Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 00 à 50

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Tome 1 – Prologue

Les gémissements se mêlent aux respirations rauques. Une chaleur alléchante réchauffe la chambre obscure.

Des lumières dorées projetaient des ombres obscènes sur les murs. On pouvait voir un homme et une femme profondément emmêlés dans le lit, se déplaçant à un rythme sensuel.

Il remonta le haut de son corps et rapprocha ses genoux des hanches de la femme, entourant ses chevilles de ses paumes et lui écartant les jambes...

Chaque fois qu'il s'enfonçait profondément dans son corps, l'homme se crispait visiblement. Ses larges épaules et ses muscles se couvraient de sueur comme d'huile.

Sa prise sur les chevilles délicates se resserrait. Comme un oiseau faible dont le cou a été mordu par une bête féroce, la femme tremblait faiblement et luttait pour se conformer à la bouffée de plaisir.

« Ah... ! »

Elle secoua la tête d'un côté à l'autre et gémit. Impuissante, elle leva la main et gratta le drap froissé sur le côté de sa tête.

Comme s'il ne voulait pas permettre un seul moment de relâchement, il la remplissait à un rythme rapide à chaque fois qu'il entrait.

Leurs corps enlacés devenaient de plus en plus chauds à chaque seconde. Malgré les protestations occasionnelles de la jeune femme, il ne bougeait pas, ne serait-ce qu'un peu, et continuait à la torturer.

Elle n'était pas habituée à un tel comportement. Ce n'était que sa deuxième fois avec un homme, mais sa première nuit avec lui avait été plus sexuelle que ce qu'elle avait imaginé.

Son corps était en proie à une course effrénée et elle avait du mal à respirer.

Au début, elle ne pensait pas qu'il pouvait y avoir quelque chose de plus. Il s'est avéré qu'elle se trompait - les capacités de l'homme lui étaient encore inconnues.

C'était un homme énergique qui dépassait ses attentes. Aujourd'hui, il la conduisait sans cesse comme pour dire qu'aujourd'hui, elle cédait beaucoup devant lui.

Alors qu'elle pensait s'évanouir, il se relâcha un peu, et elle sentit l'inimitable liquide chaud couler de ses plis...

Elle expira aussi vite qu'elle le put.

Au moment où elle s'y attendait le moins, il lui souleva la cheville et embrassa la peau douce de son mollet, un geste étonnamment doux de la part d'un homme insensible.

Une lueur bleutée se refléta dans ses yeux sombres, qui devinrent peu à peu noirs.

Les yeux de la jeune femme étaient entrouverts, fixant paresseusement l'homme qui n'avait pas encore bougé de sa position. Les caresses lentes et circulaires qu'il faisait avec sa langue l'irritaient - la chair de poule apparaissait sur plusieurs parties de son corps.

La jambe toujours sous son emprise, ses fesses se soulevèrent légèrement du lit... le liquide chaud s'écoula, traversant l'os de la hanche.

Chaque fois qu'il poussait, il y avait un bruit de chair qui s'entrechoquait.

Les draps sur son dos étaient humides de sa propre sueur. Elle se sentait mouillée et molle comme une éponge imbibée d'eau.

Dès qu'elle le sentit glisser lentement, elle soupira de soulagement, pensant que l'homme avait eu son compte et qu'il allait la laisser se reposer, mais elle se trompa la seconde d'après.

L'homme saisit les cuisses de la jeune femme et y introduit à nouveau sa verge sans avertissement.

Aussitôt, ses cris étouffés emplissent la pièce.

La sensation piquante de frottements de ses parois intérieures la frappa de plein fouet.

La jambe qu'il avait saisie était perchée sur son os iliaque, ce qui lui donnait un meilleur accès.

Abaissant sa position, il plaça sa main sur le côté de son visage.

Ses lèvres descendirent et couvrirent les siennes. Léchant, tournant la tête sur le côté, les avalant complètement, il enfonça sa langue dans sa bouche.

L'homme, dont le sexe en érection était enfoncée dans son intimité, avait étonnamment un baiser doux, contrairement à l'appétit féroce de son bas-ventre. Il l'apaisa doucement à l'intérieur de sa bouche et caressa ses pensées les plus intimes du bout de sa langue.

Elle bougea également ses lèvres, participant à la danse qu'ils étaient les seuls à connaître.

Cependant, le baiser affectueux devint rapidement désagréable. Sa langue s'est enroulée et a sucé la sienne, avec force. En même temps, sa queue, logée en dessous, recula d'un pouce et frappa en elle comme un pieu.

« Huh ! »

Son corps en état de choc trembla, tenant son bras près de son visage. Une fois de plus, elle était prise au piège de la danse sauvage de leur langue.

Il la convoitait avec acharnement, comme si la fin du monde était pour demain. Son désir la frappa comme une énorme vague.

Il commença à bouger, signe certain d'un début. Le mouvement de ses plis, qui s'étalent à l'extrême, est inconfortable et agréable à la fois.

Un profond sentiment de plaisir la parcourt du bas-ventre jusqu'au sommet de la tête.

« Ah ! »

Son corps se mit à trembler violemment. Elle ferma les yeux, un gémissement s'échappa de sa gorge.

Elle ne supportait pas cette sensation et s'inquiétait de voir son corps se ratatiner si elle n'émettait aucun son.

Le temps brûlant rendait son corps encore plus fébrile. L'homme ne faisait pas exception à la règle. La sueur de son cou dégoulinait sur son torse sculpté.

Il lui mordit les lèvres avec des yeux pleins d'enthousiasme et lui lécha le lobe de l'oreille.

« Eugène »

La voix chuchotée semblait palpitante, comme si elle touchait son âme. Elle ouvrit ses yeux brûlants en entendant ce nom.

Eugène...

C'était son nom.

Son corps, profondément secoué, n'était pourtant pas celui d'Eugène à l'origine.

*************************

Tout lui semblait différent et étrange. Il faisait une chaleur torride et elle sentait son front se couvrir de sueur.

Lorsqu'Eugène ouvrit les yeux, elle se retrouva allongée et fut accueillie par un spectacle inconnu : du sable dispersé par le vent et un ciel clair visible au-dessus d'elle.

Où suis-je ?

Elle voulut se lever, enfouissant ses mains dans le sable pour soutenir le haut de son corps. Ce faisant, une poignée de sable, qui se trouvait auparavant sur sa poitrine, se déversa.

Ses yeux étaient remplis d'étonnement lorsqu'elle regardait l'endroit étrange où elle se trouvait. Une expression encore plus morbide apparut sur son visage lorsqu'elle vit les vêtements qu'elle portait.

Levant le bras, elle regarda avec stupéfaction le dos de sa main, que des manches amples recouvraient. La matière de la robe était luxueuse, mais elle n'était pas à son goût.

Est-ce que je rêve ? supposa Eugène, mais les rayons douloureux du soleil sur sa peau exposée lui dirent le contraire.

Détachant les yeux de sa main, elle regarda à nouveau le paysage qui s'offrait à elle. Le sable rouge est balayé par le vent et elle a du mal à voir où elle se trouve.

Je ne suis jamais venue ici, mais j'ai vu beaucoup de paysages similaires sur des photos.

Pourquoi suis-je dans le désert ?

Une idée lui vint à l'esprit et lorsqu'elle ouvrit la bouche, la trouvant ridicule, elle n'entendit que son propre rire. Elle était trop accablée pour pouvoir prononcer un mot.

S'est-elle envolée à l'autre bout du monde ?

L'instinct désespéré de survie se réveilla et son esprit devint clair. Elle se leva lentement et regarda autour d'elle, les jambes flageolantes.

Partout où elle regardait, il n'y avait que du sable, de la morne et des dunes. Debout, confuse, elle se mit à marcher.

Je ne veux pas mourir brûlée. Je dois trouver un abri le plus vite possible.

Peu de temps après avoir commencé à marcher, quelque chose la fit s'arrêter. Au loin, quelque chose semblait bouger. Le front plissé, elle plissa les yeux pour mieux voir.

Elle observait attentivement pour savoir qui étaient les silhouettes, mais lorsqu'elles commencèrent à changer de direction et à foncer vers elle à vive allure, elle commença à paniquer. D'instinct, elle recula, ne voulant pas réduire la distance qui les séparait !

Elle était en proie à la frénésie, imaginant le pire qui puisse arriver. Son visage s'empourpra lorsqu'elle pensa qu'il s'agissait de soldats armés qui se précipitaient dans la tempête de sable.

Elle courait, courait, mais la robe la ralentissait. De plus, il était beaucoup plus difficile de sprinter sur le sable.

Ils ne tardèrent pas à s'approcher d'elle, juste assez pour qu'Eugène les reconnaisse. Les cavaliers à cheval avec des formes grotesques de casque s'arrêtèrent à une certaine distance.

L'homme en tête sauta de son cheval. C'était un étranger de forte corpulence, aux cheveux bruns épais et désordonnés. Il avait l'air européen, tout comme les hommes derrière elle.

L'homme posa un genou à terre et dit : « Ma reine »

Les yeux d'Eugène, durcis par la peur, s'écarquillent. La langue qu'il parlait n'était certainement pas du coréen. Mais elle la comprend parfaitement.

Abasourdie, elle le regarde en clignant des yeux à plusieurs reprises, la sueur lui piquant les yeux.

Elle ne sait pas comment réagir. Remarquant son absence de réaction, l'homme prit la parole d'une manière confuse.

« Je vous demande pardon, Anika. Vous allez bien ? »

Anika ?

Eugène acquiesce lentement. C'est le mieux qu'elle puisse faire pour l'instant.

Des soldats patrouillent le long des murs construits sur les hauteurs du désert. Le soleil rouge est accroché à l'horizon, ses rayons grésillants, à la veille du coucher du soleil, s'étendent sur le sable sans fin.

La muraille de la forteresse faisait face à un désert d'un côté et à une capitale de l'autre, où se trouvait un royaume. Le désert qui faisait face au royaume était appelé la 'mer Morte', car il était presque impossible d'en connaître la fin.

Les soldats qui patrouillent sur la muraille à intervalles réguliers ne sont pas désorganisés. Le royaume de Hashi, dirigé par le roi du désert, était réputé pour sa discipline militaire stricte.

Le soldat, qui jetait habituellement un coup d'œil sur la mer Morte, tourna à nouveau la tête en voyant des silhouettes familières s'approcher des murs du royaume.

Le nuage de poussière créé par les puissants sabots devenait de plus en plus chaotique au fur et à mesure que le groupe se rapprochait au galop de la muraille.

« Sa Majesté revient ! »

Le cri du soldat passa d'une bouche à l'autre et atteignit finalement les gens du poste d'entrée.

'Ouvrez les portes !

Les alentours de la porte devinrent rapidement animés. La tension et l'excitation se lisaient sur les visages des soldats et des civils.

L'immense porte de pierre fut soulevée par des dizaines d'hommes robustes qui unirent leurs forces pour l'ouvrir. Parmi les soldats, ceux qui avaient un bon physique et de la force se regroupaient au pied du mur et tenaient la poignée de la poulie reliée à la porte.

Cela faisait presque un mois que le roi avait quitté le château. Après un long voyage, ses subordonnés l'accueillirent chaleureusement, scandant son nom même à distance.

« Un ! Deux ! Tirez ! »

La porte de pierre était la seule entrée du royaume. Elle n'était ouverte qu'à certaines périodes de l'année, lorsque le soleil se levait, et lors d'occasions spéciales. Le retour du roi faisait l'objet d'une dérogation spéciale.

Alors que la porte de pierre était presque levée, le roi et ses guerriers atteignirent le mur et se précipitèrent à l'intérieur sans ralentir.

La route droite s'est immédiatement dégagée. Les passants, qui avaient entendu la nouvelle du retour du roi, s'écartèrent rapidement pour lui faire place. Soudain, leurs travaux furent dérangés, mais personne ne se plaignit.

Le roi n'a fait que frôler les gens qui le saluaient et l'acclamaient, mais personne ne s'en est soucié. Au contraire, tout le monde s'inclinait devant le dos du monarque, qui avait déjà disparu en quelques secondes, ne laissant derrière lui que des nuages de poussière et de sable.

« Sa Majesté est de retour ! »

« Il est resté un peu plus longtemps que d'habitude, n'est-ce pas ? »

« Maintenant, je vais dormir en paix. La sécheresse sera bientôt terminée ! »

« J'aimerais pouvoir vivre sans accident malheureux cette année. »

Les personnes qui poursuivaient leurs tâches parlaient à nouveau avec une plus grande dextérité

Le roi était à la fois le dirigeant du royaume et leur gardien. Personne n'en disconvenait.

****************************

Tout se passe très vite. L'instant d'après, Eugène s'est retrouvée dans une chambre délicate dans laquelle ses prétendus accompagnateurs l'ont conduite. Pendant tout le trajet, elle marche dans un état d'hébétude - tout ce qui l'entoure est comme dans un rêve.

Ce qui est bien, c'est que les gens ne lui parlent pas et gardent la tête baissée.

Avaient-ils peur d'elle à ce point ?

Eugène s'assit avec raideur sur le canapé, se mordant nerveusement les lèvres. Ses yeux étaient pleins de fatigue, car elle n'avait pas eu une bonne nuit de sommeil

Jin Anika...

Elle se remémorait maintenant le nom du rôle qu'elle devait jouer à partir de maintenant, ce nom lui paraissait étrange sur ses lèvres.

Son vrai nom était Eugène. Son nom de famille était Yu et son prénom Jin, mais la plupart des gens autour d'elle orthographiaient son nom comme 'Eugène', ce qui lui donnait un air plus occidental.

Eugène était une femme ordinaire qui fêtait ses vingt-huit ans cette année. Une simple employée de bureau de Park Bong qui vivait seule et s'efforçait d'échapper à une vie misérable.

Il s'est passé beaucoup de choses en quelques jours. Elle est tombée amoureuse du roman 'Mahar', qu'elle a créé, et s'est réveillée dans le corps de quelqu'un d'autre ! En toute honnêteté, elle ne sait pas ce qui lui est venu, les mots ont jailli d'elle et elle s'est retrouvée à écrire le roman.

Un novel, les idées et les concepts qu'elle ne savait pas exactement d'où elle les tenait.

Pourquoi Jin Anika ? Pourquoi elle parmi tous les personnages ?

Du jour au lendemain, elle avait changé de monde et de corps. Pourtant, elle ne se plaignait pas tout à fait, car son ancienne vie était si dure qu'elle ne voulait pas la regarder en arrière.

Mais il y avait un sérieux problème. Jin Anika était une méchante dans le roman et le dernier personnage qui périrait au nom de la justice !

Mahar était une société très socialisée. Ainsi, la reine du royaume de Hashi se trouvait au sommet de la pyramide de l'identité.

Qu'est-il arrivé à Jin Anika dans le roman ? Eugène tremble visiblement en se rappelant la fin du roman.

Jin Anika, la reine du royaume de Hashi, est devenue une ennemie publique et est morte sous la lame de son mari.

Ps de Ciriolla : Bienvenue dans ce nouveau novel... qui sera votre saga de l'été... j'espere que cette découverte vous plaira, car n'existant pas en manhwa contrairement à mes autres traductions, ici on est en terrain totalement inconnu

Tome 1 – Chapitre 2 – Où suis-je?

Eugène se lève et se dirige vers la coiffeuse. En respirant de façon contrôlée, elle a regardé son reflet dans le miroir.

Il n'en est pas question !

Elle rapproche la tête et tend la main vers le miroir à l'aspect antique. En réponse, la femme dans le miroir tendit elle aussi la main vers Eugène.

Eugène cligna des yeux et fronça les sourcils. Elle remua les lèvres d'un côté à l'autre et tira la langue. Assise sur le canapé, elle pencha la tête en oblique, une main sur le menton et l'autre sur les bras du canapé, se soutenant ainsi. La femme dans le miroir faisait toutes les mêmes choses !

C'est alors que son corps reçut un choc d'une intensité insondable, au point qu'elle ne put bouger un muscle et se contenta de fixer longuement son reflet. Son esprit l'avait compris depuis longtemps, mais elle refusait de croire la chose étrange qui lui était arrivée jusqu'à ce moment précis.

La femme dans le miroir avait les cheveux longs. Ses cheveux noirs de jais descendaient jusqu'à sa taille, et ses yeux étaient indéniablement noirs - deux orbes sombres pleins de mystères la fixaient.

En grandissant, Eugène s'était habituée à l'apparence de différentes personnes. À

proprement parler, l'apparence de Jin Anika était différente de celle des Asiatiques.

Ses cheveux étaient légers et doux ; ils ne semblaient même pas attachés à son cuir chevelu. En enroulant ses doigts dans une touffe de cheveux, elle avait l'impression que des cascades d'eau glissaient entre ses mains.

Eugène se sent intimidé. Ses yeux étaient d'un noir inquiétant, comme s'ils avaient été trempés dans l'encre. La couleur était si profonde qu'elle avait l'impression de s'y noyer.

L'iris des yeux était presque indiscernable des pupilles, avalées par les pupilles noires irréfutables.

Sa carrure était proche de celle des Occidentaux. Cependant, ses os étaient plus fins et son physique était un peu plus doux que la moyenne des Occidentaux. Elle ressemblait à une fée métisse des opéras fantastiques, utilisant les Occidentaux comme forme de base.

Franchement, lorsqu'elle a vu son reflet dans le miroir pour la première fois, sa mâchoire s'est décrochée en un instant. Ce n'était pas tous les jours qu'elle voyait une telle beauté.

Son apparence générale était exquise - ses membres fins et délicats et sa peau claire et sans tache lui donnaient un air innocent et pur, tandis que ses lèvres naturellement rouges créaient une atmosphère sulfureuse. Ces charmes improbables et contrastés étaient en parfaite harmonie.

Il n'y a pas de loi qui interdise à un méchant d'être une beauté, mais...

Eugène se sentait un peu bizarre. L'embarras d'avoir imaginé une femme vicieuse et méchante, aussi laide que son âme, et de l'avoir incarnée pour découvrir qu'elle était éternellement belle, lui tiraillait les entrailles.

Ce n'est pas si mal, pensa-t-elle, surtout après que son esprit eut envisagé des personnages bien pires que ceux dans lesquels elle aurait pu transmigrer.

Et si elle était une méchante ? C'est bien mieux que d'être une esclave. Au moins, elle est belle et a un profil élevé.

A cette pensée, Eugène se sent peu à peu mieux.

Jin Anika avait épousé le quatrième roi et était devenue la reine du royaume de Hashi. À

la longue, elle avait connu une fin misérable aux mains de son mari.

En ce moment, Eugène est donc confrontée à un problème. Son visage, qui s'était brièvement éclairé, redevint triste.

Je ne sais pas où en est le roman !

Dans n'importe quel roman, le moment où un méchant entre en scène est celui où il commence à commettre une action maléfique. Cependant, elle était retournée à la sécurité de sa chambre sans faire d'histoires. Elle supposa donc que Jin Anika n'avait pas encore mis en œuvre les différents crimes de l'intrigue.

« Anika ». Soudain, une voix douce rompit le silence.

Surpris, Eugène se tourna vers la porte d'où venait la voix. Une minute s'est écoulée et elle n'a toujours pas répondu.

« Anika » La voix qui semblait prudente et nerveuse l'appela à nouveau.

« Anika, le roi est de retour »

Les yeux d'Eugène s'écarquillent.

*********************

Le cheval qui portait le roi passa une autre porte pour entrer dans la ville intérieure où se trouvait le château. Là, beaucoup de gens étaient sortis de leurs maisons et attendaient son arrivée.

Kasser fit pivoter les rênes de son cheval autour de sa main et tira brutalement dessus alors qu'ils approchaient de la porte. Cependant, son cheval, Abu, refusait de ralentir et courait au contraire plus vite que son propriétaire ne le souhaitait.

Abu, le puissant cheval noir, avait été réprimandé par le roi à plusieurs reprises. Le problème, c'est que son cheval aimait se montrer. Aussi ridicule que cela puisse paraître, Abu appréciait la chaleur et l'attention de l'accueil des gens, et il courait donc plus vite que ce que le roi lui demandait en tenant ses rênes.

S'approchant du château à vive allure, Abu finit par faire déraper ses sabots avant de peur d'être réprimandé par son maître. Il n'était pas facile de s'arrêter soudainement avec l'inertie accumulée.

Il lui arrivait de se faire réprimander pour avoir désobéi aux ordres et avoir accéléré ou changé de direction à l'avance. De plus, s'il blessait quelqu'un, la punition était encore plus sévère. C'est pourquoi le cheval enfouissait ses sabots sous la terre pour s'arrêter !

Après des efforts désespérés, Abu réussit à s'arrêter à quelques pas de l'homme qui se tenait à la porte d'entrée.

« Whoa ! »

Les gardiens poussent des soupirs de soulagement ici et là. La vue d'un cheval puissant près d'eux les glaçait jusqu'aux os, mais l'homme qui se trouvait à une distance époustouflante des sabots d'Abu affichait un extérieur froid et imperturbable.

Le chancelier Verus n'a même pas cligné des yeux en signe d'étonnement. Les gens autour de lui, en particulier les dames, gémissaient d'admiration devant lui.

Les sabots d'un cheval peuvent causer de graves blessures. Mais il semblait nonchalant, affichant son sourire décontracté en présence du roi.

Kasser descend de cheval et enlève son casque. Une masse de cheveux bleu vif en désordre, auparavant coincée par son casque, était maintenant bien visible.

Tout le monde se mit à genoux, car le roi des Hashi était enfin de retour dans son château.

Tome 1 – Chapitre 3 – Le retour du roi Ensuite, Kasser a jeté son casque par terre et un guerrier s'est empressé d'aller le chercher.

Il tourna ensuite la tête vers Abu et frappa le corps de la bête de sa grosse et lourde paume droite. Les yeux rouges du cheval étaient pleins d'antipathie. Il avait l'air irrité et agacé lorsque son maître le grondait.

Rétrécissant les yeux, Kasser jeta un coup d'œil à la bête aux yeux rouges. Ses yeux bleus s'étiraient visiblement à la verticale comme ceux d'un serpent.

« Tsk... tsk... Je suis très déçu. »

Lentement, les yeux rouges de la bête se tournèrent vers l'autre côté en signe de honte, et les lèvres de Kasser se retroussèrent. C'était un bref moment où il pouvait voir une réaction de soumission de la part de sa bête supérieure et sauvage.

Néanmoins, il tenait à son cheval et n'oubliait jamais qu'Abu était un être spécial, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme. Sa loyauté reposait sur la supériorité du pouvoir. Par conséquent, son ordre coercitif était plus efficace que de le traiter avec affection.

Remettant les rênes à un serviteur qui se trouvait à proximité, Kasser ordonna de s'occuper de son cheval. « Donnez-lui beaucoup de nourriture, car il n'a pas mangé de la journée. »

Des 'carottes' appropriées étaient également essentielles pour apprivoiser la bête sauvage.

« Oui, Votre Majesté ». Répondit le serviteur.

Abu, enthousiasmé par la nourriture qu'il allait manger, suivit le serviteur sans résistance.

Il trottina joyeusement, comme un enfant étourdi par sa friandise, et laissa le serviteur le conduire dans sa luxueuse écurie.

Malgré le comportement adorable d'Abu, Kasser garda la tête froide.

Il s'avança d'un pas rapide et jeta un coup d'œil à ses subordonnés - pas un seul homme n'affichait un visage horrifié. En effet, il ne tomberait jamais dans une situation où il aurait besoin de rappeler aux gens son autorité.

Il était à la fois adoré et craint par tout le monde.

Le chancelier Verus se plaça aux côtés du roi qui commença à marcher à grandes enjambées. Les serviteurs les suivirent à la trace et franchirent les portes du palais avec vigueur.

« Je suis heureux de voir que le roi est rentré chez lui sain et sauf » Le chancelier Verus le salua.

Kasser acquiesça et se mit immédiatement au travail. « La réunion a lieu dans une heure, je crois »

« Oui, Votre Majesté, j'ai émis une convocation. »

« Quelles sont les dernières nouvelles ? » demande Kasser.

« Il y a un message du prêtre disant que la sécheresse sera bientôt terminée » Verus répondit avec diligence.

Et il s'est passé quelque chose de 'spécial' au palais pendant mon absence ?

La bouche de Verus, qui souriait faiblement auparavant, se raidit en un instant. Au prix d'un grand effort, il parvint à afficher à nouveau une expression détendue. Cependant, ses paumes se mirent à transpirer d'anxiété.

« Non, Votre Majesté ! Je préviens tout le monde à l'avance que l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui portera sur le renforcement des défenses de la muraille. Je dois me préparer. Votre Majesté, veuillez m'excuser. »

Kasser acquiesça simplement.

Sans hésiter, Verus s'arrêta de marcher et baissa la tête. Lorsqu'il releva la tête longtemps après, il ne vit que le dos du dernier serviteur du roi qui le suivait.

Je le lui dirai bientôt.

Il soupira en se pâmant. Chaque fois que le roi se rendait dans le désert, il donnait au chancelier Verus les pleins pouvoirs. Les solides références qu'il lui conférait étaient admirables, mais la pression qu'il subissait était indescriptible.

Avec d'autres conseillers du roi, il s'était mis d'accord pour ne pas l'informer des récents événements survenus au palais. À bien y penser, il donnerait au roi un jour ou deux pour résoudre les difficultés du royaume plutôt que de perdre patience pour sa femme dont l'existence est un blasphème !

Heureusement, la reine disparue est revenue indemne. Verus grimaça. Eh bien, quel gâchis ! Il aurait mieux valu que la reine disparaisse pour de bon !

Son sourire habituel disparut de son visage lorsque la femme lui revint à l'esprit. Il se sentait irrité lorsqu'il se souvenait d'elle, la seule personne qui avait fait participer tout le monde à une frénésie de recherche ces derniers jours, Pourquoi diable a-t-elle fait cela ?

La disparition de la reine laissait des questions sans réponse. Comme il ne pouvait même pas s'informer auprès d'elle, il était certain qu'elle avait un vil motif derrière ce coup d'éclat. C'était une femme tordue, et il la détestait pour cela.

Ce n'est pas qu'il ne l'aimait pas depuis le début. À l'occasion du mariage royal, il avait même été heureux d'y assister et avait sincèrement souhaité bonne chance au couple pour l'avenir.

Mais au fil du temps, lorsqu'il a pris conscience de la véritable nature de la reine, il l'a de plus en plus détestée. La reine était le genre de femme qu'il détestait au plus haut point.

Elle n'aimait que le pouvoir et refusait d'assumer ses responsabilités, allant même jusqu'à abandonner son devoir !

Heureusement, la reine ne s'occupait pas des affaires de l'État. Pourtant, il ne pouvait se défaire de son intuition que sa présence nuirait au roi et mettrait le royaume en péril.

********************************

Comme il en a l'habitude au retour d'une expédition, Kasser se rendit dans son bureau, avec l'intention de se changer. Dans quelques minutes, il mangerait quelque chose avant de se rendre directement à la salle de conférence.

Pourtant, la journée d'aujourd'hui semble différente. Kasser s'arrêta dans son élan dès qu'il entra dans son bureau. Une femme âgée au physique imposant s'inclina profondément devant lui avec un sourire placide.

Il continua à marcher et s'arrêta au centre de ses appartements, étirant ses bras sur le côté. Ses serviteurs le dépouillent alors rapidement de son armure, y compris celles attachées à ses bras, ses jambes.

« Bonjour, Votre Majesté. Puis-je faire quelque chose pour vous ? » Marianne, la dame âgée, s'inclina à nouveau et lui demanda avec désinvolture.

« Verus m'a menti. Il m'a dit qu'il ne s'était rien passé de fâcheux dans ce palais en mon absence »

« Il a raison, Votre Majesté. Qu'est-ce qui pourrait bien nous arriver de mal à l'intérieur des murs paisibles de ce palais ? »

« S’il dit la vérité, alors pourquoi êtes-vous ici ? »

Les yeux bleus, plus clairs que sa crinière bleue, fixèrent la vieille dame en question.

Marianne tourna doucement son regard vers le roi avec un sourire rassurant. Personne dans le royaume n'était peut-être plus franc qu'elle, et personne ne pouvait se permettre de regarder le roi droit dans les yeux comme elle le faisait.

Elle était la nounou du roi et fut un temps le commandant en chef de la cour royale. Elle a également assumé pendant longtemps la responsabilité de la maison royale en remplacement de la reine absente.

En termes de vérité, elle n'était surpassée que par le Premier ministre, mais elle n'avait jamais exercé son pouvoir après le mariage du roi avec la reine Jin.

C'est parce que sa présence semblait être détestée par la reine, qui était censée assumer les responsabilités de Marianne. Marianne a refusé d'occuper à nouveau ce poste, bien que Kasser lui-même l'ait persuadée à plusieurs reprises.

Depuis lors, on ne voit plus guère Marianne au palais. Elle menait une vie tranquille et ne fréquentait même pas les gens. Son apparition inopinée devant le roi était donc inhabituelle. Si elle avait seulement voulu saluer et accueillir Kasser, elle aurait choisi un autre jour pour le faire.

« Votre Majesté, vous exagérez. Ce n'est rien. »

Kasser grimaça faiblement. Sa présence lui indiquait que le palais avait été mouvementé ces derniers jours.

« Parle, qu'y a-t-il ? » ordonna-t-il de sa voix autoritaire.

Marianne jeta un coup d'œil au roi. « La reine.... »

Kasser fit claquer sa langue.

« J'ai failli l'oublier. Qui est mort cette fois-ci ? »

Ps de Ciriolla : La derniere question??? c'est quoi cette réputation XD

Tome 1 – Chapitre 4 – Qu'a-t-elle fait?

On entendait clairement l'accusation dans sa voix, et pour Marianne, cela ne présageait que des ennuis. Ses yeux s'écarquillèrent de panique et elle secoua frénétiquement la tête, dans l'espoir de se rétracter.

« Votre Majesté, ce n'est pas le cas... » commença-t-elle, mais elle fut à nouveau interrompue.

« Alors, qu'est-ce que c'est ? Éclairez-moi » demanda Kasser avec nonchalance.

Marianne acquiesça poliment, inclinant la tête avec révérence tout en continuant ce qu'elle s'apprêtait à dire.

« Votre Majesté, je crains que la reine ne soit plutôt... Euh... stricte » Elle déclara, l'inquiétude étant visible lorsqu'il regarda ses yeux. Inquiétude pour les gens du palais, inquiétude pour sa vie, la liste était longue.

Kasser laissa échapper une moquerie silencieuse.

« Le nombre de personnes qu'elle tue à chaque fois serait doublé si nous la laissions être

'stricte' » Il se marmonna avec irritation, sachant bien de quoi la reine était capable en son absence.

Le nombre total de serviteurs tués par les châtiments corporels de la reine était devenu alarmant. En effet, il y avait une cause de punition pour chaque crime commis, mais aux yeux de Kasser, aucun ne méritait la peine de mort pour des faits aussi insignifiants.

La reine qui tentait d'instaurer un nouvel ordre au palais n'apportait que des ennuis au roi et à ses subordonnés. Sa simple présence dans leur lointain royaume désertique laissait tout le monde pantois par ce qu'elle avait fait.

Kasser avait essayé d'être ferme et avait prévenu la reine, Jin Anika, des répercussions que ses punitions auraient sur elle, il y a un peu plus d'un an...

« Dès que j'apprendrai qu'une personne de plus est morte à cause de toi, je ne la laisserai pas impunie ! »

Ce sont les mots exacts qu'il avait prononcés. Mais il se souvenait encore de la façon dont elle le regardait, malgré la menace claire dans le ton de sa voix. La confusion se lisait sur son visage. Elle ne comprenait pas à quel point elle avait contrarié le roi. Mais malgré la surprise et la confusion, la malice dans ses yeux était restée la même. Et cela le gênait au plus haut point.

Depuis lors, Kasser s'éloignait de plus en plus d'elle. Rien ne pouvait les rapprocher. Ils n'étaient pas proches avant, ils ne l'avaient jamais été, mais le dégoût qu'il ressentait pour elle était bien plus intense qu'avant.

Ils avaient la chance que la reine ait tenu compte de son avertissement. Le nombre de punitions qu'elle infligeait avait considérablement diminué. Mais même dans ce cas, la peur s'installe. Les courtisans la craignaient tellement qu'ils choisirent de rester silencieux, sans jamais faire part de leurs inquiétudes au roi.

Pourtant, malgré ce problème flagrant, le roi ne pouvait pas se débarrasser d'elle. Il avait besoin d'elle pour donner un héritier au trône, malgré la haine qu'il éprouvait pour elle.

« Cela fait un moment que je n'ai pas entendu parler de la découverte de cadavres »

Commenta-t-il une fois de plus. « Mais peut-être en avez-vous retrouvé ? »

Marianne s'y refusa, secouant la tête en guise de réponse. « Non, Votre Majesté » lui dit-elle, le soulagement se faisant sentir dans sa voix. « Nous n'avons trouvé aucun cadavre

»

Elle se tut à nouveau, ne sachant comment le dire sans être jugée irrespectueuse. Kasser attendit qu'elle continue.

Elle le prit comme une autorisation tacite de parler librement.

« Votre Majesté, si je peux me permettre de suggérer... »

Elle commença, et Kasser la regarda en haussant les sourcils. Ses nerfs ont pris le dessus, mais elle les ravale et continue quand même.

« ... Je suggère que l'on prenne soin de la reine »

Clignant des yeux de confusion, les sourcils de Kasser se plissèrent sur son front. C'était une demande si inhabituelle pour une reine si brutale...

« Excusez-moi ? » demanda-t-il avec incrédulité, espérant qu'il n'avait pas bien entendu.

« Prendre soin d'elle ? »

« Oui, Votre Majesté »

« Pourquoi ? »

« La reine saute des repas depuis plus de deux jours. »

Les yeux de Kasser s'écarquillèrent de surprise. On ne s'attendait pas à ce que la reine néglige son propre confort...

« Et pourquoi cela ? » Il s'enquit davantage.

Mais Marianne se contenta de hausser les épaules, tout aussi confuse...

« Nous ne le savons pas, Votre Majesté » dit-elle, « la reine ne quitte pas ses appartements et aucune des femmes qui l'accompagnent ne peut y entrer sans son autorisation express »

Kasser semble pensif pendant un moment avant de regarder Marianne.

« Cela signifie-t-il que vous n'avez pas pu entrer non plus ? »

Marianne acquiesça et Kasser se détourna, plongé dans ses pensées. La confusion qui régnait dans son esprit le perturbait au plus haut point.

« Une grève de la faim, peut-être ? » marmonna-t-il pour lui-même avant que ses yeux ne s'assombrissent.

Qu'est-ce qu'elle prépare cette fois-ci ?

Tome 1 – Chapitre 5 – Soyez prévenant Une fois l'armure entièrement retirée, son corps se sentait nettement plus léger, et tous les serviteurs avaient été renvoyés après avoir terminé leur tâche. Marianne resta à sa place et la discussion se poursuivit. De plus en plus passionnée à chaque seconde qui passait.

« Ah bon, personne ne meurt après seulement deux jours de famine » Il finit par déclarer, balayant d'un revers de main son inquiétude pour la cascade de la reine.

Mais Marianne semblait incrédule à l'idée qu'il puisse permettre une telle chose et le gronda comme une mère le ferait avec son enfant.

« Votre Majesté ! » s'exclama-t-elle avec incrédulité. Elle l'a mieux élevé que cela !

« Je comprends votre aversion pour elle, mais elle a aussi fait des sacrifices » fit-elle remarquer. « La reine a fait tout ce chemin pour vous, tout ce chemin depuis sa terre natale, où elle est née et a grandi »

« Votre Majesté, vous êtes la seule personne sur laquelle elle peut compter ici » Elle termina doucement.

Elle l'implorait du regard de faire ce qu'il fallait.

Kasser détourna le regard et resta silencieux. Marianne comprit qu'elle devait changer de tactique et poussa un soupir.

« Votre Majesté, ne le faites pas pour la reine, mais pour vos subordonnés. »

« Les subordonnés qu'elle tue ? » lui demanda-t-il, un sourcil fin et immaculé levé.

« Les subordonnés qui sont encore en vie » Elle précisa. « S'ils apprennent comment vous traitez la reine, d'autres, qui ne sont pas de votre côté, pourraient en faire une arme contre votre crédibilité, contre votre dignité » Elle pouvait voir qu'elle l'avait presque convaincu,

« La façon dont vous vous occupez de votre reine pourrait être considérée comme un reflet de la façon dont vous vous occupez de votre royaume. Ne laissez pas vos émotions prendre le dessus »

Malgré ses paroles sincères, le roi resta impassible, indifférent à son sort et immobile comme une statue.

Frustrée, Marianne ne peut s'empêcher d'élever la voix...

« Votre Majesté ! »

« Que voulez-vous que je fasse alors ? » dit finalement Kasser avant de soupirer et de se tourner vers Marianne. « Qu'est-ce que je suis censé faire d'elle ? »

« Tout ce que je te demande, c'est d'aller la voir » dit Marianne en reprenant le sujet de leur conversation, « juste aller la voir, et voir si elle va bien »

Kasser la dévisagea un instant avant de détourner à nouveau le regard.

« J'ai une réunion à tenir dans un moment » dit-il finalement, « je passerai dans son bureau après »

« Mais Votre Majesté, les réunions durent des heures. Passer ne prendrait que quelques secondes... »

« Très bien ! »

Il lui hurla presque dessus avant de se calmer.

« Très bien » Il répéta, mais beaucoup plus calmement qu'il y a une seconde.

« Je vais prendre congé maintenant »

Ce disant, il quitta rapidement la pièce, ne serait-ce que pour échapper à l'interminable harcèlement que Marianne s'apprêtait à lui lancer.

Kasser grogna à l'idée de la reine, et de tous les ennuis qu'elle lui apportait.

Le seul amour de cette femme, c'est pour elle-même ! pensa-t-il avec dépit, mais la voix de Marianne le rattrapa en lançant un dernier appel d'offres.

« Votre Majesté, si vous devez vraiment lui parler, faites-le doucement et ne soyez pas furieux contre elle ! »

Malgré la logique du raisonnement de Marianne, il avait du mal à garder son calme, mais il devait le faire avant de parler à la reine. Cela ne prendrait que quelques secondes après tout. Il fallait tout de même admirer les capacités de persuasion de Marianne.

Personne d'autre n'aurait pu convaincre le roi de s'assurer du bien-être de sa femme détestée. Mais il était logique qu'elle ait pu le faire. Après tout, elle était la seule à lui avoir donné de la chaleur.

*****************************

Eugène n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'elle avait appris le retour du quatrième roi. Elle jeta un coup d'œil frénétique autour d'elle, paniquée par la confusion.

Que dois-je faire ?

Elle sentait sa gorge s'assécher, trop remplie de nervosité pour se donner la peine de chercher de l'eau. Elle avait espéré pouvoir l'éviter même aujourd'hui, mais il semblait que même sa chance avait tourné. Soudain, quelqu'un se présenta à sa porte.

« Anika. »

Une voix froide l'appela.

« Ouvrez cette porte. »

Eugène se tourne vers la porte. Une peur froide envahit tout son corps, car elle savait exactement de qui il s'agissait. Elle ne pouvait pas repousser le roi ! Comme elle n'avait pas dit un mot de permission, Kasser continua.

« J'entre » annonça-t-il.

La poignée tourna et il entra dans la pièce. La glace dans sa voix était évidente, Eugène pouvait l'entendre aussi clairement qu'elle pouvait entendre sa propre respiration difficile.

A peine capable de se lever pour l'accueillir correctement, la porte pivota avec une telle force qu'elle faillit laisser échapper un couinement involontaire, mais se leva d'un bond, effrayée. La chaise tomba à la renverse.

Le regard de Kasser se posa d'abord sur le lit vide, puis sur la chaise et enfin sur les yeux d'Anika. Pourtant, ce qui lui parut étrange, c'était la panique que son regard contenait à présent alors qu'ils se regardaient l'un l'autre, mais avec une autre expression qu'il n'arrivait pas à saisir.

Au départ, il avait seulement prévu d'entrer, de converser un moment pour jauger ce qu'elle faisait, puis de sortir. Il était persuadé que la reine ne se ferait pas de mal. Elle s'aimait trop pour cela !

Il serait insensé qu'elle commence à se priver de nourriture maintenant. Et en la regardant maintenant, peut-être ne faisait-elle que semblant.

Ses doutes venaient du fait qu'elle n'était pas venue le saluer à son retour. Mais la façon dont elle le fixait l'avait plongé dans la confusion, et il n'en était que plus méfiant. Il ne l'avait jamais vue arborer une telle expression.

Ps de Ciriolla : sacré début de romance... il la deteste, et elle est terrifiée ....

Tome 1 – Chapitre 6 – Première

confrontation

« Kasser, le roi des morts... » marmonna Eugène en voyant l'homme qui se tenait devant elle.

Elle ne pouvait pas le quitter des yeux.

Il était comme un Adonis sur terre. Ses cheveux étaient d'un bleu cobalt.

D'où Eugène venait, une telle couleur de cheveux n'était possible que par la teinture.

Mais dans ce monde, l'éclat naturel de ses mèches bleues était différent de ce qu'il aurait été si elles avaient été colorées artificiellement.

Elle se souvenait avoir écrit que la plupart des habitants de Mahar avaient naturellement les cheveux et les yeux bruns. Seuls quelques rares individus variaient de temps à autre.

Ce qui signifiait que ses cheveux étaient spéciaux - c'était un symbole de son identité et de ses capacités.

Les six rois de Mahar avaient chacun leurs propres capacités. Chaque roi avait donc une couleur de cheveux différente, ce qui signifiait exactement quelles étaient ses capacités.

À Mahar, celui qui avait la tête et les yeux bleus était le successeur du roi.

Même si Eugène était ravie de rencontrer l'un des personnages les plus importants de l'histoire qu'elle avait créée et de lui parler, elle devait se contenir, car elle n'était pas vraiment dans la meilleure position pour le faire. Elle résidait actuellement dans la personne de Jin Anika...

Et dans l'histoire, Jin Anika était sans conteste la méchante. En d'autres termes, elle était l'ennemie mortelle du roi Kasser. Le mauvais côté de son bon côté. Kasser serait également celui qui recueillerait le dernier souffle de Jin Anika. Elle se maudissait pour cela.

Pourquoi l'ai-je écrit comme ça ? se dit-elle avant de sentir les perles de sueur glisser le long de son dos. Va-t-il me tuer si je me trompe ? se demanda-t-elle avec inquiétude...

Kasser rit sèchement en la regardant. Jin Anika se comportait décidément de manière plus étrange qu'à l'accoutumée - ce qui signifiait qu'elle ne préparait rien de bon, et que ses plans, quels qu'ils soient, n'avaient jamais été de bon augure pour lui. C'était ce qu'il

avait observé par le passé, sans faillir. Ce n'était pas un parti pris de sa part, aussi grossier soit-il, c'était un fait.

« Eh bien me voilà »n lui dit-il en balayant une nouvelle fois du regard sa chambre, avant de poser ses yeux sur les siens. « Je me demande ce que vous voulez que je fasse maintenant » dit-il en levant la tête en signe de défi, ne voulant pas se laisser influencer par ses ordres.

« Qu'est-ce que je veux dire, oui ? » Elle bégaya, et Kasser laissa échapper une grimace et fit les cent pas comme un tigre devant sa proie.

« Parlez plus fort ! » ordonna-t-il sévèrement. « Si tu as quelque chose à dire, dis-le clairement et rapidement ! »

Il était bien conscient que le ton de sa voix était bien au-dessus de ce que Marianne lui avait demandé de faire, mais ses actions commençaient à l'agacer. Il n'avait jamais aimé la façon dont la reine se tenait. Son attitude même le mettait sur les nerfs de toutes les façons possibles.

Eugène ne put que cligner des yeux avant qu'elle ne déplace son regard vers le sol. Elle ne comprenait pas pourquoi le roi était si fâché contre elle. Elle se souvenait à peine de la partie de l'histoire où elle se trouvait et de ce qui se passait.

Plus elle restait silencieuse, plus Kasser s'irritait...

« Regardez-moi ! » Il l'exigea, et elle releva les yeux pour le rencontrer. Il se moquait ouvertement d'elle à présent, inclinant la tête tout en continuant à l'observer.

« Tu oses te détourner de ton roi ? » lui demanda-t-il, le venin dégoulinant de sa voix.

Ce nouveau comportement le gênait aussi dans le mauvais sens du terme. Cela ne lui ressemblait pas du tout. Eugène savait qu'elle devait faire quelque chose pour ne pas s'attirer ses foudres, elle lui adressa un sourire doux et tendre...

Le roi fut surpris par le caractère agréable de ce sourire. Il était étrange de trouver ses sourires agréables. D'habitude, cela ne faisait qu'effrayer son existence. Les iris d'onyx de la jeune femme avaient toujours une certaine froideur qu'il n'arrivait pas à trouver chaleureuse. Souvent, il pouvait presque la confondre avec une poupée humaine, réelle en chair et en os mais dépourvue d'une âme avec laquelle vivre.

Elle lui sourit maladroitement, levant les yeux vers son visage avec innocence, et les yeux de Kasser s'écarquillèrent un instant. Mais derrière ce sourire, Eugène hurlait dans sa tête...

Laisse-moi tranquille !

« Des nouvelles me sont parvenues » Il se racla la gorge et reprit. « Vous avez sauté des repas »

« J'ai beaucoup de choses en tête ces derniers temps » Elle trouva une excuse au hasard.

« Mais ça va maintenant, je n'oublierai plus de manger »

Incapable de soutenir son regard intense, elle baissa à nouveau les yeux vers le sol, manquant complètement le changement d'expression de son interlocuteur.

Ps de Ciriolla : Adonis est un personnage de la mythologie grecque, qui était tellement beau qu'il etait convoité et disputé par deux déesses

Tome 1 – Chapitre 7 – Un air de

changement

Elle sentait son cœur battre dans sa poitrine et, pendant un instant, elle crut qu'il allait éclater. Un silence pesant s'abattit sur la pièce.

Le silence était si assourdissant qu'Eugène pouvait entendre sa propre respiration.

« Anika, quels crimes as-tu commis maintenant que tu ne peux même plus me regarder ?

D'ailleurs, pourquoi n'es-tu pas sortie du château à mon arrivée ? »

Eugène n'en était pas consciente, mais la coutume voulait que la reine accueille le roi qui était sorti des murs du château, le seul refuge contre les monstres du désert.

Kasser soupira, se pinçant l'arête du nez en continuant à la questionner. Après tout, ce ne serait plus une nouvelle si elle avait commis un autre crime. C'est pratiquement tout ce qu'elle a fait en tant que reine, se dit-il sèchement.

Eugène, quant à lui, s'exaspérait également de ses interrogations incessantes.

« Es-tu à ce point vexé que je ne sois pas allée courir à ta rencontre pour saluer ton retour? » Malheureusement pour elle, son agacement n'était pas bien caché par le ton de sa voix.

« Était-ce la coutume que tout le monde ici se mette en quatre pour accueillir leur Haut et Puissant Roi ? Ha ! » se moqua Eugène jusqu'à ce qu'elle se souvienne exactement de l'endroit où elle se trouvait...

Immédiatement, elle commença à s'excuser pour son impolitesse tout en gardant un air indifférent. « Je suis désolée. Je me suis mal exprimée » Elle s'inclina, et les yeux de Kasser s'écarquillèrent de surprise.

« Désolée ? » marmonna-t-il pour lui-même.

Jamais il n'avait vu la reine s'excuser pour une faute qu'elle avait commise. Doutant, il plissa les yeux et continua à se méfier. Après un moment d'examen, il en déduisit qu'elle était suffisamment sincère.

Il se racla la gorge et s'adressa à elle d'une manière beaucoup plus douce.

« Et vos repas ? » demanda-t-il, l'arrêtant au milieu d'une autre excuse, « Le déjeuner vient de passer, et le dîner ne sera pas avant un bon moment. Que puis-je faire pour vous ? » demanda-t-il, et Eugène hésita.

La mention de la nourriture lui fit penser à du riz, et soudain, son estomac gargouilla assez fort pour qu'ils l'entendent tous les deux.

Rougissant un instant, Eugène ravala sa gêne et tenta de retrouver ce qui lui restait de dignité.

« Je peux manger maintenant » dit-elle avec impatience, et Kasser acquiesça à sa demande.

« Je ne peux pas rester ici. J'ai une réunion dans peu de temps » Il l'informa. « Je le dirai aux domestiques en partant »

Elle lui fit un signe de tête en guise de réponse.

« Oui » dit-elle en gardant son regard sur le sol.

Dès qu'elle entendit la porte se refermer juste après le départ de Kasser, elle releva la tête en signe de satisfaction. Elle ne pouvait pas nier qu'il avait un sens de l'autorité partout où il allait.

Car soudain, la pièce se sentait si vide en son absence. Enfin, Eugène expira de soulagement après s'être retenu si longtemps.

Tous les guerriers qui l'avaient escortée du désert au château n'avaient qu'un rang inférieur à celui de la reine. Ils ne pourraient jamais lever le petit doigt contre elle, ni lui reprocher une faute.

Mais le roi, c'était une toute autre affaire. Il était la plus haute autorité du royaume et l'époux de Jin Anika.

« Mon mari... » se dit-elle, avant de pousser un lourd soupir.

Elle n'avait jamais eu de relation amoureuse, du moins pas de nature romantique. Elle ne se souvenait même pas de la dernière fois où elle s'était autorisée à aimer ou à être impliquée dans une histoire d'amour. Toute sa vie, elle avait repoussé et fui le concept de relation amoureuse.

Et maintenant, la voilà mariée en un jour !

Devant l'énormité de sa situation, elle réalise à quel point les choses se sont compliquées pour elle.

Ils n'avaient eu qu'une seule interaction jusqu'à présent, et elle sentait déjà qu'il était à l'affût de tout faux pas qu'elle pourrait faire à l'avenir. Eugène sentit un mal de tête poindre et grogna.

Comment dois-je me comporter à l'avenir ?

****************************************

Pendant ce temps, par le couloir menant à la salle de conférence, Kasser a arrêté ses pas.

Par conséquent, les serviteurs qui le suivaient en firent autant.

Il était tellement perdu dans ses pensées que ses serviteurs l'ont surpris en train de s'espacer. Il se tourna alors vers eux, et aussitôt, ils se recroquevillèrent en signe d'intimidation.

Quelque chose occupait son esprit, et ce n'était pas la réunion qu'il allait avoir. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Ses yeux parcoururent les couloirs, mais il ne trouva pas ce qu'il cherchait...

Cherchant plus loin, son regard balaya les couloirs, les coins et les escaliers jusqu'à ce qu'il s'arrête à la vue des portes de la reine...

Ses sentiments étaient confus, mais il était certain qu'il voulait la trouver, lui parler. Il avait besoin de réponses, des réponses qu'elle seule pouvait lui donner. Il ne manquerait pas de repasser par là après la réunion.

C'est étrange, se dit Kasser.

En effet, c'était une journée étrange. La reine était physiquement la même, mais ses paroles et ses actes disaient le contraire.

Quel que soit son nouveau plan, il ne manquerait pas de la surveiller de près cette fois-ci.

Tome 1 – Chapitre 8 – Déja trois ans Jin Anika connaissait ses charmes et ses talents aussi bien qu'elle savait les utiliser à son avantage.

Lorsqu'il l'avait vue pour la première fois, elle avait souri d'un air malicieux en s'entourant d'un nombre incalculable d'hommes de tous horizons pour son anniversaire.

Kasser n'avait pas l'intention de faire partie de ces hommes qui s'étaient rués sur elle. À

première vue, elle ne semblait pas convenir à une vie dans le désert, et Kasser avait rapidement estimé qu'il s'agissait d'une tentative futile. Cependant, elle avait abordé Kasser elle-même et avait conclu avec lui un marché étrange, y compris une suggestion plutôt bizarre.

« Aidez-moi à maintenir un mariage officiel pendant trois ans » lui dit-elle, « et dans trois ans, vous aurez votre successeur » Elle termina, et Kasser fredonna en pensant.

« Pourquoi moi ? » lui demanda-t-il, et elle se contenta de lui adresser un nouveau sourire malicieux.

« Je ne pense pas que je t'intéresse » dit-elle, « cela rendra les trois années de mariage beaucoup plus faciles »

« Pourquoi as-tu besoin d'un faux mariage ? » Il insiste.

« Je te dirai quand l'affaire sera faite sans problème ». Elle lui répond.

« Et que ferez-vous après la naissance du bébé ? »

« Je te le dirai aussi plus tard » dit-elle, « Ce n'est pas une mauvaise offre, tu ne crois pas mon roi ? » Elle le regarda en ronronnant. « Après tout, vous aurez besoin d'un héritier tôt ou tard. »

Et sur ce, il avait conclu le marché, et tout ce qu'Anika avait à faire était de lui donner son héritier, car seule elle, son espèce, pouvait donner naissance à un enfant qui pourrait hériter de ses capacités.

Depuis lors, les quatre rois avaient toujours eu à faire face à la lutte de succession. Il arriva un moment où le royaume fut mis en péril par l'absence de successeurs au trône.

Heureusement, la situation s'est apaisée lorsque le père de Kasser l'a eu, mais il avait déjà une cinquantaine d'années à l'époque.

Le royaume de Hashi était le plus éloigné de la ville sainte d'où venait Jin Anika. Pour l'atteindre, il fallait traverser une chaîne de montagnes périlleuse, ce qui signifiait que seules quelques personnes empruntaient ces routes, ce qui avait pour conséquence de réduire la diversité de la population, les échanges culturels et l'apport de sang neuf à la population actuelle.

En raison de son isolement, la culture de Hashi est devenue frugale. Malgré sa nature luxueuse, splendide et aristocratique, sa culture est restée sous-développée. Elle était devenue une périphérie désolée pour les aristocrates résidant dans le château, qui ne vivaient que pour le plaisir.

Le but ultime dont le roi a besoin, c'est d'un successeur. Et pour que ce but, ce rêve, devienne réalité, il doit prendre Anika dans son lit.

Anika, descendante de la ville sainte, menait un train de vie plutôt aisé, et il était de notoriété publique que les gens de son espèce s'abstenaient de se rendre dans le lointain Royaume du Désert.

Comme le veut la nature, Kasser allait vieillir, et ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne soit trop tard. Il était déjà épuisé à l'idée de chercher partout un moyen d'engendrer un héritier. C'est comme si son père avait recommencé...

À l'époque, il s'est dit que c'était une bonne affaire. Cependant, avec le temps, il a commencé à se demander s'il s'agissait d'une solution facile ou d'un piège.

Au début de leur mariage, il se demandait si elle allait tenir sa promesse, sa part du marché. Mais maintenant, compte tenu de la nature corrompue d'Anika, il était rempli d'une autre sorte d'inquiétude...

L'enfant qui grandira en elle sera-t-il mon successeur ?

Lorsque quelqu'un lui demandait s'il avait des problèmes, il restait toujours vague.

Comme s'il s'agissait d'une réponse automatique pour refuser toute forme d'aide.

Pourtant, pendant des années, il a toujours eu l'intuition que quelque chose n'allait pas, mais il a choisi de l'ignorer.

Cela fait trois ans.

Tournant sur ses talons, il fit volte-face et recommença à faire les cent pas.

Trois ans qu'ils ont conclu un accord. Trois ans qu'ils se sont promis l'un à l'autre. Tôt ou tard, il découvrirait ce qu'Anika avait l'intention d'obtenir en lui faisant une proposition aussi étrange. Et si, oui ou non, elle respecterait sa part du marché. Mais pour cela, il doit aussi se faire sa propre opinion.

La réunion de fin d'après-midi dura plus longtemps qu'il ne le pensait. Il n'y avait pratiquement pas de pauses.

En résumé, c'était une réunion chaotique. Bien qu'il ait convoqué la réunion, il ne s'agissait pas d'une réunion formelle en réalité, et il n'y a donc pas eu de véritable

arrangement. Les participants étaient trop nombreux cette fois-ci, au point de remplir toute la salle de conférence, qui était loin d'être petite. Il s'agissait non seulement de hauts fonctionnaires, mais aussi de fonctionnaires en activité, qui devaient encore gravir l'échelle sociale et améliorer leur statut.

Tout le monde parle, et certains le font parfois à tort et à travers. Ils donnent leur avis sans respect ni remords au président, au roi. Ce type de réunion était certainement unique au Royaume de Hashi, car dans leur culture, le statut social ne doit pas être une barrière.

Malgré le déclin de sa culture, le royaume de Hashi était très uni. Il était plus uni que n'importe quel autre royaume. Leur isolement géographique et environnemental y était pour beaucoup - une sorte de quasi-État. Leur croyance était fortement ancrée dans le dicton suivant : nous ne pouvons survivre que si nous nous unissons.

Ce sont les mots qui ont cimenté leur unité.

La réunion dure jusqu'au matin. Cette réunion se tenait deux fois par an, toujours après la fin de la saison sèche. Il s'agissait de préparer la voie à une planification minutieuse des activités qui se dérouleraient au cours des deux mois suivants.

« Il me semble qu'il reste encore quelques plis à aplanir » dit-il, « levons la séance pour l'instant »

C'est ainsi que le roi clôtura la réunion.

Les personnes qui étaient restées éveillées jusqu'au matin étaient toutes pâles. Bientôt, les gens sortirent paisiblement de la salle. Ils étaient trop fatigués pour faire tant d'histoires.

Ce n'est qu'une fois que tout le monde a quitté la salle de conférence que Kasser s'est assis sur sa chaise et a jeté un coup d'œil sur les dossiers éparpillés dans la salle. En feuilletant jusqu'à la dernière page, Kasser poussa un soupir et se pinça l'arête du nez, avant de presser ses doigts sur sa tempe.

Il avait traversé le désert pendant près d'un mois. Et à peine rentré à la maison, il se retrouvait avec une réunion qui durait jusqu'au matin. Il soupira, même si son endurance était clairement différente de celle de ses subordonnés, il n'était encore qu'un humain, il était encore capable d'être épuisé, et de se sentir vidé rien qu'à cause de ces événements.

La générale s'approcha bientôt de lui, accompagné de quelques serviteurs.

« Votre Majesté, votre bain est prêt » Ils s'inclinèrent respectueusement.

« Très bien » Il se leva enfin.

« Sa Majesté souhaite-t-elle manger d'abord ? » lui demanda la générale Kasser marqua une pause, réfléchissant à ses choix et à son propre corps...

J'ai plus besoin de sommeil que de riz.

« La reine mange-t-elle maintenant ? » Il leur demanda plutôt, détournant la question...

Hier, lorsqu'il avait quitté la chambre de la reine, il lui avait ordonné de manger, mais il n'avait pas encore su si elle l'avait pris au sérieux et si elle avait effectivement mangé de quoi nourrir son corps.

La générale ne put lui répondre tout de suite, ses yeux s'écarquillèrent momentanément. Elle était déconcertée. Le roi n'avait jamais demandé de nouvelles de la reine auparavant, pas même une fois. Pas même pour s'enquérir de l'état de santé de la reine. Depuis qu'ils s'étaient mariés, elle avait l'impression qu'ils ne s'étaient investis qu'au début du mariage, pendant la lune de miel. Après cela, le roi laissait la reine seule à ses occupations.

« Je vous demande pardon, Votre Majesté » Elle s'inclina en signe d'excuse. « Je vais voir comment va la reine. »

Heureusement pour lui, Kasser n'avait pas accusé le choc subi par la générale. Sa demande était venue de nulle part, et n'était pas dans ses habitudes, même pour lui.

Cependant, il lui semblait que même les courtisans avaient remarqué à quel point la relation entre le roi et son épouse était sèche.

Bien qu'elle se soit retirée de son poste, Marianne se chargea d'inculquer au roi la discipline qu'elle avait contribué à lui inculquer. Aujourd'hui encore, son influence est restée forte. Ainsi, par respect, malgré les nombreuses choses que les courtisans voulaient dire, ils se sont tus, car ce serait impoli, surtout lorsqu'il s'agit de la relation entre le roi et la reine.

Même si le mérite en revient en partie à l'excellent jeu d'acteur de la reine. En se montrant toujours coquette envers son mari, même sous le regard du public, elle a contribué à convaincre le peuple que leur relation était bonne.

Pendant un moment, Kasser a hésité.

Il est temps de lui parler.

Il se décide enfin et se tourne vers la générale

« Je déjeunerai avec Jin. »

Ps de Ciriolla : Pour info, les parties en italique sont des éléments qui se sont déroulés dans le passé

Tome 1 – Chapitre 9 – Je ne reculerai pas Inclinant la tête en signe d'acquiescement, la générale dit : « Bien sûr, Votre Majesté.

Cela sera fait immédiatement. »

La générale s'en alla, l'esprit encore sous le choc. Il était encore trop tôt pour porter un jugement, selon elle. Cela pouvait être rien, cela pouvait être quelque chose. Mais il n'était pas encore certain que la relation entre le roi et la reine soit en train de changer.

Néanmoins, elle ne pouvait qu'espérer.

Alors que la générale Sarah arpentait les couloirs, elle croisa le chancelier Verus qui revenait en direction de la salle de conférence.

Sarah était devenue générale, au détriment de Marianne. Moins charismatique que sa prédécesseure, elle n'en était pas moins sincère et méticuleuse. Très vite, les inquiétudes concernant la vacance de Marianne se sont dissipées et se sont rapidement apaisées lorsque Sarah a pris ses fonctions de générale.

Toutes deux échangent des salutations dès qu'elles s'approchent l'une de l'autre.

« Vous allez voir le roi ? » demanda la générale, et le chancelier Verus acquiesça.

« Oui, ma générale. » répondit le chancelier. « Où est le roi ? »

« Je crains qu'il ne soit aux bains en ce moment »

« Dans ce cas, je reviendrai peut-être plus tard » Et le chancelier commença à revenir sur ses pas.

« Je n'avais pas l'intention de le dire à qui que ce soit, mais vous êtes le chancelier le plus digne de confiance du roi et, à ce titre, j'ai pensé que vous deviez le savoir. »

« Oh ? »

Elle voulait partager la nouvelle avec tout le monde, mais ne voulait pas compromettre le roi. Heureusement, Verus s'était révélé être une personne digne de confiance et connaissait la véritable relation entre le roi et sa femme.

« Sa Majesté le roi vient de m'ordonner de préparer le déjeuner avec la reine » dit-elle.

Le chancelier Verus parut pensif, mais pas du tout surpris.

« Vraiment ? Alors peut-être suit-il enfin les conseils de Marianne » Le chancelier réfléchit, et Sarah comprit immédiatement ce qu'il voulait dire.

« Peut-être, mais c'est le roi lui-même qui me l'a dit, sans que Marianne ne le lui ait demandé ». s'exclama-t-elle d'un ton plutôt excité. La gaieté dans son ton et cette étincelle dans ses yeux ne pouvaient cacher son excitation face à cette perspective. Et pour le chancelier, il s'agissait bien d'une nouvelle.

Trois ans s'étaient écoulés depuis que le roi avait épousé la reine. Et pendant ces trois années, leur union était restée infructueuse.

« En effet, c'est une occasion rare » a déclaré le chancelier. « Mais je crois que vous avez un déjeuner royal à préparer »

« Oui, bien sûr, Lord Chancelier » dit Sarah en s'inclinant en signe de respect avant de laisser le chancelier se débrouiller seul, sans remarquer l'étrange regard qu'il arborait en observant le recul de Sarah.

Se pourrait-il que le roi soit déjà au courant de la disparition soudaine de la reine en son absence ?

Il se tenait dans le couloir, solitaire. Ses pensées se bousculaient dans son esprit. S'il ne tenait pas compte de la méchanceté naturelle de la reine, même lui ne souhaitait pas que la relation entre le roi et Jin Anika soit acrimonieuse.

Pour l'avenir du pays et la poursuite de son règne, le roi doit produire un héritier rapidement. Même entre des époux qui ne s'entendaient pas, un enfant naissait généralement très tôt, mais c'était la seule limite de leur relation.

Je lui parlerai plus tard.

Il se retourna et marcha dans la direction où Sarah était allée.

******************************

Une autre journée s'était finalement écoulée, sans incident fâcheux, à l'exception de la rencontre occasionnelle avec le roi. Eugène, dans sa situation actuelle, avait veillé toute la nuit, accablée par la seule perspective de devoir affronter Kasser et son exigence de remplir ses devoirs d'épouse. Heureusement pour elle, elle était saine et sauve ce matin-là.

Le fait d'être reine lui conférait une position assez tranquille. Personne ne venait la voir ou la déranger, pas même pour lui rappeler les horaires stricts qu'elle devait respecter.

Eugène passa tout son petit déjeuner à passer en revue et à organiser ses pensées.

Que faisait Jin Anika lorsqu'elle était reine du royaume de Hashi ?

Dans son roman, elle s'est souvenue que le personnage de Jin Anika est apparu assez tard dans l'histoire. Au début, elle a introduit un méchant plutôt mineur. Il s'est avéré que ce méchant agissait sur ordre de la reine. C'est ainsi que Jin Anika s'est révélée être le boss final. Elle est apparue quelque part au milieu de l'histoire.

« Je devrais me souvenir des détails » marmonna-t-elle pour elle-même.

Lorsqu'elle avait écrit le roman, les idées lui étaient soudain venues à l'esprit dans le désordre. Eugène étouffa un rire nerveux, et la chair de poule apparut sur sa peau lorsqu'elle réalisa quelque chose : elle avait l'impression que quelqu'un lui dictait d'écrire un roman aussi étrange.

Il est un peu tard pour regretter maintenant qu'elle s'est retrouvée dans la peau du méchant.

Jusqu'à ce qu'une idée lui vienne à l'esprit...

Et si je la refaisais maintenant, puisque c'est mon histoire de toute façon ?

Et pourtant, ce n'était pas possible.

Jusqu'à présent, rien ne lui est venu à l'esprit. Depuis qu'Eugène était entrée dans le monde qu'elle avait créé, elle avait l'impression d'avoir cessé d'en être l'auteur pour devenir l'une des nombreuses pièces du monde appelé Mahar.

Le fait qu'elle n'ait pas beaucoup de connaissances sur le royaume de Hashi ne l'aidait pas. En écrivant l'histoire, elle s'était contentée de réfléchir au nom et à l'emplacement de ce royaume.

Maintenant qu'elle s'y trouvait, le monde ne ressemblait plus à un plateau, c'en était fini de la façon dont elle voyait le monde dans les lignes plates des pages. Désormais, il lui paraissait englobant et rond.

En réfléchissant à tout cela, elle pensa à Seongdo ou à la Ville Sainte, d'où venait Jin Anika.

Pourrait-elle y trouver une sorte de refuge ?

Elle savait aussi qu'en dehors des frontières du royaume, il y avait six autres royaumes.

Mais pour passer de Hashi à Seongdo, il y avait encore l'obstacle inévitable sous la forme d'une chaîne de montagnes. Ensuite, il fallait se diriger vers le royaume de Sloan.

En termes simples, Hashi était le royaume le plus éloigné de Seongdo. Tout ce qui se passait dans le royaume ne pouvait pas vraiment atteindre l'autre.

Elle se trouvait dans un royaume isolé, entourée de gens étranges. De plus, son destin était de mourir entre les mains de Kasser, l'homme que Jin Anika avait épousé.

Face à ces défis, Eugène respire profondément. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre comment elle avait pu transmigrer dans un monde romanesque, sans parler du fait qu'elle s'était réveillée dans le corps d'une vilaine.

Mais maintenant, elle n'était sûre que d'une chose.

Elle ne reculerait pas.

Ps de Ciriolla: Un simple repas et les employés sont à sauter de joie.... ça devait vraiment pas être la folie ces trois ans de mariage

Tome 1 – Chapitre 10 – Invitation

Seongdo... se dit Eugène.

Cela signifie la ville sainte, c'est-à-dire le centre du monde. Chaque royaume de ce monde avait sa propre capitale, sa propre famille royale.

Seongdo était aussi un petit pays, dirigé par Sang-je lui-même. Bien que le pays soit de nature politique, il était en fait religieux. Si l'on transpose cela dans le monde réel, celui où Eugène était censé se trouver, Sang-je équivalait au Pape.

Mais elle savait que Sang-je n'était pas humain. Et elle était certaine d'être la seule à le savoir. Elle le savait parce que c'était son idée, sa création, tout comme le monde dans lequel elle se trouvait actuellement était né de son imagination.

Dois-je chercher Sang-je ?

Elle secoua la tête à cette idée. Elle n'avait pas l'impression que cela améliorerait sa situation.

Il n'y a aucune garantie qu'il puisse m'aider une fois qu'il connaîtra mon identité. Et puis, je n'ai pas envie d'aller à Seongdo, c'est le centre de tous les événements.

« Anika. »

Une voix timide l'appela, et Eugène tourna la tête dans la direction générale de la voix.

N'ayant pas encore entendu de réponse, la voix l'appela encore une fois...

« Anika, puis-je te dire un mot ? »

Eugène se demandait si elle devait le faire. N'ayant pas trouvé d'excuse raisonnable pour éviter le public, elle décida d'écouter la personne.

'Entrez'.

Elle avait beau se contrôler, le ton de sa voix et son inflexion étaient étranges, ce qui s'avérait difficile lorsqu'il s'agissait de traiter avec ses subordonnés. Elle avait regardé de nombreux drames historiques pendant son temps libre, mais cela ne changeait en rien son discours. Elle parlait toujours de la même façon.

La porte s'ouvrit en grinçant et la femme de chambre entra. Elle avait les cheveux châtain clair et des yeux noisette. Son regard était fixé sur le sol et non sur Eugène.

Depuis qu'elle était venue au monde, Eugène avait été accueilli par un assaut d'inconnus sans fin. Elle se sentait tellement submergée par son nouvel environnement, ses

nouvelles personnes, qu'elle avait du mal à saisir sa nouvelle réalité, à croire que tout cela n'était pas que de la fiction. Sans parler du fait que les servantes étaient toutes habillées de façon si similaire qu'elle avait du mal à distinguer qui était qui.

Mais la servante qui se trouvait devant elle lui était familière. Après tout, elle l'avait servie et continuait à le faire depuis, s'assurant qu'Eugène avait tout ce dont elle avait besoin.

'Quel est votre nom ? demande Eugène, et la servante baisse la tête. Elle tremble.

'Pardonnez-moi de vous déranger, Anika, mais le roi a envoyé un message'. La servante se raisonna, l'interprétant manifestement comme une menace de la part de la reine.

Eugène remarqua la sueur qui commençait à se former autour de la tempe de la servante, ainsi que la façon dont elle n'arrêtait pas de s'essuyer et de tripoter ses mains contre son uniforme.

Cette hiérarchie dirige un navire serré. se dit Eugène en continuant d'observer la rigidité de la posture de la servante à son égard.

Mais contrairement à cette pensée, les gens autour d'elle l'appelaient avec désinvolture par le surnom d'Anika au lieu de son titre... Quel décorum vraiment étrange.

Finalement, elle prit pitié et répondit, souhaitant que sa voix soit un peu plus douce.

« Quel message ? » demanda-t-elle à la servante.

« Sa Majesté, le roi demande à déjeuner avec vous » Elle répondit en gardant la tête baissée, comme on l'attendait d'elle.

La servante avait utilisé le mot 'demande', mais Eugène savait qu'il s'agissait d'un ordre du roi lui-même.

Eugène réfléchit à cette demande pendant un moment, s'interrogeant sur tous les choix possibles. Cependant, la raison l'emporta à la fin. Si elle devait jouer le rôle de l'antagoniste, elle devrait apprendre à réfléchir soigneusement et rapidement.

« Je le ferai ». Elle répondit enfin et s'attela à sa routine matinale, qui comprenait également un repas léger. Ce n'est qu'un peu plus tard que l'effroi s'empara d'elle, car elle se rendit compte d'une difficulté.

Le déjeuner approchait à grands pas. Elle s'en rendit compte simplement parce que les servantes avaient commencé à se précipiter et à préparer le décor pour le repas commun du roi et de la reine.

L'autre jour, lorsqu'Eugène s'était réveillé, elle avait été choyée et assistée par les servantes. Pour être honnête, il y avait quelque chose de satisfaisant dans la façon dont elles l'avaient servie pieds et poings liés. Être reine, malgré le fait qu'elle soit la principale méchante, était une expérience plutôt agréable. Cependant, il y a une chose qu'elle trouvait désagréable lorsque leurs mains parcouraient son corps...

Du moins, le corps qu'elle empruntait actuellement.

Cela ne faisait que quelques jours qu'elle était arrivée dans ce monde, et pourtant, elle profitait déjà des privilèges et autres luxes qui lui étaient offerts.

Elle n'y avait pas pensé, car bien sûr, les vêtements qu'elle portait ces derniers jours n'étaient pas appropriés pour déjeuner avec le roi. Il s'est avéré que les vêtements luxueux qu'elle pensait être assez bons pour être portés à l'extérieur n'étaient que des vêtements d'intérieur appartenant à la reine. Naturellement, un autre ensemble de vêtements, plus grand, a été préparé par les serviteurs à son intention.

Est-ce bien réel ? Eugène a vraiment l'impression d'être dans un rêve.

La robe était magnifique. Elle était en soie, avec des manches qui bruissaient lorsqu'elle bougeait. Son corsage était fait d'un corset, orné de perles scintillantes. La jupe se gonflait à chacun de ses pas. Elle ne pouvait imaginer la fortune qu'avait coûtée une telle robe pour être confectionnée et portée par elle.

Est-ce trop ? Ou est-ce normal ?

Car malgré sa vie de reine ces derniers jours, elle était encore, lamentablement, novice en la matière.

Alors qu'elle continue à se pomponner pour se préparer à déjeuner avec le roi, elle se souvient d'un autre problème flagrant qu'elle a...

Elle ne connaissait rien à l'étiquette des repas dans ce monde !

Qu'en est-il des bonnes manières à table ?

Elle continuait à s'inquiéter, les pensées se bousculant sans cesse dans sa tête à la recherche d'une quelconque connaissance de base.

Elle fut bientôt soulagée par le fait qu'elle avait au moins une certaine expérience de la gastronomie, puisqu'elle avait travaillé dans un restaurant pendant un certain temps.

Prenant une profonde inspiration, Eugène espérait que ce qu'elle apprendrait ne serait pas une perte de temps.

Le temps presse. Le déjeuner approche à grands pas.

« Anika, s'il te plaît, venez avec moi. »

Cette fois, c'est une femme qui vient la chercher. Elle était habillée différemment des domestiques, son expression était plus dure et ses yeux contenaient la sagesse acquise par l'expérience. Elle se tenait droite et fière malgré son âge avancé.

Il n'y avait qu'un mot qui me venait à l'esprit pour dire de qui il s'agissait.

Générale !

Cette pensée résonna dans sa tête. Il semblait que même le propriétaire original connaissait cette femme comme telle.

C'est ainsi qu'Eugène se retrouva à arpenter les couloirs avec la Générale pour la guider.

Elle regardait tout autour d'elle, s'assurant de ne pas perdre de vue son guide et de ne pas s'égarer on ne sait où. C'était la première fois qu'elle voyait l'intérieur du palais.

Après tout, elle était restée dans les appartements de la reine pendant tout ce temps.

Le palais n'avait rien de moderne, mais Eugène trouvait que cela lui allait bien et qu'il y avait une touche d'originalité. Les sols en pierre étaient ornées de motifs géométriques, leurs surfaces étaient polies et colorées. Les murs sont longs et hauts, soutenus par des colonnes et pleins de reliefs antiques.

Même s'il ne devait servir que de passage pour les allées et venues des gens, le couloir était incontestablement spacieux. Elle se dit que même si des camions devaient passer, il n'y aurait aucun problème. Tout était aussi large.

Je m'attendais à être gênée, mais je ne le suis pas.

Ps de Ciriolla : je veux bien aussi me réveiller dasn un monde, ou je n'aurais plus a me soucier des corvée, du boulot, de l'argent etc.... il faut signer ou?

Tome 1 – Chapitre 11 – Le repas

Ils arrivèrent bientôt dans le salon. Les murs sont peints en bleu foncé. La porte s'ouvrit et Eugène entra peu après.

Kasser s'assit à la table et se réveilla de son court répit dès l'arrivée d'Eugène. Tout deux se regardèrent instantanément.

[Chaque fois que je la regarde, je suis toujours envahi par un dégoût intense.]

Eugène a détourné le regard. Dans son roman, c'est Kasser qui a pris la vie de Jin Anika.

Il était aussi le genre de personne qui n'hésitait pas à se venger de quelqu'un qui le méritait certainement.

Cependant, la justice n'était pas la seule motivation du roi lorsqu'il a tué sa femme. Elle se souvint que Jin Anika avait disparu après avoir été mêlée à un incident tragique survenu dans le royaume de Hashi.

Ce n'est que plus tard dans l'histoire qu'il a été révélé que Jin avait, en fait, provoqué l'accident elle-même, tout en pensant qu'elle en mourrait.

Jin était également versée dans les arts obscurs en sacrifiant des vies humaines, celles des habitants de Hashi, tout cela grâce au pouvoir qu'elle avait obtenu de Mara.

C'est sa colère face à cette découverte qui a conduit le roi Kasser à la tuer dans un accès de rage. Il a assassiné sa femme de sang-froid. Il aurait tout aussi bien pu appeler cela un acte de vengeance.

Eugène s'assit le premier et Kasser le suivit. Elle fit de son mieux pour ignorer son regard intense, qui se posait indubitablement sur elle.

Le roi, quant à lui, observait fixement la reine et remarqua qu'elle gardait la tête basse, son regard ne s'éloignant pas une seule fois de lui. Pas une seule fois elle ne lui adressa ce sourire coquet qu'elle lui envoyait toujours, même s'il n'y répondait pas.

Le repas était déjà sur la table, prêt pour que le couple commence à manger sans échanger un seul mot, sans même se saluer.

En somme, c'était un repas sinistre. Sarah continuait de fixer les deux royautés et ses yeux commençaient à s'humidifier face à la piètre démonstration qu'elle avait en face d'elle.

Que dois-je faire de ces deux-là ?

Sarah s'était chargée de la préparation du repas et s'était minutieusement occupée des moindres détails. Elle a monté et descendu inlassablement plusieurs étages, tout cela pour que ce déjeuner soit une réussite monumentale.

C'est pourquoi elle était très déçue de voir ces deux-là s'ignorer l'un l'autre. Peu après, tous les serviteurs et le grand public présents, y compris Sarah, furent renvoyés du salon. Le roi voulait parler seul à seul avec sa femme.

Eugène n'a même pas le temps de regarder ce qui l'entoure. Elle concentre toute son attention sur son plat pour ne pas faire d'erreur. Les ustensiles étaient très différents de ce qu'elle connaissait. Bien qu'ils soient similaires aux dîners occidentaux, les plats lui paraissaient encore étranges.

Alors qu'elle mangeait, une voix a soudain traversé son esprit, lui indiquant ce qu'elle devait faire...

C'est... c'est un champignon. Vous pouvez enlever la crème à l'extérieur et le couper avec un couteau.

Elle fit ce que son esprit lui disait de faire, et personne ne sembla se méfier de ce qu'elle mangeait. Elle mangea par petites bouchées, tâtonnant dans sa mémoire, soucieuse de ne pas paraître pressée. Elle poussa un soupir de soulagement dès qu'elle eut terminé son repas.

A cause de sa méfiance, elle n'avait même pas pu savourer son repas. Elle ne pouvait même pas dire si le riz était allé dans sa bouche ou dans son nez. Pourtant, même si elle n'a pas pu savourer son repas, elle est fière de ce qu'elle a accompli.

Il était étonnant que des fragments de la mémoire de la Jin Anika originale soient restés en elle.

Elle ne savait pas vraiment où et ce que savait la Jin Anika originale. Elle ne savait pas non plus où se trouvait la clé de ce tiroir verrouillé. Mais elle pensait qu'en cherchant dans tous les coins et recoins, elle finirait par s'y habituer.

Kasser posa son verre et indiqua aux domestiques de ranger les assiettes et les ustensiles vides. Il ne leur fallut pas longtemps pour mettre de l'ordre dans la pièce et il ne resta bientôt plus qu'eux deux.

« Vous pensez que j'ai dit à Marianne tout ce qu'elle savait. En fait, je n'ai pas dissipé tes soupçons à ce moment-là » déclara Kasser, fronçant les sourcils à cette idée.

Cela faisait un an et demi que cela s'était passé. Depuis le grand affrontement avec la reine.

C'est alors que la reine avait demandé, ou plutôt exigé, que Marianne, l'ancienne générale, soit renvoyée. Elle avait demandé à ce qu'elle soit placée non pas près du château, mais dans des régions éloignées du royaume.

Mais le roi Kasser avait rejeté cette demande.

« Je ne pourrai jamais faire cela. »

avait-il dit cette fois-là.

« Son influence au palais est grande. Elle n'est que générale de l'escadron ? Elle pourrait tout aussi bien prendre ma place ! »

Kasser ne comprenait pas pourquoi la reine avait détesté Marianne au point de la renvoyer. Marianne, malgré tous ses accomplissements et son ancienne position, n'était qu'une femme sans pouvoir. Mais la véritable raison pour laquelle les gens la suivaient, l'aimaient, n'était pas le pouvoir qu'elle détenait, mais les vertus qu'elle incarnait.

La reine avait toujours considéré Marianne, et par extension Sarah qui lui succédait, comme une horreur. Et Kasser a longtemps ignoré pourquoi.

« Vous me prenez pour une idiote ? Que je ne saurais pas ? Toi, le roi lui confie tout. Je ne me laisserai pas berner, par personne d'autre. »

« Ne soyez pas ridicule. Quoi que vous disiez, Marianne reste. »

Kasser n'avait pas écouté la reine. Après la dispute, les deux se quittèrent avec des sentiments amers, et la reine et le roi devinrent encore plus désolés.

« C'était mon erreur » poursuivit-il. « Nous aurions dû faire un compromis, au lieu d'en finir comme ça »

Eugène resta attentive à chacune de ses paroles, même si elle ne savait pas de quoi il parlait. Elle devait obtenir l'information, et quel meilleur moyen que le roi lui-même ?

« Tu as changé d'avis ? Je vais m'assurer que Marianne n'entre pas dans ce palais. Cela ne suffit-il pas ? » lui demanda-t-il.

Eugène fronce les sourcils.

« Qui est Marianne ? »

La simple mention du nom n'a pas donné d'indice à Jin Anika. Kasser fronce alors les sourcils, et Eugène réalise qu'elle a dû parler à voix haute...

Je ne pense pas qu'il ait apprécié cette question. Mais qui est Marianne ? Une famille ?

L'amoureuse ?

Ces pensées se bousculent dans la tête d'Eugène.

Ps de Ciriolla : on dirait moi lors de grande tablée en famille ou entre amis... ou je me retrouve dans les conversations sur des gens dont j'ai aucune idée de qui ils sont.... c'est juste horrible, car soit tu peux faire celle qui sait mais on peut tellement se planter... soit tu as l'impression de passer pour une idiote complète

Tome 1 – Chapitre 12 – Le contrat

« Non, c'est bon »

Elle finit par lui répondre, et Kasser la dévisagea en plissant les yeux.

« Vous en êtes sûre ? » demanda-t-il.

Eugène répondit par un hochement de tête laconique.

« Oui, ne la bannissez pas de ce palais » dit-elle avec plus de certitude, ignorant cette fois le regard toujours prolongé du roi.

Il était clair pour elle que cette Marianne était une personne importante pour le roi, et que le fait qu'il refuse d'exaucer le vœu de la reine précédente indiquait un lien fort avec elle.

« Est-ce que j'ai bien compris ? Vous ne souhaitez plus sa disparition ? » demanda-t-il à nouveau.

Et une fois de plus, Eugène acquiesça. « Oui. »

Un silence s'abattit soudain sur la pièce.

« D'accord, si vous le dites » Kasser acquiesce, mais ne la quitte pas des yeux.

Eugène se sentait encore plus mal à l'aise, elle souhaitait qu'il la laisse enfin tranquille, ou mieux encore, qu'il la congédie déjà.

Et si je faisais d'autres erreurs qui le rendraient suspicieux ? pensa-t-elle, craignant de se trahir d'un moment à l'autre.

« Il est impoli de ne pas regarder la personne avec laquelle on converse » Kasser lui fit remarquer en rétrécissant son regard. « Regardez-moi » Il l'exigea. « Tu te comportes comme un criminel, comme si tu avais fait quelque chose de mal. »

Prenant peur, elle releva lentement la tête et croisa le regard du roi. Rapidement, elle reprit son expression pour calmer l'indifférence.

Au fond d'elle-même, elle restait bouche bée devant la beauté naturelle du roi. S'ils étaient de retour dans son monde, le vrai, celui dans lequel elle était censée être, elle pouvait affirmer sans aucun doute que les gens paieraient une fortune pour lui ressembler ne serait-ce qu'un peu. Il était à ce point exquis.

Maintenant qu'elle pouvait le voir de plus près, ses yeux étaient encore plus frappants.

Le bleu vif scintillait contre la lumière de la pièce, brillant comme un ciel cristallin.

Pourtant, cet homme est un tueur, lui dirent ses pensées. Malgré son apparence extérieure, un monstre se cachait sous cette peau sans défaut.

Elle chassa rapidement ses pensées vagabondes lorsqu'elle le surprit en train de lui adresser un sourire ou un rictus si elle y regardait de plus près. Elle sentit ses yeux commencer à se rétrécir alors qu'elle le fixait ouvertement, ses chaînes imaginaires se dressant, anticipant un problème.

« Tu as changé d'avis pendant que j'étais loin du château ? » demanda-t-il en penchant la tête sur le côté, la regardant toujours sans honte.

En guise de représailles et ne se laissant pas faire, Eugène lui offrit le sourire le plus aimable qu'elle pût obtenir malgré son cœur qui battait la chamade.

Elle crut que sa poitrine allait exploser.

Bien sûr, il est toujours le mari de Jin Anika. S'il y avait un changement chez elle, il le remarquerait sûrement.

« Oui » Elle répondit, espérant que cela sonnait confiant. « Je veux changer. »

Kasser s'est redressé, sincèrement curieux.

« Pour quoi faire ? »

« Je veux faire une différence pour le bien. C'est tout » Eugène termina, sa respiration se crispant légèrement alors que les yeux bleus continuaient à la scruter. L'examiner comme s'il pouvait voir ce qu'elle cachait avec ses orbes saphir.

En effet, les yeux du roi étaient quelque peu différents. À sa simple vue, elle avait l'impression qu'il pouvait lire ses pensées dans les moindres détails. Décortiquer tout ce qui, dans ses pensées, faisait d'elle une personne.

« Est-ce la cause de votre changement soudain ? »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Ne fais pas semblant de ne pas savoir » dit-il, l'irritation transparaissant dans son ton.

« Notre contrat » Il termina et Eugène se figea.

Quel contrat ? pensa-t-elle frénétiquement. Tout cela n'a aucun sens. Ce n'était pas du tout dans l'intrigue !

« Que vous le croyiez ou non. Je n'ai parlé à personne de notre contrat » Kasser poursuivit, inconscient des pensées tumultueuses de la jeune femme.

Quel contrat ? Eugène, trouve quelque chose, s'il te plaît ! Elle se creuse la tête, mais rien ne lui vient à l'esprit. Ce n'était certainement pas écrit dans son roman !

« Cela fait trois ans que nous avons conclu le contrat, trois ans que vous êtes venu dans ce château »

Trois ans ?

Eugène ne connaissait même pas l'âge du propriétaire original, mais on pouvait estimer que le roi avait au moins trois ans de plus.

« Où voulez-vous en venir exactement ? » Elle répondit finalement par quelque chose d'assez neutre... assez pour donner l'impression qu'elle savait de quoi il parlait, mais toujours incertaine de ce qu'il essayait de lui dire. « Dis-le moi pour que je puisse enfin passer à autre chose »

« Tu comptes tenir ta promesse ? » demanda-t-il.

Eugène pouvait entendre qu'il était de plus en plus sceptique.

« Oui, je tiendrai ma promesse »

« C'est la chose la plus agréable que j'aie jamais entendue de ta part » dit-il avec enthousiasme.

Eugène se surprend à froncer les sourcils une fois de plus à cause de son ton.

« Je ne veux pas être sarcastique. Ne t'énerve pas » Il ajouta, remarquant l'expression désagréable de la jeune femme.

Eugène n'avait qu'une seule certitude. La relation entre le couple semblait mauvaise.

Son expression et son ton envers elle n'étaient pas ceux d'un homme envers ses proches.

Eh bien, c'est un soulagement !

Eugène s'en réjouit. Il valait mieux qu'il n'ait pas d'affection pour elle afin qu'il ne prenne pas au sérieux son changement soudain.

Je dois comprendre pourquoi Jin a épousé le roi. Il doit y avoir une raison importante.

Pour autant qu'elle le sache, lorsqu'elle a créé la reine, elle était juste... là, désignée pour jouer le rôle de la méchante.

Kasser, quant à lui, s'attendait à plus de résistance dans leur conversation. De manière surprenante, sa femme semblait calme et agréable cette fois-ci.

Il a compris que ce n'était pas le domaine de Jin Anika. Elle avait besoin de soins supplémentaires, de temps pour s'acclimater aux changements qui l'entouraient. Leurs habitudes n'étaient pas les siennes, après tout, et le mariage n'y changeait rien.

Eugène ne put que lui adresser un sourire gêné, en espérant qu'il ne s'agisse pas d'une grimace.

« Arrêtons. C'est aujourd'hui le dernier jour du mois ? J'irai demain » dit-il enfin.

Eugène sentit quelque chose se déclencher dans son esprit...

Demain ? Qu'est-ce qu'il veut dire ?

Elle paniqua et manqua le moment de répondre naturellement. Cela amena Kasser à douter d'elle et il continua à la fixer, ses orbes saphir l'observant. Eugène secoua ses nerfs du mieux qu'elle put, souriant aussi naturellement qu'elle le pouvait dans l'état de trouble où elle se trouvait.

« Bien sûr, Votre Majesté » Eugène força une réponse.

Heureusement, l'absence de réaction de la jeune femme ne sembla pas déranger Kasser.

Eugène poussa un soupir de soulagement tandis qu'ils poursuivaient le reste de leur repas.

Bientôt, ils sortirent tous deux du salon et s'en allèrent chacun de leur côté, sans plus se soucier de ce qui s'était passé. Il ne s'était pas passé grand-chose de toute façon.

Eugène se dirigea rapidement vers ses appartements, tandis que Kasser se rendit à son bureau.

Il s'assit sur son bureau et réfléchit à la reine. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il faisait à peine attention à ce qu'il faisait, aux piles de papiers laissées à l'abandon.

Le déjeuner avec la reine n'était certainement pas ce à quoi il s'attendait. Tout en elle était différent : son expression, sa prestance, et même sa façon de répondre. Plus il s'en souvenait, moins elle ressemblait à la femme qu'il avait cru connaître.

Et plus il y pensait, plus le sentiment qu'il ressentait dans ses tripes était étrange.

C'était comme si elle était une personne totalement différente.

Finis les sourires malicieux, les faux rires. Ce qui lui avait été présenté tout à l'heure était une Anika très maladroite - mais, pour la première fois, elle semblait très...

humaine.

Que s'est-il passé pendant mon absence ?

Qu'elle ait vraiment changé ou non, ou qu'elle ne fasse que jouer la comédie, Kasser ne pouvait pas baisser la garde. Il devait en être absolument certain, et c'est pourquoi il savait qu'il avait besoin des conseils de la personne en qui il avait le plus confiance.

Le chancelier Verus ne tarda pas à se présenter devant lui.

« Vous ne m'avez pas tout rapporté, n'est-ce pas ? » Il n'a pas hésité à aller droit au but.

« Oui, Votre Majesté » dit l'homme avec un air de remords.

Kasser plissa les yeux.

« Que s'est-il passé en mon absence ? » demanda-t-il.

Craignant que le roi ne soit pas très patient, Verus répondit rapidement, en prenant soin de répondre aussi brièvement et rapidement que possible.

« Votre Majesté, la porte de pierre a été ouverte quelques jours avant votre retour. »

Le premier de leurs nombreux souhaits était le mariage. Une reconnaissance officielle de leur relation. Il fallait que ce soit parfait pour le public.

Bannir Marianne est le seul souhait qu'il ait jamais contré.

Mais ce n'était pas tout. En tant que reine, elle n'était qu'une figure de proue. Elle voulait la richesse, le luxe et tous les avantages liés au statut de reine, mais aucune des obligations qui en découlaient.

Le pouvoir politique dont elle disposait, elle l'utilisait à son avantage, sans se soucier le moins du monde du peuple. Elle commença à inspirer la peur dans le cœur même de ses subordonnés. Elle fut critiquée et victime de discrimination, même par les courtisans, pour s'être débarrassée sans ménagement de plusieurs servantes.

En invitant Jin Anika à déjeuner, son principal objectif était de lui rappeler leur accord.

Elle ne lui avait pas encore donné l'héritier qu'elle lui avait promis.

« Pour être honnête, je m'attendais à une certaine résistance, c'est pourquoi j'ai demandé à ce que le déjeuner ait lieu dans mon salon » Il poursuivit. « C'est une idée rafraîchissante que de parvenir à un accord sans désaccord. »

Puis il a souri.

Ce n'était pas la première fois qu'il souriait, il ne s'en était probablement pas rendu compte, mais Eugène pouvait voir la différence. C'était le premier sourire sincère qu'il lui adressait.

« Anika. »

« Oui ? »

« Pas besoin de faire semblant » a-t-il dit, « Tu es différente ces derniers temps » Il a dit ce qu'il pensait.

Ps de Ciriolla : Un contract entre eux? ma petite Eugène vouloir tenir la promesse dont tu ignores tout... c'est pas l'idée du siècle

Tome 1 – Chapitre 13 – Une reine dans le désert

L'expression de Kasser se durcit. La porte de pierre menant au désert n'aurait dû s'ouvrir qu'à son retour, après un séjour dans le désert.

Verus reprit son souffle avant de continuer.

« Je n'ai pas réussi à savoir où se trouvait la reine après qu'elle ait quitté le désert il y a quelques jours. Après une journée de recherche, les guerriers ont eu la chance de retrouver la reine disparue et de la mettre en sécurité ici. »

Bang !

Kasser frappa durement le bureau avec sa paume et Verus sursauta instinctivement.

« Qu'est-ce que tu racontes ? Comment la reine s'est-elle rendue dans le désert ? Tu as ouvert la porte de pierre pour elle ? Sans ma permission ? ! » S'exclame-t-il.

« Nous ne l'avons pas fait, Votre Majesté » Verus bafouilla, continuant rapidement à expliquer la situation. « Elle a escaladé le mur à l'aide d'une corde, il nous a donc fallu un certain temps pour remarquer sa disparition »

Une corde ?

Kasser éclate d'un rire moqueur. « Tu veux dire que personne ne savait que la reine avait franchi les murs et escaladé la sortie ? »

Verus acquiesça et resta silencieux.

« Quelle honte ! Les servantes, comment la reine a-t-elle pu passer inaperçue ? » Le roi s'enquit plus avant...

« Elle a surtout menacé les servantes de son entourage de ne pas entrer dans ses appartements avant qu'on ne les appelle. Personne n'a osé désobéir à l'ordre de la reine

» dit doucement Verus.

« C'est une excuse de leur part » se moqua Kasser

Il était sans doute furieux, mais sa colère se dissipa dès qu'il se souvint de la terreur que les serviteurs éprouvaient pour la reine.

Même si elle s'était adoucie avec le traitement sévère qu'elle leur avait infligé il y a un an, depuis sa menace, elle était toujours aussi impitoyable à leur égard. Et la peur

demeurait, ce qui rendait les serviteurs d'autant plus désireux de ne pas défier ses souhaits s'ils commettaient une erreur.

« Comment avez-vous su que la reine avait disparu ? »

« Ce n'est que tard dans la matinée d'hier » Verus répondit. « Une générale a ouvert sa porte arbitrairement, car tout le monde s'inquiétait qu'elle se prive de nourriture en n'appelant pas de serviteur pour lui apporter ses repas »

« Et ? »

« J'ai envoyé une équipe de recherche dans le désert »

Le chancelier Verus envoya dix équipes de recherche composées de dix hommes chacune dans le désert. Envoyer des guerriers sans l'autorisation expresse du roi était une décision risquée pour Verus. La saison sèche touchait à sa fin, ce qui signifiait que des monstres pouvaient déjà rôder dans le désert.

Les guerriers étaient les trésors du royaume. Verus serait tenu pour responsable si l'un d'entre eux était blessé, ou pire, mutilé.

« Quelqu'un a été blessé ? » demanda le roi, la tension s'installant sur sa mâchoire.

Verus secoua la tête.

« Tous les guerriers sont revenus sains et saufs, Votre Majesté. »

Kasser acquiesça. « Où les guerriers l'ont-ils trouvée ? »

« La reine marchait seule dans le désert quand ils l'ont trouvée » dit Verus. « C'est Sir Sven qui l'a trouvée. Il est retourné immédiatement au château, mettant fin aux recherches »

Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi Jin Anika se donnait tant de mal pour s'échapper du château.

Quelle était son intention ?

Il devait faire toute la lumière sur cette affaire au plus vite.

Qui sait quels stratagèmes Anika était en train d'orchestrer en ce moment même !

« A-t-elle été blessée ? »

« Je n'ai jamais entendu parler d'une blessure de la reine, Votre Majesté. Cependant, Sir Sven a dit qu'elle avait l'air instable lorsqu'elle est rentrée chez elle. »

Kasser ricana à cette idée. Il avait été pris pour un imbécile. Il ne s'agissait pas seulement d'un autre stratagème de Jin Anika, elle essayait de fuir ses responsabilités.

Elle essayait d'échapper à lui et au contrat.

« Marianne a-t-elle eu l'idée de ne pas faire de rapport dès mon arrivée ? »

Il grogna à l'adresse du chancelier, qui se contenta de rester silencieux et de baisser la tête, honteux.

« Je m'excuse, Votre Majesté. »

Kasser fit claquer sa langue. S'il avait entendu le rapport dès son arrivée, il aurait été furieux et ne se serait pas soucié de savoir si la reine était effectivement morte de faim.

Pour l'instant, il ne savait que deux choses.

Premièrement, Marianne savait à quel point il pouvait être monstrueux si on le provoquait, c'est pourquoi elle avait contraint tout le monde à lui cacher la nouvelle, l'envoyer dans les appartements de la reine n'avait été qu'une distraction.

Et deuxièmement, le changement soudain de comportement de la reine ? Kasser gloussa sans rire.

Rien de tout cela n'est vrai !

Elle s'est jouée de lui depuis le début.

Ps de Ciriolla : Pauvre Eugène, elle vas avoir des emmerdes alors qu'elle y est pour rien, et n'est tellement au courant de rien...

Tome 1 – Chapitre 14 – Les Alouettes Elle aurait pu être attaquée par des Alouettes ! pensa Kasser avec frustration. Ses sourcils se froncèrent, ses poings se serrèrent si fort que ses jointures devinrent blanches.

Anika avait toujours été à l'abri, à l'abri de toute forme de danger ou d'épreuve. Elle aurait été terrifiée si elle avait rencontré la moindre Alouette. Mais si elle avait été témoin ou avait rencontré des événements aussi horribles, cela expliquerait son changement soudain.

Si elle a vécu une telle expérience, son changement soudain pourrait être validé d'une manière ou d'une autre. Une expérience de mort imminente peut certainement changer une personne, même si elle était foncièrement mauvaise.

Lorsque l'on s'accroche à la vie, que celle-ci défile devant nos yeux, on aimerait pouvoir revenir sur toutes nos mauvaises actions en réalisant que la vie pourrait être bien plus que cela.

Les Alouettes...

Kasser sentait la rage froide couler dans ses veines à leur évocation.

Les Alouettes désignaient les démons aux yeux rouges qui hantent Mahar. Pendant la saison sèche, il tombe dans un profond sommeil, mais lorsque cette période de paix est terminée, ces monstres se précipitent hors de leurs tanières de repos et commencent à errer, à la recherche d'une proie. La période active est ce que les gens appellent le moment où les alouettes commencent leurs chasses.

Ces monstres se présentent sous de nombreuses formes : reptiles à quatre pattes, vers gigantesques et bien d'autres encore. Ils sont également de taille variable, mais gigantesque. Malgré cela, la seule chose que les alouettes ont en commun est leur hostilité envers les humains.

Si la reine et son groupe avaient été attaqués par des Alouettes, elle serait probablement encore saine et sauve. La croyance populaire veut qu'une alouette ne puisse pas blesser Anika, car elle vient de Seongdo, la ville sainte.

Mais ce n'était qu'une rumeur vicieuse, car personne n'avait jamais vu une alouette épargner la reine de son appétit. Et personne de sensé n'oserait mettre la reine, Anika, dans le désert en période d'activité pour en vérifier l'authenticité.

Personne n'était aussi cruel.

Des témoins d'il y a si longtemps avaient affirmé qu'aucune de ces alouettes n'avait été vue près de Seongdo, la ville natale et le pays d'Anika.

Mais pourquoi Anika s'est-elle rendue dans le désert ? Quel était son but ?

Les pensées de Kasser n'étaient remplies que d'une multitude de questions, qui se succédaient au fur et à mesure qu'il y réfléchissait.

La reine s'est imprudemment échappée à travers le désert. Mais pourquoi ? Personne ne savait ce qui avait traversé l'esprit de la reine. Le plus étrange, c'est qu'Anika était connue pour détester le désert dans lequel elle était forcée de vivre. Elle détestait les sables grossiers et la chaleur incessante.

Malheureusement, c'était exactement ce qu'était le royaume de Hashi. Le royaume du désert. Et avec le désert rude venait un ennemi encore plus dangereux sous la forme d'alouettes, surtout en période d'activité. Mais à la saison sèche, le désert n'était plus qu'un trésor.

Toujours à la fin de la période active et au début de la saison sèche, le roi traversait le désert pour atteindre une petite oasis située en son milieu. Il s'agissait d'un autel d'offrandes, construit sur l'oasis et que, selon la tradition, le roi devait impérativement visiter.

Il se souvenait que la reine l'avait accompagné une fois lors de l'une de ses nombreuses visites à l'autel. Cela s'était passé pendant la saison sèche, au cours de leur première année de mariage.

Ce fut une expérience désagréable. Elle n'avait pas souri pendant toute la durée de la visite. Elle voulait retourner immédiatement au palais. Elle a si clairement exprimé son dégoût pour le désert qu'il ne l'a plus jamais emmenée avec lui par la suite.

Et elle n'est jamais retournée dans le désert.

« Qu'a fait la reine avant de partir dans le désert ? Y a-t-il eu quelque chose d'étrange ? »

demanda-t-il à l'un des serviteurs du palais.

« Il n'y en a pas eu, Votre Majesté. La reine a vaqué à ses occupations habituelles. »

Kasser poussa un soupir de frustration.

« Convoquez la générale Sarah immédiatement »

« Oui, Votre Majesté. »

Personne, surtout quelqu'un comme Jin Anika, n'irait faire la seule chose qu'il déteste sans aucune raison. Kasser décida d'examiner de plus près toutes les activités de la reine avant qu'elle ne s'échappe dans le désert. Et le général ne manquerait pas de l'aider dans son enquête.

*************************

Lorsqu'Eugène parvint à regagner sa chambre, elle se mit à faire les cent pas. Lors de sa conversation avec le roi, elle ne savait absolument rien de ce dont il parlait. Pas un seul indice n'avait été révélé pour l'aider. Elle avait beau se creuser la tête, ou en l'occurrence, celle d'Anika, rien ne lui venait à l'esprit.

J'ai peut-être son corps et son esprit, mais je ne pense pas pouvoir les manipuler librement. pensa-t-elle nerveusement.

Elle continuait à se tripoter les mains, mais elle savait qu'elle devait changer de tactique.

Après tout, elle ne pouvait pas agir passivement, en fonçant tête baissée, aveugle à ce qu'elle faisait.

Après avoir réfléchi, elle se résolut à faire appel à l'une de ses servantes, Zanne, qui était chargée de répondre à ses caprices et à ses besoins.

« Tu as appelé, Anika ? » dit doucement Zanne dès son arrivée.

Lorsqu'elle avait été convoquée, elle avait senti la peur couler dans ses veines. Le sang s'écoulait de son visage à la pensée de la reine. Elle était complètement terrifiée.

Eugène n'avait jamais eu l'occasion d'être aussi effrayée par quelqu'un qui exerçait une autorité sur elle, mais elle pouvait au moins s'identifier à elle. Elle avait été confrontée à un certain nombre d'employeurs gênants, même dans la société moderne avec toutes les lois qui protégeaient les travailleurs. C'était simplement une épine inévitable. C'est aussi pour cette raison qu'elle voulait atténuer la peur de la jeune fille, même si ce n'était que très légèrement.

« Viens t'asseoir » Eugène s'assit sur le canapé et fit signe à Zanne en tapotant l'espace à côté d'elle.

Cependant, Zanne semblait encore plus effrayée. Ses chaînes métaphoriques se soulevaient à l'idée de s'approcher. Elle tremblait... Elle s'attendait au pire.

« Co..Comment oserais-je m'asseoir avec... » Elle bégaie, mais Eugène l'interrompt.

« Asseyez-vous » Elle l'ordonna.

Elle n'avait pas voulu que cela ressemble à un ordre, mais c'est ce qui s'est passé. Elle était reconnaissante à Zanne de s'asseoir à côté d'elle... Même si elle se balançait presque au bord du siège quand elle l'a fait. Elle fit de son mieux pour garder la plus grande distance possible avec elle.

« Quel âge as-tu ? » lui demanda Eugène.

« J'ai dix-neuf ans. »

Au début, Eugène a essayé de contraindre Zanne à se détendre en lui posant des questions personnelles, notamment sur son âge, sa famille et la date à laquelle elle est devenue servante au château. Malgré sa prudence inébranlable, Zanne est capable de donner des réponses brèves et concises lorsqu'on lui pose des questions.

Cela prit un certain temps, mais ses réponses rapides et courtes devinrent bientôt plus longues et plus approfondies, et Eugène pouvait voir qu'elle commençait à faire fondre la prudence bien construite de la jeune fille, due à la peur. D'ailleurs, l'expression tendue de la jeune fille se détendit rapidement, ce qu'elle considéra comme un bon signe.

« Zanne. »

« ... Oui ? »

Zanne était stupéfaite. Elle n'arrivait pas à croire que la reine se souvienne de son nom !

Ce n'était pas la première fois qu'elle entrait dans les appartements de la reine, mais jamais elle ne l'avait appelée par son nom. Cela tenait du miracle.

« Je veux que vous m'aidiez » dit Eugène, sans hésiter.

Instantanément, les yeux de Zanne s'écarquillent. Quelle aide pourrait-elle apporter à la reine ?

« Après mon retour du désert, j'ai eu un petit problème » dit Eugène. C'était un pari de sa part. Un pari qu'elle souhaitait voir se réaliser en sa faveur.

« Ma mémoire est un peu... perturbée » Elle finit par l'admettre.

Tome 1 – Chapitre 15 – Le vol du trésor

« Hein ? » Zanne avait l'air incrédule.

Pendant un instant, elle pensa que la reine se moquait d'elle. Mais à en juger par le visage sombre de Jin Anika, elle était vraiment sérieuse. Elle avait du mal à se souvenir.

« J'ai surtout des souvenirs mitigés des gens. Je vais donc vous poser quelques questions. Ne parlez à personne de cette conversation. Jurez-le-moi »

Zanne acquiesce en tremblant.

« Oui, bien sûr, Lady Anika. »

« Je me souviens de son nom, mais je ne sais pas de quel genre de personne il s'agit.

Hum... Marianne. Vous la connaissez ? » Demanda-t-elle.

Lorsque le nom sortit des lèvres de la reine, Zanne fut saisie d'effroi. Elle se crispa. « Oui.

Je sais qui elle est. »

« Voulez-vous me dire tout ce que vous savez sur elle ? Je pense que je me souviendrai quand j'entendrai des informations la concernant. »

« Oui. Lady Marianne était l'ancienne générale en chef » répondit enfin Zanne.

La curiosité d'Anika avait poussé la jeune femme à lui dire tout ce qu'elle savait. Les mots sortaient de sa bouche sans discontinuer, expliquant du mieux qu'elle pouvait tout ce qu'elle savait sur l'ancienne générale.

Si elle en savait autant, c'est parce que Zanne idolâtrait Marianne. Elle avait veillé sur elle lorsqu'elle était si jeune, ne l'avait pas condamnée pour ses erreurs, l'avait nourrie et guidée jusqu'à aujourd'hui. Elle l'admirait, et cela l'a beaucoup peinée lorsque Marianne a dû quitter son poste.

En écoutant Zanne, Eugène ne peut s'empêcher d'être emportée par l'adoration évidente de la jeune fille. Eugène est également émerveillé par cette femme merveilleuse. Elle avait l'air si remarquable !

« Lady Marianne était une excellente générale en chef. »

Lorsque les mots ont échappé à sa bouche, c'est comme si quelque chose s'écroulait, et Zanne s'est refermée sur elle-même. Elle tomba par terre, effrayée, et s'agenouilla, son front touchant le sol dur, en demandant pardon pour ses paroles...

« Pardonnez-moi, je ne voulais pas offenser Dame Anika ! » supplia-t-elle.

Eugène, quant à elle, fut surprise par ce brusque changement d'humeur. Jusqu'à ce qu'elle se souvienne de sa conversation avec le roi.

Jin Anika détestait Marianne. Songea-t-elle avant de froncer les sourcils en signe de réflexion. Mais pourquoi ?

Encore abasourdie par le changement soudain de ton et de paroles de la domestique, Zanne regrettait furieusement d'avoir admiré Marianne devant elle. L'assurance de la servante s'était envolée en un instant.

D'après les informations dont elle disposait, Marianne était une femme de caractère et dotée d'énormes capacités. Mais ces paroles ne venaient que de Zanne. Si Zanne l'avait trompée, elle aurait fait une gaffe. Mais elle ne l'avait pas fait et n'avait pas l'air d'être du genre à lécher les bottes de quelqu'un pour le plaisir. De toute évidence, elle croyait Marianne et la tenait en haute estime.

« Ce n'est pas grave. Je vous ai dit de parler. Allez, rasseyez-vous » Eugène tenta de rassurer la jeune femme.

Zanne se lève et s'assoit à nouveau sur le canapé. Elle pose sa main sur sa poitrine, comme pour calmer les battements de son cœur.

« Ai-je détesté Marianne à ce point ? »

« Je, - je ne sais pas. »

« Ce n'est pas grave. Que s'est-il passé entre nous ? »

« Je ne sais vraiment pas. Je ne vous ai jamais vus ensemble. »

Elle voulut demander plus de détails mais coupa court dès qu'un grand chahut se fit entendre à l'extérieur des portes de sa chambre.

Les deux filles tournèrent immédiatement la tête en direction des portes. Les cris et les appels étaient étouffés, mais elles pouvaient distinguer quelques mots...

« Votre Majesté ! »

« Calmez-vous, Votre Majesté ! »

La porte s'ouvrit avec fracas. Avec une telle force que des fissures apparurent au niveau des charnières, ainsi qu'à l'endroit où la porte s'est heurtée lorsqu'elle a pivoté.

Quand Eugène vit Kasser entrer, elle se leva de son siège, absolument surprise. Le roi était livide. On aurait dit qu'il était sur le point de la tuer sur-le-champ. Ses yeux fixés sur Eugène lui donnèrent des frissons.

« Votre Majesté, calmez-vous, s'il vous plaît... » La générale qui le suivait l'implora.

« Sortez ! » ordonna le roi en grognant.

« Votre Majesté »

« J'ai quelque chose à dire à la reine. Tout le monde dehors ! »

Tout le monde tressaillit devant le ton de sa voix. La générale Sarah regarda alternativement le roi et la reine de ses yeux brumeux, puis elle inclina la tête et se retira de la pièce.

Zanne, qui était encore dans les parages, suivit la générale à pas pressés. Lorsque tout le monde sortit et que les portes se refermèrent, la chambre d'Anika fut plongée dans un silence tendu.

« Anika. »

Kasser serra les dents ; il était en proie à une telle colère qu'il ne parvenait pas à la contrôler. Elle transparaissait dans sa voix et donnait à Eugène l'envie de s'enfuir le plus loin possible.

Les jours précédant la disparition de la reine, il avait fait appel à des personnes chargées d'enquêter sur les allées et venues de la reine. D'après les rapports, la routine de la reine était monotone. Elle était presque confinée à son bureau tous les jours. Mais il y avait un endroit où Anika passait tous les jours : c'était la maison du trésor royal.

En tant que maison du trésor, il était tout à fait naturel d'y poster des gardes pour la protéger strictement de quiconque voulait y pénétrer. Entre ses murs se trouvaient les trésors les plus rares du royaume de Hashi. Des trésors si rares qu'aucun prix ne pourrait les égaler. Et avec Anika comme reine, l'accès à ces trésors lui était facilement accessible.

Cependant, la maison du trésor n'était que rarement ouverte. Les guerriers protecteurs interdisaient l'entrée et la sortie de la maison du trésor, sauf lorsqu'il s'agissait de sortir des trésors pour des événements nationaux ou des inspections régulières. Pourtant, la reine exigeait un accès libre à l'endroit quand elle le souhaitait, pour une simple promenade.

« Une femme aime les belles choses et il en va de même pour moi. Donnez-moi votre permission. Ce trésor me réconforte. Je le vois comme un rappel de Seongdo. »

Contrairement à Seongdo, Hashi n'avait pas d'installations culturelles à voir. Les yeux de la reine, familiarisés avec la culture de la grande et mouvementée Seongdo, restaient toujours insatisfaits. Elle exigeait qu'une maison du trésor soit un spectacle et qu'elle lui convienne le mieux.

La maison du trésor du royaume de Hashi était très célèbre. On racontait que les piliers étaient faits de joyaux, d'or massif de différentes tailles.

Ce n'était pas tout à fait vrai - cette rumeur était exagérée. Les piliers de la maison du trésor de Hashi n'étaient pas faits de joyaux, mais de pierre. De telles imaginations ne pouvaient s'appliquer qu'à la maison du trésor de Seongdo.

La reine promit de ne pas toucher aux trésors et de ne les admirer que des yeux. Au début de leur mariage, Kasser ne put refuser la demande de sa femme et y consentit.

« D'accord, mais tu ne peux rien emporter de cette maison du trésor »

« Ne t'inquiète pas. Comme je l'ai dit, je me contenterai de la regarder »

Depuis lors, la reine n'a cessé d'entrer et de sortir de la maison du trésor, au moins une fois tous les deux ou trois jours. Elle ne toucha à rien, comme promis, et l'inspection régulière de la maison du trésor se passa bien.

Au fil du temps, l'entrée de la reine dans la maison du trésor devint de moins en moins préoccupante. Désormais, plus personne ne se souciait des fréquentes ouvertures et fermetures de la maison du trésor à cause de la reine. Au début, Kasser appelait un fonctionnaire pour inspecter minutieusement la maison du trésor, mais cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait.

Il ne pouvait pas croire qu'Anika le trahirait de la sorte.

La personne la plus fautive était naturellement le fonctionnaire qui avait négligé l'inspection. Cependant, les vastes trésors qu'il contenait dépassaient les dizaines de milliers. Il était impossible de s'attendre à ce qu'il puisse inspecter la maison du trésor tous les deux ou trois jours.

Après avoir pris connaissance de la fréquence des visites de la salle des trésors, Kasser s'empressa d'aller inspecter les trésors lui-même. S'il ne s'était agi que d'un morceau d'or qu'elle avait volé, il aurait pu l'ignorer. Mais non, c'est le trésor national du royaume qu'elle a osé leur prendre !

Lorsqu'il entra dans la maison du trésor, son regard fut immédiatement attiré par l'endroit vide où se trouvait le trésor. L'embarras et la honte l'envahirent rapidement. Il avait manqué à son royaume. Il avait laissé tomber son peuple. Il avait laissé tomber ses ancêtres.

Une reine qui vole les trésors de son pays ! Ha ! C'était une première dans toute l'histoire du royaume de Hashi !

« C'était ton plan depuis le début ? ! Quand vous m'avez demandé d'ouvrir la maison du trésor, c'est ce que vous vouliez ? ! »

Alors que Kasser s'approchait rapidement, Eugène recula sous l'effet de la surprise. Sa jambe trébucha sur la chaise, ce qui la fit reculer, mais Kasser attrapa son bras qui s'agitait juste à temps et l'empêcha de tomber. Il ramena son bras vers sa poitrine et la regarda avec une rage intense dans les yeux ahuris et effrayés de la jeune femme.

Leurs visages étant à quelques centimètres l'un de l'autre, Eugène pouvait entendre son souffle rauque tandis qu'il continuait à fulminer, lui parlant en serrant les dents.

« Comment oses-tu faire ça ? Pour qui me prends-tu ? Où l'as-tu mis ? Et pourquoi es-tu allée dans le désert ?! » demanda-t-il.

Eugène ne pouvait qu'espérer qu'il ne la tuerait pas encore.

Ps de Ciriolla: Vraiment Eugène, tu te retrouve réincarner au pire moment... vu toutes les casseroles que t'as laissé l'ancienne reine

Tome 1 – Chapitre 16 – La colère du roi Eugène fixe ses yeux bleus féroces, un spectacle dont elle ne se lassera jamais.

De l'énergie bleue claire tourbillonnait sur ses pupilles comme des vagues se précipitant dans le chaos. C'était horriblement mystérieux...

Praz...

Seules six personnes au monde possèdent ce pouvoir, et le Praz surnaturel d'un roi ne peut être transmis que par la lignée.

Le successeur du roi possédait cette capacité surnaturelle, mais son contrôle était instable et son pouvoir bien inférieur à celui de son père. L'héritier présomptif ne pouvait hériter de sa capacité intacte que lorsqu'il montait sur le trône, à la mort du précédent dirigeant de la flotte.

Une énergie intense sortait de son corps, une énergie qu'Eugène pouvait sentir de manière flagrante. Sa peau était brûlante et touchait légèrement sa peau nue, ce qui laisserait peut-être des marques par la suite.

Mais en voyant un tel fantasme qu'elle n'avait écrit que dans son roman, Eugène ressentit une sensation étrange et indescriptible. Elle le regarda, hébétée, les yeux fixés sur les siens.

Elle se laissa envoûter par les tourbillons d'énergie qui dansaient dans ses yeux jusqu'à ce qu'ils s'unissent pour former une figure et s'étirent en longueur comme l'œil d'un serpent... Cela ne s'arrêta pas là, il gonfla aussi comme s'il allait sortir de ses yeux.

Puis la température augmenta...

Et c'est devenu trop dur à supporter pour son corps.

Ce n'est qu'à ce moment qu'Eugène ressentit une douleur absolue, une douleur que seul Praz pouvait provoquer. L'imminence de sa mort envahit rapidement son esprit qui était auparavant dans une brume d'admiration devant sa création.

Sa création qui pouvait lui ôter la vie en un claquement de doigts.

Par instinct, Eugène se jeta loin de lui avec effroi. Son action soudaine poussa Kasser à se ressaisir, et les énergies s'amenuisèrent jusqu'à disparaître dans l'air.

Kasser regarda sa main d'un air plutôt embarrassé. C'était la première fois qu'il perdait le contrôle de son Praz depuis son accession au trône.

Terriblement effrayée, Eugène leva les yeux au ciel. Avait-il l'intention de la tuer à l'instant ?

Dès l'instant où le roi est entré dans sa chambre dans un accès de colère manifeste, il est apparu que Jin Anika avait commis un crime terrible, pour lequel Eugène serait contraint d'assumer les châtiments.

Mais maintenant, en voyant Kasser exercer son pouvoir mortel contre elle, ses émotions ont pris le dessus et elle a fait ce que n'importe quelle autre personne aurait fait dans sa situation : elle a crié à haute voix.

« Es-tu à l'aise avec le fait de blâmer les autres pour tout ce que tu fais ? » La voix grave de Kasser la sortit de sa panique.

« Quoi ? » Eugène, reprenant enfin ses esprits, l'interrogea.

« Si tu cries comme ça, les gens dehors vont se faire des idées »

Il était naturellement impossible pour Eugène, qui résidait auparavant dans un monde complètement différent, de saisir la situation autour d'elle en si peu de temps. Avec la mémoire d'Anika, elle se demandait si elle pouvait se souvenir de tout.

Pourtant, même si elle utilisait toute son imagination pour raisonner, elle n'aurait qu'un mal de tête foudroyant.

Elle avait dû se creuser la tête pour trouver un scénario plausible avant d'appeler Zanne dans son bureau. Et puis, il s'est passé quelque chose qui lui a apporté un autre mystère à résoudre.

À la façon dont ses yeux se fixaient intensément sur les siens, pénétrant son âme même, elle pouvait voir que Kasser devenait de plus en plus frustré. Bien qu'elle essayât de comprendre sa position, elle se sentait également irritée par le fait qu'on la critiquait pour une chose qu'elle n'avait pas faite.

Elle est dans le corps de la reine, mais même si elle a écrit le personnage elle-même, ce monde romanesque dépasse totalement ses attentes.

Il est certain qu'elle ne voudrait pas être à la place de Jin Anika. Le regard d'un homme débordant de haine lui fit prendre encore plus conscience de la situation.

« J'ai toujours connu ton impudence » Kasser secoua la tête, consterné. « Es-tu en mesure de crier maintenant ? »

« Le roi n'hésite-t-il pas à utiliser Praz contre les gens lorsqu'il est en colère ? » Elle ne tarda pas à répliquer, transmettant ses propres mots pour l'atteindre.

Avec une telle conviction, Kasser la regarda avec incrédulité. « C'était une erreur » Il se rembrunit, suivi d'un soupir.

A partir de là, un silence gênant s'installa entre eux. Pourtant, des pensées incessantes l'un pour l'autre envahissaient leurs têtes, ne leur apportant aucune tranquillité intérieure.

Brisant enfin le silence, Kasser lui demanda sèchement, l'air un peu plus retenu qu'auparavant.

« Parlons calmement »

Puis il s'installa confortablement sur son canapé, bien trop petit pour sa grande taille.

Bien qu'il l'ait proposé, Eugène hésite à s'asseoir avec lui. Avec sa taille, il occupait la majeure partie de l'espace sur le canapé. Par conséquent, s'asseoir à côté du roi signifiait être tout près de lui... Elle resta debout, elle se sentait bien dans cette position, pensa-t-elle.

Kasser ne tarda pas à s'apercevoir de son refus et lui lança un regard glacial, comme pour lui dire : « Assieds-toi, ton roi l'ordonne »

Académiquement, les genoux d'Eugène se dérobèrent sous elle et elle voulut s'asseoir à côté de lui. Le coussin moelleux s'enfonça légèrement sous son poids.

Kasser prit une longue inspiration, contrôlant sa colère latente et serrant les dents intérieurement. A l'opposé de l'air qu'il dégageait, Eugène était maintenant aussi froid qu'un concombre.

Elle en avait assez de prétendre qu'elle savait tout, car elle risquait de mettre sa vie en danger.

Qui sait ? Jin Anika a peut-être commis un grand crime passible de la peine de mort.

Pour ne pas assumer la responsabilité de ses actes, elle m'a fait transmigrer dans son corps...

Et me voilà en possession de sa chair et de son sang !

Anika était traitée comme un être très spécial à Mahar. Seul le Sang-je pouvait la juger et la condamner pour ses crimes.

Même si les péchés de Jin Anika sont révélés dans le roman, le roi ne l'a tuée que lorsque le Sang-je a autorisé une punition sans procès.

« J'ai quelque chose à dire au roi » Eugène le regarde dans les yeux, exprimant sa sincérité. « C'est très soudain et vous ne le croirez peut-être pas. »

Elle a pris sa décision. Elle allait donner au roi la fausse excuse qu'elle avait donnée à Zanne. Après mûre réflexion, elle en vint à la conclusion que le moyen le plus simple d'échapper à la rancune engendrée par le geste d'Anika était d'avouer son ignorance.

Perte de mémoire.

C'était une excellente excuse, du moins elle l'espérait.

Ps de Ciriolla : on pourrat remarquer que Kasser a vraiment l'air d'une personnage humaine, il s'énerve. certes. mais s'excuse des qu'il a dépasser les bornes et il veut discuter... imaginer ça.. il veut COMMUNIQUER... tellement de novel sans ce b-a ba

Tome 1 – Chapitre 17 – Souvenirs

envolés

« Après mon retour du désert, j'ai commencé à avoir des problèmes de mémoire. »

L'expression tordue de Kasser est devenue subtile. Il s'adossa au canapé, les bras croisés. Un mélange de dérision et de mépris se reflétait sur son visage.

« Tu ne te souviens de rien ? » demanda-t-il.

« Oui »

« Je t'ai tout donné, tu vis à ta guise. Et c'est comme ça que tu me remercies ? » Il la regarda fixement. « Me trouves-tu crédule ? Ce royaume te semble-t-il ridicule ?

Jusqu'où es-tu prête à te montrer sous ton plus mauvais jour ? Tu dois te dire que cette excuse que tu as trouvée est géniale »

Il détourna son regard de son visage, le simple fait de la regarder le rendait malade au plus haut point. « Je t'ai surestimée. Maintenant, je vois seulement que tu es folle à lier »

Battu en brèche par de telles paroles, Eugène ne put que pousser un profond soupir de résignation. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit facile de le convaincre de toute façon, mais elle se sentait tout de même exaspérée par de telles moqueries.

Tout comme le roi, Eugène avait peu de patience. Sa bouche bougeait sans qu'elle le veuille, et elle parlait courageusement sous l'impulsion de sa raison.

« Ne voulez-vous pas m'écouter avec un esprit ouvert ? »

Elle l'appelle 'vous' avec désinvolture, car un tel comportement à l'égard du roi semble déplacé.

« Vous êtes mon mari »

« .... »

Kasser était stupéfait. Toi ! Mari ! Il ne s'attendait pas à l'entendre de la bouche de la reine.

Anika a toujours gardé une distance subtile avec lui. Elle ne l'a jamais appelé 'mari' pour lui rappeler la relation privée et contractuelle qu'ils entretenaient.

C'était pour cela qu'il se remet parfois en question. A-t-il bien fait de l'épouser ?

Assis à un poste de grande responsabilité, il devait avoir un héritier pour le royaume qu'il dominait. Et surtout, il ne voulait pas laisser une tache sur son règne qui venait de commencer. Au cours des trois dernières années, elle ne lui avait apporté que des problèmes, mais il avait été patient.

Être marié à elle était comparable à serrer les dents, il ne pouvait qu'espérer que cela se concrétise d'une manière ou d'une autre.

Maintenant, il était clair pour lui que la reine mentait pour échapper à la situation. Au vu du dossier fourni par les généraux, elle était la principale suspecte.

Lorsqu'il avait découvert que le trésor national avait disparu, ses mains s'étaient engourdies, et le désir féroce de tuer le voleur avait envahi ses sens. Si la reine se trouvait devant lui à ce moment précis, il lui aurait brisé la nuque en une seconde.

Sa fureur était trop forte pour qu'il puisse la surmonter, ce qui explique qu'il ait fait irruption dans la chambre de la reine, en plein tumulte.

« Dites en moi plus » ordonna-t-il.

« En tant que personne vivant dans ce monde, il me reste une sorte de bon sens élémentaire. Les institutions, les coutumes, les choses comme ça. Je peux parler et lire.

Mais je ne me souviens de rien à mon sujet. »

« Où vous ont-ils trouvé ? »

« J'étais allongée dans le désert quand j'ai ouvert les yeux. Des gens sont arrivés et m'ont appelée 'Reine' »

« Ils t'ont appelée 'Reine' ? »

« Oui. »

L'étonnement de Kasser faisait penser à Eugène à ce qu'elle a choisi d'ignorer ces derniers jours. Elle n'avait entendu personne l'appeler par son titre. Au lieu de cela, tout le monde l'appelait Anika.

« Ne devrais-je pas être appelée reine ? » demanda-t-elle.

Kasser se contenta de répondre en secouant dédaigneusement la tête. Elle voulut en savoir plus, mais le roi reprit la parole.

« C'est le groupe de recherche qui est parti à votre recherche. Que s'est-il passé ensuite ?

»

« J'ai essayé de me souvenir. Mais je n'ai pas pu faire de mon mieux. J'ai pu me souvenir de plusieurs noms et visages de personnes, mais il n'y en a que quelques-uns. »

« Je pense que personne n'a remarqué. »

« J'ai à peine pris contact avec les gens. Avec le temps, de plus en plus de gens me trouveront étrange »

Kasser s'est rendu compte en la regardant... à quel point son expression et sa façon de parler étaient différentes. Se peut-il qu'elle dise vraiment la vérité ?

Ce n'est pas possible.

Pourtant, Kasser ne pouvait pas la croire. Après tout, la reine était une femme très effrontée. Au début de leur mariage, pour obtenir ce qu'elle voulait, elle n'avait pas été turbulente. Mais comme Kasser restait résistant, elle changea de tactique et se montra carrément impitoyable.

Dans une certaine mesure, tout le monde a deux visages, mais Kasser n'avait jamais vu quelqu'un aller et venir comme elle.

« Étais-tu seule lorsque tu as ouvert les yeux dans le désert ? »

« Oui. »

« Vous étiez accompagnée de servantes quand vous avez quitté le château. Maintenant, elles ont toutes disparu »

« Quoi ? ! » Eugène ouvrit la bouche d'un air effaré. « Combien ? »

« Cinq. Tu ne te souviens pas ? »

Eugène secoue la tête d'un côté à l'autre. Elle n'en avait pas la moindre idée.

C'était la raison pour laquelle elle ne pouvait pas penser à quoi que ce soit de familier avec les servantes qui la servaient ces derniers jours. Ce n'étaient pas les servantes de Jin Anika.

« Qu'est-ce qui leur est arrivé ? Tu les cherches ? »

« En ce moment ? »

« Pourquoi l'heure a-t-elle de l'importance ? Des gens ont disparu et nous devons les retrouver ! »

Kasser fronça les sourcils en regardant Eugène qui s'inquiétait si soudainement.

« Tu poses la question parce que tu ne sais pas ? La saison sèche sera terminée dans un jour ou deux. »

« Je vois. »

« Heureusement, vous vous souvenez de ce qu'est une saison sèche »

Eugène acquiesca

Mahar alternait entre la saison sèche pendant laquelle les monstres, les alouettes, dormaient et la période active où ils apparaissaient.

Elles sont peut-être déjà mortes. Jin Anika... Qu'est-ce que tu as fait ?

La sympathie pour les servantes qui n'avaient pas réussi à rentrer au royaume fit naître un sentiment de malheur chez Eugène. Même si elle n'avait jamais vu ces servantes auparavant, elle se sentait mal à l'aise et terriblement affectée par la perte de ces vies.

Elles étaient des figurantes dans son roman, des chairs à canon dont la mort était insignifiante pour l'intrigue.

« Quelle compensation recevront-elles ? » demanda-t-elle, le regard plein d'espoir.

« Une compensation ? »

« S'elles ne reviennent pas, leurs familles devraient recevoir les compensations qu'elles méritent »

Cette idée amusa Kasser, qui éclata soudain de rire.

« Elles ont enfreint les règles du roi et sont partis dans le désert, mettant ma bataille en péril. Même s'elles reviennent vivantes, elles n'échapperont pas à la mort ici »

« Mais elles ne peuvent pas oser désobéir aux ordres d'une reine » répliqua Eugène

« Ne devrais-tu pas t'inquiéter pour toi-même et non pour les servantes ? »

Ps de Ciriolla : La carte de l'amnésie est validé pour cette histoire... car ça peut de justifier son ignorance complète ... alors que souvent les amnésies ont tendance à m'enerver dans les recits

Tome 1 – Chapitre 18 – Quelle

promesse?

Embarrassée, Eugène devient muette en réalisant que le roi ne fait que jouer avec elle.

« Vous ne me croyez pas ? » Elle avait l'air offusquée ; l'envie d'étrangler l'homme en face d'elle était forte.

« Bien sûr que non » Il avait l'air hautain, les bras croisés et le menton légèrement relevé.

Le visage d'Eugène se tordit d'incompréhension. « Alors pourquoi avez-vous fait semblant de me croire ? »

« Je voulais juste entendre ton excuse. Si nous changeons de position, penses-tu que cette raison boiteuse pourra te convaincre ? Et ce n'est pas parce que tu fais comme si tu ne te souvenais de rien que tu es confronté à un crime que toi seul est capable de commettre »

Eugène haussa les épaules comme pour dire que s'il ne la croyait pas, alors elle ne pouvait rien faire d'autre. Elle n'avait rien à dire et n'avait plus l'énergie de le convaincre. Les yeux baissés, elle parla d'un air sombre.

« Qu'est-ce que j'ai fait ? Tu as dit qu'il manquait quelque chose. Qu'est-ce que c'est ? S'il vous plaît, donnez-moi les détails. Peut-être que quelque chose me viendra à l'esprit »

« ... »

Le trésor national disparu était un artefact transmis de génération en génération à la famille royale. C'est un trésor historique, un objet inestimable, que les richesses du monde ne pourront jamais acheter. Heureusement, l'absence du trésor ne signifiait pas un danger imminent pour le royaume.

En réalité, peu de gens connaissaient son existence, car il avait été gardé secret au départ. Par conséquent, la personne qui l'avait volé connaissait plutôt bien le trésor - Jin Anika avait souvent visité la maison du trésor.

Plutôt que de réclamer le trésor, Kasser trouva la situation bien plus intéressante, d'autant plus que son ensorceleuse de femme était impliquée.

Si elle ment, je ne savais pas qu'elle jouait aussi bien la comédie.

La reine était douée pour feindre le rire. Cependant, elle n'avait jamais agi de façon aussi convaincante qu'aujourd'hui pour que son mensonge paraisse sincère.

Kasser n'ignorait pas sa supercherie. Pourtant, aujourd'hui, pourquoi ressentait-il des doutes dans son cœur ?

Lorsqu'il l'entendit parler de la juste compensation pour les vies perdues à ses dépens, Kasser commença à avoir des doutes. Elle se comportait en effet comme une personne différente.

À bien y réfléchir, c'était aussi la première fois qu'il avait une conversation aussi correcte avec la reine. Auparavant, chaque fois qu'ils se parlaient, il s'agissait soit de salutations formelles, soit de désaccords passionnés.

« Ma reine. »

« Euh... Oui ? » Eugène leva les yeux vers son visage inexpressif.

Elle ne savait pas que Kasser l'appelait 'reine' pour voir comment elle réagirait à ce titre.

Observant sa réaction, Kasser ne dit rien et se souvient de la réaction d'Anika lorsqu'il l'avait appelée 'ma reine' après leur mariage.

« Appelez-moi Anika, Votre Majesté. »

Aussi ironique que cela puisse paraître, Jin Anika détestait qu'on l'appelle 'Reine', et tout le monde au palais le savait.

« Si vous ne vous souvenez de rien, quel contrat avez-vous conclu lors de notre déjeuner

? »

« Ah... C'est... »

Eugène eut des sueurs froides. Sa situation semblait de plus en plus tordue. Finalement, elle répondit d'un air résigné.

« Je ne savais pas vraiment de quoi vous parliez »

« Alors, vous n'avez aucune idée de ce qu'est notre contrat ? »

« Oui... »

« Mais si je dis que je n'ai pas l'intention de rompre le contrat à cause de ta soudaine perte de mémoire ? »

Il prononça ces derniers mots avec un sarcasme absolu, montrant qu'il ne croyait pas du tout Eugène.

« Avons-nous notre contrat écrit et signé sur papier ? »

« Non, mais vous avez juré sur votre nom. »

À Mahar, un serment sur le nom avait le même effet que la loi. Les habitants de Mahar pensaient qu'il valait mieux mourir que d'avoir honte d'avoir rompu un engagement.

Pour eux, l'honneur vaut plus que la vie. C'était tout un contraste avec le monde original d'Eugène, où le fait de prêter serment sous son nom était nul sans documents à l'appui.

Pour se fondre dans ce monde étrange, Eugène devait en respecter les règles. Par conséquent, le contrat était pour elle de continuer malgré ses réserves.

D'autant plus que le signataire du contrat n'était plus là, et qu'elle devait exécuter le contrat même si elle ne savait pas de quoi il s'agissait.

Jin ne signerait pas un contrat qui ne lui ferait pas de mal. Il n'y a aucune chance que je sois blessée en remplissant ce contrat, quel qu'il soit.

« Alors... je n'y peux rien » dit-elle d'un ton dédaigneux.

« On dirait que tu as encore du bon sens même après avoir perdu la mémoire »

Eugène fronça les sourcils. Éloge ou moquerie, elle détestait la façon dont il lui parlait.

Elle plissa les yeux et pinça les lèvres en regardant ses mains posées sur ses genoux.

Kasser réprima un rire qui explosa dans une toux stérile. Son expression renfrognée révélait ses sentiments les plus intimes. La reine qu'il connaissait n'en avait jamais eu l'air.

« Dites-moi, Votre Majesté, quel est notre contrat ? » D'une voix déterminée, elle demanda courageusement au roi.

Mais Kasser n'eut pas le temps de répondre qu'une voix pressante intervint soudain.

« Votre Majesté, c'est Marianne »

Tout à l'heure, elle avait fait irruption avec rage et a chassé tout le monde. Peut-être que la générale Sarah a eu l'outrecuidance d'appeler quelqu'un qui pourrait apaiser la tension. Et qui d'autre que Marianne ?

« Je m'en occupe pour l'instant » Kasser se leva du canapé. Eugène le regarda avec des yeux émerveillés.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« J'ai dit que je rencontrerais Marianne. »

« Pourquoi ne l'invites-tu pas à entrer ? »

Juste pour voir qui elle est. Eugène pensait intelligemment à elle-même.

« Voulez-vous la rencontrer ? Tu te souviens de Marianne ? »

« Non... »

« J'ai besoin de temps pour réfléchir. Préférez-vous parler à Marianne et discuter de votre situation avec elle ? »

Elle acquiesce.

« D'accord, mais laisse-moi d'abord lui parler seule. »

Kasser s'en alla. Eugène regarda fixement son large dos, et en un rien de temps, elle se retrouva seule

Qu'est-ce que c'est ? De quel contrat s'agit-il ? Il faut que quelqu'un me le dise ! Je ne peux pas rester là, comme un prisonnier, à attendre le verdict.

Eugène se lamente.

Ps de Ciriolla: Sérieusement, tu te casse sans lui dire???? c'est a rendre fou une telle interrogation

Tome 1 – Chapitre 19 – Le mois prochain Kasser s'est rendu à la maison du trésor et, constatant la disparition du trésor national, lui avait rendu visite à la reine pour une confrontation. Il passa ainsi la majeure partie de sa journée loin de son travail, qui s' était accumulé au cours de son expédition hors du royaume.

Il finit à peine son dîner et s'enferme dans son bureau pour le reste de la journée.

« Votre Majesté, Marianne demande une audience. »

Kasser pose les documents qu'il consulte et demande au général de faire entrer Marianne. Elle arriva plus tard qu'il ne l'avait prévu.

Se pourrait-il qu'elle et la reine aient beaucoup de choses à se dire ?

C'est en effet étrange. Anika ne supportait pas d'être dans la même pièce que Marianne auparavant.

Le visage de Marianne était subtil. Après avoir rendu son salut, elle releva la tête. Elle, qui avait toujours un but précis, avait l'air désorientée.

« L'entretien avec la reine s'est-il bien passé ? »

« Oui... »

« Qu'en est-il de sa soi-disant 'compensation légitime' pour ses serviteurs disparus ? »

Marianne regarda le roi et soupira

« Votre Majesté, c'est une affaire sérieuse. Vous devriez prendre cette situation au sérieux. »

« D'accord, mais quel est le problème ? Tu penses qu'Anika ment ? »

Marianne ne pouvait pas répondre. La reine qui prétendait avoir des pertes de mémoire était ridicule. Mais ce qui laisse encore plus perplexe, c'est que Marianne s'est assise en face d'elle et a parlé pendant près de deux heures. Avec la reine !

C'était comme si la reine hautaine, arrogante et hostile avait complètement disparu.

D'ailleurs, il n'avait jamais entendu dire qu'Anika avait une jumelle.

Après avoir parlé à Eugène, Marianne s'occupa à chercher des médecins. Elle interrogea plusieurs médecins sur les symptômes de la perte de mémoire et sur le fait de savoir si

la perte de mémoire pouvait modifier la personnalité d'une personne. Mais personne ne lui a donné de réponse utile.

« Vous l'avez appelée 'Reine' ? »

« Oui. »

« Quelle a été sa réaction ? »

« Calme. Elle n'a pas agi violemment. »

« N'est-ce pas drôle ? Vous savez à quel point la reine est obsédée par le titre. Si la reine simulait sa mémoire, elle aurait abandonné son obsession. Ce n'est pas facile d'abandonner quelque chose qui est particulièrement important pour elle. »

Jin Anika n'a jamais permis à quiconque de l'appeler 'reine'. Elle était extrêmement fière d'être Anika. Elle croyait fermement que c'était une insulte que de l'appeler par son titre au lieu de son nom adoré.

À partir de ce moment-là, tout le monde fit attention à ce qu'il disait, mais les servantes commirent tout de même quelques erreurs au début du mariage du couple royal. Elles furent sévèrement punies pour l'avoir appelée par son titre, et plusieurs d'entre elles furent battues à mort.

« Croyez-vous que la reine ait perdu la mémoire ? »

« Je ne sais pas. Pour ma part, je ne sais pas lire les gens. »

Si elle ment, il le découvrira sûrement. Combien de temps serait-il possible de cacher sa vraie nature ?

S'il était prouvé qu'elle essayait de tromper le roi, alors elle serait redevable d'une plus grande punition. Kasser y vit une opportunité. Désormais, il aurait la laisse pour la tenir fermement. Elle ne pouvait pas se permettre d'agir en dehors de son nouveau caractère.

Qu'il s'agisse d'une comédie ou non, l'Anika actuelle était bien meilleure que la reine d'origine. L'ancienne reine n'était jamais à court d'histoires intelligentes lorsqu'elle pensait que quelque chose était contre elle. Ainsi, toute conversation avec la reine se terminait par des tentatives vaines.

Et maintenant, pour la première fois, il avait l'impression d'avoir une conversation décente avec sa femme.

« Même si elle a perdu la mémoire, elle connaît encore les informations importantes sur le royaume. »

« Oui. Je n'ai pas eu l'impression qu'il y avait un problème avec ça quand j'ai parlé à Anika. »

« Alors, qu'est-ce qui te préoccupe encore ? » Marianne regarda le visage sombre de Kasser et ne peut s'empêcher de lui demander ce qui le préoccupait.

« Qu'est-ce qui me préoccupe encore ? Maintenant qu'elle agit de la sorte, je crains de devoir attendre plus longtemps avant de tenir un héritier dans mes bras. »

En disant cela, Kasser évita le regard de Marianne.

« Votre Majesté, le mois prochain, cela fera exactement trois ans que vous vous êtes mariés. Quand allez-vous me donner de bonnes nouvelles ? »

« Le mois prochain ? Pas le mois suivant ? »

« Votre Majesté, comment avez-vous pu oublier ? »

Kasser, qui comptait tranquillement les dates, devint silencieux. Ses sourcils se froncaitent tandis qu'il essaie de se souvenir.

« C'est le mois prochain » finit-il par dire.

« La date anniversaire de votre mariage national dans le royaume est dans deux mois, mais vous avez d'abord rédigé votre acte de mariage devant Sang-je. »

« Ah... »

Kasser se lamenta. Il se faisait des illusions vraiment ridicules. Comme l'avait dit Marianne, un certificat de mariage délivré par Sang-je validait leur mariage avant la cérémonie proprement dite qui suivit le mois suivant.

Et le mois prochain, ce serait le troisième anniversaire de son mariage avec Jin Anika.

« Peu importe que ce soit le mois prochain ou le suivant. Votre Majesté, il est temps que vous ayez votre successeur. »

Non, c'était très important. Marianne ne savait rien du contrat.

Kasser n'avait répondu qu'en son for intérieur. Les trois années qui suivèrent le mariage sont cruciales pour la loi sur le mariage. Les couples infructueux après cette période pouvaient demander l'annulation de leur union.

Leur mariage avait posé des problèmes dès le départ.

Au début du contrat, Kasser avait préparé un faux certificat de mariage à remettre à la Sang-je et s'est donc rendu à Seongdo. Il était ensuite retourné dans le royaume et a organisé une cérémonie de mariage nationale.

Cependant, le couple n’avait pas passé leur première nuit dans les bras l'un de l'autre.

Non, au cours des trois années de leur mariage, le couple royal n'a toujours pas consommé le mariage. Personne ne le croirait, et Marianne, qui harcelait Kasser, s'évanouirait probablement si elle l'apprenait.

Bien entendu, ce fait était un secret que seuls le roi et la reine connaissent. Comme convenu, personne dans le château n'était au courant du contrat, à l'exception des parties concernées.

C'est ce que voulait la reine. Ils ont fait semblant d'être mariés même s'ils ne l'étaient pas.

Il devait y avoir une raison pour laquelle elle avait besoin de son statut de reine, une raison pour laquelle elle avait proposé un contrat pittoresque. Elle lui avait proposé de lui révéler la raison à la fin de leur contrat.

Pourtant, Kasser ne s'y intéressait pas, car il n'avait besoin que d'un successeur. Ce n'est que maintenant que sa curiosité fut piquée lorsque la reine commença à agir hors de son caractère.

La reine a-t-elle déjà eu l'intention de s'enfuir avant que je ne revienne ?

Après leur mariage, Kasser a passé près de trois ans en reconnaissance dans le désert. Il n'a donc pas vu Anika pendant longtemps et n'a pas eu l'occasion de coucher avec elle pour remplir le contrat. En outre, elle avait strictement établi un marché entre eux - il ne doit pas la toucher, pas avant qu'elle ne le dise.

Si la reine n'était pas disposée à respecter sa part du marché, elle aurait dû tenter sa chance pendant que Kasser était absent du château. Elle aurait pu disparaître quelque part et revenir trois ans plus tard pour demander l'annulation du mariage.

Mais pourquoi a-t-elle choisi d'errer dans le désert pendant des jours ?

Ps de Ciriolla: 3 ans de mariage et strictement rien? lol

Tome 1 – Chapitre 20 – Ironie de la

situation

Si elle voulait atteindre Seongdo, Anika aurait pu se rendre dans le royaume le plus proche, Sloan. Le roi de Sloan ne pourrait jamais lui refuser sa protection personnelle, quels que soient les mensonges qu'elle inventerait.

Les chances seraient alors entre ses mains - on ne pouvait pas interroger une personne qui prétendait ne se souvenir de rien, après tout.

Il se souvint du comportement de la reine au cours des trois dernières années. En tant que reine de ce royaume, elle n'avait ni le sens ni la volonté de diriger son peuple. Alors, quel était le but de son mariage avec lui ? Cherchait-elle seulement la richesse et la commodité d'être sa femme ?

Mais elle les avait déjà avant même de l'épouser !

Tout lui paraissait vague et Kasser ne pouvait que se masser la tempe avec agacement.

« Ne dites pas des choses aussi présomptueuses, Votre Majesté ! Il faut essayer. Vous ne dormez dans la chambre de la reine qu'une fois par mois, mais j'ai tout de même entendu dire que vous étiez toujours occupé. Quand prévoyez-vous d'instaurer un climat d'affection entre vous et votre épouse ? Quand votre peuple verra-t-il votre successeur ? »

Kasser répondit simplement. « Allez-vous me donner une éducation sexuelle maintenant ? »

« Votre Majesté ! » Marianne réprimanda comme une mère le ferait avec son fils.

Bien que son visage reste stoïque et distant, un petit sourire se dessine sur les lèvres parfaitement sculptées du roi.

« D'accord. J'essaierai d'apporter de bonnes nouvelles bientôt »

Les yeux de Marianne s'arrondirent. C'était la première fois qu'elle entendait cette réponse optimiste de la part du roi. Elle parla d'un air joyeux.

« Tu le promets. »

Kasser acquiesça. Non pas dans le seul but de rassurer Marianne, mais il était bel et bien déterminé.

Que la reine soit apte à devenir la mère de son héritier apparent ou non, il avait décidé que cette question ne devait pas être abordée avec Marianne. Il avait besoin d'un successeur. Il n'y avait aucune raison de gâcher les trois dernières années passées à le souhaiter patiemment.

La mère ?

Il regarda la femme qui était sa mère depuis lors. Un regard reconnaissant traversa son visage.

J'ai bien grandi sans mère.

******************************

Ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'Eugène a compris ce que le roi voulait dire lorsqu'il avait déclaré : « Je viendrai demain » lors de leur sinistre déjeuner d'hier.

« Alors, ce soir... le roi va me rendre visite ? » demanda-t-elle incrédule à Zanne, dont la gorge se sentit soudain desséchée.

Zanne répondit par un hochement de tête agile.

« Oui, Anika. C'est le premier jour de chaque mois. »

« Voulez-vous dire que le premier jour de chaque mois, le roi me rend visite dans ma chambre ? »

« Oui. Parfois, il est occupé par la politique et il vous fait savoir qu'il ne peut pas venir.

Mais comme il n'y a pas eu de réunion aujourd'hui, il se peut qu'il vous rende visite ce soir, Lady Anika... »

« Ai-je déjà refusé ? »

Zanne rougit à cette question. « J'ai bien peur que non. »

Quelle précipitation !

Depuis qu'ils sont mariés, ils agissent naturellement comme un couple, mais Eugène n'était pas du tout préparée à tout cela ! Noyée dans ses pensées, elle en oublie presque la présence de Zanne.

Est-ce que je suis en train de rêver ?

Dans peu de temps, le roi lui rendra visite et attendra d'elle qu'elle se donne à lui.

De plus, quelle que soit la qualité des relations du couple royal, l'homme était incontestablement le mari de Jin Anika, et non le sien. C'était comme si elle avait une liaison !

« Comment puis-je résister... » commença-t-elle à demander à Zanne, mais elle ravala ses mots au dernier moment, incertaine de la façon dont sa requête pourrait être perçue par cette dernière. Une reine ne doit jamais avoir de tels sentiments à l'égard du roi.

Il serait préférable de parler au roi en personne plutôt que d'exprimer ses inquiétudes par l'intermédiaire de Zanne, supposa-t-elle.

Peut-être comprendrait-il...

Après une conversation tumultueuse avec le roi, elle s'entretenait avec Marianne, qui vient au bout d'un moment autour d'une tasse de thé.

Marianne était une personne décente et amicale. Elle avait dû apprendre par le roi qu'Anika avait perdu la mémoire, car elle s'était montrée prévenante à son égard.

Contrairement à Kasser, Marianne l'écoutait sincèrement et volontiers.

Son attitude d'humilité devant la reine, signe certain d'un respect sincère, était sans prétention.

Après une longue conversation avec elle, quelques mots-clés s'inscrivent dans l'esprit d'Eugène, dans sa reconnaissance de la femme.

Ancienne générale en chef, reine en exercice et ancienne nourrice du roi.

Ces mots suffisent à donner à Eugène une idée de la position qu'occupe Marianne dans ce royaume. Et elle savait maintenant pourquoi Jin Anika détestait Marianne.

Jin Anika était un personnage avec beaucoup de problèmes de personnalité. C'était une femme méchante, franche, chauvine, qui utilisait les autres pour son propre bien.

Il lui aurait été impossible de tolérer Marianne, qui avait une présence discrète en tant que générale en chef.

Je suis sûr que Marianne avait de très mauvaises relations avec Jin, mais elle a été très chaleureuse à propos de la façon dont elle m'a traité hier.

A ce moment-là, seuls Zanne, le roi et Marianne savaient que la reine avait des problèmes de mémoire.

Comme Zanne est aussi une femme, Eugène se sentit à l'aise pour lui poser des questions. Mais comme elle n'était qu'une servante, il y a une limite à ce qu'elle savait et à ce qu'elle pouvait faire.

Elle était seulement certaine que le roi était constamment occupé par ses responsabilités royales.

Je ferais mieux de demander l'aide de Marianne. J'ai besoin de ses conseils.

« Zanne. »

« Oui, Lady Anika ? »

« Envoyez un coursier à l'ancienne générale en chef et dites-lui que je lui demande de venir me voir demain »

« Je le ferai, Lady Anika, dès que possible. »

« Avez-vous parlé à l'ancienne générale en chef hier ? Vous semblez avoir beaucoup de respect pour elle. »

« Oui, Votre Grâce. »

C'était presque trop soudain - le visage serein de la servante se transforma rapidement en une expression de trépidation absolue, réalisant son erreur.

Immédiatement, le visage pâle, elle s'agenouilla sur le sol. « Je suis désolée, Anika.

Pardonne-moi »

Eugène la regarda avec confusion. Bien que secouée, elle réussit à prononcer quelques mots.

« Anika, tu interdis à tout le monde de t'appeler par ton titre au lieu de ton nom... Si on fait des erreurs, tu-tu... »

Zanne n'avait pas besoin de continuer car Eugène comprit tout de suite ce qu'elle voulait dire. Plusieurs servantes étaient mortes dans le passé à cause de cette raison mesquine.

Eugène mentirait si elle disait que cela ne la dérangeait pas du tout - elle s'en voulait un peu...

Moi qui ne peux pas faire de mal à une mouche, je me suis transformée en méchante, qui punit les gens jusqu'à ce que leur corps lâche...

Y a-t-il quelque chose de plus ironique que cela ?

Tome 1 – Chapitre 21 – Un enfant?

Anika était une personne appréciée à Mahar, mais elle avait trop abusé des privilèges qui lui étaient accordés.

C'était une fille aux cheveux noirs de jais et aux yeux sombres et mystérieux qui attiraient les gens. Mais ce qui la différenciait des autres, c'est qu'elle est née avec des capacités spéciales.

Les gens comme elles sont rares - il y a peu de chances qu'une personne ayant les mêmes capacités qu'Anika naisse dans l'année, ce qui explique son importance.

Après sa naissance, elle n'avait pas hérité du nom de famille de ses parents, mais c'était l'État qui lui avait donné le nom de 'Jin Anika'. Elle avait été baptisée par les échelons supérieurs, et sa vie devait être facile - tous ses frais de subsistance et d'éducation étant pris en charge par l'État jusqu'à sa mort.

Seule sa race pouvait donner naissance à un successeur au roi. Comme le pouvoir du roi,

'Praz', Anika était dotée du pouvoir 'Ramita'.

Eugène baissa les yeux sur sa main et pensa à ces faits.

Si le pouvoir du roi était le pouvoir de destruction, le superpouvoir d'Anika était le pouvoir de création. Pour cette raison, son pouvoir était reconnu comme beaucoup plus sacré.

Cependant, les capacités psychiques d'Anika étaient faibles comparées à celles des six rois de Mahar. Mais ce ne serait pas toujours le cas... Car Anika avait soif de pouvoir plus que de toute autre chose.

Eugène se rappela ce qu'elle avait écrit de mémoire.

[Au début, Jin Anika était naturellement faible avec sa capacité Ramita. Très vite, son corps a commencé à avoir soif de ténèbres, jusqu'à ce qu'elle trouve sa force ultime en combinant ses forces avec celles du mal.]

***************************

Avant qu'Eugène ne s'en rendit compte, la journée est terminée. Elle prit un bain plus long que d'habitude, sous la surveillance des servantes. L'eau du bain, à la surface de laquelle flottaient des pétales, était parfumée et apaisa ses nerfs.

Les servantes frottaient et huilaient sa peau, la préparant à sa nuit avec le roi. Cette seule idée la mettait mal à l'aise.

Ce soir, elle était habillée différemment de sa chemise de nuit habituelle.

Non, ce qu'elle portait était loin d'être une chemise de nuit, mais plutôt un vêtement scandaleux - une robe fine et transparente qui couvrait à peine son corps nu.

Dès que les servantes furent parties, Eugène s'assit sur le sofa et réfléchit à ce qu'elle va faire dans la situation où elle se trouvait.

Je pourrais simplement dire que je ne veux pas le faire. Elle se réconforta

« Anika. »

Elle tourna la tête, surprise. Une voix autoritaire se fit entendre derrière sa porte.

« Votre Majesté, c'est vous. »

Un instant plus tard, la porte s'ouvrit en grand. Le roi entra et fit un geste vers les serviteurs dans son dos. Sans faire d'histoires, les serviteurs s'inclinèrent et s'éloignèrent, les laissant tous les deux seuls dans sa chambre.

Kasser s'approcha de la reine, qui se tenait à présent près de son canapé, la tête baissée.

Il s'arrêta à quelques centimètres d'elle. Puis il la fixa intensément, imperceptiblement irrité par sa pudeur, qu'il croyait encore factice.

« Tu préfères croiser une Alouette dans le désert plutôt que de me regarder ? »

En entendant cela, Eugène releva la tête mais garda le silence, ne sachant que dire.

Kasser dit, en s'asseyant sur le canapé : « Je pensais que nous avions encore du temps, mais il y a eu une erreur. Nous devons conclure notre contrat maintenant. »

Même si Eugène se sentait gênée, elle était soulagée que Kasser n'ait pas regardé une seule fois sa petite tenue. Au contraire, il a choisi de la jauger d'abord par une conversation.

Après tout, ce n'est pas quelqu'un de très doux.

Dans le roman d'Eugène, les Quatre Rois représentent le bien contre le mal, mais ils ne sont certainement pas des hommes bons.

Il n'est pas non plus un héros qui crie justice.

La raison pour laquelle il a réprimandé Jin Anika était en grande partie une vengeance personnelle. Kasser était arrogant et cynique. Il ne s'entendait pas très bien avec les autres rois.

« Vous dites que vous ne vous souvenez pas du contrat, alors je vais devoir y revenir. Il y a trois ans, nous avons conclu un accord. »

Kasser expliqua l'accord passé entre eux deux. Le contrat lui-même était assez simple, et l'explication se termina donc rapidement.

Eugène demanda d'un air perplexe, sans rien dire pendant un long moment.

« Un... un enfant ? »

« Oui, mon successeur. »

Juste après avoir entendu parler de ce contrat inattendu, Eugène eut des sueurs froides.

« Le mois prochain, nous fêterons le troisième anniversaire de notre mariage » Kasser parla avec indifférence, comme s'il ne faisait que parler de la météo devant elle. « Il nous reste un peu plus d'une pleine lune. »

« ...Tu ne t'attends pas à ce que j'accouche en un jour, n'est-ce pas ? » Elle éclata de rire, trouvant le contrat impossible à remplir en un mois.

Est-ce que quelque chose m'échappe ? Est-il une créature extraterrestre comme celles des films de science-fiction ? Son successeur grandirait-il anormalement vite à l'intérieur de moi ?

Cependant, ces pensées s'évanouirent dès qu'elle aperçut son visage sérieux.

« Mais c'est si soudain... » se plaignit Eugène, paniquée.

« Comme je l'ai dit, je n'ai pas l'intention de rompre le contrat. Et je n'ai pas le temps de réfléchir à votre situation. »

En le regardant, Eugène ne pouvait s'empêcher d'être rempli de confusion. Si on l'écoutait et qu'on calculait son langage corporel, on avait plutôt l'impression qu'il lui disait : « Mangeons ensemble sans tension » plutôt que « Ayons un bébé »

Ces personnes sont-elles simplement bizarres, ou leur culture est-elle toujours ainsi ?

Dans le roman, Eugène a intégré des émotions douces comme l'amour et l'amitié. Kasser était loin d'être un amoureux.

Ce type est bizarre. Ça, j'en suis certain.

Ps de Ciriolla : Pas un mot à mon patron..... il croit que je bosse pour de vrai XD

Tome 1 – Chapitre 22 – Un vrai couple Enfin, Eugène connaissait la nature du contrat que Jin Anika avait passé il y a trois ans avec le roi. Mais sous le choc de cette connaissance, elle ne savait toujours pas ce qu'on attend d'elle.

Cependant, ce n'était pas le moment de désespérer. Elle devait faire preuve d'intelligence. Chassant mentalement sa peur, elle s'arc-bouta sur sa résolution et regarda le roi avec un sourire crispé et un regard froid.

« Mon roi, vous savez que je me souviens à peine d'avoir conclu cet accord » Elle répliqua avec assurance, son assurance étant maintenue haute alors qu'elle essayait de lui faire entendre raison. « Comment puis-je être certaine que vous ne me trompez pas en retour ? » demanda-t-elle en plissant le regard avec méfiance.

Kasser n'apprécia pas son insinuation.

« Je jure sur mon nom que je n'ai pas menti » dit Kasser, l'un de ses sourcils immaculés se levant en signe de défi. Mais Eugène n'a pas besoin de plus d'assurance.

« Si c'est le cas, alors... » Eugène s'interrompit avant qu'elle ne poursuive. C'était un sujet plutôt inconfortable après tout.

« Avons-nous utilisé des contraceptifs auparavant ? » Eugène savait qu'il s'agissait d'une question scandaleuse, mais elle trouvait plutôt bizarre qu'un couple reste stérile malgré trois ans de mariage.

Sans parler de l'animosité entre les époux. Normalement, le roi aurait déjà été agacé par l'assaut des questions. Mais maintenant qu'elle prétendait avoir tout oublié, Kasser restait calme et patient... Sans se laisser impressionner par les questions déplacées.

Il fixait uniquement Eugène, ses yeux cachant à peine une telle intensité en lui. Il trouvait cela surprenant, sa confusion ; c'était limite amusant de la voir tâtonner et agir si différemment de la façon dont il avait l'habitude d'interagir avec elle.

« Nous n'avons jamais utilisé de contraceptifs » Il lui répondit sans détour, et ses lèvres se retroussèrent légèrement lorsqu'elle se creusa la tête pour trouver d'autres excuses expliquant pourquoi ils n'avaient toujours pas d'enfant.

« Si nous n'avons pas utilisé de contraceptifs depuis trois ans, alors... » Elle déglutit nerveusement, tandis que l'appréhension commence à poindre. « Est-ce que j'attends un enfant maintenant ? » Elle le regarda d'un air interrogateur, sa confusion étant très visible dans son expression.

Mais la réaction du roi ne correspondait pas du tout à ce qu'elle attendait de lui.

Il lui adressait un sourire plutôt amusé, et elle se sentit vexée qu'on se moque d'elle.

« Toi et moi n'avons jamais couché ensemble » Il finit par répondre.

Les yeux d'Eugène s'écarquillaient alors qu'elle prenait enfin conscience de la situation.

« Comment ça, on n'a jamais couché ensemble ? » demanda-t-elle avec incrédulité, l'inflexion de sa voix laissant transparaître l'incrédulité, « Tu veux dire pas une seule fois en trois ans ? »

Finalement, Kasser éclata de rire. Elle était bien trop amusante, et il ne pouvait plus se retenir. Essuyant une larme au coin de ses yeux, il se calma enfin suffisamment pour poursuivre leur conversation amicale.

« C'est pour ça que j'ai dit qu'il ne nous restait plus beaucoup de temps » Il commença alors que les rires s'éteignaient enfin. « Cela fait presque trois ans que nous sommes mariés » Il la regarde sombrement.

« Si nous ne consommons pas notre mariage maintenant, une annulation n'est pas une possibilité très éloignée » , dit-il en la regardant d'une manière qui lui fit sentir le poids du monde sur ses épaules. Mais ce n'était pas le poids du monde qu'elle portait... « A moins que tu ne me donnes un héritier, bien sûr » termina-t-il Voyant l'hésitation de la jeune femme, il a rapidement modifié sa déclaration

« Avez-vous besoin de plus de temps pour vous préparer ? »

Enfin ! Eugène soupira de soulagement et lui fit un signe de tête laconique.

Heureusement, Kasser n'avait de toute façon pas l'intention de coucher avec elle aujourd'hui. Il s'était contenté de lui rendre visite et de discuter du contrat entre eux. La consommation du mariage pouvait attendre, et il n'était pas si pressé qu'il pouvait se permettre d'attendre qu'Anika soit effectivement prête.

« D'accord, mais n'oublie pas. Il ne nous reste que quinze jours » Il devait tout de même insister sur l'importance de le faire rapidement.

« ... Oui » Elle répondit doucement.

« Il vaut mieux que tu n'y penses pas pour que tu puisses bien dormir » Il lui dit en remarquant à quel point elle était troublée par l'ultimatum qu'il venait de poser. Cela ne leur servirait à rien qu'elle soit trop tendue pendant tout ce temps. Ce n'était pas le moins agréable.

D'ailleurs, il était prêt à attendre qu'Anika soit prête.

« Oui, bien sûr. »

Et c'est ainsi que leur conversation se termina. Eugène se dirigea calmement vers son lit et l'observa de loin, comme s'il s'agissait d'un être étrange...

Ils n'ont fait que dormir dans le même lit ? Trois ans ? Comment a-t-il pu faire cela alors qu'une belle femme se trouvait à côté de lui ?' pensa-t-elle, confuse.

Kasser ne tarda pas à la suivre. Il s'allongea sur le lit, ses longs membres s'étirant langoureusement sur le matelas moelleux.

La beauté de Jin Anika était tout à fait exquise. Les servantes ne lui arrivaient pas à la cheville. Elles étaient toutes jolies, mais n'arrivaient pas à la cheville de la reine. Elles n'étaient pas différentes de la moyenne des femmes de son monde d'origine.

C'était peut-être parce qu'il est un homme avec des handicaps sexuels, un homme qui se souciait vraiment d'Anika ou un homme qui tenait ses promesses à la lettre.

Ce fut la dernière pensée d'Eugène avant que ses yeux ne se ferment et qu'elle ne pria pour que le silence qui régnait dans sa chambre l'endorme le plus vite possible.

« Mais j'ai entendu dire que vous dormiez ici le premier jour de chaque mois »

demanda-t-elle, encore un peu sceptique.

« J'ai juste dormi » lui répondit-il sèchement.

« Où ? »

« Dans ton lit » plaisanta-t-il, « avec toi »

Eugène se retourna et fit un geste vers son lit avec son index.

« Là-bas ? Avec moi ?é

« Il est assez large pour que deux personnes puissent s'y allonger » dit-il nonchalamment.

Eugène sembla plutôt choqué.

« Anika, c'est ce que tu voulais... Cet arrangement fait partie du contrat que tu as toi-même demandé. »

« Alors... ils n'étaient pas du tout un vrai couple ! » pensa Eugène, et une soudaine vague de soulagement l'envahit. Cela signifiait qu'elle n'avait pas à faire semblant d'être une épouse affectueuse après tout. Mais malgré cela, il lui restait un problème à résoudre...

Il fallait qu'elle tombe enceinte, et vite.

« Comment diable pourrais-je échapper à cela ? Elle se dit en riant sèchement. Je ne suis même pas sur terre en premier lieu » pensa-t-elle avec dépit.

Lorsqu'Eugène sortit enfin de ses pensées, ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle réalisa qu'elle regardait fixement dans le vide et qu'elle gloussait pour elle-même.

Kasser, quant à lui, avait vu son expression changer pour devenir conscient. Sachant qu'elle était observée, elle s'est adossée au canapé et a essayé de paraître calme et royale, en donnant à son visage une expression froide pour faire bonne mesure.

Mais tout cela n'avait pas échappé à Kasser, si l'on en croit son petit rire silencieux. Il ne s'attendait certainement pas à vivre un jour où la reine serait la seule à le faire rire en permanence.

Avant de l'informer de son intention de remplir le contrat qu'ils avaient passé il y a trois ans, il avait imaginé un tas de scénarios sur la façon dont cela se passerait. Aucun d'entre eux ne s'était bien terminé. Cependant, ce n'était même pas l'une de ses attentes les plus improbables.

« Tu veux le faire ce soir ? » dit-il calmement.

« Quoi ? Oh, je, euh... » Eugène ne pouvait s'empêcher d'être troublé. Elle n'était pas prête !

Ps de Ciriolla : on comprends le scepticisme d'Eugène pour le coup.... 3 ans a dormir dans le même lit de manière régulièrement sans qu'il y est zéro tentatives d'approche....

Tome 1 – Chapitre 23 – Changement de saison

Malgré la façon paisible dont ils avaient mis fin à leur conversation il y a quelques temps, Eugène n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Ses sens étaient hyper conscients de la présence d'une autre personne sur son lit. Elle se retournait sans cesse, refusant obstinément de se tourner vers l'homme qui dormait à ses côtés.

Pourtant, ce qu'avait dit Kasser était vrai, le lit était spacieux. Si quelqu'un était capable de dormir sans avoir l'habitude de se rouler, il ne pourrait pas du tout atteindre l'autre personne qui dormait à ses côtés. Pourtant, elle trouvait attachante la façon dont il se tenait au bord du lit, à deux doigts de tomber.

Heureusement qu'il dormait comme un cadavre. Si immobile et ne bougeant presque pas pour changer de position de sommeil.

C'était un contrat incompréhensible. Pourquoi Jin Anika avait-elle insisté pour ne pas être touchée par le roi ? Quel est son but ? Elle ne pouvait s'empêcher de penser.

Anika était une femme qui avait tous les moyens pour arriver à ses fins. Il était peu probable qu'elle ne couche pas avec le roi. Si elle n'aimait pas la grossesse et l'évitait, il y avait toujours des méthodes de contraception connues.

Le bon sens veut que si l'on s'efforce d'obtenir le titre qui nous aidera dans nos projets, on se vendait à la personne la plus puissante du royaume, on gagnait sa confiance et on l'utilisait à son avantage.

Le roi tomberait certainement sous son charme, mais Jin Anika n'avait même pas pris la peine d'essayer. Il y avait quelque chose qui clochait.

Elle n'était pas un personnage naïf obsédé par la pureté...

Ces pensées sans fin forcèrent Eugène à ouvrir les yeux de frustration.

Il devait bien y avoir une raison pour qu'elle préserve sa pureté. Mais pour quelle raison

?

Malheureusement, elle n'y parvenait pas, même après avoir longuement réfléchi au roman qu'elle avait écrit. Aucune explication plausible ne lui venait à l'esprit.

Peu importe le but de Jin Anika. Pour l'instant, c'est moi qui ai un gros problème.

C'est elle qui devait faire un enfant et pour cela, elle devait avoir des relations intimes avec le roi. Il n'y a pas d'insémination artificielle dans ce monde, ni aucun autre moyen de surmonter cette épreuve.

C'était une tâche impossible pour Eugène, qui n'avait pas l'intention de se marier, et encore moins de donner naissance à un enfant. Avec ces réflexions qui l'agitaient, elle pensa qu'elle resterait éveillée toute la nuit.

Mais au fil des minutes, l'épuisement la gagna peu à peu et elle finit par sombrer dans un profond sommeil.

*************************************

Il faisait nuit noire... Tout son corps était attaché.

Elle a essayé de crier à l'aide, mais sa voix n'était pas sortie. Les bras serrés autour de son torse, elle était impuissante et immobile.

Elle étouffait. Elle se sentait malade à cause de la puanteur qui imprégnait l'air. Et surtout, ses membres pleuraient de douleur et d'agonie.

Dans ses oreilles, des chuchotements impénétrables, qui ressemblaient à des échos de sorts incompréhensibles, résonnaient sans cesse...

« Anika ! »

Eugène ouvrit les yeux. La première chose qu'elle remarqua fut que quelqu'un haletait fortement, comme s'il essayait désespérément de respirer.

Ce n'était que plus tard qu'elle réalisa que c'était elle. Le visage du roi était faiblement visible au-dessus d'elle. Il tenait fermement ses épaules et la regardait, l'inquiétude se lisant sur son visage.

Luttant, Eugène ouvrit les lèvres et essaya de dire quelque chose. Mais sa mâchoire se mit à trembler de façon incontrôlée. Non seulement sa mâchoire, mais tout son corps tremblait violemment.

Des larmes coulèrent de ses yeux, roulant sans fin le long de ses joues, les humidifiant.

L'horrible sensation qu'elle n'avait jamais ressentie auparavant ne l'avait pas encore quittée, provoquant encore plus de tremblements dans son corps.

Elle avait du mal à respirer correctement, ses veines devenant bleues à chaque seconde.

« Anika. Respirez lentement. Concentre-toi sur l'énergie qui circule à l'intérieur de ton corps et suis ce chemin. »

Eugène ne pouvait que secouer la tête. Elle ne comprenait pas ce qu'il disait.

« Ça fait mal... ça fait mal... » Elle haletait douloureusement...

Kasser fut pris d'un élan de panique en la voyant souffrir ainsi. Il ne l'avait jamais vue aussi faible et sans défense. S'il la laissait en état de choc, elle souffrirait de lésions internes et serait malade pendant plusieurs mois.

Il souleva le haut de son corps en plaçant sa main sous le bas de son dos et enlaça fermement son corps qui se débattait.

Et lentement, des mèches bleues s'accrochèrent à ses yeux bleus. Ses pupilles, tout comme les stries, formèrent des fentes verticales comme celles d'un félin.

« Je vais t'aider. Concentre-toi. Calme-toi et respire lentement. Il faut que tu t'en sortes toute seule »

Dès qu'il lui a injecté un peu de Praz, son énergie s'était progressivement éteinte.

Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est la première fois que ça arrive Plutôt que d'être absorbé par la force, il semblait que son pouvoir aidait Eugene dans son libre arbitre...

Eugène sentit soudain sa respiration se calmer. Avant cela, elle avait l'impression d'être soumise à de la lave bouillante, ce qui lui causait une douleur insupportable à l'intérieur.

Mais avec l'aide de Kasser, une brise fraîche sembla la calmer un peu.

Instinctivement, elle accueillit la vague d'énergie réconfortante qui l'entourait.

En la regardant gérer son pouvoir, Kasser fronça les sourcils. Il ne fallut pas longtemps pour que Praz, qui lui avait échappé, se déverse à nouveau dans son corps. Comme un enfant excité, il tourna autour de lui avant de fusionner avec son maître.

Il réprima consciemment son énergie et la conseilla.

« Tu as l'impression de te noyer dans un marécage. Pense plutôt à de l'eau claire, puis libère-toi lentement... » lui dit-il.

Peu à peu, ses convulsions cessèrent. Ses contractions constantes s'atténuèrent également, diminuant au fil du temps.

À la fin, Kasser trouva Eugène toujours blottie contre lui comme un enfant dans les bras de sa mère. Cependant, il ne pouvait pas trouver la force de la repousser, pas en ce moment avec ce qu'elle venait de vivre.

La température corporelle des gens... est-elle naturellement aussi élevée ?

Son corps était chaud comme de l'eau bouillante.

Sa position étrange le gênait. La peau de l'autre personne était étrange - elle était lisse et douce, contrairement à la sienne et à celle des guerriers qui avaient une peau calleuse.

Elle était si délicate.

Il soupira de consternation alors que son corps commençait à satisfaire ses instincts primaires. De plus, elle portait une robe à peine voilée qui l'empêchait à peine de sentir le corps sous le tissu.

Pour tenter d'apaiser son désir, il détourna ses pensées vers l'étrange événement qui s'était déroulé il y a quelques instants.

Après l'avoir vue chercher de l'air, Kasser avait senti une myriade d'émotions le traverser, et il avait cru perdre le contrôle de Praz pendant un moment. Mais il fut fasciné de voir son Praz soulager la lutte d'Eugène.

Ce n'était pas possible.

Apparemment, il y a peu de temps, son Praz a fait quelque chose qu'il n'était pas censé faire.

Ce pouvoir appartenait au roi, son maître, le seul à pouvoir le contrôler. Et il ne bougeait de lui-même que lorsque la vie du roi était en danger.

Bien que Praz ne soit pas un organisme vivant, Kasser pensait parfois le contraire.

C'était un pouvoir unificateur qui agissait sur son flot d'émotions. D'une certaine manière, il le comprenait.

C'était comme si Praz avait perçu que la reine était en danger et avait réagi pour la protéger. Il n'avait jamais protégé personne auparavant, sauf le roi.

Son corps s'affaissa sous lui. Les tremblements s'arrêtèrent également. Kasser chercha à savoir si elle était confuse.

Eugène savait qu'elle s'accrochait à lui comme un koala suspendu à un arbre, mais elle se fichait éperdument de son apparence ou de son comportement du moment.

« Qu'est-ce que c'était ? » demanda-t-elle au roi

Sa bouche desséchée était rugueuse. Elle se sentait aussi épuisée qu'une personne se remettant d'une grave maladie.

« La saison sèche est terminée » Il poursuivit.

« Chaque fois que la saison sèche est terminée... Est-ce que tout le monde se sent comme ça ? »

« Je ne sais pas pour les autres. Mais quelqu'un qui a une capacité spéciale peut le sentir.

»

« Des capacités spéciales, comme Praz et Ramita ? »

« C'est exact »

« Tu l'as aussi senti à ce moment-là ? »

« Bien sûr. Lorsque la saison sèche est terminée et que l'on entre dans la période active, c'est comme si des vagues d'énergie entraient en moi. Je t'ai guidé pour que tu ne sois pas emporté par ces vagues, mais on dirait que tu as oublié. »

Comme ils continuaient à converser, Eugène finit par appuyer sa tête sur sa poitrine.

Chaque fois qu'il parlait, sa voix profonde résonnait de vibrations qu'elle trouvait agréables à l'oreille. Son anxiété se dissipa et elle se sentait de plus en plus à l'aise dans ses bras.

Il en allait de même pour Kasser. Sa vigilance à l'égard de la reine était à ce moment-là réduite à néant. C'était grâce à son Praz, qui ronronnait agréablement dans son corps.

C'était une nuit froide dans le désert, et il appréciait la chaleur qu'Eugène dégageait à travers son corps.

Il ne lui était jamais venu à l'esprit que le Praz pouvait influencer ses sentiments de cette façon. Il ne l'avait jamais considéré que comme un sujet de contrôle plutôt que de communion.

Ps de Ciriolla : rapprochement en cours... je répète rapprochement en cours

Tome 1 – Chapitre 24 – Un doute

raisonnable

« C'est encore bizarre » Sa respiration était assez pitoyable alors qu'elle s'efforca de parler en se sentant oppressée. « L'air devient plus lourd » souffla-t-elle.

Kasser, qui la tenait toujours dans ses bras, la rassura. « C'est normal. Tu t'en sors bien »

Il chuchotait, ses doigts parcourent ses mèches de cheveux, l'apaisant à chaque passage.

« Tu t'y habitueras bientôt et tu n'auras plus à t'inquiéter » Il poursuivit. « Considère que contrôler cette énergie, c'est comme monter à cheval »

Elle le regarda, voulant en savoir plus.

« Avec de l'entraînement, vous apprendrez, et lorsque vous y parviendrez, cela restera à jamais gravé dans votre mémoire »

Alors que le roi parlait avec tant d'assurance, Eugène ne put s'empêcher de le regarder fixement en réponse. Elle sentait des frissons lui parcourir l'échine rien qu'en l'écoutant parler, surtout de cette façon démodée qu'elle n'entendait parler que dans les drames historiques.

Et dans son état de fascination, elle ne put s'empêcher de s'exclamer...

« Votre façon de parler est si différente... » Elle répondit doucement, et les sourcils de Kasser se froncèrent de confusion.

« Différente ? J'ai toujours parlé comme ça » se dit-il avant de secouer la tête d'un air amusé.

Eugène pouvait sentir les grondements de sa poitrine tandis qu'il gloussait doucement.

« Maintenant, je le crois. Tu as vraiment perdu la mémoire. »

Il regarda ensuite Eugène dans une contemplation silencieuse et son regard parcourut son visage, observant chaque pli et chaque ligne lisse de son visage.

Cette dernière gardait également le contact visuel avec lui. Et au fur et à mesure que le temps passait et que sa douleur s'estompait, elle commença à prendre note de leur position actuelle ; sa tête reposait contre son torse, ses grands bras chauds soutenaient son dos, répandant leur chaleur à travers le mince tissu de ses vêtements, qui était la seule chose séparant leurs peaux l'une de l'autre.

Elle savait que le roi n'avait voulu que l'aider à se calmer, et cela la remplissait d'une soudaine tendresse pour ce qu'il faisait pour elle, mais elle ne souffrait plus. Elle commençait à reprendre ses esprits, et lentement, mais prudemment, elle commença à se défaire de ses bras, en mettant entre eux la plus grande distance respectueuse possible.

« Nous n'avons jamais été aussi proches. Même si elle a perdu la mémoire, une personne peut-elle changer du tout au tout ? » se demanda Kasser.

Déterminée à mettre le plus de distance possible entre eux, Eugène le repoussa doucement et se dégagea de son emprise. Mais soudain, alors qu'elle se concentrait sur le retrait de l'étreinte, sa main dans le bas de son dos l'attira à nouveau près de lui.

Eugène laissa échapper un souffle de surprise, ses yeux se retournant rapidement vers ses orbes bleus et acérés. Elle commença alors à cligner des yeux vers lui, confuse.

« Dans une autre circonstance, je vous considérerais certainement comme quelqu'un d'autre. »

Il commença à lui dire, et elle ne put s'empêcher d'aspirer une bouffée d'air.

Haha ! Il est très malin. Mais si je prétends être quelqu'un d'autre, il pensera que je suis folle. Elle réfléchit sèchement.

« Mais j'ai peur de dire que je crois toujours que la raison pour laquelle tu as quitté le château en douce, c'est parce que tu avais l'intention de ne pas tenir ta parole envers moi » Il termina en la regardant de la même façon qu'avant.

Même à la mention d'une possible trahison, sa voix ne faiblit pas. Kasser connaissait la personnalité de la reine. Mais ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi elle avait choisi d'errer dans le désert.

Aussi vile que soit Jin Anika, elle était sans doute plus sage que méchante.

« Eh bien, peut-être » Eugène haussa les épaules, espérant que le fait d'être à moitié d'accord l'inciterait à la laisser partir.

Pourtant, elle avait créé le personnage elle-même, elle savait à quel point Jin Anika pouvait être rusée. Anika n'hésiterait pas un instant à se débarrasser de toute forme d'honneur pour atteindre le but qu'elle s'est fixé.

Alors qu'elle commençait à hocher inconsciemment la tête en réponse à ses réflexions, elle commença à se sentir un peu découragée. Mais lorsque l'expression de Kasser se transforma en quelque chose qui ressemblait à de la suspicion, elle se rétracta rapidement.

« Je ne veux pas dire oui, mais plutôt qu'il s'agit d'un doute raisonnable » se défendit-elle.

Il la regardait toujours d'un œil étroit.

« Cela signifie-t-il que vous l'admettez ? » lui demanda-t-il.

« Admettre quoi ? » demanda Eugène, feignant l'ignorance, et il resserra encore plus son regard. Il y avait un avertissement tacite dans ses yeux.

« Tu pensais t'enfuir ? »

« J'ai dit que je ne me souvenais pas. »

« Alors je n'y peux rien » dit le roi avec résignation.

Au moment où il prononça ces mots, son emprise sur la taille de la jeune femme se relâcha et Eugène trébucha légèrement en arrière.

« Tu ne m'as jamais permis de te toucher auparavant. Je me suis toujours demandé pourquoi vous aviez choisi d'inclure une telle condition dans notre contrat. Mais maintenant que tu prétends avoir perdu la mémoire, il semble que je ne le découvrirai jamais. »

Fatiguée de tout cela, Eugène s'emporte avec frustration. « Moi-même, je ne connais pas la nature de mon agenda » Elle sourit alors d'un air malicieux. « Peut-être parce que Sa Majesté ne sait pas comment faire un bébé ? »

Instantanément, le visage de Kasser se fit plus sombre, si c'était possible.

Cette remarque de sa part lui apparaissait comme une provocation superficielle.

Pourtant, il était secrètement contrarié en l'entendant.

Il ne s'était jamais laissé séduire par le charme de la reine. Objectivement, il savait que sa beauté était indéniablement remarquable, mais elle était aussi intouchable et insensible qu'un bijou exposé dans un écrin de verre. Il se sentait fondamentalement en décalage avec elle.

Mais chaque fois qu'il voyait la reine, qui avait perdu la mémoire, il se sentait étrange.

Elle éveillait son intérêt au moment même où elle prenait une expression qui ne lui ressemblait pas du tout. C'est la première fois qu'il sait que sa voix, qui n'a rien de la nasalité habituelle, lui était agréable à l'oreille.

Il parvint à calmer la partie de son corps qui réagissait en la tenant et en l'apaisant tout à l'heure, mais comme ils continuaient à converser maintenant, son corps recommença à réagir à elle, expliquant ainsi la rigidité douloureuse de sa moitié inférieure.

Son feu était déjà à moitié allumé et se transformerait en une énorme flamme indomptable s'il était alimenté davantage. Ce désir, contraire à sa volonté, l'irritait au plus haut point.

Il plissa les yeux, les sourcils se fronçant et les lèvres se retroussant de frustration.

« Tu doutes de mes capacités. C'est une remarque très dangereuse, Anika. »

Tome 1 – Chapitre 25 – Sois doux ou

sinon

Qu'un homme fasse étalage de ses capacités pour prouver un point de vue dépassait son entendement, d'où cette situation soudaine dans laquelle Eugène l'avait mis, il comprenait enfin.

Il était un homme fier, après tout !

Mais il ne pouvait pas supporter la montée en flèche de sa fierté. Il saisit donc son poignet... et pressa sa paume contre le bas de son abdomen.

Son poignet enveloppé par ses mains chaudes, et son attention accaparée par le visage sombre de l'homme devant elle, Eugène réalisa tardivement l'identité de la chair dure qu'elle touchait.

« Kyaa ! »

Eugène recula en poussant un petit cri. L'atmosphère autour d'eux se figea dans une tension inconfortable.

Elle étudiait fermement son visage tandis que lui, de son côté, ne regardait qu’ avec un air excessif de nonchalance. D'instinct, elle serra sa main molestée et lui jeta un regard accusateur.

« C'est quoi ce regard ? » demanda-t-il.

En le regardant dans les yeux, Eugène sentit qu'il était loin d'être calme. La lueur de son désir était visible à cet instant.

Toute la chambre était plongée dans l'obscurité, Eugène ne pouvait donc pas vraiment voir ses yeux, ni s'attarder sur leurs profondeurs...

À quoi ressemblaient maintenant ces yeux bleus et froids ?

« Tu ne peux pas me reprocher de penser ainsi. Cela fait trois ans que nous n'avons pas couché ensemble » Elle l'affirmait sans ambages, remuant le couteau dans la plaie.

L'homme, qui ne s'attendait pas à ce que sa virilité soit ainsi mise à l'épreuve, réagit de façon indécente. C'est alors qu'une idée traverse l'esprit d'Eugène.

Jin Anika avait une raison de garder sa virginité. Vraisemblablement, il y avait un lien important entre sa pureté et son projet de poursuivre le pouvoir de Mara.

Eugène cita des situations dans différents cas. Et si l'âme d'Anika n'avait pas entièrement disparu, mais qu'elle dormait à l'intérieur d'elle ? Et si elle essayait de reprendre le contrôle de son corps ?

Si le propriétaire original exigeait de retourner dans son corps, Anika aurait tous les droits de le faire - mais il n'y avait aucune garantie qu'Eugène retournerait dans son corps d'origine. De plus, la possibilité qu'elle revienne dans son monde d'origine était mince.

Si Jin Anika mourait, elle mourrait aussi. Personne ne souhaiterait disparaître de la sorte. Elle devait donc trouver des moyens d'éviter le pire et de survivre.

Le fait d'être intime avec le roi pourrait briser les plans d'Anika et faire basculer l'histoire.

« Pensez de manière réaliste. Un contrat pèse sur tes épaules et tu n'as pas d'échappatoire. Et si tu couches avec cet homme, il y a de fortes chances qu'Anika n'atteigne pas ses objectifs, dont le plus important est d'acquérir le pouvoir de Mara. »

Mais il restait le problème d'une éventuelle grossesse. Eugène ne s'imaginait pas devenir mère. Mais elle devait faire ce qu'elle pensait être juste. Une fois que Jin Anika aurait accompli ses sombres projets, il sera trop tard pour le peuple de Mahar.

Pour l'instant, elle devait prendre un risque.

Eugène se rapprocha de lui. Elle garda la tête droite, ignorant l'érection indéniable qu'il avait en dessous.

« Tu as dit qu'il nous restait quinze jours... »

Elle commença par hésiter, ses mains tremblant sur les côtés. Malgré cela, ses yeux exprimaient une détermination pure. Je ne perdrai pas ma vie en laissant l'intrigue suivre son cours.

« Je l'ai fait. »

« Eh bien, peut-être ce soir... Uhm.... »

Elle n'arrivait toujours pas à comprendre les mots. Sans voix, elle couvra son visage brûlant de ses mains. Il était ridicule pour une femme d'inviter un homme dans son lit !

En un instant, elle changea d'avis. « Rien ! Nous devrions nous rendormir. L'aube approche. »

Elle recula timidement. Mais à peine eut-elle tourné la tête en soupirant que son bras fut saisi par une force puissante.

La chose suivante qu'elle sentit fut le contact de lèvres douces contre les siennes...

Kasser saisit la tête de la jeune fille sans effort et déposa un baiser sur sa bouche humide et invitante.

Ce n'était pas doux du tout...

Alors que l'écart entre eux disparaît complètement, le désir de Kasser s'intensifia. Il inclina la tête de la jeune femme pour avoir un meilleur accès. Sa langue humide se glissa entre ses lèvres, les suçant et les léchant comme s'il ne pouvait s'en passer. La tête de la jeune femme était penchée en arrière, une main forte soutenant son cou.

Puis, elle le sentit lentement la descendre sur le lit en dessous d'eux... Alors que le centre de gravité se déplaçait dangereusement, Eugène l'attrapa inconsciemment, et en une fraction de seconde, elle sentit le matelas moelleux contre son dos.

Sa langue caressa encore une fois ses lèvres avant que Kasser ne rompe le baiser.

Eugène tira sur ses manches, ce qui le détourna de son festin.

A ce moment, Eugène se retrouva allongée sur le lit avec le roi sur elle. Ses cheveux étaient éparpillés en désordre autour de sa tête, et ses yeux reflétaient le peu de lumière de la lune qui avait pénétré par les interstices des rideaux de la fenêtre.

« Il semble que lorsque vous avez perdu la mémoire, vous avez acquis un nouveau talent, celui de rendre les gens... très contrariés. » La voix de l'homme au caractère bien trempé lui perça les oreilles de façon intimidante.

« Et les quinze jours ? Est-ce qu'on va encore... » Elle déglutit nerveusement. Ses oreilles brûlaient d'embarras.

Kasser a compris ce qu'Eugène essayait de dire. Elle ne voulait pas que cela se répète.

« Oui, je ne viendrai pas te voir pendant la quinzaine si tu ne le souhaites pas » Il s'impatienta de plus en plus.

Elle connaissait à peine l'homme - elle avait décrit le roi dans son roman de manière irréfléchie et peu détaillée. Il valait donc mieux qu'elle pose des limites dès maintenant.

De plus, si cet homme consommait, c'était pour que leur mariage ne soit pas annulé et pour qu'il voie son successeur en la personne d'Anika.

Malgré tout, Eugène ne voulait pas d'une sexualité animale. C'était sa première expérience, elle ne voulait pas que ce soit un cauchemar.

« Sois doux ou sinon »

« Sinon ? »

« Je dirai à tout le monde que tu es terrible ! »

A sa demande et à sa vaine menace, il fit un sourire de gamin, les yeux d'Eugène s'arrondirent.

« Je ferai de mon mieux. »

Ils se serrèrent les lèvres une fois de plus. Au début, c'était doux, apaisant et délicat.

Leurs lèvres se frôlaient, douces comme une plume.

D'une certaine façon, le poids de l'homme au-dessus d'elle lui faisait du bien.

Eugène se sentait plus irréaliste maintenant que lorsqu'elle avait ouvert les yeux au milieu du désert. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle se livrait à cet acte intime avec l'homme qu'elle avait rencontré il y a seulement quelques jours. Ce qui est encore plus surprenant, c'est que ce n'était pas du tout désagréable.

« Ah... ! »

Une langue épaisse pénétra dans sa bouche et frotta la chair tendre à l'intérieur. Les bouts de ses doigts picotèrent au moment où la langue commença à bouger de façon plus intrusive.

Le premier baiser d'Eugène, il y a longtemps, avait été flou et maladroit, contrairement à celui-ci. C'était la première fois qu'elle participait à un baiser profond - avec un désir flagrant d'en faire plus.

Elle ne savait pas que la langue était un organe aussi sensoriel, d'un point de vue sexuel.

La sensation de sa langue glissant contre la sienne devint plus sauvage.

L'air devient brûlant alors qu'une bataille s'engage silencieusement...

Ps de Ciriolla: apres 3 ans de frustration.... ca va etre caliente...

Tome 1 – Chapitre 26 – Exigences

difficiles

« Mhm... »

Un grognement s'échappa des lèvres d'Eugène dans le feu de l'action. Les yeux fermement fermés, une étrange sensation partait du bout de ses orteils et se répandait lentement dans tout son corps. La langue chaude de Kasser sonda sa bouche, s'enfonçant plus profondément.

Elle se tortillait sous lui.

Bien qu'il soit depuis longtemps cupide de ses lèvres, Kasser trouva la volonté de relâcher ses attaques sur sa bouche et se retira. Il jeta un regard sur l'état actuel de la jeune femme, ses yeux s'embrasant à la vue du spectacle qui s'offrait à lui.

Ses lèvres humides s'écartaient doucement et ses joues rougies lui donnaient l'air d'une séductrice... Il se rendit compte qu'il ne pouvait détacher son regard d'elle. Mais plus encore, il était profondément déconcerté par ces circonstances imprévues. La nuit venue, il ne s'attendait pas à ce qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire.

Cependant, à ce stade, il était trop tard pour qu'il s'arrête. Il avait déjà été excité, au point que son pénis se tendait à l'intérieur de son pantalon, souhaitant se libérer de l'emprise.

Un étrange sentiment de crise, comme une tempête, brisa ses raisons. Il ne pouvait que se demander d'où venait cet intense élan de passion pour la reine.

Finalement, son désir l'emporta sur la raison. Son esprit refusait de penser à quoi que ce soit d'autre que d'avoir cette femme entre ses mains... de la revendiquer comme sienne.

Il baissa la tête, appuya à nouveau ses lèvres sur les siennes. Ses mains, comme si elles avaient un esprit propre, commencèrent à caresser sa peau douce. De ses lèvres, Kasser commença à déposer des baisers sur sa joue, puis il prit délicatement le lobe de son oreille entre ses dents.

Sa bouche s'est ensuite abaissée pour déposer des baisers brûlants dans son cou. Il remarqua qu'à chaque fois que ses lèvres touchaient sa peau, elle tremblait. Ses gestes firent lâcher à Eugène un autre gémissement, et cette réaction augmenta naturellement la chaleur qui émanait de lui.

Ha, je dois devenir fou, fut la seule pensée concrète de Kasser à ce moment-là.

Doucement et affectueusement.

Si jamais il se soumettait à son désir charnel, la reine ne lui permettrait certainement pas de la toucher une seconde fois. Et il y avait le...

Soyez doux, sinon...

Les mots qu'elle avait prononcés il y a quelques temps résonnaient encore haut et fort.

Mais il était déchiré entre son désir exacerbé et le fait de consentir à ses désirs.

Lorsqu'il s'en souvint, il se rendit compte que la reine n'avait pas changé du tout.

Comme prévu, elle avait encore des exigences difficiles à satisfaire ! Kasser ne savait pas se montrer doux et affectueux, il n'était jamais gentil.

S'il n'en faisait qu'à sa tête, il aurait déjà écarté les jambes de la reine et se serait enfoui au plus profond d'elle. Cependant, reconnaissant les exigences de la jeune femme, il a appuyé sur son pouce et s'est déplacé lentement avec tous ses efforts.

Sa large main passa sous sa robe pour saisir ses douces rondeurs. En exerçant une légère pression, il caressa doucement ses deux pointes jumelles, dont les extrémités durcissaient au contact. Le contraste entre sa peau lisse et sa main calleuse était merveilleux.

Les vêtements qui les séparaient maintenant lui paraissaient encombrants et il détacha avec impatience la corde de sa poitrine. La lanière, attachée à un tissu fin, se détendit soudain, révélant la peau cachée.

Il respira, se figeant momentanément devant le spectacle qui s'offrait à lui. Mais son impulsion prit le dessus et il baissa la tête. Lentement, presque avec taquinerie, il embrassa ses douces pointes et enfouit son nez, respirant son parfum.

Surprise par cette sensation soudaine, Eugène se cambra inconsciemment. Mais il ne s'arrêta pas là, il fit rouler les pointes durcies autour du bout de sa langue, ce qui provoqua un autre gémissement de sa part.

« Ah... »

Au début, il y avait un peu d'hésitation dans ses gestes. Mais les caresses de Kasser se sont intensifiées à chaque seconde. Il prit les pointes humides entre ses dents et les mordit doucement. Enfin, sa tête s'est inclinée plus profondément lorsqu'il a pris le téton et l'a sucé sans relâche.

« Ah ! »

Eugène se plia sous lui. Elle avait l'impression de brûler... comme si on lui versait du miel chaud - son corps ne pouvait s'empêcher de se réchauffer dans l'attente du contact.

Le bruit de sa bouche contre sa poitrine se mêlait à ses frémissements et à ses doux gémissements. Eugène se sentit soudain gênée par l'immoralité de tout cela, et son visage brûla encore plus.

Ses mains effleuraient chaque parcelle de sa peau. Elle sentit ses paumes glisser le long de sa taille et se délecta de la sensation exotique de la peau dure et rugueuse d'un homme contre sa propre chair lisse.

Elle sentit la chaleur s'accumuler entre ses jambes avec une urgence indéniable. S'il la touchait maintenant, il découvrirait qu'elle était déjà en chaleur.

À plusieurs reprises, Kasser pensa qu'il avait atteint sa limite. Pourtant, il se retient, conscient qu'il ne voulait pas précipiter un moment exquis. Il était véritablement absorbé par l'acte de vénérer lentement son corps et était prêt à repousser le plaisir attendu d'une solution rapide.

Ses rondeurs étaient maintenant humides sous ses attaques... et ses doux gémissements se mêlaient aux siens, à peine dissimulés. Sa main glissa sur sa paume, une action surprenante qui ébranla son cœur. Cette légère provocation le plongea dans un état d'excitation extrême.

Une émotion inconnue jaillit de lui pour la femme qui gît sous lui, à bout de souffle. Il voulait pénétrer plus avant, plus profondément dans son être.

Ses yeux verrouillés sur les siens à peine ouverts, il voulait que ses caresses aillent plus loin - plus bas et vers l'intérieur du ventre d'Eugène. Il plaça ses genoux entre elle, écartant ses deux jambes et elle ouvrit soudain les yeux pour le regarder comme un cerf effrayé.

Ses lèvres s'étirent vers le haut en signe d'amusement, sentant son embarras. Une fois qu'il fut en position, ses mains commencèrent à se déplacer vers le bas de son abdomen, et sous le sous-vêtement fragile.

« Attendez, attendez ! »

Eugène tenta de le repousser. Mais cela n'avait pas suffi à empêcher ses doigts de passer sous son sous-vêtement trempé. Ses doigts frottèrent ses pétales de haut en bas et Eugène sentit sa détermination et ses genoux faiblir. Ses doigts fermes fondaient contre sa chair brûlante et son visage ne pouvait que s'enflammer davantage.

Qu'il s'agisse de l'embarras ou de la sensation de bonheur, elle était indécise.

« Ça, c'est... »

« Qu'est-ce que c'est ? »

Ses mots s'éteignirent dans sa gorge lorsqu'elle se retrouva face au regard pénétrant de Kasser, semblable à celui d'un faucon. Mais ce regard était loin d'être intimidant ou froid comme celui qu'ils s'échangeaient autrefois. C'était un regard brûlant... un regard qui parlait de la dévorer.

Tome 1 – Chapitre 27 – Première nuit Elle se mordit la lèvre et tourna la tête de côté pour échapper à son regard. Pourtant, elle ne pouvait pas fuir le plaisir qui se répandait dans tous les coins de son corps. Au contact de Kasser, des picotements de chair de poule apparurent sur sa peau, la température de son corps s'élevant peu à peu avec un désir palpable.

Lorsque Kasser sentit sa chaleur s'infiltrer entre ses doigts, ce n'est qu'à ce moment-là qu'il réalisa à quel point ils avaient progressé. Pourtant, face à la résistance soudaine de la jeune femme, il se trouva incapable d'exprimer ses sentiments contradictoires.

« Tu as changé d'avis ? » Il parla d'une voix basse et tendue.

« Ah ! »

Les doigts longs et fermes qui ne faisaient que l'effleurer de l'extérieur plongèrent soudain au plus profond de sa chaleur, comme s'il la mettait au défi de refuser ses caresses... Tout en lui mordant doucement la mâchoire et en lui léchant le lobe de l'oreille pour la stimuler encore plus.

« Tu ne veux pas ? »

Devant cette intrusion brutale, Eugène secoua la tête d'un côté à l'autre. Elle ne déteste pas ça. C'est juste que les changements qui s'opéraient dans son corps... la gênaient profondément.

Son doigt, qui entrait et sortait d'elle, se resserrait, étirant ses parois brûlantes et la préparant à ce qui allait suivre. Son visage brûlait en entendant les bruits humides qui s'amplifiaient dans la chambre - sa région inférieure devenant glissante de seconde en seconde.

Elle ne pouvait que fermer les yeux et s'agripper si fort aux draps que ses jointures devenaient blanches. Elle avait honte que son corps semblait l'accueillir avec enthousiasme.

« Bien. »

Il fut sincèrement soulagé. Pendant un instant, il pensa qu'elle le supplierait d'arrêter, ce qui lui était impossible.

Ses doigts glissèrent hors de ses plis.

Mais, l'instant d'après, il l'inséra plus profondément. Un picotement agréable monta en elle, la faisant sursauter sous l'effet de l'euphorie.

Elle se sentait chaude et humide partout. L'imminence de la pénétration l'effraya. Mais elle était trop étroite pour imaginer comment il pourrait la pénétrer.

« Ah... »

Eugène gémit par intermittence, tâtonnant son bras fort sur le côté de son visage pour se soutenir. La sensation qui avait commencé dans son bas-ventre s'intensifiait progressivement, comme si elle montait les escaliers. La tête lui tournait tandis qu'elle se délectait de cette marée de désir.

Soudain, le corps étranger s'épaissit... Eugène glapit de douleur ! Elle se sentit se raidir momentanément et sa respiration s'accéléra.

« Ça fait mal... »

Kasser resta un instant perplexe. Mais en voyant le visage mécontent de la jeune femme, il s'était rendu compte de la situation.

Mais comment ? Je n'ai mis que deux doigts dans son...

« Tu te moques de moi ? »

Elle a secoué la tête.

« Ça ne devrait pas faire mal. Quelque chose de bien plus gros que ça entrerait là-dedans

» Il grogna.

Surprise par cette remarque brutale, Eugène serra les lèvres et se contenta de hocher la tête. Dans le même temps, Kasser se montrait de plus en plus persistant dans ses actions

- ses doigts commençaient à bouger plus vite et plus rudement.

L'étrange gêne se transforma peu à peu en une autre sensation.

Les jambes de la jeune femme s'écartèrent d'elles-mêmes. Alors qu'une sensation indescriptible envahit son corps, Eugène ne remarqua même pas que ses sous-vêtements étaient déjà complètement enlevés par les mains habiles de Kasser.

Néanmoins, elle n'éprouvait plus de honte et se concentra sur la recherche du plaisir.

« Uhhhh... »

Une poussée d'excitation commença à se manifester en elle. L'euphorie qui avait commencé dans son bas-ventre se répandit rapidement dans tout son corps. Elle pencha un peu la tête et un gémissement sortit de sa gorge.

Elle ne s'était jamais sentie aussi débauchée que maintenant. Cependant, ce court moment de bonheur s'acheva lorsque Kasser retira ses doigts. Son mamelon tressaillit à la perte de contact - elle se sentit étonnamment vide.

Après la tempête, ses sens s'étaient émoussés. Elle ferma les yeux et respira profondément, calmant les tremblements qui subsistaient, la sensation persistante continuant à l'éroder.

C'est alors qu'elle entendit un bruissement de vêtements...

Kasser se débarrassait de ses vêtements de nuit. Ce faisant, il regarda attentivement sa nudité exposée. Il s'installa ensuite entre ses jambes, ses bras aux veines saillantes saisirent ses cuisses douces, mais pas aussi doucement qu'il le souhaitait.

Quand Eugène sentit qu'on lui ouvrait les jambes de force, ses yeux s'ouvrirent brusquement et elle fut accueillie par son torse nu. Son souffle était coupé.

Il n'est vraiment pas convenable de qualifier le corps d'un homme de 'joli'.

Ses muscles fermes et maigres étaient très denses. Eugène eut soudain envie de tracer chaque crevasse du bout des doigts. Il avait l'air fort, mais ce n'était pas une surprise.

Les Six Rois de Mahar étaient les plus forts de ce monde, après tout.

Kasser était bien conscient des yeux émerveillés qui le regardaient. Elle était si transparente dans son adoration que sa bouche formait un 'o', ressemblant à celle d'un poisson-globe. Cela lui arracha presque un rire.

Mais, dans un autre ordre d'idée, il n'aimait pas l'atmosphère légère. Il était sur le point d'éclater, sa verge qui se rapprochait de son sexe lui faisait terriblement mal.

D'une main, il souleva une cuisse et posa une main à côté de sa tête. Il baissa la tête et captura ses lèvres, poussant sa langue de manière intrusive.

Déconcertée par ce geste brutal, Eugène réagit rapidement par un halètement qui lui donna un meilleur accès à sa bouche. Et avec des mouvements délibérés, il frotta lentement son feu bien établi contre son entrée...

Il retira sa langue et rencontra ses yeux.

Eugène ressentit une étrange impulsion en regardant ses yeux. Il pressa sa taille et poussa sa verge vers l'intérieur.

« Ah.... »

En émettant ce son scandaleux qu'elle était elle-même surprise d'entendre, Eugène trembla légèrement d'embarras.

Même si elle n'en avait pas fait l'expérience, elle avait entendu beaucoup de choses sur ce moment intime. Sa première expérience fut douloureuse, car elle ne pouvait s'empêcher d'être nerveuse. Mais elle s'est débarrassée de sa méfiance et s'est détendue un peu. Après tout, si c'est vraiment douloureux, les gens ne le feraient pas.

« Ah ! »

Alors que Kasser s'enfonçait plus profondément, Eugène ressentit une douleur presque insupportable.

Ça fait mal... Ça fait vraiment mal.

Son bassin était ouvert et un énorme coin semblait avoir pénétré dans son corps. C'est de plus en plus douloureux, car Kasser continuait de creuser sans relâche. Ses yeux se remplissaient de larmes. Lorsqu'elle cligna des yeux, des larmes coulaient sur le côté de son visage.

Pour l'apaiser, de courts baisers se posèrent sur ses lèvres, ses joues et son nez.

La sueur froide sur le dos, Kasser entra lentement, attendant qu'elle s'habitue. Les parois intérieures étaient trop étroites pour lui. Mais la sensation de la toucher à l'intérieur était incroyablement agréable.

Il réussit à résister à l'envie de la pousser jusqu'au bout. Avec beaucoup de volonté, il s'arrêta à mi-chemin. Entrer trop profondément dans une femme pour la première fois pouvait faire mal.

« Anika. »

Il embrassa ses lèvres tremblantes et son nez reniflant.

« Ne m'appelle pas comme ça »

« Quoi ? »

« .... »

Ps de Ciriolla : La température est très fortement montée.....

Tome 1 – Chapitre 28 – Appelez moi

Eugène

« Alors comment dois-je vous appeler ? » Un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres.

« Reine ? » Il mordilla l'oreille d'Eugène en chuchotant doucement.

« Un... un nom ? » Eugène balbutia devant cette question soudaine.

Une question que Kasser ne faisait que pour obtenir une réaction de sa part. Il voulait la taquiner.

Mais devant sa confusion, il ne put s'empêcher d'être amusé. S'il l'appelait par son titre d'avant qu'elle ne perde la mémoire, un désaccord serait certain.

Mais même dans ce cas, cette obsession ne le dérangeait pas du tout. Il était le roi, après tout. Il est simplement regrettable que Jin Anika n'ait jamais toléré que ses subordonnés commettent ce genre d'erreur.

« Oui. »

« Eugène. Appelez-moi Eugène. »

Eugène répondit rapidement de peur qu'il ne l'appelle Jin Anika et qu'il ne gâcha l'ambiance en un instant. Dans le feu de l'action, elle ne voulait pas être appelée par le nom de quelqu'un d'autre. Elle voulait entendre le sien.

En fait, le nom d'Eugène se prononçait de la même façon que celui de la reine : 'Yujin'.

Par conséquent, si le roi le lui demandait, elle n'aurait qu'à prétexter le surnom qu'elle portait lorsqu'elle était enfant.

« Eugène. »

Il répéta pour elle, son nom roulant doucement sur sa langue. Et bien qu'il ait été perplexe à la mention de ce nom inconnu, il ne lui posa pas d'autres questions. Eugène, quant à elle, sentit des frissons remonter le long de sa colonne vertébrale en entendant son nom sortir de ses lèvres.

Lorsque Kasser l'embrassa cette fois, les lèvres d'Eugène s'écartèrent un instant avant de le mordre légèrement la lèvre inférieure.

Un son guttural sortit de la gorge de Kasser face à sa conduite audacieuse, faisant se tordre son estomac sous l'effet d'un feu qui montait du plus profond de son être.

Eugène passa avec hésitation ses bras autour de ses épaules, ses muscles ondulant sensuellement sous le bout de ses doigts.

Presque immédiatement, elle ferma les yeux en sentant Kasser bouger, se redresser et se placer entre ses cuisses. Elle se prépara à ce qui allait suivre. Elle le sentait se frayer un chemin sans hésitation jusqu'à ce qu'il s'enfonce jusqu'à la garde en elle.

« Ah ! »

La douleur jaillit d'entre ses jambes et Eugène s'agrippa fermement à ses épaules. Elle savait que ce serait douloureux, mais cela ne l'avait pas préparée à se sentir comme si quelque chose était en train de l'ouvrir.

A chaque mouvement, à chaque poussée, elle sentait sa verge s'enfoncer, la briser à chaque instant. Mais la douleur s'estompait, remplacée par des bouffées de plaisir.

Eugène frémit devant les sentiments accablants qui menaçaient de jaillir d'elle, tandis qu'elle s'accrochait à son dos, les ongles creusant sa peau bronzée.

« Uhhh... » Elle haletait tandis qu'ils se balançaient en rythme.

Le corps humain était vraiment mystérieux. Au début, elle redoutait la durée de la douleur, mais au fur et à mesure qu'il avançait, elle devenait progressivement sourde et picotante. Au lieu de crier de douleur, elle s'était mise à haleter de plaisir.

Ses yeux papillonnaient à chaque sensation. La chaleur dans ses entrailles augmentait de seconde en seconde, tandis que l'odeur du musc et de la sueur commençait à s'infiltrer dans ses narines. Des bruits de chair qui claquent, des gémissements et des grognements emplissaient la pièce.

Avec le peu de force qu'elle avait, elle s'accrocha fermement à lui pour le soutenir. Ses mains glissaient dans la sueur, mais cela la poussait à s'accrocher encore plus fort.

Il tétait les lèvres d'Eugène avec une telle ferveur qu'elle pensait que ses lèvres seraient gonflées le lendemain. Elle se sentait si précieuse, si merveilleusement pleine, même si elle redoutait intérieurement ce moment.

À chacun de ses mouvements, elle sentait ce délicieux frottement, qui la touchait au plus profond d'elle-même. Et la montée en puissance continuait, elle se sentait submergée par le rythme qui allait de plus en plus vite, de plus en plus fort... Il l'étirait tandis qu'il continuait à la pousser profondément.

« Ah... ! »

Ses entrailles se contractèrent et commencèrent à spasmer. Kasser plongea plus profondément et plus brutalement.

Eugène rejeta la tête en arrière, se sentant s'évanouir alors qu'un barrage se brisait en elle. Elle sentit quelque chose jaillir, chaud et épais, au plus profond d'elle, alors qu'ils subissaient les affres de leur passion.

Lorsque le mouvement s'arrêta, elle s'était rendu compte que son dos était courbé et que sa tête se cambrait derrière elle. Elle sentit instinctivement ses régions inférieures se contracter et se détendre à plusieurs reprises. Un sentiment d'abattement succéda à la sensation de plaisir qui l'envahissait.

Un peu plus tard, elle s'aperçut que le corps étranger profondément enfoui restait encore en elle. Son corps devait mou alors que quelque chose de chaud se répandait en elle.

Kasser la regarda attentivement, sa poitrine se soulevant visiblement à la suite de l'événement. L'expression sereine de la jeune femme le mettait dans tous ses états.

Lentement, il s'éloigna d'elle et, les yeux fermés, elle le vit se relever, son visage planant au-dessus du sien. Elle ressentait à la fois de l'excitation et de l'embarras...

Mais comme il n'était pas encore satisfait, il saisit ses cuisses et se plongea à nouveau profondément.

« Ah ! Arrêtez... » Elle sursauta, mais son cri fut avalé par ses lèvres, tandis qu'il enfonçait sa langue dans sa bouche avec un regard épais et trouble.

Leur récent échange de passion n'était pas suffisant. Son appétit pour elle semblait insatiable. Il voulait encore goûter à sa chair brûlante. Mais Kasser ne voulait pas gâcher cette nuit. Il ne la forcerait pas à recommencer, à moins qu'elle ne le lui demande.

Il se jeta encore plusieurs fois en elle avant de se retirer. Une soif insatisfaite résonnait dans ses yeux tandis qu'il regardait la forme fatiguée de la jeune femme.

Son cœur battait à tout rompre contre sa poitrine. Il mordilla lentement son cou. Ses tressaillements le provoquèrent. Il serra les dents en luttant contre le désir de remettre son sexe à l’intérieur et de la ravager sans fin.

Reprenant ses esprits, Kasser se contenta de caresser son front et de peigner ses cheveux avec ses mains. Sa main semblait énorme sur le côté de son petit visage.

Elle a l'air si petite.

Un être si fragile qu'il pourrait briser ses minces os en un souffle. Un sentiment de soulagement l'envahit. Il était heureux de ne pas l'avoir blessée, écrasée même, alors qu'il était si investi dans son désir de la dévorer il y a quelques minutes à peine.

Eugène ferma les yeux et respira fort. Elle n'avait même pas envie de bouger. Elle aimait la sensation de ses mains qui balayaient ses cheveux de façon apaisante. Elle finit par fermer les yeux et s'endormit

« Anika » Il l'appela, mais ne reçut aucune réponse.

Kasser reprit la parole, balayant doucement sa paume contre sa joue, comme si elle était une porcelaine précieuse qu'il craignait de briser par sa force incommensurable.

« Eugène. »

Pourtant, il n'obtint qu'une réponse silencieuse. Il en conclut que la femme dans ses bras s'était déjà endormie.

« Repose-toi bien » murmura-t-il à son oreille.

Ps de Ciriolla : Insatiable? après trois ans d'abstinence tout en partageant le lit, tu m'étonnes....

Tome 1 – Chapitre 29 – Une nature

espiègle et coquette

Il enfila son pardessus et tira la corde pour appeler une servante. Lorsque le roi et la reine dormaient ensemble, les servantes n'étaient jamais appelées à cette heure de la nuit. C'était donc un événement très rare pour les serviteurs. L'une d'entre elles se dirigea immédiatement vers la chambre du couple royal, nerveusement.

« Apportez-moi une serviette » ordonna-t-il nonchalamment.

« Oui, Votre Majesté »

Au bout d'un moment, la femme de chambre arriva avec de nombreuses serviettes chaudes. Elle posa également un plateau de serviettes humides sur le côté du lit et s'empressa de partir. Même si les lumières étaient tamisées, on pouvait encore voir la teinte rouge de ses joues lorsqu'elle remarqua la chaleur qui régnait dans la chambre.

Néanmoins, dès son entrée, elle garda la tête baissée et ne jeta pas un seul coup d'œil à la reine épuisée sur le lit.

Dès que la servante fut partie, Kasser commença à essuyer le corps de sa femme, qui était poisseux de sueur. Il lui essuya soigneusement le visage, les bras et les jambes.

Il ne s'était jamais considéré comme quelqu'un de doux et d'attentionné. Il était ridicule de faire cela.

Ce qui est encore plus ridicule, c'était la façon dont il réagissait à l'état inconscient de la jeune femme. Le fait d'essuyer son corps lui donnait envie de la toucher davantage. Il lui saisit les poignets et les chevilles ; ses mouvements étaient prudents, car il savait à quel point elle était fragile.

Eugène était recroquevillée sur son lit. Pour que Kasser puisse nettoyer sa partie sensible, il devait lui écarter les jambes. Mais à sa grande surprise, son geste se heurta à une résistance.

Dès qu'il avait décroisé ses jambes, elle s'était dégagée de son emprise et s'était remise en position fœtale. Kasser haussa un sourcil et regarda le visage de la jeune femme. La surprise se lisait dans ses iris sombres.

Il s'esclaffa. « Tu faisais semblant de dormir ? »

Eugène secoua la tête, les joues rougies par l'accusation.

« ... Je viens de me réveiller » répondit-elle.

Elle ne s’était endormi qu'un instant. Elle aurait peut-être pu dormir toute la nuit si elle n'avait pas senti la serviette humide frôler sa peau, ce qui l'avait réveillée.

Kasser tenta à nouveau d'étirer ses jambes, mais n'y parvint pas, car elle commençait à se crisper à son contact.

« Ne fais pas ça. »

« Pourquoi ? »

Eugène se relèva rapidement et lui prit la serviette des mains.

« Pourquoi ? Tu n'aimes pas ça ? Tu ne veux pas que je la touche ? » Il y avait une pointe de colère dans sa voix.

« Tu demandes ça parce que tu ne sais pas ? » Eugène s'empressa de répondre.

Quand elle vit son expression sombre, elle comprit qu'il ne savait pas ce qu'elle ressentait. Elle lui jeta un coup d'œil et marmonna. « Ce n'est pas ce que je voulais dire.

Je suis seulement gênée » Puis elle s'assit, dos à lui.

Elle l'entendit rire derrière elle et Eugène grommela intérieurement en réalisant cela.

Kasser, le puissant roi, était anxieux à l'idée qu'elle lui dise qu'elle regrettait ce qui s'était passé entre eux.

Quelle ironie !

Elle essuya l'intérieur de ses jambes collantes avec la serviette mouillée. Par mégarde, elle y jeta un coup d'œil et poussa un cri de surprise.

« Uck ! »

« Qu'est-ce qui ne va pas ? » La voix inquiète de Kasser retentit, mais il ne bougea pas d'un poil pour respecter son désir d'intimité.

Il attendit patiemment, en regardant son dos. Mais sa patience ne tarda pas à s'épuiser.

Il la prit par l'épaule.

« Qu'est-ce qui se passe ? »

Le visage de la jeune femme devint complètement rouge. Effrayée, elle regarda Kasser et cachait ce qu'elle tenait dans sa main dans une direction qu'il ne pouvait pas voir.

Désireux de satisfaire sa curiosité, il tira son bras pour chercher ce qu'elle lui cachait.

C'est alors qu'un courant d'air fit tomber la serviette que cherchait à dissimuler Eugène.

Deux paires d'yeux se croisèrent pour regarder en même temps et découvrir des taches de sang rouge sur la serviette d'un blanc immaculé.

Eugène se couvrit le visage de ses mains, brûlant d'embarras. Elle le regarda, les yeux pleins de larmes, choquée par la quantité de sang.

Ce scénario ne plut pas du tout à Kasser. Un air sérieux se dessina sur son visage. Il s'en doutait : elle était trop étroite. Pourtant, la nature espiègle et coquette de la jeune femme lui fit penser le contraire. À cet instant, même si leur mariage était un canular, il sentait monter en lui une grande fierté.

Il l'a allongée et a capturé ses lèvres dans un baiser brûlant. L'homme pesait lourd sur sa fragile carcasse.

Une main s'empara de son sein, et des lèvres chaudes et humides en sucrèrent l'un des sommets... En même temps, son autre main entama sa descente vers son abdomen, caressa l'intérieur de ses cuisses avant d'effleurer ses plis et d'exercer une pression sur sa partie la plus sensible.

Eugène était distraite par les différents stimuli qu'il lui donnait soudainement. Peu de temps après, elle sentit l'incomparable sexe dur contre son entrée. Mais avant qu'elle ne puisse protester, il se fraya un chemin à travers ses parois intérieures.

« Ahh ! »

Le frottement à l'intérieur de ses parois frémissantes était incroyablement chaud et furieux. Il avait l'air sauvage.

Ce n'est pas ce qu'ils avaient convenu ! Eugène lui donna un coup de poing dans la poitrine et les épaules.

Mais en vain, il lui prit les mains, les plaça au-dessus de sa tête et les pressa avec les siennes, ce qui laissa cette dernière sans défense. Tous ses cris furent avalés par les lèvres qui se posèrent sur sa bouche. Mordant sa chair et suçant sa langue, il continuait à l'enfoncer sans relâche.

Il était conscient de son excès de zèle, mais il ne pouvait pas s'arrêter. Pour la première fois, il comprenait ceux qui convoitaient le plaisir.

Ses raisons, aussi fermes et dures que l'acier, s'effondraient en poussière au son de ses gémissements.

L'air de la chambre, qui s'était refroidi pendant un moment, se réchauffa encore d'un cran.

Ps de Ciriolla : maintenant qu'il y a gouté... il est devenu accro

Tome 1 – Chapitre 30 – Marianne

Après avoir reçu le message de la reine exprimant son désir de la rencontrer à nouveau, Marianne devint naturellement inquiète. Même après avoir été témoin du changement radical d'Anika, la convocation de la méchante reine d'autrefois la rendait encore méfiante.

Il était clair que la reine lui en voulait énormément. Au début, Marianne ne s'en inquiéta pas, espérant qu'en faisant profil bas, ce qu'elle faisait depuis trois ans, elle parviendrait à faire oublier son existence à Anika.

Cependant, même après avoir abandonné son poste, la reine l'importune de plus en plus en insistant pour qu'elle soit bannie du château. Marianne songea alors à quitter discrètement la capitale et à aller le plus loin possible, malgré l'interdiction de Kasser.

Avec la lutte constante, sa situation avec Anika ne l'avait pas laissée indemne. Parfois, elle avait tendance à se dévaloriser, se disant que ce poste n'était pas du tout fait pour elle. Contrairement aux généraux en chef du passé, elle n'était pas née avec un statut noble et était même entrée au château en tant que nounou. Il se trouve que le prince Kasser de l'époque l'avait traitée comme sa mère, et Marianne s'était vue attribuer un siège assez élevé.

Lorsqu'elle occupait encore ce poste, elle travaillait toujours dans cet état d'esprit : elle démissionnait dès que quelqu'un qui correspondait vraiment à son poste arrivait.

Lorsque le prince, qu'elle avait élevé comme son propre fils, est finalement monté sur le trône et s'était marié, elle ne pouvait pas demander mieux. Marianne était prête à quitter son poste, car elle estimait avoir rempli sa mission. Et c'est ce qu'elle avait fait.

En femme simple qu'elle était, elle n'était pas avide de gain. Le bonheur du roi était sa seule joie. Son dernier souhait était de serrer le roi dans ses bras et de le voir de temps en temps. Mais la reine la méprisait tellement qu'elle choisit de s'isoler et que Kasser ne la voyait que rarement.

Lorsqu'Anika prétendit qu'elle avait perdu la mémoire, Marianne espéra en quelque sorte 'abuser' de cette chance pour tenter d'établir une nouvelle et meilleure relation avec la reine. Leur rencontre imminente l'incita à rester éveillée dans son lit. En fin de compte, elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Ne voulant pas troubler la paix de la reine le matin, elle entra au palais en début d'après-midi, environ deux heures après le déjeuner. Dès son arrivée, elle prit soin d'envoyer un page à la reine pour l'informer de son arrivée. Elle attendit ensuite patiemment dans le salon, en se tournant les doigts, anxieuse.

Une heure s'écoula, mais la nouvelle que la reine la rejoignait, à sa plus grande déception, n'était toujours pas arrivée.

Contenue dans son siège, elle regardait les serviteurs passer devant elle les uns après les autres, ce qui lui donnait momentanément le vertige lorsque, soudain, une silhouette trop familière pénétra dans la pièce.

Ce n'était pourtant pas la reine.

Sarah entra et a vu Marianne attendre anxieusement toute seule.

« Bienvenue, Générale Marianne » dit-elle en inclinant la tête en guise de salut.

Le visage de Marianne se durcit. « Générale, je vous ai déjà dit plusieurs fois d'arrêter de faire ça. Ne me saluez pas »

Pas du tout découragée par l'avertissement de son ancien chef, le général Sarah lui adressa un sourire malicieux. « Vous êtes venue voir la reine aujourd'hui, n'est-ce pas ?

»

Marianne ne nia ni n'affirma la question de Sarah. Au contraire, son expression s'était assombrie, ce qui donna à Sarah une idée plus que précise de ce qui se passait,

« La reine ne veut pas te voir ? »

« Je ne sais pas » C'est ce qu'elle répondit avec agilité.

Sarah regarda autour d'elle et ordonna respectueusement aux servantes de quitter la pièce au plus vite. Comme il ne restait plus que deux personnes, elle s'assit en face de Marianne et la regarda gravement dans les yeux.

« Vous devrez probablement revenir dans la soirée ou demain. »

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

« La reine est toujours sur son lit. »

« Est-elle malade ? »

Sarah haussa les épaules et déclara. « Le roi est passé hier soir... Elle est peut-être juste très épuisée. »

« Oh.... » Marianne eut un regard effrayé. Cela ne s'était jamais produit auparavant. En trois ans de mariage, chaque fois que le couple partageait un lit la première nuit de chaque mois, les paroles des servantes qui nettoyaient la chambre de la reine tombaient par hasard dans l'oreille de Marianne, disant que les draps étaient toujours propres et sans plis, comme si Kasser s'était seulement levé après s'être couché toute la nuit.

Cette réflexion fut suivie d'une prise de conscience. Elle était si impatiente de voir la reine qu'elle avait complètement oublié qu'hier était le premier jour du mois. Il n'était

donc pas surprenant que le couple royal ait dormi dans un seul lit, comme le veut la tradition du royaume.

Elle devait être nerveuse à l'idée de perdre la mémoire, sinon elle ne m'aurait pas convoqué.

Elle poussa un profond soupir, souhaitant que tout le monde laisse à la reine le temps de s'adapter. Et en signe de respect, elle refusa également de s'étendre sur sa surprise concernant la récente nuit du couple royal. Elle se contenta de constater que l'épuisement apparent de la reine annulait les soupçons selon lesquels Kasser n'avait pas encore touché son épouse par dégoût.

Il y avait encore de l'espoir pour les deux, et Marianne s'y accrochait fermement.

Elle était prête à en finir avec cette conversation lorsqu'elle remarqua l'expression bizarrement conflictuelle de Sarah.

« Tu as l'air abattue. Y a-t-il autre chose que tu veuilles dire ? »

Sarah poussa un profond soupir. « La reine... elle a saigné la nuit dernière, semble-t-il »

« Quoi ? »

L'expression des deux visages reflétait l'horreur. Ce ne pouvait pas être du sang de vierge ! Ils sont mariés depuis trois ans au plus !

Le roi avait-il blessé sa femme ? Ou était-elle malade ?

Marianne se leva d'un bond et, frénétique, se laissa tomber sur son siège, luttant pour retrouver son calme. Elle avait beau s'occuper du roi depuis longtemps, ni elle ni personne d'autre n'avait le droit de s'immiscer dans ses affaires secrètes et privées.

Cependant, il s'agissait d'une nouvelle alarmante.

« Pour l'amour du ciel ! »

Marianne afficha un air inquiet. Se tournant vers Sarah, elle lui demanda d'un ton aussi calme que possible. « Comment va la reine ? As-tu appelé le médecin ? »

« Elle s'est réveillée un peu tard dans la matinée, a pris un bain et un repas. Je sais seulement que les servantes qui ont arrangé la literie ont dit qu'il y avait des taches de sang sur ses draps, ce qui me laisse perplexe. La reine, de retour dans sa chambre, a dormi et ne s'est toujours pas levée à l'heure où nous parlons. »

« ... »

« Que dois-je faire ? » Marianne murmura après un long silence.

« Quand elle se lèvera, demande-lui... Demande à la reine si elle va bien et s'il y a un différend entre elle et le roi. Si elle ne dit rien, ne cherche pas à en savoir plus. »

« D'accord » Elle se sentait déterminée. « Si cela se reproduit, tu dois me le dire. Ce n'est qu'alors que je pourrai parler au roi. »

« Vous pouvez me faire confiance sur ce point » Sarah s'empressa d'acquiescer et jeta un regard autour du salon silencieux. « Vous reviendrez donc demain ? »

D'un hochement de tête, Marianne donna une réponse sévère. « Non, j'attends » Elle se dit qu'elle doit retrouver sa sérénité avant la fin de la journée.

« Mais la reine ne sortira peut-être pas avant longtemps »

« J'ai été appelée par la reine, et je ne dois pas partir de mon propre chef, pas avant qu'elle ne le dise. »

Voyant qu'elle ne pouvait plus changer d'avis, Sarah acquiesça et se leva pour vaquer à ses occupations.

« Si vous insistez »

Tome 1 – Chapitre 31 – Bien trop réel Alors que tout le monde pensait que la reine était dans sa chambre en train de s'assoupir, Eugène ne s'était en fait pas endormi au moment où elle s'était levée ce matin. Juste après avoir rompu son jeûne, elle s'était retirée dans la sécurité de sa chambre, s'était allongée sur son lit et se laissant aller à la paix et à la tranquillité.

Elle regardait fixement le bout de ses doigts alors qu'elle suspendait sa main dans les airs et se reposait en position allongée. Son corps était réduit en bouillie depuis la nuit dernière, elle ne pouvait que s'allonger et laisser ses muscles endoloris récupérer pour le moment.

Elle poussa un soupir et murmura. « Quelle vie dynamique ! »

Sa vie précédente était riche en événements, mais en la comparant à sa vie dans ce monde, elle paraissait fade. En fait, aucun film d'aventure ne serait plus excitant que les quelques jours qu'elle passait ici, au château.

Tout en se laissant entraîner par la marée des événements, l'idée de reprendre soudainement ses esprits et de se retrouver réveillée dans son corps d'origine ne la quittait pas. Pourtant, au fil des jours, elle continua à se réveiller dans cette chambre, les rayons du soleil frappant son visage alors qu'il se levait fièrement à l'horizon de ce monde appelé Mahar.

Surtout, tout ce qui s'est passé la nuit dernière l'avait choquée à bien des égards. Elle a souvent pensé que tout cela n'était que des illusions, ou peut-être un long rêve, mais Kasser lui a prouvé qu'elle avait tort.

La nuit dernière était trop réelle. Il était trop réel.

Le contact vif sur sa peau, la sensation de ses mains glissant avec la sueur sur son large dos, le son de sa respiration rauque contre son oreille, et la sensation intense de son corps se tordant de désir - tout cela ne pouvait pas être des rêves.

Les événements de la nuit dernière lui avaient également permis d'écarter l'hypothèse selon laquelle l'âme de Jin Anika se cachait quelque part dans son corps. Jin Anika semblait tenir à sa pureté, et elle les aurait interrompus si elle l'avait pu. Pas une seule fois elle n'a senti qu'elle prenait possession de son corps.

Elle se tortillait sur son lit, mécontente, et ses muscles tendus la gênaient. Elle gémissait à chaque mouvement. Jin Anika ne devait pas beaucoup aimer le sport, car elle n'était pas du tout en forme. En fait, tout son corps lui faisait mal, comme après l'ascension d'une montagne par Eugène.

En particulier, elle avait mal aux fesses. Alors que son corps proteste contre la douleur, elle pense à la personne qui mérite son ressentiment. Le visage d'Eugène prit un air contemplatif. Elle ne s'attendait pas à ce qu'un homme abstinent la débauche comme une bête.

« Ah ! il faut que je me lève une bonne fois pour toutes. »

Elle secoua la tête. Plus elle s'attardait sur cette pléthore de pensées, plus elle sentait sa tête palpiter. Rapidement, elle devait chasser les souvenirs de la nuit dernière et reporter son attention sur des choses plus importantes.

J'ai résolu une chose, c'est sûr. Maintenant que le corps d'Anika n'était plus pur, l'une des conditions pour accepter le pouvoir de Mara avait été brisée.

Je dois découvrir pourquoi Anika avait épousé le roi. Et j'ai encore beaucoup à apprendre pour m'adapter à ce monde.

Elle tira la corde près de son lit. Un peu plus tard, Zanne entra, la tête baissée. Eugène lui fait signe de s'approcher de son lit.

« Zanne. »

« Oui, Anika. »

« Avez-vous dit à l'ancienne générale que je voulais la voir ? »

« Oui. En fait, elle est déjà dans le salon »

« Depuis combien de temps attend-elle ? Comment se fait-il que personne ne me l'ait dit

? »

Sa voix, bien que douce, faisait trembler la servante de peur.

« C'est juste que personne ne voulait déranger ton sommeil » Zanne bégaya pitoyablement.

« Je ne t'en veux pas. » Eugène l'apaisa en lui adressant un sourire bienveillant. Puis elle choisit ses mots avec soin. « Veuillez l'inviter à entrer dans quelques minutes. Je dois me rendre plus présentable. »

« Oui, Anika » dit-elle, avant de sortir par la porte pour obéir aux ordres de la reine. Mais avant que sa silhouette ne disparaisse complètement, Eugène attira son attention et elle tourna rapidement les talons.

« Dans d'autres royaumes, on appelle une personne ayant une position comme la mienne 'reine'. N'est-ce pas ? »

« Je... Je ne sais pas ce qui se passe dans les autres royaumes, mais je pense que oui... »

« Je vois. A partir de maintenant, tu devras m'appeler reine et non plus Anika. »

Un air stupéfait sur son visage innocent, Zanne resta figée sur place. Elle resserra sa robe le long de son corps et sembla ne plus pouvoir respirer à cause de la tension.

« Ce n'est pas grave. Appelle-moi. »

« ...Oui ? »

« Allez, viens. »

Eugène lui adressa un sourire encourageant. Elle se dit qu'elle devrait essayer d'extraire l'image de l'infâme reine de la fosse la plus profonde.

« R-Reine » La voix mièvre de Zanne retentit. Puis, elle ferma les yeux, attendant les mots de réprimande de la reine, mais rien ne vint.

« Désormais, tout le monde s'adressera à moi de cette façon » dit-elle avec un hochement de tête satisfait.

« Oui, ma reine. » Sur ce, elle prit congé.

Jin Anika était obsédée par le titre d'Anika. Ce n'est que lorsque ce titre serait changé qu'Eugène aurait une place dans ce monde.

Peu importe le bien que je fais, personne ne pourra me parler franchement. Je suis... la reine.

Un étrange frisson parcourut tout son corps. Ayant tant de pouvoir entre les mains, elle devait l'exercer mais avec prudence.

Dans ce royaume, tant qu'elle ne commettait pas de crime passible de la peine de mort, elle n'avait pas à se préoccuper de sa survie.

Qui oserait toucher à la seule femme capable de donner naissance au successeur d'un roi ?

**************************

Eugène accueillit Marianne dans son cabinet. Comme c'était déjà leur deuxième rencontre, elle se sentait plus à l'aise avec sa présence.

« Entrez. »

« Merci, Anika. »

« Asseyez-vous » Elle la conduit à une chaise et s'assoit en face d'elle. « J'en ai parlé à quelqu'un d'autre. Je ne veux plus que tout le monde m'appelle Anika »

Marianne regarda Eugène avec étonnement. Comme si elle n'avait pas entendu Eugène pour la première fois, elle lui lanca un regard interrogateur.

« Tu n'as pas besoin de m'appeler Anika. Il suffit de m'appeler par mon titre »

« Je ne manquerai pas de le faire, Votre Grâce » Marianne sourit chaleureusement et demanda ce que Sarah lui avait dit de faire. « Comment allez-vous, Votre Majesté ? »

L'inquiétude se lit sur son visage, une inquiétude qui portait sur la santé de la reine et sur ses relations difficiles avec le roi. Mais Eugène, inconsciente de l'agitation que ses draps tachés de sang avaient provoquée, pensait que Marianne n'était préoccupée que par sa perte de mémoire.

« Je vais bien. »

Les paroles d'Eugène soulagèrent Marianne.

Sous l'apparence froide d'Eugène, le chaos intérieur la rendait malade jusqu'aux tripes.

Elle ne se sentait pas obligée de parler à une jeune femme de chambre, mais se confier à un adulte beaucoup plus âgé et à une personne bien équilibrée était une toute autre affaire.

« Marianne. »

« Oui, ma reine. »

« Vous étiez la nourrice du roi, l'ancienne commandante en chef et la personne qui occupe une place indispensable dans la vie du roi. »

« En effet, ma reine » Marianne acquiesça simplement et garda son calme. Ses réponses étaient directes, car elle n'avait pas l'intention de chercher à obtenir des faveurs sans retenue. C'était une personne qui n'était pas très douée pour baiser les pieds de son supérieur - un trait de caractère qu'Eugène admirait en ce moment même.

« C'est pour ces qualités que j'ai décidé de vous convoquer ici. Marianne, tu es la seule personne qui puisse m'aider » dit Eugène sans ambages.

« Ma reine... Avez-vous dit que vous aviez besoin d'aide ? » demanda-t-elle d'un air sceptique, avant d'ajouter : « Pour quoi faire ? »

Tome 1 – Chapitre 32 – Allez vous

m'aider?

« Ma situation. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de dire à tout le monde ce que je vis en ce moment »

Eugène fit part de son inquiétude à Marianne.

« Oui, je suis d'accord »

« Alors j'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à réapprendre tout ce que j'ai oublié.

Marianne, tu peux m'aider, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle, l'inquiétude se lisant dans ses yeux.

Mais Marianne sembla hésiter et commença à s'éloigner.

« Ma reine, je n'ai pas assez de connaissances... » Elle commença, mais Eugène lui prit les mains et les saisit à son tour...

« J'espère que vous ne refuserez pas. J'ai besoin de ton aide plus que de n'importe qui d'autre » supplia-t-elle

Sur ce, l'expression crispée de Marianne finit par s'atténuer et elle continua à observer Eugène en silence.

« Si c'est en mon pouvoir, je ferai de mon mieux. »

« Merci. »

« Non. C'est à moi de remercier Sa Grâce. Merci de m'avoir donné cette opportunité »

déclara Marianne en s'inclinant légèrement devant Eugène.

Eugène remarquait que Marianne faisait référence au passé inconfortable de Jin Anika et d'elle-même, mais elle faisait semblant de ne pas le savoir. Elle voulait simplement s'entendre avec Marianne et obtenir toute l'aide possible.

« Ma reine, je suis une femme qui a déjà quitté le château. J'ai besoin de votre permission pour reconstruire ma position » Marianne poursuivit.

« Je vois. Alors, dois-je parler au roi ? » lui demanda-t-elle.

Marianne secoua la tête.

« Je ne veux pas être un fardeau pour vous, ma reine », dit-elle. « Vous devez parler au roi, uniquement sur votre ordre, et à personne d'autre. Pas même à d'autres personnes comme moi »

Eugène serra les lèvres, réfléchissant un instant.

« Tu as raison, à bien y réfléchir, il vaudrait mieux que tu parles plutôt au roi » Elle lui répondit en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Marianne étudia Eugène, essayant de voir quel motif sous-jacent elle pouvait avoir, mais n'arriva qu'à une seule conclusion.

« Vous n'êtes pas à l'aise avec le roi ? »

« Ce n'est pas ça »

Eugène sourit maladroitement. Elle était encore confuse quand elle s'est réveillée le matin.

La nuit qu'ils avaient passée ensemble n'avait pas été désagréable, mais ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. Ses joues rougirent à la pensée de la nuit dernière. Elle ne savait pas comment faire face à cet homme à nouveau, c'est pourquoi elle voulait l'éviter pour le moment si possible.

« C'est un homme peu loquace, voilà pourquoi. Je pense qu'il serait préférable que vous lui parliez » Elle avait trouvé cette excuse en espérant que cela s'arrêterait là.

« Il est peut-être distant et insensible à l'extérieur, mais le roi a un cœur très chaleureux.

C'est juste qu'il n'arrive pas à exprimer ses sentiments » expliqua Marianne.

« Je peux en témoigner. Sa façon de parler est dure et son tempérament... »

Eugène se souvint du jour où le roi avait fait irruption dans sa chambre en lui criant dessus. Elle grimaça involontairement en se remémorant cette expérience désagréable.

« Oui, Votre Grâce. Son tempérament, je l'ai connu toute sa vie » dit doucement Marianne, le fantôme de leur passé résonnant dans ses yeux.

Elle avait l'air si sentimental, si nostalgique, qu'Eugène ne put s'empêcher de sourire volontairement. Elle était comme la mère d'un hérisson, dont l'enfant était couvert de pointes, et qui les brandissait à quiconque le menaçait. Mais même ainsi, elle seule pouvait voir au-delà de cet extérieur dur, la bonté inerte qui se trouvait dans le cœur du roi.

« Il s'est confié à moi » Marianne ajouta en regardant Eugène. « Il m'a dit que tu avais perdu la mémoire. »

« C'est.. » Elle voulut trouver une excuse, mais au lieu de cela, elle laissa échapper un soupir. « Je comprends que tu sois méfiant et que tu ne crois pas en moi » dit-elle.

Le regard de Marianne sur elle était inébranlable.

« C'est vrai, j'ai connu la reine avant, et elle n'avait aucun scrupule à mentir » dit Marianne, « mais pour l'instant, je ne pense pas que vous mentiez »

« Alors j'ai une question. »

« Je vais vous dire tout ce que je sais. »

« Sa Majesté et moi, comment notre relation est-elle perçue en tant que mari et femme ?

»

Eugène savait qu'ils n'étaient pas de vrais couples, mais il se demandait comment ils apparaissaient au public.

« En toute honnêteté, ma reine » dit Marianne, l'air un peu attristé, « ça n'a pas l'air bien.

Pas du tout. Mais lorsqu'ils assistaient à des événements officiels ou à des réunions du conseil, ils se comportaient très différemment »

« Oh, nous avons fait semblant d'être bons l'un envers l'autre, n'est-ce pas ? Pour sauver les apparences ? »

Marianne fit un bref signe de tête.

Il n'y avait donc pas beaucoup de gens qui savaient qu'ils ne s'entendaient pas. Jin n'était pas si stupide. Ce n'était pas une bonne chose de montrer ouvertement qu'on avait de mauvaises relations avec le roi.

« Et juste avant que je rencontre Marianne l'autre jour. Sa Majesté était furieuse. Mais il ne m'a pas dit pourquoi. Savez-vous quelque chose à ce sujet ? » Elle continua à demander.

« Le roi était furieux que la reine ait quitté le château sans dire un mot. Je suppose que c'est pour cela qu'il a perdu le contrôle de lui-même et qu'il a débarqué ici en furie. Il s'inquiétait seulement pour toi. »

Eugène pensa que Marianne disait toute la vérité. Aurait-il été inquiet pour Jin ? Ou était-il seulement inquiet qu'elle ne remplisse pas le contrat ?

Le roi en colère était venu se plaindre qu'il manquait quelque chose. Lorsqu'elle disait avoir perdu la mémoire, elle se souvint de l'expression de dégoût du roi. Il ne s'inquiétait pas du tout du bien-être de Jin Anika.

Marianne ne semblait pas savoir ce que le royaume avait perdu ce jour-là, ni les servantes que Jin Anika avait emmenées avec elle dans le désert.

Eugène grimaça intérieurement. C'était comme si tout le monde feignait de les ignorer.

Ils étaient restés silencieux depuis. Elle n'entendit aucun mot sur les servantes, comme si leur vie était insignifiante.

« Les servantes... Elles sont allées dans le désert avec moi et ont disparu... »

Eugène se sentait le cœur lourd en pensant à elles. Elle se sentait encore plus triste de ne pas pouvoir ressentir leur absence parce qu'elle ne les avait pas rencontrées.

« N'y a-t-il vraiment aucune chance qu'ils soient encore en vie ? »

Eugène connaissait la vraie réponse, et cela la troublait beaucoup. Pourtant, elle devait demander. Elle avait besoin de demander.

« Le roi a dit que ce sont des criminels qui n'échapperont pas à la mort, même s'ils reviennent vivants » ajouta-t-elle, le calme de sa voix laissant place à la peur de son cœur.

« C'est comme ça qu'il l'a dit ? Mot pour mot ? » demanda Marianne, l'air un peu déçue de la décision du roi. Elle n'approuvait donc pas cette décision.

« Alors, tu vas m'aider ? »

« Que puis-je faire pour la reine ? »

« Je ne me souviens pas, donc je ne connais pas leur situation personnelle. L'un d'eux aurait pu être marié, l'autre aurait pu être chef de famille »

Elle se mit à parler frénétiquement, s'inquiétant de la famille laissée par ses serviteurs dont elle ne se souvenait même pas. Dès le départ, la reine ne s'était pas intéressée à leurs affaires personnelles. Elle n'y aurait pas pensé, après avoir su comment elle était avant. Mais Marianne ne prenait pas la peine de souligner ce fait. Elle écouta sans mot dire les divagations d'Eugène.

« Je veux faire amende honorable s'ils ont des difficultés. Je ne connais pas la procédure, et je ne pense pas que le roi le permette. Est-ce une faveur difficile ? » demanda-t-elle.

Marianne ne put s'empêcher de sourire devant son sérieux.

« Votre Grâce, donnez l'ordre et je m'en occuperai »

« Merci » dit Eugène avec soulagement, et la tension de ses épaules se relâcha.

Marianne ne peut s'empêcher de ressentir une légère douleur dans la poitrine. C'était un miracle qui s'offrait à elle, car une personne ne peut pas changer complètement de comportement. La perte de mémoire était un excellent moyen de repartir à zéro.

On dit toujours que les mauvaises choses viennent avec les bonnes. Les deux faces d'une même pièce. Marianne ne pouvait qu'espérer que cette fois-ci, les choses commenceraient à changer et s'avéreraient bénéfiques pour le royaume.

Tome 1 – Chapitre 33 – Sur les remparts Maintenant que la période d'activité avait commencé, Kasser longeait les murs extérieurs depuis le début de la matinée jusqu'à l'après-midi, patrouillant dans le quartier. Parmi les périodes d'activité passées, celle d'aujourd'hui était inhabituelle.

Les soldats se rassemblaient autour des murs et s'affairaient à fabriquer des flèches huilées. Ils se concentraient sur ce qu'ils faisaient alors que le roi passait de temps en temps à côté d'eux.

Les Alouettes portaient sur tout leur corps une matière semblable à un bouclier, remplie d'une énergie spéciale que les armes ordinaires ne pouvaient pas percer. C'est pourquoi les soldats attaquaient à l'aide de flèches ou d'épées huilées spéciales.

Cependant, comme l'effet de l'arme huilée ne durait qu'une demi-journée, les soldats devaient constamment s'efforcer de renouveler les huiles.

Kasser s'arrêta de marcher et regarda le désert.

« La chaleur du soleil est différente cette fois, mon roi. » lui dit Lester, la générale qui assistait silencieusement le roi depuis l'arrière

« Oui, c'est vraiment différent d'hier » répondit Kasser

« Le vent est doux. Je trouve toujours absurde que le temps soit meilleur quand on est coincé contre un mur. »

« Je pense que le temps qui n'est pas rigoureux à un moment où nous ne pouvons pas nous détendre le plus aide à remonter le moral des soldats. »

Kasser sourit légèrement.

« C'est une autre façon de voir les choses, je suppose. »

Lester fut soulagé de voir que le roi n'avait pas l'air mal à l'aise. Elle l'assista et partit ensemble dans le désert. Elle revint il y a quelques jours et apprit tardivement la disparition de la reine.

Le bruit courut que le couple n'était pas bien assorti. Mais Lester pensait que seul le couple concerné était au courant. Elle s'efforça donc de ne pas s'intéresser aux affaires du couple royal.

Cela a dû bien se passer. J'en suis ravie. songea-t-elle.

Le roi était avare d'exprimer ses sentiments, mais Lester était devenue mère depuis longtemps, et elle pouvait donc comprendre ses sentiments jusqu'à un certain point.

Kasser posa une main sur sa poitrine. Il contempla le Praz qui se trouvait à l'intérieur.

Au début de la période d'activité, le Praz était toujours prêt à révéler sa présence. Mais cette fois-ci, il était étrangement silencieux.

Pourquoi était-il si calme ?

Depuis hier, les mouvements de Praz étaient étranges. Ce n'était pas inhabituel dans le mauvais sens du terme. Il était semblable à l'état dans lequel se trouve une bête rassasiée, qui restait allongée, se prélassant dans les suites de son plaisir. Mais il ne pouvait pas comprendre plus que cela.

Lorsqu'il avait injecté de l'énergie dans son corps hier, c'était dans le seul but d'aider la reine. C'était un acte préparé pour un certain sacrifice. Comme on pouvait s'y attendre, il aurait dû subir quelques blessures internes. Loin de frapper, Praz s'était avéré être en meilleure forme.

Le Praz du roi et la Ramita d'Anika étaient diamétralement opposés dans leurs caractéristiques de base. La destruction et la création, bien sûr, n'allaient pas de pair.

Leurs capacités, tout comme l'eau et l'huile, affectaient également leur affinité l'une pour l'autre. Le roi et Anika étaient donc rarement attirés l'un par l'autre d'un point de vue rationnel. C'était aussi l'une des raisons essentielles pour lesquelles il n'était pas facile pour le roi de produire son propre successeur.

Le royaume de Hashi était déjà plus difficile à cause des mauvaises conditions environnementales, mais la situation de ses rois, comparée à celle des autres rois, était encore plus grave. Les rois courtisaient Anika par tous les moyens afin d'obtenir un successeur.

C'est pourquoi Kasser avait accepté le contrat de la reine sans trop de résistance.

D'ailleurs, le mariage entre le roi et Anika était un contrat qui mettait en balance les avantages de chacun sur une très large échelle.

Il regarda le désert et perdit la tête.

Cette activité était étrange. Il avait toujours eu l'impression que quelque chose commençait à se déclencher dans une situation délicate. Mais en ce moment, il n'avait pas de pressentiment sinistre, ce qui rendait la chose encore plus étrange.

La nuit dernière...

Toute la nuit, il avait perdu la raison et était absorbé par sa convoitise. Son sang se glaçait. Il avait beau essayer, l'excitation qu'il ressentait ne pouvait être assouvie. Elle était à peine consciente, épuisée par leur passion nocturne.

Il se réveilla à l'aube et la trouva dans un profond sommeil. Il se demanda s'il devait la réveiller ou non. S'il n'avait pas eu besoin de vérifier depuis le début de l'activation, il serait remonté sur son corps et aurait repris là où ils s'étaient arrêtés.

Il ne s'attendait pas à être aussi absorbé par la reine. Il ne l'avait pas touchée depuis trois ans. Comment pouvait-il espérer survivre trois ans de plus maintenant ?

En ce moment même, il ne pouvait s'empêcher de penser à elle. Il ressentait une faim féroce à l'idée de goûter à ses lèvres pulpeuses, et il avait une soif insatiable de se prélasser en sa présence.

Tome 1 – Chapitre 34 – Interrogation Lorsque le ciel assombrit, Kasser retourna au château. Jamais il n'avait été aussi anxieux à l'idée de rentrer chez lui, sauf aujourd'hui. Toute la journée, il avait eu envie de partir, mais ses devoirs l'en avaient empêché.

Il était déjà tard, mais il appela une servante et lui demanda si la reine avait déjà pris son dîner. Sa réponse fut assez décevante.

« Sa Grâce a dîné tôt et se repose maintenant, Votre Majesté »

Au fond de lui, il avait espéré que sa femme attendrait son retour. À la recherche d'un rapport plus étoffé, il convoqua la générale Sarah.

« La reine va-t-elle bien ? Elle a fait une longue sieste, mais elle est déjà couchée »

Sarah fut surprise par le fait que le roi savait que la reine s'était retirée dans sa chambre toute la journée. Néanmoins, sa réponse fut professionnelle, masquant habilement son étonnement.

« J'ai envoyé une servante dans la chambre de la reine pour lui demander si elle souhaitait voir un médecin, mais Sa Grâce a dit qu'elle allait très bien. Si elle est toujours clouée au lit demain, je convoquerai un médecin. »

« Je vois. »

Sur ce, la générale prit congé et le chambellan annonça que quelqu'un souhaitait une audience avec le roi.

Depuis le début de l'après-midi, le médecin attendait la convocation du roi. Kasser voulait en savoir plus sur la perte de mémoire. En sortant le matin, il chargea un page de remettre une lettre au médecin, exigeant qu'il lui rende visite dans la journée.

À l'heure actuelle, seules quelques personnes, dont le roi, étaient au courant de l'amnésie de la reine. Mais Anika n'avait pas encore consulté de médecin.

À son retour, la reine avait d'abord subi un examen de santé et on lui avait dit qu'il n'y avait rien d'anormal. Kasser n'avait pas l'intention d'augmenter le nombre de personnes au courant, sauf en cas de problèmes de santé de la reine.

La perte de mémoire était un terrain inconnu et une maladie grave. Si la nouvelle s'ébruitait, elle pourrait provoquer des remous parmi les sujets. La santé d'un monarque était la pierre angulaire du royaume. Une légère secousse et c'était l'effondrement assuré.

« L'un des guerriers qui m'accompagnait dans le désert a perdu la mémoire. Que savez-vous d'un tel état ? »

Kasser mélangea avec modération les bobards et les faits.

« Le patient a-t-il reçu un coup violent à la tête ? »

« Je ne peux pas le dire, mais il semble que oui. »

« La perte de mémoire est un état qui s'est souvent produit. Après un choc important à la tête, les symptômes peuvent persister pendant quelques heures ou quelques jours au minimum. »

« Qu'en est-il du fait de ne pas se souvenir de qui on est ? »

« C'est assez grave. C'est très rare. Je pense qu'une personne qui en est atteinte ne retrouvera pas la mémoire avant plusieurs jours, voire plusieurs années. »

« Vous voulez dire qu'il y a une chance que la personne retrouve la mémoire ? »

« Je ne peux pas vous donner de réponse précise, Votre Majesté. »

« Les souvenirs... »

Et si je ne veux pas que ses souvenirs reviennent ? Il avait failli le dire à voix haute.

Kasser reformula rapidement ses pensées.

« Comment les patients retrouvent-ils la mémoire ? »

« Il peut être utile d'administrer aux patients une thérapie de choc, qui peut agir comme un stimulus pour déclencher le souvenir. Par exemple, c'est une bonne idée de leur montrer un objet auquel ils étaient attachés ou de les laisser s'aventurer dans un endroit qu'ils fréquentaient le plus souvent »

Kasser était perdu dans ses pensées. Après quelques minutes supplémentaires de

'consultation', le médecin quitta le château.

Attachement... Place...

La première chose qui lui vint à l'esprit fut la maison du trésor. La reine l'avait tellement aimée qu'elle n'avait cessé d'y entrer et d'en sortir au cours des trois dernières années.

C'est cet 'amour' qui l'avait propulsée au rang de principale suspecte lors du vol du trésor national. On ne savait pas si elle avait caché le trésor national dans un endroit isolé ou si elle l'avait emmené dans le désert et l'avait perdu.

Poussant un lourd soupir, Kasser se leva de son bureau et s'approcha. Il s'arrêta près de la porte menant au balcon et resta là, debout, à contempler l'obscurité.

En cette nuit noire, une lune rouge ornait le ciel. Pendant la saison sèche, la lune jaunâtre, blanche et brune, devenait rouge lorsqu'elle entrait dans sa phase active.

Tout au long de la dernière saison sèche, il avait souffert d'un sentiment d'insécurité inconnu. C'est pourquoi il avait ordonné que la porte de pierre soit abaissée dix jours plus tôt que d'habitude. Avec ses guerriers, il avait passé un mois dans le désert.

Pendant tout ce temps, il était anxieux. Il avait le sentiment que quelque chose d'important allait se produire dans le désert. Cependant, ses craintes se sont avérées infondées, car rien d'extraordinaire ne s'était produit au cours de sa reconnaissance. Au contraire, un incident assez particulier s'était déroulé dans son château.

La disparition, le retour et la perte de mémoire de la reine, le vol du trésor national, tout cela n'était pas anodin.

Sa disparition était naturellement masquée par son retour. Peu importe où se trouvait le trésor national volé. Il préférait renoncer au trésor national plutôt que de la voir retrouver ses souvenirs. Si c'était le cas, il la perdrait à nouveau.

D'un côté, Kasser était désolé pour la reine qui avait perdu la mémoire, mais une partie de lui espérait qu'elle resterait telle qu'elle était en ce moment. Il ne voulait pas qu'elle redevienne ce qu'elle était auparavant.

Son ancien visage, où était-il maintenant ?

Mais, en vérité, il ne devait pas se préoccuper de ces choses-là. Ce qu'il attendait de ce contrat, c'était un héritier, pas elle.

Face à un mystère non résolu, il semblait avoir des questions sans réponse.

La nuit dernière était encore très présente dans son esprit, car il ne s'agissait pas seulement d'un plaisir charnel intense. Les mots qu'il avait échangés avec elle flottaient dans sa tête tout au long de la journée.

« Sois doux, sinon ! »

Les mots qu'elle avait prononcés lui revinrent à l'esprit et son visage placide se fendit d'un sourire. Elle parlait avec un accent et un ton qu'il n'avait jamais entendu nulle part.

C'était une expérience étrange. Il n'avait jamais eu une conversation aussi décontractée avec quelqu'un de son âge.

« Votre Majesté. »

Le chambellan le sortit de ses pensées.

« Quelqu'un demande une audience avec Sa Majesté. »

« Faites-le entrer »

Bientôt, Marianne entra.

« Salutations, Votre Majesté. »

Tome 1 – Chapitre 35 – Le bureau de la reine

Ce qui accueillit Marianne, ce fut le dos du roi, debout devant la porte du balcon. Elle lui jeta un regard fugace et s'approcha lentement. Avant d'entrer, elle avait eu l'intention de le harceler pour qu'il adoucisse son approche envers la reine, mais Marianne se sentit faible lorsque le monarque parut quelque peu déconcerté de dos.

Kasser tourna la tête.

« Vous avez rendu visite à la reine. »

« Oui, Votre Majesté, je vous demande la permission. Pour l'instant, j'aimerais servir Sa Grâce. »

« Et qui en a eu l'idée ? »

« La reine a dit qu'elle voulait mon aide. »

« Qu'est-ce qu'elle veut que tu fasses ? Tu n'as pas à lui obéir si tu ne le veux pas » dit-il d'un ton dédaigneux.

« Ce n'est pas comme ça. Vu l'état de la reine, quelqu'un devrait être à ses côtés pour la guider »

Kasser laissa échapper un léger rire.

« Tu veux t'entendre avec elle cette fois-ci, n'est-ce pas ? »

Marianne sourit maladroitement.

« Si vous me le permettez, je serai la nounou de la reine pendant mon séjour au palais. »

Marianne ajouta ensuite. « Je rapporterai au roi ce que j'ai vu et entendu pendant que je suis au service de Sa Grâce. D'ailleurs, je ne dois pas lui manquer de respect en refusant son ordre »

Il lui faisait confiance plus qu'à n'importe qui d'autre, aussi sa réponse fut-elle sans le moindre mécontentement.

« Faites ce que vous voulez. »

Marianne sourit et s'inclina. « Merci, Votre Majesté »

« Mais rappelez-vous... ils disent que c'est peut-être un état temporaire »

Instantanément, l'expression de Marianne s'était attristée.

« ... Oui, mais je m'en inquiéterai le moment venu. Je ne pense pas qu'elle ait changé parce qu'elle a perdu la mémoire. Et puis, quel que soit son état, elle est toujours la reine

»

Kasser n'était pas d'accord avec Marianne sur le fait que l'essence était la même personne. Même s'ils vivaient dans des conditions modestes, ils étaient mariés depuis trois ans. Marianne, qui avait quitté la ville dès qu'il s'était marié, ignorait beaucoup de choses.

« Alors, cela veut-il dire que tu vas rester au château ? »

« Il semble que oui, Votre Majesté »

Kasser acquiesça. « Quand allez-vous commencer ? »

« J'attendrai l'appel de Sa Grâce... »

« Ne parlez pas du trésor national... »

Lorsqu'il avait appris la disparition du trésor, il avait, sous le coup de la colère, accusé férocement la reine. Et quand Eugène lui demanda ce qu'elle était accusée d'avoir volé, il refusa de le lui dire.

« Pardon ? »

« Ne parlez pas du trésor national disparu à la reine, à moins qu'elle ne le demande.

J'émettrai un ordre de bâillonnement massif s'il le faut »

Marianne faillit demander pourquoi, mais retint sa curiosité et se tut. La volonté du souverain était résolue, ce que le roi avait déjà décidé devait suivre.

« Il en sera ainsi, Votre Majesté. »

*************************

Le lendemain matin, Marianne était assise devant Eugène. Après mûre réflexion, cette dernière avait décidé d'apprendre les tenants et les aboutissants du métier de reine.

Pour apprendre les détails quotidiens et les responsabilités royales d'Anika, elle avait besoin d'une approche pas à pas. Elle commença donc par se plonger dans la routine de la reine, c'est-à-dire dans son mode de vie avant qu'elle ne perde la mémoire.

Eugène avait du mal à garder son sérieux. Non pas parce qu'il y avait beaucoup à faire, mais parce que Jin Anika ne faisait rien !

« Hum... l'étude... donc tu te cantonnais à ton étude sauf le temps de manger et de dormir. »

« Y a-t-il d'autres choses.... »

« Non, s'il y a autre chose, je vous ferai une place une fois par trimestre »

« Thé avec les femmes nobles, participation à un banquet officiel environ deux fois par an, à part cela, il y a quelques autres petits événements où vous faites honneur à l'occasion - environ cinq fois par an si l'on met tout bout à bout »

Eugène était trop abasourdi pour parler.

Les méchants ne sont-ils pas toujours diligents ? Comment avait-elle pu se montrer aussi timide ? Pas étonnant que je sois si désœuvré. Les domestiques ne voulaient pas me laisser me reposer. C'est juste qu'Anika ne faisait rien du tout !

Si vous aviez participé à des fêtes jour et nuit, vous pouviez au moins prétendre avoir fait une centaine de concessions et travaillé dur sur les activités sociales. Or, Jin Anika rencontrait rarement des gens.

« La reine n'est pas censée faire quoi que ce soit ? »

À court de mots, Marianne ne put que sourire vaguement. Je ne crois pas.

« J'ai passé la majeure partie de ma journée dans mon bureau, vous ne savez pas vraiment ce que j'y faisais ? »

« Personne d'autre que vous ne peut entrer dans le bureau de la reine »

« Ai-je lu toute la journée ? .... »

Comme un reclus, Eugène imaginait Jin Anika en train de lire des livres dans son bureau.

C'était loin de l'image qu'elle avait vaguement dépeinte.

Marianne prit sa tasse de thé et la porta à sa bouche, dissimulant un sourire furtif. Elle avait l'impression de parler à quelqu'un qui n'était jamais venu ici.

« Votre passe-temps était de collectionner de vieux livres. Les bagages que vous avez apportés au royaume étaient remplis de livres »

« Collectionner de vieux livres... Je dois d'abord voir l'étude »

« Oui, ma reine »

Marianne appela alors Zanne et lui demanda de conduire Eugène à la bibliothèque.

Ce bureau était assez éloigné de la chambre à coucher. Accompagnée d'une servante, elle monta et descendit plusieurs fois les escaliers, traversa des couloirs sinueux et n'arriva qu'ensuite. Eugène se demanda si le bureau était un endroit important pour Jin Anika, ou si ce n'était qu'un bureau.

En effet, jusqu'à ce que Marianne en parle, le bureau d'Anika ne lui avait jamais traversé l'esprit. En effet, le chemin menant au bureau n'était pas familier. Au détour d'un couloir, deux gardes apparurent. Ils se tenaient devant une haute porte intimidante, l'air très autoritaire.

Zanne, qui guidait Eugène, s'arrêta et inclina la tête. « La porte au bout du couloir est le bureau, ma reine. »

Le changement d'appellation ne passa pas inaperçu pour Eugène. Cette fois-ci, tout le monde terminait ses mots par 'Reine', peut-être pour vérifier s'ils subiraient un bouleversement s'ils ne s'adressaient pas à elle de cette façon.

« Pourquoi y a-t-il des gardes ici ? »

« Vous avez gardé beaucoup de livres anciens à l'intérieur, et avez ordonné qu'ils soient gardés en permanence. »

« Je risque de prendre beaucoup de temps. Vous pouvez partir. »

« Oui, ma reine. »

Debout devant le bureau fermé, Eugène respira profondément. Lorsque Marianne lui avait parlé du bureau de la reine, elle avait eu l'impression qu'il pouvait s'agir de la base secrète de Jin Anika. Mais elle n'en était pas certaine. Néanmoins, l'accès à son bureau était trop facile pour qu'il s'agisse d'un endroit où elle pratiquait ses dangereux tours de passe-passe. Personne d'autre n'était autorisé à entrer, mais il était impossible pour quelqu'un, même pour Anika, d'ignorer la personne qui possédait le pouvoir le plus élevé, à savoir le roi. Kasser pouvait certainement y entrer autant de fois qu'il le souhaitait.

Tournant lentement la poignée et poussant la lourde porte, Eugène écarquilla les yeux en regardant autour d'elle. La pièce était plus vaste qu'elle ne l'avait imaginé. La première chose qui la frappa fut l'odeur caractéristique des livres qui flottait dans l'air.

La pièce elle-même comportait de hauts plafonds et des étagères encastrées remplies de livres. Une solide échelle en bois trônait au milieu pour permettre d'atteindre les étagères supérieures. Il s'agissait d'un bureau ancien, du genre de ceux que l'on ne voit que sur les photos, un paradis pour ceux qui aiment les livres.

Tome 1 – Chapitre 36 – Les inquiétudes d'un roi

« A-t-elle vraiment aimé les livres à ce point ? » Marmonnant pour elle-même, Eugène regarda autour d'elle tandis qu'elle s'enfonçait dans le bureau.

L'intérieur était une structure hexagonale avec un canapé et une table au centre. Elle longea les étagères qui bordaient les murs, sans prêter attention aux titres. L'endroit semblait très prosaïque, le repaire d'un bibliophile typique, jusqu'à ce que quelque chose attira son attention.

L'un des murs de l'étagère présentait une légère dépression. En y regardant de plus près, il s'avéra qu'il s'agissait d'un enfoncement - une fente, comme une porte.

Un espace secret ?

Le cœur d'Eugène batait la chamade. Elle fouina pour voir s'il y avait un levier ou un mécanisme pour ouvrir la porte, mais elle ne trouva rien.

Ne reculant devant rien, elle osa pousser plus loin l'entrée ainsi découverte. Elle pensait qu'elle était verrouillée, mais comme une porte tournante, elle avait pu la pousser avec un bruit de raclement.

Au-delà de la porte tournante se trouvait une petite pièce dont les murs étaient également remplis de livres.

Ses yeux tombèrent bientôt sur un livre qui sortait du lot. Elle s'en approcha et tendit la main pour l'extraire, attirant au passage des grains de poussière. À sa grande surprise, le livre était trop lourd et ne bougeait pas jusqu'à ce qu'elle le tire des deux mains. Dès qu'elle l'eut sorti de l'étagère, son corps tituba vers le bas.

Pourquoi est-il si lourd ?

Livre en main, elle quitta la petite pièce et se dirigea vers la table près du canapé où elle avait posé le livre au poids inexplicable. S'asseyant, elle jeta un coup d'œil attentif à la couverture.

La couverture était faite de cuir sur lequel reposait une pierre précieuse. L'intérieur était trop exquis pour être un simple papier.

Est-ce du parchemin ?

L'utilisation du papier était courante à Mahar. Mais ici, les livres étaient plutôt petits et légers car la technique d'impression était plus avancée. Le livre qu'Eugène regardait maintenant devait donc être très ancien.

Elle se souvint de ce que Marianne avait dit plus tôt. Le hobby de la reine était de collectionner les vieux livres.

Un tel livre devait coûter très cher.

On comprenait maintenant pourquoi elle les gardait dans une petite pièce séparée. Sa curiosité insatisfaite, elle revint sur ses pas jusqu'à la petite pièce et parcourut du regard les milliers de livres entassés dans ce minuscule espace.

Il s'agissait de vieux livres colorés, ornés de bijoux et écrits en or. Une couche de poussière s'était accumulée sur eux, comme s'ils n'avaient pas été touchés depuis un certain temps.

Alors que les yeux avides d'Eugène s'émerveillaient devant les étagères de vieux livres, ils apercevaient quelque chose. C'était la tête brillante d'une vache avec deux cornes, dessinée au dos d'un livre.

Elle déglutit difficilement et sortit le livre de la petite pièce. En tournant la couverture, l'image de la première page apparut, et Eugène inspira profondément.

Le bœuf à deux cornes se tenait sur ses deux pieds comme un humain qui la regardait fixement ; il tenait dans une main un éclair et dans l'autre un long fouet rouge.

Mara...

De retour dans la petite pièce, Eugène prenait quelques livres traitant de 'Mara' parmi les vieux livres, avant de les ramener sur la table. Elle s'assit et les feuilleta.

Etait-ce un livre dangereux ?

La petite pièce était un peu négligée pour servir d'endroit secret. Quiconque entrait dans le bureau pouvait trouver ces livres.

Ses sourcils se froncèrent.

Ces vieux livres coûteux qui se trouvaient dans la petite pièce pouvaient être un appât.

En regardant les dizaines de milliers de livres qui remplissaient le mur, Eugène eut une révélation.

Anika aurait-elle pu cacher son livre le plus important sous la forme d'un livre ordinaire

?

***************************************

« Votre Majesté, la reine est dans son bureau »

Kasser quitta des yeux les papiers qu'il était en train de lire et lèva la tête.

« Son bureau ? »

« Oui, Votre Majesté. »

Il fit un léger signe de la main. Le serviteur s'inclina et s'éloigna. Il regarda à nouveau les papiers, mais les lettres n'étaient plus déchiffrables.

Plus tôt dans la matinée, Marianne était entrée au palais dans une simple calèche. Après avoir salué Kasser pour la forme, elle s'était rendue directement chez la reine.

Toute la matinée, il n'avait pas pu se concentrer pleinement, alors qu'il se débattait avec une pile de documents. Son esprit ne cessait de penser à autre chose... il se demandait ce que ces deux-là étaient en train de faire. Aussi, pour se rassurer, il avait fini par envoyer un serviteur espionner.

Son étude... Comment ai-je pu l'oublier ?

Il soupira. Le cambriolage du trésor avait grandement détourné son attention du bureau d'Anika. S'il y avait un endroit auquel la reine était profondément attachée, c'était bien son bureau.

Non. Il secoua la tête. J'aurais dû penser à son bureau dès le départ.

À l'exception des repas et du sommeil, la reine passait la majeure partie de la journée dans son cabinet de travail. Il était impossible de décrire son quotidien sans mentionner cet endroit.

La reine travaillait dur pour rassembler de vieux livres. Même s'il s'en moquait, il n'avait découvert le hobby de la reine que lors de son inspection semestrielle des comptes.

Les dépenses de la reine étaient énormes, à la surprise de Kasser, qui était au courant de cette unité vertigineuse. Mais il avait toujours refusé de s'impliquer ou d'intervenir dans cette affaire.

Avec un solide historique de dépenses et les larges finances du royaume, il pouvait se permettre de la gâter à ce point. Le prix de ses efforts serait inestimable après tout - son successeur...

Un coup d'œil dans le bureau pourrait lui rappeler des souvenirs...

Il éclata d'un rire amer. Il était amusant qu'il ait cru à l'affirmation unilatérale de la reine qu'elle avait perdu la mémoire, comme si elle était innocente. Or, elle pouvait peut-être mentir ou faire semblant de ne pas savoir alors qu'elle avait déjà retrouvé une partie de ses souvenirs. Et même si la perte de mémoire était réelle, elle pourrait s'en remettre dans quelques jours ou quelques mois.

Il voulait la croire, mais ne cessait de douter d'elle. C'est parce qu'il n'y a pas le moindre lien entre les deux qui pourrait favoriser la confiance.

Il n'y avait rien entre eux, juste les parties impliquées dans le contrat. Vraiment rien.

« Et d'ailleurs, quel que soit son état, elle reste la reine »

Marianne avait prononcé ces mots sans mauvaise intention. Mais Kasser l'avait interprété comme 'les gens ne changent pas'. La reine actuelle pouvait donc, malgré son changement brutal, rester vicieuse en secret et ne se servait de sa perte de mémoire que pour dissimuler ses vils projets.

Sans qu'il le sache, les paroles de Marianne avaient mis Kasser en alerte.

Mais après avoir couché avec la reine, il avait des sentiments mitigés. Coucher avec elle était « indésirable, mais il fallait le faire » mais pourquoi cherchait-il à le faire ? Il était enivré par le charme de la reine, et il ne savait pas non plus quand il se dégriserait.

Il ne s'attendait pas à ce que la première nuit de leurs trois années de mariage le rende si agité. Il avait l'impression d'être tombé amoureux de cette femme.

Boum !

Un bruit sourd et lointain le tira de ses pensées.

Tome 1 – Chapitre 37 – L'attaque

Dès qu'il entendit l'explosion, Kasser lèva la tête d'un air crispé. Il se leva d'un bond, ouvrit précipitamment la fenêtre et sortit sur le balcon. Il regarda vers le ciel et vit une fumée jaune s'élever au loin.

Alouette !

La fumée jaune était le signal qu'un monstre sournois avait été aperçu près des murs du royaume.

Il poussa un long sifflement, regarda le sol, semblant attendre quelque chose. Comme rien ne venait, il ajouta une énergie spéciale à son sifflement. Les gens ne pouvaient pas l'entendre, mais la bête sensible sentait l'appel de son maître.

Peu de temps après, on aperçut de loin un étalon noir qui galopait jusqu'ici.

Abu, le destrier du roi, ne portait ni rênes ni selle sur son dos majestueux. Il n'était pas du genre à tolérer ce qui l'empêchait de bouger, à moins que ce ne soit son maître qui le lui mette sur le dos.

« Votre Majesté ! »

Le chambellan se précipita. Il était accompagné d'un guerrier portant une épée.

L'homme s'agenouilla alors devant son roi et lui tendit l'épée des deux mains.

Lorsque le roi chassait l'Alouette, il injectait son Praz dans cette arme. Les armes ordinaires explosaient ou fondaient instantanément sous l'effet du tourbillon d'énergie.

Seules les armes de ceux qui possédaient le sang royal dans les veines peuvaient y résister.

En entrant dans la période active, le royaume avait été placé sous une sécurité d'urgence constante. Son épée, qui était conservée au fond des maisons du trésor pendant la saison sèche, était toujours en attente jusqu'à ce que le roi en ait besoin pendant les périodes d'activité.

Dès que le guerrier lui tendit l'épée, Kasser, saisissant d'une main la balustrade du balcon, sauta sans hésiter par l'extrémité la plus éloignée.

Aucun des spectateurs n'était surpris.

L'énergie bleue entourant son corps se déplaça, et son Praz, en forme de serpent géant, s'enroula autour du corps du roi. Il ralentit la chute de Kasser et absorba le choc dès que ses pieds touchèrent le sol.

« Abu ! »

Le cheval noir qui courait vers le roi devenait de plus en plus grand. Deux petites cornes apparurent près de ses deux oreilles, s'étirant largement ; la crinière fut coupée, les pattes s'épaissirent et le fer à cheval dur se fendit, prenant la forme de griffes féroces. La seule chose qui ne changeait pas était les yeux cramoisis de la bête.

Kasser grimpa sur le dos d'Abu, qui était maintenant un énorme léopard aux cornes noires. Il s'agrippa à son col et s'arc-bouta vers l'avant tandis qu'Abu faisait un bond de géant.

D'un seul bond, la bête avait déjà franchi la moitié du périmètre du château. En un instant, il avait franchi les murs, ce qui était impossible sous sa forme originale, et avait atterri dans la rue.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les gens qui se déplaçaient dans les rues étaient relativement calmes. La fusée jaune présentait un faible niveau de risque. La plupart des feux de signalisation qui ont éclaté pendant la période d'activité étaient jaunes.

Lorsqu'une bête géante était passée devant eux, les gens avaient reculé, non pas de peur, mais d'admiration. Ils fixèrent la majestueuse créature devant eux et ne virent aucune monstruosité. Cette bête aidait le roi à protéger le royaume, après tout.

'Le roi est en route, il y aura bientôt une alarme bleue. »

« Oh, ce n'est qu'un monstre, si le roi s'en va, cette chose connaîtra sa fin. »

Malgré les bavardages curieux et l'atmosphère animée, la rue semblait paisible comme d'habitude.

Le roi atteignit bientôt le mur. Personne n'accueillit Kasser avec beaucoup d'agitation à son arrivée. Dès l'instant où le signal a retenti, c'était l'état de guerre. Tous se tenaient fermement les bras et gardaient leurs positions respectives.

Abu, qui avait donné un coup de pied au sol et s'était hissé très haut, a de nouveau sauté par-dessus le mur. Il lui suffisait de quelques bonds pour escalader le haut mur.

Kasser regarda autour de lui et comprit rapidement la situation. Les soldats s »étaient rassemblés au plus près de l'endroit où il se trouvait, et Lester, la générale, avait lancé un cri pour donner le signal.

Inclinant la tête, Kasser regarda le mur extérieur qui fait face au désert. Un énorme serpent rampait le long du mur. Son corps était aussi épais que celui d'un humain.

Les soldats versaient de l'huile sur leurs flèches. Ils levèrent leurs flèches en l'air et se préparèrent à tirer tandis que l'Alouette s'élevait encore plus haut.

Kasser fronça les sourcils.

Les alouettes qui avaient la forme d'un serpent étaient rusées. Si le bouclier qui entourait son corps était brisé, elle crachera immédiatement du poison. Il fallait donc agir rapidement. Les serpents pourraient escalader le haut mur et la barrière primaire serait alors inutile.

Lester, qui avait repéré Kasser, cria en pointant du doigt le mur arrière éloigné. Au milieu du chaos, Kasser n'entendit pas clairement les voix de ses hommes, mais il comprit, à travers leurs actions alarmées, ce que cela signifiait.

Ils sont deux ?

Il arrivait que deux ou trois attaquent en même temps, même s'il ne s'agissait pas de créatures se déplaçant en troupeau. Kasser détermina que la situation ici n'était pas urgente, et laissant Lester s'en charger, il se hâta de sprinter le long du mur.

Les soldats s'étaient rassemblés sur le mur opposé au premier point d'attaque. Le serpent, presque levé, passa la tête par-dessus le mur et brandit sa langue. Il était deux fois moins gros que celui qu'il avait vu plus tôt.

Selon la loi de la nature, les petites créatures sont faibles et les grandes créatures sont fortes, et les Alouettes ne faisait pas exception. Plus elle était grosse, plus elle était forte et plus elle était dangereuse. Non seulement cela, mais une alouette plus grande était aussi plus agressive.

Les flèches rebondirent avant d'atteindre le corps du serpent. Les yeux de Kasser virent le bouclier qui entourait le corps de l’Alouette. C'était comme une fine couche de verre.

Chaque fois que l'Alouette était touchée par une flèche huilée, il y avait une fine fissure.

Mais il était encore loin d'être brisé.

Kasser sauta d'Abu et dégaina son épée. Une lueur bleutée entourait son corps.

« Abu. Attends ! »

La bête manifesta son refus en grognant de manière capricieuse à l'adresse de Kasser.

Mais comme un chien de compagnie obéissant, le léopard noir se coucha sur place. Ses griffes qui tapaient alternativement le sol indiquaient son mécontentement.

Tome 1 – Chapitre 38 – Le combat du roi

« Tout le monde recule ! »

Les soldats s'inclinèrent à l'unisson, obéissant à l'ordre exprès de leur souverain. Kasser était prêt avec son arc et visait sa cible. En une fraction de seconde, la flèche s'élança et frappa le torse de l'Alouette. D'un seul coup, le bouclier qui l'entourait se brisa, produisant un fracas écœurant.

En représailles, la bête, sentant la crise, devint agressive. Ouvrant grand la gueule, elle manœuvra sa queue en direction de la source de sa perte, Kasser.

L'énergie bleue tourbillonna dans les yeux de Kasser. Alors qu'il fixait l'Alouette, ses pupilles s'étirèrent, comme celles d'un félin, lui donnant un air inhumain. Avec le coup qui arrivait, le Praz dans son corps révéla sa présence. De l'énergie bleue sortit de la chair du roi et un Praz majestueux, sous sa forme serpentine, se matérialisa.

Transformé, le Praz dévora la tête de l'alouette. Le spectacle était grotesque. Un liquide poisseux mélangé à des morceaux de chair éclaboussait tout le monde.

Agile sur ses pieds, Kasser trancha la tête du serpent avec son épée infusée de Praz. Cela arrêterait la régénération du serpent. On ne pouvait pas tuer ces monstres en se contentant de les décapiter et de les poignarder au cœur. Au contraire, l'attaque du roi ne ferait que le paralyser un instant.

Pour tuer une alouette, il fallait trouver son talon d'Achille ; son noyau.

Cependant, le noyau étant trop petit, les chances de le détruire étaient minces.

Heureusement, Kasser avait su repérer le noyau, comme seul un roi peut le faire. Il leva son épée, juste au-dessus du point qui brillait faiblement au centre du torse du serpent, et le frappa avec détermination.

Le serpent se tortilla et devint mou. Poussant son dernier soupir, il se désintégra en une fine poussière qui s'éparpilla dans le vent... Ses restes - la tête et les fluides corporels qui s'étalaient sur le corps de Kasser - se transformèrent également en poudre.

Il disparut tout simplement sans laisser de traces. Une fin vaine.

Même après avoir vaincu l'Alouette, Kasser n'avait pas eu le temps de respirer. Sur une autre partie du mur, une escouade de soldats faisait de son mieux pour repousser une autre Alouette. C'est précisément dans des moments comme celui-ci qu'il souhaitait pouvoir se dupliquer en plusieurs exemplaires et s'attaquer à plusieurs sujets prioritaires simultanément. Sans perdre un instant, il monta sur le dos d'Abu et s'élança immédiatement vers l'autre mur.

***********************************

Eugène sortit du bureau, stupéfait. L'explosion avait été si forte qu'elle avait traversé les murs épais du bureau. Mais la vue des gardes ancrés dans leur poste, affichant une façade sereine, la calma. Ce n'était pas si grave que cela.

Alors qu'elle prenait le virage pour sortir du couloir menant à l'étude, ce qui l'accueillit fut Zanne, qui se tenait nonchalamment à un coin de couloir. On aurait dit qu'elle avait attendu, bien qu'on lui ait dit de partir plus tôt.

Sentant la présence de la reine, Zanne se redressa et inclina la tête.

« Vous êtes restée là à m'attendre ? »

« Oui, ma reine. »

Eugène fronça les sourcils. Les mots qu'elle voulait dire, je t'ai dit que je t'appellerai si nécessaire. Tu n'as pas à te tourmenter en attendant ici, mourut dans sa gorge... de peur que la pauvre Zanne n'interprétait ses paroles différemment.

Peu importe que Zanne l'avait mal interprétée ou qu'elle avait peur d'offenser la reine en la laissant sans surveillance, Eugène comprenait la situation difficile dans laquelle se trouvaient ses subordonnés. Jin Anika régnait d'une main de fer, la discipline était ancrée dans leurs os, ce qui expliquait leur méfiance à l'égard d'Eugène.

« J'ai jeté un coup d'œil à l'étude. Allons-y »

« Très bien, ma reine » Zanne suivit docilement Eugène.

En marchant vers sa chambre, Eugène ne put s'empêcher de remarquer que les couloirs étaient dépourvus de la main-d'œuvre habituelle. En fait, il n'y avait personne d'autre qu'eux deux dans le couloir.

« J'ai entendu une explosion. Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle à voix basse.

« C'est le signal qu'une Alouette est apparue. »

À la mention de cette hideuse créature, le calme d'Eugène se détraqua, son cœur s'emballa. La différence décisive entre le monde d'Eugène et celui de Mahar était l'existence de cette même Alouette. Ces monstres étaient un ennemi redoutable pour l'humanité vivant à Mahar.

À la question de savoir si le but ultime de la race humaine était l'extermination absolue des Alouettes, rares étaient ceux qui répondaient 'oui'.

Lorsque la période d'activité était terminée et que l'Alouette était hors de vue, la 'graine'

qu'elle laissait derrière elle était récoltée et utilisée par les humains pendant la saison sèche. Les graines sont devenues des ressources essentielles qui enrichissent la vie humaine. La saison sèche était le temps des humains, et la période active celui des Alouettes. Ainsi, Mahar était un monde où humains et monstres coexistaient.

« Tu vas bien ? »

« Oui, ma reine. Un feu jaune est apparu, il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure. Les Alouettes n'ont pas encore franchi le mur »

Il devait y avoir un système de signalisation basé sur l'évaluation du risque.

Eugène se dit qu'elle devrait demander plus de détails à Marianne. S'il y avait quelqu'un à qui elle pouvait se confier, c'était bien Marianne, la femme qui avait élevé le roi sans rien attendre en retour.

De plus, il n'était pas convenable pour une reine de se fier à ses subordonnés. Si elle se montrait vulnérable et dans le besoin devant un serviteur, ce dernier risquait de défier son autorité et d'abuser de sa gentillesse.

C'était ce que les gens lui faisaient dans son autre monde.

Eugène afficha un sourire crispé. Elle se sentait amère au fond d'elle-même, car elle voyait de la méchanceté chez presque tout le monde même chez la timide souris Zanne.

C'était parce qu'elle avait reçu plus de malveillance que de bonne volonté dans son monde d'origine. Avant de passer à Mahar, la vie d'Eugène était l'incarnation de la survie du plus fort dans la jungle.

Ici, elle était tombée dans un monde étrange et n'avait eu que peu de temps pour se remettre du choc. La forte envie de survivre ne l'a jamais quittée, même après cette transmigration imprévue.

Tome 1 – Chapitre 39 – Un secret

dissimulé

De retour dans sa chambre, Eugène fit venir Marianne. Lorsqu'elle apprit qu'on lui avait demandé de venir à cause de l'explosion, Marianne s'interrogea anxieusement.

« Ma reine ! Cela vous a-t-il surprise ? »

« Non, ce n'est pas grave. Au contraire, tout le monde semble être calme. »

« Oui, vous n'avez pas à vous inquiéter. Maintenant que Sa Majesté est passée, une fusée bleue va bientôt apparaître. Le premier signal est une alerte, et une fois le danger écarté, ils tireront une fusée bleue. »

« Sa Majesté dirige-t-elle toujours les troupes ? »

« Oui, ma reine. Jour et nuit, il veille à la sécurité du royaume. Dès qu'il s'avance, la stabilité s'installe avec un minimum de dégâts. »

Les mots de Marianne exprimaient son respect pour le roi, non pas en tant que nounou, mais en tant que sujet.

Eugène acquiesça. Tous les rois ne prenaient pas la tête de la chasse aux Alouettes.

Prenez le roi Ferred. Dans le roman, ce roi des ténèbres était contrarié par la chasse aux alouettes. Le roi Yeowang aimait faire étalage de sa force, aussi ne chassait-il que des Alouettes fortes pour sa propre satisfaction. Ce n'étaient pas des tyrans, mais ce n'étaient pas non plus des saints.

Kasser devait donc être un bon roi.

Dans le roman d'Eugène, le roi n'était pas martial, car le royaume de Hashi n'était mentionné que par des noms géographiques et l'accent était mis sur la ville sainte. Dans le roman, il était un guerrier puissant plutôt qu'un roi martial.

« Vous distinguez les signaux des fusées éclairantes en fonction de leur couleur ? »

« Oui, ma reine. »

Marianne expliqua alors le système des fusées. Le jaune servait à repérer les alouettes à l'extérieur des murs, le vert lorsqu'elles étaient complètement au-dessus des murs, et le rouge lorsqu'elles étaient vues dans la ville.

La fusée jaune explosait plusieurs fois par jour lorsqu'il y avait beaucoup d'alouettes en liberté, ce qui était généralement le cas tous les quatre jours. Il était arrivé qu'il n'y ait aucun signal vert pendant la période d'activité, en moyenne trois ou quatre fois.

Une fusée rouge signifiait qu'il y avait des victimes humaines. Les murs étaient gardés par des soldats lourdement armés qui pouvaient rapidement faire face à la bête, la probabilité que l'Alouette apparaisse dans les rues d'êtres sans défense était faible.

« Combien de fois le feu rouge apparaît-il pendant la période d'activité ? »

« Au moins deux fois. »

« Ah... »

Eugène était gênée car le nombre était plus important que ce qu'elle avait imaginé. Les paroles de Marianne signifiaient qu'il y avait toujours des victimes pendant chaque période d'activité.

« Avez-vous déjà eu un signal rouge récemment ? »

« Non, ma reine. »

Regardant attentivement le visage d'Eugène, comme si elle ne voulait pas manquer la moindre réaction de l'autre, Marianne demanda : « Avez-vous regardé autour de votre bureau ? Vous souvenez-vous de quelque chose ? »

« C'était étrange, comme si je n'y étais jamais allé auparavant. Mais .... »

« Quel était le problème ? »

« Eh bien... j'ai trouvé un livre étrange. Mara... avec une image étrange... »

« Oh... » Marianne sourit, pas le moins du monde perturbée. « Certains vieux livres contiennent ce genre de choses. »

« Est-ce que c'est normal d'avoir un livre comme ça ? »

« C'est tabou, mais les livres ne sont que des livres. J'ai entendu dire que les livres sur Mara sont particulièrement populaires auprès des collectionneurs en raison de leurs nombreuses illustrations colorées » expliqua Marianne.

Oh, je vois. Eugène avait trouvé un indice dans les paroles de Marianne.

Jin Anika, tu avais bien utilisé ton cerveau. En collectionnant ces livres, personne ne te soupçonnerait si tu incluais un livre sur Mara.

Eugène en était certain. Le bureau était une ruse incontestable. Il doit y avoir un autel secret quelque part. Jin Anika n'était pas simplement en train de chercher des connaissances sur Mara par curiosité académique. Elle devait avoir trouvé quelque part un moyen d'atteindre le pouvoir interdit et allait être l'incarnation de Mara dans le futur.

Bien sûr, je ne laisserai pas cela se produire !

Eugène freina son impatience. Si elle se mettait à la recherche d'un autel, il y avait des chances qu'elle en trouva un. Ce faisant, les souvenirs de Jin pourraient lentement remonter à la surface de son esprit. Jin Anika ne pouvait pas l'avoir caché négligemment. Eugène se sentait déterminée. Elle ne doit rien laisser au hasard.

« Tu as dit que j'avais apporté beaucoup de livres quand je suis venu au royaume, n'est-ce pas ? »

« C'était le cas, ma reine »

« Je veux trouver un moyen de faire la distinction entre les livres que j'ai apportés et ceux que j'ai recueillis par la suite. »

« Je suis sûre que la reine s'en est occupée séparément, mais vous ne pouvez pas vous en souvenir maintenant. Si c'est le cas, voulez-vous vérifier vos dépenses ? Vous n'aurez pas à entrer dans les détails, mais vous pourrez calculer le coût d'achat du livre chaque mois »

« C'est une bonne idée »

Peu après, Eugène put recevoir le budget et les détails des dépenses allouées à la reine cette année.

« Je vous ai apporté les données de cette année que vous pouvez consulter rapidement.

Les spécifications plus détaillées des dernières années ont besoin de temps pour être triées »

Une demi-année s'étant écoulée, les données apportées par Marianne représentaient environ la moitié d'une année.

L'argent était l'unité standard. Quel soulagement !

Eugène connaissait à peu près la valeur de l'or, l'unité monétaire la plus importante, même si elle ne connaissait pas le prix des produits de première nécessité.

« Je vous remercie. Je vais y jeter un coup d'œil moi-même »

« Très bien, ma reine »

Une fois que tout le monde s'était retiré, Eugène parcourt méticuleusement les papiers.

Son visage se raidit et ses lèvres tressaillirent légèrement. La main sur le document lui-même cèda.

C'est de la folie ! Deux livres et ce prix ? Un vieux livre valait presque une maison !

Jin Anika ne fréquentait que rarement les gens et ne dépensait donc pas beaucoup d'argent en vêtements et bijoux de luxe. Ce n'est pas qu'elle n'utilisait pas ses ressources, mais dépenser des centaines de millions par mois pour des livres était tout

simplement insupportable. Un tel gaspillage d'argent ! De plus, tout cet argent provenait du trésor royal destiné au royaume.

Quelle saloperie ! Vous avez acheté des livres avec l'argent que le roi vous a donné, vous avez appris les tours de Mara avec les connaissances que vous avez acquises grâce à eux, et vous avez gagné en force en sacrifiant le peuple du royaume !

Les autres royaumes alloueraient-ils autant d'argent à leur reine ? Cette somme énorme pourrait nourrir des centaines de personnes pendant des années.

Parce que le royaume était prospère ? Etait-ce pour cela que Jin Anika avait épousé le roi ?

Boum !

Eugène leva la tête, surprise. Elle se leva d'un bond et courut jusqu'à la fenêtre. En regardant dehors, elle vit de la fumée bleue se répandre dans le ciel.

« C'est fini... »

A propos des gens qui vivaient dans un monde où des monstres apparaissaient tous les jours, Eugène pouvait enfin comprendre comment ils restaient calmes. C'est parce qu'il y avait un roi qui les protégeait à tout prix et à tout moment.

Eugène se sentit soulagé et laissa échapper un petit rire.

Tome 1 – Chapitre 40 – Le prix à payer

« Hourra ! !! »

« Vive le roi ! »

« Vive le roi ! »

Les chants étaient assourdissants. L'air était à la ferveur, les cœurs étaient de zélés Hormis quelques pertes inévitables, le royaume n'avait pas beaucoup souffert.

L'ambiance est survoltée, les soldats célèbrèrent avec fierté leur victoire sur les Alouettes. Leurs chants étaient un hommage, un prolongement de leur conviction que leur victoire avait été rendue possible par la présence éminente de leur roi.

Le regard de Kasser passa rapidement sur les soldats qui le saluaient. Son indifférence calme ne reflétait pas l'orgueil ou la joie d'être le héros qui a mené le royaume à la victoire. Depuis qu'il était monté sur le trône, c'était sa première bataille. Il n'osait pas se reposer sur ses lauriers, car il ne savait pas combien d'Alouettes l'attendaient dans les deux mois à venir. Pour lui, cette journée n'était donc que la première étape, les premiers jours de ces deux mois. Aujourd'hui, il était plus attentif que joyeux.

Cela dit, il n'était pas du genre à se laisser abattre en faisant part de ses pensées à ses hommes. Il était certain qu'ils en étaient conscients et qu'ils ne vivaient que l'instant présent, reléguant les pensées du danger imminent à l'arrière-plan, l'exaltant en tant que chef. Et peut-être, ce faisant, se préparaient-ils même à l'avenir.

Il les laissa donc vivre, laissa ses hommes se réjouir de ce triomphe, car dans deux mois, certains seraient gravement blessés tandis que d'autres seraient à jamais perdus de vue.

Un sacrifice est un sacrifice.

Son souhait était de ne perdre aucun de ses hommes ; en vérité, ce n'était qu'un vœu pieux. C'est entre ce souhait et la vérité que se situraient les deux mois à venir.

Il se tourna pour faire face à la vaste étendue de la mer Morte, se retourna encore pour regarder le royaume du côté intérieur du mur... ses rues... ses bâtiments... ses maisons.

C'était son royaume. Son peuple.

Le trésor qu'il avait dû protéger toute sa vie se trouvait ici.

Les Alouettes qui rôdaient dans le désert étaient des monstres trop dangereux pour être maîtrisés par l'homme. Il était rare que des alouettes serpentines de la taille d'un homme se glissent dans d'autres royaumes. Mais à Hashi, on les trouvait couramment.

Sans lui, sans le roi, les habitants du royaume de Hashi mourraient en combattant ces monstres. Et avant même de s'en rendre compte, le royaume aurait péri. Il n'est pas difficile d'imaginer à quel point le royaume serait malheureux sans son roi. Il était pourtant terrifiant de survivre sans roi.

Il fallait un héritier. Un héritier qui protégera le royaume à tout prix quand je ne serai plus là.

Alors qu'il réfléchissait, supposait et parvenait à cette conclusion sur la situation de son royaume, ses pensées dérivèrent lentement vers son père, l'ancien roi. Aujourd'hui, il pouvait enfin comprendre son désespoir de donner naissance à un prince héritier, même si cela signifiait épouser cette femme.

Je ne suis pas différent.

Il se moqua de lui-même. L'ancienne reine n'était pas une bonne personne, ni une reine irremplaçable, ni même une bonne mère pour ses enfants. Et ce n'était pas pour ces raisons que son père l'avait épousée. Ce n'était pas non plus l'amour. La seule raison, la seule force motrice, était la subsistance. Ce n'était pas différent à l'époque, ce n'était pas différent aujourd'hui.

Je perds mon temps.

Il avait l'impression de s'empêtrer dans des choses insignifiantes, de perdre de vue sa priorité. Qu'importait que la reine ait réellement perdu la mémoire ou qu'elle fasse semblant de la perdre ? Tant qu'elle pouvait donner naissance à un héritier, peu importait ce qui se passait dans sa tête.

Le prix à payer pour perdre sa patience de trois ans et le trésor national était une fortune. Il n'avait pas le temps de s'asseoir et de s'émouvoir. Un héritier n'était pas un privilège, mais une condition préalable.

Le scepticisme qui l'avait assailli toute la journée le quitta enfin, et seule la détermination le remplaça.

*********************************

« Votre Grâce. »

« Entrez. »

En entrant, Marianne étudia attentivement le visage d'Eugène avant d'ouvrir la bouche.

« Sa Majesté a envoyé un message. »

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Sa Majesté prévoit une visite ici ce soir. »

« Oh... »

Eugène n'a pas pu terminer ses mots. Ce que cela signifiait était évident. Il n'allait pas s'allonger à côté d'elle dans son lit comme la dernière fois.

Dernière fois....

Oui, à propos de la dernière fois... Elle, en effet, était un peu blessée.

Il y a deux jours, après leur première nuit, il n'avait pas montré le moindre signe de lui, pas même une seule fois. C'était comme si, en sortant de sa chambre, il avait tout oublié d'elle et de son existence, sans parler de ce qu'ils venaient de vivre. C'était comme si elle n'avait jamais existé... dans son monde.

Oh, comme c'était humiliant et agaçant quand un homme vous abandonne ainsi !

Mais maintenant, cela n'avait plus d'importance. En recevant le message de Marianne, elle s'était souvenue des problèmes liés à la période active.

C'était une période tragique qui impliquait le destin de la vie ou de la mort. Une Alouette pouvait tuer le roi, sans parler de sa famille, et il n'avait aucun moyen de savoir quand.

Une fois qu'elle eut réfléchi à l'inquiétude que le roi devait éprouver pour la sécurité du royaume, elle put enfin le comprendre. Les épaules d'un monarque portaient le poids de tout son peuple, et un bon souverain était responsable devant son peuple.

Voyant qu'Eugène s'était tu, Marianne sembla discerner quelque chose.

« Êtes-vous réticente, Votre Majesté ? »

Eugène hocha lentement la tête. Certes, elle avait pitié de cet homme, mais cela ne signifiait pas qu'elle se sentait à l'aise pour le rencontrer.

Les deux avaient mis de côté leur relation distante et avait passé une nuit obscène ensemble. Leur nuit de passion intense avait fait oublier le vide qui existait entre eux.

C'était ce vide qui avait mis Eugène dans l'embarras.

« Bien sûr, Votre Grâce. »

« Marianne ? »

Eugène appela Marianne qui s'apprête à partir. « Est-ce que c'est bien... de le refuser ? »

Marianne sourit. « Votre Grâce, l'intimité ne doit jamais être imposée à une autre personne, même dans le cadre d'un mariage. Il est impératif que les deux parties soient d'accord. Si vous êtes réticente, alors, bien sûr, vous pouvez refuser. »

Eugène était d'accord avec Marianne. Mais la classe sociale qui existait dans ce royaume imposait le contraire. Et puis, il était le roi.

Mais Marianne n'était-elle pas sa nounou ?

Depuis le début, Eugène avait l'impression que Marianne était une femme très conservatrice et orthodoxe. Ayant passé des années sous le toit impérial, elle serait très

à cheval sur l'étiquette - sociale et morale, et surtout celle qui concernait le lit conjugal où il était tabou pour une femme de refuser un homme.

Il sembla qu'elle se soit trompée.

« Puis-je oser demander si Sa Majesté a fait quelque chose de mal ? » demanda Marianne avec curiosité.

« Non, c'est juste mon problème. »

Elle acquiesça, comprenant la situation d'Eugène. « Alors, je dois laisser la reine en paix

» En quittant la chambre, Marianne poussa un soupir.

Sa Majesté a dû faire quelque chose de mal. Sinon, pourquoi la reine qui avait perdu la mémoire refuserait-elle de le rencontrer ? Si Sa Majesté n'avait pas fait quelque chose, il avait certainement dit quelque chose de mal !

C'était ce que Marianne considérait comme le seul défaut du roi. Il préférait parler directement, quitte à laisser l'auditeur dans l'embarras. Il n'était donc pas étonnant qu'il n'ait jamais pris la peine d'y remédier.

Une chose à laquelle Marianne avait particulièrement veillé en élevant ce roi, c'était de lui inculquer la compassion. Elle avait particulièrement veillé à ce qu'il ne grandisse pas avec de profonds préjugés à l'égard des femmes, à cause de sa mère. Quoi qu'il soit arrivé à sa mère, cela ne signifiait pas que toutes les femmes étaient comme elle. Pour elle, déraciner les souvenirs désagréables de son enfance, ses expériences avec cette mère 'bonne à rien', était indispensable à son bien-être. Marianne s'était efforcée de lui inculquer une vision neutre des femmes. C'était pour qu'il ne soit pas privé de certaines affections qui donnent un sens à la vie.

Ses actions et son comportement étaient toujours apparus comme superficiels, dépourvus d'humanité. Interagir avec les gens, s'exprimer, et tous ces 'aspects émotionnels', il ne les avait pas appris. Elle ne lui avait pas enseigné et il n'avait pas non plus appris par lui-même. À vrai dire, ce n'était pas son fort. Si l'on demandait à Marianne quelle était la chose qu'elle regrettait le plus, sans sourciller, ce serait justement ce manque de sociabilité qu'elle n'avait pas réussi à inculquer au roi.

Tome 1 – Chapitre 41 – Le déjeuner

Le lendemain matin, Marianne transmit à nouveau le message du roi à Eugène.

« Sa Majesté aimerait déjeuner avec Votre Grâce. »

« Déjeuner ? »

« Oui, Votre Majesté. »

Bien qu'elle ait dit cela sans problème en apparence, intérieurement, Marianne était nerveuse à l'idée d'entendre la réponse d'Eugène, car si elle refusait un repas, cela signifiait qu'elle refusait le roi. Mais quand Eugène répondit par un 'oui', elle poussa enfin un soupir de soulagement.

Alors qu'elle laissait ses servantes l'aider à s'habiller pour le déjeuner, Eugène raconta sa dernière invitation à un repas avec le roi, et combien elle était nerveuse. C'était il y a seulement quelques jours, mais ce qu'elle ressentait maintenant était complètement différent. Elle n'était ni nerveuse ni mal à l'aise.

Une pensée soudaine lui traversa l'esprit.

Je m'adapte trop vite à ce monde. Est-ce normal ?

Même en considérant qu'il s'agissait d'un monde qu'elle avait elle-même créé, où elle était quelqu'un d'autre, elle pouvait facilement accepter cette situation étrange.

Le corps obscur de Jin Anika s'adaptait à Eugene comme s'il était le sien. Elle avait été surprise lorsqu'elle s'était vue pour la première fois dans le miroir, mais maintenant, elle était plutôt calme. C'était comme si c'était le sien depuis le début...

De plus, Eugène n'était pas du genre à s'adapter facilement à son environnement. C'était vraiment bizarre.

Peu après, Zanne entra.

« Votre Grâce, Lord Chambellan, est ici pour vous escorter »

« D'accord. Je suis prête »

*************************

Le déjeuner se déroula dans le salon, comme la dernière fois.

Lorsqu'Eugène arriva, Kasser l'attendait déjà. Lorsqu'il la vit entrer, il se leva de son siège. Ses yeux ne la quittèrent pas, tandis qu'elle continuait d'entrer dans la pièce. Il notait chacun de ses pas, de ses mouvements et de ses gestes. Si on lui demandait pourquoi il faisait cela, il ne pourrait pas répondre. Mais il reprit rapidement ses esprits, et lorsqu'elle se tint devant lui, il s'était calmé.

« Merci d'avoir accepté mon invitation »

Fixant ses yeux sur son visage, elle répondit. « Merci pour votre invitation »

« Vous allez bien ? »

« Oui, je vais bien » Après un moment, elle ajouta. « Et vous ? Avez-vous été bien, Votre Majesté ? »

« Oui, je vais bien »

Le couple s’échangeait un salut plutôt courtois. Kasser n'avait pas garni ses mots, ce qui a laissé Eugène lui renvoyer sa salutation simplement.

S'agit-il d'un acte de sollicitude, ou est-il simplement lui-même ? Ses sollicitations étaient difficiles à déceler tant il semblait modeste.

En fait, en parcourant la liste des livres anciens à travers les dépenses de la Reine, Eugène s'était rendu compte de quelque chose...

Lorsque Kasser avait mentionné le contrat à Eugène pour la première fois, tout ce qu'il avait dit, c'était : « Exécutez le contrat que nous avons convenu d'achever dans trois ans

» En fait, il s'était abstenu d'expliquer le contenu du contrat, de manière assez grossière.

Un homme flatteur, peut-être une plaie, mais facile à lire. En revanche, il était difficile de prédire ce qui se passerai avec le Roi du Désert, qui gardait les choses pour lui.

Les serviteurs entrèrent pour servir la nourriture, qui était différente du délicieux festin servi quelques jours auparavant. Tandis que leurs maîtres se concentraient sur leurs plats sans échanger un mot, les serviteurs échangeaient des regards tendus les uns avec les autres.

Lorsqu'ils eurent fini de manger, Kasser demanda aux serviteurs de se retirer. Eugène jeta un coup d'œil à la dernière servante qui refermait la porte derrière elle.

« Eugène. »

Eugène sursauta et se tourna vers le roi. Soudain, elle fut bombardée de souvenirs de cette nuit-là.

Cette nuit-là.... elle l'avait supplié d'appeler son nom...

En y repensant, elle s'étonna de son audace.

Comment avait-elle pu exiger cela d'un roi ? À quoi pensait-elle ? Attendez. Pensait-elle seulement ?!

Elle eut une soudaine envie de se gratter la tête... son comportement puéril la mortifiait.

Mais ce n'était pas désagréable. Elle avait aimé le son de son nom dans sa voix grave.

Dès que son regard rencontra le sien, Eugène baissa les yeux.

« ... Oui »

Restée seule dans la pièce avec lui, elle se sentait trop nerveuse pour le regarder directement. Elle se demandait comment un homme aux traits si fins et si beaux pouvait devenir si cruel. Les images de cette nuit-là ne cessaient de défiler dans son esprit.

Kasser la regarda et se décida enfin à rompre le silence.

« Vous ne semblez pas malade. Alors pourquoi avez-vous refusé de me rencontrer hier soir ? »

Eugène fut tellement surprise par ces mots directs qu'elle releva la tête et le regarda fixement. Il se racla la gorge pour continuer à parler.

« Est-ce que je ne t'ai pas satisfaite ? »

Eugène ne comprit pas tout de suite ce qu'il disait. Peu après, ses propres mots lui revinrent à l'esprit.

Sois gentil ou bien... je dirai à tout le monde que tu es terrible !

Eugène battit des paupières de panique.

Comment répondre à une remarque aussi directe ?

« Si c'est à cause de moi que vous ne voulez pas avoir de rapports sexuels, alors expliquez-moi plus en détail pour que je puisse comprendre »

« Ex... Expliquer ? »

« Je dois connaître le problème pour le résoudre. »

Eugène était incapable de comprendre ses propres sentiments, et encore moins de les expliquer à quelqu'un d'autre. Ce n'était pas qu'elle ne l'aimait pas. Elle était seulement un peu gênée.

Si l'on demandait ce qu'il y avait de plus qu’être gêné après avoir passé une nuit avec lui, Eugène ne pourrait pas répondre. Les sentiments d'une personne sont compliqués, on ne pouvait pas les expliquer avec un seul mot.

« Tu n'es pas le problème. C'est moi » dit-elle dépitée.

« Qu'est-ce que tu as ? »

« ... »

« Es-tu enceinte ? » dit soudain Kasser.

« Quoi ?! » Eugène réagit avec confusion. « Cette nuit-là, c'était ma première »

« Je sais. »

« Alors comment pourrais-je savoir que je suis déjà enceinte ? »

Son regard transperça ses yeux ahuris.

« Exactement ! Si tu n'as pas le talent spécial pour prédire si tu es enceinte, pourquoi refuses-tu d'avoir des rapports sexuels ? N'êtes-vous pas prête à respecter notre contrat

? »

Eugène le regarda d'un air absent et marmonne.

« Le contrat... »

Ah, maintenant je le vois clairement !

Cet homme ne voulait qu'un héritier pour son trône. Les rapports sexuels de cette nuit-là n'étaient qu'un acte pour lui permettre d'avoir un enfant.

Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

Son visage rougit de honte et d'humiliation. Elle se reprocha de penser autrement. Ce n'était pas comme si elle ne savait pas. C'est juste qu'elle refusait de l'admettre.

Elle devait admettre qu'elle avait déjà commencé à perturber le plan de Jin. Elle ne devait pas donner un autre sens à tout cela. Mais elle avait fait tout le contraire et était tombée sous son charme.

Eugène se calma et se força à sourire.

« Il n'y a pas de problème. J'avais juste beaucoup de choses en tête. J'ai perdu la mémoire, tu te souviens ? »

Ps de Ciriolla : On ne peut pas reprocher à Kasser de tourner autour du pot quand il pose des questions

Tome 1 – Chapitre 42 – La visite du roi Lorsque ses mots tombèrent, les yeux de Kasser s'abaissèrent, son regard se fit terne. La prise de conscience l'avait frappé comme une bassine d'eau glacée sur la tête. En effet, il était en train de s'affirmer et avait même oublié qu'elle était malade. La douleur et la souffrance liées à la perte de souvenirs étaient insondables. Par conséquent, le fait qu'il voulait désespérément voulu mettre un bébé dans son ventre était vraiment inconsidéré.

« Je m'excuse. J'ai été irréfléchi » Il s'exprima doucement, clairement en proie aux remords de son acte.

« Non. Même dans ma situation, je dois respecter ma part du contrat » La voix d'Eugène était réservée lorsqu'elle s'adressait au roi. Son regard se posait partout sauf sur le visage royal.

« Votre mémoire est-elle... la même qu'avant ? » Il ne pouvait se défaire de ce soupçon.

Avait-elle retrouvé la mémoire et ne faisait-elle que jouer la comédie ?

« Oui. »

Pas tout à fait satisfait, il ajouta. « Vous souvenez-vous de quelque chose ? »

Pendant toute la durée de leur conversation, son regard calculateur n'avait pas quitté son visage une seule fois. C'était comme s'il l'avait soumise à un examen minutieux, à la recherche d'indices pour la convaincre de bluffer. Il avait peur de manquer l'occasion en or s'il clignait des yeux.

Avec un léger hochement de tête, Eugène marmonna. « Rien. »

« Ne vous inquiétez pas. Je ne vous presserai plus » Il passa la main dans ses cheveux ébouriffés en disant cela avec dédain.

« Ce n'est pas grave. Sa Majesté peut venir ce soir si elle le souhaite »

Dès qu'elle prononça ces mots, leurs regards se croisèrent. Pour justifier ses actes, Kasser commença à s'expliquer, mais avant qu'il n'avait pu prononcer un mot, Eugène le devança. N'ayant plus de scrupules, elle éleva la voix.

« Nous ne savons pas quand ma mémoire reviendra. Sa Majesté ne pense-t-elle pas que nous devrions nous dépêcher ? Et si je retrouve la mémoire et que je change d'avis ? »

Comme une pierre, le roi se contenta de la fixer, ne sachant comment réagir à son soudain emportement. Voyant qu'il restait sans réaction, Eugène interpréta son silence comme une réponse.

Il devait être d'accord.

La pression devenant insupportable, Eugène se leva de son siège et se força à dire : «

Puis-je partir maintenant, Votre Majesté ? »

Le roi fit un bref signe de tête. En se retournant, le dos tourné au roi, la déprime s'empara instantanément du visage droit d'Eugène. Lors de leur première nuit ensemble, tout était nouveau et douloureux, mais elle pensait avoir établi un lien profond avec lui à l'époque.

Il s'avèrait qu'elle se trompait.

Elle se sentit soudain déstabilisée par les idées fausses et stupides qu'elle avait entretenues dans sa tête après cette nuit-là. Aujourd'hui, la réalité l'avait giflée en lui montrant que tout cela n'était que le fruit de ses rêves et rien d'autre.

Une silhouette délaissée déambulait dans les couloirs vides, seul le bruit des sandales frappant le sol en céramique résonnait dans l'air...

Dans ce moment de calme, elle commença à penser à ce destin qu'elle n'aurait jamais imaginé subir. Grâce au corps de Jin Anika, elle avait désormais une apparence exquise et un statut élevé. Mais ces avantages n'allaient pas sans malédiction. Elle devait assumer toutes les mauvaises choses de la vie de Jin. Après tout, le bien n'allait pas sans le mal.

Si elle devait deviner, il était fort probable que le roi abhorrait Jin Anika. Elle ne voulait pas jouer le rôle d'une reine, dépensant beaucoup d'argent pour son hobby et battant les servantes à mort. De toute évidence, elle n'était pas faite pour de telles atrocités. Ces quelques faits avaient peut-être donné au roi une raison suffisante de la détester.

Et peu importe la quantité de mémoire que je perdrai, je serai toujours Jin à ses yeux.

Il était plus difficile de réparer une relation brisée que d'en construire une nouvelle. La relation entre Jin Anika, qui avait trahi son mari, et le roi, qui avait tué sa femme de ses propres mains, était irrémédiable.

Elle ne savait pas si elle pourrait résoudre seule ce problème complexe.

Quelle relation ! J’étais heureuse qu'il ne me considérait toujours pas comme son ennemie.

Eugène n'était pas optimiste sur le fait que dans ce monde, elle goûterait à une fin heureuse. Il était possible que Jin ait commis une monstruosité irréversible qu'elle ne pouvait réparer elle-même, sans parler d'Eugène. Cependant, il n'y avait aucun moyen de vérifier cette conjecture.

Cela dit, il y avait un moyen de survivre dans ce royaume et d'éviter de rencontrer l'épée de Kasser : un héritier. Tant qu'elle lui donnerait l'enfant qu'il recherchait, elle pourrait respirer tranquillement... avec un peu de chance.

Oh, j'avais l'impression d'être une véritable ordure !

Elle sourit ironiquement en se disant que son enfant n'était qu'un moyen de parvenir à ses fins.

*******************************

Ce soir, la pièce était faiblement éclairée, ce qui ajoutait à l'anticipation de cette nuit calme et agitée.

Eugène était assise au milieu de son grand lit, attendant l'arrivée du roi. Elle ne savait pas exactement ce qu'elle ressentait en ce moment, mais elle était vraiment nerveuse.

Comme en témoignage, à chaque bruit provenant de la porte, elle ne pouvait s'empêcher de sursauter.

Elle était encore plus nerveuse que la première nuit où il lui avait rendu visite. Cette nuit-là... une journée remplie de pensées visant à retarder la consommation de leur mariage avait servi de précurseur. Cette nuit-là, au milieu des affres de la passion, il y avait de l'appréhension, de la méfiance et de la défiance.

Mais ce soir, c'était différent. Elle savait exactement ce qui allait se passer dans les heures à venir.

« Votre Grâce, Sa Majesté est arrivée »

Lorsque la porte s'ouvrit et que l'immense carrure du roi apparut, la tension dans son cœur atteignit son paroxysme. Lorsque son regard se posa sur elle, il fit sortir toutes les servantes de la pièce.

Il ne restait plus qu'eux deux et une nuit silencieuse.

Tandis qu'il marchait d'un pas assuré, sans jamais la quitter des yeux, le cœur d'Eugène battait la chamade. Il s'approcha enfin d'elle et s'assit sur le lit. Pendant un certain temps, il ne rompit pas le silence, se contentant de baisser les yeux et de regarder la forme anxieuse d'Eugène. Au moment où les choses atteignaient leur point culminant, en la regardant bien en face, il se fendit d'un sourire.

« Où est la femme qui m'a crié de venir ce soir ? »

Au son de sa voix, Eugène leva les yeux et se blottit contre le coin du lit.

« Je n'ai pas crié »

« Si tu ne veux pas, dis-le moi. Nous ne sommes pas obligés de faire quoi que ce soit ce soir »

« Je le veux... je le veux » Elle insista

Il n'y avait plus besoin de mots. Le silence reprit ses droits.

Telle une panthère s'approchant de sa proie, avec souplesse et détermination, la forme de Kasser franchit langoureusement la distance qui les séparait. Plus il s'approchait, plus le cœur d'Eugène battait vite...

Instantanément, les joues d'Eugène se teintèrent de rouge.

Pourquoi cet homme est-il si naturel ?

Tome 1 – Chapitre 43 – Seconde nuit Afin de croiser son regard avec le sien, il s'accroupit un peu plus bas. Lorsqu'il l'atteignit, il plaça ses mains à côté de ses cuisses, ne lui laissant aucune marge de manœuvre. Elle entendait son cœur battre la chamade, mais elle ne détourna pas son regard du sien.

Puis leurs nez se touchèrent.

Eugène ferma les yeux, tourna légèrement la tête sur le côté, esquivant l'homme devant elle.

Pourtant, avant qu'elle ne s'en rendit compte, elle sentit ses lèvres se mêler aux siennes.

Elle sursauta, et à ce moment opportun, sa langue se glissa indiscrètement.

Elle sentit qu'il enroulait lentement sa langue autour de la sienne. Ses sourcils se froncèrent, recevant ses attentions. Il suça légèrement puis rompit leur baiser. Son bras serpenta autour de ses épaules, tandis que l'autre trouva le creux de son dos.

Surprenant, il l'étreignit et la déposa habilement sur le lit, lui laissant le temps de respirer un peu.

Ce soir, Kasser semblait très prudent. Ses actions et ses gestes étaient mesurés et réfléchis. Même lorsqu'il s'allongeait sur elle, il répartissait son poids de façon à ne pas la blesser. Puis il chercha ses lèvres et y enfonça profondément sa langue.

Le roi fut satisfait de ce baiser. Il ne sentait plus la résistance de cette nuit. Il lui mordit les lèvres et frotta sa langue avec la sienne. Leur salive se mélangea tandis que leurs langues s'entremêlaient. Le gémissement errant qui s'échappa de sa gorge l'excita.

Sa main glissa de sa cheville à l'intérieur de son ventre, caressant ses jambes minces avec sa paume. Ses doigts tracèrent le long de sa peau en caressant la chair douce sous ses sous-vêtements.

Lorsqu'il détacha ses lèvres des siennes, elle écarquilla les yeux en voyant les doigts qui frottaient le bas de son corps. En regardant ses cils tremblants, une envie d'espièglerie le frappa. Il déposa un léger baiser sur ses lèvres.

« Est-ce que ça va ? »

« Qu'est-ce qui va bien ? » Eugène avait tordu sa jambe et sa taille, attrapant passivement sa main. Mais ensuite, sa main était restée attachée à sa chaleur.

« J'étais vraiment excité ce jour-là » dit-il d'une voix gutturale tout en la caressant.

Le visage rougi, Eugène le regarda fixement.

« Le lendemain, j'ai fait une sieste... je me suis endormi en début de soirée. J'ai eu du mal à me retenir. »

Ses yeux s »étaient détendus. Une légère pensée émergea dans les recoins de son esprit... Peut-être qu'il n'était pas indifférent à elle après tout ?!

Ses doigts s'enfoncèrent plus profondément dans ses sous-vêtements et Eugène fut ramenée à son bref moment de distraction. Elle réalisa que son corps était étonné par son contact.

Ses doigts pénétrèrent en elle, la caressant doucement à l'intérieur. Elle serra les lèvres et aspira avec force.

« Hng... »

Il captura ses lèvres une fois de plus et suça sa douce langue. C'était comme extraire le jus sucré d'un fruit. Et pourtant, aucun fruit n'avait jamais eu un goût aussi bon.

En se rendant dans les appartements de la reine, il s'était dit que c'était juste quelque chose qu'il devait faire pour obtenir un successeur. Ce soir, il ne se retiendrait pas comme la première nuit. Lorsqu'il se trouva devant la porte de la reine, il était résolu.

Pourtant, à ce moment-là, il sentit tout son raisonnement vaciller. La détermination se dissipa, la rationalité disparut depuis longtemps.

Il était perplexe face à son désir bouillonnant. Cette avarice le dévorait. Il ne voulait plus jamais cesser de l'embrasser.

Leurs lèvres se rencontrèrent de justesse. Il n'avait presque plus de patience. Même son haleine sentait bon.

Alors qu'il la caressait, le nectar glissant de son intérieur imbibait ses doigts. La texture collante était délicieuse. Il ne savait pas s'il se sentait ainsi à cause du toucher, du goût ou d'un mélange des deux.

« Ça fait mal ? »

« Non... je vais bien »

Il avait levé son doigt et l'avait enfoncé plus profondément. Son doigt glissa facilement -

elle était prête pour lui.

Les yeux d'Eugène tremblaient, le désir à peine réprimé brillait dans ses yeux.

« Oh... »

Par réflexe, Eugène passa ses bras autour de son cou. Noyée dans un violent baiser, de la salive coula sur son menton.

Il mordait et avalait sa langue, parfois il bougeait sa langue d'avant en arrière comme s'il la poussait. En même temps, ses doigts frottaient son gland et bougeaient dans le même sens. De faibles bruits humides résonnaient dans la pièce silencieuse.

« Ah ! »

Eugène poussa un cri silencieux. Soudain, il abandonna ses lèvres et s'empara de sa poitrine. Alors qu'il suçait avec passion, une sensation étrange apparut lorsque les lèvres chaudes et humides s'enroulèrent autour de son monticule. Il grignota ses pointes, léchant et léchant avec son langue.

Des gémissements étouffés et des respirations courtes s'échappaient de la bouche d'Eugène. De petits plaisirs se répandaient sur tout son corps. Ses doigts appuyaient sur la paroi vaginale et frottaient, provoquant une frénésie dans son bas-ventre.

Eugène ferma les yeux et profita du plaisir grandissant. Elle attendait avec impatience la suite et voulait profiter de cet état de vie plus flou.

Ses mains explorèrent tout son corps. Son toucher était doux, mais il devenait plus dur lorsque la tension était sur le point de se relâcher.

Ça fait du bien.

Tout de suite...

Il avait tout arrêté, même pas un baiser. Elle savait ce qui allait suivre.

Ses mains, comme pour la punir d'avoir pensé autrement, frottèrent rapidement son clitoris. Pendant un instant, elle n'avait plus aucune idée de ce qui se passe.

« Ugh ! »

Un orgasme bref et intense traversa ses régions inférieures. Eugène leva le menton et, en serrant les dents, laissa échapper un faible gémissement. Son dos se cambra et sa tête résonna. La sensation du liquide qui s'écoulait est très forte.

Le dos d'Eugène toucha à nouveau le lit. Elle était nerveuse quand son corps détendu sentait ses doigts. Ses baisers et ses caresses étaient excellents. Cependant, la douleur qu'elle avait ressentie lorsqu'il l'avait pénétrée était toujours présente dans son esprit.

Elle le regarda avec effroi lorsqu'il lui ouvrit les cuisses. Il sourit lorsque leurs yeux se rencontrèrent.

Elle cligna rapidement des yeux. Il lui vint à l'esprit qu'il pourrait demander : « Dois-je m'arrêter ? » Si c'était le cas, elle hocherait la tête.

Tome 1 – Chapitre 44 – La nuit sera longue

« Ça fait mal ? »

« Je ne sais pas... » dit Eugène en retenant son souffle.

La douleur était subtile, mais la sensation d'être pénétré était presque insupportable.

Peu à peu, Kasser la pénétra, attentif à ses expressions. Il voulait être aussi doux que possible - il se retenait de le faire. Les muscles de son dos se tendirent tandis qu'il avançait lentement, luttant contre l'envie de la pénétrer d'un seul coup.

Serrant les dents, il s'enfouit complètement en elle - pour la première fois, il alla jusqu'au bout. La dernière fois, elle avait eu tellement mal qu'il ne s'était pas inséré complètement.

La sensation de ses parois intérieures serrées qui l'enveloppaient était fantastique. Il n'avait pas encore atteint l’orgasme, mais tout son corps avait déjà des fourmillements.

Il était heureux de ne pas avoir connu ce plaisir jusqu'à présent. Qui sait, s'il y avait goûté plus jeune, il aurait peut-être tout jeté pour cela.

Il se retira doucement et s'y replongea lentement. Se sentant emporté, il laissa échapper un gémissement guttural.

Son dos, d'une teinte dorée, luisait de sueur et ses muscles ondulaient à chacun de ses mouvements. Il recula un peu et s'enfonça à nouveau, permettant à la jeune femme de s'habituer à ce rythme sensuel.

« Ah... Ah... »

Eugène était choquée à chaque fois qu'elle sentait une agitation à l'intérieur. Lorsqu'il se retirait, elle respirait un peu mieux, mais lorsqu'il s'enfonçait à nouveau, elle perdait toujours son souffle.

L'instant d'après, il se retirait presque entièrement, ce qui lui donnait soudain l'impression d'être vide. Mais à nouveau, elle hurlait à la sensation intense qu'il se précipitait à nouveau à l'intérieur, la martelant avidement.

Ses yeux clignotaient tandis que son rythme s'accélérait...

« Ah ! »

Il l'avait poussée, l'avait étirée, l'avait transpercée profondément. Ses parois palpitaient convulsivement, des spasmes inévitables qu'elle ne pouvait contrôler. Ses poussées rythmées et les sensations qui s'ensuivaient... Incapable de les supporter, Eugène poussa un cri.

« Ah ! Ahhh ! »

Tout son corps tremblait à chaque fois qu'il s'enfonçait. Le bout de ses doigts picotait, ses yeux s'engourdissaient. Elle n'avait pas résisté, elle lui avait succombé.

En regardant la femme en désarroi, les yeux de Kasser brûlaient de chaleur. Un jour... un jour, il voulait faire cela avec les lumières allumées. Il voulait voir sa peau claire devenir cramoisie. Il voulait observer chacune de ses expressions - douleur, plaisir, exaltation...

Il ne voulait rien manquer. Sa prise sur les hanches de la jeune femme se resserra tandis qu'une sensation rampante s'emparait de lui.

Juste un peu plus...

Les gémissements d'Eugène emplissaient la chambre.

Lorsque le plaisir l'envahit, les yeux d'Eugène s'ouvrirent. Elle ne pouvait plus respirer, son corps était en proie à une course effrénée. Elle rejeta la tête en arrière et sa taille s'arqua naturellement vers le haut, donnant l'impression qu'elle offrait ses fesses au roi.

Elle était ravie par le plaisir qui partait de la tête jusqu'aux orteils...

Ses gémissements faisaient bouillir son sang de désir. Sous l'effet de la vague de sensations irrésistibles qui la frappait d'un seul coup, elle ferma les yeux avec force. Des larmes coulèrent spontanément tandis que son corps tremblait de frissons. Ses murs se contractèrent pendant un long moment. Au fil du temps, les tremblements s'atténuèrent progressivement.

Puis son corps s'affaissa lentement, sa verge, qui était profondément enfoncée en elle, fut doucement retirée.

Eugène reprit son souffle, sa poitrine se soulevant et s'abaissant à plusieurs reprises.

Elle avait la tête embrouillée, tout son corps était épuisé.

Puis, elle sentit des lèvres douces toucher son front, ses yeux fermés, et enfin, ses lèvres.

Ses sourcils se froncèrent. En regardant les yeux de Kasser remplis d'une énergie vive, elle eut un sentiment...

... La nuit serait longue.

*********************************

Eugène ouvrit les yeux, accueillie par un assaut de lumière. Comme toujours, l'endroit à côté d'elle était froid, la chaleur était partie avec la personne. Le visage profondément enfoui dans l'oreiller, elle cligna lentement des yeux. Son corps s'enfonça lourdement.

Un, deux, trois...

Eugène comptait les jours dans sa tête.

Oh, mon Dieu ! Trois semaines...

Trois semaines exactement s'étaient écoulées depuis sa transmigration... Trois semaines depuis qu'elle s'était retrouvée allongée au milieu du désert. Les premiers jours furent d'une lenteur atroce, mais les jours suivants passèrent en un clin d'œil.

Sa routine quotidienne était monotone et ennuyeuse, et elle ne pouvait même pas se souvenir des choses qu'elle avait faites. Presque tous les jours, elle se réveillait vers midi, se lavait, mangeait, faisait une sieste et mangeait à nouveau. Puis, avant qu'elle ne s'en rende compte, le soir arrivait.

Aujourd'hui, elle était épuisée au plus haut point. Elle s'est assise à la bibliothèque, feuilletant sans réfléchir quelques livres. Elle n'avait toujours pas trouvé le repaire secret de Jin Anika. Elle avait beau feuilleter de nombreux livres, envisager de nombreux angles d'attaque, tout cela n'avait servi à rien.

Soupir. C'est à cause de lui !

Pendant près de deux semaines après leur deuxième nuit, il s'était rendu dans sa chambre tous les soirs sans exception.

Depuis le début de la période active, il n'y avait pas eu un seul jour sans une seule alarme jaune. À chaque fois, il se précipitait vers le mur.

Elle avait entendu dire qu'il combattait les monstres tous les jours, qu'il présidait les affaires de l'État et qu'il partait en patrouille une ou deux fois par jour. Et pourtant, la nuit, il utilisait le reste de son énergie pour Eugène.

Ainsi, elle seule, qui ne pouvait pas suivre sa force physique, en souffrait. Elle comprend son désir d'avoir un successeur. Un roi avait besoin de quelqu'un à qui transmettre la couronne. Mais à ce rythme, elle mourrait avant même de pouvoir tomber enceinte, et encore moins de lui donner un bébé !

Ce n'était pas comme ça. Je ne pouvais rien faire !

Eugène se redressa doucement.

Aujourd'hui, je ne voulais voir personne.

Plus d'une fois, son cœur avait envisagé de rester au lit et de se cacher sous les couvertures, dans l'espoir d'obtenir le répit dont elle avait tant besoin. Mais son esprit rationnel savait qu'il s'agissait là d'un vœu pieux, car il n'y avait pas d'endroit où elle pourrait se cacher du roi. Il semblait qu'elle était destinée à des nuits sans sommeil et à l'épuisement.

Les chambres du roi et de la reine étaient séparées, mais Kasser n'utilisait que rarement la sienne.

Ses joues virent au cramoisi rien qu'en pensant à la façon dont ses visites devaient apparaître aux yeux des gens du palais. Les servantes devaient nettoyer les draps souillés tous les jours, voir ses traces sur son corps chaque fois qu'elles s'occupaient d'elle dans le bain.

Les femmes de chambre ne manquaient pas de faire des commérages. Argh... C'est vraiment mortifiant !

Tome 1 – Chapitre 45 – Découvrir la vérité

Si elle souhaitait continuer à vivre comme une reine, Eugène devait renoncer à certaines choses pour profiter des avantages d'un statut élevé. Tout d'abord, il n'y avait pas de vie privée pour la reine. Il y avait toujours des yeux et des oreilles de quelqu'un qui se cachaient dans l'ombre. Il semblait que la vie d'une reine devait être observée et commentée par tout le monde.

Mais elle se réjouissait d'une chose : la paresse bien connue de Jin.

Personne ne la dérangeait ni ne la réveillait jusqu'à l'après-midi. En mangeant et en dormant seule, la reine avait beaucoup de temps pour elle. Vivre ainsi était agréable, mais cela faisait réfléchir Eugène...

Etait-ce que c'était bien ?

Elle voulait se tailler une place à elle, ne pas être gardée par un homme. Ce n'était pas qu'elle soit ambitieuse. Elle n'était pas non plus résignée à vivre ses jours comme un déchet.

Mon corps était étrange aujourd'hui.

Elle essaya de tirer sur la ficelle pour appeler la bonne et pressa son ventre avec sa main.

« Ugh... »

Je savais ce que c'est que cette douleur. Eugène soulèva son pyjama et jette un coup d'œil.

« Ah ! »

C’était ça, il y avait du sang sur ses cuisses. Elle avait commencé à avoir ses règles.

Eugène baissa les yeux sur la tache de sang, ressemblant à une fille qui venait d'atteindre la puberté.

C'était la première fois qu'elle avait ses règles dans ce nouveau corps. Même si l'âme change, le corps s'en moquait et continuait à fonctionner normalement.

Le sang rouge vif l'avait choquée.

Je ne suis pas en train de rêver. C'était la réalité !

Elle s'était presque fait un lavage de cerveau. Elle pensait qu'en jouant le rôle, elle serait capable de s'adapter et même de l'accepter.

Mais il y avait eu un moment où cela avait été très difficile. C'était comme si elle marchait sur un doux duvet et que, soudain, elle tombait sur un champ de pierres rugueuses. La dure réalité l'avait secouée, mais elle l'avait écartée et s'était efforcée d'embrasser ce rôle, cette vie.

Fermant les yeux, Eugène prit une profonde inspiration.

Cela faisait moins d'un mois qu'elle était tombée dans ce monde. Les choses prenaitt du temps, alors pourquoi cette précipitation ?

... Je ne suis pas enceinte.

À cet instant, elle réalisa à quel point elle appréhendait d'être enceinte. La grossesse et l'accouchement étaient un moyen sûr de résoudre de nombreux problèmes. Elle le savait dans sa tête, mais ce n'était pas facile pour son cœur de s'y engager.

Mais au-delà du soulagement, elle avait du mal à croire qu'elle n'était pas enceinte.

« Nous avons fait tout cela, alors pourquoi n’étais-je pas enceinte ? » marmonna Eugène en enfouissant son visage dans ses mains. La passion à laquelle ils s'étaient livrés avec tant d'ardeur ces dernières nuits n'a pas porté ses fruits, semblait-il.

Le but de leur 'essai' nocturne était explicite. Il ne s'agissait pas de plaisir ou de confirmation d'affection, mais de 'reproduction'. Bien que barbare, c'était la vérité.

L'homme avait fait de son mieux pour la féconder. Le nombre de fois où il avait déversé son sperme dans l'utérus de la jeune femme était incalculable. Bien qu'elle était épuisée à la fin de l'expérience, elle aimait toujours la lumière qui s'en dégageait.

Eugène secoua la tête, le visage rougi, comme pour se débarrasser de ses sentiments contradictoires. Elle tira rapidement sur la ficelle et appela la femme de chambre.

*********************************

« Avez-vous bien dormi ? »

Eugène sourit maladroitement. Après le petit-déjeuner et le déjeuner, elle était gênée de recevoir le bonjour du matin.

Marianne ne manquait jamais les salutations, que ce soit le matin ou le soir.

« Le roi est un grand homme » Ce sont les seules paroles de Marianne qui avaient pénétré l'esprit troublé d'Eugène.

Bien que dépourvu d'empathie émotionnelle, Kasser n'était ni hautain ni humble. En tant que dirigeant responsable, il était capable de gagner facilement la confiance des autres. Il dégageait une aura de fiabilité qui rassurait ses sujets.

En revanche, la personnalité défensive d'Eugène faisait qu'elle avait du mal à s'entendre avec qui que ce soit. Dans sa jeunesse, il fut un temps où elle faisait facilement confiance aux gens. Sottement naïve et crédule, à la longue, elle avait reçu son dû.

Comme Eugene avait été blessée par des gens à plusieurs reprises, elle avait choisi de s'éloigner d'eux, cherchant à se réfugier en construisant des murs autour d'elle. En fin de compte, elle avait eu beau vouloir briser ces murs, ils étaient restés debout. Ayant goûté plusieurs fois à la douleur et au chagrin, elle s'était trouvée incapable de s'ouvrir aux autres.

Cependant, elle se sentait à l'aise avec Marianne, qu'elle connaissait depuis moins d'un mois. Pour elle aussi, c'était inattendu. Mais il y avait un sentiment de facilité et de respect dans ses interactions avec la femme, et elle ne ressentait pas le besoin d'être prudente comme elle l'était auparavant. Marianne était peut-être une bonne servante, quelle que soit la reine.

Mais comment Jin Anika était-elle devenue reine... Elle était vraiment maléfique.

Jin Anika était la plus jeune fille d'une famille riche et réputée. Sa famille était douce et affectueuse, et s'occupait inconditionnellement de sa fille cadette. Elle n'avait jamais connu de difficultés ou de chagrin et avait été élevée comme une perle dans la paume de la main.

Il n'y avait donc aucun moyen d'expliquer le caractère vicieux et vil de Jin Anika.

Comment et pourquoi elle s'était transformée en une telle scélérate, c'était quelque chose qui déconcertait encore Eugène. Comme elle ne se souvenait pas de ce qui s'était passé, elle ne pouvait que faire des suppositions calculées.

« Peut-être que je réfléchis trop » soupira-t-elle

Même le diable ne pouvait pas se repentir et renaître comme un nouvel homme. Peut-être que Jin Anika était effectivement une psychopathe. Jusqu'à présent, tout ce qu'Eugène avait glané à son sujet pointait dans cette direction. Mais alors, quelle était la signification de sa transmigration ?

Peut-être que j'avais été envoyé ici pour découvrir la vérité...

Tome 1 – Chapitre 46 – Le portrait

« Ah, ça ! »

Bien qu'Eugène l’ait reconnu, elle ne pensait pas leur avoir accordé une faveur. Après tout, aucune compensation ne ramènerait jamais les vies perdues.

« Les transgresseurs avaient défié Sa Majesté et méritaient donc d'être punis.

Cependant, comme Votre Majesté avait décidé d'être indulgente, nous avons apporté un soutien financier à la famille des coupables en couvrant les frais d'enterrement. Ils ont été immensément reconnaissants et vous remercient profondément pour votre indulgence et votre bienveillance. »

Eugène s'immobilisa. Elle se sentait mal à l'aise de recevoir de tels éloges sans rien faire.

Mais elle ne pouvait rien y faire de toute façon. « Très bien. Merci. »

Sa décision de les épargner avait été motivée par un élan de sympathie sur le moment.

Elle avait aussitôt oublié la décision qu'elle avait prise. Sans parler de la compassion, elle n'était pas du genre à éprouver de la sympathie pour un groupe de personnes qu'elle n'avait jamais rencontrées. De plus, cela pouvait être considéré comme un acte de rébellion contre le Roi du Désert, qui croyait fermement que les personnes qu'elle avait aidées étaient des pécheurs.

« Le soutien financier sera-t-il utile ? »

Bien qu'elle soit disposée et plus que capable de le fournir, elle était mal à l'aise à l'idée que l'argent puisse remplacer le chagrin et la douleur de la famille du défunt. Elle voulait être rassurée et, ce faisant, apaiser le sentiment de culpabilité qui se formait en elle.

« Votre Grâce, votre soutien financier n'est qu'une petite partie de la bonté que vous avez manifestée à l'égard des pécheurs. Désobéir au roi est un délit grave qui n'est pas sans conséquences. »

Selon Marianne, organiser des funérailles pour un criminel était contraire aux lois du royaume. Souillée par l'association, la famille d'un criminel devait être méprisée par la société, ce qui l'obligeait à vivre une vie de paria. Plutôt que d'affronter la censure et l'opprobre sans fin, certains choisissaient de quitter le royaume, et les plus sensibles, la mort.

Après avoir reçu de l'argent et des funérailles, les familles devraient pouvoir continuer à vivre normalement.

En y réfléchissant attentivement, Eugène estima que cet arrangement n'était pas si mauvais que cela. Au moins, ils pourraient avoir un semblant de respect pendant le reste de leur vie.

Aujourd'hui, il y avait une autre chose qu'elle avait acceptée. Elle était quelqu'un qui avait vécu une vie sans offenser personne, et en même temps, sans se soucier de personne. Le fait qu'elle puisse influencer la vie de quelqu'un en lui donnant un simple ordre l'avait donc étonnée. Tel était le pouvoir d'une reine.

Reine...

Le poids de la responsabilité l'avait soudain frappée. Elle n'avait jamais vécu avec une responsabilité aussi importante. Elle tenait entre ses mains plus de pouvoir qu'elle n'aurait jamais pensé en avoir en tant que reine. C'était peut-être la raison pour laquelle elle ne s'était pas sentie reine jusqu'à ce moment précis. Jusqu'à présent, elle ne s'était pas impliquée dans les affaires du royaume. Il semblait qu'elle en ait eu un avant-goût.

Dois-je être plus sérieuse ?

« Sa Majesté est-elle au courant ? »

« Oui, il le sait. »

« Il le sait ?! »

« Il est impossible d'exécuter votre ordre sans le rapporter au roi. »

Eugène ne savait plus où donner de la tête. Si le roi était au courant, pourquoi ne subissait-elle aucune conséquence ? Cela ne signifiait-il pas qu'elle l'avait défié elle aussi

? Sans parler de l'informer, elle avait donné un ordre direct dans son dos et l'ordre avait même été exécuté. Elle ne savait pas quoi dire et ne put que poser une question à ce sujet.

« A-t-il... dit quelque chose ? »

Le Roi du Désert pensait que non seulement la personne, mais aussi toute la famille étaient des pécheurs qui ne méritaient rien d'autre que la mort. Elle pensait qu'en demandant à Marianne de s'acquitter de cette tâche, le roi n'aurait pas à savoir ce qu'elle faisait.

Hélas ! Elle n'avait pas été assez claire, et c'est pourquoi son ordre était parvenu aux oreilles du roi.

« Non. Et comme tout est déjà fait, Sa Majesté n'en dira pas plus. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter » Tout en parlant, Marianne étudia attentivement le visage d'Eugène. Ses yeux s'écarquillaient tandis que les pensées se bousculaient dans son esprit. La réaction de la reine commençait elle aussi à la troubler.

« Comment ai-je pu m'en tirer ? » se dit Eugène.

« Quelque chose vous préoccupe, Votre Majesté ? » Marianne tenta de le sonder.

« Ce n'est pas son genre. » La confusion d'Eugène était évidente dans sa voix et dans son attitude. « Je ne pensais pas qu'il leur pardonnerait. »

Marianne sourit doucement en montrant la vérité. « Eh bien, c'est vous, Votre Majesté. »

La confusion d'Eugène se transforma peu à peu en clarté : le roi avait en effet choisi d'acquiescer à son ordre et de lui épargner son courroux.

« Peut-être le roi a-t-il choisi de garder le silence pour sauver la face ? » suggéra Eugène.

Il s'agissait peut-être simplement d'un geste formel de considération, pensa-t-elle.

Il valait mieux que le couple royal ait peu de désaccords, surtout sur les affaires du royaume. Un roi et une reine en harmonie signifiaient un règne stable. Il n'y avait pas d'autre sens à cela.

Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'être fière de la tournure des événements. Ses paroles avaient du poids, elle avait de l'autorité et Kasser ne lui avait pas opposé son veto. Elle but une gorgée de son thé pour cacher le sourire qui se dessinait sur son visage.

« Encore une chose, Votre Grâce. »

Marianne sortit un parchemin, dévoilant un morceau de papier. On y voyait le dessin d'un homme d'âge moyen, les épaules en l'air et le visage tourné vers l'avant. Ses cheveux et ses pupilles étaient colorés, mais il manquait des détails importants à l'ensemble du dessin, qui semblait donc incomplet.

« On dirait un montage » remarqua Eugène.

« Votre Grâce, vous souvenez-vous de cet homme ? »

Eugène secoue la tête.

« C'est le comte Wacommbe. Il possède une entreprise qui ne s'occupe que de collections précieuses et d'artefacts. Vous lui avez acheté une collection de livres anciens »

Fascinée, elle étudia l'image un peu plus attentivement. Le visage sur les dessins ne lui était pas du tout familier, mais peut-être que si elle le rencontrait à nouveau en personne... ?

« Avez-vous des souvenirs de lui ? » Marianne insista

« Non, ma mémoire est toujours la même. »

Elle ne se souvenait que de petits fragments lorsqu'elle rencontrait certaines personnes.

Marianne, la générale en chef Sarah et les deux chambellans. De plus, elle n'avait rencontré personne d'autre, si bien qu'il n'y avait aucun moyen de savoir dans quelle mesure sa mémoire avait été ravivée, même si c'était par fragments.

Elle avait du mal à retrouver la mémoire de Jin et commençait à douter qu'il y ait un moyen d'y parvenir. Passer toute la journée dans le bureau où Jin Anika avait passé le plus de temps n'avait pas aidé. Mais il n'y avait pas d'autres idées qui lui venaient à l'esprit en ce moment.

« Vous n'avez pas à vous souvenir de tout le monde, Votre Grâce. Cependant, il y a un certain nombre de personnes importantes dont vous vous souvenez. J'ai donc décidé de vous aider en vous apportant leurs portraits. »

« Ah, quelle bonne idée ! » Eugène était ravie et impressionnée.

Marianne était une personne qui trouvait des choses à faire sans qu'on le lui demande.

Cela montre à quel point elle était assidue.

« Je vais apporter un ou deux portraits par jour » promit Marianne.

« Tu peux en apporter plus. » Eugène l'encouragea de tout cœur. « Je peux me souvenir de plus de deux personnes. » Elle le lui assura.

Marianne avait l'air déçue, presque gênée, de décevoir Eugène. Mais il fallait qu'elle dise la vérité.

« Il faut beaucoup de temps pour dessiner les portraits, Votre Majesté. »

Oh, bien sûr. J'avais oublié que les photographies n'existaient pas ici.

Tome 1 – Chapitre 47 – Ramita

Pourtant, Eugène était impatiente de se mettre à la tâche. « Tu dois les faire ? »

demanda-t-elle. « Il n'y a pas de portraits préexistants ? »

« Emprunter un portrait privé est une tâche plutôt difficile, Votre Grâce. »

« Comment avez-vous dessiné les portraits ? Ils ne posent certainement pas tous pour vous ! »

« Il y a des artistes qui peuvent dessiner des gens en se contentant d'une description verbale de leur visage. »

Ah, c'était donc bien un montage !

Marianne commença à donner des détails sur le comte Wacommbe - âge, membres de la famille et autres informations pertinentes. Eugène s'enquerra de la fréquence des visites du comte à la reine et du processus d'achat des livres anciens.

« Je ne peux vous informer que sur les procédures de base. Je ne sais pas quelles conversations ou relations vous avez eues avec le comte. »

En retour, Eugène acquiesça.

Je n'avais pas l'intention de lui acheter d'autres livres, mais je pensais que cela valait la peine de le rencontrer en personne. Jin Anika devait avoir une préférence pour ces livres. J'aurai peut-être un indice.

« Dois-je attendre la visite du comte Wacommbe pour le rencontrer ? » Eugène était beaucoup trop anxieuse pour cela et espérait que la réponse serait négative.

« Vous pouvez le convoquer. Cependant, le comte est actuellement dans la Ville Sainte. Il ne reviendra qu'après la période active. »

A ce moment précis, les paroles de Marianne furent ponctuées d'un fort...

Boom !

Instantanément, deux têtes se tournèrent vers la source et virent un signal lumineux.

Marianne s'était précipitée vers la fenêtre et jeta un coup d'œil, l'air soulagé.

« C'est du jaune, Votre Grâce » Elle soupira

La nouvelle illumina également le visage d'Eugène.

Des fusées de signalisation étaient fréquemment tirées, et Eugène avait appris pourquoi c'était un soulagement de voir une fusée jaune. Il était difficile de vivre une vie quotidienne pleine de surprises et de craintes.

Heureusement, jusqu'à présent, il n'y avait eu que des fusées jaunes.

Il était intéressant de noter que les Alouettes ne se montraient pas la nuit, mais seulement entre le lever et le coucher du soleil. C'est pourquoi les fusées de signalisation n'avaient jamais été tirées qu'en plein jour.

C'était aussi la raison pour laquelle les gens restaient à l'intérieur pendant la journée et envahissaient les rues la nuit. Paradoxalement, le taux de crimes humains commis la nuit pendant la période d'activité était assez élevé.

Etait-elle en train de courir vers le mur du château ?

Elle n'avait encore jamais vu d'Alouette. On savait que les Alouettes ne faisaient pas de mal aux Anikas, mais c'était une idée folle que de vouloir observer une Alouette par curiosité. Pour certaines personnes, les Alouettes étaient une question de vie ou de mort.

« Je vais vous laisser, Votre Grâce. Vous semblez fatiguée, je vais vous laisser faire une sieste » À ce moment-là, Marianne avait repéré Eugène qui luttait contre les bâillements qui tentaient de s'échapper de sa bouche.

Eugène sourit et secoua la tête. Elle était peut-être fatiguée, mais les éruptions de signaux l'avaient réveillée brusquement. Si son corps était prêt à se reposer, ce n'était pas le cas de son esprit.

« Je pars avec vous. Je veux aller à l'étude »

Bien que Marianne s'inquièta pour Eugène, elle n'osa pas aller à l'encontre de ses souhaits. Elle répondit avec un sourire. « Oui, Votre Grâce. »

« Ah, j'allais oublier ! » ajouta brusquement Eugène en se levant de son siège. « Savez-vous quelque chose sur Ramita, Marianne ? »

« Ramita... Votre Grâce ? »

« Je n'avais personne à qui demander. Y a-t-il un livre sur Ramita que je pourrais consulter ? »

Ramita, le pouvoir de Jin Anika.

Jin Anika devait avoir des pouvoirs, même si elle était faible. Mais Eugène n'avait aucune idée de la façon de ressentir et d'utiliser ces pouvoirs. Elle pensait qu'elle pourrait apprendre dans un livre ou un manuel, quelque chose que, peut-être, Jin Anika avait mentionnée.

Marianne semblait hésiter, ce qui ne lui ressemblait pas du tout.

« Votre Grâce, si vous voulez connaître les Ramitas, vous devez vous rendre dans la Ville Sainte. Là, seuls ceux qui ont reçu la permission du Sang-je peuvent avoir accès à une bibliothèque spéciale. Il y a peut-être quelques livres qui peuvent vous aider »

« Peut-être ? Vous n'êtes pas sûr ? Et s'il n'y a pas de tels livres ? »

« Alors tu peux rendre visite aux dieux. Tu es une Anika. Tout Anika peut demander une audience au Sang-je. »

Demander à rencontrer le Sang-je était un privilège pour les Anikas. Même le roi devait obtenir au préalable la permission de rencontrer le Sang-je, mais les Anikas avaient la liberté de le rencontrer à leur guise.

Mais Eugène n'avait pas l'intention de se rendre dans la ville sainte. Elle ne voulait pas rencontrer le Sang-je.

« Vous vous en souviendrez quand vous aurez retrouvé la mémoire, Votre Majesté. »

Marianne étudia attentivement le visage d'Eugène. Le Praz du roi et la Ramita d'Anikas étaient des capacités sacrées. On n'avait pas le droit d'en parler à tort et à travers.

Marianne se décida et ouvrit lentement la bouche pour ajouter quelque chose. « Je ne suis pas sûre d'avoir raison. »

Cela suffit à attirer l'attention d'Eugène.

« Les Anikas voient leur Ramita à travers l'eau » termina Marianne.

« L'eau ? »

« Je n'en sais pas plus » Marianne l'assura. « C'est juste quelque chose que j'ai entendu.

Sa Majesté en saura plus. »

Marianne mentionna le roi avec précaution. Elle ne prétendait pas ignorer comment Eugène réagirait à cette suggestion. Elle se contenta de le mentionner, pensant que le roi pourra répondre aux questions d'Eugène.

Marianne voulait multiplier les occasions pour Eugène et Kasser de passer du temps ensemble. Mais elle ne voulait pas aller trop loin. Ces derniers temps, le couple semblait s'entendre. Le roi s'était rendu dans les appartements de la reine dix jours d'affilée. Cela n'était jamais arrivé auparavant. Marianne veilla à ce qu'aucun ragot ne se répande dans le palais à ce sujet. Elle savait que toute perturbation extérieure ne ferait qu'empirer les choses.

Eugène n'exprima aucun sentiment et ne répondit pas aux conseils de Marianne.

Marianne comprit que la conversation était terminée et elle suivit Eugène en silence hors de la chambre.

Lorsqu'elles arrivèrent à un croisement dans le couloir, elle lâcha Marianne en disant : «

Tu n'es pas obligée de me suivre, va passer ton temps »

« Merci, Votre Majesté »

En entendant cette simple réponse, Eugène sourit maladroitement en regardant Marianne baisser la tête. Elle ne supportait pas le langage extrêmement formel qui lui était adressé au palais.

Après quelques instants, Marianne releva la tête. Elle regarda Eugène disparaître en tournant au bout du couloir. Elle éprouvait des sentiments contradictoires. Elle ne s'était jamais sentie aussi paisible, mais elle avait l'impression de marcher sur des œufs.

Certains matins, son cœur sombrait sans raison précise. Elle avait l'impression que les choses allaient redevenir ce qu'elles étaient du jour au lendemain.

« Marianne. »

Marianne sursauta et se retourna pour voir Sarah derrière elle. La générale jeta un coup d'œil dans le couloir auquel Marianne faisait face, mais ne vit personne.

« Quelque chose te tracasse ? » demanda-t-elle.

« Rien du tout. Pourquoi êtes-vous ici ? La reine est dans son bureau »

« Je suis venu pour toi, Marianne. Le roi vous cherche. »

Tome 1 – Chapitre 48 – Le calme avant la tempête?

Elle avait à peine fait quelques pas que Marianne s'arrêta, incapable de se contenir plus longtemps. Elle se retourna et s'adressa à son supérieur.

« Officier générale Sarah ? »

« Oui ? »

« Tout est sous contrôle ? »

Sarah avait pris soin de rester calme en disant : « Vous n'avez pas à vous inquiéter »

Mais Marianne savait qu'il n'en était rien. Ce n'était pas parce que Sarah l'avait dit qu'elle n'avait pas à s'inquiéter. Elle avait toujours respecté son devoir, la reine étant sa principale préoccupation. Et bien qu'elle s’était une travailleuse assidue, cette fois-ci, elle avait l'impression que c'était plus qu'un devoir. Elle était surprise de ses propres sentiments, d'autant plus qu'elle les éprouvait à l'égard de cette reine.

La perte de mémoire de la reine, seuls quelques uns étaient au courant de ce secret. Il y avait beaucoup d'incertitude autour de cela, tant au niveau des personnes que des circonstances. Par exemple, après l'incident, la reine était devenue une personne complètement différente. On aurait dit que l'ancienne Jin Anika avait été expulsée du corps et que quelqu'un d'autre avait pris sa place. Bien qu'il s'agissait d'une logique absurde, la réalité allait dans ce sens. Cela dit, ce ne serait qu'une question de temps avant que les gens ne réalisent cette disparité et que les rumeurs commencèrent à se répandre comme la peste.

Le fait que la reine fut l'objet de commérages n'était pas idéal. Sans parler de son image, c'était même préjudiciable à l'harmonie du royaume. Marianne s'inquiétait non seulement de ce que l'on imagina être vrai, mais aussi de la façon dont l'histoire serait déformée au fur et à mesure qu'elle passerait d'une personne à l'autre. D'où la nécessité du secret, moins il y a d'oreilles qui entendaient, moins il y a de bouches qui bavardaient.

Par conséquent, l'entourage des serviteurs avait été réduit au minimum. Ceux-ci étaient triés sur le volet et surveillés en permanence. Marianne ne voulait pas non plus exposer la reine à un grand nombre de personnes pour l'instant. Non seulement parce que la reine devait se familiariser avec les événements et le passé, mais aussi parce qu'elle devait se familiariser avec elle-même. Et cela demandait du temps. Donc, moins il y avait de contacts, moins il y avait d'erreurs.

C'est l'officier générale Sarah qui était chargé de sélectionner les serviteurs. Elle avait pris toutes les précautions nécessaires au cours du processus et les avait tous sous son regard.

« Et la fille ? »

Ce qui préoccupait Marianne, c'est Zanne, la nouvelle servante qui servait la reine au premier plan. Elle semblait connaître sa place et ne jamais dépasser les bornes, mais le sceptissisme de Marianne trouvait que tout cela était trop beau pour être vrai.

Sarah n'avait pas besoin que Marianne la mentionna explicitement pour comprendre de qui elle parlait. Elles semblaient être en parfaite synchronisation avec les pensées de l'autre.

« C'est une fille calme et tranquille. Tu n'as pas à t'inquiéter pour elle » Sarah la rassura.

« Il faut être secoué si l'environnement le provoque » rétorqua Marianne avec solennité.

Zanne était une jeune fille et elle était déjà devenue l'une des servantes les plus importantes du palais. Marianne savait que la nature de ceux qui l'entouraient était liée à la jalousie. C'est pourquoi elle estimait nécessaire de prendre des mesures supplémentaires pour la protéger.

« Ne vous inquiétez pas, » dit Sarah, « je sais pour qui je travaille. »

Marianne se rendit compte de son erreur. Sarah était l'actuel officier générale en chef, et pour Marianne, lui parler de cette manière, c'était prendre des libertés qu'elle n'avait pas le droit de prendre. Malgré le faux pas de Marianne, Sarah s'était montrée aimable, parlant avec précaution et respect pour éviter à Marianne d'être humiliée.

Marianne sourit. Sarah était très responsable et passionnée par son travail. Marianne avait confiance en Sarah, c'est pourquoi elle lui avait cédé son poste il y a trois ans.

« Je m'inquiète trop. Je dois me faire vieille » Marianne lui rend son empathie avec humilité et bonhomie.

« Les domestiques semblent profiter davantage de leur temps. C'est un bon changement.

Ou peut-être que c'est juste moi » Sarah réfléchit.

Depuis le changement opéré par la reine, le personnel du palais était devenu plus facile à gérer ; ils avaient libéré les plus grossiers des serviteurs, qui étaient aussi les préférés de la reine.

Devant le visage inquiet de Sarah, Marianne se sentit un peu désolée pour la générale.

Elle n'avait pas pensé que la placer comme officier général après le mariage du roi lui ferait subir autant de stress. Mais pour elle, à ce moment-là, elle était la candidate idéale pour ce poste.

Les ordres de la reine étaient évidemment plus importants que les ordres de l'officier général aux serviteurs. En cas de conflit entre les deux ordres, la dignité de l'officier

général était en jeu, car les serviteurs choisissaient d'ignorer ses ordres. Et Marianne n'était pas consciente du désordre hiérarchique qui régnait au sein du personnel.

« Ah, je n'ose imaginer le désordre dans lequel doit se trouver la reine » pensa Marianne. Elle avait été déconcertée par la question de la reine sur sa capacité, la Ramita. L'oubli de Ramita signifiait que la reine était dans un état plus grave que ce à quoi elle s'attendait. De plus, la reine se comportait de moins en moins comme avant.

« Je me sens coupable de vouloir que ces jours continuent pour toujours. » Balayant ses pensées, Marianne se dirigea rapidement vers le bureau du roi. À son arrivée, le chancelier Verus sortit du bureau. Tous deux se saluèrent d'un signe de tête en passant.

Le chancelier Verus pencha la tête en marchant dans le couloir, réfléchissant aux événements étranges de ces derniers temps.

Mais pourquoi était-ce si calme ? Ce devait être le calme avant la tempête.

Le chancelier Verus s'attendait à ce que le roi se montre très inquiet à l'annonce de la disparition de la reine. Du moins, il voulait qu'il soit inquiet. Mais l'attitude du roi à l'égard de la nouvelle était indifférente. Il pensait que si les relations entre le couple royal ne s'amélioraient pas, le roi devrait demander à la reine d'assumer l'entière responsabilité de ses fonctions.

Mais pour une raison quelconque, il n'y avait pas eu la moindre annonce à ce sujet, même jusqu'à présent.

Un royaume avait besoin d'un couple royal heureux. Au fond de lui, le chancelier Verus savait que c'était vrai, mais il ne pouvait tout de même pas approuver le comportement du roi.

Il poussa un long soupir et tenta de repousser le sujet à l'arrière de son esprit.

Pourquoi gaspiller une énergie précieuse alors qu'il était impuissant à cet égard ?

Il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond au palais ces derniers temps...

Il avait entendu dire que l'ancien officier général était revenu. Cela signifiait... que le couple royal devait être en danger, sinon pourquoi lui rendait-elle visite fréquemment ?

Un roi était à la fois le propriétaire du royaume et le chef de famille. Il détenait tous les pouvoirs que l'on pouvait souhaiter. Le processus de recrutement d'un collaborateur pour diriger la famille royale était donc assez souple. Mais être sous les yeux du monarque signifiait être sous une surveillance constante et nécessitait une prudence accrue. C'était une arme à double tranchant.

Sa Majesté utilisait-elle l'ancienne officier générale pour contrôler Son Altesse Royale la Reine ?

La relation tumultueuse entre la reine et l'ancienne officier générale était bien connue du personnel du palais. Tout le monde connaissait leurs batailles quotidiennes dans

l'enceinte du palais. Cependant, personne n'aurait imaginé que le retour de l'ancienne officier était lié au couple royal, car la plupart des employés avaient l'impression que le couple entretenait de bonnes relations. Le chancelier Verus était l'un des rares à connaître tous les détails.

Tome 1 – Chapitre 49 – Les changements de la reine

La réunion à laquelle Kasser avait convoqué Marianne était privée. Cette dernière n'était pas étrangère à ce genre de réunions, puisqu'elle faisait partie du personnel de confiance du roi, mais le moindre changement de routine suffisait à la mettre sur les nerfs ces derniers temps. Elle devait l'admettre, c'était ses moments les plus difficiles.

« Tu lui as montré ? » demanda Kasser en entrant.

« Oui, Votre Majesté. »

« Et ? »

« Elle ne se souvient pas, Votre Majesté. »

« Elle n'a pas reconnu le comte Wacommbe ? » précisa Kasser. Il semblait y avoir une pointe de surprise dans son ton.

« Oui, Votre Majesté. Elle ne l'a pas reconnu et n'a pas réalisé que le comte Wacommbe se trouve à la Cité Sainte »

Kasser avait convoqué Marianne pour discuter des portraits qu'elle venait de montrer à Eugène. Ces portraits semblent faciles à réaliser, mais il faut beaucoup de temps et d'argent pour les réaliser. Pour dessiner les portraits, il fallait recruter secrètement des artistes habiles et réticents. Ensuite, une personne tout aussi compétente et réticente devait fournir une description aux artistes. Cela nécessite des moyens financiers et des informations précises, donc l'aide du roi.

Dans un premier temps, Kasser désapprouvait sa demande. Il ne voulait pas faire pression sur la reine, mais Marianne avait fortement insisté.

« Votre Majesté, les choses ont tendance à s'emballer au fur et à mesure que l'on essaie de les contrôler. Je crois qu'il est préférable d'amener la reine à se souvenir lentement »

Marianne l'avait conseillé.

Kasser approuva inévitablement sa demande, mais fut mécontent que le premier portrait qu'elle choisit de montrer à la reine soit celui du comte Wacommbe.

Le comte Wacommbe était un invité régulier de la reine. Ils s’étaient rencontrés lors de leur séjour dans la ville sainte. De plus, il était le marchand de livres anciens de la reine, une obsession pour Jin Anika. Marianne était certaine que la reine pourrait reconnaître cet homme.

« Elle ne l'a pas reconnu ? » Le roi poussa un soupir de soulagement. C'était le résultat qu'il espérait.

« La reine avait-elle l'air d'essayer de se rappeler quelque chose ? Pensez-vous qu'elle cache quelque chose ? »

« Je ne sais pas, Votre Majesté. Si je peux me permettre, Votre Majesté a-t-elle senti des progrès avec la reine ? Vous avez passé beaucoup de temps ensemble ces derniers jours.

»

Kasser resta sans voix. Oui, il passait toutes ses nuits dans les appartements de la reine.

Non, il n'était toujours pas préparé à une confrontation. Il avait passé plus de nuits avec la reine au cours des trois à dix derniers jours qu'au cours des trois dernières années.

Mais il n'avait rien à dire à Marianne.

Les heures qu'il passait avec Eugène, il les passait à apprendre son corps. Dès qu'il entrait dans sa chambre, il l'embrassait passionnément. Peu après, il se retrouvait à grimper sur elle...

Les nuits qu'il passait avec elle étaient trop courtes, et il était impossible de lui consacrer une minute de conversation. Il en profitait jusqu'à ce qu'elle le repousse, le suppliant de reposer en paix.

Pourtant, il semblait que le temps qu'ils partageaient en valait la peine. Kasser la connaissait mieux. Il pouvait maintenant distinguer les expressions faciales d'Eugène -

la lueur dans ses yeux lorsqu'il l'embrassait, les plissements lorsqu'il la caressait, son visage rougi lorsqu'elle atteignait l’orgasme, le visage languissant lorsqu'elle était épuisée. Et si elle était agacée, il devait garder ses mains pour lui et la laisser dormir.

Bien qu'il ne s'agisse que d'expressions, elles étaaient pour lui les fenêtres qui permettaient de la comprendre. Peut-être même de s'en rapprocher ?

Kasser mit ses émotions de côté et afficha une expression indéchiffrable en guise de façade à Marianne. Il ne pouvait expliquer aucune des scènes qui lui passaient par la tête. Il valait mieux qu'il ait plutôt l'air préoccupé.

Marianne parla comme si elle comprenait. « Personne ne peut savoir si Son Altesse Royale ne dit pas la vérité. »

Kasser se racla la gorge avant de parler, essayant de retrouver un ton plutôt normal. «

Faites un rapport immédiat si vous soupçonnez quoi que ce soit. »

« Oui, Votre Majesté. »

Marianne quitta le bureau avec inquiétude. Elle avait menti au roi. Elle soupçonnait bien quelque chose, mais pour une raison ou une autre, elle ne pouvait se résoudre à délier sa langue et à le dire.

La mémoire de la reine ne semblait pas s'améliorer. Mais...

Au début, elle avait été étonnée de voir à quel point la reine avait changé et avait été heureuse de gagner sa confiance. Mais aujourd'hui, elle ne se sentait pas à sa place. La reine était excessivement calme malgré le fait qu'elle avait perdu la mémoire. Elle ne montrait aucun signe de confusion ou de désespoir. Les médecins prétendaient que les patients ayant perdu la mémoire souffraient souvent d'un état d'esprit instable et avaient donc constamment besoin de quelqu'un pour s'occuper d'eux.

Cependant, la reine ne présentait aucun des symptômes prévus par les médecins. Au contraire, elle s'était montrée plus optimiste et plus curieuse. Elle posait des questions sur son passé, sur le royaume, passait du temps dans son bureau et donnait même des ordres ; comment une personne à l'esprit instable pourrait-elle faire cela ?

Même ses manières avaient changé, ses paroles, ses gestes, ses mouvements. La perte de mémoire pouvait-elle aussi affecter les habitudes ?

Ce n'était pas une observation inquiétante, aussi Marianne ne voulait-elle pas en faire part au roi et créer des inquiétudes inutiles. Si Marianne avait servi la reine pendant une longue période, elle aurait eu des soupçons. Cependant, elle avait été absente pendant longtemps et ne connaissait pas très bien la reine.

Tous les serviteurs qui avaient travaillé près de la reine avaient disparu. Personne ne pouvait dire à quel point la reine avait changé. Marianne marchait en pensant à la reine, essayant de convaincre sa mauvaise conscience de son bon droit.

*******************************

Cette nuit-là, le serviteur du roi rendit visite à Eugène. Comme elle était en période de menstruation, elle avait pu facilement éconduire le serviteur.

Eugène dormit seule dans son lit pour la première fois depuis longtemps. Il semblait qu'elle avait trouvé le répit dont elle avait tant besoin. Cette nuit, elle avait dormi comme un bébé.

Le lendemain, elle se réveilla tôt et s'étira. Ce faisant, elle fut surprise de se sentir aussi légère qu'une plume.

Oh, je me sens merveilleusement bien !

Elle était au mieux de sa forme malgré ses règles, et c'était une première.

Le corps d'Eugène était généralement malmené pendant ses règles. Elle avait les pires crampes d'estomac et devait prendre des analgésiques toute la semaine. Avant même la fin de la semaine, elle vivait un véritable cauchemar de douleur. Mais dans le corps de Jin Anika, elle sentait un léger poids dans le bas-ventre, mais c'était tout. Il n'y avait pas d'autre gêne, ni les crampes tant redoutées. Elle aimait beaucoup ce changement, et cela se voyait dans ses actions.

Aujourd'hui, Eugène commença sa journée de bonne humeur. Elle sortit une pile de livres du fond de l'étagère, espérant y trouver une porte secrète. N'y parvenant pas, elle remit le livre en place et passa à l'étagère suivante.

Elle s'apprêtait à sortir une autre pile de livres, mais en pensant à quelque chose, elle poussa un soupir et fit le tour du bureau les mains sur les hanches. Le bureau était immense et plein de livres. Si elle continuait ainsi, il lui faudrait une éternité pour finir.

Il fallait qu'elle trouve un moyen plus rapide.

Mais elle n'avait aucune idée de ce qu'elle cherchait. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin ! Elle s'installa sur le canapé au milieu de la pièce pour faire une pause. Sur la table basse se trouvait une autre pile de livres anciens qu'elle avait sortis de la petite pièce adjacente au bureau.

Eugène ouvrit un livre dont la couverture était ornée d'un symbole de Mara.

Je devrais peut-être lire ce livre. J'ai besoin d'en savoir plus sur Mara.

C'était un monde qu'Eugène avait créé elle-même, mais il y avait beaucoup de choses qu'elle ne connaissait pas. Elle ne connaissait que les événements majeurs et les personnes impliquées - les choses qu'elle avait écrites.

En continuant à vivre dans ce monde, elle s'était rendu compte qu'il y avait des lacunes et des différences considérables entre ce qu'elle avait écrit et ce qui l'a accueillie lorsqu'elle avait transmigré.

Se concentrer sur l'ensemble plutôt que sur les détails ne l'aidait pas du tout.

Se trouvant une position confortable, Eugène commença à étudier le livre de Mara. Elle était soulagée de pouvoir le lire avec aisance ; ainsi, elle pourrait combler les lacunes et, avec un peu de chance, trouver des indices.

Au bout d'un certain temps, sa main s'arrêta en tournant une page. Elle semblait avoir remarqué quelque chose d'étrange. Elle fronça les sourcils et tourna la page d'avant en arrière, cherchant. Un petit souffle s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle remarqua une chose.

Il manquait une partie...

Tome 1 – Chapitre 50 – La promenade au jardin

La bande résiduelle au bas de la page était la seule preuve qu'une partie a été intentionnellement arrachée. La coupe était très nette, elle n'avait pu être faite qu'au couteau.

S'agit-il d'un acte délibéré ? Ou un accident ? Que contenait la page ?

En regardant la page mutilée, les yeux d'Eugène s'illuminèrent d'excitation. Enfin, elle savait ce qu'il fallait chercher. Elle avait trouvé son tout premier indice. Les deux jours suivants, Eugène parcourut des piles de livres jusqu'à ce qu'elle tombe sur un autre livre dont la page avait été déchirée de la même manière. Même si ce n'était pas grand-chose, au moins son hypothèse était confirmée - le qui, le quoi et le quand ne seraient qu'une éventualité.

« Je dois trouver ce qu'il y a sur les pages manquantes. » Deux jours suffiraient peut-être pour parcourir tous ces livres.

Même si elle aurait pu terminer ses recherches en quelques heures, Eugène n'avait pas l'intention de passer toute la journée dans l'étude. Feuilleter sans arrêt des milliers de livres risquait de la fatiguer et d'émousser ses sens, et elle risquait de négliger certaines pages manquantes, ce qui réduirait ses chances de résoudre l'énigme plus rapidement.

La meilleure approche à présent était une approche systématique, bien que plus lente.

En outre, elle avait besoin de temps pour s'installer.

Elle pensait que passer le reste de sa journée à explorer le palais ne lui ferait pas de mal.

Après tout, son arrivée dans ce monde s'était faite en un clin d'œil, et il y avait fort à parier qu'elle retournerait dans son monde d'origine de la même manière, à tout moment. Avant que tout ne soit terminé, elle voulait profiter de son séjour indéfini.

Elle décida donc de faire un détour par sa chambre. Au lieu de prendre le chemin habituel, elle descendit au premier étage. Elle avait déjà emprunté ce chemin auparavant, mais pour une raison quelconque, c'était la première fois qu'elle remarquait une petite porte...

C'est alors qu'elle se souvint que le palais n'était pas seulement magnifique à l'intérieur, mais qu'il était entouré d'un parc tout aussi impressionnant. Les fleurs, les topiaires et les statues des jardins étaient méticuleusement travaillées. Mais elle ne l'avait jamais vu.

Reconnaître son environnement signifiait qu'elle s'était lentement adaptée à cet endroit.

Sans la moindre hésitation, Eugène s'approcha de la porte. Zanne la suivait, elle n'avait donc pas peur de se perdre. Aujourd'hui, Eugène se donnait à fond.

La porte donnait sur un long passage extérieur, bordé de colonnes de marbre. Au bout, il y avait une autre porte.

Tout en marchant dans le couloir, Eugène s'arrêta pour admirer le ciel. C'était la première fois qu'elle sortait depuis son entrée au palais. Le palais était suffisamment grand pour qu'elle n'ait pas ressenti le besoin de sortir auparavant. La période d'activité ayant commencé dès son arrivée dans ce monde, elle n'y avait même pas songé. Mais aujourd'hui, elle se sentait fraîche et revigorée. C'était peut-être à cause de sa petite découverte qui l'avait gonflée à bloc.

Pourquoi ne pas passer quelques heures dans le jardin ? Il n'y avait rien à craindre puisqu'il se trouve encore à l'intérieur du palais.

Eugène regarda par-dessus son épaule où se trouve Zanne, à quelques pas derrière.

« Ce couloir est-il un cul-de-sac ? » demanda-t-elle.

« Votre Grâce, ce couloir est rarement utilisé, mais n'est pas une impasse. »

Eugène acquiesça et sortit avec précaution du couloir pour s'avancer sur le sol. Lorsque son pied toucha la terre, elle sentit la douceur sous ses chaussures. Elle aima cette sensation et se mit à explorer les environs. Elle se promena dans le vaste jardin jusqu'à ce que quelque chose au loin attire son attention.

Il se tenait là, grand, impressionnant, d'un noir luxuriant et velouté de la tête aux sabots... C'était en effet un très beau cheval. Cependant, il n'avait rien à faire dans ce jardin. Et pourtant, il était là, vivant si librement dans un lieu si autoritaire aux règles inflexibles. Il avait l'air vraiment libre, sans aucune contrainte.

« Zanne, penses-tu que ce cheval s'est échappé de l'écurie ? »

« Oh non, Votre Grâce. Il y est toujours laissé en liberté. »

A ce moment-là, Eugène remarqua quelque chose. Elle fronça les sourcils. « Il n'a pas de rênes... est-il apprivoisé ? Ce cheval appartient-il à quelqu'un ? »

« Oui, Votre Grâce. Sa Majesté. »

Bien sûr !

Pour Eugène, tout cela avait désormais un sens.

Qui d'autre que le destrier du roi avait le droit de se déplacer librement ?

Quelle surprise ! Il n'avait pas l'air d'avoir d'animaux domestiques. Il devait vraiment aimer ce cheval.

« Va-t-il nous faire du mal ? »

Zanne secoua la tête et répond : « Non, Votre Grâce, mais... »

Avant même qu'elle ait pu terminer, Eugène avait commencé à faire des pas furtifs vers le cheval, ignorant absolument les paroles de la servante. Elle ne voulait pas effrayer la bête. Pourtant, lorsque la bête la vit approcher, ses instincts réagirent avant qu'elle ne le fasse. Elle resta immobile, comme figée sur place, mais en état d'alerte.

C'était vraiment un beau cheval. Eugène était tellement attirée qu'elle ne put s'empêcher de faire quelques pas de plus.

Une fois de plus, Zanne l'avertit, impuissante. « Votre Grâce ! Il vaut mieux que vous ne...

»

Et une fois de plus, Eugène n'avait pas tenu compte de ses avertissements.

Elle avait vu un jour une photo de chevaux dans un concours de beauté équestre. Il y en avait plusieurs beaux, mais celui-ci était de loin le plus beau. Il avait un corps compact et musclé, comme aucun autre. Il était évident qu'il s'agissait d'un cheval de race pure, choisi avec le plus grand soin. Le long de son élégante et longue encolure, sa crinière se balançait au gré de la brise. Un chaud rayon de soleil se reflétait sur les mèches lisses et soyeuses. Ses yeux d'un rouge éclatant étaient comme des rubis. Ce cheval était un spectacle à voir !

... Rouge ?

Eugène se figea immédiatement. Les yeux qui rencontraient les siens étaient clairement rouges. Et les yeux rouges étaient l'un des attributs des...

... des Alouettes.

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Chapitre 00 à 50
Attention Contenue obsène
Attention, La série : "Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 00 à 50" contient beaucoup de violence, de sang ou de contenu à caractère sexuel pouvant ne pas être approprié aux mineurs.
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