain de poussière, avant de quitter le lieu. SALLE D'ATTENTE. Le couloir extérieur était maintenant encore plus rempli de badauds qu’auparavant.

Bastian se dirigea vers la chambre d'hôpital d'Odette à pas mesurés. De temps en temps, des connaissances l'arrêtaient pour lui adresser leurs félicitations, auxquelles il répondait avec la politesse voulue. Pourtant, il n'enregistrait à peine aucun de leurs visages, bougeant presque mécaniquement, comme s'il naviguait dans un rêve.

« S'il te plaît, protégez-moi ainsi que notre bébé »

Alors qu'il marchait dans le couloir de l'hôpital, baigné par la douce lueur du soleil printanier, Bastian revenait sur la supplication d'Odette, une demande qu'il n'avait jamais laissé échapper de sa mémoire. Quel que soit le poste qu'il devait jouer pour assurer leur protection, il le ferait avec plaisir. Qu’il ait besoin d’être un conquérant, il le ferait ou un simple pion dans un jeu politique, il le ferait. Quoi qu’il en coûte, il les protégerait.

« S'il te plaît »

Bastian serra fermement ses lèvres, réprimant un léger tremblement.

Depuis qu’il avait mis les pieds à l’hôpital, il pensait pouvoir sentir le sang. Il savait que c'était une hallucination, mais il ne pouvait pas chasser cette vision de son esprit. La main d'Odette, pâle et tachée de sang. Leur enfant sans vie. Un battement de cœur silencieux malgré son écoute désespérée.

L'hôpital l’avait rendu claustrophobe, les murs du large couloir semblaient trop proches.

Le cauchemar de son passé était revenu le hanter dans le présent, l'engloutissant tout entier. Ses propres respirations irrégulières remplissaient le vide, et dans le silence écrasant du désespoir froid, il se retrouva à souhaiter que même ce petit signe de vie cesse. Tandis qu'il luttait pour se vider l'esprit, Bastian marchait à pas de plus en plus lourds.

La chambre d'hôpital d'Odette n'était qu'à quelques pas, mais un silence troublant enveloppait les lieux. Finis les bruits du travail, laissant place à un calme trop profond.

« Odette, s'il te plaît, va bien » supplia-il en répétant la prière encore et encore.

Alors que sa patience était à bout et que ses nerfs étaient à bout, il déclara au diable les normes et se dirigea vers la porte fermée, mais avant de pouvoir tendre la main, il fut figé par les sons des petits cris d'un nourrisson.

C’était le son le plus merveilleux, éveillant sa conscience comme une bouée de sauvetage le tirant des profondeurs de l’eau.

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Le bébé était si beau comme un ange baigné de lumière céleste. Odette regardait le petit ange dans ses bras avec des yeux pleins d'amour. Si elles étaient toutes ridées comme les bébés ont tendance à l'être, Odette pourrait voir la beauté d'une créature aussi miraculeuse. Dire que toute cette douleur qu'elle venait d'endurer, qui semblait désormais n'être qu'un lointain souvenir, était le seul prix à payer pour tenir la beauté dans ses bras. C'était irréel qu'elle ait atteint un tel bonheur. Odette cligna des yeux pour retenir ses larmes, ravalant les émotions retentissantes qui s'accumulaient dans sa poitrine.

Elle était mère maintenant. En berçant son nouveau-né, le poids de sa nouvelle réalité s’imposa à elle. Odette retint ses larmes, les yeux rouges, alors qu'elle essayait de contenir l'émotion qui montait en elle. À ce moment-là, un léger coup retentit.

« Bastian » Sa voix, teintée d'une joie trop vaste pour être contenue, accueillit son mari.

Bastian, qui les observait tous les deux en silence, s'approcha à pas doux. Son premier geste fut de s'assurer du bien-être d'Odette, en exprimant sa gratitude à l'équipe médicale soignante. Ce ne fut qu'après ces formalités qu'il s'autorisa à regarder l'enfant tant désiré.

Les yeux d'Odette s'assombrirent de confusion face à l'apparente distance de Bastian.

Après avoir formellement remercié l'équipe médicale et même les avoir escortés jusqu'à l'entrée du service, ses actions semblaient presque trop distantes. Serait-elle en train de rêver ? Au moment où elle ressentait le besoin de se pincer les joues, la dernière infirmière quitta la pièce et Bastian reporta son attention sur Odette. Son sourire, auparavant poli et semblable à un masque, s'estompa, laissant son expression aussi vide qu'une fenêtre sombre, teintée d'un sentiment de perte.

Ce fut alors seulement qu'Odette sentit une vague de soulagement l'envahir. Elle reconnut la peur paralysante qui pouvait accompagner une joie immense, un sentiment qu'elle avait elle-même ressenti en rencontrant leur nouveau-né pour la première fois.

L'amalgame de douleur, de chagrin, de bonheur, de joie, de blessures, de larmes et d'amour s'était écrasé sur elle comme une vague puissante, la laissant engloutie dans une tempête d'émotions indescriptible. Tout ce qu'elle voulait, c'était laisser couler ses larmes, ne sachant pas comment exprimer autrement le tumulte qui l'habitait. Bastian, réalisa-t-elle, devait ressentir le même mélange écrasant d'émotions.

« Bastian, je vais bien, Coco et moi allons bien. Tout cela est grâce à toi »

La voix d'Odette, aussi réconfortante que la chaleur du soleil printanier, parvint à Bastian. Il chercha les mots justes à dire, mais se retrouva sans voix. Tout ce qu'il pouvait faire était de la regarder et de pousser un soupir qui se transforma en un rire teinté d'autodérision. La rougeur de ses yeux trahissait sa tentative de cacher ses émotions.

« Continueras-tu à nous protéger ? » continua Odette, ses yeux turquoise brillaient comme des bijoux.

« Oui, bien sûr, Odette. Je le ferais » promit Bastian. Levant sa main nue pour couvrir ses yeux brûlants, il laissa échapper un rire, un rire qui avait un ton d'autodérision. C'était un spectacle qui faisait pitié.

« Alors viens rencontrer ta fille, fais-lui aussi la promesse, Bastian »

La voix d'Odette, éclatée en sanglot. Bastian prit quelques respirations profondes avant de finalement retirer ses mains de son visage. D'un mouvement lent et délibéré, mais rempli de détermination, il s'assit à côté de sa femme et de son enfant.

La vue des visages tachés de larmes les uns des autres provoquait une joie inexprimée, les faisant rire ensemble, comme si c'était un signal. Bastian scella son amour et sa gratitude inexprimés par un baiser sur la joue pâle d'Odette et rencontra courageusement le regard de leur fille, bercée paisiblement dans les bras de sa mère, profondément endormie.

Il passa un long moment à admirer sa fille, caressant doucement ses cheveux platine doux et duveteux qui reflétaient les siens. Pourtant, par la forme de ses yeux, de son nez et de ses lèvres, elle ressemblait davantage à Odette.

« Oh, elle sourit, elle doit vraiment aimer son papa » roucoula Odette.

« Elle n'a même pas encore ouvert les yeux, je doute qu'elle sache que c'est moi »

Même s'il donnait sa réponse sceptique, il ne quittait jamais sa fille des yeux, même si elle laissait échapper un bâillement endormi. Tout déni qui couvait dans le cœur de Bastian fondait comme la neige et était oublié.

Bastian vécut une nouvelle fois le coup de foudre. Tout comme il avait été autrefois hypnotisé par une belle femme se révélant, il se retrouvait maintenant totalement enchanté par la vue de sa fille, souriant dans la douce étreinte du soleil printanier.

« Voudrais-tu la tenir ? » l’interrogea Odette en remettant l'enfant à son père.

Bien que légèrement déconcerté, Bastian prit la jeune fille dans ses bras. Il n'avait jamais rien traité d'aussi délicatement de sa vie. Il avait l'impression de tenir un objet en cristal fin qui pouvait se fendre à la moindre mauvaise manipulation. L'enfant se tortilla au début, mécontente d'être dérangée, mais elle s'installa rapidement dans les bras de Bastian.

« La voir dans tes bras me fait vraiment réaliser à quel point elle est petite » Le sourire d'Odette n’en finissait plus en regardant Bastian sourire à sa fille et placer un doigt dans sa main qui était si petite qu’elle pouvait à peine en saisir le bout. Émue par ce soudain stimulus, Coco ouvrit ses yeux aveugles et saisit le doigt de Bastian de toutes ses forces.

À ce moment-là, c’était comme si leurs cœurs communiquaient directement. Après cette connexion éphémère, le bébé retomba dans le sommeil. Bastian remit doucement sa fille dans les bras de sa mère et embrassa l'amour qui avait apporté ce miracle dans leur vie.

Il consacrerait tout pour protéger son paradis. Bastian ne doutait plus de lui-même.

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En moins d'une journée, la nouvelle de l'arrivée de nouvelle Klauswitz avait balayé la ville. Constance Carolina Maria Trosa Klauswitz était son nom complet, digne et élégant, mais la plupart des gens l’avait connue sous son surnom affectueux.

Princesse de la nouvelle ère, même si elle avait finalement reçu un nom digne, l'héritière de sa fortune future et de la noble lignée de sa mère serait toujours connue sous le nom de Coco.

Ps de Ciriolla : pour information, la tête couronnée lors de l'accouchement, correspondant au moment ou la partie la plus large de la tête du bébé passe la sortie du vagin, donc oui c'est signe que l'accouchement devrait se finir assez rapidement vu que la tête est quasi à l'extérieur... et qu'il reste que le passage délicat des épaules

Tome 2 - Bonus – Chapitre 235 –

Réalisation d'un rève

La dernière note s'éteignit dans la chambre et Odette se leva de derrière le piano avec un sourire satisfait. Son jeu s'améliorait, même si elle avait encore quelques progrès à faire, marquées par les brefs gribouillages sur la partition où elle pensait qu'elle devait faire mieux.

Prendre un semestre pour s'occuper de son bébé n'avait pas arrangé les choses, mais Bastian avait engagé le professeur Leit à la retraite pour qu'il vienne tous les jeudis lui donner des cours particuliers. Grâce à cela, les compétences pianistiques d'Odette ne s'étaient pas altérées au point d'être irrécupérables et elle se préparait désormais pour le semestre suivant.

Odette rassembla toutes les partitions éparpillées en une pile soignée et regarda par la fenêtre la mer d'un bleu étincelant. Elle s'assit sur le rebord de la fenêtre et contempla le paysage onirique avec au loin la grande roue, la plus grande et la plus belle de tout l'empire, correspondant parfaitement au plan chéri.

Il faisait l'objet de quelques tests aujourd'hui et serait la star du nouveau parc d'attractions nommé « Coco Land » en l'honneur du nouveau bébé royal. L'inauguration était prévue ce week-end. Chaque manège était vérifié et prêt, et ils mettaient la touche finale aux décorations du festival. Avec ses décorations vibrantes, le parc ressemblait à un conte de fées.

L'horloge sonna l'heure et Odette quitta la véranda. Elle dansa pratiquement à travers le couloir et devant l'escalier central pour arriver à la terrasse qui surplombait la mer. Les plis de sa robe scintillaient et battaient tandis qu'elle sautait.

« Constance » Odette appela sa fille d'une voix gestuelle en entrant sur la terrasse.

Sa fille, qui jouait avec les domestiques, leva vers sa mère un sourire éclatant. Odette souleva sa fille qui riait en se balançant et se laissa tomber sur la table où on leur préparait le thé.

« Merci, je vais m'occuper d'elle cet après-midi, tu peux te reposer Dora » dit Odette.

« C'est bon, madame, vous pouvez me la laisser, ce serait terrible si vous vous fouliez le poignet » répondit poliment Dora.

« Ne t'inquiète pas, Dora, tout ira bien »

Odette fit une grimace qui fit rire Coco de joie, ses yeux bleu clair s'illuminèrent alors qu'ils se remplissaient de sa mère et ses cheveux blond platine dansaient alors qu'une brise les combattait.

« La jeune femme ressemble de plus en plus à sa mère chaque jour » déclara Dora. Le visage de Lovis s'éclaira d'un sourire d'accord alors qu'il versait silencieusement le thé.

On avait décrit Coco comme étant comme Bastian, mais avec les traits d'Odette. Même si elle avait les cheveux et les yeux de son père, tout le reste chez l'enfant ressemblait nettement plus à Odette. De loin, on pourrait facilement la confondre avec la jumelle de son père, mais de près, elle reflétait clairement l'image de sa mère.

« Regarde ici, Constance, n'est-ce pas magnifique ? » dit Odette en désignant la grande roue. « Dans quelques jours, Constance, maman et papa pourront y aller, tous ensemble, en famille » Odette lui raconta l'inauguration du parc d'attractions avec le genre d'enthousiasme qu'on voit chez un enfant excité à l'idée de pique-niquer.

Constance n'y prêtait pas attention, elle était entièrement fascinée par les chiens, qui s'étaient rassemblés au pied de la table du thé lorsque Lovis avait apporté la nourriture.

Odette s'en rendit compte et observa la confrontation entre les cinq dames.

Les chiens devaient se méfier du bébé apparu soudainement un jour. Avec un mélange de curiosité et de prudence, ils l'avaient repérée et, étonnamment, Margrethe était restée sur ses gardes autour du bébé. Même si les trois autres s’affairaient autour de l’enfant, elle restait à distance. C'était la première fois que Margarethe s'approchait d'aussi près pour examiner attentivement l'enfant.

« Bonjour, Margarethe. Soyons amis » déclara Odette, parlant au nom de sa fille tout en déplaçant doucement la main de Constance dans un geste.

Margarethe remua la queue, un léger mouvement à l'extrémité, mais un changement significatif par rapport à son désintérêt antérieur, réchauffant le cœur d'Odette. « Merci, Meg » Avec ces mots de gratitude d'Odette, le comportement de Margarethe se transforma. Elle devint affectueuse, ses gestes à la fois attachants et touchants.

« Pourriez-vous apporter la boîte à collations pour chiens ? » demanda Odette à Dora, qui s'inclina et s'enfuit.

Les oreilles des chiens se dressèrent immédiatement en entendant Odette mentionner la boîte à collations. Ils commencèrent à rebondir sur la terrasse, la langue sortie et bavant d'impatience.

En commençant par Margarethe et la dernière Cecilia, Odette appelait chaque nom avec amour tout en distribuant des friandises à base de viande séchée. Lorsqu'elle eut fini de distribuer les collations, elle remarqua que les chiens semblaient s'arrondir chaque jour.

Une seconde inspection plus approfondie confirma que sa première impression était correcte.

« Combien de collation nous reste-t-il ? » demanda calmement Odette alors que la bonne apportait la boîte à collations.

« C'est tout ce que nous avons pour l'instant, madame. Je veillerai à ce que nous ayons un bon stock une fois les courses livrées demain » répondit la servante avec un sourire.

Odette soupira et ferma la boîte à goûter, réalisant qu'il était peut-être temps de freiner la main trop généreuse de Bastian.

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Bastian rentra chez lui plus tôt que prévu, sa réunion extérieure s'étant rapidement terminée. Il devait encore assister à un dîner plus tard dans la soirée avec des investisseurs potentiels, mais il y eut un intervalle avant que celui-ci ne commence. Le lieu était à proximité, ce qui lui permettait de partir au coucher du soleil afin de pouvoir passer un peu de temps avec sa femme et sa fille avant.

Une voiture de couleur crème glissa le long de l'allée du manoir, s'arrêtant à l'entrée principale. Bastian passa le volant au majordome et entra dans le hall d'entrée. Ses pas décisifs résonnaient dans les couloirs, baignés par la lumière dorée de l'après-midi du manoir.

Bastian s'arrêta devant la crèche. La porte était entrouverte et il entendait Coco roucouler de l'autre côté. Quelque chose la divertissait et bien sûr, il entendit Coco et Odette rire. C'était réconfortant d'entendre une si belle musique et Bastian poussa la porte pour voir le duo jouer sur le sol.

« Bastian » appela Odette avec joie dans son ton.

Les chiens se montrèrent un peu moins réservés dans leur salutation, se précipitant sur Bastian dans un raz-de-marée de poils.

« Tu es rentré tôt, est-ce qu'il s'est passé quelque chose ? Le dîner a-t-il été annulé ? »

demanda Odette en se levant de sa chaise avec Constance dans les bras.

« Non » répondit Bastian avec un sourire, en se dirigeant vers sa femme et sa fille. Il embrassa Odette sur la joue, faisant briller encore plus son sourire « Je me suis retrouvé avec un peu de temps supplémentaire et j'avais envie de rentrer un peu à la maison » Il déposa également un doux baiser sur la joue potelée de sa fille et prit un moment pour saluer les chiens qui encerclaient avec impatience ses pieds.

La famille Klauswitz passa un après-midi serein ensemble. Bastian prit Constance, qui riait de joie en voyant son père. Odette s'occupait des chiens, son contact les calmait au point qu'ils s'asseyaient et haletaient lourdement.

« Tira attend son troisième enfant, je viens d'avoir des nouvelles aujourd'hui. La production de bois est en plein essor » raconta Odette, partageant de vaines nouvelles alors qu'elle finissait de toiletter Cecilia . Tout en montrant la grande roue à Constance, Bastian regarda vers sa femme, les yeux légèrement plissés. « Elle prévoit de rendre visite à Berg d'ici la fin de l'année prochaine. J'aimerais la rencontrer au moins une fois, Bastian. Et toi ? » Odette, après avoir terminé une belle coiffure pour Cécile, s'approcha de lui, une pointe de tension sur le visage.

« Comme tu veux, ma Princesse « répondit Bastian avec un sourire nonchalant.

« Merci de ta compréhension »

Odette avait maintenu un contact constant avec Tira, leur relation ne se diminuant pas avec la distance. Bastian avait décidé de garder pour lui la vérité sur l'accident du duc Dyssen, un secret qu'il enterrerait profondément dans son coeur et qu'il emporterait dans sa tombe. Ce n'était pas juste pour Odette, elle avait déjà tellement perdu, il n'était pas nécessaire de rouvrir de vieilles blessures.

Bastian était conscient que les sentiments d'Odette pour Tira s'étaient réduits à une simple affection et sympathie fanées. Il se demanda si c'était simplement l'essence des liens familiaux typiques. En pensant à leurs relations, l’esprit Bastian se tourna vers Franz.

Franz Klauswitz s'était enfui vers le nouveau monde pour commencer sa carrière de peintre, poursuivant le rêve qu'il refusait d'abandonner, mais les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu pour lui.

Malgré une amère trahison, Franz chercha une fois de plus du réconfort dans une communauté d'artistes moins connus, mais fut déçu. Il perdit la moitié de l'héritage que lui avait laissé sa mère, victime d'une escroquerie. En difficulté pour trouver des fonds, il avait investi le pécule que sa mère lui avait préparé et avait tout perdu en bourse.

La dernière fois que Bastian avait entendu parler de son demi-frère, c'était qu'il naviguait entre les cliniques, souffrant de tuberculose. Depuis l'arrêt de l'enquête ce jour-là, Bastian ne continua pas à s’informer du sort ultérieur de Franz. Un an s'était écoulé ; pour autant qu'il sache, Franz aurait pu quitter ce monde, trouvant peut-être la paix aux côtés de leur mère dans l'au-delà.

Étonnamment, Bastian découvrit qu'il n'avait aucune mauvaise volonté envers son frère, juste une simple reconnaissance de son existence et rien de plus. Tous les sentiments qu'il éprouvait pour Franz s'étaient transformés en poussière bien avant.

Même s'il apprenait la mort de Franz, cela ne changerait vraiment rien en lui. C'était pareil avec Sandrine, il ne se souciait pas vraiment d'avoir de ses nouvelles.

Sandrine s'était remariée dans la noblesse estimée de Felia, mais son union fut bientôt gâchée par la nouvelle de la mort de son mari au combat. Face à la perspective d'un troisième mariage, son chemin était semé d'embûches, la guerre ayant érodé l'influence de la famille Lavière. Malgré les rumeurs sur ses liaisons avec divers hommes, aucune de ces relations n'avait laissé une impression durable et aucun nom n'était ressorti dans les rumeurs.

« Bastian ? » une voix douce le rappela à l'instant présent.

Bastian se tourna pour voir Odette le regarder de ses yeux turquoise brillants. Leur échange tranquille interrompu par les agitations de Constance. Elle avait été heureuse, mais en quelques secondes, elle était maintenant irritable et difficile. Voyant que Bastian s'énervait, Odette prit rapidement l'enfant des bras de son père vers une chaise près de la fenêtre.

« Je m'en occupe, madame » proposa la nounou qui arriva en entendant les cris, mais Odette voulut allaiter elle-même l'enfant.

Il était de coutume que les bébés royaux aient une nounou, mais Odette avait catégoriquement refusé. Il y a très longtemps qu'elle avait eu une nounou, mais lorsque sa famille se retrouva dans le dénuement, c'était à sa mère de s'occuper d'Odette, un moment qu'elle chérissait de tout son cœur. C'était la force de ces souvenirs qui lui avait permis de prendre soin de sa mère, devenue une invalide dépressive et irritable.

Odette voulait être le genre de mère qui comble sa fille d'attention et d'amour abondants, espérant que ces moments constitueraient un phare dans la vie de son enfant. Peu de temps après avoir été nourrie, Constance cessa de pleurer et retrouva son calme.

Bastian observait sa femme et sa fille depuis le rebord de la fenêtre, tandis que les chiens sur le tapis tendaient le cou pour observer également le bébé. Après avoir nourri Constance, Odette leva les yeux et trouva Bastian qui la regardait, son regard par inadvertance posé sur sa poitrine encore pleine. Elle fronça les sourcils comme pour le gronder. Bastian, avec un sourcil levé et un sourire, gardait son admiration sans réserve, les bras croisés dans une position détendue. En rougissant, Odette remit rapidement Constance à la nounou et ajusta sa robe.

Bastian porta sa fille, qui avait besoin de roter, jusqu'au balcon. Peu de temps après qu'il lui ait doucement tapoté le dos, un petit rot résonna et une femme de chambre se précipita pour aider au nettoyage. Le moral remonté, Bastian contemplait la grande roue qui traversait le ciel d'été aux côtés de sa fille souriante.

Le Coco Land, ressuscité de ruines, brillait aujourd'hui à nouveau de mille feux.

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Odette s'assit devant le lavabo et se passa une brosse dans les cheveux. Elle envisagea de le mettre correctement, mais ne voulait pas paraître trop formel, alors elle les ramena en queue de cheval, comme le portaient les paysans.

Derrière la fenêtre, le ciel et la mer se fondaient dans une riche teinte rose. Odette traversa le couloir menant à la chambre de Bastian, le trouvant en train de finaliser ses préparatifs pour le dîner, peaufinant son regard devant le miroir.

Elle s'approcha de son mari et commença à s'inquiéter de son col de smoking et de son nœud papillon. Bastian acquiesça aux agitations de sa femme lorsqu'il attrapa son lobe d'oreille avec un sourire enjoué. Odette sursauta et regarda autour d'elle pour voir si l'un des domestiques avait remarqué le comportement obscène de Bastian.

Heureusement, ils étaient préoccupés par quelque chose dans la garde-robe.

Odette avait l'intention de gronder Bastian pour son témérité mais se retrouva sans voix. Silencieusement, Bastian tendit la petite boucle d'oreille en perle qu'il avait délicatement retirée de son lobe de l'oreille droite. Ce fut à ce moment qu'Odette remarqua qu'elle ne portait qu'une seule boucle d'oreille, ses joues s'échauffant d'un rouge embarrassé.

« L'autre est sur la table de nuit » dit Bastian. Odette poussa un léger soupir et glissa la boucle d'oreille dans sa poche.

« Je serai là dans un instant, ne m'attendez pas » Après avoir planté un baiser, Bastian partit. Odette le regarda jusqu'à ce qu'il atteigne les escaliers, puis se dirigea directement vers la chambre du bébé. Là, Constance dormait paisiblement Dora dormait profondément dans le fauteuil, sa main relâchée sur le côté du berceau où elle avait doucement bercé Constance pour l'endormir, mais Constance était toujours bien éveillée, donnant des coups de pied et roucoulant.

Odette réveilla Dora et lui donna congé, puis elle s'installa dans le fauteuil et sortit ses affaires à tricoter. Elle avait presque terminé la robe de Constance, qu'elle porterait pour le premier événement officiel auquel ils devaient assister en famille.

CocoLand était illuminé au loin, créant un arc-en-ciel de couleurs dans le ciel nocturne.

Dans quelques jours, la famille Klauswitz s'y rendrait et couperait le ruban. Pour l'heure, Odette contemplait la grande roue et se mit à tricoter.

Tome 2 - Bonus – Chapitre 236 – Un enfant rit

Alors que le sucre gonflait, devenait moelleux et blanc, Bastian se dirigea vers l'étal de barbe à papa avec Constance dans ses bras. L’enfant regardait attentivement filer la barbe à papa, captivé par la magie de sa création.

Surnommé « Fairy's Thread », le stand de barbe à papa, orné de panneaux vibrants et d'ampoules lumineuses, se dressait bien en vue sur la place devant la grande roue. Il s'agissait du dernier souhait de Bastian pour le parc d'attractions avant de se retirer de la supervision de ses opérations, après l'achèvement de l'impressionnante grande roue.

Plus la barbe à papa grossissait autour du bâton, plus les yeux de Constance devenaient larges. Une fois la barbe à papa terminée, elle rit et agita ses bras et ses jambes, la délicate dentelle de sa robe flottait au gré de ses mouvements, la rendant encore plus adorable.

« Je n'ai jamais vu un enfant aussi joli, Amiral » remarqua le propriétaire du stand en tendant la barbe à papa avec un air d'admiration.

« Merci » répondit Bastian en acceptant le fil de fée. Attirée par le doux arôme, Constance commença à se tortiller, essayant d'attraper la barbe à papa des mains de son papa. Ses petits bras ne pouvaient pas l'atteindre, mais elle n'abandonna pas facilement, sa détermination montrait qu'elle avait hérité de plus que la simple apparence de sa mère.

« Non, Coco » rigola Bastian, réprimandant gentiment Constance. Pendant ce temps, Odette discutait avec des personnalités près de la fontaine au centre de la place.

Auparavant, elle était au centre de l'attention des dames royales, mais elle se mêle désormais aux épouses des généraux de la marine.

« Donnez-la-moi, mon seigneur » dit Hans en essayant de prendre la friandise de Bastian. « De nombreux regards nous regardent. Même si ce n'est que de la barbe à papa… »

« Non. Tout va bien, Hans » répondit Bastian. Il traversa ensuite la place avec confiance en direction de sa femme.

Avec un sourire doux et réservé, Odette accueillit son mari et leur petite fille. Les dames éclatèrent de rire, charmées par la vue d'un héros tenant un bébé dans un bras et de la barbe à papa dans l'autre.

Odette tendit la main pour prendre Constance, mais Bastian lui tendit la barbe à papa à la place. Entouré de dames plaisantant, Bastian restait imperturbable. Ses réponses, empreintes d'un mélange de modestie et d'aplomb, avaient guidé la conversation sans effort. Cette démonstration permit à Odette d'apprécier encore plus à quel point Bastian pouvait être un véritable gentleman, répondant parfaitement à ses idéaux.

« Oh, mon Dieu, quel ange » s'exclama quelqu'un. Après une série de moqueries bon enfant adressées à Bastian, les dames reportèrent leur attention sur la petite Constance.

« Viens ici, Coco » roucoulait l'épouse du chef de cabinet, célèbre amoureuse des enfants, en tendant les bras vers la jeune fille.

Bastian échangea un regard complice avec Odette avant de passer doucement Constance dans les bras qui l'attendaient, reculant pour leur laisser de l'espace. La nervosité de Constance s'estompa à mesure qu'elle s'installa, ses charmants sourires et ses adorables pitreries réchauffant rapidement l'atmosphère.

Bastian avait l'air si fier alors que sa fille conquit la foule sans effort, son charisme étant sans aucun doute un cadeau de sa mère, et prit doucement la main d'Odette dans la sienne. Odette se tourna vers lui, les yeux écarquillés, faisant écho au regard curieux de Constance. Les ombres douces projetées par ses longs cils, ainsi que ses lèvres soignées, ressemblaient de façon frappante aux traits de leur enfant.

Une douce brise d'été, parfumée de barbe à papa, coulait entre eux alors qu'ils se regardaient dans les yeux. Bastian sourit chaleureusement en tenant la main d'Odette et sa surprise se transforma en un doux sourire.

La cérémonie d'ouverture du parc d'attractions avait été un succès. Des invités allant des VIP officiellement invités aux vacanciers occasionnels affluèrent à Ardenne, faisant de l'événement un creuset de visiteurs diversifiés. Malgré quelques rumeurs négatives affirmant que le parc était un spectacle extravagant éclipsant la tombe de son père, Bastian s'en fichait. Il comprenait que les critiques les plus acerbes entraînaient souvent un plus grand succès : plus la lumière était claire, plus les ombres étaient sombres. Il voulait donc être comme le soleil à son zénith, bloquant les ombres et remplissant son monde d'une lumière rayonnante.

L'épouse du chef de cabinet, charmée par Coco, resta à leurs côtés jusqu'à la fin de la pause. Passons maintenant au prochain moment fort, la cérémonie de la grande roue, Bastian et Odette placèrent doucement Constance endormie dans sa poussette.

La luxueuse poussette était un cadeau de l'amiral Demel, le parrain de Constance. Fan numéro un de Coco, il était même allé jusqu'à graver le prénom de l'enfant sur la poignet de la poussette pour lui témoigner son affection.

Bastian se chargea de pousser la poussette, tandis qu'Odette marchait à côté de lui, dégustant la barbe à papa. Ils attiraient l’attention partout où ils allaient, mais ils maîtrisaient désormais l’art de trouver des moments d’intimité sous les yeux du public.

Alors qu'ils passaient sous la tour de l'horloge, Odette s'arrêta brusquement. « Bastian »

cria-t-elle. Bastian sourit et arrêta la poussette près du mur de la tour. Avec enjouement,

Odette lui mit un gros morceau de barbe à papa dans la bouche. Après avoir partagé regards et sourires tels des enfants espiègles, ils reprirent ensuite leur marche, poursuivant leur route le cœur léger plein de rires.

Bastian et Odette se partagèrent la barbe à papa, à tour de rôle jusqu'à ce qu'il ne resta plus que le bâton vide au moment où ils arrivèrent à la grande roue. A ce moment-là, Constance se réveilla et ses cris soudains troublèrent le calme. Voyant que ses larmes ne diminuaient pas, ils décidèrent d'annuler le projet de photo commémorative avec elle devant le principal symbole du parc d'attractions.

« Faisons d'abord un tour d’essai » dit Bastian, lorgnant la longue file d'attente. Le soleil d'été brillait au-dessus de nos têtes, rendant déraisonnable le respect strict du programme alors que des centaines de personnes attendent dans une chaleur torride.

« Je voudrais reporter le discours commémoratif après l'essai. L’attente m’a donné envie de monter sur la grande roue le plus tôt possible »

Odette soutena la suggestion et l'équipe de direction s'aligna rapidement sur l'idée de Klauswitz. Des acclamations jubilatoires signalant le début du fonctionnement de la grande roue résonnèrent dans le ciel clair.

Odette, accompagnée de sa fille désormais un peu plus calme, se dirigea vers le portail.

Bastian, s'étant occupé de la poussette, les rattrapa rapidement. Alors que la famille Klauswitz montait à bord de la grande roue, la foule éclata d'acclamations et d'applaudissements enthousiastes. Surpris par le tumulte, Constance commença son premier tour sur la grande roue avec un cri encore plus fort.

« Tout va bien, Constance. Maman et papa sont là » réconforta Odette son enfant. Le son des pleurs de Constance s'adoucit lorsqu'elle aperçut le sourire rassurant de sa mère.

Bastian essuya tendrement le visage baigné de larmes de sa fille avec son mouchoir.

Alors que la grande roue montait, ils furent bientôt accueillis par la vue imprenable sur la mer d'Ardenne en contrebas.

La curiosité dépassa progressivement la peur initiale de Constance ; ses yeux remplis de larmes commencèrent à explorer le vaste paysage extérieur. Odette, berçant sa fille, se rapprocha de la fenêtre de la grande roue, lui montrant une vision plus claire du monde qui se déroulait sous elles.

Le ciel, la mer, les nuages, tout captivait Constance alors qu'elle écoutait attentivement le chant de sa mère. Odette guidait avec douceur le regard de sa fille vers chaque merveille recherchée par ses yeux curieux.

Bastian se rapprocha silencieusement de sa femme et de sa fille, son regard dérivant sur le domaine en contrebas. Ce qui était autrefois le monde de son père s'étendait désormais sous eux, suffisamment petit pour être aperçu d'un seul coup d'œil. Là où se dressait autrefois un manoir grave – un endroit marqué par la tragédie, où sa mère connut une fin sombre aux mains de son père – faisait maintenant tourner un manège et faisait monter une balançoire publique, avait remplacé ces chagrins.

Des rires joyeux et une musique vibrante s’envolaient vers le ciel, transformant l'espace en un royaume de célébration. Les chemins mêmes qu'un garçon parcourait autrefois seul, hantés par des cauchemars, vibraient désormais de vie et de joie, accueillant un défilé de réjouissances. Jongleurs et danseurs se mêlaient à la foule, leurs performances renforçant l'ambiance festive.

Sur la falaise côtière où est mort son chien sauvage, un observatoire inspiré d'un château de conte de fées avait été construit. En contrebas, la mer calme scintillait, sa beauté étant magnifiée par la transformation au-dessus.

« Regarde là, Constance. C'est notre maison » expliqua Odette en désignant leur manoir de l'autre côté de la mer. Les yeux de Constance s'écarquillèrent tandis qu'elle suivait la direction de sa mère, le regard de Bastian s'alignant également sur le leur.

En atteignant le sommet de la grande roue, le point culminant de leur empire, le monde en contrebas semblait se miniaturiser en une collection de jouets. Accablée d’excitation, Constance se mit à danser. Il y eut un échange silencieux entre Bastian et Odette, une conversation sans paroles mais pleine de sens.

Le vœu qu’ils avaient fait en s’élevant vers le sommet du ciel – commencer un nouveau départ – avait été tenu. Leurs sentiments étaient restés inchangés depuis ce jour.

« C'est maintenant ? » taquina Bastian en regardant par la fenêtre de la grande roue. Le rire d'Odette, vif et libre, fut sa réponse.

« S'il te plaît, aime moi beaucoup »

« Je le ferai et aime moi beaucoup aussi »

Une fois de plus, ils se jurèrent leur amour, bien au-dessus du sol. Pourtant, cette fois, le fruit et le témoignage de leur amour étaient avec eux.

Constance, regardant le baiser de promesse de ses parents avec de grands yeux curieux, éclata de rire joyeux. Son rire, pur comme le carillon d'une cloche, résonnait vivement, se mêlant à la lumière du soleil.

**************************

Alors qu'Odette arrangeait la table du petit-déjeuner dressée sur la terrasse, son attention se tourna vers un rire d'enfant. Constance s'amusait dans le jardin, jouant avec les chiens. Ses cheveux soigneusement coiffés étaient déjà partiellement défaits.

« Le rire de Lady Coco est vraiment aussi délicieux que la musique » félicita Lovis, interrompant momentanément ses fonctions et regardant Constance avec un sourire.

Odette ne put s'empêcher de rire à son tour. Constance courait à travers les parterres de fleurs comme un jeune poulain, accompagnée de quatre chiens excités. La tenue d'équitation que Bastian lui avait offerte pour son troisième anniversaire était usée après seulement une saison parce qu'elle aimait tellement la mettre qu'elle la portait presque tous les jours.

Constance sortit du coin du jardin les mains pleines de framboises. Le ruban qui était dans ses cheveux avait disparu, ce qui la rendait encore plus en désordre. Ses cheveux platine brillants étaient tous emmêlés et sauvages, encadrant son visage comme une crinière de lion.

« Mon Dieu ! » Dora, arrivant avec un panier d'œufs durs, haleta. Constance, tachée de terre, était confortablement assise à l'ombre d'un arbre partageant des framboisiers avec les chiens.

« Je vous ai dit d'innombrables fois de bien vous occuper de la jeune femme… » La nounou fatiguée, qui courait après elle, s'était reposée sur un banc en essayant de reprendre son souffle.

« Laisse-la tranquille, Dora » Odette sourit et secoua la tête. Dans leur famille, seul Bastian pouvait égaler l'énergie de Constance et la nounou faisait déjà de son mieux.

« Il vaut mieux la laisser se dépenser le matin. Comme ça, elle sera calme l'après-midi »

Odette posa sur la table un vase de fleurs qu'elle avait cueillies dans le jardin le matin.

L’arrangement, un beau mélange d’iris bleus, de roses et de fleurs sauvages pastel, était ravissant sur la table maîtresse d’une matinée de week-end.

« C'est tout pour le moment. Assurez-vous que la nourriture chaude soit prête lorsque Bastian reviendra »

Après ces instructions, Odette s'installa à table pour admirer la vue estivale d’Ardenne.

Pendant ce temps, avec du jus de framboise marquant sa bouche et ses mains, Constance partit pour une autre aventure, avec Margarethe, Adélaïde, Henrietta et Cecilia derrière elle.

« Maman ! »

Peu de temps après, il y eut une autre agitation, cette fois de l'autre côté du jardin. Les frères jumeaux, qui jouaient bien, avaient commencé à se battre pour les jouets. Ils avaient une multitude de jouets empilés comme une montagne, mais ils voulaient toujours le même.

Odette venait de se lever lorsque Bastian apparut, après avoir sprinté depuis le chemin côtier jusqu'au jardin.

« Papa ! »

Les jumeaux, les larmes coulant sur leurs visages, coururent vers leur père.

Repérant Bastian, Constance et les quatre chiens se précipitèrent également vers l'entrée du jardin. « Papa ! »

Bastian prit d'abord chaque fils dans ses bras, puis se pencha pour embrasser sa fille sur la joue et salua les chiens accrochés à ses jambes. C'était devenu un spectacle familier pour la famille Klauwitz les matins de week-end.

Bastian traversa le jardin en emmenant trois enfants et quatre chiens. Odette jeta un nouveau coup d'œil sur les élégantes couverts et poteries sur la nappe blanche et sonna.

Elle pensait qu'il serait peut-être préférable de reporter le petit-déjeuner. Après tout, s’asseoir à table dans un tel état était totalement hors de question.

Ps de Ciriolla: Tout dernier chapitre demain....TwT

Tome 2 - Bonus – Chapitre 237 – Da Capo al Fine

Odette regardait Bastian de l'autre côté de la table à manger. Ses cheveux blond platine, mouillés par l'eau, semblaient plus foncés que d'habitude. Il portait un costume en lin de couleur crème, sans veste, avec une cravate turquoise, le tout s’accordant parfaitement.

Ses yeux tracèrent les lignes de son gilet soigneusement boutonné et de sa chemise blanche impeccable, jusqu'aux boutons de manchette en diamant bleu, le même type de bijou qu'elle portait.

Après avoir bu une gorgée de son verre, Bastian jeta un coup d'œil vers le siège à côté de lui « Coco » A son appel, Constance, qui s'était penchée sur la table pour admirer les fleurs, se redressa rapidement. Elle aligna son cou et son dos, redressa ses épaules et retira son bras de la table. Finie son apparence de garçon manqué d'avant ; dans une robe en dentelle blanche, Constance se présentait comme l'image même d'une dame.

Bastian sourit en remarquant qu'Odette l'observait depuis un moment. Constance, voyant son père sourire, s'éclaira également, ses oreilles de lapin en ruban et ses cheveux semi-platine flottant doucement dans la brise. L’air était empli du parfum du soleil et de la mer. A proximité, leurs jumeaux étaient assis à côté de leur mère, leurs fins cheveux blond platine semblaient un peu en désordre alors que le vent les ébouriffait.

Karl et Johannes portent le nom de leurs grands-pères, Karl Ilis et Johannes von Demel, une décision prise par Bastian qu'Odette avait soutenu de tout cœur car cela revêtait une signification importante pour eux deux. Surtout l'amiral Demel, il avait envoyé une pile de cadeaux digne d’une invasion ennemie après avoir été comblé de bonheur de voir son nom transmis aux garçons.

« Karl ! Johannes, assieds-toi ! » Odette les gronda fermement pour empêcher les jumeaux de grimper sur la table. « Vous ne pouvez pas faire ça. Vous devez vous comporter en gentlemen ! »

Obéissant à leur mère, Karl et Johannes s'assirent joliment sur leurs chaises respectives.

Tout comme leur père, même s'ils étaient vifs et enjoués, les deux garçons avaient un cœur doux et gentil. Ils avaient hérité non seulement de son apparence mais aussi de son tempérament . Les gens étaient souvent surpris de voir à quel point Karl et Johannes se ressemblaient, et encore plus par combien ils ressemblaient à leur père. La comtesse Trier était quelque peu déçue que les garçons ne ressemblent pas à leur mère, Odette, estimant que ses efforts pour les mettre au monde étaient négligés.

Cependant, Odette elle-même voyait les choses différemment. Elle avait secrètement souhaité que leur deuxième enfant ressemble à Bastian. Avoir Constance, qui lui ressemblait, avait guéri les cicatrices de sa propre enfance. Voir sa fille profiter de l'amour d'un père attentionné avait aidé à guérir les blessures de l'enfant intérieur d'Odette. C'était comme si l'enfant dans son cœur avait grandi aux côtés de Constance.

Odette aurait souhaité, si c'était possible, donner à Bastian le même sentiment de bonheur et de joie.

« Madame, devons-nous commencer le repas ? » Lovis s'approcha doucement et demanda.

Odette hocha la tête : « Oui, Lovis. S’il vous plaît, faites »

Malgré quelques regrets, elle choisit de les mettre de côté, consciente de l'agitation de la matinée et de la faim grandissante de la famille.

Chaque dimanche matin, la famille prenait un petit-déjeuner privé ensemble. Cette tradition avait commencé naturellement pour la famille Klauswitz et se poursuivait depuis.

« Regardez, il a la forme d'un fer à cheval » dit Bastian en regardant la coquille d'un œuf à la coque que Constance avait ouvert « Terminez cet œuf et vous ferez une magnifique balade à cheval, ma belle dame » Il offrit cette divination à sa fille qui, excitée, frappa dans ses mains avec délice et finit rapidement son œuf.

« Vos compétences s'améliorent » Odette, observant la charmante ruse, éclata de rire. La divination des œufs était devenue une tradition très appréciée dans leur foyer, Constance, en particulier, croyant fermement aux prophéties ludiques de son père.

« Tout cela grâce à un bon professeur » répondit Bastian, clignant de l'œil et souriant, alors qu'il commençait son petit-déjeuner par une gorgée de café légèrement infusé. Le petit-déjeuner était rempli de bruits de conversations du couple et de rires d'enfants portés par la brise fraîche du matin d'été. Le soleil brillait fort mais n'était pas trop chaud, tempéré par l'air frais. Bastian surveillait Constance pendant qu'elle mangeait. Il plaça un morceau de pain badigeonné de beurre dans son assiette. Elle avait l'air ravie, comme si le monde lui appartenait, lorsque son père y ajoutait plus de sucre, tout comme le goût de sa mère en matière de nourriture.

Après avoir fini son pain, Constance s'essuya la bouche avec la serviette. Elle se tapota légèrement la bouche, plia soigneusement la serviette, puis reprit son pain. Cette fois, elle mordit le pain avec beaucoup plus de grâce et le mâcha soigneusement. Bastian remarqua que le changement dans le comportement de Constance reflétait les manières élégantes d'Odette à la table. Constance avait exactement copié sa mère, comment elle prenait de petites bouchées de son pain beurré, s'essuyait délicatement la bouche et mâchait avec soin.

Bastian rit et caressa doucement les cheveux de sa fille. Constance adorait vraiment sa mère et était devenue encore plus proche d'elle à mesure qu'elle grandissait. Elle aimait

profondément et idolâtrait sa mère, s'accrochant à chacune de ses actions et de ses paroles.

Après avoir dégusté son pain, Odette passa à son thé, la main ornée d'un diamant bleu étincelant, rendant même ce simple acte élégant. La bague était un incontournable de sa tenue chaque matin du week-end lors des petits-déjeuners en famille.

Essayant d'imiter sa mère, Constance attrapa rapidement son verre de lait, son enthousiasme s'estompant lorsqu'elle remarqua à quel point son verre était simple comparé à l'élégante tasse de thé de sa mère. Elle soupira, l'air découragée. Voyant cela, Bastian ne put s'empêcher de rire, demandant immédiatement à un serviteur d'apporter une tasse de thé raffinée remplie de lait pour sa fille.

Odette qui se concentrait sur le choix des aliments de ses fils, s'aperçut un peu trop tard du geste de Bastian et lui lança un regard désapprobateur. « Bastian… » pourtant elle se résigna à le laisser tranquille. Elle pensait qu'il n'était pas bénéfique pour les enfants d'imiter les adultes trop prématurément, mais l'action était déjà prise et l'enthousiasme manifesté par Constance était trop authentique pour être brisé, elle se sentait mal de la décevoir maintenant.

Odette y voyait le moment idéal pour enseigner à sa fille l'étiquette du thé. Faisant une démonstration avec des mouvements lents et délibérés, elle prit élégamment sa tasse de thé. Avec une posture calme et digne, Odette transmettait à sa fille les leçons de l'étiquette, tout comme sa propre mère le lui avait enseignée.

Avec un sourire, Odette félicita Constance d'avoir suivi son exemple avec attention et intelligence. Les joues de Constance s'éclairèrent d'un sourire timide, aussi jolie et attachante qu'un ange. Elle pourrait bientôt redevenir enjouée et aventureuse, mais à ce moment-là, elle était l'image même d'une jeune femme parfaite.

Leur petit-déjeuner du week-end, bien qu'il ait commencé tard, se prolongea jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel. Après que Constance eut soigneusement terminé son dessert, elle commença à jeter un coup d'œil furtif à l'assiette de biscuits au centre de la table. Voyant cela, Bastian n'hésita pas à offrir deux cookies à sa fille.

« Trop de sucreries peuvent être mauvaises pour les enfants, Bastian. C'est aussi une mauvaise habitude »

Voyant son père réprimandé, Constance rendit avec hésitation les biscuits qu'elle avait empressé de remettre dans son assiette.

« Juste pour cette fois, Constance » continua Odette.

En entendant ces mots, Constance hocha la tête et savoura les cookies offerts par son père. Peu de temps après, elle se dirigea vers sa mère et commença à lui murmurer des secrets.

Bastian, connaissant bien les rythmes de leurs interactions familiales, continuait à siroter son café nature. Odette, avec un sourire complice, lui lançait parfois des regards, laissant entendre que leurs sujets chuchotés concernaient lui.

Constance hésita au début, mais avec la douce caresse d'Odette sur sa joue et ses mots d'encouragement, elle trouva son courage. Même si leurs voix étaient trop douces pour être entendues, Bastian pouvait comprendre leurs mots en lisant sur leurs lèvres :

« Tout va bien, Constance. Tu peux le faire »

Après avoir déposé un baiser sur la joue de sa mère, Constance se tourna, et d'un pas déterminé accompagnée de leurs chiens blancs, elle se dirigea vers Bastian telle une princesse.

« Bonjour, M. Gentleman » dit Constance en levant les yeux vers Bastian avec une formalité qui dépassait son âge « Puis-je danser avec vous ? »

Bastian, amusé par sa demande absurde, jeta un coup d'œil à Odette : « De quoi s'agit-il

? »

« Constance veut danser la valse avec toi. Elle espère être votre première partenaire de danse lors de notre prochaine soirée » dit Odette retenant à peine son rire.

Lors de la dernière fête d’anniversaire printanière de Constance, Odette avait partagé une danse avec Bastian. Cette scène avait suscité l'amour de Constance pour la valse, ou plus précisément, elle avait souhaité partager également une belle danse avec son père.

« Coco veut valser ? »

« Maman m'a appris ! » Constance intervint rapidement. « Je peux danser la valse ! Je peux le faire comme maman. Vraiment » Son expression sérieuse convainquit Bastian de son sérieux.

« C'est le souhait de notre fille, Bastian. Sa première danse avec son père serait un souvenir précieux » ajouta Odette, appuyant la demande de Constance. Bientôt, depuis le salon familial qui donnait sur la terrasse, la mélodie d'une valse commença à retentir, il semblait que la mère et la fille avaient soigneusement préparé ce moment.

En riant, Bastian accepta l'invitation de sa fille, et Constance le conduisit au centre de la terrasse. Alors qu’ils quittaient l’ombre, la lumière du soleil les baignait, soulignant ce moment spécial.

Constance fit face à son père, prenant une profonde inspiration pour se préparer. Elle souleva légèrement l'ourlet de sa robe et plia les genoux. Les serviteurs rassemblés regardaient, leurs applaudissements et leurs sourires encourageants renforçant la confiance de la jeune femme alors qu'elle se préparait à danser avec son père.

D'un air de gentleman, Bastian regardait Constance avec respect et admiration. Son regard, bleu comme le ciel ce jour-là, brillait de la joie d'être témoin du bonheur de sa fille.

Là, sur la terrasse, face à la mer immense qui s'étendait devant eux, Constance partagea sa toute première danse avec son père. De loin, Odette voyait son mari synchroniser ses

pas avec les mouvements de valse bruts de Constance et gardait ce moment cher à son cœur.

Si jamais Constance oubliait ce jour, Odette raconterait l'histoire de leurs beaux moments ensemble, s'assurant que ces moments précieux resteraient dans les mémoires, encore et encore.

****************************************

Constance profita une merveilleuse séance d'équitation, comme son père l'avait prédit avec sa fortune ludique. Même si elle apprenait encore sur un poney, son sang-froid et son esprit étaient à la hauteur de la grâce et de la confiance de sa mère.

Bastian termina la leçon d'équitation par de généreux éloges et applaudissements.

Lorsqu'il s'apprêta à l'aider à descendre, Constance secoua la tête, choisissant de se descendre seule. Elle descendait fièrement du poney comme une reine à part entière.

« Papa, je peux monter Schnee la semaine prochaine ? » demanda Constance à son père les yeux pétillants.

« Eh bien, peut-être quand tu seras aussi grande que maman ? » Bastian répondit en riant, soulevant sa fille dans ses bras. Schnee, le cheval d'Odette, broutait tranquillement de l'autre côté du paddock. Constance avait commencé à apprendre l'équitation après avoir vu Odette galoper le long de la côte sur un cheval blanc. Cette vision avait inspiré la jeune fille à rêver de monter elle-même un jour sur Schnee.

Bastian parcourut le chemin forestier jusqu'au manoir, portant sa fille bavarde. Odette mentionnait souvent qu'il n'était pas préférable de porter un enfant capable de marcher seul, mais que les jours où il pouvait être tout pour sa fille ne dureraient pas éternellement, il voulait donc chérir pleinement ces moments, ressentant la même chose pour le temps passé avec Karl et Johannes.

Au lieu de prendre un raccourci, il choisit la route panoramique la plus longue à travers la forêt, qui regorgeait de fleurs estivales. Chaque fois qu'une fleur particulièrement belle attirait son attention, il s'arrêtait pour la cueillir, et chaque fois qu'il en tendait une à sa fille, son sourire était plus éclatant que les fleurs elles-mêmes. Au moment où ils atteignirent le manoir, les petites mains de Constance tenaient un bouquet aussi vibrant et coloré que le voyage qu'elles avaient fait.

« Au revoir, papa ! À plus tard » Constance, les mains toujours tenant le bouquet, partit avec la nounou qui attendait dans le hall d'entrée son cours de piano avec Odette.

Bastian monta les escaliers jusqu'au troisième étage. Après avoir enlevé sa tenue d’équitation, il entra dans le couloir animé.

« Jeunes maîtres ! Jeunes maîtres ! » Les servantes étaient en pagaille, à la recherche de Karl et Johannes. Les garçons jouaient bien dans la salle de jeux mais avaient mystérieusement disparu pendant la préparation des collations.

Au lieu de se diriger vers son bureau, Bastian se dirigea vers la chambre principale, se rappelant les aboiements des chiens derrière la porte plus tôt. Sachant qu'ils n'aboyeraient pas sans raison, il soupçonnait que les garçons étaient peut-être là. Son intuition était correcte au moment où il poussa la porte.

« Les voici. Tout le monde, ne vous inquiétez pas » annonça Bastian, calmant les servantes anxieuses avant d'entrer dans la pièce. « Karl. Johann » Il appela les noms de ses fils.

Là, Karl et Johannes s'étaient installés confortablement dans la niche, jouant avec les jouets des chiens. Les princesses blanches étaient assises dehors avec un air perplexe dans les yeux.

Margarethe commença à gémir tristement contre Bastian, et ses trois filles s’étaient rapidement jointes à elles, exprimant leur mécontentement face aux intrus qui avaient envahi leur espace. Bastian prit un moment pour calmer les chiens, présentant ses excuses pour l'intrusion ludique de ses fils. Heureusement, la paix fut rapidement rétablie grâce à l'offre diplomatique de quelques collations aux canidés.

Une fois la situation résolue, Bastian sortit ses fils de leur forteresse située dans la niche et les ramena à leur salle de jeux. Là, Karl et Johannes continuèrent leur jeu, l'aventure précédente semblant oubliée, tandis que leurs rires et leurs bavardages remplissaient à nouveau la pièce.

Bastian apprécia ces moments de jeu avec ses fils. Karl Rothewein Klauswitz était profondément concentré sur la construction avec des blocs de bois. Il aimait les empiler de plus en plus haut, dans le but de construire une tour dépassant sa propre hauteur.

Lorsque la tour s'effondra finalement, il fut bouleversé, versant des larmes à cause de l'effondrement, mais s'en remit rapidement et reprit le travail sur une structure encore plus haute. Avec ses lèvres serrées l'une contre l'autre en signe de concentration, Karl affichait une expression de sérieux qui semblait au-delà de son âge.

Le plus jeune des jumeaux, Johannes Ardenne Klauswitz, dans son propre royaume d'imagination, avait choisi un livre d'images sur l'étagère. En l'ouvrant sur une page aléatoire, il commença à raconter une histoire. Même s'il ne savait pas encore lire les mots, Johannes concevait ses contes à partir des illustrations, donnant ainsi vie aux images devant lui. Sa narration était remarquablement animée, imprégnée d’une confiance qui donnait vie à ses histoires improvisées.

Séparés mais ensemble, après une récréation satisfaisante avec leur père, Karl et Johannes s’endormirent. La scène était celle d’une symétrie sereine entre frères. La femme de chambre, arrivée pour voir les garçons, expliqua que Constance avait également terminé sa leçon de piano et qu'elle faisait maintenant sa sieste.

Enfin profitant d’un moment de solitude, Bastian jeta un coup d'œil à sa montre-bracelet avant de se diriger vers le couloir ensoleillé du manoir. Comme il l'avait prévu, dans le solarium, il trouva Odette au piano, plongée dans sa pratique.

Bastian s'appuya contre le mur du couloir, se laissant envelopper par la musique. La performance d'Odette était une mélodie familière ; au fil des années, sa femme musicienne l'avait initié à un large répertoire et cette fantaisie particulière, l'une des nombreuses pièces qu'il avait appris à reconnaître, résonnait dans l'espace, créant un concert intime rien que pour lui.

Il fut ramené à la soirée précédant le départ d'Odette pour Rothewein, écoutant précisément ce morceau. Caché dans l'ombre de la pièce, c'était au même endroit qu'il avait été un auditoire silencieux. Cette nuit-là, c’était la première fois qu’un morceau de musique captivait vraiment son cœur. La musique, aussi belle aujourd'hui qu'elle l'était alors, et il souhaitait que la prestation d'Odette ne se termine jamais.

« Bastian » cria Odette, sa voix traversant le silence laissé par la musique en pause «

Entre »

Il semblait qu'elle possédait un sixième sens, consciente de sa présence même au-delà de la porte. Avec un rire teinté d'un léger soupir, Bastian entra dans le solarium. Là, Odette, éclairée par le soleil doré qui inondait la pièce, était assise au piano. Elle se tourna lentement vers lui.

Bastian se dirigea vers Odette et commença à lui masser le cou et les épaules tendus «

Comment s'est passé le cours de Coco ? »

« Constance te ressemble tellement » continua Odette en riant comme si elle abandonnait. Un sourire similaire apparut sur le visage de Bastian en réponse.

« Bastian » cria encore une fois Odette, ses doigts appuyant délicatement sur les touches du piano.

« Oui » Sa voix basse et douce se fond parfaitement dans la musique.

« Dois-je la rejouer ? C'est ton morceau préféré, n'est-ce pas ? »

Au fur et à mesure que les doigts d'Odette galopaient sur les touches, la mélodie s'épanouissait en couches plus riches. Bastian s'installa dans le fauteuil en diagonale face au piano, une place qu'Odette lui avait soigneusement préparée, faisant de lui un public unique pour ce concert intimiste.

Ce fut avec un sourire épanoui qu'Odette débuta sa prestation. Bastian, reflétant son expression avec un doux sourire, la regardait en silence.

Odette reprit sa pièce là où elle s'était arrêtée. Les trilles remplissaient la pièce. La mélodie se déroula, pour retenir le moment de beauté, juste un peu plus longtemps.

Puis, elle passa à « Da Capo al Fine », un retour au début et une conclusion dans le même souffle.

FIN

Ps de Ciriolla: On se retrouve juste pour le mot de la fin

Tome 2 - Bonus – Chapitre 238 – Le mot

de la fin

Bonjour,

On se retrouve encore après la fin définitive ce roman, qui aura encore eu le bonheur de nous faire passer par tellement d'émotion, une histoire pas toujours facile, où l'on chaque personnage nous on montré un panel de facette, prouvant encore la qualité d'écriture de Solche pour nous faire des protagonistes tous en nuances Maintenant que vous êtes arrivé au bout, n'hésitez pas à donner votre avis, et a noter le travail

J'espère m'être améliorer encore par rapport à mes traductions précédentes, et je tiens à m'excuser pour les erreurs qui peuvent encore si trouver.

Mes projets dans l'immédiat, finir Valia car mine de rien je n'ai plus qu'une petite dizaine de chapitre pour conclure cette histoire, bien sur continuer 'A la fin du dernier voyage' lui il nous reste du chemin à parcourir.

Concernant une nouvelle traduction, peut etre, je veux finir d'abord Valia pour cela, car ce texte me demande vraiment beaucoup de travail vu le style de l'auteur ... mais après surement, et un récit un peu plus court car j'ai enchainé les histoire longues^^

J'aimerais aussi beaucoup reprendre la totalité de Lucia, car toute première traduction, et en relisant.. je dois bien me rendre compte qu'il y a énormément de fautes, d'erreurs, de formulation à reprendre, et que cette histoire mérite vraiment bien mieux Merci à tous ceux qui m'ont lu jusqu'au bout, ou qui me suivent même depuis mes débuts.

A très bientôt, n'arrêtez jamais de lire

Ciriolla

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Chapitre Sides Stories - Tome 2 - FIN
Attention Contenue obsène
Attention, La série : "Bastian (Novel) Sides Stories" contient beaucoup de violence, de sang ou de contenu à caractère sexuel pouvant ne pas être approprié aux mineurs.
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