Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 101 à 150

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Tome 1 – Chapitre 101 – Prise en main

de son destin

Elle le posa immédiatement, ses mains s'emparant avec empressement de l'épaisse pile de papiers qu'elle feuilletait à la hâte d'une page à l'autre de l'historique des retraits. La plupart d'entre eux étaient des transactions enregistrées. Mais à part les chiffres, il n'y avait pas grand-chose sur le rapport.

« Jin... » Eugène soupira en essayant de reconstituer le puzzle et en reposant les documents sur la table.

Elles étaient si différentes l'une de l'autre. Si différentes dans leur façon de vivre. Alors que dans son monde d'origine, Eugène se battait pour économiser ne serait-ce que quelques dollars par jour, ici, Jin n'avait même pas besoin de réfléchir à deux fois avant de dépenser autant.

D'un simple geste de la main, elle se mettait à pleurer en voyant l'argent gaspillé. Peu importe qu'elle n'en ait rien su jusqu'à aujourd'hui.

« Comment a-t-elle pu dépenser autant d'argent en trois ans ? » Siffla-t-elle pour elle-même, frustrée. Elle souffla de colère jusqu'à ce qu'elle se calma enfin avant de reprendre l'historique des retraits.

Chaque retrait avait été effectué par le biais d'un chèque postdaté. Le chèque était assez simple, même s'il n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait vu à Mahar, elle pouvait en comprendre le principe de base. Son nom était inscrit sur le chèque en tant que garant, son cachet personnel probablement.

Elle parcourut encore une fois l'historique des retraits. À chaque fois, la date et le montant variaient. Cela signifiait que Rodrigo avait dû retirer de l'argent des comptes chaque fois qu'il en avait besoin et autant qu'il en avait besoin. Ce qui signifiait aussi que Jin lui avait fourni un tas de chèques postdatés.

En se rappelant où était passé tout l'argent, la gorge d'Eugène s'assécha comme si quelqu'un l'étranglait. Jin lui avait donné l'argent en lui faisant croire qu'elle lui achetait des livres anciens, mais elle savait maintenant que ce n'était pas le cas.

Les rebelles ! Elle soutenait les rebelles !

La moitié de l'argent de Jin était allée aux rebelles, leur donnant cent milliards de dollars pour aider leur cause. Elle n'arrivait pas à imaginer à quel point une telle organisation avait besoin d'autant d'argent. Etait-ce que le fait de geler le compte allait régler le problème dans lequel elle se trouvait ?

« Non » se dit-elle « c'est loin d'être suffisant pour les arrêter »

Malgré tout ce qu'elle avait appris aujourd'hui, elle trouvait heureux qu'au moins, le public ne considèrait pas l'organisation rebelle comme le diable réincarné. Ainsi, heureusement, cela signifiait qu'elle ne serait pas lapidée à mort.

Cependant, la quantité d'argent que Jin avait apportée avec elle était trop importante pour que tout provienne de sa famille. Malgré ses origines riches, toute leur fortune combinée n'atteindrait même pas la somme qu'elle avait amassée.

Elle s'appuya sur le canapé, se frotta les tempes en soupirant avant de fixer le plafond au-dessus d'elle. Il y avait tant à faire, et elle ne savait même pas par où commencer. Au bout d'un moment, elle laissa enfin échapper un sourire en coin.

Elle avait peut-être trouvé un moyen de faire tourner les choses en sa faveur.

Pas de temps à perdre... Il y avait beaucoup à faire !

*********************************

La journée avait été très chargée pour elle. Après avoir rencontré le président de la banque, elle s'était immédiatement consacrée à ses tâches de mise en ordre du palais.

Depuis trois ans, cette tâche avait été déléguée au général pour s'occuper des affaires internes, ce qui aurait dû être le rôle de la reine. Eugène s'était donc dit qu'elle devrait commencer par passer l'après-midi à recevoir les devoirs et les responsabilités du générale avant tout.

Et tant qu'à faire, elle avait aussi pris le temps d'aménager un petit espace dans sa chambre pour en faire son bureau de travail. C'était là qu'Eugène passa tout l'après-midi à soulager le travail du générale.

De plus, cela lui permit d'avoir un espace privé pour travailler. Elle était un peu déstabilisée par la liberté d'aller et venir des gens pendant qu'elle dévoilait peu à peu les secrets de Jin.

Elle avait également besoin d'un peu d'aide de temps en temps pour les affaires officielles. Et vu le nombre de dossiers qu'elle devait examiner, elle devait s'assurer qu'ils étaient remis à la bonne personne.

Mais ce n'était pas suffisant pour l'occuper pendant plusieurs jours, seulement pendant un certain temps peut-être.

Dès que les heures chargées de l'après-midi furent passées, elle se détendit enfin. Et si elle était physiquement incapable de bouger de sa position actuelle, son esprit, lui, courait encore des kilomètres.

Elle n'arrivait pas à se concentrer sur le dîner, tellement elle était perdue dans ses pensées qu'elle ne remarqua pas les regards inquiets que Marianne lui lançait.

Et comme chaque soir, les serviteurs du roi venaient à elle. Cela durait depuis suffisamment longtemps pour que le personnel du palais ait déjà l'habitude de voir les serviteurs du roi rendre visite à la reine.

Dès qu'Eugène apprit par Marianne que les serviteurs du roi étaient arrivés, elle hésita à bouger. Mais elle finit par acquiescer, se disant qu'il valait mieux se reposer l'esprit en pensant à autre chose.

Le soleil s'était couché, recouvrant le palais d'ombres tandis que la nuit montait.

Les serviteurs étant partis après avoir accompli leurs dernières tâches, Eugène se retrouva seule dans sa chambre à la lumière tamisée.

Une voix la sortit de ses pensées.

'Son Altesse Royale, le Roi du Désert.'

Elle se leva de son lit et se sentit nerveuse malgré le fait qu'ils faisaient cela tous les soirs maintenant.

Le roi apparut devant elle et se dirigea vers elle. Par-dessus son épaule, elle pouvait voir les serviteurs s'éloigner à toute vitesse, fermant les portes derrière lui avec un doux cliquetis jusqu'à ce qu'ils furent enfin seuls.

Elle se rendit compte qu'elle ne voyait jamais personne d'autre avec lui autour d'elle. En avait-il toujours été ainsi ? Elle se sentait gênée par son comportement impatient, à peine capable d'attendre que les serviteurs les laissent dans leur intimité.

Une fois qu'il l'eut rejointe, il ne tarda pas à la prendre dans ses bras et à la serrer contre lui. Il s'éloigna légèrement, une main tenant délicatement son menton tandis qu'il baissait la tête pour l'embrasser sur les lèvres, déplaçant la sienne contre la sienne dans des mouvements sensuels, poussant sa langue pour entrouvrir les lèvres de la jeune femme.

Eugène vit ses yeux se fermer et elle respira profondément par le nez pour apprécier la sensation. Elle le vit approfondir le baiser, tandis que sa prise sur ses épaules se resserrait.

Elle le regarda doucement, ouvrant finalement sa bouche et sa langue y pénétra rapidement. Elle l'observa tandis qu'il l'embrassait passionnément, la tête penchée pour obtenir un meilleur angle.

Ses yeux parcoururent son visage, l'arête lisse de son nez, ses longs cils...

Cela aussi, remarqua-t-elle, c'était sa réalité.

Soudain, elle fut prise d'une légère nausée, son estomac se retournant et ses joues rougissant. Il fallait qu'elle s'éloigne. Non pas parce qu'elle voulait qu'il parte, mais parce qu'elle était encore trop confuse pour comprendre ses propres sentiments.

Ses paumes quittèrent ses épaules et donnèrent une légère poussée sur sa poitrine lorsqu'il se dégagea enfin.

Kasser la regarda avec curiosité, tandis qu'elle détourna son regard de lui.

« Pouvons-nous ne pas le faire ce soir ? » lui demanda-t-elle finalement.

Il devint encore plus confus. « Qu'est-ce qu'il y a ? Je t'ai mis en colère ? Ou tu te sens encore mal ? »

Eugène répondit en secouant la tête.

« Rien de tout cela » lui dit-elle. « Je ne suis tout simplement pas d'humeur en ce moment »

Tome 1 – Chapitre 102 – C'est mon

devoir

Lorsqu'elle baissa son regard dans l'axe de son torse, Eugène ne put voir quel type d'expression il faisait avec sa déclaration. Elle savait qu'elle risquait probablement d'offenser le roi, cependant, peu importe ce à quoi elle pensait, elle ne pouvait se résoudre à le faire avec lui ce soir.

« Je suis désolée » Elle s'excusa. Il y eut un silence tendu pendant un moment avant qu'il ne soit finalement rompu.

« Eugène » Il l'appela. Il n'y avait aucune inflexion dans sa voix, aucun moyen de savoir à quoi il pensait, alors Eugène finit par lever les yeux vers lui.

Il était calme, mais elle savait qu'il était très difficile de savoir ce qu'il ressentait en se fiant uniquement à son apparence extérieure. Il n'était pas du genre à être facile à lire.

« Ce n'est pas quelque chose dont tu dois t'excuser. Je ne veux pas te forcer à faire quoi que ce soit »

« Mais c'est mon devoir » dit-elle.

Les yeux de Kasser se plantèrent dans son cadre, l'observant en silence avant qu'il ne choisisse de répondre.

« Ça devrait aller tant que tu ne m'évites pas » expliqua-t-il.

Eugène lui fit un signe de tête laconique. « D'accord. »

Après cela, il y eut un autre moment de silence tendu. Et malgré cela, il n'y eut pas d'échange de mots durs ou de mots tout court. Ils sentaient que la distance entre eux se creusait davantage.

« D'accord, alors... » Les mots de Kasser restèrent bloqués dans sa gorge.

Il voulait lui souhaiter une bonne nuit, un bon repos, mais les mots ne sortaient pas et ses pieds ne bougeaient pas de sa place. Depuis quelques jours, chaque soir, il sentait son cœur battre la chamade à l'idée de passer du temps ensemble, et pas seulement pour satisfaire ses pulsions sexuelles.

Il avait du mal à se souvenir d'un moment de sa jeunesse où il avait partagé sa chambre avec une autre âme. Depuis son plus jeune âge, il ne se souvenait que de s'endormir et

de se réveiller seul. Et au début de leur mariage, il se souvenait avoir à peine fermé l'œil chaque fois qu'il partageait le lit de la reine.

Pendant trois ans, il avait passé une nuit avec la reine tous les mois. Et tandis qu'elle dormait profondément de l'autre côté du lit, il ne pouvait rien faire d'autre que de se tourner et se retourner, fixant le dos de la reine jusqu'à ce que le matin arrive.

Il n'y avait pas si longtemps encore, c'était vrai.

Mais aujourd'hui, il n'y avait pratiquement plus de jours où il ne passait pas une bonne nuit de sommeil. Et bien qu'il n'avait pas modifié la durée de son sommeil, il se sentait chaque matin aussi léger qu'une plume. Il trouvait le sommeil encore plus reposant lorsqu'il avait quelqu'un à ses côtés la nuit.

« Eugène » Il rompit enfin le silence lorsqu'elle se réveilla à l'appel de son nom.

« Oui ? »

« Voulez-vous passer un peu de temps seule ? »

« Non » dit résolument Eugène en secouant rapidement la tête.

S'il quittait sa chambre à un moment pareil, les domestiques parleraient sans aucun doute. Elle connaît bien les ragots du palais. De plus, elle ne voulait pas le mettre à la porte et risquer de blesser sa fierté.

« Le lit est assez grand » ajouta-t-elle en faisant un geste vers son lit. « A moins que... »

Elle marqua une pause, sentant qu'elle dépassait les bornes. « Vous avez été offensé et vous voulez retourner dans votre chambre ? » demanda-t-elle avec incertitude.

Kasser lui adressa un petit rire.

Il n'y avait rien de spécial dans la façon dont elle l'avait dit. Ce n'était ni élégant ni frivole, mais de temps en temps, il y avait quelque chose de différent dans sa façon de parler. Souvent, il la trouvait même humoristique et unique.

« Merci de m'offrir un côté de votre lit, ma reine » lui dit-il en la taquinant.

Elle rougit un instant avant qu'il ne lui adressa un sourire sincère.

« Je vous en prie, Votre Majesté »

Et sur ce, la tension dans la pièce s'était un peu relâchée.

Eugène regarda Kasser avec intérêt. Si elle se considérait comme l'un des personnages d'un monde fictif, elle pouvait considérer les actions et les paroles de Kasser comme quelque chose d'adapté au personnage.

Mais si elle considérait Mahar comme sa réalité... Si elle considérait Kasser comme un être humain vivant... Alors elle pourrait dire avec certitude que ce n'est qu'un autre aspect de sa personnalité.

Elle devait admettre que lors de ses premières interactions avec le roi, la seule chose qui l'attirait était son apparence. Maintenant, après avoir appris à le connaître un peu mieux, elle se trouvait de plus en plus attirée par sa personnalité à la place.

Une fois de plus, une pensée familière lui traversa l'esprit...

Qu'est-ce que cela aurait été si j'avais été Jin, si j'étais née et si j'avais grandi ici ?

Elle le voyait maintenant, une vie où elle n'avait pas à se préoccuper de tout cela et où elle ne faisait que profiter de son mariage heureux avec Kasser depuis maintenant trois ans. Une vie où elle pourrait être heureuse et satisfaite, sans jamais demander plus.

Mais Eugène n'était sûre de rien pour l'instant. Elle ne savait toujours pas où se trouvait la bombe à retardement métaphorique que Jin avait enterrée, ni quand elle lui sauterait dessus. Elle pouvait très bien devenir une criminelle du jour au lendemain.

Mais ce n'était pas le moment de se laisser influencer par ses émotions.

Si sur Terre, Eugène vivait comme si elle était poursuivie, alors cette vie la suivait jusqu'à Mahar.

En effet, la vie était trop amère pour elle.

*************************************

Bientôt, le couple s'allongea côte à côte sur le lit d'Eugène. Tous deux fermèrent les yeux, tentant de s'endormir dans leur espace respectif. Mais ils n'y parviennent pas non plus.

Les pensées d'Eugène se résumaient à ce qu'elle avait fait pour la journée. Et en effet, elle pouvait dire qu'aujourd'hui était la journée la plus chargée qu'elle avait passée sur Mahar.

« Je pense qu'Ellie est Tanya. »

L'une des nombreuses choses qu'Eugène avait apprises de l'officier générale était la procédure standard d'embauche et de gestion des membres du personnel du palais. Par curiosité, elle avait demandé comment Ellie avait été engagée comme femme de chambre.

Heureusement, Sarah se souvenait en détail de cette journée et la lui expliqua.

« Ellie n'est pas entrée au palais en tant que membre officiel du personnel. En général, le nombre de serviteurs engagés est constant, mais de temps en temps, des situations inattendues se produisent et nous manquons de personnel. Nous engageons alors temporairement du personnel pendant ces périodes » expliqua Sarah.

« Ah, Ellie n'a donc été engagée que temporairement ? » demanda Eugène et Sarah acquiesça.

« Oui, Votre Grâce. »

« Alors comment Ellie est-elle devenue l'une de mes servantes ? »

« Vous l'avez engagée vous-même, Votre Majesté »

« Est-il courant que le personnel temporaire soit embauché officiellement ? »

« Non, Votre Majesté. C'était la première fois que cela arrivait » Sarah répondit en choisissant soigneusement ses mots.

« Et c'est parce qu'il y a des coutumes ? »

Sarah avait hésité et s'était contentée de dire qu'il y avait un critère strict pour l'embauche de nouveaux employés, et s'en était tenue là. D'après sa réaction, Eugène supposa qu'elle voulait dire que Jin avait défié les coutumes et prit Ellie sans aucune discussion.

Mais bien sûr, Sarah ne pouvait pas être purement honnête et dire « vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais vous avez fait ce que vous vouliez » à elle, la reine.

« Pour quelle raison l'ai-je engagée ? »

« Vous ne nous avez pas... donné de raison, Votre Grâce »

« Et Ellie a-t-elle toujours travaillé pour moi ? »

« Non, Votre Grâce. Nous ne laissons pas de personnel temporaire autour des membres de la famille royale »

Selon Sarah, tous les employés temporaires se voyaient confier des tâches telles que couper des légumes ou balayer des pièces vides. Ils n'étaient pas et ne seraient jamais chargés de s'approcher du roi ou de la reine. Sarah avait également admis qu'elle n'avait aucune idée de la manière dont Ellie avait pu attirer l'attention de la reine.

Mais Eugène savait que ce n'était pas le cas.

Si elle avait réussi à pénétrer dans le palais, il était facile de savoir où se trouvait la chambre de la reine. Elle aurait trouvé Jin et lui aurait donné une sorte de signal pour lui montrer qui elle était vraiment.

De plus, les autres personnes envoyées par Rodrigo n'auraient eu aucun mal à approcher Jin.

Alors qu'Eugène passait une nuit agitée à réfléchir aux plans de Jin Anika et aux dégâts qu'elle pourrait causer, Kasser, qui était allongé à côté d'elle, était désespérément tenu éveillé par une seule pensée...

« Mais c'est mon devoir »

Ses paroles le dérangeaient au plus haut point.

Ps de Ciriolla : Kasser, protagoniste masculin sans red flag???? c'est possible??? Eugène lui dit non, il n'insiste pas et accepte sans mouvement d'humeur !!!! Je valide tellement

Tome 1 – Chapitre 103 – Les désirs d'un roi

Elle n'avait pas tort. Ils avaient passé un accord il y a trois ans, et elle avait promis de lui donner un successeur, sans compter que c'était l'un de ses principaux devoirs en tant que reine. Mais pourquoi ses paroles l'irritaient-elles ?

En fait, il devrait lui être reconnaissant d'avoir utilisé le mot 'devoir'. Et puis, n'était-ce pas mieux que d'appeler cela l'accomplissement d'un contrat ?

Tout ce qu'il attendait de leur mariage, c'était un successeur. Et parce qu'il n'attendait rien de plus, il n'avait jamais été déçu par elle pour les ennuis qu'elle lui avait causés.

Mais récemment, il se rendit compte qu'il voulait plus qu'un simple successeur à leur mariage. Il voulait qu'elle accepte d'être la reine de Hashi, qu'elle s'acquitte de ses devoirs et de ses responsabilités avec fierté. C'est pourquoi il lui avait confié la gestion du palais... pour qu'elle fasse partie du royaume.

Et il se souvenait avec émotion de la façon dont elle avait accepté cette responsabilité avec enthousiasme.

Mais était-ce tout ce qu'il voulait ?

Il ne pouvait même pas trouver la force de dire que oui, c'était tout ce qu'il attendait d'elle. Mais pour la vie, il ne savait même pas ce qu'il voulait d'autre. Et plus il y pensait, plus ses pensées s'embrouillaient, l'embrouillant grandement.

Alors qu'il poussait un soupir silencieux, il fut surpris d'en entendre un autre juste après. Ce n'était pas le sien, alors il tourna la tête, juste à temps pour voir Eugène faire de même et ils se regardèrent l'un l'autre avec perplexité.

« Je suis désolée, je t'ai réveillé ? » dit-elle finalement, réajustant sa position pour lui parler correctement.

« Non, ce n'est pas grave. Tout va bien ? » demanda-t-il en faisant de même pour la regarder.

« Oui, je pensais juste à des choses... » répondit-elle en s'interrompant.

Kasser se pencha plus près d'elle. « A quoi pensais-tu ? »

« Ce n'est rien » Ses paroles lui valurent un froncement de sourcils.

Sa réponse vague le dérangeait, mais il savait qu'il ne fallait pas interroger quelqu'un qui ne voulait pas parler. Quoi qu'il en soit, il ne supportait pas ce sentiment de ne pas savoir, pas ce soir.

« Est-elle... ? » Il se raidit soudain dans ses pensées.

Il fallait qu'il sache !

« Eugène »

« ... oui ? »

« Tu te souviens de quelque chose ? »

« Non, je ne me souviens de rien » Eugène répondit rapidement lorsqu'elle sentit qu'il commençait à se redresser dans l'obscurité. Lorsqu'elle le vit allongé sur le côté, plantant son coude dans les draps et appuyant sa tête sur sa paume, Eugène secoua une nouvelle fois la tête pour le rassurer.

« J'ai rencontré le président de la banque aujourd'hui » Elle fut soudain partagée. Ce n'était pas celui qui l'inquiétait en ce moment, mais elle décida de donner au moins à Kasser un sujet de conversation. « Apparemment, j'ai eu une sorte de fortune privée. J'ai donc appelé pour le confirmer »

« Et qu'avez-vous trouvé ? »

« Juste que j'en ai trop » Elle admet. « Je me demande toujours si tout cela est vraiment à moi » teremina-t-elle doucement.

« Il est à toi » Il lui confirma. « Il s'agit probablement de Sang-je » ajouta-t-il.

« Le Sang-je ? Pour quoi faire ? »

« Pour te féliciter de ton mariage. Tous les Anikas reçoivent de l'argent lorsqu'elles se marient » dit Kasser en souriant enfin, toute la taquinerie pouvait être entendue dans sa voix. « Tu t'inquiètes d'avoir trop d'argent ? Pourquoi t'inquiètes-tu de cela ? » Il se moqua d'elle.

Eugène s'enfonça encore plus dans sa couverture et ses sourcils se froncèrent.

« Je ne me sens pas bien d'avoir tout cet argent. Je ne sais même pas d'où il vient » Elle marmonna. Si seulement je pouvais lui dire pourquoi je tiens tant à étudier la richesse de Jin...

« S'il est sur un compte à votre nom, alors il est à vous. Pourquoi cela importe-t-il d'où il vient ? » demanda-t-il avec confusion, tandis qu'Eugène lui jetait un coup d'œil avant de faire une moue de frustration.

Etait-ce vraiment la ligne de pensée que l'on avait quand on était né de l'argent ? Car à part Sang-je, Kasser était l'une des personnes les plus riches de Mahar. Cela ne

l'empêchait pas de se demander si chaque Anika avait reçu autant d'argent au moment de se marier.

Les Sang-je chérissaient vraiment les Anikas.

« Mais tu as probablement reçu plus » Kasser interrompit soudain ses pensées.

« Vraiment ? Pourquoi ? »

« Parce que tu as épousé un roi »

« Pourquoi donnerait-il plus d'argent à Anikas épousant un roi ? »

« Probablement pour réconforter une Anika qui quitte la ville sainte, et pour l'aider financièrement à s'installer dans un royaume étranger. Mais ne le dis à personne. Je te le dis seulement parce que tu ne t'en souviens pas, mais ce n'est pas quelque chose de très connu »

« Oh ? Alors comment l'as-tu découvert ? » lui demanda-t-elle.

« Je l'ai découvert par hasard » dit-il en haussant les épaules.

Avec ça, il mit effectivement fin à leur conversation.

Eugène trouva étrange qu'il montrait ne serait-ce qu'une once de gêne. Elle n'en demanda pas plus, car elle n'était plus aussi curieuse qu'avant.

« Au moins, ce n'était pas de l'argent louche » pensa-t-elle avec soulagement, sentant un poids s'envoler de ses épaules.

« Eugène »

« Oui »

« A propos de ce que tu as dit » Il marqua une pause, continuant à rester silencieux un moment avant de reprendre la parole.

Eugène attendit patiemment qu'il continue. Elle se demanda ce qu'il avait de si difficile à dire.

« Je n'essaie pas de vous critiquer, ni de vous faire changer d'avis » poursuit-il enfin.

Eugène fronça les sourcils devant ce changement soudain de sujet, essayant de se rappeler ce qu'elle avait dit plus tôt...

« Je veux juste que tu saches que si tu ne veux pas d'enfant, nous ne sommes pas obligés d'en avoir un » dit-il finalement « Je trouve que parfois, les enfants ne font qu'empirer les choses »

Eugène ne comprit pas tout de suite le sens de ses paroles. Comment les enfants pourraient-ils aggraver les choses ? Soudain, l'ancienne reine qui séjournait dans la Ville Sainte lui revint à l'esprit.

Ayant l'impression d'avoir gratté la croûte de la blessure d'enfance de Kasser, elle se sentit en empathie avec lui.

« Peut-être est-ce parce que tu ne me connais pas encore très bien, mais, je peux t'assurer que personne ne peut me faire faire ce que je ne veux pas faire » Elle lui dit en toute confiance, ajoutant même un ton badin, mais elle n'entendit aucune réponse de sa part.

Elle attendit encore quelques minutes, mais ne fut accueillie que par le silence. Bientôt, elle s'installa pour dormir confortablement, ses yeux se fermant au fur et à mesure que le sommeil s'installait en elle...

Malheureusement, une seconde plus tard, ses yeux se rouvrirent en se souvenant d'un détail important de ses inquiétudes.

« Ah, j'ai oublié de demander » fit-elle en se mordant la lèvre.

Elle avait toujours besoin de savoir ce qu'elle avait volé avant de s'enfuir dans le désert.

Tome 1 – Chapitre 104 – Discussion

nocture

« Votre Majesté, dormez-vous ? » demanda-t-elle en pleine nuit.

Les draps s'agitèrent, et Kasser tourna son corps pour lui faire face une fois de plus.

« Non. Qu'y a-t-il ? » dit-il.

« J'ai bien peur qu'il s'agisse de quelque chose de désagréable » Elle commença lentement, essayant de ne pas le choquer à une heure aussi tardive. « Le jour où j'ai disparu dans le désert, Votre Majesté m'a dit que j'avais pris quelque chose en secret.

S'il vous plaît, dites-moi ce que c'était »

Kasser se redressa en appuyant son coude sur le matelas.

« ... pourquoi me demandez-vous cela ? »

« Puisque c'est moi qui l'ai fait, je dois le savoir » Elle haussa les épaules, essayant de faire passer cela pour de la curiosité de sa part.

Eugène savait qu'elle ne pourrait pas dormir tant qu'elle n'aurait pas discuté de ce qui la tracassait depuis longtemps, depuis qu'elle était venue dans ce monde. C'était un choc pour elle d'avoir pris la forme de Jin Anika, la Reine de Mahar, et maintenant, couché à côté d'elle, se trouvait le quatrième Roi de Mahar, le Roi Kasser.

En toute honnêteté, elle était la romancière qui avait créé ce monde, mais cela ne signifiait pas qu'elle en connaissait tout. Depuis son arrivée, elle cherchait à savoir ce que Jin avait volé. Mais pour tout le monde, elle était et avait toujours été Jin Anika, qui avait perdu la mémoire.

Elle savait que le roi avait la réponse, mais elle n'était pas sûre qu'il accepterait de la lui donner.

Kasser avait déjà décidé de garder l'affaire secrète et enfouie, car il ne voulait pas en reparler avec elle. S'il admettait la vérité sur le vol, cela signifierait qu'il devrait lui parler de l'endroit où elle l'avait volé, c'est-à-dire la maison du trésor.

Et si elle en apprenait l'existence, il ne doutait pas qu'elle voudrait aller vérifier elle-même.

Il craignait que cela ne ravive ses souvenirs, et c'est pourquoi il refusait d'en reparler.

De plus, pour s'assurer que sa mémoire ne reviendrait pas, il avait scellé l'endroit.

Certes, cela faisait un certain temps qu'elle avait perdu la mémoire, et il ne semblait pas qu'elle reviendrait de sitôt. Bien qu'il sache qu'il devrait en être soulagé, il ne pouvait s'empêcher d'être de plus en plus anxieux chaque jour.

Tout pouvait faire revenir sa mémoire. Si elle rencontrait ne serait-ce qu'un seul élément déclencheur de son passé, il craignait ce qui se passerait si elle se souvenait de tout. Même ses questions lui donnaient un sentiment d'inquiétude.

Il ne voulait pas que ses souvenirs reviennent. Il devait s'assurer que la maison du trésor ne constituait pas une menace. Il devait étouffer l'affaire dans l'œuf.

« Ce n'est rien d'important » Kasser se défila en s'asseyant sur le lit.

Eugène tourna la tête sur le côté. Elle distinguait faiblement sa silhouette dans l'obscurité, les yeux fixés sur le plafond, et l'observait avec méfiance. Il évitait manifestement la question.

« Votre Majesté, je vous en prie, j'ai besoin de savoir. Même si vous ne vous en souvenez pas clairement, c'était ma faute. Je suis également certain que vous étiez furieux contre moi à ce sujet. Dois-je comprendre que j'ai été blâmée à ce moment-là, même si ce n'était rien ? » l’interpella-t-elle.

Elle n'avait pas l'air de vouloir se laisser faire aussi facilement. Kasser ouvrit finalement les yeux avec un soupir, hésitant un instant sur ce qu'il devait dire et inventa une excuse, juste pour éviter qu'elle ne lui pose plus de questions à ce sujet.

« C'était une gemme »

« Une pierre précieuse ? »

« Un collier qui a été transmis à la famille royale depuis des générations. Les bijoux sont transmis d'une reine à l'autre. Lors d'un mariage ou d'un couronnement, la tradition veut que la nouvelle reine le porte. Bien qu'il appartienne à la famille royale, seule la reine peut le porter »

En temps normal, il ne mentirait jamais, mais dans une situation aussi inévitable que celle-ci, il n'oserait pas non plus se lancer dans un mensonge bâclé. S'il devait mentir, il mentirait parfaitement.

Un mensonge parfait est constitué de faits, d'un mélange de ce qui est vrai et de détails inventés.

Or, un tel collier existait bel et bien, mais il était encore bien à l'abri dans la maison du trésor, contrairement à celui qu'elle avait perdu et dont il ne lui parlerait jamais. Il avait également interdit à ses sujets de lui dire quoi que ce soit concernant la maison du trésor et le trésor national manquant - une graine d'Alouette anormalement grande.

C'était pourquoi, si elle interrogeait quelqu'un, même Marianne, sur le collier, elle devrait pouvoir lui répondre.

Eugène, quant à elle, continuait à l'écouter avec une expression dubitative sur le visage.

« Quel genre de collier ? »

« Un collier orné de sept diamants de couleurs différentes, façonnés en forme de voile »

Il tendit alors la main, planant au-dessus de sa poitrine. « Il pourrait presque couvrir tout ton cou, même » remarqua-t-il.

Eugène se demandait quelle sorte d'agitation avait pu se produire pour cela. Ce n'était qu'un collier. Mais plus elle y pensait, plus elle comprenait l'importance de l'artefact.

Elle s'imaginait le porter, imaginer le collier ornant son cou, scintillant lorsque la lumière rebondissait sur les diamants alors qu'il enveloppait entièrement son cou. Elle pouvait imaginer les petites pierres précieuses dont il était fait. Il pouvait y avoir des dizaines, non, même des centaines de ces diamants pour composer le collier !

Elle avait du mal à imaginer combien il avait coûté. Sans parler des implications historiques d'un tel bijou qui avait été transmis de génération en génération dans la famille royale de Hashi.

Il ne pouvait s'agir que d'un bien inestimable.

« Cela ne semble pas être quelque chose d'insignifiant... » Elle marmonna d'un air inquiet après son explication, assez découragée par le trésor perdu. « Je suis désolée, je ne me souviens pas où il se trouve » Elle s'excusa sincèrement.

Mais l'autre se contenta de hausser les épaules.

« Cela fait déjà un moment qu'il a été perdu. Oublie-le » assura-t-il.

Cependant, Eugène ne pouvait s'empêcher d'avoir honte d'une telle perte.

Tome 1 – Chapitre 105 – Un rêve lucide

« Comment peut-on oublier le passé et aller de l'avant ? J'ai pris un trésor si important, j'ai fait ce que je voulais, puis je l'ai perdu... et je ne peux pas le retrouver toute seule »

Elle s'inquiéta, avant de se tourner vers lui, un peu frénétiquement. « Et si je donnais mes richesses personnelles à Votre Majesté, ne serait-ce qu'une fraction ? Ha... Peu importe. Ce serait loin d'être suffisant » Eugène se réprimanda au bout d'un moment.

Après avoir écouté ses murmures incessants et ses idées noires, Kasser ne put s'empêcher de sourire.

Il voulait seulement qu'elle cesse de s'enquérir du trésor perdu, pas qu'elle se sente coupable d'un mensonge. Il étouffa son envie de rire à l'idée qu'elle paye de sa fortune quelque chose qui n'avait même pas disparu.

« C'est vrai » Eugène marqua une pause avant de se retourner vers lui. « Ce collier a-t-il une capacité spéciale ? » lui demanda-t-elle, ce qui le sortit de ses propres réflexions. «

Ce n'est pas qu'un simple collier ? Est-ce qu'il contient un pouvoir quelconque ? »

Kasser secoua la tête. « Une pierre précieuse n'est qu'une pierre précieuse, tout comme le collier n'est qu'un collier. »

Eugène se recroquevilla sur elle-même avec sa réponse, avant de soupirer.

« Je suis vraiment désolée pour les ennuis que j'ai causés » lui dit-elle sincèrement, et une fois de plus, il balaya ses inquiétudes d'un revers de main.

« Vraiment, c'est du passé. Cesse de t'en préoccuper »

« Mais tu as dit qu'il était transmis de génération en génération » Elle argumenta, « qu'il devrait être donné à la prochaine reine »

« La reine d'un enfant qui n'est pas encore né » lui rappela-t-il. « De plus, il n'y a aucun moyen de savoir quand ce sera le cas »

Les mains d'Eugène remontèrent inconsciemment vers son ventre alors qu'elle imaginait ce que ce serait d'être mère.

Elle s'imaginait porter l'enfant, l'élever, le voir grandir jusqu'à sa majorité. Il rencontrerait la femme qui deviendrait bientôt son épouse, et elle le regarderait se marier et devenir roi.

Elle se demandait quand tout cela commencerait.

Elle finit par dire : « Ce ne sera pas trop tôt, n'est-ce pas ? » « Si je dois porter ton fils »

Kasser la regarde d'un air pensif.

« Comme je l'ai dit, je m'en occuperai, alors tu devrais déjà l'oublier » Il le pensait vraiment en disant cela. Après tout, il n'utilisait le collier que comme excuse pour ce qui avait réellement disparu.

Il avait juste besoin de plus de temps.

« Cessons de parler de ça et allons dormir. Tu as aussi beaucoup de travail à faire demain » Il finit par reprendre la parole, se réinstallant pour dormir tandis qu'Eugène acquiesça doucement.

« Oui... »

Elle le fixa encore un moment malgré la faible luminosité, sachant qu'il pouvait sentir son regard sur lui. Cependant, à présent, elle était déterminée à laisser son passé derrière elle, à abandonner le désir de retourner dans son propre monde et à embrasser sa nouvelle identité en tant que Jin Anika, reine de Hashi.

Eugène était reconnaissant envers Kasser, qui faisait comme si rien ne s'était passé. Il devait déjà avoir compris qu'elle ne pouvait pas être tenue pour responsable de ce dont elle ne se souvenait pas, et c'était probablement la raison pour laquelle il s'était obstiné à ne pas parler de l'objet volé jusqu'à ce qu'elle l'évoque.

« Un collier... » murmura-t-elle doucement.

Ce n'était pas ce à quoi elle s'attendait. De toutes les choses qu'elle aurait pu voler, elle ne s'attendait pas à ce que Jin ait dérobé un objet de famille.

Mais c'était peut-être pour cela qu'elle avait épousé Kasser, après tout. A-t-elle tellement aimé le collier qu'elle l'a pris pour elle et l'a transporté à travers le désert ?

Je ne crois pas. Eugène était sceptique. Si l'objet n'était vraiment qu'un bijou sans valeur particulière, il pouvait être échangé contre de l'or et vendu au plus offrant. Mais pourquoi Jin ferait-elle cela ? Elle était suffisamment riche.

En outre, il serait difficile d'échanger un collier entier avec une telle caractéristique, mais s'il était divisé et vendu en petits morceaux, il aurait pu être vendu en quantité suffisante. Si l'on se réfèrait au passé de Jin, qui s'était toujours investie dans la vie sociale, cela ne sembla pas être une motivation suffisante pour qu'elle devienne une voleuse par besoin d'argent...

Elle ne pouvait s'empêcher de penser que le personnage qu'elle avait créé était bien trop unidimensionnel pour ce genre de plan.

Bien que ses doutes n'aient pas été dissipés, elle s'endormit rapidement...

Peu de temps après, elle l'entendit.

Le doux ruissellement de l'eau sur le sol.

Et ses yeux s'ouvrirent à nouveau.

Elle fut accueillie par un ciel bleu limpide qui s'étendait à perte de vue. Elle sentait l'eau la bercer alors qu'elle flottait sur la mer...

Un lac ? Ou était-ce un océan ?

Il n'y avait pas de terre en vue qu'elle pouvait apercevoir de sa périphérie, il était donc difficile de le savoir. Prenant enfin suffisamment conscience de la situation, elle se mit à ramer doucement du pied pour essayer de se redresser.

Des éclaboussures d'eau se déplaçaient lorsqu'elle battait des bras, ses pieds pataugeant à plusieurs reprises à la surface de l'eau. Elle se dandina dans l'eau, et bien qu'elle entendît l'eau qui l'entourait, elle ne sentait ni le froid, ni l'humidité plus elle glissait.

Elle connaissait cet endroit et cette scène lui était familière. Elle aperçut le même horizon à l'extrémité de son champ de vision.

C'était la même scène qu'elle avait vue la dernière fois. Le rêve qu'elle avait fait avant.

Mais contrairement au précédent, elle était déterminée à rester calme tout au long du rêve.

Elle se regarda et constata qu'elle portait les mêmes vêtements que ceux qu'elle portait juste avant de s'endormir. Elle se pencha ensuite et constata que même dans ses rêves, elle ne voyait pas son propre visage, mais celui de Jin qui la regardait.

Même dans mes rêves, je suis Jin...

Elle plongea alors sa main dans l'eau depuis l'endroit où elle était assise. Comme elle s'y attendait, elle vit sa main glisser dans l'eau, mais elle ne sentit rien si elle touchait l'eau.

Elle recommença, encore et encore, mais elle ne sentait toujours rien lorsqu'elle touchait la surface de l'eau.

Elle se leva et regarda de nouveau autour d'elle. L'eau sous ses pieds ne s'arrêtait qu'à ses chevilles. Il n'y avait rien d'autre que l'eau et le ciel dans toutes les directions qu'elle voyait.

Un rêve lucide ?

Tome 1 – Chapitre 106 – Entretien privé Elle commença à marcher. C'était la même sensation que sur la terre ferme, même s'il était étrange d'entendre des éclaboussures à chaque pas qu'elle faisait. Elle leva la tête vers le ciel.

D'un bleu éclatant et sans nuage, on aurait dit une journée claire et ensoleillée.

Cependant, elle se rendit vite compte que, où qu'elle regarde, elle n'arrivait pas à localiser le soleil.

Contrairement au dernier rêve, celui-ci dura plus longtemps. Même après avoir marché pendant des kilomètres, le paysage environnant ne changeait pas.

S'il s'agit d'un lac, il devrait y avoir une rive quelque part...

Et pourtant, l'eau continuait à couler, sans que l'on puisse en voir la fin. Eugène se sentait fatiguée. Elle s'arrêta bientôt et regarda en bas, l'eau qui s'agitait autour de ses pieds était soudain immobile.

Est-il possible qu'un lac soit aussi peu profond ?

Après avoir regardé la surface de l'eau pendant quelques minutes, elle réalisa quelque chose d'étrange. Parce qu'elle s'était concentrée sur l'absence de sensation de l'eau, elle n'avait pas pensé à ce qu'il pouvait y avoir en dessous. Si l'eau lui arrivait à la cheville, ses pieds et le sol devraient être visibles. Mais elle ne voyait même pas le sol boueux.

Au-dessous d'elle, il n'y avait qu'un bleu sombre et profond.

Elle s'accroupit pour regarder de plus près, son visage planant juste au-dessus du niveau de l'eau. Alors qu'elle contemplait la surface pendant un moment, une pièce commença à se matérialiser en dessous. Elle pencha la tête.

Elle lui sembla familière.

Elle ferma les yeux un instant, se préparant à plonger en cas de besoin, mais lorsqu'elle les ouvrit, elle cligna des yeux de surprise en reconnaissant le plafond des chambres qu'elle partageait avec le roi.

Hein ?

Elle tourna la tête d'un côté à l'autre. Elle était couchée dans son lit, dans sa chambre. La pièce était éclairée par la lumière de l'aube.

Quel rêve étrange. Et une façon encore plus étrange de se réveiller.

Elle se redressa enfin. C'était en effet un long rêve.

Pour que le rêve se poursuive ainsi, il ne pouvait pas être ordinaire. Elle pensait avoir fait un rêve lucide, mais à présent, elle n'en était plus sûre. Ce qu'elle savait, c'est que le rêve devait être d'une manière ou d'une autre reliés au trésor manquant.

S'agissait-il du collier ?

Mais cela ne lui semblait pas correct. Son intuition lui disait que l'histoire du roi n'était pas vraie, mais pourquoi lui aurait-il menti ?

À ce moment-là, elle ferma les yeux et se concentra sur ses pensées intérieures. Elle essaya de trouver quelque chose qui prouverait que ses doutes étaient justifiés. Ses sourcils se froncèrent en signe de concentration, mais en vain. Elle ouvrit bientôt les yeux.

Elle ne trouva rien qui puisse étayer ses soupçons.

« Si je refais ce rêve, il faudra que j'explore plus attentivement » Elle se marmonna à elle-même avec détermination, avant de finalement héler une servante à proximité et de commencer sa journée.

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« Votre Majesté, la baronne est arrivée comme vous l'avez demandé » Le chambellan informa le roi.

Kasser apposa son sceau sur un document, avant de lever la tête et d'acquiescer.

« Laissez-la entrer. Je vais parler en privé, faites évacuer la pièce »

« A vos ordres »

Tous les conseillers royaux quittèrent le bureau du roi, et Marianne fut escortée à l'intérieur. Kasser se leva de son siège pour la saluer. Un geste inhabituel pour un roi, mais Marianne n'était pas un sujet comme les autres.

Pendant son enfance, elle avait été sa gardienne et sa confidente, et avait contribué à faire de lui le roi prospère qu'il était devenu aujourd'hui. Aujourd'hui, elle veillait sur la reine Jin, son épouse.

Lorsqu'elle s'approcha de lui, il contourna son bureau et s'assit sur le canapé.

« Venez, asseyez-vous » Le roi invita Marianne à s'asseoir à côté de lui.

« Oui, Votre Majesté » acquiesça Marianne

Marianne était nerveuse à l'idée de s'asseoir, car elle allait probablement devoir rester assise pendant un long moment, répondant à toutes les questions du roi. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu d'entretien privé comme celui-ci, car il n'avait souvent pas de travail à lui confier.

« Marianne, y a-t-il quelque chose que tu ne m'as pas dit ? » demanda-t-il, pour en venir rapidement au sujet de leur rencontre.

« Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, Votre Majesté » dit Marianne, déconcertée par sa question.

« A propos de la mémoire de la reine » Précisa-t-il.

« Votre Majesté, il n'y a rien que je n'ose vous cacher » dit-elle, stupéfaite.

« Vous êtes donc certain que la reine n'a pas retrouvé la mémoire ? Vraiment ? Pas même quelque chose d'apparemment insignifiant ? » Il s'enquit davantage.

Mais Marianne se contenta de nier ses inquiétudes.

« Je n'en sais rien. Si la reine choisit de ne pas parler, je n'ai aucun moyen de le savoir, mais la dernière fois que j'ai vu Sa Grâce, elle n'avait pas l'air différente » Elle le rassura.

Kasser réfléchit à sa réponse en silence, tandis que Marianne prit la liberté de l'observer. Elle comprit, à son expression, qu'il avait dû se passer quelque chose entre eux la nuit dernière.

« Quelque chose n'allait pas ? » demanda-t-elle enfin.

Il se tourna vers elle, tiré de ses pensées. « Elle m'a dit qu'elle avait rencontré le président de la banque hier »

« Oui. Sa Grâce ne se souvenait plus si elle avait des fonds privés, alors elle a demandé l'information à la banque et voulait la confirmer » expliqua Marianne Kasser acquiesça. « Et à part cela ? Il n'y a pas eu d'autre incident particulier ? »

« Il y a eu cette fois où nous avons rencontré un courtier en informations nommé Cage.

D'après le commissaire, il rencontrait de temps en temps la reine. Mais même après avoir rencontré cet homme, la reine m'a dit qu'elle ne se souvenait de rien » Elle s'était ensuite étendue sur le sujet.

Marianne n'était pas du genre à rapporter au roi tous les détails de la vie quotidienne de la reine. Le roi n'exigeait d'ailleurs pas de connaître ce genre de choses. Cela allait à l'encontre de sa nature même.

Elle aimait à penser qu'elle n'était pas une très bonne espionne, et qu'elle ne cherchait pas à l'être. C'était pourquoi Marianne s'efforçait d'aider la nouvelle reine de toutes les manières possibles.

Elle avait souhaité qu'ils se rapprochent l'un de l'autre, et avait donc déjà joué le rôle d'intermédiaire entre les deux couples à plusieurs reprises.

L'accord actuel entre Marianne et le roi Kasser concernait en grande partie la perte de mémoire de la reine. Si la reine avait montré des signes de récupération de la mémoire,

Marianne en aurait immédiatement informé le roi. Elle voulait la protéger de ses souvenirs, certes, mais elle était toujours loyale envers le roi.

« Votre Majesté » Elle prit enfin la parole, le sortant de sa rêverie. Même si Marianne n'était pas la vassale du roi, en tant qu'ancienne gardienne, elle lui donnait souvent des conseils lorsqu'il semblait troublé.

« La perte de la mémoire de la reine dépasse même ton pouvoir » Elle commença par lui tapoter la main d'une manière réconfortante, comme elle l'avait fait autrefois lorsqu'il était jeune. « Sa mémoire peut revenir soudainement un matin, ou peut-être jamais.

Mais je vous le demande, jusqu'à quand allez-vous continuer à vous en préoccuper ? »

dit-elle, voyant que cette idée préoccupait encore beaucoup le roi.

« En attendant, je vous implore de prendre le temps d'apprendre à la connaître. Pas seulement tous les soirs dans sa chambre. Emmenez-la en promenade, mangez ensemble pendant les repas, n'importe quoi. Apprenez à la connaître » Elle l'encouragea doucement. « Après tout, il faut un effort entre deux personnes pour qu'une relation soit complète » Finit-elle par dire.

Tome 1 – Chapitre 107 – L'incident

Plus Kasser y réfléchissait, plus il se rendait compte qu'il ne pouvait pas vraiment expliquer à quel point la situation dans laquelle il se trouvait était compliquée.

Il y a trois ans, lorsqu'il avait conclu le contrat avec la reine, il s'attendait à ce que leur relation commence et se termine à la naissance d'un enfant. Ce qui l'inquiétait le plus dans le retour de ses souvenirs, c'était la crainte qu'elle ne revienne soudain sur ses paroles.

De plus, il n'avait jamais envisagé d'en parler à Marianne, surtout maintenant qu'elle était âgée. Il compromettrait sa santé s'il lui en parlait maintenant. Elle serait très étonnée, et il pourrait lui infliger le choc de sa vie.

« Ne vous inquiétez pas, je m'en occupe » Il la rassure, mais les yeux de Marianne se rétrécissent de manière réprobatrice vers lui.

« Votre Majesté » commença-t-elle, son ton prenant des allures de blâme.

À son expression, Kasser put sentir la réprimande imminente qui l'attendait, et il poussa un grand soupir. Faisant fi de son dégoût, Marianne poursuivit sans se soucier du reste.

« Votre Majesté, comment pouvez-vous me cacher des choses ? Vous êtes déjà très occupé par les affaires de l'État nuit et jour » fit-elle remarquer. « Dois-je vous rappeler que malgré votre emploi du temps, vous avez trouvé le moyen de rendre visite à la reine dans sa chambre tous les soirs ? »

Kasser avait eu sa dose des tracasseries de Marianne lorsqu'il était enfant, il espérait que maintenant qu'il était roi, ce genre de choses lui serait épargné.

S'il répondait de manière imprudente et lui demandait de faire marche arrière, elle lui jetterait un regard qui traduirait sa grande déception et se lèverait sans lui laisser le temps d'expliquer quoi que ce soit.

Il opta donc pour le silence. Il ne voulut rien dire qui puisse le trahir aux yeux scrutateurs de Marianne. Elle remarquerait tout ce qui ne va pas en un clin d'œil.

Et pour être encore plus honnête, sa suggestion d'améliorer sa relation avec la reine était plutôt tentante. Mais pourrait-il y parvenir ?

Et eux ?

Pouvait-il même faire abstraction du passé, en construire un nouveau à partir de zéro ?

Resterait-elle telle qu'elle est aujourd'hui si sa mémoire revenait sans crier gare ?

Ce ne fut que récemment qu'il commença à se sentir marié, trois ans après leur union.

Ce ne fut que récemment qu'il commença à envisager que la reine puisse être plus que la porteuse de son héritier...

Cependant, il ne put s'empêcher de se sentir un peu étouffé. Malgré leur proximité croissante, il ne put nier qu'il y avait toujours un fossé indéniable entre eux.

Ils n'avaient pas l'habitude de se croiser, et les nuits qu'il passait avec elle étaient pleines de passion. Elle souriait beaucoup, parlait beaucoup et ne montrait aucun signe d'insatisfaction lorsqu'ils étaient ensemble. Il n'y avait pas de problème, mais en même temps, il semblait y en avoir un.

Seulement, il n'arrivait pas à comprendre ce qui n'allait pas.

« Je vais vous le dire, ne vous inquiétez pas » dit-il à la baronne. « Dès que tout sera terminé »

« Votre Majesté Marianne soupire d'exaspération. Je ne parle pas du pays, l'état des choses peut attendre ! Pourquoi tenez-vous à remettre cette discussion à plus tard ?

Vous pouvez commencer où vous voulez, je ne jugerai pas » Elle l'implora en lui serrant la main comme elle le ferait à un enfant. « Votre Majesté, le royaume ne s'écroulera pas si vous vous détendez un peu. Vous n'êtes pas un dieu. Comment voulez-vous tout faire

? »

Marianne fut surprise d'avoir prononcé ces mots devant le roi, mais elle les croyait vrais.

Mais malgré ses paroles, le roi resta calme, ce qui la fit froncer encore plus les sourcils.

Elle savait qu'elle avait dépassé les bornes, mais il n'était pas en colère contre elle. Elle se rendit compte qu'elle était à la merci de la gentillesse du roi, à ce moment précis.

Marianne finit par reculer à contrecœur, inclinant la tête vers lui.

« Pardonnez-moi, Votre Majesté. J'ai été trop présomptueuse. Je vous prie de me punir comme vous l'entendez »

Kasser lui adressa un léger sourire. Il trouvait ses coups de bâton agaçants, certes, mais il ne les détestait pas. Même au plus fort de sa rébellion, quand il avait quatorze ou quinze ans, malgré le fait qu'il trouvait tout ce qu'elle disait fatigant et irritant à écouter, il ne l'avait jamais détesté.

Il gardait un bon souvenir de cette époque, d'autant plus que, grâce à son expérience précédente, il avait appris à ne plus répondre aux réprimandes de Marianne.

Soudain, un cri retentit à l'extérieur du bureau du roi.

« Votre Majesté ! Il y a urgence ! »

C'était le chambellan.

Il avait expressément ordonné que sa rencontre avec Marianne soit privée et ne soit pas dérangée. Il était peu probable qu'ils ne respectent pas ses ordres pour quelque chose d'insignifiant. Tous deux échangèrent un regard, l'air méfiant et attentif.

« Entrez ! » ordonna Kasser sans plus attendre.

Les portes s'ouvrirent et le chambellan entra précipitamment, accompagné d'un autre homme. Lorsqu'il atteignit le roi, l'homme mit immédiatement un genou à terre, s'inclina avec révérence et lui tendit une simple enveloppe rouge.

« Votre Majesté, des nouvelles urgentes du général des entrepôts centraux ! » s'exclama l'homme.

Kasser se leva rapidement et se précipita vers l'homme. Il prit l'enveloppe rouge des mains de l'homme et l'ouvrit, avant d'en parcourir rapidement le contenu.

L'enveloppe rouge contenait un petit morceau de papier. Ils utilisaient des coursiers pour envoyer des messages urgents afin qu'ils ne puissent pas contenir beaucoup d'informations confidentielles ou de secrets d'État.

[Accidents, graines d'alouette fissurées, jaune.]

Quelle que soit la prudence avec laquelle les gens géraient le stockage, les accidents qui brisaient les graines d'alouette se produisaient toujours fréquemment. Elles se brisaient et libéraient ainsi une alouette, même pour la plus petite des causes, en particulier pendant la période active. Dans de rares cas, il arrivait qu'elles se brisent malgré la présence de dispositifs de sécurité.

Kasser se retourna immédiatement vers le coursier, lui donnant un ordre urgent.

« Allez voir le général et dites-lui d'envoyer les guerriers à l'entrepôt central »

« Oui, Votre Majesté ! » Il se leva immédiatement et sortit de la pièce en courant.

« Chambellan ! » Il l'appela en faisant immédiatement face à l'autre homme : « Au chancelier...' » Kasser s'interrompit. « Je dois y aller moi-même » Il modifia sa phrase.

Envoyer quelqu'un téléphoner et attendre l'arrivée du chancelier Verus prendrait trop de temps. S'il attendait un peu plus longtemps, il pourrait obtenir un rapport plus détaillé sur l'accident, mais le temps était compté.

Tome 1 – Chapitre 108 – L'inquiètude

d'un roi

C'était le premier accident dans le Dépôt central depuis que Kasser était monté sur le trône. Il savait que sa présence était vitale pour l'Entrepôt Central, il changea donc d'avis et décida de partir.

Le Dépôt central, situé à une demi-journée de marche de la capitale, était le plus grand entrepôt de trésors du royaume. On n'y trouvait que des graines bleues de grande qualité.

Une fois récoltées, les graines passaient d'abord par l'entrepôt central avant d'être transférées dans leurs entrepôts respectifs. Ces petits entrepôts étaient plus proches de l'approvisionnement que l'entrepôt central.

La gestion de l'entrepôt central était donc plus stricte que partout ailleurs dans le royaume. Même les plus petits accidents pouvaient poser des risques si difficiles à surmonter. Si l'on n'y remédiait pas immédiatement, c'était tout le royaume qui risquait d'en pâtir.

À grandes enjambées, Kasser passa devant le chambellan, qui se précipita pour le suivre.

« Apportez-moi mon épée » Ordonna-t-il.

Le chambellan fit signe à un serviteur de le faire.

« Tout de suite, Votre Majesté ! »

« Faites venir le général tout de suite. Dites-lui de se rendre à la résidence du chancelier

»

« Oui, Votre Majesté ! »

De nombreuses pensées se bousculaient dans son esprit alors qu'il avançait dans le couloir. Il avait hâte de quitter le palais, d'autant plus que beaucoup de choses semblaient avoir surgi de nulle part. Si l’Alouette apparaissait pendant son absence, les dégâts seraient impensables.

C'était une chance qu'il y ait encore un cessez-le-feu après qu'ils aient eu affaire à elles récemment.

« Tout allait bien pour l'instant » pensa-t-il, mais il n'arriva pas à se débarrasser de son anxiété.

Il y avait quelque chose de différent dans la période active en ce moment. L'immense armée des alouettes, au début, n'était qu'un début.

« Je dois envoyer des renforts à Lester pour sécuriser les murs. » En quittant le palais, il ne put s'empêcher de penser aux gens qu'il laissait derrière lui. Et il se demandait surtout comment la reine s'en sortirait en son absence...

La seule idée de la quitter le faisait se sentir faible. Il ralentit le pas, pensant à l'expression torturée et inquiète de son peuple en cas d'attaque, alors qu'ils perdaient tout espoir de survivre jusqu'au lendemain...

Jin était une Anika, et donc à l'abri de toute attaque des Alouettes, mais elle serait la seule.

« Mais il n'y a pas que les alouettes dont je devrais me préoccuper. » Tout ce qui pouvait mal tourner pourrait en effet mal tourner. Il pourrait être blessé si un immeuble s'effondrait sur lui lors de l'attaque des Alouettes, ou traumatisé par la détresse à laquelle il serait exposé en voyant son peuple mourir sans défense autour de lui...

« Chambellan » Il marqua une pause dans ses pas lorsque le chambellan s'arrêta à côté de lui. « Si un signal se déclenche et que je ne suis pas encore revenu, je veux que vous emmeniez la reine dans les souterrains sans délai » Il ordonna un peu plus durement qu'il ne l'avait prévu, ce qui fit tressaillir le chambellan, qui finit par acquiescer.

« Bien sûr, Votre Majesté. Comme vous le souhaitez. »

Aussitôt, il accéléra de nouveau le pas pour se rendre à l'urgence.

Seule dans le bureau, une fois le roi parti en urgence, Marianne ne put s'empêcher de sourire amèrement à elle-même. Ce n'était pas qu'elle était déçue parce que le roi plaçait toujours le royaume au-dessus de ses propres besoins, elle était fière de lui pour cela, mais plutôt parce que c'était devenu une seconde nature pour lui de négliger ses propres désirs pour le bien du royaume.

Chaque fois qu'elle essayait d'aborder une discussion importante avec le roi, une urgence survenait. C'était comme si l'univers conspirait contre elle.

Elle ne pouvait s'empêcher de regarder le roi avec les yeux d'une mère, et non d'une servante. Bien qu'elle ne puisse rien dire sur la façon dont le roi fait son travail, elle ne peut nier qu'elle l'avait élevé, qu'elle s'était occupée de lui quand il était jeune comme s'il était son propre fils.

Elle l'avait vu trébucher et tomber, puis devenir le roi qu'il était aujourd'hui, un homme d'honneur et d'accomplissement. Elle ne pouvait s'empêcher d'être fière de lui, mais aussi triste pour lui. Elle avait espéré, au cours des nombreuses années où elle l'avait guidé, qu'un jour il trouverait le vrai bonheur. Qu'il trouverait le temps de le faire.

« Il l'avait toujours remis à plus tard... non, la plupart du temps. Et c'est ce qui m'inquiète le plus » se dit-elle.

Elle se souvint alors de la reine, qui n'était plus qu'une coquille de son passé, dont il ne restait qu'un souvenir trouble de ce qu'elle était...

Elle avait beau essayer de le soutenir, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si son amour était suffisant pour combler le vide d'une mère dans la vie du roi.

Dans sa jeunesse, Kasser avait appris à garder ses pensées pour lui. Ayant grandi plus tôt que le reste de ses pairs, il ne se plaignait jamais. Marianne ne pouvait imaginer la solitude qu'il a dû ressentir pendant toutes ces années.

Des années de solitude, qui ne purent jamais être comblées, reconnues ou même révélées.

La plupart des gens commençaient déjà à penser que cette fois-ci, le roi et la reine seraient peut-être les premiers à briser la malédiction que tous les couples royaux du royaume avaient eue. Cependant, l'anxiété demeurait chez Marianne...

Depuis hier, la reine avait un comportement étrange.

Il semblerait qu'il y ait un nouveau problème.

Tome 1 – Chapitre 109 – Ca, je le perdrai pas

Eugène traversa les couloirs, le claquement de ses talons résonnant à chacun de ses pas alors qu'elle se dirigeait vers le président de la banque. Dans ses mains se trouvaient les documents qu'elle avait reçus, et elle décida qu'il était grand temps de les remettre à leur place.

Une fois arrivée à destination, le président prit immédiatement le temps de la rencontrer et accepta les documents avec gratitude.

« Pendant que je suis ici, je voudrais savoir si quelqu'un est venu me faire un chèque sur mon compte pendant que je recevais les documents » lui demanda-t-elle Il secoua la tête. « Non, Votre Majesté »

« Je vois, et qui est en charge de vos procédures de retrait ? »

« J'ai un personnel chargé des procédures de retrait, mais pour votre compte, Votre Majesté, j'en assume l'entière responsabilité. »

« Vraiment ? » Elle cligna des yeux. « Tout le temps ? »

« Oui, Votre Majesté »

« Et les personnes qui apportent les chèques ? Vous souvenez-vous de qui ils sont ? »

demanda-t-elle curieusement.

Il sembla s'en souvenir, avant de hocher résolument la tête.

« Oui, Votre Majesté, je ne me souviens que de trois personnes qui se sont retirées à plusieurs reprises avec vos chèques » Il l'informa. Il alla même jusqu'à décrire leur apparence extérieure du mieux qu'il pouvait. Et d'après cette description, Eugène se rendit compte qu'aucun d'entre eux n'était Rodrigo.

Il avait dû envoyer un de ses hommes au lieu d'y aller lui-même.

« Y a-t-il eu un ordre particulier dans lequel ils sont arrivés ? » demanda-t-elle.

« Si ma mémoire est bonne... ils sont arrivés en fonction de l'importance du retrait, Votre Majesté »

Eugène se souvenait qu'il existait deux types de pièces d'or à Mahar. La première était celle des prêtres, et la seconde celle des six royaumes.

Les pièces d'or coulées par les prêtres avaient la plus grande valeur. Une de leurs pièces valait environ un million dans le monde d'Eugène. Avec une valeur aussi élevée, elles étaient rarement utilisées comme monnaie courante, mais plutôt pour émettre des chèques.

Elle écouta ses observations.

Chaque retrait représentait de dix à plus de cent pièces d'or. Le premier retrait s'élevait à dix pièces d'or ou moins. Le deuxième se situait entre dix et cent pièces d'or, et le dernier dépassait les cent pièces d'or.

Finalement, le président sentit qu'il avait fait quelque chose de mal, car il commença à s'agiter en sa présence, lui lançant des regards inquiets, ce qui la tira de ses pensées et lui redonna de l'attention.

« Pardonnez-moi, Votre Majesté, mais y a-t-il un écart dans vos retraits ? »

Il était habitué à ce que la reine regarde à peine ce qui se passait sur ses comptes, et le fait qu'elle s'y intéresse soudain le mettait extrêmement mal à l'aise. Il ne faisait que son travail, après tout. Si un problème était survenu sous sa direction, il ne pouvait qu'imaginer les répercussions.

Le moins qu'il puisse arriver, c'est de se retrouver au chômage.

« Oh non, il n'y a rien de grave » Eugène le rassura. « Je voulais juste savoir si, en bloquant mon compte pour le moment, la banque pouvait refuser de provisionner les chèques reçus ? »

Elle avait l'intention de couper l'accès à tout l'argent que Rodrigo lui soutirait. Ce serait un énorme désavantage pour les hérétiques, surtout si elle supposait à juste titre qu'ils étaient très dépendants de son argent...

Ou plutôt, de l'argent que Jin leur fournissait.

Il leur serait certainement plus difficile de se serrer soudainement la ceinture lorsqu'ils se rendraient compte qu'ils avaient dépensé sans compter au lieu d'économiser, car ce serai à ce moment-là qu'ils sauraient qu'il ne leur restait qu'un peu d'argent.

Pour l'instant, Eugène ne pouvait pas les contacter comme elle le souhaitait. Elle n'avait pas non plus d'idée sur la façon de comprendre ce qu'était exactement leur relation avec Jin.

Pour l'instant, la meilleure chose qu'elle puisse faire est de les débusquer en leur coupant les vivres.

« Bien sûr, Votre Majesté, vous pouvez faire ce que vous voulez puisqu'il s'agit de votre compte » dit-il, essayant même de rire comme s'il s'agissait de quelque chose d'insignifiant.

Mais elle pouvait voir qu'il transpirait déjà abondamment sous l'effet de sa nervosité.

Il y a trois ans, lorsqu'il avait rencontré la reine pour la première fois afin de recevoir un acompte, il s'était gravé dans la tête que la reine était quelqu'un d'impitoyable lorsqu'on la harcelait.

En tant que banquier ayant des dizaines d'années d'expérience, il avait confiance dans sa première impression des gens. C’était pourquoi il avait été prudent dans ses paroles lorsqu'il parlait à la reine.

« S'il vous plaît, parlez librement » Eugène insista : « Y a-t-il un problème ? »

Voyant l'expression sérieuse de la reine, il se détendit un peu, avant de laisser échapper un soupir découragé...

« Qu'une banque refuse un chèque émis... eh bien, cela peut entraîner de sérieuses complications, Votre Majesté » Il l'informa à regret.

Eugène fronça les sourcils.

« N'y a-t-il vraiment aucun autre moyen d'empêcher d'autres retraits sur mon compte ?

»

Le président de la banque se débâtit un moment pour trouver une explication sans risquer de fâcher la reine.

« Vous pouvez retirer la totalité de votre solde de votre compte courant » Il finit par commencer. « Mais si nous faisons cela, ma reine, votre crédibilité auprès de la banque sera entamée. Il y a aussi le fait que la personne à qui vous avez émis un chèque pourrait vous poursuivre en justice, ce qui vous causerait beaucoup d'ennuis » termina-t-il Il n'y avait pas beaucoup de honte à encourir si cela devenait public, mais cela apporterait un grand déshonneur. Et pour les nobles, l'honneur était plus précieux que la vie elle-même.

Le président ne pouvait qu'imaginer les conséquences d'une telle scène pour la reine.

Rien que d'y penser, il se sentait défaillant.

« Ne vous inquiétez pas, s'il y a un problème, je m'en occuperai » affirma-t-elle avec assurance, de sorte que la banque ne pouvait plus oser refuser sa demande. Faire des histoires n'attirerait qu'une attention non désirée. « Cela peut-il être fait immédiatement ? » demanda-t-elle.

Le président acquiesça.

« Oui, Votre Majesté, tout de suite. »

Il traita immédiatement ses demandes et Eugène put retirer la totalité de son compte.

Eugène retira ses fonds privés de son ancien compte et les déposa sur un nouveau compte. En règle générale, les clients qui utilisaient la banque nationale de Mahar étaient reconnus par le public comme faisant partie de la classe supérieure aisée. Les

classes inférieures ne pouvaient même pas se permettre le dépôt minimum requis par la banque pour ouvrir un compte.

Par conséquent, pour les citoyens qui vivaient au jour le jour à la sueur de leur front, les fonds existant sur leurs comptes ne représentaient qu'une petite fortune.

Cependant, dans l'état actuel des choses, si quelqu'un avait assez d'argent pour faire un dépôt, la banque lui refuserait difficilement l'ouverture d'un compte, même sans preuve d'identité, ou même sous un faux nom. La sécurité pour une telle situation était plutôt laxiste.

Elle ouvrit donc un nouveau compte, non pas au nom de Jin Anika, mais au sien, Eugène.

Sa propre signature était désormais apposée sur les documents, et non plus le sceau personnel de Jin. Elle ressentit un élan de fierté en voyant tout cet argent à son nom.

Personne à Mahar ne reconnaîtrait cet argent comme étant le sien. Bien que le montant ait été divisé par deux en seulement trois ans, elle estimait qu'il lui permettait de mener une vie luxueuse.

Quoi qu'il en soit, il est bon d'avoir un plan de secours.

Même si elle perdait sa position, même si cela n'avait rien à voir avec sa façon de gérer les affaires du palais, et qu'elle perdait tout ce dont elle jouissait actuellement...

« Cet argent, je ne le perdrai pas » se dit-elle pour se rassurer, fixant intensément l'épais morceau de papier qui reflétait sa balance.

« Merci, vous avez bien travaillé » dit-elle au président de la banque « vous êtes licencié

»

Ps de Ciriolla: comment elle l'a tué le banquier avec ta dernière phrase... XD

Tome 1 – Chapitre 110 – Mise sous

surveillance

« Oui, Votre Majesté. Je vais maintenant prendre congé » Il lui dit, en s'inclinant avant de partir.

Marianne était enfin arrivée après son entretien privé avec le roi. Eugène lui demanda immédiatement ce qui s'était passé pendant l'entretien. La baronne l'informa seulement qu'il avait dû partir précipitamment pour une urgence, et que leur entretien avait donc été écourté.

A la mention d'un accident, l'inquiétude se lit sur le visage d'Eugène.

« J'espère que ce n'est pas grave » dit-elle. « Sinon, cette période de paix que nous vivons va bientôt prendre fin. »

« Rassurez-vous, avec la période active toujours en cours, le roi n'oserait pas quitter le palais pour de longues périodes » lui assura Marianne

« Vous avez dit que c'était assez loin, n'est-ce pas ? Il lui serait donc difficile de rentrer aujourd'hui, n'est-ce pas ? »

« Oui, Votre Majesté, vous avez tout à fait raison »

Eugène fut de tout cœur avec les victimes de l'accident. Mais malgré son inquiétude pour leur bien-être, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu soulagée pour l'instant. Son esprit était encore sous le choc de l'afflux d'informations.

C'était une chance qu'elle ne soit pas obligée de discuter avec le roi pour l'instant. Car quelle nouvelle excuse allait-elle utiliser pour refuser ses avances ? Combien de temps pourrait-elle tenir ? Si elle ne pouvait plus, devrait-elle se forcer à coucher avec lui juste pour continuer à faire croire que tout allait encore bien dans son monde ?

En vérité, c'était une bénédiction de ne pas avoir à se confronter à lui ce soir.

Bien qu'elle ait l'habitude de masquer ses expressions, Marianne pouvait déceler son état maussade. Évaluer les sentiments d'une personne était naturel pour la baronne, d'autant plus que la reine était sa seule priorité à l'heure actuelle.

Mais à moins qu'Eugène ne se confia à elle, Marianne ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre sur le côté. Après tout, il était de son devoir d'agir en fonction de l'humeur de son supérieur.

« Est-ce un autre effet de sa perte de mémoire ? » Marianne réfléchit un instant. Il pourrait s'agir d'un effet à retardement.

Lorsque la reine perdit la mémoire, Marianne s'attendit à ce qu'il lui faille un certain temps pour s'adapter à son environnement...

Mais ce ne fut pas le cas.

En fait, elle s'adapta rapidement ... plus rapidement que Marianne ne l'aurait cru possible pour quelqu'un qui avait perdu toute sa mémoire. Au fil du temps, Marianne s'était familiarisée avec sa nouvelle personnalité, au point d'oublier les mises en garde du médecin qui avait soigné la reine auparavant...

« Mais Sa Majesté se souvient-elle de quelque chose après la réunion de tout à l'heure ?

»

Elle avait posé cette question à l'époque, car elle avait immédiatement remarqué le comportement dédaigneux de la reine.

« Ma reine, vous ne l'aviez pas rencontré depuis longtemps, mais est-ce que quelque chose au cours de la réunion vous a fait changer d'avis après tout ? »

De tous les moments où le roi dut quitter le palais sans surveillance...

Marianne ne pouvait même pas le conseiller sur la manière d'améliorer ses relations avec la reine.

« Votre Grâce, c'est une belle journée dehors, dois-je organiser un thé sur le pont ? »

demanda-t-elle en essayant de changer de sujet. Elle espérait que la nourriture serait une distraction bienvenue.

Eugène, qui était perdue dans ses propres pensées, finit par lever les yeux et croiser le regard de la baronne. Elle finit par sourire doucement à sa proposition.

Elle pouvait reconnaître de loin que Marianne, à sa manière, essayait de la réconforter.

Il est vrai qu'elle n'a pas insisté ou cherché à en savoir plus sur ce qui la troublait, et même si elle ne savait pas grand-chose de ce qui se passait dans son esprit, cela touchait beaucoup Eugene que Marianne la respectait suffisamment pour ne pas exiger d'elle des réponses.

« Le thé serait parfait » Eugène s'étouffa en souriant, la regardant brillamment.

Marianne lui rendit son sourire. « Et dois-je faire des préparatifs au cas où vous voudriez vous promener en dehors du palais ? »

Les yeux d'Eugène s'écarquillèrent de surprise à cette suggestion soudaine. « Je peux aujourd'hui ? » demanda-t-elle, l'excitation s'échappant de sa voix.

Marianne hocha la tête, réfléchissant aux possibilités qui s'offraient à elle. « Hmm, il ne semble pas y avoir d'autres signes d'Alouettes, donc ça devrait être sans danger ». lui dit

Marianne. « De plus, le roi est parti pour le dépot. Il ne peut pas vous reprocher de vous être promenée » fit-elle remarquer.

Eugène comprit que Marianne était quelqu'un qui suivait ses propres principes. C'était pourquoi elle s'attendait à ce que, si elle demandait à sortir du palais, quelqu'un l'en empêcherait, surtout en l'absence du roi.

« J'ai dû tellement l'inquiéter » se dit Eugène. Dans des circonstances normales, Marianne aurait fait de même, il n'était donc pas dans ses habitudes d'agir autrement.

C'était probablement quelque chose qu'elle faisait uniquement pour se sentir mieux.

Depuis hier, l'humeur d'Eugène fluctuait de temps en temps. La volonté de résoudre toutes les tâches urgentes qui s'accumulaient la faisait soudain se sentir désespérée et effrayée. Elle avait presque envie de tout jeter.

Mais Marianne était là, qui lui tendait une main secourable, qu'elle accepta, et souleva Eugène pour la mettre debout. Plus elle connaissait Marianne, plus elle voyait à quel point elle était une bonne personne.

Eugène espérait continuer à développer une relation avec elle.

Cette personne aussi... Eugène pensa à Kasser.

Son malaise face au roi ne signifiait pas qu'elle ne l'aimait pas, au contraire. En fait, elle pensait qu'il avait senti qu'elle voulait s'échapper, s'enfuir. Mais si elle restait oisive, on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'elle possèdait plus que ce qu'on lui donnait.

Eugène finit par opposer son veto à la suggestion de Marianne.

« Non, le roi n'est pas là. Je ne peux pas laisser le palais sans surveillance. Il suffit de sortir dans la cour. Seulement... je veux marcher seule un moment, alors que personne ne me suive » ajouta-t-elle.

Comme toujours, Marianne répondit par un sourire chaleureux. « Oui, ma reine. »

« Et Marianne ? J'aimerais vous demander une faveur »

« Oui, s'il vous plaît, n'importe quoi » Marianne affirma immédiatement, se rapprochant de la reine.

« Cage, le courtier en informations qui est venu me voir hier, je veux qu'il fasse l'objet d'une enquête secrète » Elle ajouta aussitôt : « Qu'il me trouve des informations et qu'on le surveille de près »

En temps voulu, elle finirait par retrouver Rodrigo. Malgré le fait qu'elle avait aussi besoin des informations des autres pour savoir comment s'y prendre avec eux, lorsqu'elle rencontra cet homme et qu'ils conversèrent ensemble, elle n'apprit que son nom et qu'il était hérétique. Rien de plus. Eugène avait donc décidé d'emprunter une voie détournée pour obtenir des informations sur ses activités.

Rodrigo étant le prêtre principal de l'église, il serait difficile d'obtenir des informations autres que sa fausse identité, mais si elle pouvait au moins connaître ses activités extérieures, cela lui serait d'une grande aide.

« Et que dois-je lui faire chercher ? » demanda Marianne.

« N'importe quoi, quelque chose qui lui semble important » dit-elle, « mais assure-toi qu'il ne te remarque pas »

« Je ne pense pas que ce soit très difficile à chercher, après tout, il a des années d'expérience » Marianne l'assura avec confiance.

Mais Eugène lui lance un cri d'alarme...

« Non ! »

Marianne cligna des yeux face à sa soudaine réaction.

« Tu dois être prudente. Je pense qu'il est plus que ce qu'il semble être » l’avertit-elle.

Marianne hésita alors à s'acquitter de la tâche que la reine lui avait confiée. Elle ferait n'importe quoi pour le roi et la reine, mais cette faveur dépassait ses capacités.

« S'il s'agit d'espionnage, je crains, Votre Grâce, de ne pas être à la hauteur de la tâche »

Marianne l'admit. « Peut-être que quelqu'un d'autre serait mieux placé pour ce travail ?

»

Eugène sembla déconcerté par le refus de Marianne, mais la laissa s'exprimer.

« Je pourrais même recommander quelqu'un qui serait parfait pour ce travail » ajouta Marianne.

Eugène fronça les sourcils. « Qui ? »

« Le Lord Chancelier » Marianne répondit avec assurance. « Ce travail est tout à fait dans ses cordes »

Tome 1 – Chapitre 111 – Les ordres

d'une reine

« Lord Chancelier ? » s'étonna Eugène.

Le chancelier, ou plutôt le vice-chancelier pour Eugène dans son monde, était un personnage important. Elle se demandait si elle pouvait vraiment demander une telle chose à quelqu'un d'aussi haut placé, jusqu'à ce qu'elle se rendit compte qu'elle avait couché avec la plus haute autorité tous les soirs.

« Mais pour une affaire aussi insignifiante ? Pour quelqu'un d'aussi haut placé ? »

demanda-t-elle à Marianne.

« Une tâche de la reine peut difficilement être considérée comme triviale, Votre Grâce »

« Je vois » Eugène fredonna en comprenant, « Si c'est le cas, alors je demanderai également que cela soit fait en secret, même vis-à-vis du roi » Elle le dit à Marianne. « Je lui dirai moi-même un jour ou l'autre, mais pas maintenant » Elle expliqua ensuite. « Il pourrait penser autrement et l'informer dès qu'il l'apprendrait. »

« Votre Majesté, si je puis me permettre, les enquêtes sur une personne sont généralement menées sans que le roi en soit informé. Si la reine elle-même est préoccupée par ces enquêtes, je peux vous assurer que l'on peut faire confiance au chancelier pour une telle discrétion »

« Êtes-vous sûre que je peux garder le secret encore un moment ? » demanda-t-elle, plutôt dubitative.

Le chancelier serait-il vraiment capable de fermer les yeux ? De ne pas poser de questions et de ne pas s'enquérir des raisons pour lesquelles elle lui a demandé de garder le secret vis-à-vis de son mari ?

Elle avait d'abord pensé que rien ne se passait au palais sans que le roi ne soit au courant. Elle croyait même que sa vie quotidienne lui était rapportée à chaque fin de journée.

« Si vous êtes vraiment inquiète, je vous suggère d'en faire la demande officielle »

Marianne se chargea de répondre. « De cette façon, vous pourrez vous assurer qu'il gardera le secret vis-à-vis du roi. C'est un sage, il n'est pas du genre à commettre une telle folie »

Elle avait entendu parler du chancelier Verus en passant, notamment lorsque Marianne lui avait expliqué les différents rôles et la hiérarchie du palais. Elle avait donc envoyé une convocation au chancelier, que Marianne s'était empressée de lui remettre.

Elle s'attendait à ce qu'il soit assez âgé, mais plus elle écoutait Marianne, plus elle découvrait qu'il était agréablement plus jeune qu'elle ne le pensait.

Je dois en profiter pour le rencontrer.

« Très bien, je vais l'envoyer chercher pour lui faire une demande officielle »

« Une sage décision, Votre Grâce »

« Je vais me promener maintenant » dit-elle à Marianne avant de se séparer.

Depuis qu'elle avait pris en charge les affaires internes du palais, il était inévitable de coopérer avec le chancelier dans certains cas. De plus, si Jin avait été volontairement insociable, Eugène l'avait été sans le savoir.

Elle voulait mettre fin à son mode de vie solitaire, c'était pourquoi, lorsque tout cela serait terminé, elle avait prévu de sortir et d'interagir davantage avec les gens à l'extérieur des murs du palais.

Le chancelier n'était pas quelqu'un dont elle était proche, pas plus qu'il n'était proche de Jin, il n'y avait donc pas lieu de s'attendre à ce qu'elle se comporte avec lui. Il ne serait probablement pas en mesure de différencier Jin d'Eugène.

Alors qu'elle pensait à cela, elle ne remarqua pas le regard persistant de Marianne lorsqu'elles se séparèrent.

« La reine semble bien se débrouiller, même avec des choses qui dépassent son pouvoir

» songea Marianne.

À l'époque, il était interdit à la reine de rencontrer les autres et de travailler avec eux.

Peu importe qu'elle ait perdu la mémoire, on ne pouvait pas changer son mode de vie du jour au lendemain.

Marianne se sentit bientôt préoccupée par le sort de la reine.

Elle ordonna une enquête et déclara qu'elle rencontrerait le chancelier. Mais je vais devoir attendre et voir.

L'appel au médecin et la discussion avec le roi sur les théories qu'ils avaient émises allaient sans doute être retardés eux aussi. Soudain, une servante fit irruption et se précipita à ses côtés...

« Baronne, le chancelier a envoyé un message » dit-elle en tendant une enveloppe à Marianne, qui l'accepta immédiatement. Elle s'empressa d'ouvrir la lettre et d'en lire le contenu.

Il demandait un rendez-vous, mais sans préciser quand ni de quoi il s'agissait.

« Je me demande ce qui ne va pas. En tout cas, c'est le bon moment. »

Alors qu'elle s'apprêtait à faire savoir que la reine demandait à le rencontrer, une lettre de lui venait d'arriver, dans laquelle il demandait également à le rencontrer. Marianne nota rapidement sa réponse et l'informa qu'elle le rencontrera le plus tôt possible.

************************************

Eugène marchait d'un pas léger et gracieux sur le sol. Le jardin, qui communiquait avec le bâtiment par le couloir, était un endroit confortable, même s'il ne s'agissait pas d'un véritable sentier.

Son humeur était peut-être due au souvenir agréable de la première fois qu'elle était sortie du palais pour respirer un peu d'air frais. Cela pouvait aussi venir du fait qu'elle était seule, et que même les servantes ne la suivaient pas cette fois-ci.

D'une certaine manière, c'était amusant.

Elle n'aurait jamais cru pouvoir comprendre ce que ressentent les filles riches de son monde qui ostracisent leurs gardes du corps. Lorsqu'elle voyait ce genre de scènes dans des drames ou des films, elle avait mal au ventre et vomissait des injures face à leur ignorance.

Mais maintenant, elle pouvait comprendre leur point de vue.

En se promenant dans le vaste jardin du palais, elle se sentait à la fois étrangère et familière, comme si elle se trouvait dans la cour de sa maison. « Depuis quand ce sentiment s'est-il installé dans son esprit ? » Le palais qu'elle considérait autrefois comme immensément grand ne lui paraissait plus écrasant.

« S'il m'arrive d'y retourner... je ne pourrai pas retrouver ma vie d'avant. »

Physiquement et mentalement, elle avait passé beaucoup de temps dans cet endroit. Si elle retournait à sa vie antérieure en tant qu'Eugène, ces choses lui manqueraient, peut-être assez pour s'effondrer devant une perte aussi incroyable.

« Je ne sais pas comment je suis arrivée ici, mais cela n'a plus d'importance pour moi. »

Eugène soupira et regarda ses mains. Elle les serra et les desserra d'avant en arrière.

Ce corps se déplaçait à travers la volonté d'Eugène - le corps de Jin Anika. Depuis qu'elle était entrée dans ce corps, elle n'avait jamais eu l'impression de ne pas porter ses propres vêtements.

Il était étrange qu'elle ne se sente pas étrange du tout. Comme si elle était faite pour ce corps.

Pour continuer à vivre avec ce corps, Eugène devait résoudre le passé de Jin. Pourquoi Jin, qui ne manquait de rien, avait-elle rassemblé des livres interdits et pris contact avec des hérétiques ? Je devais trouver son véritable motif.

Lorsqu'Eugène leva enfin les yeux, elle sursauta en voyant la silhouette qui se trouvait devant elle.

A quelques pas devant elle se tenait un cheval noir, dont les yeux cramoisis la fixaient.

Tome 1 – Chapitre 112 – Un Hwansu

« Oh, mon Dieu ! Vous... » Eugène sursauta, surprise par son apparition soudaine.

C'était Abu, le cheval du roi. Il se tenait immobile, la queue battant d'avant en arrière, et la regardait avec des yeux intelligents.

Eugène s'approcha lentement de lui.

« Abu ! » Elle l'appela doucement.

Les oreilles d'Abu se dressèrent en signe de reconnaissance.

« Que fais-tu ici ? Ne devriez-vous pas être avec Sa Majesté ? » demanda Eugène en souriant.

Abu laissa échapper un grognement en réponse, secouant sa crinière, avant de rester immobile. Craignant que le cheval ne soit effrayé et ne s'enfuie, Eugène s'arrêta un instant, levant les mains en signe d'apaisement avant de reprendre sa lente approche.

Lorsqu'elle l'atteignit, elle posa une main hésitante sur l'arête de son nez, espérant que cela le calmerait. C'était une pensée étrange, mais elle avait l'impression qu'Abu pouvait comprendre ses paroles et ses actes. C'était comme s'il l'attendait patiemment en lui disant : « N'aie pas peur, Je ne te ferai pas de mal. »

C'était un animal intelligent, mais Eugène ne pouvait s'empêcher d'être amusée parce qu'il se comportait trop comme un humain.

« Abu... Cela fait longtemps. Comment vas-tu ? » demanda Eugène en passant sa main sur la fourrure et la crinière du magnifique cheval noir.

Elle était douce et souple sous ses doigts, avec un éclat sain, contrairement aux autres fourrures de chevaux, ou même à la fourrure d'un jeune chiot qu'elle avait caressé il y a longtemps.

« Je me demande pourquoi vous êtes restés en arrière. Il aurait été beaucoup plus rapide de te monter. Mais il n'a pas pu t'oublier par erreur, n'est-ce pas ? »

Abu répondit par un hennissement. Ce fut alors que les yeux d'Eugène gravitèrent vers les deux petites cornes sur la tête d'Abu...

« Deux cornes... »

Dans les nombreuses écritures interdites qu'elle avait lues, l'image d'une vache avec deux cornes apparaissait toujours de temps en temps. C'était l'image de Mara, façonnée par une société religieuse qui vénérait cette créature.

Est-ce une coïncidence que le dieu ait les mêmes cornes qu'Abu ?

L'Alouette est un monstre dont l'instinct naturel repose en grande partie sur le besoin de carnage. Cependant, il est très rare qu'une Alouette ne corresponde pas aux normes des bêtes.

Il existait des Alouettes très intelligentes, capables de réprimer leur soif de sang et de changer d'apparence à volonté, comme Abu. Elles étaient surtout actives dans le royaume pendant la saison sèche. Ces types d'Alouettes étaient appelés Hwansu.

Un Hwansu n'était pas du genre à attaquer les humains sans discernement. Ils vivaient plutôt dans des zones reculées, difficiles d'accès pour les humains.

Une personne ordinaire n'oserait même pas s'en approcher, mais pas un roi. Seuls les rois des six royaumes étaient capables de dominer et de soumettre les Hwansus. C'était pour cette raison que l'on pensait qu'il était normal que le roi commande ce genre d'Alouettes.

Le quatrième roi de Hashi, le roi Kasser, n'en avait qu'un seul jusqu'à présent, mais il y avait eu de nombreux rois auparavant qui en avaient plusieurs sous leur commandement. Eugène se souvient du contenu de son roman.

Même si Mara, un dieu, envoyait des Alouettes attaquer les humains, les Hwansu ne feraient que suivre les ordres du roi.

Même si ce monde n'était pas celui de son roman, les similitudes étaient frappantes. Les principes fondamentaux qui ont construit ce monde méritaient d'être pris en compte malgré les différences. Elle était encore étonnée de voir que le monde qu'elle avait construit se trouvait juste devant elle , tout autour d'elle.

Si le Hwansu était déjà le subordonné du roi avait-il simplement refusé d'écouter les ordres de Mara ? Mais le roi était un humain, alors que Mara était un dieu. Etait-il logique que le contrôle du roi soit plus fort que celui d'une divinité ?

C'était le scénario qu'Eugène avait écrit, mais maintenant qu'elle y pensait, c'était contradictoire.

Finalement, Eugène commença à se remémorer son lointain passé, cherchant la raison pour laquelle elle avait même commencé à écrire son roman.

Elle ne se souvenait pas exactement du moment où elle avait commencé. Seulement, un jour, quelque chose avait soudainement surgi dans sa tête, une histoire d'un monde complètement différent émergea dans son esprit.

À l'époque, elle pensait qu'il était courant que les romans fantastiques soient influencés par des éléments de films populaires. Mais pour Eugène, c'était différent. Chaque scène

apparaissait dans ses pensées comme si elle la voyait directement avec ses yeux. Elle les voyait clairement chaque fois qu'elle fermait les yeux, rejouant les scènes, les parcourant et les comprenant par cœur...

Elle voulut organiser chaque petit morceau qui surgissait dans ses pensées et finit par créer une histoire.

Une histoire fantastique, remplie d'aventures dans un roman qui racontait l'histoire du bien contre le mal qui s'abattait sur le monde. C'était amusant de démêler son imagination et de faire une histoire concrète à partir des scènes qui lui passaient par la tête.

C'était aussi une source de réconfort qui lui permit d'échapper à la réalité de sa vie difficile.

Néanmoins, Eugène ne se considérait pas comme une écrivaine de talent. Elle n'avait pas l'intention d'écrire une autre histoire que ce roman. Et pendant plus de dix ans, elle avait continué à travailler sur cette seule histoire.

Dès qu'elle avait un peu de temps, elle la relisait, corrigeait des phrases, insérait de nouveaux épisodes ou de nouvelles scènes. C'était une sorte de journal, dont elle était à la fois l'auteur et le lecteur.

Abu lui lécha la main, elle tressaillit légèrement et sortit de ses profondes rêveries. La bête aux yeux cramoisis pencha la tête vers elle avec curiosité, un peu comme un chiot qui demande à jouer. Eugène rit.

« Abu, pourquoi es-tu si gentil ? « lui dit-elle en roucoulant.

Elle apprécia le geste. Dans le royaume, les gens lui parlaient gentiment simplement parce qu'elle était la reine, mais pour les animaux, son statut dans la société humaine ne signifiait rien. Abu était juste gentil avec Eugène parce qu'il l'aimait bien.

C'était rafraîchissant.

« Tu ne t'entendais pas très bien avec moi avant, n'est-ce pas ? » Elle fredonna en réfléchissant.

Lorsqu'elle avait demandé au commissaire général si le Hwansu du roi était amical, il l'avait regardée comme si elle avait deux têtes. Il lui avait seulement répondu...

« Le propriétaire du Hwansu est Sa Majesté le quatrième roi »

Si le cheval du roi avait bien suivi la reine dans le passé, le commissaire le lui aurait certainement dit. Même si la réaction d'Eugène était d'avoir peur d'Abu, le cheval ne semblait pas très sociable.

Il était donc surprenant qu'il se montre plutôt favorable à Eugène en ce moment. Elle le savait, même sans pouvoir lire dans ses pensées, il sentait la différence en elle.

« Tu peux vraiment me distinguer des autres ? Tu m'aimes plus que Jin ? »

Eugène caressa son long museau de ses deux mains, ses doigts effleurant les poils de sa peau. Abu ferma doucement les yeux, comme un chat qu'on chatouille sous le menton.

C'était si mignon qu'Eugène ne put s'empêcher d'éclater de rire.

« Abu, y a-t-il une chance... que tu te transformes en panthère pour moi ? Est-ce une demande déraisonnable ? » demanda-t-elle nerveusement.

Elle espérait ne pas dépasser les limites. Abu serait-il capable de la comprendre ?

Cependant, il semblait que ses inquiétudes ne servaient à rien.

Abu, qui était resté immobile jusque-là, commença à faire un pas en arrière. Eugène avait l'impression d'avoir commis une erreur. Le changement de forme était peut-être un sujet extrêmement sensible pour Hwansu.

Elle pensait qu'Abu avait été offensé par sa demande et qu'il allait s'enfuir ; elle essaya de s'excuser rapidement. Eugène essaya de s'approcher de lui, mais elle hésita lorsque le corps d'Abu se mit à trembler et qu'il courba l'échine.

Tome 1 – Chapitre 113 – Une energie

irressistible

« Ah... »

Il commença alors à se transformer sous ses yeux. Le souffle coupé, elle regarda le cheval noir se transformer en une bête complètement différente !

Son museau se raccourcit, ses sabots grossirent et se transformèrent en patte, ses yeux devinrent plus aiguisés et ses yeux fendus la fixèrent. Il s'était complètement transformé en panthère noire ! C'était un événement incroyable à observer. Le léopard noir tendit ensuite ses pattes avant de s'asseoir sur le sol, sa longue queue noire se balançant d'un côté à l'autre.

« ... Wow » Eugène poussa un soupir d'admiration, l'air accablé. « Tu es vraiment grand...

» Elle jeta un coup d'œil aux pattes avant de la bête, qui étaient d'une taille effrayante.

Imaginer la taille des griffes cachées dans la fourrure lui donna des frissons.

« Tu es encore plus grand qu'avant... » Remarqua-t-elle, remarquant la légère différence par rapport à la dernière fois qu'elle l'avait vu. Abu avait grandi, beaucoup grandi.

Elle devait lever la tête bien plus que la première fois qu'elle avait rencontré le Hwansu du roi.

Les oreilles de la panthère tressaillirent tandis qu'il la fixait. Ce petit mouvement la fit sursauter et la fit reculer involontairement. Pour la première fois depuis longtemps, Abu révélait son véritable pouvoir, et ce à sa demande. Il voulait se vanter de sa grandeur auprès d'Eugène, l'impressionner, mais elle ne semblait pas apprécier.

Cela le rendit maussade, il baissa lamentablement les épaules et laissa échapper un gémissement.

« Je suis désolé. Ce n'est pas parce que je ne t'aime pas, mais je me suis juste inquiété de la taille que tu feras dans le futur » dit Eugène avec un sourire d'excuse.

Abu se leva de sa position assise, secoua son corps et leva la queue. C'est alors qu'Eugène se rendit compte qu'il était en train de rétrécir, réduisant la taille de la panthère à environ la moitié...

Il s'était rapetissé pour elle !

« Tu es libre de grandir jusqu'à n'importe quelle taille ? C'est génial ! » s'exclama-t-elle.

Malgré la réduction de sa taille précédente, il était encore très grand.

« Abu, pourrais-tu devenir encore plus petit ? À peu près de cette taille ? » demanda Eugène, montrant ce qu'elle voulait en dessinant un cercle de la taille de ses deux bras pour Abu.

Abu sembla hésiter en regardant ses bras.

Pour une Alouette, plus la taille est grande, plus la bête est forte. Pour les Alouettes, la taille était essentielle pour déterminer leur supériorité et donc leur survie. La plus petite bête ne pouvait pas vaincre la plus grande. C'était l'ordre de son monde - la survie du plus fort. Comme il avait perdu face à son maître, il était naturel que les plus faibles obéissent aux plus forts.

Bien qu'Abu se soit adapté à la vie en tant que Hwansu du roi, il était toujours une alouette par nature ; son caractère sauvage inné était toujours là, mais il avait été apprivoisé. Attraper des loups sauvages n'était pas différent que d'élever un chien.

Après avoir rencontré le roi, Abu n'avait plus besoin de se battre contre d'autres Alouettes pour survivre, mais l'idée préconçue associée à sa morphologie demeurait. Il n'était pas satisfait à l'idée de réduire encore sa taille.

Même lorsqu'il était un cheval, il avait une carrure anormalement grande. C'était sa forme subtile de désobéissance. Mais qu'on lui demanda de devenir plus petit... même les bêtes ont leur fierté ! Cependant, son amour-propre vacilla lorsqu'il vit le regard plein d'attente de la petite femme.

Il sentait en elle une énergie irrésistible.

L'agressivité d'une Alouette était innée, c'était un instinct. Si Abu pouvait s'exprimer avec les mots des humains, il aurait pu expliquer ses pulsions assez clairement.

Une envie d'attaquer quelque chose qu'il ne pouvait supporter.

Le roi contrôlait les pulsions d'Abu principalement grâce au pouvoir de son Praz. Cela ne signifiait pas que le désir n'avait pas disparu, mais qu'il était simplement réprimé.

Mais l'énergie qui émanait de la femme devant ses yeux l'apaisait doucement. Pour la première fois de sa vie, Abu ressentit un sentiment de stabilité. Il commença alors à condenser son énergie vers l'intérieur et réduisit progressivement sa taille jusqu'au seuil qu’elle avait souhaité...

Eugène fut ravi de voir que la panthère noire n'était pas plus haute que ses genoux.

« Oh là là ! Comme c'est mignon ! » Elle continua à roucouler de plaisir devant lui. Elle passa délicatement ses mains derrière les pattes avant de la panthère et souleva la créature docile.

Elle avait craint que, malgré sa taille plus petite, son poids soit resté le même, mais il était délicieusement évident que ses inquiétudes n'étaient pas fondées. Il n'était qu'un peu lourd, à la mesure de sa taille.

Eugène prit la panthère, qui avait maintenant la taille d'un chat ordinaire, dans ses bras et frotta son visage contre la fourrure. Des poils doux lui frôlèrent la joue.

« Ah, c'est adorable ! Mon Dieu ! » Elle couina. Eugène sauta de haut en bas et gloussa d'excitation pour elle-même. Heureusement, il n'y avait personne aux alentours pour assister au comportement soudainement enfantin de la reine.

Tome 1 – Chapitre 114 – La convocation Les Alouettes, qui prenaient la forme de graines lorsqu'elles étaient endormies, se réveillaient généralement au début de leur période d'activité, qui se situait généralement en été, lorsque leur environnement était sec et chaud. Cependant, il était possible qu'elles restent sous forme de graines même pendant cette période si elles étaient immergées dans de l'eau distillée ou de l'huile.

C'était pourquoi, pendant cette saison, le gardien de l'entrepôt conservait les graines dans des bouteilles contenant soit de l'eau, soit de l'huile, afin de les sceller et d'empêcher leur croissance. Comme les Alouettes se réveilleraient si l'eau distillée qui les entourait s'évaporait et que la quantité d'eau nécessaire était insuffisante, il fallait surveiller quotidiennement le niveau de l'eau.

« Quelqu'un a-t-il été blessé ? » demanda Kasser.

« Des blessures légères, Votre Majesté » répondit l'un des soldats

« Tous les travailleurs sont-ils partis ? »

« Oui, Votre Majesté. Ils ont tous été évacués. Il n'y a plus personne dans l'entrepôt »

Kasser acquiesça à cette information, puis se tourna vers les soldats qui l'accompagnaient.

« Nous entrerons au coucher du soleil »

« Oui, Votre Majesté » Les soldats répondirent à l'unisson.

Pour l'heure, les Alouettes se déchaînaient à l'intérieur du bâtiment de stockage. Le plus sûr était qu'elles vérifient d'abord l'emplacement de leurs cocons une fois le soleil couché, puis qu'elles s'en débarrassent toutes d'un coup au matin.

L'intérieur de l'entrepôt était structuré comme une ruche, avec de nombreuses pièces empilées les unes sur les autres. Normalement, les pièces sont reliées entre elles par une ouverture, comme un chemin, mais dans cette structure, chaque couloir de liaison est bouclé par des portes en acier.

Un mécanisme de contrôle, mis au point en cas d'urgence, permettait d'ouvrir toutes ces portes en même temps, libérant ainsi les passages entre les pièces. Chacune de ces portes était juste assez grande pour qu'une personne puisse s'y glisser. Les portes étaient également dotées d'une porte plus petite qui servait d'issue de secours.

Une fois l'obscurité complètement tombée, le directeur de l'entrepôt avait actionné le dispositif afin de soulever les portes en acier. L'entrée de l'entrepôt était la dernière de toutes les portes à s'ouvrir.

Le roi, voyant cela, commença à mener le groupe. Avec ses soldats, il pénétra prudemment dans les locaux.

« Par ici, s'il vous plaît, Votre Majesté » Le responsable de l'entrepôt appela en prenant la position de guide et se plaça devant le groupe qui s'avançait dans le bâtiment.

La structure intérieure de l'entrepôt était plutôt complexe. Toutes les pièces se ressemblaient, et l'ensemble semblait former un labyrinthe, de sorte que même si les Alouettes sortaient de leurs graines, elles ne pourraient pas retrouver facilement leur chemin. Cette structure avait été délibérément conçue ainsi pour des raisons de sécurité.

Non seulement ces graines de qualité supérieure pouvaient être échangées à un prix élevé, mais elles étaient également très difficiles à acquérir, et il était donc essentiel qu'elles soient bien gardées pour empêcher les voleurs de s'en emparer.

« C'est la pièce suivante, Votre Majesté » Le responsable de l'entrepôt informa Kasser et ils contournèrent lentement le coin.

Dès qu'ils entrèrent, le pied de Kasser heurta une bouteille vide qui roula bruyamment sur le sol. Il s'empressa de la ramasser pour ne pas déranger davantage. Son expression se durcit lorsqu'il releva la tête et regarda autour de lui.

Il n'y avait pas qu'une ou deux bouteilles éparpillées autour d'eux.

« On dirait que cette maudite créature s'est vraiment déchaînée » Kasser marmonna sous son souffle en regardant la pièce en désordre.

Il semblait que l'Alouette, piégée dans cette pièce, s'était violemment débattue pour en sortir, renversant d'autres bouteilles et provoquant l'éclatement des graines qu'elles contenaient, réveillant encore plus d'Alouettes. Ils supposèrent que de nombreuses Alouettes avaient également été réveillées de la sorte. Ils risquaient d'être confrontés à plus d'Alouettes qu'ils ne le pensaient au départ.

Les soldats commencèrent à se répartir en groupes et à chercher dans toutes les directions les cocons des Alouettes. Ils balayèrent minutieusement tous les coins de la réserve et menèrent la recherche pendant un long moment, mais même après des heures de travail, aucun des soldats n'éleva la voix pour annoncer qu'ils en avaient trouvé une.

Kasser et ses hommes furent de plus en plus frustrés par leur manque de progrès.

« Votre Majesté, il n'y a pas de cocons à trouver » L'un des soldats finit par annoncer la nouvelle à Kasser.

« Quoi ? Vous n'en avez trouvé aucun ? Cela signifie que... » Kasser aspira une bouffée d'air. « Dès que les portes d'acier ont été ouvertes, les créatures ont dû s'échapper de cette pièce et se diriger vers l'endroit où sont conservées les graines les plus nobles.

Allons-y immédiatement ! » Il ordonna au responsable de l'entrepôt de les conduire d'urgence à la salle suivante.

« Oui ! Par ici, Votre Majesté ! » Le directeur accéléra sa vitesse comme s'il était poursuivi et conduisit le groupe hors de la pièce.

Le roi et ses soldats s'élancèrent dans la direction où le gérant s'était élancé, presque paniqués.

***********************

Verus resta longtemps les bras croisés. Il était perdu dans ses pensées profondes et ne remarqua pas que l'obscurité s'était installée.

Bien qu'il soit à l'heure de pointe de ses heures de travail habituelles, et qu'il devrait déjà être occupé à son travail, après avoir parlé avec Marianne hier, il se trouva incapable de se concentrer.

Il avait décidé de rencontrer Marianne dans le double but d'obtenir des informations sur l'intérieur du palais et de connaître l'évolution de la situation entre le roi et la reine.

Mais la rencontre avait été loin d'être à la hauteur de ses espérances.

En tant que personne ayant vécu au palais pendant des décennies, Marianne pouvait être considérée comme un vétéran et était profondément habituée aux manières de sa noble stature. La façon dont elle se comportait n'avait rien à voir avec celle de Verus. Ce qui était facile pour Marianne était difficile à gérer pour Verus, qui était intelligent mais manquait d'expérience.

Verus était taciturne et avait du mal à exprimer clairement ses intentions. Marianne, quant à elle, avait passé la plupart de ses années au service de la famille royale et faisait preuve d'une loyauté sans faille à l'égard du roi. Ses tentatives maladroites de négociation seraient inefficaces avec elle : elle était bien trop rigide.

C'est pourquoi il avait essayé de planifier à l'avance, de prévoir l'orientation de la conversation et de préparer diverses questions et réponses qu'il pourrait donner à la réponse de la femme.

Cependant, il ne se doutait pas que Marianne viendrait le trouver sans crier gare dès le lendemain, après qu'il lui ait envoyé un garçon de courses. Elle l'avait pris au dépourvu et il n'avait même pas eu le temps de se préparer mentalement à leur rencontre.

La conversation avec Marianne, bien que prévisible, ne se déroula pas comme il l'avait imaginé.

Il n'avait pas réussi à obtenir d'elle les informations utiles qu'il espérait. Au contraire, il lui sembla que c'était la reine, l'ayant pris par surprise, qui lui avait soutiré les informations.

Il n'avait pas réussi à réfléchir correctement, il avait donc dû déraper.

Verus soupira en se remémorant la conversation d'hier avec la reine.

« La reine aimerait vous rencontrer, Lord Chancelier » Le garçon de course était revenu le lui annoncer.

« ... Pour quelle raison Sa Majesté... ? »

Avant que Verus ne puisse continuer, le garçon de course lui coupa la parole et répondit.

« Monseigneur, seule Sa Majesté pourra vous le dire, bien sûr »

Après le départ de Marianne, il n'avait pas réussi à deviner la raison de sa visite soudaine, même s'il s'était creusé la tête pour trouver une réponse. En attendant, Verus décida de garder ses distances avec la reine.

Il n'avait eu l'occasion de la rencontrer qu'à l'occasion d'événements officiels, et encore, il ne l'avait saluée que par devoir, sans chercher à interagir plus que cela. Il était le genre de personne qui préférait se concentrer sur son travail plutôt que sur les relations sociales, après tout.

Bien que le poste de chancelier soit un poste politique et que dans ce domaine, les interactions sociales soient inévitables, il ne développait que des relations qui pouvaient bénéficier à sa position et limitait ses interactions avec les personnes importantes s'il le pouvait.

Dès que le roi lui avait annoncé qu'il allait se marier, il avait décidé de ne pas se rapprocher de la reine. La reine était une personne qui pouvait renforcer sa position politique, mais elle pouvait aussi le mêler à des problèmes.

Verus était un homme qui aimait que les choses aient un début et une fin clairs. Il détestait l'ambiguïté. Cependant, les relations avec les autres devenaient souvent compliquées et des affaires imprévisibles en découlaient, dans lesquelles il n'aimait pas se retrouver. Il n'avait pas d'énergie pour le désordre qui accompagnait les relations avec les gens.

Même s'il préférait s'éloigner de la reine, si Marianne lui demandait de le rencontrer, il n'était pas en mesure de lui refuser.

Mais non seulement la reine ne l'avait jamais convoqué, mais elle n'avait jamais convoqué personne.

Tome 1 – Chapitre 115 – Le bureau de la reine

Il s'attendait à ce que, pour prendre pied dans ce royaume étranger, elle essaie d'exercer une influence autour d'elle et de se faire des alliés. Mais elle ne l'avait pas fait.

C'est pourquoi Verus s'était montré bienveillant à son égard au début du mariage royal.

Ce fut simplement qu'avec le temps, il avait été déçu de découvrir que la reine n'avait absolument rien fait de son pouvoir et de son influence. Elle fonctionnait davantage comme une poupée vivante, un ornement inutile qui décorait le palais. Sans parler de l'incident de disparition survenu il y a peu, il en était même venu à se méfier complètement d'elle.

« Pourquoi ne m'invoque-t-elle que maintenant ? » se demanda Verus. « Se doutait-elle qu'il enquêtait sur la disparition de ses servantes ? »

Cela n'avait pas d'importance.

Verus secoua la tête pour se débarrasser de toute inquiétude. Elle n'avait rien fait qui mérite d'être pris après tout. Si par hasard la reine avait accès à ce genre d'informations, il devrait revenir à la case départ et tout réenquêter, car cela signifierait que la reine avait caché son pouvoir pendant tout ce temps et qu'il devait y avoir plus en elle qu'il ne le soupçonnait.

« La reine me convoque, et je ne suis pas en mesure de désobéir. Je suppose qu'il n'y a rien à faire. »

Verus rédigea une lettre dans laquelle il demandait une audience avec la reine et leur demandait de l'informer d'une date et d'une heure convenables pour la rencontrer.

Lorsqu'il eut terminé, il appela son majordome et lui remit la lettre.

« Cette lettre est destinée au palais. Demandez-leur de la remettre au baron Waze »

« Oui, Monseigneur » répondit le majordome

Après l'envoi de la lettre, une réponse arriva dans l'heure qui suivit.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Verus en voyant son majordome porter une lettre pour lui.

« C'est une lettre du palais » annonça le majordome en montrant à Verus le sceau de cire sur lequel était imprimé l'emblème de la famille royale.

Ce sceau ne pouvant être utilisé que par la royauté, en l'absence du roi, personne d'autre que la reine n'aurait pu s'en servir.

Verus ouvrit rapidement l'enveloppe, déplia la lettre et la lut pour découvrir que son contenu était encore plus absurde que ce à quoi il s'attendait.

- J'approuve votre demande d'audience. Aujourd'hui, à deux heures de l'après-midi.

Verus vérifia plusieurs fois la lettre pour s'assurer qu'il s'agissait bien d'un

'aujourd'hui'.

S'il ne s'agissait pas d'un ami très proche, il fixait toujours ses rendez-vous au moins un jour à l'avance. Lorsqu'il s'agissait d'audiences royales, fixer une date au moins deux jours à l'avance relevait du bon sens.

Ce qui était plus inhabituel, c'était que le roi est actuellement absent.

Verus pensait que la reine agissait de manière suspecte. Au cas où quelqu'un ferait des efforts inutiles pour le faire croire, Verus n'osait pas s'aventurer au palais en l'absence du roi s'il le pouvait. Il détestait que l'on crée des problèmes inutiles.

Cela dit, Verus savait aussi qu'il ne pouvait pas modifier un rendez-vous fixé par la reine elle-même. Verus laissa échapper une profonde inspiration alors qu'il prenait sa décision.

« Thomson, prépare-toi à entrer dans le palais plus tard » Verus demanda à son majordome en soupirant.

Bien qu'il se sentit mal à l'aise à l'idée de s'y rendre dans un délai aussi court, il était également curieux. Si l'affaire était suffisamment sérieuse pour qu'elle demande à être rencontrée de toute urgence... De quoi s'agissait-il au juste ?

***********************************

La rénovation du bureau de la reine étai terminée. La pièce, qui n'était à l'origine qu'un salon destiné à recevoir des invités, semblait désormais équipée pour servir de bureau et de salle de conférence.

Après tout, le palais regorgeait de salles de ce type.

Auparavant, il s'agissait d'une pièce destinée aux personnes en attente d'une audience, mais ces derniers temps, le salon de la reine ne servait plus guère de salle d'attente, si bien qu'elle a été transformée en un local plus utile.

La pièce avait été décorée selon les spécifications d'Eugène.

En dehors d'un bureau et d'une étagère, seuls les meubles absolument nécessaires y avaient été placés. Elle avait renoncé à une décoration excessive et avait réduit le nombre d'objets au minimum en réaménageant la pièce.

Bien que la décoration d'intérieur ne soit pas sa spécialité, elle avait déjà été chargée de décorer le bureau du directeur lorsqu'elle travaillait dans une entreprise.

L'entreprise changeait souvent de bureaux et, bien qu'il ne s'agisse pas d'une grande entreprise, son ancien patron voulait que son bureau soit décoré avec fantaisie, même s'il était avare de dépenses.

D'une manière ou d'une autre, ce travail revenait toujours à Eugène, alors qu'elle n'était qu'une employée administrative.

« Pourquoi dois-je faire ce genre de choses ? » Elle se posait souvent la question à chaque fois qu'on lui confiait une tâche qui ne correspondait pas à sa description de poste, mais elle n'était qu'une employée qui n'avait pas le pouvoir de refuser les ordres de son supérieur, alors elle s'exécutait quand même.

Elle avait maudit son patron pendant toute la durée du travail, mais à la fin, elle avait été félicitée pour avoir été encore meilleure qu'une professionnelle. Après cela, la décoration du bureau du directeur avait toujours été de son ressort. L'idée qu'elle devrait peut-être vraiment changer de carrière et travailler comme architecte d'intérieur lui avait même déjà traversé l'esprit.

Pour Eugène, le style de décoration en vogue ici paraissait criard et de mauvais goût, comme si l'on cherchait à être le plus ostentatoire possible. Elle s'efforça donc de rester classique et minimale.

Lorsque l'on regardait des œuvres d'art, comme dans les attractions touristiques, il était bon de souligner les décorations somptueuses, mais si tout ce qui vous entourait du matin au soir était vivement coloré et paré d'or étincelant, cela pouvait devenir très lassant.

Eugène était habituée à un design propre et moderne, mais elle sentait que si elle essayait d'appliquer ce sens ici, ce serait tellement choquant pour ces gens qu'ils n'en seraient que repoussés. De plus, trop de changements donneraient l'impression que la pièce n'était pas à sa place et peu de gens finiraient par l'utiliser, ce qui serait un gaspillage d'espace.

Ce fut ainsi qu'elle avait fini par faire un compromis et trouver un juste milieu. Son bureau avait été aménagé dans un style vintage, préservant l'aspect ancien tout en ajoutant une touche de modernité - simple, mais luxueux.

Eugène appela Marianne et Sarah pour jeter un premier coup d'œil au bureau terminé.

« Je l'ai décoré comme je l'aime. Qu'en pensez-vous ? Y a-t-il des parties qui ne vous conviennent pas ? Je pourrais la modifier pour qu'elle corresponde à tes préférences »

Pendant qu'Eugène s'expliquait, Marianne et Sarah regardaient curieusement autour du bureau, se délectant de la nouvelle image de la pièce.

Lorsque la reine avait déclaré qu'elle prendrait l'entière responsabilité de la gestion du palais, jusqu'aux questions les plus triviales, elles avaient pensé qu'elle était simplement

trop enthousiaste à propos de ses responsabilités. Ils n'imaginaient même pas qu'elle se soucierait de transformer cet espace à ce point.

Marianne avait passé des décennies au palais à remplacer la reine et à traiter avec les aristocrates, de sorte qu'elle avait naturellement vu et entendu beaucoup de choses sur la façon de gérer le palais. Bien qu'elle ne soit pas de haute naissance, le niveau de raffinement de Marianne était facilement comparable à celui des nobles, car elle avait été entourée d'aristocrates toute sa vie et avait adopté leurs manières.

Elle trouvait que le bureau était à la fois rafraîchissant et sophistiqué.

« C'est très bien, Votre Grâce » Sarah chuchota à Eugène. « Mon expérience est peut-être limitée, mais je n'ai jamais rien vu de tel » ajouta-t-elle même.

Marianne et Sarah réagirent toutes deux positivement à son travail, et Eugène sourit en elle-même.

Eugène savait que même si elles ne l'aimaient pas, elles ne pouvaient pas le dire, mais elle sentait qu'elles l'aimaient vraiment. L'admiration dans leurs yeux, alors qu'ils parcouraient la pièce du regard, était authentique. Elle pouvait voir leur plaisir.

« Dois-je changer tout le palais pour qu'il corresponde un peu plus à mes goûts ? »

demanda Eugène.

Bien qu'il faille beaucoup de travail pour redécorer un palais de cette taille, elle se sentait excitée rien qu'en l'imaginant.

Elle était responsable du palais. Sans se soucier de l'opinion des autres, elle pouvait changer les choses comme elle l'entendait. Bien sûr, le roi devait être d'accord avec les changements qu'elle voulait faire, mais il était vraiment du genre à ne pas se préoccuper des choses insignifiantes comme l'apparence du palais.

Sa personnalité...

Eugène fut surpris par l'insouciance avec laquelle elle le jugea. Il n'y avait pas si longtemps, elle n'avait aucune idée du genre de personne qu'était le roi. Maintenant, elle le connaissait assez bien pour définir catégoriquement des éléments de son caractère.

C'était un sentiment étrange que de connaître enfin quelqu'un en profondeur.

« Votre Grâce, j'ai quelque chose à vous dire, si vous le permettez » Eugène acquiesça aux paroles de Sarah.

« Qu'est-ce que c'est ? »

« Il s'agit d'employer du personnel temporaire. D'habitude, pendant la saison active, nous n'employons pas de personnel temporaire, mais c'est difficile pour les dames de la cour d'avoir autant de postes laissés vacants »

Eugène acquiesça et comprit la raison de l'inquiétude de Sarah.

Après l'incident de la disparition de la reine, un grand nombre de membres du personnel du palais avaient revendiqué leur responsabilité et démissionné de leur poste. Les personnes restantes avaient essayé de continuer jusqu'à la fin de la saison active avec les quelques travailleurs qui leur restaient après l'exode soudain.

Cependant, des problèmes étaient survenus bien trop tôt dans la saison active pour qu'ils puissent terminer tout leur travail avant le début de la saison sèche. Trop de travail pour trop peu de personnes ne pouvait qu'entraîner une baisse de la qualité des résultats.

L'affaire dont le chancelier avait parlé intéressait également Eugène.

Rodrigo n'allait pas manquer cette occasion.

Tome 1 – Chapitre 116 – La demande

Cependant, le chancelier semblait ne pas se soucier de cet avenir, et avait gardé Jin à distance, même après trois ans. Ce comportement intriguait beaucoup Eugène. Elle pensait qu'il s'agissait d'un personnage intéressant.

Elle regarda l'heure et en déduisit finalement qu'il restait encore du temps avant la rencontre promise. Peut-être était-ce parce qu'elle était déjà là et qu'elle ne faisait qu'attendre, mais elle entendit bientôt un domestique l'appeler, annonçant l'arrivée du chancelier.

Eugène confirma qu'elle le demandait, et lorsque la servante entra, un jeune homme entra peu après. C'était un visage qu'elle connaissait déjà pour avoir passé des heures à étudier des portraits, mais c'était tout de même un sentiment différent de le voir en personne.

Il avait un meilleur physique que ce à quoi elle s'attendait. Il était même plus grand que la servante qui se tenait à ses côtés.

« Bonjour, Votre Majesté. Comment allez-vous ? » Le chancelier la salua dès son entrée.

« Je vais bien. Asseyez-vous, Lord Ricksen » Elle lui proposa de s'asseoir, le saluant comme elle le ferait avec un duc.

« C'est un plaisir pour moi A..., Votre Majesté » Il s'empressa d'amender, manquant de peu d'utiliser son ancien titre. Il avait dû entendre qu'elle n'utilisait plus le titre d'Anika, mais lorsqu'il s'adressait à elle comme il se doit, en tant que leur reine, il devait se sentir mal à l'aise sur sa langue.

Il ne savait pas pourquoi elle changeait le titre qui l'obsédait et pour lequel elle avait excessivement puni les servantes par le passé, sur un simple coup de tête.

« Voici mon bureau. Le roi m'a confié la gestion du château royal » lui dit-elle rapidement.

Il cligna des yeux, choqué.

« Quoi ? » Verus jeta un coup d'œil surpris dans la pièce, remarquant qu'elle avait changé. Il maîtrisa immédiatement son expression avant d'incliner la tête vers elle. « On vous a confié un si lourd fardeau. N'hésitez pas à venir me voir si vous avez besoin d'aide. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir »

Eugène remarqua la grande différence de comportement entre Verus et le président de la banque qu'elle avait rencontré l'autre jour. Le chancelier était poli mais ne s'abaissait

pas excessivement en sa présence, sa posture et ses expressions ne semblaient ni raides ni écrites. Il était toujours posé.

Le président de la banque, bien que beaucoup plus âgé et probablement tout aussi expérimenté sur le plan social, n'avait pas autant d'assurance. Malgré sa jeunesse, le chancelier dégageait un air qui inspirait plus de respect que le président de la banque, d'après ce qu'elle a pu constater.

« N'importe qui ne peut pas devenir chancelier » Elle le félicita intérieurement.

« Merci d'avoir dit ce que j'avais l'intention de demander. C'est pour cela que j'ai demandé à vous voir aujourd'hui » dit finalement Eugène après sa première évaluation.

« Ce sera avec plaisir » Verus inclina à nouveau la tête vers elle, essayant de dissimuler sa confusion.

Hmm...

Il ressentait un étrange sentiment d'incohérence. Il n'avait jamais eu de longues conversations avec la reine, mais elle ne lui avait jamais donné ce genre d'impression.

Même si la reine ne s'était pas montrée impolie envers lui, elle n'avait jamais caché sa vanité ou son sentiment de supériorité par rapport aux autres.

Honnêtement, Verus n'avait jamais vu quelqu'un le traiter comme quelqu'un d'aussi insignifiant de toute sa vie, jusqu'à ce qu'il rencontre Jin. Né dans une famille prestigieuse, Verus avait été bien traité et respecté partout où il allait, et encore plus lorsqu'il avait pris le poste de chancelier. Personne n'osait dire du mal de lui. Même le roi, son suzerain, n'était pas du genre à s'en prendre à ses subordonnés C'est pourquoi, malgré le caractère désagréable de l'arrogance de la reine, elle était aussi divertissante. Pour remédier au mécontentement qu'il ressentait à son égard, il se contenta de mettre en avant son immense fierté d'être une Anika.

« De plus, j'ai dû vous rendre les choses difficiles à cause de mes décisions irréfléchies.

Je vous assure que cela ne se reproduira plus. Si tu as le moindre reproche à me faire, j'espère que tu sais que tu peux me le dire honnêtement » poursuivit Eugène Le chancelier fronça les sourcils. « Hein ? » pensa-t-il, confus.

L'espace d'un instant, Verus douta que ses oreilles aient bien entendu. Il n'arrivait pas à croire que la personne qui parlait en ce moment était la reine qu'il connaissait depuis trois ans ! Pour s'en assurer, il leva la tête.

Ses yeux rencontrèrent les yeux doux de la reine, qui lui souriait d'un air assuré. Il fut réellement étonné de voir ce sourire. C'était un sourire qui en disait long sur la douceur.

« Des plaintes ? ! C'est absurde. Je l'ai déjà oublié, maintenant que vous êtes revenue saine et sauve... » Il bafouilla, après avoir surmonté son choc initial.

« Je suis heureuse de l'entendre »

Verus avait pris une expression nonchalante, mais à l'intérieur, son esprit se bousculait.

« Pourquoi la reine a-t-elle changé d'attitude ? La reine, silencieuse depuis trois ans, a-telle enfin tenté de nouer des relations politiques ? »

Il était certainement plus méfiant qu'avant, mais il faisait de son mieux pour le dissimuler. Il devait pouvoir donner l'impression d'être amical envers l'autre partie, quelles que soient les circonstances.

« J'ai aussi une faveur personnelle à vous demander. J'aimerais faire une vérification secrète des antécédents d'une personne, peux-tu m'aider ? » demanda-t-elle finalement.

Verus acquiesça. « Il est de mon devoir de vous aider aussi longtemps que je le pourrai.

S'il vous plaît, dites-moi, Votre Majesté »

« Il s'appelle Cage. Il est courtier en informations »

Eugène commença alors à lui raconter toutes les informations personnelles qu'elle possédait sur Cage. Ce qu'il faisait, et même les histoires où elle le rencontrait souvent pour acheter des informations.

« Je soupçonne qu'il n'est pas qu'un simple courtier en informations, et qu'il est connecté à une autre force. Je veux que vous enquêtiez sur lui de façon à ce qu'il ne se rende pas compte que quelqu'un enquête sur lui »

« Pouvez-vous me dire à quel type de pouvoir vous pensez qu'il est associé et pourquoi vous voulez enquêter sur lui ? » lui demanda-t-il, essayant de sonder ses pensées alors qu'elle restait silencieuse un moment, réfléchissant à la meilleure façon de lui répondre.

« Plus j'en saurai, plus je pourrai orienter mon enquête » développa-t-il

Tome 1 – Chapitre 117 – Est ce de la

nostalgie?

Ce fut à ce moment-là qu'Eugène put constater la nette différence entre Marianne et le chancelier. Marianne aurait fait ce qu'elle demandait sans poser d'autres questions, mais pas le chancelier. Il était très minutieux.

Elle n'avait pas envie de tenter sa chance s'ils étaient entraînés dans un débat. Cela s'arrangerait sans doute à l'avenir, dès qu'elle se serait adaptée à la vie ici. Cependant, pour l'instant, si elle disait un mensonge imprudent, elle serait immédiatement démasquée, surtout face à un politicien chevronné.

« J'ai acheté des informations auprès de lui. Cependant, j'ai découvert que j'étais peut-être allée au mauvais endroit à cause des informations qu'il m'a données » dit-elle finalement, essayant d'éviter une réponse directe. « Je ne peux pas vous dire maintenant pourquoi je ne l'interroge pas et pourquoi j'enquête plutôt sur lui. Chancelier, si j'avais besoin de quelqu'un pour me confesser et discuter de tout, j'aurais rencontré le roi, pas vous » fit-elle remarquer d'un ton hautain.

Les yeux de Verus s'écarquillèrent légèrement à cette déclaration. Il semblait, d'après son ton, qu'elle faisait explicitement confiance au roi. Les mots du roi résonnèrent dans son esprit...

Cessez de vous préoccuper de mes affaires personnelles.

Ce qui ne fit que gâcher un peu plus son humeur. Il y avait quelque chose de plus...

Quelque chose d'autre avait dû se passer entre les deux au cours du dernier mois.

« De plus, je rapporterai cela au roi séparément » Eugène ajouta pour faire bonne mesure.

La seule personne que Verus craignait dans le monde entier était le roi. Si Kasser soutenait effectivement la reine, il ne pouvait pas s'opposer à elle. Il inclina la tête en signe de défaite subtile, avant de répondre enfin.

« Alors je vais enquêter secrètement sur lui et faire mon rapport comme vous l'avez demandé, Votre Majesté »

Après le départ de Verus, Eugène s'assit, l'air épuisé. Marianne, qui était partie plus tôt, revint à l'intérieur. Les sourcils d'Eugène s'éclaircirent dès qu'elle aperçut la baronne.

« C'est étrange. Je n'ai rien dit d'extraordinaire au chancelier, mais je suis si fatigué »

remarqua Eugène.

Marianne rit. 'Tu devais être nerveux, alors. Tu peux parler confortablement avec lui, même si le chancelier est ton subordonné.'

« Il n'est pas facile » Eugène grommela. Elle pouvait sentir la différence frappante après avoir rencontré le chancelier aujourd'hui, alors qu'auparavant tous les gens autour d'elle la traitaient avec révérence.

J'ai bien fait de le rencontrer.

C'était une bonne façon de s'entraîner avant de commencer à fréquenter les gens et à assister à des réunions sociales, à essayer de négocier la paix et à établir des relations.

Tout le monde ne sera pas aussi accueillant que Marianne l'a été pour elle. Il semblait également peu amical à l'égard d'Eugène.

Avant de le rencontrer, elle s'était demandé si elle devait lui parler de sa perte de mémoire. Elle était heureuse d'avoir suivi le conseil de Marianne et de ne pas lui en avoir parlé.

« Je suis d'accord pour dire que le chancelier n'est pas une personne facile à traiter. Ses mœurs sont beaucoup plus mondaines que celles des jeunes de son âge. Il a atteint le poste de chancelier à un si jeune âge. Je doute qu'il y ait beaucoup de choses qu'il craigne dans le monde » renifla Eugène.

« Votre Grâce, il y a toujours le maître du royaume à craindre »

« Je pense que n'importe qui, même le chancelier, agira avec raideur face au roi »

Marianne secoua la tête, une lueur amusée dans les yeux. « J'en doute. Si vous les voyez ensemble, vous comprendrez ce que je veux dire. Il est très docile avec lui »

« Vraiment ? » dit Eugène d'un air perplexe. Elle pensait que le chancelier était un second compétent et franc, comme les autres. « Je n'arrive pas à l'imaginer. Le roi semble beaucoup plus facile à vivre que le chancelier. »

Marianne éclata d'un petit rire. « Votre Grâce, je n'aurais jamais cru que quelqu'un me dirait que le roi est plus facile à vivre » Elle rit, secouant légèrement la tête en signe d'amusement devant Eugène qui la regarda d'un air perplexe avant que le rire ne s'éteigne, mais le sourire demeura.

« On dirait que le roi n'est pas le roi que je connais quand il est avec vous, Votre Grâce. »

Eugène sentit son visage rougir un instant, détournant discrètement le regard pour éviter que Marianne ne voie son visage rougir. Quelque chose dans son estomac tressaillit à l'idée que le roi soit différent en sa présence.

Et elle se rappela qu'elle ne l'avait pas encore vu en personne depuis trois jours. Il n'était pas encore rentré après être allé à l'entrepôt.

Elle pensait avoir de la chance, car elle n'avait pas eu à le croiser avec ce sentiment de gêne entre eux, mais ce sentiment n'avait duré qu'une journée et dès le deuxième jour, elle s'était sentie vide à cause de son absence.

Cela ne faisait que trois jours, mais elle avait l'impression de ne pas avoir vu son visage depuis très longtemps.

« Il sera de retour aujourd'hui ? »

« Il est temps qu'il revienne. C'est encore la saison active, il ne quittera donc pas le royaume plus longtemps que nécessaire » lui dit Marianne.

Eugène se demanda ce qu'il fait en ce moment. Il lui vint à l'esprit que ce qu'elle ressentait en ce moment pouvait être... de la nostalgie...

*********************************************

« As-tu entendu des nouvelles du roi ? » Eugène demanda à Zanne alors qu'on lui servait son petit déjeuner. Elle regarda la servante disposer ses aliments avec des gestes exercés et arranger ses ustensiles méticuleusement.

« Il est en réunion en ce moment, Votre Grâce » répondit doucement Zanne.

Eugène se figea. « Quoi ? » Elle se retourna, surprise.

Zanne se troubla et changea d'allure. « Je m'excuse, Votre Majesté. Sa Majesté est rentrée après minuit, j'ai donc oublié de vous le dire » Elle s'excusa, se mordant la lèvre de nervosité.

Le roi allait et venait souvent à l'improviste en cas d'urgence. Il ne s'était jamais soucié du protocole, si bien que les servantes ne réagissaient plus vraiment chaque fois qu'il disparaissait et revenait à l'improviste.

Zanne était également habituée à cette routine et avait oublié d'en informer la reine. Elle fut soudain consternée par son oubli, mais elle ne tremblait pas de peur parce qu'elle s'était trompée. Plus maintenant, en tout cas.

Ps de Ciriolla: de la nostalgie???? Tu es juste totalement accro ma cocotte XD

Tome 1 – Chapitre 118 – Les assistants de la reine

Toc, toc !

Un coup rythmé retentit dans le bureau. Assise derrière son bureau, la tête plongée dans son document, Eugène attendit inconsciemment la voix qui suit habituellement les coups : Marianne ou une femme de chambre.

« Reine, puis-je entrer ? »

Eugène leva les yeux des documents qu'elle lisait. Par réflexe, elle regarda vers la porte et répondit.

« Oui »

Elle regardait toujours la porte lorsqu'elle s'ouvrit. Lorsque la personne entra, leurs regards se croisèrent.

Après avoir fait quelques pas, Kasser s'arrêta brusquement, regardant toujours Eugène qui se levait lentement de sa chaise.

« Je t'ai dérangé ? » demanda-t-il.

« Non, ce n'est pas grave »

Eugène se dirigea vers l'avant du bureau, en direction du canapé.

« Nous allons nous asseoir ici... »

Elle essaya de se débarrasser de sa gêne. Elle ne savait pas pourquoi elle était soudainement si nerveuse. Tout allait bien quand elle le voyait tous les jours, mais maintenant que cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas vu, elle se sentait plus consciente en sa présence.

« J'ai besoin d'au moins un moment pour me préparer avant de le rencontrer. »

Elle avait attendu qu'un domestique lui annonce la fin de la réunion, ne s'attendant pas à ce que le roi lui rende visite en personne. Son cœur battait la chamade, ses yeux étaient tournés vers tous les coins de la pièce, mais pas vers lui. Elle ne sait pas quoi dire ou faire.

Cela faisait plusieurs jours qu'ils ne s'étaient pas vus. Et les choses qui s'étaient passées... Il avait hâte de la revoir. Kasser espérait au moins une réaction de bienvenue.

Pourtant, lorsqu'il vit Eugène mal à l'aise, il se sentit lui aussi mal à l'aise. Il avait boudé, car cela l'ennuyait qu'il soit parti sans même dire au revoir.

Il se souvenait que Marianne l'avait harcelé en lui disant

[Vous devriez faire plus d'efforts, Votre Majesté.]

En voyant la situation actuelle, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était peut-être le seul à penser que sa relation avec la reine avait beaucoup changé par rapport au passé.

Faire plus d'efforts pour améliorer les relations, les mots étaient trop vagues.

Il n'avait jamais fait cela auparavant, il ne savait même pas par où commencer.

L'affection et la femme étaient un territoire étranger pour lui. Dire qu'il était un cancre en la matière n'était pas exagéré.

« On dirait que vous étiez en plein travail. Vous avez beaucoup de travail ? » Il essaya d'engager la conversation pour atténuer la gêne, mais il espérait intérieurement qu'elle dirait non.

« Ce n'est pas trop. Je vais avoir un assistant, alors j'ai cherché des candidats » Elle sentait encore ses nerfs tendus.

« Je vois... un assistant, c'est important » Il tentait sincèrement d'entretenir la conversation.

« Je réfléchis encore... Ah, Votre Majesté ! Si cela ne vous dérange pas, pourriez-vous les examiner et m'en recommander un ? » dit-elle soudain.

Sans perdre un instant, Eugène sortit rapidement les documents de son bureau et les lui tendit, dès qu'elle le vit hocher la tête.

Elle s'assit en face de lui, le regardant parcourir les documents. Sa nervosité de tout à l'heure s'était estompée. À présent, son cœur battait la chamade sous l'effet d'une autre émotion.

Dans la pièce silencieuse, avec pour seul bruit celui des papiers qui défilent, les mots de Marianne lui reviennent à l'esprit.

[Je ne l'ai jamais considéré comme quelqu'un de facile.]

Elle commença à analyser inconsciemment ses émotions. Comment elle était au début, et comment elle était maintenant. Elle en conclut que la tension qu'elle ressentait lorsqu'elle était avec lui était différente de l'inconfort général ressenti dans les situations intenses. Cela ressemblait plus à des papillons dans l'estomac qu'à du trac.

Elle découvrit également qu'elle ne s'inquiétait pas d'avoir l'air superficiel en sa présence, comme elle le faisait lorsqu'elle rencontrait le Grand Chancelier. Devant le Grand Chancelier, elle devait maintenir une image impeccable et correcte. Mais avec lui,

elle pensait que même si elle faiblissait, il ne s'en soucierait pas et l'aiderait au contraire.

Ah....

Alors qu'Eugène réalisa une partie de ses sentiments, elle découvrit qu'elle le voyait sous un jour différent. Elle avait commencé à croire en lui et, sans le savoir, à s'appuyer sur lui. Et cela, elle n'y était pas opposée, en fait, elle voulait même l'approfondir.

« As-tu réussi à résoudre l'affaire qui t'a conduit à l'entrepôt ? Tu as dit qu'une graine s'était fissurée. » Elle le regarda avec curiosité.

Kasser, qui feuilletait les documents, rit légèrement. Il lève des yeux pleins d'humour et dit : « Vous êtes prompte à demander. »

Eugène rougit et détourna le regard. Dans son étourdissement, elle avait oublié de le saluer, lui qu'elle n'avait pas vu depuis des jours. Elle s'excusa et fut en même temps embarrassée.

« Je suis allé voir au cas où, mais ce n'était pas grave » dit-il.

« Mais tu es restée là pendant des jours »

« Il y a eu un incident gênant. S'il s'agissait d'une alouette normale, nous pourrions la localiser après le coucher du soleil et nous en occuper au matin. Mais... »

Le front du roi s'est légèrement plissé tandis qu'il parcourait rapidement les CV. Sur la vingtaine de candidats aux postes d'assistants, la moitié étaient des hommes.

« Combien d'aides pensez-vous obtenir ? » demanda-t-il en la regardant.

« Environ trois »

Trois, c'était un chiffre raisonnable. Cependant, Kasser ne put s'empêcher de murmurer

: « Trois ? »

Un assistant était le prolongement des mains et des pieds d'une personne qui accomplissait toute une série de tâches. Faire des courses, organiser des réunions, résoudre des problèmes sur ordre du maître, etc. étaient quelques-unes de ces tâches. Il allait sans dire que ces tâches nécessitent des interactions étroites et impliquaient de passer beaucoup de temps ensemble. Les aides voyaient probablement le visage de la reine toute la journée, jusqu'à ce qu'elle s'habitue à son travail.

Trois jeunes hommes à ses côtés toute la journée...

Inexplicablement, il commença à se sentir mal, comme s'il souffrait d'une indigestion.

Son rythme cardiaque s'accéléra, il serra le papier dans sa main et sentit un nœud le tirailler de l'intérieur.

Personne ne savait mieux que lui que la personne que la reine avait fait venir pour l'aider ne le regardait pas. Elle était dans son bon droit, il ne lui appartenait pas de s'en mêler. Ainsi, même s'il était contrarié, il n'avait aucun moyen de le justifier.

« Qui a recommandé ces candidats ? » demanda-t-il.

« L'intendant. Il a dit qu'elle ne proposait que les meilleurs candidats. Y a-t-il un problème avec l'un d'entre eux ? »

«.... non » dit-il après une brève pause.

Kasser ne connaissait aucun des candidats. Ceux qui étaient suffisamment talentueux pour que le roi se souvienne d'eux étaient déjà pris en charge et travaillaient. Les critères d'évaluation de ces CV étaient leur expérience professionnelle et leurs antécédents familiaux. L'origine de leur famille était tout aussi importante que leurs capacités.

Ce n'est pas parce qu'un noble était plus compétent qu'un roturier, mais parce qu'un noble pouvait obtenir des informations plus facilement grâce à ses relations personnelles. Selon le poste occupé, le pouvoir d'obtenir des informations était plus important.

Cependant, pour l'instant, Kasser ne remarquait rien d'autre que leur sexe et leur âge. Il savait que si c'était l'intendant, il n'aurait recommandé personne avec une arrière-pensée, mais il essayait quand même de trouver une faille.

En regardant la ride entre ses yeux, il semblait qu'il y avait un problème avec les CV.

Cependant, elle était plus préoccupée par ce qu'il avait dit il y a un moment que par le choix de son assistant pour le moment.

« Au fait, quel était l'incident gênant ? » demanda-t-elle.

« Hmm ? Ah ! Je suis entré après le coucher du soleil et le cocon de l'Alouette avait disparu. Alors... »

Kasser trouva un nom familier parmi les candidats.

Remi Harrio ? Quel est son lien avec le comte Harrio ?

Les fils du comte Harrio étaient connus pour leur débauche. Ses cinq fils avaient hérité de la beauté de leur mère et étaient réputés exceptionnels avant même d'avoir fait leur entrée officielle dans les cercles sociaux.

Le quintette jouait à tour de rôle avec les demoiselles et ne se souciait ni de sa réputation ni de ses ramifications. Ainsi, le comte n'avait pas connu une journée tranquille depuis qu'il avait atteint l'âge adulte. Dans la société aristocratique, rares étaient ceux qui n'étaient pas au courant des affaires de ces frères scandaleux, comme le savait même Kasser, qui ne s'intéressait guère à ces questions.

Cet homme qui figurait sur la liste des serviteurs potentiels de la reine était en effet une nouvelle alarmante pour le roi.

Ps de Ciriolla : L'alarme jalousie de Kasser vient de s'enclancher

Tome 1 – Chapitre 119 – Un deuxième

Hwansu

« Votre Majesté ! » Le voyant perdu dans ses pensées, Eugène l'appela doucement.

Kasser, qui avait les yeux rivés sur le nom de Hario, leva les yeux.

« Vous pouvez choisir n'importe lequel d'entre eux, mais continuez ce que vous dites. Tu as dit qu'il n'y avait pas de cocon, alors que s'est-il passé ? » demanda-t-elle.

Son expression était pleine de détermination, elle voulait tout savoir et n'acceptait pas de réponse négative.

Kasser rit, posa les documents sur la table du canapé et se pencha en arrière pour parler sérieusement.

« J'ai supposé que ce ne serait pas une Alouette typique. Il y a une Alouette qui est toujours active.... »

« Hwansu » murmura Eugène.

« C'est vrai. Hwansu » dit-il.

« Si les graines ont été brisées et récupérées immédiatement, cela signifie que les Alouettes de la bataille précédente étaient des Alouettes normales juste avant qu'elles ne se transforment en Hwansu »

« Alouette, juste avant qu'elle ne se transforme ? » Le roi parut perplexe.

« L'Alouette qui n'a pas été détruite par la force pendant la période d'activité devient une graine lorsque la saison sèche arrive. Certaines Alouettes qui sont passées par ce processus plusieurs fois ont une petite probabilité de se transformer en Hwansus. C'est une probabilité très rare... »

Eugene s'interrompit lorsqu'elle vit que Kasser la regardait avec intérêt.

« Continuez » dit-il doucement. Il aimait avoir ce genre de conversation avec elle.

« Ai-je... dit quelque chose de bizarre ? » Elle hésita. Elle parlait comme si elle était à sa place, n'était-ce pas un peu comme apprendre à nager à un poisson ?

« Un savoir fantastique. Où as-tu entendu ça ? » Il était sincèrement étonné et heureux qu'elle s'intéresse à ses affaires.

Eugène ne lui raconta qu'une partie des paramètres qu'elle connaissait sur les Alouettes et fut surprise quand il a dit qu'il ne le savait pas.

« Eh bien, je ne me souviens pas vraiment... J'ai dû l'entendre quelque part pour en savoir autant. Alors, que sait-on généralement sur les Hwansus ? »

« Les Hwansus naissent des graines ou sont une évolution des Alouettes, les érudits n'arrivent pas à trancher et se disputent encore à ce sujet. L'Alouette que j'ai découverte l'autre jour est une preuve importante. Elle fera probablement pencher la balance en faveur des partisans des graines »

« Alors, c'est la première découverte ? » demanda-t-elle. Vu qu'ils n'étaient pas encore parvenus à un consensus, il était fort probable qu'ils aient moins de rencontres avec des Hwansus.

« Ce n'est pas la première. Il y a de vieilles archives qui font état de leur présence à l'intérieur des graines. Cependant, personne n'a jamais vu une Alouette se transformer en Hwansu, donc ce côté de l'argument manque de preuves tangibles par rapport à celui des graines. Cependant, ce que vous avez dit est une théorie complètement nouvelle »

« Hum... Je n'ai pas l'intention de me battre avec les érudits » dit-elle, sans détour.

Kasser éclata de rire.

Eugène continua alors à évoquer ses pensées sur le sujet, « C'est une idée brillante. Mais gardons cela entre nous. Qui sait s'il s'agit d'une information interdite ?! »

Le roi était également enthousiasmé par cette théorie, mais il savait que laisser cette information atteindre le public était comme remuer le nid de frelons.

« Des informations interdites ? » Il haussa un sourcil en entendant les mots qu'elle avait choisis.

« Ce n'est pas le cas ? »

Kasser laissa échapper un petit soupir et dit. « Je crois, comme mon peuple, qu'il existe des livres secrets cachés dans une bibliothèque à laquelle seuls Anikas et Sang-je ont accès. Des livres qui contiennent ce que vous appelez des informations interdites.

Certains avancent l'hypothèse d'une prophétie sur la fin du monde qui se trouverait à l'intérieur de la bibliothèque. Que ce soit vrai ou non, il s'agit simplement d'une soif de connaissance que nous ne pouvons pas atteindre »

C'était le moment idéal pour Eugène de lui demander ce qui le préoccupait depuis quelque temps. « J'ai entendu dire qu'il y a une bibliothèque spéciale dans l'église et que seuls ceux qui ont la permission d'y entrer peuvent y accéder. C'est ça ? »

« C'est exact. Cependant, Sang-je ne donne la permission à personne d'autre qu'à Anikas

» lui répondit-il.

Il rit en voyant l'expression de la jeune fille, qui semblait dire « Quelle mesquinerie ! ». Il n'arrivait pas à croire qu'il était en train de lui dire, à elle, une 'Anika', quelque chose d'aussi sensible.

Tout cela était dû au fait qu'elle avait perdu la mémoire, mais il n'en était pas moins étonné. Une personne pouvait-elle changer à ce point après avoir perdu la mémoire ?

« Fais attention quand tu parles d'informations dont tu ne te souviens pas de la source claire. Tu es une Anika, alors quand tu dis quelque chose, il y a beaucoup de gens qui l'interprètent mal » Il la mit en garde.

« Oui, je ferai attention » acquiesça Eugène.

Elle se sentit soudain très chanceuse d'avoir rencontré cet homme dès son arrivée dans ce monde. Il n'avait pas essayé de la tromper ou de l'utiliser en profitant de son statut de mari. Plus elle pensait à la qualité de cet homme, plus Eugène se sentait coupable.

Jamais elle ne se serait attendue à avoir cette conversation avec lui, l'homme destiné à la mener à sa perte.

Est-ce que c'est bien de vivre comme ça ? Prétendre à jamais avoir perdu la mémoire, prétendre être Jin Anika ?

Non, c'était de l'avidité plutôt que de la culpabilité. Elle voulait que cet homme se souvienne d'elle, non pas comme Jin, mais comme Eugène.

Combien de choses avaient changé depuis leur premier déjeuner... combien elle se réjouissait du fait qu'il n'avait aucune affection pour sa femme, et par extension pour elle. Elle était même certaine qu'elle ne serait pas émotionnellement encline et encore moins attachée à cet homme, se contentant de faire les choses mécaniquement. Et aujourd'hui, elle souhaitait... espérait qu'il se souvienne d'elle.

Eugène laissa échapper un rire amer.

Je serais soulagé d'entendre que je ne suis pas fou.

« Alors, tu as mis autant de temps parce que tu devais attraper l'Alouette évoluée ?

C'était si difficile de l'attraper ? » Elle sortit de ses pensées et poursuivit son chemin.

« Elle était rusée » répondit-il, fronçant les sourcils en se remémorant les épreuves de ces derniers jours.

« Au début, je suis allé dans la salle des graines la plus élevée. Je pensais qu'il y serait.

Mais ce n'était pas le cas. J'ai dû parcourir toutes les salles »

Hwansu se nourrissait de graines pendant la saison sèche et de noyaux d'Alouette pendant la saison active. Il devait manger régulièrement des graines ou des noyaux d'Alouette pour survivre, même s'il mangeait de la viande comme les bêtes communes.

« C'est pourquoi vous n'avez pas pris Abu. »

Eugène savait que les Hwansus se nourrissaient de graines, mais il n'avait pas pensé à faire le lien avec Abu.

« Pourquoi es-tu allé dans la salle des graines de la plus haute qualité ? »

« Parce que les Hwansus recherchent les meilleures graines. »

« Mais, tout comme les Alouettes, les Hwansus ont des rangs. Hwansus ne peut pas manger des graines d'un rang supérieur au sien »

Eugène vit l'expression de son visage et réalisa que cette information était également quelque chose qu'il ignorait jusqu'à présent.

Kasser, l'air solennel, réfléchit un peu puis dit : « Tu ne te souviens pas de choses sur toi, mais tu te souviens de choses sur les Hwansus ? »

« Je... je pense que oui. Ce devait être un sujet qui m'intéressait beaucoup auparavant.

Où avez-vous attrapé le Hwansu ? »

Eugène se demanda quelle excuse trouver. Cependant, il n'essaya pas de creuser davantage. Il se contenta de hocher la tête et de marmonner pour lui-même.

« Dans une salle de classe jaune. La graine dont il s'est réveillé était jaune. Je l'ai pris au dépourvu, il semblait un peu terne »

« Un Hwansu récemment réveillé n'est pas très alerte »

Ps de Ciriolla: un deuxième Abu???? perso je valide...

Tome 1 – Chapitre 120 – Je préfère ce roi Soudain, elle s'arrêta, hésitant à en dire plus ou non. Si elle avait décelé ne serait-ce qu'une lueur de suspicion dans son regard, elle aurait passé outre. Mais comme il ne montra qu'une curiosité sincère, elle se retrouva à vouloir lui dire ce qu'elle savait.

Elle balaya ses inhibitions passées et choisit de mettre à nu les connaissances qu'elle possédait.

« Une bête qui vient de naître est comme un nourrisson en termes humains. Comme les humains, les bêtes vieillissent avec le temps et deviennent plus intelligentes au fur et à mesure qu'elles grandissent » expliqua-t-elle.

Kasser laissa échapper un souffle, comme s'il venait de réaliser quelque chose.

« C'est donc pour cela qu'Abu est devenu plus rusé au fil des années ! »

C'était une chose étrange à dire avec une expression aussi grave, et Eugène laissa échapper un petit rire.

« Il semblerait que je profite de ta perte de mémoire pour entendre des informations interdites » dit-il avec un léger sourire.

Eugène sourit. Elle savait à quel point cela devait être difficile pour quelqu'un de sa stature, à qui l'on avait appris à voir le monde avec les lunettes de la suspicion et du doute à chaque instant de sa vie. Cependant, il avait maintenant pris ses paroles au pied de la lettre. Néanmoins, elle lui était reconnaissante de n'avoir dit que cela sans insister davantage.

« S'il s'agit d'Alouettes et de bêtes... je me souviendrai peut-être de plus de choses »

Le roman qu'Eugène avait écrit racontait principalement la lutte entre les Alouettes et les humains, et les six rois poursuivant Jin, qui était devenu l'incarnation de Mara. Dans cette mesure, il avait abordé les Alouettes de façon assez détaillée. Comme il y avait quelques scènes notables impliquant les rois manipulant les bêtes, il avait également décrit les caractéristiques des bêtes de manière assez complète.

Bien que l'histoire des gens ici ne correspondait pas à ce qu'elle avait écrit dans son roman, elle n'avait encore trouvé aucune erreur dans les autres connaissances qu'elle avait de ce monde. D'une certaine manière, elle avait l'impression que cela continuerait à être le cas.

« Si cela ne vous dérange pas de l'entendre, en tout cas » ajouta-t-elle.

« Qu'est-ce qui pourrait me déranger ? Ce qui me préoccupe, c'est que vous puissiez révéler quelque chose que vous ne devriez pas et le regretter plus tard déclara-t-il Être une Anika n'était pas un moindre fardeau que d'être un roi. Et tout être important avait droit à quelques secrets, sans parler d'un Anika.

« Je ne le regretterai pas. I... »

Eugène se tut. Les mots 'Je veux tout te dire' lui restèrent en travers de la gorge. Elle avait peur de sa réaction si elle lui disait qu'elle n'était pas vraiment Jin. Et puis, il y avait toute cette histoire de transmigration, comment allait-elle l'expliquer ? Pour l'instant, même si elle avait le cœur de dire la vérité, celle-ci était tellement absurde que même si Kasser voulait la croire, il n'y parviendrait pas. D'ailleurs, elle ne le croirait pas non plus !

Cependant, la question de savoir s'il lui faisait confiance ou non était un problème à régler plus tard. Elle n'avait pas encore découvert toutes les fautes commises par Jin. À

l'avenir, si son crime était révélé, il ne manquerait pas de penser qu'elle avait menti pendant tout ce temps pour le dissimuler. Et pourquoi pas ? Elle penserait la même chose, si elle était à sa place.

Oh, comme il est difficile de faire entièrement confiance à quelqu'un d'autre !

Eugène ne pensait pas qu'elle et le roi se faisaient confiance à ce point. Non, ils avaient encore un long chemin à parcourir pour atteindre la confiance inconditionnelle que les livres glorifiaient, si tant est qu'il y ait une telle chose dans le monde. Mais vu la façon dont elle était arrivée dans ce monde, peut-être qu'une telle chose existait aussi ?

« Les rois sont capables de contrôler les bêtes. Ne partagez-vous pas avec les autres royaumes des informations sur les bêtes que vous possédez ? »

Pour Kasser, il était évident qu'Eugène essayait de changer de sujet. Il eut un moment de malaise : il voulait lui demander ce qu'elle allait dire, mais il savait que cela ne servirait à rien de le faire. Mais il savait qu'il serait inutile de la presser de la sorte. Même lui pouvait inventer une histoire pour cacher quelque chose qu'il ne voulait pas révéler. Et il ne voulait pas être le destinataire d'une telle information. Il se dit donc qu'il valait mieux laisser tomber pour l'instant et se laissa aller au rythme de sa conversation, faisant comme s'il n'avait pas remarqué le changement de sujet.

« Les bêtes d'un roi sont un secret national. Il est impossible que de telles informations soient partagées » dit-il honnêtement.

« Alors, il devrait au moins y avoir des informations que vous pouvez obtenir à l'intérieur du royaume. Puisque tous les rois ont des bêtes » répliqua-t-elle.

Le meilleur moyen de faire face à l'inconnu était de partager l'information. Tout ce que l'on pouvait savoir sur les bêtes, même si c'était minime ou insignifiant, serait utile.

« Personne ne partage d'informations sur les bêtes » déclara-t-il sans ambages.

Eugène fut sidéré et eut du mal à le croire.

« Votre Majesté n'a rien entendu de la part du roi précédent ? » demanda-t-elle.

« Non. »

Même si cela semblait laconique, le fait était que Kasser n'avait jamais reçu d'informations de la part d'un roi auparavant pas même de son père.

« Pourquoi pas ? » Elle ne put masquer son incrédulité.

Eugène n'arriva pas à comprendre. S'il a tout gardé pour lui jusqu'à sa mort, pour qui a-t-il gardé le secret ?

Comme les bêtes et les Alouettes avaient les mêmes origines, plus on avait d'informations sur les bêtes, mieux on pouvait comprendre les Alouettes. Si l'information n'était pas transmise à la génération suivante, peu importe le temps écoulé, le peuple de Mahar ne pourrait jamais comprendre ce qu'étaient les Alouettes et passerait toujours la saison active à survivre de justesse.

« Enfin, j'espère qu'il n'y a pas eu trop de pertes à l'entrepôt ? »

Voyant qu'il était devenu réticent sur le sujet, Eugène se détourna habilement. Puisqu'il ne voulait pas en parler, elle ne le ferait pas non plus... comme il l'avait fait il y a quelques instants. Peut-être était-ce un secret trop lourd, ou peut-être était-ce une limite qu'il ne voulait pas encore franchir, ou franchir avec elle... Quoi qu'il en soit, il sembla que ce ne soit pas encore le moment.

« Seulement quelques graines de qualité jaune » Il revint à son état normal.

« C'est bien. Et la bête ? » demanda-t-elle, curieuse.

« La créature m'a causé beaucoup d'ennuis, alors je l'ai ramenée... »

« Tu l'as ramenée ?! » répéta Eugène, étonné.

« Puisque c'est une bête » dit Kasser, s'interrogeant sur sa réaction dramatique.

Les rois ne pouvaient pas apprivoiser un nombre illimité de bêtes. Ils utilisaient leurs Praz pour réprimer les instincts des bêtes, mais même un Praz avait une limite quant à la façon dont il pouvait contrôler une bête.

Un roi recevait généralement sa première bête alors qu'il était encore prince. C'était une sorte de rite de passage pour prouver qu'il était digne de devenir roi. Comme leur Praz était encore instable dans leur jeunesse, leur première bête était généralement faible.

C'est pourquoi il était courant qu'ils apprivoisent une autre bête, plus forte et mieux adaptée à leurs goûts, après être devenus rois.

Si une bête n'était pas apprivoisée après avoir été soumise, elle devait être tuée. En effet, une fois qu'une bête avait été attaquée par un humain, elle commençait à

reconnaître les humains comme des ennemis. Comparées aux Alouettes, qui sont guidées par l'instinct, les bêtes sont intelligentes et bien plus dangereuses. Une bête laissée en vie aujourd'hui peut être la cause d'un massacre demain.

Le roi du roman d'Eugène avait eu une bête très forte dès le début et estimait que les bêtes faibles étaient inutiles.

S'il avait été le roi du roman, il l'aurait tué sur-le-champ.

L'homme en face d'Eugène était bien plus décontracté que le roi de son roman. C'était grâce à cette nature décontractée qu'il avait pu accepter la perte de mémoire d'Eugène et ignorer généreusement les méfaits de Jin.

Bien sûr, le roi du roman et le roi de ce monde se trouvaient dans des circonstances différentes. Le cœur du roi de son roman, qui avait poursuivi Jin dans sa quête de vengeance, était froid et impitoyable. Son expérience de la vie pouvait peut-être être blâmée pour son approche insensible et tranchante, mais la performance de Jin Anika n'était pas particulièrement prodigieuse non plus.

Quoi qu'il en soit, je préfère ce roi.

Ps de Ciriolla : on confirme un Abu junoir au chateau XD

Tome 1 – Chapitre 121 – Reunion secrète

« Puis-je voir la bête ? Où est-elle ? »

« Dans mon bureau »

« Votre bureau ? Quel genre de bête pourrait... Peu importe. Ne dites rien, s'il vous plaît.

J'aimerais voir de mes propres yeux. Puis-je aller le voir maintenant ? »

Souriant devant l'excitation de la jeune femme, Kasser se leva du canapé. Il s'apprêta à se retourner lorsqu'il hésita et fit demi-tour pour attraper les documents posés sur la table.

« Je vais y jeter un coup d'œil et je vous les renverrai. J'ai juste quelque chose à vérifier »

« Bien sûr ! »

Eugène acquiesça. Elle s'était déjà désintéressée des dossiers du personnel.

**********************************

L'entrepôt était ceinturé par une clôture un peu plus haute que la moyenne des gens. Il y avait plusieurs entrepôts dans cette rue, petits et grands, appartenant à diverses guildes, et ceux de taille modérée et miteux ne se distinguaient pas particulièrement.

Contrairement aux autres entrepôts, qui étaient lourdement gardés, celui-ci n'avait qu'un seul garde devant lui, comme si son contenu n'était pas important ou qu'il était vide et attendait d'être réapprovisionné.

Le garde arborait une expression sombre, ses yeux n'étaient pas concentrés. Il avait l'air d'un ouvrier qui attendait la fin de son service et ne semblait même pas s'inquiéter si quelqu'un s'approchait.

C'est alors qu'un visiteur s'approcha du garde et prit la parole. « Je suis venu chercher ce qu'il y a dans la deuxième boîte. »

La voix était épaisse et il était difficile de dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.

Le garde regarda de haut en bas l'étrange visiteur, vêtu d'une robe à capuchon.

Il était presque midi et il faisait très clair. Bien qu'il sembla naturel que le garde puisse voir le visage du visiteur, il ne put même pas en distinguer les contours. Il trouva cela très étrange, car la capuche n'était pas très profonde.

Mais il ne pouvait pas continuer à regarder fixement. On lui avait déjà dit qu'un visiteur très important allait venir et il ne voulait pas s'attirer des ennuis en les dérangeant.

Jouant exagérément le rôle du garde paresseux, il répondit sans ambages. « La deuxième boîte est vide, Monseigneur »

« Alors je vais prendre la troisième »

« Je dois rester ici et monter la garde, Monseigneur, alors entrez vous-même »

Sur ce, il prit une clé accrochée à sa taille et la tendit au visiteur. Celui-ci se retourna et introduisit la clé dans un gros cadenas, juste à côté du garde.

CLAC!

Le cadenas s'ouvrit sans problème. Le garde, qui avait jeté un coup d'œil de côté, se tourna à nouveau vers l'avant. Si le cadenas s'ouvrait, le visiteur était considéré comme qualifié.

Le cadenas avait été spécialement conçu pour ne s'ouvrir que lorsque quelqu'un à qui Mara avait conféré des mages tournait la clé.

La porte ouverte ne révèlait rien d'autre que l'obscurité totale. Lorsque le visiteur entra, la porte se referma derrière lui.

Malgré l'extérieur en bois de l'entrepôt, les murs intérieurs étaient robustes, revêtus de briques enduites de chaux en poudre. En y regardant de plus près, on s'apercevait que les planches de bois collées sur les murs extérieurs du bâtiment de pierre étaient une ruse délibérée pour le faire paraître plus minable. Peut-être pour ne pas attirer l'attention.

Il n'y avait pas de fenêtre ici, donc même pendant la journée, pas un seul rayon de lumière ne pouvait entrer. C'était une pièce sombre, conçue pour abriter quelque chose qui ne devait pas être exposé à la lumière.

En fait, il s'agissait d'un lieu de rencontre pour les serviteurs de Mara, déguisé en entrepôt sombre. Comme les murs étaient épais, même si plusieurs personnes se réunissaient ici, priaient et chantaient des hymnes, aucun son ne s'échappait vers l'extérieur. Et comme aucune lumière ne pouvait entrer, lorsque les fidèles se réunissaient la nuit et allumaient des lampes, aucune lumière ne s'échappait non plus vers l'extérieur.

Les visiteurs s'avancèrent comme si l'obscurité ne les gênait pas. Il rabattit le capuchon de sa tête et ses longs cheveux tombèrent en cascade jusqu'au milieu de son dos.

Lorsqu'ils ouvrirent les yeux, leurs pupilles étaient rouges.

Dans l'obscurité, une seule petite lumière apparut. Elle tournoya autour du visiteur comme une luciole et se divisa en deux, puis en quatre, puis en huit. En un rien de temps, l'entrepôt fut rempli d'innombrables petites lumières.

Les lumières repoussaient l'obscurité et révélaient qu'il y avait déjà une personne dans l'entrepôt, en train d'attendre. Directement sur le chemin du visiteur, quelqu'un était prosterné sur le sol, prêt à recevoir cet important invité.

Les cheveux luxueusement épais des visiteurs devenaient de plus en plus longs jusqu'à ce qu'ils descendent comme une cascade jusqu'à leurs chevilles. Lorsqu'ils s'arrêtèrent de marcher, leurs cheveux traînaient loin derrière eux.

« Que la bénédiction de Mara soit toujours sur vous. Rodrigo, le serviteur de Mara, vous salue »

Rodrigo avait la tête si basse que son nez touchait le sol et sa voix tremblait légèrement.

C'était très différent de l'attitude polie et amicale qu'il avait devant Eugène l'autre jour.

Plutôt que le respect né de la révérence, la posture rigide de Rodrigo semblait plus proche de la peur.

Les innombrables petites lumières qui remplissaient la pièce rayonnaient maintenant encore plus fort, éclairant chaque coin et recoin de l'entrepôt.

Sans changer de position, Rodrigo jeta un coup d'œil latéral pour observer le motif désormais distinct des briques sur le mur. Dans cet entrepôt sans fenêtre, même si la porte était grande ouverte en plein jour, la lumière ne pénétrait pas jusqu'à l'intérieur. Il déglutit avec effroi.

Il pouvait sentir de tout son corps les puissants mages qui l'entouraient. Comparé à cette grande puissance, ses propres mages n'étaient qu'un grain de sable. Submergé par la peur et l'effroi, il se retrouva trempé de sueurs froides.

Parmi les neuf prêtres de l'église, Rodrigo était le plus haut gradé et le chef. Les membres de l'église pensaient que Rodrigo était le plus fidèle disciple de Mara et qu'il donnerait volontiers sa vie pour elle.

C'est pourquoi, malgré ses projets radicaux et sa soif évidente de pouvoir, de nombreux fidèles le soutenaient.

De plus, Rodrigo était le seul à pouvoir rencontrer le Grand Prêtre. La plupart des membres de leur secte ne connaissaient même pas l'existence du Grand Prêtre.

En tant que saint homme ayant reçu les paroles de Mara par l'intermédiaire du Grand Prêtre, sa position dans l'abominable église était très sûre.

Bien que le Grand Prêtre qui regardait Rodrigo avec des yeux rouges était jeune et beau, il était difficile de dire s'il s'agissait d'une femme ou d'un homme. S'il s'agissait d'une femme, c'était une beauté, et s'il s'agissait d'un homme, c'était un homme étrangement beau.

Les longs cheveux qui traînaient sur le sol étaient comme de la soie... dorée, comme les cheveux du roi de Mahar étaient connus pour l'être.

« Le grand Mara parle maintenant. »

La voix rauque et étrange ne correspondait pas du tout à la belle apparence du Grand Prêtre.

Tome 1 – Chapitre 122 – Le grand Mara Avec la voix, l'air devint mortellement calme. Il n'y eut même pas un zéphyr ou le vacillement des flammes d'une bougie.

Lorsque les mots tombèrent, Rodrigo frappa instantanément son front contre le sol en signe d'obéissance.

« Je suis honoré de recevoir vos glorieuses paroles » dit-il.

« Bien que Mara ne remette pas en cause votre loyauté, elle a été extrêmement déçue par vous cette fois-ci. Vous n'avez pas réussi à mener à bien le rituel sacré. Pourquoi Sa Sainteté n'était-elle pas présente pour le rituel ? »

« Je n'ose pas me trouver d'excuses. Cet homme sans valeur a ruiné votre grand dessein.

S'il vous plaît, j'accepterai n'importe quelle punition » Il tremblait de peur.

Les yeux rouges qui regardaient Rodrigo devinrent glacés.

« Votre punition n'est pas notre affaire la plus urgente. Sa Sainteté a-t-elle quelque chose à se reprocher ? »

Rodrigo déglutit avant de répondre, n'osant pas lever les yeux.

« Je l'ai rencontrée il n'y a pas longtemps. Elle va bien, mais je n'ai pas pu obtenir plus de détails. Elle m'a seulement dit qu'elle me ferait revenir plus tard » Il répondit honnêtement.

Un pli se dessina sur le front du grand prêtre.

« Quand ? »

« Je prévois d'envoyer un de nos disciples pour la rencontrer secrètement dans les jours à venir »

Rodrigo avait entendu dire que le palais allait embaucher des travailleurs temporaires et avait préparé quelqu'un pour entrer dans le palais. Il était en train d'élaborer une couverture pour eux, afin de ne pas laisser de traces. Dans quelques jours, l'adepte entrerait dans le palais par l'itinéraire qu'il avait préparé.

« Il semble que je doive rencontrer Sa Sainteté moi-même. Préparez-vous » La voix donna des instructions.

L'expression de Rodrigo, prostré, se tordit. Un éclair de douleur et de ressentiment surgit soudain en lui.

Bien qu'il ait fait d'ardentes prières en quête des paroles de Mara et qu'il ait demandé sincèrement un nombre incalculable de fois, le Grand Prêtre ne lui avait accordé que rarement une réponse. Le Grand Prêtre l'avait traité avec une telle avarice et avait pourtant fait preuve d'une générosité excessive à l'égard de Sa Sainteté, Jin Anika. Il était amer.

Depuis le début, malgré son statut de sainte, il s'était méfié d'elle. Il n'avait pas senti la moindre trace de magie en elle. Elle n'était pas non plus une fervente adepte de l'Église.

Elle n'avait jamais manifesté sa foi en tant que servante de Mara.

Si le Grand Prêtre s'était considéré comme un saint, il l'aurait accepté de bon cœur. Les glorieux miracles de Mara que le grand prêtre leur avait montrés étaient réels. Et il n'en avait jamais douté.

Rodrigo avait consacré toute sa vie à l'Église, et s'il était prêt à sacrifier sa vie pour que Mara puisse un jour descendre sur terre, il pensait aussi que la seule personne apte à diriger l'Église, c'était lui.

Pourtant, cette jeune fille était sortie de nulle part, avait pris la position d'une sainte et se comportait comme la supérieure de Rodrigo. Comment pouvait-il supporter cela ? Ses années de dur labeur avaient été anéanties en un seul clic. Lui, qui était le chef des neuf, capable et méritant, était injustement écarté par l'apparition d'une fille qui n'avait pas encore montré son allégeance et encore moins ses capacités.

Mais c'était un homme rusé qui ne succomberait pas à la jalousie et ne mettrait pas en péril l'intérêt général. Il n'était pas non plus un être impulsif qui portait son cœur sur ses manches. Ainsi, il traita la jeune fille avec respect en apparence parce que c'était l'ordre du Grand Prêtre, un ordre qu'il n'osait pas défier, dissimulant habilement sa jalousie profonde.

Bien qu'il ait une foi inébranlable dans la secte, il craignait que si les choses continuaient ainsi, toute l'Église ne soit rapidement engloutie par cette fille.

« Le Grand Mara souhaite rencontrer Sa Sainteté ? Doutez-vous de la volonté de Mara que j'ai transmise ? »

La voix du Grand Prêtre n'était pas forte, mais l'air vibrait. Tandis que les petites lumières dans l'air étincelaient, de petits éclairs frappaient le sol ici et là - l'un d'eux se trouvait juste devant Rodrigo.

« Non ! Je ne doute pas. Je ne fais qu'exprimer mon inquiétude quant aux difficultés que pourrait rencontrer Sa Sainteté »

« Des difficultés ? »

« Il semble qu'il y ait des problèmes au palais. Le fidèle qui s'occupait de Sa Sainteté a eu un accident et a perdu la vie. Lorsque je l'ai rencontrée il n'y a pas longtemps, elle m'a conseillé de rester tranquille et de faire profil bas »

Il retient le fait qu'elle a cessé de leur envoyer des fonds. Il avait été ridicule d'envoyer ses hommes à la banque avec des billets à ordre et de les voir revenir les mains vides.

Si elle avait même cessé de faire des dons à l'Église, que faisait-elle au juste en tant que sainte ?

Il craignait que s'il exprimait de telles plaintes, cela ressemblerait plus à une rancune personnelle qu'à une simple préoccupation. Il était persuadé qu'il n'avait agi que pour le bien de l'Église, et non pour son propre intérêt. Mais comment en convaincre l'autre ?

Le grand prêtre plissa les yeux.

« Y a-t-il des signes de retour des chiens de Mahar ? »

« Ils ne sont pas apparus depuis la fin de la saison sèche précédente. Depuis que nous avons reçu votre ordre de vous informer immédiatement s'ils étaient aperçus, nous n'avons pas quitté des yeux les chemins qui mènent au royaume »

Les chevaliers du roi, connus sous le nom de 'chiens de Mahar' dans l'Église, n'étaient pas entrés dans la capitale depuis le début de la saison active.

« Avez-vous trouvé un moyen de rester en contact avec Sa Sainteté ? »

Maintenant que l'adepte en question était mort, ils devaient rétablir le canal de communication.

« Je me prépare à envoyer un adepte au palais pour nous servir de contact. Si je parviens à joindre Sa Sainteté, je ne manquerai pas de lui transmettre vos paroles » dit-il précipitamment.

Il voulait apaiser le Grand Prêtre et se racheter... peut-être même échapper au châtiment.

Le Grand Prêtre réfléchit un instant, puis prit la parole.

« Préparez à nouveau le rituel. Après la fin de cette saison active, le rituel doit se dérouler à l'intervalle entre la prochaine saison sèche et la prochaine saison active. Sa Sainteté doit être présente cette fois-ci »

« Je m'en souviendrai »

« Mara est miséricordieuse, mais elle ne vous donnera pas de troisième chance. C'est ta dernière. »

Rodrigo se frappa le front contre le sol en guise de réponse.

« Si Sa Sainteté demande à me rencontrer avant le rituel, je la recevrai à tout moment.

Remettez-moi le testament de Sa Sainteté dès que possible »

« Oui, je me souviendrai et j'obéirai »

« Rodrigo »

« Oui »

« Lève la tête »

Rodrigo hésita avant de lever le haut de son corps. Puis, il leva lentement les yeux.

« Ah, ah... »

Les yeux de Rodrigo étaient remplis d'une lumière envoûtante. On aurait dit qu'un halo de lumière émanait de cette chevelure dorée aux reflets sublimes. La jeunesse du Grand Prêtre, dont l'apparence était restée inchangée depuis des décennies, était un miracle de Mara.

Alors même que Rodrigo était en admiration, il rêvait du jour où il pourrait lui aussi accéder à une existence aussi sainte.

« Rodrigo, fidèle serviteur de Mara, Mara salue ta dévotion. Rends-lui sa faveur »

Rodrigo répondit d'un air hébété.

« Ce serviteur de Mara ne suit que la volonté de Mara »

Sur ce, le grand prêtre se détourna.

Rodrigo, qui les observait d'un air absent, baissa à nouveau la tête vers le sol. Même après que toutes les lumières qui remplissaient l'entrepôt eurent disparu, Rodrigo resta longtemps dans l'obscurité la plus totale.

Ps de Ciriolla: a priori... on vient de rencontrer l'antagoniste principal...et il semble pas rigoler...

Tome 1 – Chapitre 123 – La nouvelle

bête

Le grand prêtre sortit de l'entrepôt déguisé et marcha dans la rue. Leurs beaux traits rayonnaient sous la lumière du soleil. Leur peau était aussi blanche que le marbre et leurs cheveux dorés, qui avaient retrouvé leur longueur d'origine, brillaient.

On aurait dit qu'un chef-d'œuvre soigneusement élaboré par un sculpteur avait pris vie.

Pourtant, quelque chose dans leur apparence générale n'était pas harmonieux. Avec leur peau blanche et leurs cheveux dorés, leurs pupilles rouge sang semblaient mal placées.

Parmi les gens aux cheveux et aux yeux bruns, le grand prêtre se distinguait nettement.

La plupart des habitants de Mahar n'auraient jamais vu un cheveu d'une autre couleur de toute leur vie. Mais bien que les passants aient pu chuchoter et regarder fixement, l'atmosphère de la rue n'était pas différente de la normale.

Quelqu'un qui venait dans la direction opposée à celle du grand prêtre se mit sur le côté lorsqu'ils s'approchèrent l'un de l'autre. Il ne jeta pas un second regard au grand prêtre et ne sembla pas surpris - et tout le monde en fit autant.

Inconsciemment et naturellement, les gens laissaient la place au grand prêtre. Avançant à un rythme normal, sans s'arrêter ni frôler les manches de quiconque, le Grand Prêtre atteignit l'esplanade.

Le palais se trouvait dans la direction de ces yeux rouges.

Aurais-je dû implanter des mages à Anika ?

Si des mages avaient été plantés en elle, ils auraient pu sentir la présence d'Anika n'importe où dans le palais. Sans avoir à passer constamment par Rodrigo, ils auraient pu communiquer directement avec Anika.

Non. Il ne serait pas bon que je gâche notre travail en me précipitant.

Ils avaient attendu un temps inimaginable. Il n'était pas nécessaire de prendre des risques pour une simple méthode de contact pratique.

Les chiens de Mahar remarqueraient immédiatement la présence de mages à Anika. Ils se rendaient périodiquement dans le royaume et, bien qu'ils partent immédiatement après avoir remis des lettres au roi et qu'ils n'aient aucune raison de rencontrer la reine, il y avait toujours une possibilité de 'et si'.

Ils ne devaient pas baisser la garde tant qu'Anika n'était pas complètement entre leurs mains.

Mara !

Un coin de la bouche du Grand Prêtre se releva.

Le jour où vous régnerez sur ces créatures insignifiantes comme un dieu n'est pas loin.

La faute en revient à votre complaisance.

Ils se retournèrent et observèrent le chemin qui menait entre les nombreuses parties de la place.

Dois-je essayer de faire du bruit à l'extérieur ?

L'intersaison s'étirait depuis longtemps. Le roi devait être traîné hors du palais pour qu'Anika, la reine, puisse se déplacer librement. Rodrigo pourrait également envoyer son disciple dans le palais plus facilement pendant que les choses étaient chaotiques.

Ils s'engagèrent dans une rue isolée où se rassemblaient les pauvres et les nécessiteux de la capitale. Ils ne s'arrêtèrent pas dans cette rue mais continuèrent plus loin.

Contrairement aux autres rues bien ordonnées, celle-ci était étroite, les maisons étaient serrées les unes contre les autres et il n'y avait pratiquement pas de passants.

Le grand prêtre regarda lentement autour de lui. Leurs yeux s'arrêtèrent sur un coin où des objets divers étaient entassés comme des déchets. Leurs yeux rouges clignotèrent et ils soulevèrent la planche de bois qui se trouvait au sommet de la pile.

Quelques rats d'égout étaient là, perchés sur leurs pattes arrière, immobiles. Les rats ne bougèrent pas, même lorsqu'une énorme main s'approcha pour les saisir. Seuls leurs nez frémissaient, comme des grenouilles figées par la peur devant un serpent.

« Vous allez devoir travailler pour moi.»

Le grand prêtre tendit une main à l'intérieur de sa robe et en sortit quelque chose. Entre ses deux doigts, il tenait une graine violette.

*******************************

Il était à peu près de la taille de sa paume. Eugène observa avec intérêt le lézard brun dans la cage. Sa langue, qui sortait et léchait son visage avant de disparaître à nouveau, était noire.

« Ugh ! »

Eugène grimaça. Les animaux sans fourrure la mettaient mal à l'aise. Elle n'aimait pas du tout les amphibiens, les reptiles ou les créatures de ce genre.

Ses petites cornes étaient un peu mignonnes, cependant.

Les cornes de la bête qui sortaient de son front étaient plus petites qu'un doigt.

« Vous avez dit que la bête s'est réveillée à partir d'une graine jaune, n'est-ce pas ? Sont-elles normalement aussi petites ? » demanda-t-elle.

« Elle était plus grande dans l'entrepôt. De la tête à la queue, elle faisait à peu près la même taille que toi » répondit Kasser

Eugène laissa échapper un son de surprise.

« Ugh, c'est affreux ! » marmonna-t-elle en tirant la tronche. Elle n'avait vraiment pas envie de voir un lézard de la taille d'une personne !

« Alors Votre Majesté a ordonné qu'il devienne plus petit ? »

« Puisque je ne peux pas vraiment ramener ce genre d'énorme créature avec moi »

En observant le petit lézard dans sa cage, Kasser se souvint de la façon dont il l'avait amené là.

Kasser pensait qu'il aurait beaucoup plus de mal. Sa propre bête, Abu, détestait être petite. Même lorsqu'il prenait la forme d'un cheval, il tenait à avoir une carrure imposante, de sorte que les autres chevaux qui l'entouraient étaient intimidés par lui.

Pour qu'Abu l'écoute, il fallait qu'il impose fermement sa domination. Ce n'était pas difficile, et il était même parfois amusant de jouer avec cette créature coquine, mais cela pouvait aussi être un peu gênant.

Cette bête lézard, cependant, s'était docilement rétrécie et était entrée dans la cage docilement. Comme il avait pensé qu'il s'agissait d'une créature très intelligente lorsqu'il l'avait capturée, il l'avait laissée croire qu'elle était en sécurité, tout en gardant un œil sur elle au cas où elle essaierait de s'échapper.

Mais si il se basait sur ce qu’avait dit la reine, c'était logique.

Sa déclaration selon laquelle une bête qui vient de s'éveiller était comme un nouveau-né expliquait qu’il obéissait à tout ce qu'il demandait.

« On dirait qu'il veut sortir » Eugène sentit son intention en regardant la bête se déplacer à l'intérieur de la cage. La façon dont le lézard sortait ses pattes entre les barreaux et remuait son corps était presque comique.

Kasser trouva l'agitation de la créature très étrange, d'autant plus qu'elle était restée silencieuse pendant tout le voyage de retour. Pensant que la jeune bête devait éprouver de la curiosité pour le monde extérieur, son cœur s'adoucit.

Eugène commença à sortir une clé et fit mine d'ouvrir la porte de la cage.

« Tu vas le laisser sortir ? » demanda-t-elle en un clin d'œil.

Devant sa mine déconfite, il retira à nouveau ses mains de la cage.

Ps de Ciriolla: Donc le Mara est un Voldemort avec plus de cheveux.... et Kasser lui ramene un lezard... ok tout est normal XD

Tome 1 – Chapitre 124 – C'est mignon

Kasser regarda la femme d'un air perplexe.

« Je croyais que vous aviez dit que vous vouliez voir la bête. Qu'est-ce qui ne va pas ?»

Elle lui adressa un sourire penaud. « C'est juste que les lézards sont un peu... » Eugène s'abstint de dire quoi que ce soit d'explicite, car la bête la comprendrait.

Voyant son malaise, Kasser dit avec incrédulité : « Cette créature est une bête. Ce n'est pas un vrai lézard »

« Il ressemble quand même à un lézard » rétorqua-t-elle.

« Alors nous pouvons changer son apparence » suggéra-t-il rapidement.

« Oh ! C'est parfait alors » Eugène réfléchit un instant, puis dit : « Un écureuil. Un écureuil devrait faire l'affaire. Certainement pas une souris, mais un écureuil. Hm... Hé, mon petit. Maintenant que j'y pense, tu n'as pas de nom. Penses-tu pouvoir te transformer en écureuil ? »

Le lézard, qui était collé sur le côté de la cage, la regarda en clignant des yeux. D'après son comportement docile, il semblait prêter attention à Eugène. Mais il n'en restait pas moins un lézard.

« On dirait qu'il ne sait pas ce qu'est un écureuil. Je suppose que je devrais lui montrer quelle sorte d'animal il est » Après coup, elle ajouta . « Peut-il seulement se transformer en un animal qu'il a déjà vu ? »

« Oui, il doit apprendre à comprendre. C'est une période très importante pour cette bête. Tout comme les gens, les expériences d'une bête lorsqu'elle est jeune ont un impact important sur elle. S'ils sont confrontés à de multiples situations dangereuses juste après leur naissance, ils développent naturellement une personnalité agressive »

Kasser se dit qu'Abu a dû avoir une jeunesse très difficile. Il appela alors un assistant sur le côté. Il lui demanda d'apporter un livre d'images pour enfants sur les animaux.

En attendant le livre d'images, ils discutaient près du bureau puis prirent la cage et s’installèrent sur le canapé.

Eugène continua d'observer la bête dans la cage. Comme il ne s'agissait pas d'un vrai lézard, elle se sentait relativement moins dégoûtée.

C'est la deuxième bête du roi. Comme c'est inhabituel !

Une telle chose n'était pas apparue dans son roman. Jusqu'à présent, le scénario de son roman était celui d'un roi et d'une bête. Avoir deux bêtes sous une même personne était tout à fait inédit à Mahar.

Tout en se concentrant sur la bête, elle ne remarqua pas le regard de Kasser sur elle.

Elle ne remarqua pas non plus l'aggravation progressive de son expression.

Ce fut à ce moment-là que le préposé revint avec un livre d'images. En feuilletant le livre, Eugène trouva un écureuil et le présenta à la bête.

« C'est un écureuil. Essaie de prendre cette forme »

Le lézard regarda fixement l'écureuil dans le livre. Il pencha sa petite tête d'un côté à l'autre, encore et encore.

Eugène, fascinée, regardait avec plaisir la jeune bête qui commençait à apprendre.

Depuis qu'il y avait tant de choses dans ce monde qu'elle ne connaissait pas, elle était devenue un peu timide. Mais lorsqu'elle avait l'occasion de montrer ses connaissances sur un sujet qu'elle maîtrisait bien, elle reprenait confiance en elle.

« Elle s'intéresse beaucoup aux bêtes » pensa Kasser en observant l'expression vive d'Eugène. Il n'avait pas réalisé qu'elle s'y intéressait autant.

Mais s'il était heureux de la voir s'amuser, son humeur n'en était pas pour autant apaisée. Son expression se raidit peu à peu.

Le lézard qui s'était accroché aux barreaux de la cage descendit sur le sol. Il se recroquevilla comme s'il essayait de se mordre la queue et tourna sur lui-même. Le bout pointu de sa queue se gonfla et commença à se transformer.

Comme si le lézard enfilait un manteau de fourrure sur sa peau lisse, il poussa une couche de fourrure brune de l'extrémité de sa queue jusqu'au sommet de sa tête. Ses longs yeux bridés devinrent petits et ronds, son corps allongé rétrécit et ses pattes écartées se rapprochèrent.

En un instant, toute trace du lézard avait disparu. Il ne restait plus qu'un écureuil parfait et adorable.

Tout excité, Eugène déverrouilla immédiatement la cage. En un clin d'œil, l'écureuil grimpa le long du bras d'Eugène et s'installa sur son épaule.

Elle tourna la tête, suivant des yeux l'écureuil dans ses déplacements. Ses mouvements étaient agiles et il courait frénétiquement sur les bras et les épaules d'Eugène.

Eugène arrondit les lèvres et fit claquer sa langue, essayant d'émettre un son auquel l'écureuil répondrait.

La bête s'arrêta au niveau de sa main gauche, son nez s'agita en réponse au son qu'elle avait émis.

Eugène leva sa main droite et la tendit doucement vers la bête pour ne pas l'effrayer.

Elle caresse la petite tête de l'écureuil et lui frotte le menton du bout des doigts. La bête ferma les yeux et frotta son visage contre sa main, semblant apprécier son contact.

« C'est mignon » Eugèna murmure en riant doucement.

Les bêtes étaient vraiment des créatures parfaites, si belles et si intelligentes. Et une fois que l'on avait développé un lien mutuel, on pouvait avoir des surprises.

La main de Kasser s'approcha soudain, attrapa l'écureuil par derrière et le souleva.

Eugène, qui regardait l'écureuil avec plaisir, leva les yeux.

Suspendue aux doigts de Kasser, la bête se tortilla dans les airs. Elle agita désespérément ses pattes en direction d'Eugène.

Ps de Ciriolla : Oui un petit écureuil.... c'est tellement mignon, je valide son choix

Tome 1 – Chapitre 125 – Il est en colère Kasser regarda d'un air renfrogné et ouvrit la cage. L'écureuil essaya de résister de toutes ses forces, en s'agrippant aux barreaux de la porte de la cage avec ses pattes. Il avait l'air très mignon et très pitoyable à la fois.

Mais l'homme ne se laissa pas impressionner. Ignorant sa résistance, il la fit entrer dans la cage d'une pichenette.

Eugène baissa maladroitement les mains. Elle venait de se rappeler qu'il avait dit qu'il ne partageait jamais rien sur les bêtes.

Cela avait dû le gêner. J'ai traité la bête comme s'il s'agissait de mon propre animal de compagnie.

Le lien entre un roi et sa bête était bien plus fort qu'entre une personne normale et son animal de compagnie. Le Praz infusé dans la bête était fortement lié au Praz du roi, si bien que si la bête était gravement blessée, le roi le sentait aussi.

Sentant que quelque chose n'allait pas, elle ne put s'empêcher de demander : « Êtes-vous en colère ? »

« Non. »

Il est en colère !

Eugène essaya de comprendre son humeur. Même s'il n'était pas du genre à montrer ses émotions, elle était capable de reconnaître l'expression d'inconfort sur son visage.

« Je suis désolée d'avoir touché la bête sans réfléchir » Puisqu'elle s'était trompée, il était normal qu'elle s'excuse.

Kasser fronça les sourcils, ce qui signifiait que le problème n'était pas là.

« Tu crois que je suis fâché que tu l'aies touchée ? » demanda-t-il. En toute honnêteté, il fut surpris par sa question.

« Pourquoi serais-tu en colère si ce n'est pas le cas ? » demanda-t-elle. La façon dont il avait attrapé et poussé l'écureuil dans la cage n'était-elle pas la preuve qu'il était en colère ?

« J'ai dit que je n'étais pas en colère » répéta-t-il.

Eugène ne sut plus où il en est. Ils étaient venus à son bureau parce qu'il avait dit qu'il lui montrerait la bête, et tout s'était bien passé jusqu'à présent. Mais maintenant, ce roi était en colère.

Alors qu'elle réfléchissait à la situation, un souvenir de Marianne lui apprenant comment gérer ce genre de situation lui revint à l'esprit.

« Si vous êtes à un événement social, il y a toujours des moments où l'atmosphère devient soudainement inconfortable. Normalement, lorsque quelqu'un ne parvient pas à s'exprimer ou que la conversation s'arrête pour une raison quelconque... »

Dans cette situation, il était généralement admis que la personne la plus jeune ou la moins gradée présente devait prendre la responsabilité d'orienter subtilement la conversation vers un autre sujet.

Marianne avait ajouté que si l'on voulait être capable de gérer ce genre d'interactions sociales en douceur, il fallait apprendre ce genre de règles tacites.

« Bien qu'il soit acceptable que vous aidiez quelqu'un d'autre à essayer d'améliorer la situation par de simples accords, essayez de ne pas vous avancer et de le faire vous-même, Votre Grâce. Si une personne de haut rang tente de prendre le rôle d'une personne de rang inférieur, cela pourrait avoir un effet néfaste sur sa réputation »

Eugène tenta d'appliquer les enseignements de Marianne à la situation actuelle. Dans une monarchie absolue, le roi était la personne la plus haute placée dans le royaume, et tous les autres étant ses sujets.

Cependant, indépendamment de ces règles, elle ne voulut pas se plier unilatéralement à ses caprices. Comme il ne s'agissait pas d'une discussion sur les affaires nationales, elle n'était pas dans la position de son sujet, mais de son épouse.

« Votre Majesté, si vous essayez de prétendre que vous n'êtes pas en colère contre moi, je serai en colère contre vous. Vous m'avez enlevé la bête de façon si agressive et vous m'avez mise dans l'embarras » Elle fit part de son mécontentement sans aucun état d'âme.

Elle n'était pas du genre à se laisser faire ; roi ou pas, elle n'aimait pas la façon dont il venait de se comporter. Elle était même en droit d'exiger une explication de sa part.

« .... »

En voyant son expression silencieuse et maussade, Eugène commença à se sentir mieux.

Elle ne l'avait jamais vu agir ainsi, elle trouvait cela inhabituel et charmant.

Il était très mature pour quelqu'un d'une vingtaine d'années. Dans le monde d'Eugène, les gens d'une vingtaine d'années étaient très immatures, tant dans leur façon de penser que dans leur comportement.

Même en tenant compte des normes sociales de ce monde où la plupart des gens se marient au début de la vingtaine, elle pensait qu'il était plus mûr que les autres

personnes de son âge. Mais pour la première fois, probablement à cause de son expression, elle avait l'impression qu'il était enfantin.

Plutôt que d'être en colère... on dirait qu'il est contrarié.

C'était un mot qui ne convenait pas au Roi du Désert. Eugène était curieuse de savoir ce qui l'avait dérangé. Elle n'avait aucune idée de ce que cela pouvait être, à part la bête.

Voyant que les choses étaient dans l'impasse, Kasser prit la parole après un petit soupir.

« Je n'avais pas l'intention de vous mettre dans l'embarras. C'était une erreur de ma part. Je suis désolé » dit-il sincèrement.

Maintenant qu'il avait fait un pas pour l'apaiser, elle pensait qu'il serait stupide de continuer cette querelle. « J'ai été négligente moi aussi. Je demanderai la permission à partir de maintenant »

« Ne t'inquiète pas, tu peux la toucher quand tu veux » dit-il précipitamment. « Mais n'oublie pas que ce ne sont pas des animaux ordinaires et ne baisse pas ta garde. »

« D'accord... »

De toute évidence, il traçait une ligne de démarcation pour qu'Eugène ne puisse pas insister davantage. Et elle ne le fit pas

Kasser regarda la bête en cage avec des sentiments mitigés. Eugène et lui étaient assis l'un en face de l'autre, la table basse les séparant. De là où il était assis, il ne pouvait voir que le dos de la bête.

L'écureuil gambadait dans la cage avec beaucoup d'activité, en lui tournant le dos et en faisant face à Eugène. C'était comme si Eugène était son propriétaire et non lui.

Ps de Ciriolla : en colère je sais pas... juste que l'on peut rajouter une cause de jalousie supplémentaire à Kasser.. sérieusement on va en faire quoi de ce roi amoureux

Tome 1 – Chapitre 126 – Allons manger dehors!

Bien qu'il s'agisse d'un comportement très étrange compte tenu de la caractéristique des bêtes de ne suivre que leur maître, il n'avait pas d'espace dans son esprit pour penser logiquement tout en faisant face à ses sentiments compliqués.

N'aurais-je pas dû le ramener avec moi ?

Il était tout retourné à cause d'une petite bête de la taille de sa paume. C'était un sentiment désagréable, mais différent de la colère. Il avait l'impression que quelque chose bouillait dans son estomac, quelque chose de plus proche de l'irritation que de la colère.

Il se souvint du moment où il s'apprêtait à tuer la bête-lézard après l'avoir vaincue et où il avait soudain pensé à la reine. Elle s'intéressait tellement aux bêtes et, à la voir interagir avec Abu, il était clair qu'elle n'en avait pas peur.

Il avait espéré que s'il ramenait la bête et la lui montrait, ils auraient plus de choses à se dire.

Mais elle était tellement absorbée par la bête qu'elle ne faisait pas attention à lui. Ce n'était pas du tout le résultat qu'il recherchait !

Il essaya de ne pas penser à autre chose lorsqu'il se concentrait sur ce qui se trouvait devant lui. Lorsqu'il était à l'extérieur du palais, il ne pensait pas aux gens qui s'y trouvaient.

Cependant, il était différent ces derniers temps. Lorsqu'il poursuivait la bête dans l'entrepôt, chaque fois qu'il faisait une pause, une personne lui revenait à l'esprit. C'était la première fois qu'il voulait se dépêcher de retourner voir quelqu'un.

Or, la personne qu'il voulait tant voir était plus intéressée par un lézard que par son mari qu'elle n'avait pas vu depuis plusieurs jours.

Ai-je fait le mauvais choix en l'épargnant ?

Toute la douleur et l'injustice qui montaient en lui étaient la faute de ce lézard ingrat.

« Tu n'as pas encore déjeuné, n'est-ce pas ? » demanda-t-il. Il voulait à tout prix attirer son attention sur lui.

« C'est vrai » Son regard ne quitta pas la bête.

« Nous mangeons ensemble ? » dit-il avec espoir.

« Oui, j'aimerais bien »

Eugène était déçu qu'ils s'éloignent du sujet. Même si elle s'était rapprochée de lui, ils n'étaient pas encore dans une relation où elle pouvait librement le presser de questions juste pour satisfaire sa curiosité.

« Pourquoi n'es-tu pas sorti ? Tu as même constitué une équipe d'escortes, comme si tu devais sortir souvent »

Il s'attendait à ce qu'elle sorte au village en son absence, mais à sa grande surprise, elle était restée cloîtrée au palais.

Eugène n'avait quitté le palais qu'une seule fois et n'était pas sortie depuis. Elle devait être prudente au cas où Rodrigo l'apercevrait.

Le jour où elle avait essayé de sortir pour la première fois, Rodrigo avait repéré le groupe de cinq soldats. Si elle sortait à nouveau avec eux et que Rodrigo se rendait compte que la personne escortée par ces soldats était la reine, son mensonge selon lequel ce n'était pas elle qui était avec les soldats ce jour-là serait découvert.

Comme Eugène ne pouvait pas expliquer sa situation avec autant de détails, elle inventa une excuse.

« Sortir avec l'escorte était très encombrant. Je me sentais beaucoup plus à l'aise avec vous, Votre Majesté »

Cela attira l'attention de Kasser.

« Voulez-vous sortir ? Vous n'êtes toujours pas sorti du palais pendant la journée, n'est-ce pas ? Nous pourrions même déjeuner dehors »

« Déjeuner dehors ? Avez-vous déjà essayé de manger en dehors du palais ? » Elle était intriguée par le fait que ce membre de la famille royale, qui avait fait tout un foin de ses maux d'estomac il y a peu, lui proposait de manger ailleurs que dans la cuisine royale.

« Bien sûr. Je suis souvent hors du palais toute la journée. Tu crois que je me laisse mourir de faim ? » Il pensait qu'il était évident qu'elle saurait qu'il mangeait à l'extérieur.

« Alors allons manger dehors ! Je suis curieuse de voir à quoi ressemblent les rues le jour » Eugène répondit avec enthousiasme. Même s'ils ne savaient pas quand la période de repos se terminerait, elle ne voulait pas le rejeter.

La personne qui avait suggéré cette idée était le roi. Il devait certainement avoir réfléchi à l'avance. Puisqu'elle pourrait sortir avec un groupe beaucoup plus restreint s'il venait avec elle, c'était pour elle une excellente occasion qu'elle ne voulait pas manquer.

De plus, elle était très enthousiaste à l'idée de sortir avec lui. La dernière fois qu'elle avait quitté le palais, elle n'avait pas pu s'amuser pleinement à cause des souvenirs de Jin et avait dû rentrer immédiatement. Depuis, cela la gênait.

Cependant, elle sentait que c'était trop beau pour être vrai et décida de le réaffirmer. «

Oh, Votre Majesté, êtes-vous sûre que je peux m'approcher de la bête ? Vous n'êtes pas contre ? »

« C'est bon. Cela ne me dérange pas » Le regard qu'il posa sur elle était doux, soulignant sa sincérité.

Eugène sourit légèrement à l'expression de Kasser.

« Il y a un endroit où je veux m'arrêter avant de sortir. J'ai promis de le faire »

Au bout d'un moment, ils débouchèrent tous les deux dans un jardin qui communiquait avec le couloir.

En mettant ses mains autour de sa bouche, elle cria « Abu ! ». Elle appela de nouveau et, aussitôt, un petit léopard noir arriva en bondissant sur de courtes pattes.

Fonçant sur Eugène, Abu bondit et se jeta dans ses bras écartés. Mais avant qu'il ne puisse atteindre sa poitrine, il se retrouva soudain saisi fermement par la peau du cou.

Ps de Ciriolla: que de jalousie pour notre Kasser!

Tome 1 – Chapitre 127 – N'est-il pas

mignon

Saisissant le félin par la nuque, Kasser le souleva à hauteur de ses yeux. Les pattes en l'air, les yeux pitoyables, il regarda l'animal de haut en bas avec stupéfaction. La bête à laquelle il était habitué n'était plus en vue.

Le roi plissa les yeux et dit : « Abu »

Il prononça son nom comme une confirmation plutôt qu'une interrogation. Peu importe en quoi il se transformait, le maître pouvait toujours le reconnaître. Même s'il voulait le nier, il devait admettre que la bête qu'il tenait dans sa main, avec une carrure aussi petite qu'un chat des rues, était le même Abu qui suscitait la peur partout où il allait.

Néanmoins, il était confus. Après tout, c'était la première fois qu'il voyait Abu aussi petit.

Abu l'accompagnait depuis un certain temps déjà. Impressionnant, volontaire et débridé, tels étaient les mots qui convenaient le mieux à cette bête. D'une certaine manière, il était le reflet de son maître. Cela dit, même en pleine croissance, Abu était aussi énorme qu'intimidant. Peut-être la taille jouait-elle un rôle majeur dans la peur qu'il inspirait, mais il avait toujours été bien plus grand que la moyenne.

Pourtant, Kasser n'avait jamais contraint Abu à se défaire de sa taille. C'est là que l'on comprend le mieux la profondeur de la relation maître-bête. Bien que le roi ait établi de nombreuses règles de base, il se montrait prévenant à l'égard d'Abu, qui était obsédé par sa taille.

Mais maintenant qu'il le voyait dans cet état, courant et battant des pattes au lieu de grogner et de gronder, il était sidéré.

Cette Alouette du Roi du Désert était aussi célèbre que son maître. Elle était plus forte et plus grande que l'Alouette du Roi Seon, le père de Kasser. Certains disaient qu'il était l'alouette la plus forte que le royaume ait jamais eue.

Kasser ne s'était jamais manifesté, mais il était satisfait de son grand et fort hwansu.

Abu avait une valeur particulière pour lui.

Dès son plus jeune âge, alors qu'il se posait constamment des questions sur le sens de son existence, il avait cherché à faire ses preuves. À point nommé, le succès de sa chasse avait renforcé son estime de soi.

En y repensant, les questions qu'il se posait avaient disparu depuis qu'il avait recueilli Abu. Cependant, même si Abu était très spécial, il ne s'assimilait pas à une Alouette.

Cependant, l'Abu qu'il avait devant lui était trop difficile à digérer. Il ne ressemblait en rien à son apparence habituelle, forte et féroce. Ce serait une honte de le reconnaître comme le puissant hwansu du puissant Roi du Désert.

Les yeux du pathétique propriétaire rencontrèrent les yeux rouges de la bête.

Depuis le jour où Abu devint plus petit, Eugène fit semblant d'aller se promener tous les jours pendant une heure ou deux, juste pour retrouver Abu dans l'après-midi et jouer avec lui. L'Alouette du roi n'était pas une chose que l'on peut transporter sans précaution, c'était pourquoi elle avait promis de le retrouver à une heure et à un endroit précis.

Eugène traitait Abu comme un chat de compagnie. Elle le tenait dans ses bras, lui caressait la queue ou l'oreille, le frottait sous le menton. Il n'y avait ni peur ni inhibition, on aurait dit qu'ils faisaient cela depuis des lustres.

De son côté, Abu avait toujours pensé que les humains, à l'exception de son maître, étaient terriblement faibles et insignifiants. Quand ils avaient peur de lui, il était fier plutôt que triste. Mais pour la première fois, il était gêné car c'était la première fois qu'il était traité comme un jouet par une humaine !

La voix calme d'une femme qui parlait toute seule ne lui était pas familière non plus. À

l'origine, Kasser était loin d'être affectueux. Son maître ne l'appelait par son nom que lorsqu'il lui donnait des ordres ou le grondait. Au contraire, cette femme lui parlait avec douceur et même avec amour.

C'était gênant, mais Abu se retenait. La douceur et l'affection de l'humaine étaient si agréables que l'inconfort était tolérable.

Au fur et à mesure qu'il se retenait, Abu s'habituait. Maintenant, il pleurait même aux pieds d'Eugène et demandait sans vergogne qu'on le prenne dans les bras.

« Miaou, miaou... »

En un instant, Abu lança un regard rebelle à son maître. Il se débattit avec sa petite patte avant et protesta. Kasser se contenta de froncer les lèvres pour contenir son arrogance.

Ses yeux bleus brillaient d'une lueur bleutée.

Incapable de décider s'il devait rire ou pleurer, le regard d'Eugène alternait entre l'humain et la bête. Et pourquoi pas ? Le petit léopard noir, pris entre les doigts de son maître, se balançant dans les airs, était en fait une énorme Alouette. L'homme qui ressemblait à un abuseur d'animaux était son maître et le roi de Hashi.

« Votre Majesté » Elle l'appela avec précaution.

L'homme et la bête fixèrent leurs regards sur Eugène en même temps.

« Abu... n'est-il pas mignon ? »

Eugène étudia attentivement l'homme, essayant de discerner ses pensées. Ces retrouvailles macabres étaient inattendues et embarrassantes. Elle craignait d'avoir commis une grave erreur.

« Il y a beaucoup d'avantages à faire réduire la taille d'Abu. Les servantes auront beaucoup moins peur » La voix d'Eugène devenait de plus en plus petite au fur et à mesure qu'elle parlait.

Les sourcils rigides de Kasser se relâchèrent à la vue de son sourire flétrissant.

« Je ne vous en veux pas. Cette bête a l'air.... » Il s'arrêta juste au moment où il allait dire

« idiot » . « Je... eh bien, il ne me semble pas très familier. C'est l'endroit dont tu as parlé tout à l'heure ? »

« Oui. Nous sommes censés nous rencontrer dans l'après-midi. »

« Vous rencontrez cette bête tous les jours ? » s'étonna Kasser.

« Oui. »

« Depuis quand ? » Comme si la transformation d'Abu n'était pas assez choquante, voilà qu'elle l'était encore plus !

« Cela fait quelques jours »

Instantanément, Kasser fut offensé par la simple vue d'Abu. Lorsqu'il pensa que l'animal avait creusé la brèche pendant les jours où il n'était pas là, il fut furieux.

« Pourquoi es-tu ici ? »

« Pour voir Abu... » Elle répondit honnêtement.

« Tu devais sortir avec moi » Kasser avait le cœur plein de déception, mais son visage ne trahissait rien.

Ps de Ciriolla: mon pauvre kasser, tu te retrouve à disputer son coeur contre des animaux....

Tome 1 – Chapitre 128 – S'en

souciraient-il?

« Oui, je sais » Elle ne faisait que passer et se réjouissait de son premier déjeuner au village.

« Tu veux l'emmener ? » demanda-t-il, incapable de dissimuler le laconisme de son cœur....

Eugène répondit en le dévisageant, car son ton était devenu plus vif. « Non, je n'étais là que pour parler à Abu, car il m'attendait à mon retour. »

Kasser fronça légèrement les sourcils et serra les lèvres. Puis, tournant son regard vers Abu, qui s'accrochait toujours à lui, il secoua la tête avec colère. Abu glapit et miaula en réponse, comme s'il criait à l'injustice.

Et pourquoi pas ? Ce n'était pas de sa faute si cette femme et lui s'entendaient si bien. Et pourquoi ne continuerait-il pas ? Ainsi, les deux orbes se fixaient l'un l'autre dans une impasse, l'un enragé, l'autre piteux.

Cet étrange échange n'échappa pas à Eugène. Elle observa attentivement l'homme. Son allure maladroite et renfrognée ressemblait à celle qu'elle venait de voir dans son bureau.

Elle repensa à la situation d'avant et d'aujourd'hui. La rancœur faisait partie de tous ses changements d'émotions capricieux habituels. Cependant, il avait dit qu'il n'était pas offensé qu'elle ait touché Abu et passé du temps avec lui.

Peut-être... ?

« Votre Majesté » dit Eugène en hésitant, « le lézard que vous avez vu tout à l'heure, et Abu aussi... Je m'y intéresse seulement parce que c'est votre Alouette. Pendant que vous étiez au dépot, j'ai gardé Abu et je me suis inquiété pour vous »

Tournant légèrement le dos à la femme, il ne dit rien. Cependant, son silence indiquait clairement son incrédulité face à son explication.

Eugène put retenir son rire en se mordant la lèvre, mais elle ne put contrôler son cœur qui battait la chamade.

Cet homme... n'est-il pas jaloux ? Pour définir son attitude actuelle, il s'agirait plutôt d'un désir commun de monopole de la lumière, où chacun veut que la personne en face de lui ne se concentre que sur lui-même.

Il pourrait aussi s'agir d'une émotion enfantine : « Pourquoi ne m'admires-tu pas ? » S'il revenait de ses exploits en tant que roi, tout le monde l'aurait acclamé et loué après tout.

Eugène avait un sourire agréable. Quelle qu'en soit la raison, c'est à elle, et à elle seule, qu'il a montré ses émotions. Pour la première fois, face à ce monarque nonchalant qui avait tout, elle ressentit une légère touche de sympathie.

En ce moment, Eugène se trouvait dans un grand dilemme. Elle voulait voir l'expression de l'homme fier en ce moment, mais elle ne voulait pas non plus la voir. D'une part, elle souhaitait voir ses émotions inédites, d'autre part, elle n'en avait pas le courage. Alors qu'elle oscillait entre le 'faire et ne pas faire', l'homme lui-même se tourna vers elle.

Son cœur s'emballa tandis que ses yeux avides cherchaient son visage. Hélas, son excitation fut brutalement anéantie par l'indifférence du visage. Il fit demi-tour, comme ça.

Le silence, empreint de malaise, emplit l'air. L'homme ne savait que faire, tandis que la femme derrière lui était confuse.

En regardant ce dos froid, Eugène hésita légèrement, sa main qui se levait pour l'atteindre s'arrêta. Elle se demandait si sa conjecture sur ses sentiments était fondée ou si elle se trompait. Si elle avait raison, c'était une autre affaire, mais si elle se laissait aller à ses illusions, même en restant debout toute la nuit, elle ne pourrait pas se débarrasser de l'embarras qui s'ensuivrait !

Finalement, elle se laissa aller à ses sentiments et l'enlaça par derrière. Ses bras délicats ne parvinrent pas à envelopper son grand corps, mais elle s'accrocha tout de même à lui. Elle sentait son corps tendu se raidir, elle était nerveuse elle aussi.

Mais au moment où ses mains saisirent les siennes et relâchèrent leur emprise, son cœur s'affaissa. Elle sentit une lourde boule dans sa gorge, et ses jambes semblèrent se dérober. Il semblerait qu'elle se soit trompée après tout...

Mais avant qu'elle ne puisse s'effondrer sur le sol, l'homme se retourna brusquement et avala ses lèvres. Il passa un bras autour de sa taille et l'attira dans ses bras, une main se glissa autour de son cou et l'enserra. On aurait dit qu'il bloquait sa retraite, de peur qu'elle ne s'enfuie.

Cependant, Eugène n'avait pas l'intention de s'enfuir. Au lieu de cela, elle reculait dans l'étrange satisfaction, son cœur battait la chamade... la morosité d'il y a un instant avait disparu. Son esprit était vide, elle ne sentait rien d'autre que sa chaleur et sa passion dans la volée de baisers.

Trouvant l'espace entre ses lèvres, il y glissa facilement sa langue. Elle parcourut l'intérieur de sa bouche, effleurant sans relâche sa chair tendre.

« Hmph » Un doux gémissement s'échappa.

Ses doigts qui le tenaient par l'épaule avaient depuis longtemps pâli. Son baiser, qui lui coupait le souffle, était gourmand. Il pencha davantage la tête et enfonça sa langue plus profondément. Deux lèvres se collent l'une à l'autre, sans le moindre écart.

Alors que son bras autour de sa taille se resserre, Eugène sentit une pression sous sa poitrine. Toutes les respirations qui s'étouffaient furent aspirées par ses lèvres.

Eugène aimait ce moment où elle se languissait de lui tout en essayant de rattraper son rythme. Kasser n'avait jamais été tiède et ne connaissait pas la modération. Il avait l'air de quelqu'un qui pouvait changer d'humeur en un clin d'œil. Sous le soleil, il était le roi solennel, compétent et sage, qui ne se trompait jamais, ne plaisantait jamais et ne se ridiculisait jamais. Sous la lune, dans l'intimité de sa chambre, ses baisers et ses poussées étaient ceux d'une bête affamée.

Sa langue s'enroula autour de la sienne et la suça avec force. Un frisson glacial lui remonta le long du dos.

Après des jours d'angoisse, son esprit était vide. Elle ne savait pas que la relation entre les hommes et les femmes était si étrange jusqu'à ce qu'elle en fasse l'expérience.

Ce n'était pas parce qu'un seul côté avait supprimé les désirs physiques. Face au désir physique, la raison n'a pas de sens. La passion était le seul véritable maître, et le couple qui s'y adonnait en ce moment même avait depuis longtemps plongé dans un abîme sans fond.

« Miaou... »

À une certaine distance du couple plongé dans un baiser intense, Abu pleurait lamentablement.

Sans pitié, Kasser avait jeté Abu avant d'embrasser Eugene. Avec un saut de main souple, Abu avait atterri en toute sécurité sur le sol.

Cependant, lorsqu'il vit son maître s'accrocher à la femme, il s'impatienta. Son maître était en train de s'emparer de l'affection de cette femme. N'osant pas l'interrompre, il poussa un timide cri de mécontentement.

Mais l'homme et la femme qui étaient tombés amoureux s'en soucieraient-ils ?

Ps de Ciriolla: Les retrouvailles.. les vraies <3

Tome 1 – Chapitre 129 – Miaow

Au début, ses cris tombèrent dans l'oreille d'un sourd. Mais l'Alouette était tenace. À

intervalles rapprochés, Abu continua à pleurer jusqu'à ce qu'ils n'aient plus d'autre choix que de tourner leur attention vers lui.

« Miaou... »

Entre deux baisers, il se maudit et rétracta ses lèvres.

Laissé à Kasser, il n'aurait pas donné cher de la peau d'Abu, même s'il avait gémi toute la journée. Mais la femme qu'il tenait dans ses bras essayait toujours de le repousser, comme si sa concentration était rompue.

Il embrassa légèrement ses lèvres humides et les lécha avec sa langue. Ses yeux étaient pleins d'une soif qui n'avait pas encore été étanchée. Après quelques jours, ses lèvres avaient un goût si doux qu'il en avait le vertige. Il avait envie de se précipiter dans une chambre avec elle dans ses bras. Mais aujourd'hui, il voulait passer du temps avec elle d'une manière différente de l'enchevêtrement physique.

Pas seulement à cause des tracasseries de Marianne. Mais parce que le simple fait de passer les nuits avec elle lui donnait vaguement l'impression qu'il y avait entre lui et elle quelque chose d'indéfinissable.

« Miaou »

Kasser serra les dents et marmonna. « Je vais lui faire une laisse et l'attacher »

Eugène éclata de rire, le visage rougi. Elle s'accroupit et salua Abu.

« Abu, viens ici »

Son souhait exaucé, Abu s'élança immédiatement vers Eugène pour lui donner la bise.

Kasser jeta un regard pervers sur l'Alouette qui se comportait comme un chien de compagnie.

« Abu, je ne peux pas jouer avec toi aujourd'hui. Je ne peux pas jouer avec toi aujourd'hui. Je n'ai pas le temps aujourd'hui. A demain »

Demain ?

Les muscles de son visage se contractent. Il n'aimait pas ça. Mais rien ne justifiait d'y mettre un terme. Il avait déjà dit de sa propre bouche qu'il était acceptable d'être proche de ses Alouettes.

Cependant, la vérité était qu'il voulait mettre Abu à l'abri de sa vue. Il était conscient que ses émotions étaient indescriptiblement puériles, mais il n'avait ni remords ni honte.

Cela dit, il n'était pas question de rectifier l'un ou l'autre.

« Abu, viens ici, je vais te faire un câlin. »

Le léopard noir sauta sans hésiter dans les bras d'Eugène. Kasser fut stupéfait d'entendre les ronronnement d'Abu dans sa gorge et rit un court instant. Il se demanda sérieusement pourquoi son hwansu avait pris une telle forme.

Ses réflexions se poursuivirent même après qu'il fut monté dans la calèche avec elle et qu'il eut quitté le château. Il réalisa tardivement que c'était étrange. Il n'avait jamais entendu parler d'une Alouette, qui avait déjà un maître, suivant une autre personne comme si elle était son maître.

Le carrosse avançait lentement. C'était la première fois qu'Eugène sortait à cette heure de la journée, et pour un déjeuner en plus. Ses yeux curieux regardaient par la fenêtre, son visage avait encore des traces de rose dues à l'indulgence de tout à l'heure.

Kasser la regarda de l'autre côté. La scène où Abu s'était accroché à elle plus tôt ne cessait de se répéter dans son esprit. Cependant, il avait deviné la raison du comportement inexplicable de son Alouette.

C'est une Anika. Il était communément admis que les Alouettes n'attaquaient pas les Anikas, bien que cette théorie n'ait jamais été mise à l'épreuve. Et Abu était fondamentalement une Alouette. Compte tenu de ce principe, il était naturel qu'il n'attaque pas ou même qu'il ne terrorise pas, ce qu'il faisait par ailleurs, mais cette sorte d''affection' était vraiment insondable.

Oui, il y avait eu des cas où les Alouettes avaient réagi favorablement à l'égard d'une Anika, mais ils étaient rares.

Favorable... mais est-ce que je peux vraiment le définir seulement comme favorable ?

C'était un fait connu que les documents historiques ont tendance à être déformés dans une certaine mesure. Cependant, le choix du mot, pour la personne qui avait été témoin de l'interaction d'Abu avec cette Anika, semble erroné.

Combien d'Alouettes avaient répondu à une Anika d'une manière aussi... affectueuse et aimable ? Et combien d'entre elles avaient accepté de se laisser aller à leur monstruosité

? Cela signifiait seulement que l'affection d'Abu pour Eugène était en effet rare. Il n'avait jamais montré une telle facette de lui, même à Kasser.

Cette Anika qui avait proclamé avoir une forte relation avec l'Alouette était celle-là même qui avait planté la graine du vieil arbre sur la place de la ville sainte. Elle était entrée dans l'histoire comme l'Anika qui possédait la Ramita la plus forte et la plus puissante de tous les temps.

On peut en déduire que les Alouettes répondent non seulement aux Anikas, mais aussi à leurs Ramitas.

Mais Abu n'était pas comme ça avant...

Pourquoi maintenant ? Son Ramita est assez puissant pour attirer l'attention des Alouettes. ?

Dans le passé, Abu avait souvent vu la reine de près. À l'époque, Abu ne s'intéressait pas à elle. Inutile de dire que Jin Anika ne l'était pas non plus. Les deux vivaient dans leur propre monde, sans jamais se croiser.

Bien que Kasser ne sache pas quel type de pouvoir détenait sa Ramita, il était persuadé qu'il devait être essentiellement similaire à celui de son Praz. C'était la seule explication au phénomène selon lequel seule une Anika pouvait donner naissance à l'enfant du roi.

Par conséquent, comme le Praz du roi, la Ramita d'Anika ne débordait pas et ne se dissipait pas de son propre vaisseau naturel.

Eugène, qui avait toujours regardé par la fenêtre, se retourna lorsque la calèche ne s'arrêta pas sur la place du village. Ses yeux rencontrèrent alors l'homme qui la regardait.

'Avez-vous quelque chose à me dire ? » demanda-t-elle.

Il semblait plus sombre que d'habitude, il était manifestement en train de ruminer.

Compte tenu de tout ce qui s'était passé plus tôt, du comportement d'Abu et de tout le reste, il n'était pas surprenant qu'il ait des questions à poser.

« Tu m'as déjà posé des questions sur Ramita. Tu ne peux pas sentir Ramita, même maintenant ? »

De toutes les questions auxquelles elle s'attendait, celle-ci était loin d'être la bonne.

Mais elle ne tarda pas à lui répondre.

« Oui, je ne ressens rien de spécial »

Kasser était décontenancé. « Tu ne te souviens même pas de ton rêve lucide ? »

« Ah... » Eugène hésita. Plutôt que de la réticence, l'expression de son visage indiquait qu'elle ne savait pas comment l'expliquer. « Je ne me souviens pas de ce qu'étaient les rêves lucides à l'origine. Mais j'ai récemment fait un rêve étrange... »

Tome 1 – Chapitre 130 – Ce que je veux vraiment

Eugène avait ruminé ce rêve à n'en plus finir, et n'en connaissait toujours pas la signification. Comme Kasser avait une meilleure connaissance de la question, elle décida d'être franche et de demander de l'aide.

« Des rêves étranges ? Quels rêves ? »

« J'ai vu de l'eau dans mon rêve... Je ne sais pas si c'est un rêve lucide. C'était vraiment bizarre. Ça ne correspondait pas du tout à la description de Votre Majesté » dit-elle en soupirant.

« Je ne sais pas si ce que je t'ai dit est correct. Anika, c'est toi, pas moi. Quel genre de rêve était-ce ? »

S'adressant à elle, Kasser n'en dit pas plus. Les capacités d'Anika ne devaient pas être remises en question de manière inconsidérée.

Le Sang-je l'avait répété à maintes reprises : Anika n'est noble que par son existence.

Plutôt que de l'interpréter comme il se doit, les gens le prenaient comme une menace : si vous ne traitez pas Anika avec honneur, il y aura des conséquences.

De nombreux tabous entouraient les Anikas. Le plus important d'entre eux était 'ne pas essayer de questionner ou de creuser son existence'. Ainsi, personne ne savait exactement ce qu'était la Ramita d'Anika. Les gens n'étaient pas non plus assez audacieux pour spéculer, ce qui contrecarrait toutes les rumeurs.

« Eh bien, je ne serais d'aucune aide » Les paroles de Kasser étaient empreintes d'une certaine impuissance.

« Mais tu pourras peut-être penser à quelque chose quand tu en entendras parler.

Existe-t-il une règle selon laquelle une Anika ne doit parler à personne de son rêve ?

Peut-être que oui... » Soudain, Eugène baissa la voix presque jusqu'à un murmure et, avec une lueur de malice dans les yeux, dit : « Gardons ce secret que nous sommes les seuls à connaître »

Kasser éclata de rire. Il la regarda avec un regard doux et facile. Très vite, il se rendit compte que lorsqu'il était avec elle, il riait très souvent.

Une étrange impulsion jaillit. Il l'aurait embrassée s'ils n'avaient pas été à l'intérieur de la calèche branlante. C'était une sensation différente de l'échauffement rapide du corps

sous l'effet d'un désir physique. Ce n'était pas si chaud, mais ça ne risquait pas de se calmer.

« Mais je ne sais pas exactement ce que j'ai vu dans mon rêve. J'avais l'impression de marcher sur l'eau dans mon rêve. J'ai regardé partout, mais je ne voyais que l'horizon face au ciel »

Eugène plissa les yeux, se remémorant son rêve. Il y avait une scène qui lui venait à l'esprit, une scène similaire à son rêve.

La mer...

Mais une mer ? Tout d'abord, la mer n'était pas peu profonde et n'arrivait certainement pas jusqu'aux chevilles. Cela dit, même l'Anika la plus forte de l'histoire n'a vu qu'un lac.

La mer n'avait donc aucun sens... il était impossible que ce soit une mer !

« ... horizon ? »

Kasser ne savait pas ce que son rêve signifiait. Mais intuitivement, il sentait que ce n'était pas inhabituel.

Il était frustré de ne pas pouvoir l'aider à cause de son manque de compétences. Il semblait que le seul moyen pour elle d'obtenir une réponse était de rencontrer le Sang-je.

Il avait essayé de l'éviter, et maintenant il était revenu à la case départ.

Devrais-je l'envoyer à la Ville Sainte... ?

En principe, il aurait dû envoyer une lettre au Sang-je au moment où elle avait perdu la mémoire. Ensuite, les chevaliers du Sang-je seraient venus la chercher.

Aujourd'hui encore, il ne savait pas pourquoi il s'inquiétait sans cesse qu'elle puisse retrouver la mémoire. Était-ce à cause de la peur de ne pas avoir de successeur ? Était-ce vraiment la raison ?

Cela faisait trois ans qu'il attendait la fin des trois ans. Il avait demandé à la reine d'exécuter le contrat et avait dit qu'il trouverait un successeur dès que possible.

Cependant, il n'était pas pressé par son successeur. Il espérait plutôt que cette situation se maintiendrait. Il voulait en savoir plus sur elle.

Ce que je veux vraiment, c'est...

Est-ce le successeur ? Ou celle qui peut donner naissance à un successeur ?

Le contrat passé avec Jin Anika il y a trois ans était simple. Les choses qui viendraient après la naissance de l'enfant n'avaient été ni planifiées ni discutées. Le problème, c'était qu'il voulait voir plus loin dans l'avenir, mais il n'était pas sûr de la position d'Eugène ni de ses projets.

Kasser eut soudain l'impression d'avoir une lourde pierre sur la poitrine. Il eut même du mal à respirer, quand il vit ses mains, pour la première fois, elles devinrent pâles.

Ce fut à ce moment-là que la voiture s'arrêta. Au bout d'un moment, une voix se fit entendre à l'extérieur : « Vos Majestés, nous sommes arrivés. Je vais maintenant ouvrir la porte »

« Parlons des détails plus tard. Parce que je pense que l'histoire va être longue » Il voulait qu'elle sache qu'il s'intéressait à elle dans son ensemble, et pas seulement à son corps. Et que ses rêves et ses soucis, s'il y en avait, étaient aussi les siens.

Eugène ouvrit de grands yeux de surprise. Elle parlait de son rêve d'un cœur léger, mais elle était gênée par la lourdeur de sa réaction.

« Votre Majesté, c'est probablement un rêve sans importance. »

Il y avait beaucoup de choses qu'elle ne connaissait pas, bien qu'elle soit l’auteur de ce monde. Et Kasser, qui n'était pas une Anika, ne le saurait pas non plus. Il n'y avait pas lieu de s'alourdir la tâche.

« Dis-moi plus tard. Pas ici »

Sur ce, Kasser se leva et sortit de la voiture. Il sauta sur le côté sans marcher sur les marches, puis tendit la main à l'intérieur de la porte ouverte.

Il prit une petite inspiration lorsque la petite main blanche émergea et se posa sur sa paume.

Ses yeux tremblèrent lorsqu'il vit le haut de son corps, la tête légèrement penchée vers l'extérieur. Il ressentit un léger frisson.

Il avait vu des hommes escorter des femmes lors des fêtes de société. Main dans la main, ils marchaient... les hommes étant une ombre constante. C'était une démonstration de fierté et un avertissement de garder le hors sujet hors de portée.

Son emprise sur la main de la jeune femme lui donnait de la force. Il se rendait compte de sa cupidité, mais ne voulait pas lâcher cette main.

Eugène prit sa main et descendit les escaliers, observant les alentours.

La calèche s'était arrêtée devant un restaurant cossu. Les soldats avaient bouclé une partie de la zone et montaient la garde, bloquant l'accès aux gens. Malgré cela, il y avait quelques personnes rassemblées à l'extérieur de la ligne invisible.

Aujourd'hui, contrairement à leur dernière sortie, les membres de la famille royale n'étaient pas déguisés. Au contraire, ils ont pris le contrôle de leur environnement.

Eugène l'avait suivi parce qu'il avait dit que le jour de sortie et les déguisements étaient plus encombrants. Cela ne l'avait pas dérangée à ce moment-là et elle s'en réjouissait d'ailleurs un peu. Mais elle ne s'attendait certainement pas à ce que les choses se passent ainsi.

Tome 1 – Chapitre 131 – Ils sont venus pour te voir

Eugène sourit maladroitement à l'homme après avoir descendu tous les escaliers.

D'innombrables regards ne la quittaient pas. Elle avait l'impression d'être un objet exotique exposé. Elle se sentit étourdie par la foule, les murmures et les chuchotements la mettant en difficulté.

Soudain, l'agitation grandit et elle se retourna, surprise.

C'était une jeune fille qui s'était faufilée entre les gens et avait réussi à se placer au premier plan. Elle ne pouvait ignorer cette jeune fille dont les yeux étaient écarquillés d'admiration. Il y avait une sorte de charme dans cette petite fille, et le regard d'Eugène resta sur elle un peu plus longtemps.

Au moment où Eugène fit un signe de la main à la petite fille, le rugissement de la foule explosa.

« Allons-y, ma reine » Kasser lui tira doucement la main.

Ils entrèrent à l'intérieur, laissant derrière eux une mer de spectateurs charmés et d'acclamations enthousiastes. Bien qu'elle soit en proie à la perplexité, Eugène fut la quintessence du calme. Les cris se firent de plus en plus forts, alors même qu'ils s'enfonçaient de plus en plus dans le restaurant.

Ils entrèrent dans la salle où une table avait été dressée par le personnel avec beaucoup de minutie.

« Il y a encore du bruit »

Eugène fut tardivement submergée par la honte. Elle n'en revint pas d'avoir agité la main et eut honte d'avoir fait du bruit.

Kasser sourit devant cette attitude troublée. Sa réaction naïve, la façon dont elle était consciente de ce qui l'entourait, était mignonne. Son visage rougissant était si beau qu'il ne put la quitter des yeux.

« Je suis content que tu m'aies fait signe » remarqua-t-il.

« Ai-je failli ? » demanda-t-elle avec des yeux enthousiastes.

« Ce n'est pas une erreur, mais le nombre de personnes qui vous suivent aujourd'hui était plus élevé que ce à quoi je m'attendais. »

Eugène se souvenait des célébrités qui menaient la foule dans son monde. Elle n'était qu'une passante qui n'avait jamais été prise dans la foule. Mais c'était étrange de penser que les gens la suivraient pour la voir.

« Vous venez souvent ici ? »

Eugène examina la structure interne. Il y avait des signes d'une sensation similaire, sinon comparable à celle du grand château royal coloré. Elle devina qu'il ne s'agissait certainement pas d'un restaurant où les gens ordinaires allaient et venaient.

« Parfois » Son ton était plutôt décontracté.

Kasser n'était pas du genre à s'occuper de ses repas. Lorsqu'il était occupé, il passait souvent outre, et lorsqu'il sortait du palais, il mangeait léger, dans des restaurants fréquentés par les roturiers. Mais il ne pouvait pas l'emmener dans un endroit encombré où la nourriture était banale. Non seulement parce que c'était la première fois qu'elle mangeait au restaurant.

« Si vous êtes plus intéressée par les sorties nocturnes, faisons-le la prochaine fois, pas aujourd'hui » dit-il sans crier gare.

Il pensait qu'elle préférerait la paix et la tranquillité des tournées clandestines voilées par le ciel uniforme au fracas et à la clameur d'aujourd'hui.

« J'aime bien ça aussi » dit Eugène en souriant.

C'était gentil de sa part de l'amener dans un bon restaurant, et naturellement de lui demander de revenir. Il n'y avait rien qu'elle n'aimait pas. Au contraire, elle avait hâte d'en avoir d'autres.

« Y a-t-il une limite de qualification pour manger ici ? Les gens du peuple ne peuvent pas entrer ? » Elle jeta un coup d'œil autour du restaurant peu peuplé.

« Pas vraiment. Il faut juste avoir les moyens de payer le repas »

Bientôt, le personnel du restaurant commença à servir les plats. Eugène les observa avec intérêt.

Ils portaient un uniforme. Ils devaient imiter la famille royale.

Les robes des courtisans étaient établies en fonction de leur travail et de leur position. À

l'instar du palais, les employés portaient des vêtements du même style. Il y avait une uniformité qui ajoutait au caractère grandiose de cet endroit.

La forme des aliments était similaire ainsi que la façon de placer une petite quantité de nourriture au centre de la grande assiette

Il semblait que la famille royale soit la norme pour les gens d'ici. Ils voulaient leur ressembler et apprendre d'eux.

La nourriture était bonne. Eugène pensa qu'elle n'était pas très différente de celle servie au palais. Un restaurant dont le chef était aussi bon que celui du palais devait être l'un des meilleurs restaurants.

Je ne sais pas comment sont les autres royaumes, mais je ne pense pas que la discrimination soit absolue, même s'il y a un système de hiérarchie. Il y avait un roturier parmi les candidats à l'aide.

Ces jours-ci, Eugène s'amusait à découvrir et à apprendre le milieu qui imprégnait naturellement tout ce qu'elle voyait et entendait. Et cette activité impromptue ne faisait qu'y ajouter.

Le repas, semblait-il, n'était pas la seule chose à laquelle le roi pensait.

Une fois qu'ils eurent terminé, Kasser dit : « Il y a un endroit à voir si vous chevauchez sur une courte distance. C'est là que les bâtiments les plus anciens sont conservés dans leur forme originale et que les plus grands bâtiments ont été construits récemment. »

Cependant, dès qu'ils quittèrent le restaurant, Kasser fut troublé de voir les gens envahir les alentours de l'établissement. Il ne s'attendait pas à une telle affluence. Il semblait qu'il faudrait beaucoup de temps pour faire place à la calèche.

« Votre Majesté, si ce n'est pas loin, marchons » Eugène lui proposa une alternative.

« Est-ce que ça va aller ? »

« Bien sûr ! » Eugène répondit en pensant qu'il demandait si la foule va la faire se sentir mal à l'aise.

Mais la question de Kasser avait un autre sens. Les aristocrates se déplacaient en calèche lorsqu'ils voyagent, même sur une courte distance. Ils considèrent que marcher dans les rues, se mêler aux roturiers, était indigne d'eux et déshonorant.

Eugène ne connaissait pas une telle culture, mais cela ne la dérangerait pas si elle la connaissait ! Son point de vue sur ces normes sociétales était assez différent, après tout.

Et c'est ainsi que les deux personnages les plus importants de Haishi, le roi et la reine, commencèrent à marcher. Les gardes formèrent un grand cercle autour du couple royal pour éviter les intrusions. Cela leur permettait également d'avoir un peu d'intimité.

Le calme régnait malgré la foule qui les entourait. Eugène pouvait converser avec lui sans avoir à élever la voix.

« Votre Majesté réunit-elle toujours des gens comme ça ? »

Le roi de Haishi jouissait d'une excellente réputation dans son royaume et ailleurs aussi.

Il était évident qu'il attirerait une foule partout où il irait, comme aujourd'hui.

« Je n'ai jamais obtenu ça » dit-il en la regardant doucement, « Ils sont tous là pour te voir »

« Moi ? Pourquoi... »

Bang !

Eugène leva les yeux par réflexe, étonnée.

Une fumée rouge se répandit dans le ciel clair...

Ps de Ciriolla: il y a toujours un truc pour gacher un bon moment...

Tome 1 – Chapitre 132 – Vous devez

partir

Dès que Kasser entendit le bruit de la fusée, il leva les yeux au ciel et serra immédiatement Eugène dans ses bras. Ce n'était pas quelque chose qu'il avait consciemment voulu faire, ce fut juste une réaction instinctive de son corps, et il ne remit pas en question son geste.

La seule chose qui lui venait à l'esprit était de ramener la reine à l'abri du palais le plus tôt possible et indemne.

« La voiture... .... Je veux dire, libérez les chevaux de la voiture et amenez-les moi.

Immédiatement ! »

Au début, il y avait beaucoup de monde autour d'eux. Cependant, de plus en plus de gens affluaient vers le monarque en hurlant de terreur, car ils pensaient que l'endroit le plus sûr était à côté de leur roi. Ainsi, les rangs qui délimitaient le couple royal furent rapidement franchis.

S'ils voulaient amener de force le carrosse et repousser la foule frénétique, il y aurait de nombreux blessés. Les gens pourraient même s'accrocher à l'attelage en partance pour survivre.

« Oui, Votre Majesté ! »

Les troupes qui avaient compris les ordres du roi se déplacèrent sans hésiter. Quelques-uns d'entre eux coururent vers le carrosse et les autres crièrent 'Dégagez le passage'

d'un air menaçant tout en ouvrant le chemin.

A ce moment, la mer de gens réagit aux cris des guerriers et commença à se retirer.

Cependant, Kasser savait d'expérience que la chose la plus importante à présent était de quitter cet endroit le plus rapidement possible. Si l'ordre commençait à s'effondrer, le nom du roi deviendrait un objet de dérision. Une autre fois, un tour de passe-passe et le roi serait en route. Sauf qu'il n'était pas seul en ce moment.

Jusqu'à présent, la vie de Kasser n'avait été consacrée qu'à sa propre protection... celle de ce royaume et de la personne qui était en lui. Jamais il n'avait ressenti autant de désespoir et d'impatience qu'en cet instant... ni la peur de ne pas pouvoir protéger la reine.

Il saisit fermement l'épée qu'un de ses hommes lui avait tendue. C'était une épée spéciale qui pouvait détruire les Alouettes. Au cours d'une journée, un homme était

toujours chargé de protéger l'épée, qui ne quittait donc jamais le roi. C'était d'autant plus vrai si le maître sortait du palais.

Mais aujourd'hui était un cas particulier. Le roi était en voyage d'agrément avec la reine.

Et c'était l'accalmie après la récente attaque, les choses étaient censées se relâcher et il était normal d'être sans l'épée.

Rétrospectivement, il pensait que c'était une bonne décision d'avoir apporté l'épée même pour une sortie occasionnelle avec la reine, cependant, il regrettait profondément d'avoir laissé Abu derrière lui.

J'aurais dû l'emmener avec moi.

Eugène s'agrippa fermement à ses bras pendant qui la serrer dans ses bras. Ses mains étaient pâles, son cœur battait la chamade. Jusqu'à présent, elle avait été bien calée dans les bras en sécurité.

Elle avait regardé les fusées exploser dans le ciel depuis l'intérieur du palais, comme une spectatrice d'un feu d'artifice. Quel que soit le chaos qui régnait à l'extérieur, l'intérieur du palais était toujours calme et paisible. À l'exception d'une anxiété passagère, les choses revenaient rapidement à la normale.

Aujourd'hui, c'était la première fois qu'elle se retrouva au milieu du champ de bataille.

Malgré le fait que la proactivité faisait partie intégrante de son quotidien et que rien ne devrait l'effrayer dans de telles circonstances, Eugène se trompa lourdement sur sa capacité à rester calme si l’Alouette venait à l'affronter. En ce moment, elle n'avait pas honte d'admettre qu'elle avait peur.

Les cris terrifiants des gens qui les entouraient ne faisaient qu'agiter davantage son cœur. Certains appelaient et suppliaient aux pieds du roi, d'autres hurlaient à pleins poumons et d'autres encore gémissaient de désespoir.

C'était un flot intense d'émotions qu'elle pouvait sentir à la surface de sa peau. Eugène soupira à bout de souffle.

Qui serait capable de rester calme face à la mort ?

Eugène se rendit compte qu'elle était comme une fleur qui s'épanouit dans une serre.

Cependant, avant Mahar, sa vie ressemblait à la mauvaise herbe au cœur d'un beau jardin. Parfois, elle se moquait des fleurs avec envie et s'en voulait de ne pas pouvoir leur ressembler.

Elle prit une grande inspiration. La sensation soudaine lui donna des fourmis dans la nuque. Elle ne voulait plus vivre comme la mauvaise herbe qu'elle était dans le passé.

Je suis la reine. En tant que reine, que dois-je faire en ce moment ?

Kasser l'attira encore plus près de lui dans son étreinte déjà serrée et lui murmura doucement à l'oreille.

« Monter sur le cheval s'avère un peu difficile. Je vais grimper en premier, tu dois t'accrocher à moi » Exerçant son autorité, il dévoila son plan d'évasion.

Eugène se souvint du passé où elle s'était serrée contre elle pour sauter du balcon et elle parla d'urgence.

« Non, tu ne peux pas ! »

Elle savait exactement ce qu'elle devait faire ensuite. Elle devait envoyer le roi sur le champ de bataille !

Si le roi aidait la reine à s'enfuir vers le palais grâce à ses super-pouvoirs, les nombreux témoins lui en voudraient et l'accuseraient d'avoir abandonné son peuple. Même si ce n'était pas le cas, le code moral voulait que la protection des sujets soit le premier devoir d'un souverain.

En ce moment, la foule était submergée par l'horreur. Ils étaient incapables de porter un jugement logique. Même si

« Ma reine, mettons-nous d'abord en sécurité... »

« Non, c'est bon » Eugène l'interrompit en plein milieu de sa phrase, ce n'était d'ailleurs pas le moment de se chamailler à ce sujet. « Vous savez aussi bien que moi, sinon plus, que vous devez partir maintenant. »

Eugène se dit qu'il était impossible que sa résolution passe inaperçue aux yeux du roi.

Lorsqu'elle vit sa réaction et son incapacité à parler, elle en fut encore plus certaine.

BOUM !

Une autre fusée explosa dans le ciel. Eugène se mordit la lèvre inférieure en voyant la fumée de la fusée rouge envahir le ciel.

La situation se dégrada rapidement. Une autre fusée alimenta les flammes de la peur chez les gens déjà accablés. Les cris et les hurlements de terreur qui retentissaient dans toutes les directions avaient de quoi assourdir momentanément les oreilles.

Eugène repoussa Kasser de toutes ses forces.

« J'ai dit qu'il fallait partir maintenant ! »

« Mais... »

Kasser tourna la tête entre la fumée rouge qui se répandait et la femme qu'il tient dans ses bras, l'inquiétude envahissant son visage stoïque.

Eugène était heureuse qu'il ne soit pas parti, même après lui avoir froidement tourné le dos. Elle était encore plus reconnaissante qu'il hésita à la quitter. C'était précisément la raison pour laquelle elle pensait pouvoir le laisser partir de façon décisive.

« Je ne suis pas celle que tu dois protéger en ce moment. Je vais bien. Je suis Anika. Les Alouettes ne me feront pas de mal. »

Kasser ferma les yeux et les rouvrit quelques instants plus tard. Ses orbes, autrefois secoués, étaient désormais calmes et sereins. Il balaya rapidement les troupes qui l'entouraient et fixa finalement son regard sur Sven.

« Escortez la reine jusqu'au palais à tout prix ! »

Tome 1 – Chapitre 133 – Les enfants

d'abord

Sven regardait les autres soldats s'affairer, mais il se tenait fermement au sol. Pour l'instant, sa seule mission était de mettre la reine à l'abri.

« J'obéirai au péril de ma vie, Votre Majesté. »

Kasser tourna son corps, s'accroupit un peu et donna un coup de pied dans le vide. Alors qu'il s'élevait dans le ciel, des Praz bleus s'enroulèrent autour de son corps.

« Longue vie au roi ! »

Les gens crièrent en regardant le roi s'envoler de plus en plus loin en direction des fusées rouges. L'espoir de voir le roi les sauver de cette horreur avait rapidement chassé la peur dans laquelle ils venaient d'être plongés. L'atmosphère pesante devint plus légère en quelques instants.

Eugène cligna rapidement des yeux comme si cela pouvait calmer ses nerfs tendus. En réalité, elle était très effrayée. Sur terre, même si la vie était difficile, elle était encore très paisible. Les guerres n'étaient que des histoires à dormir debout, mais jamais elle n'avait imaginé une réalité avec des monstres en furie.

On dit que les Alouettes ne font pas de mal à une Anika. Cependant, lorsqu'on les affrontait directement, personne ne sait ce qui peut arriver. Par cupidité honnête et sincère, elle voulait s'accrocher à Kasser et lui demander de l'emmener en lieu sûr.

Tu as fait une bonne chose.

Elle était fière d'elle-même. Elle était fière de ne pas l'avoir supplié. Elle se donna presque une tape dans le dos quand...

« Ma reine »

Au son de quelqu'un qui l'appelait, elle tourna la tête. Le cheval que le roi avait ordonné de faire venir plus tôt était presque arrivé. Sven prit les rênes du soldat qui avait amené le cheval, tourna la tête vers la reine et s'inclina.

« Veuillez monter à cheval, ma reine »

Eugène regarda le soldat qui lui avait parlé, puis leva les yeux.

Le nouveau cheval blanc était particulièrement intrigant à l'œil. Elle tourna la tête d'un côté à l'autre pour regarder autour d'elle. D'un élan implacable, les soldats veillaient à ce que personne ne puisse s'approcher du périmètre de la reine.

Après le départ du roi vers la torche, l'agitation s'était un peu calmée. Il y avait encore quelques pleurs ici et là, surtout des enfants. Elle ne pouvait pas partir comme ça.

« Monsieur, Sven » Elle appela timidement.

« Ma reine »

« On m'a dit qu'en cas d'alerte à l'éruption rouge, il fallait évacuer dans l'abri souterrain

»

Lors de la construction d'une structure adjacente à la rue, un abri souterrain était le premier à être construit. En cas d'urgence nécessitant une évacuation, que l'on se dirigeait vers la rue ou qu'on s'en éloignait, il fallait chercher l'abri souterrain le plus proche.

Selon la loi, les propriétaires d'immeubles ne pouvaient refuser personne. Malgré cela, beaucoup de grands bâtiments étaient fermés en ce moment.

« Il y a une limite au nombre de personnes que chaque abri souterrain peut accueillir.

Un fonctionnaire va bientôt arriver pour nous aider à organiser tout cela »

Les abris n'étaient pas tous de la même taille. Les plus grands bâtiments, bien sûr, semblaient avoir plus d'espace et des fondations plus solides. Sans hésiter, les gens essaieraient d'évacuer vers les grands abris.

Cependant, aujourd'hui, il y avait plus de monde que d'habitude. Une foule nombreuse s'était rassemblée dans l'espoir de voir le couple royal de ses propres yeux. Les propriétaires des bâtiments avaient fermé les portes pour éviter les désagréments de la foule.

Les portes des abris étaient fermées, et de nombreuses personnes ne pouvaient pas se rendre dans un autre abri parce qu'elles ne savaient pas quel abri était sûr. Il y avait une forte probabilité que les gens courent un danger en cherchant un endroit sûr où se cacher.

Eugène prit un enfant en pleurs dans ses bras et le réconforta, puis elle tourna la tête vers la mère et fronça les sourcils.

« Sir Sven, ouvrez immédiatement tous les abris et mettez d'abord les enfants à l'abri. »

« Oui, ma reine. Je vais transmettre ce message maintenant »

« J'ai dit immédiatement. Un message des officiels ne serait-il pas mieux reçu que celui des propriétaires de l'immeuble ? »

« Ma reine. Mais.... »

« C'est urgent. Mettez d'abord les enfants à l'abri »

Interloqués par l'autorité de la reine, Sven et les autres soldats échangèrent un regard. Il devait suivre les ordres du roi, mais il ne pouvait pas non plus ignorer les ordres de la reine. Eugène fixa son regard sur Sven qui hésitait à suivre ses ordres, les mots qui suivirent étaient dignes d'une royauté.

« Le roi a quitté ce périmètre pour combattre le monstre afin de protéger les gens d'ici.

Je ne peux pas m'échapper tout seule. Je n'ai pas l'intention de partir tant que la situation n'est pas réglée, alors commencez dès maintenant ! » Son ton tranchant ne laissait aucune place à l'argumentation, la reine avait parlé.

Presque instantanément, le vacarme s'arrêta et les alentours se calmèrent. Bien que la voix d'Eugène ne soit pas très forte, elle se fit entendre de loin.

Sven sut alors que la volonté de la reine était ferme et immuable, et il baissa la tête.

Même si le roi devait le réprimander, il était prêt à assumer l'entière responsabilité de ses actes.

« Tout de suite, ma reine »

Même si la reine était en sécurité dans son palais, sa loyauté n'aurait pas faibli. Dans une situation d'urgence, la décision la plus importante à prendre était celle de la sécurité et de la protection.

Mais la reine voulait s'occuper de la sécurité de son peuple, et les yeux de Sven tremblèrent pour la première fois. Il était sincère lorsqu'il avait dit au roi qu'il protégerait la reine au péril de sa vie. Cependant, une forte détermination s'ajoutait maintenant à sa loyauté.

« Vous avez tous entendu Sa Majesté ? »

« Oui ! »

Tous les soldats répondirent d'une seule voix.

« Vous tous, ici, allez ouvrir les abris les plus proches et vous autres, rassemblez tous les enfants »

Les soldats se mirent à bouger en toute hâte. Les uns coururent d'abri en abri en frappant aux portes, les autres alignèrent les enfants.

Eugène avait établi des critères précis pour l'évacuation. Des protocoles d'évacuation pour les enfants et leurs parents, les femmes et les personnes âgées furent immédiatement établis. Tout le monde suivit les ordres sans se plaindre. Personne ne s'est plaint de savoir qui devait être le premier dans la file d'attente et qui ne devait pas l'être. Les adultes cédaient la place aux enfants et les jeunes hommes se tenaient à l'arrière.

BOOM !

Une troisième fusée vint d'exploser. Eugène regardait déjà le ciel et son visage se durcit à cette vue. La fusée rouge explosa dans une direction complètement différente de celle vers laquelle le roi s'est rendu.

C'était la troisième fusée. Personne ne savait ce qui se passait vraiment.

« Ma reine. Vous devez vous échapper ! Dépêchez-vous de rejoindre le palais ! »

Sven se tenait à côté de la reine et son visage devint contemplatif tandis qu'il la suppliait avec insistance. Eugène hésita en regardant les gens se répartir dans les abris. Il restait encore beaucoup de monde.

« Ma reine ! Vous devez partir immédiatement ! »

GAHHHHH !

Un bruit strident de grattement d'oreille se fit entendre. Et ce n'était pas loin.

Tome 1 – Chapitre 134 – Servir d'appât

« Ahhh ! Pousse-toi de là ! »

Plusieurs personnes se trouvant derrière la file d'attente crièrent, poussant la personne qui se trouvait devant et courant vers l'abri. La file s'effondra en un instant.

Ceux qui voulaient entrer en premier se poussaient les uns les autres et en un clin d'œil, c'était la pagaille dans les rues. Il était impossible pour les quelques soldats de contrôler des centaines de personnes qui avaient perdu la raison.

Tous les soldats avaient les yeux rivés sur Eugène, à l'affût des instructions du commandant.

Cependant, ses yeux étaient comme : « Que dois-je faire ? »

RRROOAARRRR

Un rugissement tonitruant emplit l'air, Sven se précipita vers le chaos. Tout semblait se dérouler presque en même temps.

Le temps qui lui était imparti était court. Elle n'eut pas le temps de réfléchir profondément. L'heure exigeait une décision intuitive.

Elle monta sur le cheval recommandé par Sven lorsqu'elle commença à aligner les gens.

Le choix de monter à cheval pour se rendre immédiatement au château royal était le moyen de transport le plus rapide et le plus facile.

Toute ma vie, j'ai vécu avec l'idée que je n'étais jamais altruiste. Je n'ai jamais voulu être un héros qui sauve le monde.

Cependant, elle fut fière de son sens des responsabilités. Elle devait terminer ce qu'elle avait commencé. Elle ne pouvait pas laisser les gens dans l'état où ils se trouvaient. Si le monstre venait à passer par ici après son départ, ils seraient des appâts.

Appât... Si je deviens l'appât ?

Eugène serra fermement les rênes et eut une révélation. L'appât le plus efficace, sans risque de blessure, c'était elle-même. Elle pourrait sauver ces gens si elle s'offrait à eux.

Au milieu des cris agités des masses, sa détermination se renforça.

Gagnons du temps jusqu'à ce qu'il arrive.

Elle fixa la direction du grondement. Son cœur se serra, elle laissa échapper un souffle qu'elle n'avait jamais su retenir. Alors même que la terreur montait en elle à toute allure, la détermination la poussait à battre en retraite précipitamment.

Je suis une Anika !

Les Alouettes sont particulièrement agressives envers les humains. Lorsque des personnes et du bétail se trouvaient côte à côte, les Alouettes attaquaient d'abord les humains. Elles agissaient comme si leur mission - tuer des êtres humains - était inscrite dans leurs chairs.

Il existait cependant des exceptions. D'une part, les Alouettes n'attaquent pas les humains de manière préventive et, d'autre part, les Alouettes n'attaquent pas les Anikas.

Dans le roman d'Eugène, Anika représentait à la fois le bien et le mal. Jin était devenu l'incarnation de Mara, et Flora s'était battue contre Jin. Mais Flora ne s'était jamais battue en tête-à-tête avec Jin. Pendant que les six rois poursuivaient le camp, Flora s'était chargée de protéger les humains contre le Corps des Alouettes.

Lorsque Flora fit germer les graines et libéra Ramita, les Alouettes cessèrent tout mouvement et s'attroupèrent autour d'elle comme des fourmis autour d'un bonbon. Les Alouettes se mordirent les unes les autres pour occuper une place près de Flora. Les petites Alouettes furent brutalement piétinées par les grandes alouettes et explosèrent.

Pendant ce temps, les gens évacuaient les lieux et les soldats se débarrassaient des Alouettes. Pendant que les Alouettes étaient distraites par Flora, elles ne pouvaient pas réagir à l'attaque.

La puissante Ramita de Flora avait utilisé une force mystérieuse pour attirer les Alouettes. Les sacrifices humains avaient été considérablement réduits grâce à la neutralisation de l'armée des Alouettes.

Bien sûr, un tel miracle était possible parce qu'il s'agissait de Flora. Mais même si elle n'était pas aussi capable que Flora, les Alouettes avaient répondu à Anika. Il en était fait mention dans le roman d'Eugène.

À la fin du roman, la ville sainte qui jouissait d'une sécurité absolue au niveau d'un sanctuaire n'avait pas pu résister à l'invasion de l'armée des Alouettes. La ville sainte qui avait perdu tout ordre était dans un état de chaos proche de la fin du monde.

Eugène décrivit les apparitions de divers humains entraînés dans les profondeurs de la peur. Il y eut aussi une scène où une jeune femme, Anika, avait bloqué la ligne de front des Alouettes afin de gagner du temps pour que sa famille puisse s'enfuir en toute sécurité.

Ce n'était qu'une scène passagère, mais elle partait du principe que 'les Alouettes n'attaquent pas les Anikas'. Si c'est le cas, Eugène pourrait garder au moins une Alouette comme la jeune Anika du roman.

Mais au fond de son cœur, des doutes se font entendre : « Es-tu sûr qu'elle ne t'attaquera pas ? »

Ses doutes n'étaient pas infondés. Elle s'était transmigrée et vivait à Mahar sous le nom de Jin Anika. Mais était-elle vraiment une Anika ? La Ramita d'Anika était-elle une force dans son corps ou une capacité imprimée dans son âme ?

On pouvait se demander si la force du corps pouvait être dérivée d'elle-même et non de son propriétaire original. En ce qui concerne le pouvoir de l'âme, l'esprit d''Eugène'

n'était qu'une coquille avec les traits extérieurs d'Anika.

Même si elle rencontrait un jour le Sang-je, elle ne pouvait pas prédire si celui-ci la traiterait favorablement ou la pousserait dans ses retranchements. L’Alouette était peut-être la seule à pouvoir répondre à sa question... après tout, elle découvrirait instinctivement si elle était Anika ou non.

C'était un pari risqué. Si Eugène n'était pas Anika, elle pourrait mourir dans une attaque d’Alouette

Si je ne suis pas Anika, je ne peux pas mourir dans ce monde de toute façon...

D'étranges sentiments s'agitèrent dans son cœur. Lorsqu'elle avait entendu le cri tout à l'heure, avant même que la chair de poule ne s'estompa, elle avait décidé de faire face à la situation. Elle n'avait jamais su qu'elle était aussi téméraire.

« Tenez cette position jusqu'à ce que tout le monde soit rentré à l'abri en toute sécurité !

» s'exclama Eugène en regardant les guerriers dispersés.

Les soldats baissèrent la tête en guise de réponse.

« Sir Sven, avec moi. Maintenant ! »

Eugène donna un coup de pied dans les côtes du cheval avant même que Sven n'ait répondu. Le chevalier se précipita à la suite d'Eugène, qui s'élançait à une vitesse remarquable. Il pensait naturellement que la reine se rendait au château royal, mais il glapit en découvrant qu'il s'agissait d'une toute autre direction.

« Ma reine ! Ce n'est pas la bonne direction ! Ma reine ! »

Eugène continua de galoper, alors que les cris de Sven parviennent à ses oreilles. Elle n'avait pas le temps de lui expliquer. Même dans son état de panique, elle ne pouvait s'empêcher de remarquer qu'elle se débrouillait remarquablement bien sur un cheval.

Elle n'avait jamais appris à monter, mais son corps semblait réagir de lui-même au rythme du balancement du cheval. Les compétences équestres de Jin devaient être très bonnes.

Ps de Ciriolla : Eugène en mode badass... c'est un grand oui

Tome 1 – Chapitre 135 – Vers la place

« Ma reine ! » cria Sven avec anxiété.

Il pensait que la reine était dans un état de délire, incapable de juger correctement à cause de la peur. En ce moment, le cheval de la reine galopait à toute allure, il craignait de ne pas pouvoir réduire la distance qui les séparait.

Kieeeeg !

Un cri retentit à nouveau. La source du son semblait beaucoup plus proche et à première vue, une voix humaine se mêlait faiblement. Il semblait y avoir un combat avec une Alouette non loin de là.

Tandis qu'Eugène ralentissait légèrement pour évaluer la direction exacte, Sven le rattrapa et se colla à Eugène côte à côte.

« Ma reine ! La direction... »

Eugène, dont les yeux rencontrèrent ceux de Sven, secoua la tête laconiquement en guise de réponse.

Sven avait assimilé les actions de la reine à de la trépidation. Il en avait conclu que sa terreur l'avait conduite à la frénésie et qu'elle avait perdu tout sens de l'orientation. Le temps qu'il la rejoigne, il avait passé en revue plusieurs scénarios pour apaiser la reine terrifiée. Simultanément, il réfléchissait à des moyens d'arrêter le cheval, même si cela signifiait qu'il devait sauter devant lui. Cependant, lorsque les yeux clairs exprimèrent avec détermination leur intention, il fut embarrassé.

Dès qu'elle eut tourné le coin, Eugène tira de toutes ses forces sur les rênes du cheval.

Elle se redressa complètement et expira. Il était impossible de savoir si c'était à cause de la peur ou de l'excitation de la première promenade à cheval.

Au loin, on pouvait apercevoir une Alouette. Les soldats qui l'entouraient tiraient des flèches. Si l'on considère qu'il ne s'est pas écoulé beaucoup de temps depuis la fusée éclairante, la réaction a tout de même été très rapide.

Euh...

Eugène fronça les sourcils.

C'est un rat. C'est dégueulasse !

C'était un rat brun géant. Les flèches tirées par les soldats rebondissaient dans l'air sans toucher le corps de l'Alouette. Attaqué de toutes parts, le monstre ne savait pas où

frapper et ne faisait que hurler. Dès qu'il tournait la tête dans la direction d'une flèche, une autre flèche fusait dans la direction opposée. Les efforts synchronisés des soldats compétents l'occupaient certainement.

Pour l'instant, comme les soldats géraient bien la situation, Eugène n'avait pas l'intention de se joindre à la mêlée. Si les soldats pouvaient s'éterniser jusqu'à l'arrivée du roi, ce serait un grand exploit. Mais vu l'adversaire redoutable qu'ils affrontaient, il semblait que ces soldats ne tiendraient pas longtemps.

Grade Pourpre !

Les yeux d'Eugène discernèrent un bouclier protecteur autour du corps de l'Alouette, d'où s'échappait une vague énergie violette. C'était l'Alouette la plus puissante jamais apparue en cette saison. Si, là où le roi se trouvait, il y avait une Alouette semblable à ce rat, il lui faudrait un certain temps pour s'en débarrasser.

Comment l'attirer ? Elle réfléchit.

Dans le roman, Flora avait emporté des graines scellées avec un traitement spécial.

Lorsqu'elle les faisait germer, les Alouettes réagissaient. Mais pour l'instant, Eugène n'avait pas de graines. Elle ne savait pas non plus où se les procurer.

Nous n'avons pas d'autre choix que d'approcher.

« Sir Sven ! »

« Oui, ma reine »

Sven ne comprenait pas pourquoi la reine était venue jusqu'ici. Mais en regardant le scénario, il eut une intuition. Si elle m'ordonne de me débarrasser de l'Alouette, je lui désobéirai. Je ne peux pas la quitter, ma seule mission est de l'escorter en toute sécurité jusqu'au palais !

« Je vais attirer l'alouette, tu me conduiras jusqu'à la place de la ville. »

« .. Hein ? » Sven faillit crier à son tour.

« J'ai entendu dire que nous devions attirer l'Alouette, autant que possible, vers la place du village ? »

Dès qu'une fusée rouge apparaissait dans le ciel, la première chose que faisaient les soldats était de localiser l'Alouette et de la diriger autant que possible vers la place du village. Ils devaient maintenir leur position jusqu'à l'arrivée du roi et des guerriers.

La place de la ville était ouverte de tous les côtés, ce qui permettait d'assiéger l'Alouette de tous les côtés en même temps. Il n'y avait pas à craindre qu'un bâtiment s'effondre si le monstre se déchaînait. De plus, des barils de pétrole enterrés le long de la place pouvaient servir d'armes. Il s'agissait d'une mesure d'urgence.

« Oui, c'est ainsi... ma reine... mais pourquoi cette question ? »

« Je n'ai pas le temps de vous expliquer en détail. Je ne connais pas le chemin de la place.... »

Kieeeeeg !

L'Alouette beugla contre le soldat qui l'ennuyait avec ses attaques ennuyeuses. Elle faiblit d'abord lorsque la flèche huilée l'atteignit, mais lorsqu'elle comprit que la flèche menaçait à peine son bouclier protecteur, elle retrouva son agressivité. Abaissant sa position, d'un mouvement rapide et puissant, il balaya son énorme queue sur le sol, faisant voler plusieurs soldats.

Choqués, les soldats ne purent se relever rapidement. Les yeux rouges du monstre se fixèrent sur un soldat convulsant. Ayant déterminé sa proie, il se précipita vers l'avant.

« Non ! » Eugène cria inconsciemment.

A ce moment-là, l'Alouette qui brandissait ses dents, essayant de mordre le cou du soldat... hésita. Elle se tourna exactement vers l'endroit d'où provenait le cri...

Les Alouettes n'étaient pas des créatures sensibles. Leur instinct fondamental était d'attaquer l'humain le plus proche. Ainsi, une fois qu'ils avaient repéré leur proie, ils attaquaient sans retenue. Cela dit, un cri lointain n'avait aucune signification et ne suscitait aucune réaction de leur part. C'était ainsi que les choses se passaient habituellement...

Mais à présent, les yeux rouges étaient braqués sur Eugène et Sven.

Hein ?

Après un bref moment de stupeur, Eugène reprit ses esprits. Après tout, elle ne s'attendait pas à une telle réponse à son cri. Elle réfléchissait encore à la possibilité d'attirer la bête quand l'occasion se présenta.

« Sur la place ! » Eugène cria à Sven et donna un coup de pied dans les côtes du cheval.

Chevalier aguerri, Sven réagit rapidement. Il serait trop tard s'il bougeait après avoir vérifié si l'Alouette les suivait. Aussi, juste après le départ d'Eugène, il courut presque en même temps.

Les yeux rouges clignotèrent, l'alouette courba lourdement le dos et brailla. Sur ce, le rat géant poursuivit Eugène à une vitesse terrifiante, réduisant progressivement la distance entre les deux chevaux sprintant.

Sven serra les dents et poussa son cheval vers l'avant. Son corps était couvert de chair de poule ; il n'avait pas besoin de se retourner pour voir ce qui le poursuivait... il pouvait sentir l'aura mortelle qui émanait de la bête.

Pourquoi ?

Il ne comprenait pas pourquoi l'Alouette les poursuivait, lui et la reine, plutôt que les autres soldats autour d'elle. La caractéristique typique de ce monstre était simple : attaquer l'être humain le plus proche.

Tome 1 – Chapitre 136 – Une bataille féroce

L'air empestait la désolation et l'effroi. Deux chevaux galopaient rapidement, talonnés par un monstre implacable. Les soldats à qui l'on avait accordé un répit regardaient la scène avec stupeur et inquiétude.

D'une part, ils n'avaient jamais vu une Alouette se lancer dans une telle course-poursuite et, d'autre part, l'une des personnes du couple de cavaliers était la plus inattendue.

Avec l'Alouette juste derrière, Sven ne pouvait pas s'arrêter à mi-chemin. Il ne pouvait même pas se retourner pour évaluer la distance qui les séparait. Il n'y avait plus qu'un seul objectif : suivre le plan de la reine pour l'attirer sur la place jusqu'au bout. Il devait mettre le plus de distance possible entre lui et la mort qui le suivait, en espérant trouver un guerrier lorsqu'ils y arriveraient. Beaucoup dépendait de la chance et beaucoup plus de la rapidité.

De temps en temps, il s'éloignait pour vérifier l'état de la reine. Pour la guider, il n'avait qu'un grand pas d'avance sur son cheval. Cependant, jamais il ne ralentit, la reine ne prit aucun retard. Ce ne fut que maintenant qu'il se souvint que l'on avait dit que la reine possèdait des compétences équestres remarquables, et aujourd'hui, il eut la chance d'en faire l'expérience.

« À droite ! » cria Sven en pointant du doigt le carrefour qui approchait.

Les deux chevaux tournèrent à l'angle, cette route droite menait directement à la place.

Au loin, on aperçoit un arbre au milieu de la place.

Nous y voilà ! Elle n'aura plus besoin d’être guidée.

Sven se retourna, comptant bien attirer l'attention de l'Alouette sur lui.

Il serra les dents, alors qu'il pensait avoir pris de la distance, l'Alouette l'avait déjà rattrapé. On aurait dit qu'elle pouvait presque mordre la queue du cheval de la reine. Il est inquiet ! Même si la place était juste devant eux, la priorité absolue était de débarrasser la reine de ce monstre.

Il ralentit son cheval et lança son shuriken caché sur l'Alouette. Il s'agissait d'une arme cachée d'urgence que tous les guerriers possédaient. Cette longue arme en forme d'aiguille était capable de percer le bouclier membranaire de l'Alouette et de la blesser directement.

L'arme vola directement vers l'oreille du monstre. Bien que le shuriken ne puisse pas causer de blessures mortelles, il était tout de même efficace pour distraire le monstre. Il se prépara à l'attaque qui allait suivre.

Hélas, à son grand étonnement, il n'y en eut aucune. L'Alouette se contenta de dresser les oreilles et ne regarda même pas Sven.

Bon sang !

Il semblait qu'aujourd'hui, le monde était bien décidé à le défier. D'abord, la reine avait refusé de retourner au palais. Puis l'Alouette avait refusé de l'attaquer. Et maintenant, son cheval avait décidé de ne pas le respecter.

Sven eut beau donner un coup de pied dans les côtes du cheval de toutes ses forces, celui-ci ralentit plutôt que de suivre ses instructions. Le cheval qui regardait l'Alouette d'un œil méfiant refusait d'aller plus vite, agissant comme un herbivore inoffensif face à un prédateur. Tandis que le bras de fer entre le maître et sa monture se poursuivait, la distance qui le séparait de la reine qui poursuivait sa route ne cessait de s'accroître.

Encore un peu.

Au détour d'une rue, Eugène aperçut l'arbre au milieu de la place. Elle s'avachit pour réduire la résistance au vent. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était d'aller tout droit, alors elle se concentra sur l'accélération de son cheval.

Elle, qui ne savait pas faire du vélo dans son monde, galopait habilement. Le bruit du vent qui s'écrasait dans ses oreilles, la vue des rues qui défilaient et le grondement des sabots en dessous, tout cela lui paraissait surréaliste.

Sur le flanc droit, elle remarqua un mouvement qui la rattrapait par derrière.

Depuis quand Sir Sven avait-il changé de camp ?

Eugène jeta un coup d'œil sur sa gauche mais ne put apercevoir Sven qui était censé diriger la fuite. Elle regarda alors vers la droite et son regard rencontra une énorme chose à la fourrure grise qui ne pouvait pas être un homme à cheval.

Au moment où elle réalisa que ce n'était pas un chevalier mais une Alouette qui courait de front, son cheval avait lui aussi remarqué le monstre.

Surpris, l'animal pétrifié perdit sa course. Par habitude, il leva ses pattes avant en l'air tandis que ses hennissements terrifiés résonnaient dans les rues. L'arrêt brutal déstabilisa l'élan du cheval de course qui perdit l'équilibre, se tordit et trébucha sur sa propre jambe avec un bruit sourd.

« Aah ! »

Eugène rebondit sur le cheval, son corps s'envola à vive allure. Tout s'est passé en un clin d'œil...

Son premier sentiment était très inquiétant, le monde à l'envers se déroulait comme un panorama devant ses yeux. S'agissait-il de l'expérience de mort imminente dont les gens parlaient ? Elle vit une lumière blanche se rapprocher de plus en plus... peu à peu, son monde plongea dans l'obscurité... elle perdit connaissance.

Avant qu'elle ne puisse toucher le sol, une bête noire apparut à ses côtés. Avec des mouvements agiles, la panthère noire attrapa délicatement la silhouette en chute libre dans sa gueule.

Abu déposa soigneusement Eugène sur le sol. Son corps chancelait, semblant encore plus en apesanteur. Il poussa doucement la femme immobile du bout de son nez. Il gémit devant l'absence de réaction de la jeune femme.

Il attendit, veillant patiemment sur elle... sans jamais la quitter.

Au bout d'un moment, Eugène reprit conscience. En ouvrant lentement les yeux, elle rencontra une paire d'orbes rouges qui la regardaient.

Son esprit était vide. Elle n'avait pas peur, même lorsqu'elle voyait ces yeux aussi grands qu'une tête d'enfant la transpercer. Tout ce qu'elle voyait dans ces orbes rouges, c'était de la chaleur.

« ... Abu ? » Chuchota-t-elle.

ROOOAAAR !

Le rugissement soudain d'Abu secoua les environs, Eugène reprit ses esprits et la réunion paisible se transforma en pandémonium.

Pendant qu'Abu s'occupait d'Eugène, le rat géant lui avait mordu la queue. En ce moment, le Hwansu du roi dans sa forme originale semblait colossal, même face au rat géant. Un tel scénario, où une petite Alouette lançait une attaque préventive contre une plus grande, était tout simplement inouï. Après tout, il s'agissait d'un instinct de survie élémentaire.

C'était aussi la raison pour laquelle Abu avait complètement ignoré sa présence en premier lieu. Mais cette 'petite' avait osé l'attaquer en douce.

Malgré l'avertissement tonitruant d'Abu, le rat brun géant ne recula pas. Il hurla, brandit ses dents de devant pointues, semblant prêt à l'assaut.

En réponse, Abu brandit ses griffes et balança ses pattes avant sur le 'petit', la puissance l'envoyant chanceler sur le sol.

Décontenancée, l'Alouette se releva, leva la tête, grogna et s'élança vers Abu sans hésiter. Ses dents de devant acérées transpercèrent le membre antérieur d'Abu comme un couteau.

Abu bouillonnait de rage, des intentions meurtrières passaient dans ses yeux rouges.

Les alouettes n'avaient pas le droit de chasser sans la permission de leur maître. Depuis

qu'il était arrivé, Abu s'était contrôlé, ne cherchant qu'à maîtriser ce ' petit ' errant jusqu'à l'arrivée de son maître. Mais maintenant, il n'en pouvait plus. Celui-ci demandait une bonne fessée !

'Roooaaarrr !

'Kieeeeeeg !'

Des frissons se répandirent dans les cieux alors que les deux monstres géants s'affrontaient. Le sol se mit à trembler tandis que le duo se retournait dans tous les sens.

Cette bataille féroce et frénétique entre l'Alouette et Abu ne se terminerait certainement pas facilement.

Ps de Ciriolla : Abu! Abu! Abu!

Tome 1 – Chapitre 137 – Transformation Quelle que soit la détermination de l'autre partie, il était évident que le vainqueur serait Abu. Malgré cela, Eugène ne put empêcher son cœur de battre la chamade. Elle recroquevilla ses pieds, serra ses genoux et regarda le champ de bataille avec une grande nervosité.

Peu importe la taille d'Abu, pour elle, il serait toujours la mignonne petite panthère noire qui courait dans ses bras lorsqu'on l'appelait. Alors, même si elle connaissait bien sa puissance et sa réalité, en le voyant s'affronter sous ses yeux, elle était à bout de nerfs. Et le cri qu'il poussa lorsqu'il fut mordu par l'alouette, une fois de plus, lui transperça le cœur. Elle sentit une boule dans sa gorge, tandis que l'horreur envahissait ses yeux brumeux. Cependant, lorsqu'elle vit Abu riposter, elle fut quelque peu rassurée.

Abu prit une grande bouchée de la nuque de l'Alouette en sautant dans les airs.

Enfonçant profondément ses longs crocs, il la secoua vigoureusement. Il était toujours en état d'alerte, prêt à déjouer toute réaction. Comme la victime ne contre-attaquait pas, il la repoussa avec un peu de curiosité. Elle s'était montrée agressive tout au long de la journée, mais avait soudainement abandonné ?

« Argh ! »

Par ailleurs, l'Alouette projetée tomba juste à côté d'Eugène. Elle hurla de toutes ses forces à la vue du rat géant au cou déchiqueté et en lambeaux.

Si le noyau n'était pas détruit, l'Alouette ne se dissipe pas.

Sanglante, gore et effroyable, la créature était encore bien vivante, bien qu'un peu faible.

Ses yeux devinrent encore plus rouges dès qu'elle aperçut Eugène. En un instant, elle commença à ramper vers elle.

« Argh ! Ne t'approche pas de moi ! » Eugène poussa un cri de dégoût. Elle le détestait tellement qu'elle en avait mal au ventre. Non pas parce qu'elle était terrifiée, mais parce que c'était un rat.

Elle le fixa un instant et commença à reculer. Mais l'Alouette rampante était plus rapide que ses pas. En un clin d'œil, elle la rattrapa et toucha le bout de sa main avec frénésie.

Cependant, au moment où elle exprimait intensément sa répulsion, elle sentit quelque chose de chaud s'échapper de son corps. C'était une sensation étrange, semblable à un sentiment de libération. C'était comme si une corde tendue, enroulée autour de la taille, était en train de se rompre.

Hein ?

Au contact de sa main, la fourrure grise de l'Alouette se ratatina comme un papier qui prend feu. Sa peau s'est durcie comme de la pierre.

Crac !

Une longue et mince tige se faufila lentement à travers la fissure. Peu à peu, elle se gonfla à son extrémité et une paire de feuilles tendres apparut.

Une feuille... ?

Les brusques changements survenus chez le rongeur géant étaient étonnants. Elle se concentra sur le corps qui se flétrissait rapidement, tandis que de nouvelles pousses surgissaient des interstices en succession rapide.

Au début, elle crut que l'alouette se transformait en momie. Mais au fur et à mesure qu'elle la regardait, la forme disparaissait progressivement au point qu'elle ne pouvait plus reconnaître qu'il s'agissait à l'origine d'une souris.

C'est... un arbre...

En effet, l'Alouette se transformait en arbre. Sa fourrure grise, ses membres, ses griffes, ses moustaches, ses poils, ses dents acérées... se transformaient l'un après l'autre en arbre. Finalement, il ne resta que deux trous après que les orbes rouges eurent disparu...

ils prirent la forme d'un nœud d'arbre.

Cela se passa si vite qu'il était difficile de distinguer s'il s'agissait d'un rêve ou de la réalité. Elle ferma les yeux et les ouvrit lentement. Elle cligna des yeux plusieurs fois, essayant de comprendre ce qu'elle voyait. Elle baissa les yeux sur ses mains, ayant l'impression d'avoir fait ce qu'elle voyait... mais elle n'en était pas sûre.

Est-ce que c'est... vraiment à cause de moi ? Ahh...

Soudain, le corps d'Eugène devint mou. On aurait dit qu'elle avait été vidée de toutes ses forces. Elle se pencha en arrière, s'appuyant sur l'alouette encore en croissance, et succomba bientôt à la somnolence.

**************************************

Alors qu'Eugène sommeillait, une vague d'événements étranges déferla sur le royaume de Haishi.

C'était comme si le temps s'était arrêté... Les Alouettes cessèrent soudain leurs attaques, levèrent les yeux au ciel et poussèrent des cris assourdissants et obsédants.

Kasser, qui chassait une deuxième alouette après en avoir tué une, s'arrêta net en voyant ce comportement étrange.

Le rat géant farouche et belliqueux qui se tenait sur ses pattes arrière s'arrêta brusquement et imita son homologue.

À l'insu de tous, les monstres ne regardaient pas l'horizon, mais la reine de Haishi, Eugène.

Kiiiiiiii... Kiiiiiiii...

L'Alouette cria d'une manière que Kasser n'avait jamais entendue auparavant. Elle évoquait un sentiment de chagrin, de lamentation et d'angoisse... comme si une partie d'elle-même était en train d'être arrachée.

Pourquoi agissent-ils ainsi ?

Kasser trouva l'analogie ridicule. L'Alouette n'avait aucun sentiment, ce n'était rien d'autre qu'un monstre qui n'avait que des instincts offensifs. Même si ce changement brutal était choquant, il était loin d'être en sécurité. Il devait se débarrasser rapidement de cette créature et se précipiter vers l'endroit où la troisième éruption avait eu lieu.

Avant que ce connard d'Abu ne se mette à chasser !

Il avait envoyé Abu sur le troisième site pour gagner du temps. Il avait explicitement prévenu le Hwansu de rester sous contrôle, afin de ne pas blesser les gens autour.

Kasser savait que la bête ne le défierait pas, mais qu'en était-il de ses instincts primaires

?

Dans le monde des Hwansus et des Alouettes, les premiers avaient l'avantage. Non seulement ils étaient plus évolués et plus intelligents, mais ils avaient aussi l'avantage de la taille. Chaque fois que les deux s'affrontaient, les Alouettes perdaient haut la main.

Elles étaient des proies toutes désignées pour les Hwansus qui les chassaient et dévoraient leur noyau.

Même si Kasser était convaincu de l'obéissance d'Abu, il n'était pas sûr de la façon dont il réagirait lorsque ses désirs innés le domineraient. Après tout, il y avait une limite à sa tolérance face à la tentation.

Profitant de l'état de distraction de l'Alouette, Kasser s'élança et fit tournoyer son épée autour de son cou. Le rongeur géant n'opposa pas la moindre résistance. La tête décapitée s'envola au loin ; il fendit le corps et détruisit le noyau. L'Alouette tomba en poussière et s'éparpilla dans les airs.

C'est étrange.

Il s'agissait d'une Alouette de grade violet. Mais c'était la chasse la plus absurdement facile qu'il ait jamais faite.

'Votre Majesté !'

Un soldat fit entrer un cheval. Kasser cessa immédiatement de ruminer, sauta sur le cheval et partit au trot, suivi de ses soldats

Ps de Ciriolla: les mystères s'accumulent encore un peu plus

Tome 1 – Chapitre 138 – Un rêve étrange Eugène cligna des yeux et regarda le ciel bleu. Il n'y avait pas de soleil dans le ciel aussi brillant qu'en plein midi. Elle avait déjà vu ce genre de paysage auparavant et n'y voyait rien d'étrange.

Elle roula ses pieds en s'allongeant. Elle ne sentait rien, mais entendait le clapotis de l'eau. Encore une fois, il s'agissait d'un rêve étrange qu'il était difficile de distinguer d'un rêve lucide.

Eugène se redressa rapidement, se remémorant la dernière scène avant de s'endormir.

Le phénomène de l'Alouette se transformant en arbre était sans aucun doute l'œuvre de Ramita.

Ramita est de l'eau.

L'eau diminue lorsqu'elle est pompée.

Si ce rêve est un rêve lucide... Si j'avais utilisé Ramita suffisamment pour transformer l'Alouette en arbre, l'eau à la profondeur de ma cheville se serait asséchée jusqu'au fond.

Elle se leva et regarda ses pieds, il n'y avait aucun changement. L'eau lui arrivait toujours aux chevilles. Lorsqu'elle regarda autour d'elle, elle vit toujours l'horizon sans fin face au ciel.

Est-ce trop grand pour être peu profond ?

Elle regarda vers le sol. La raison pour laquelle elle pensait que cet endroit ressemblait à la mer, même s'il lui arrivait seulement à la cheville, était la couleur de l'eau. Sous l'eau, la couleur était bleue et sombre. C'était comme s'il y avait quelque chose de plus profond sous ses pieds...

Elle souleva un pied et l'enfonça dans l'eau, pensant qu'elle irait plus loin. Bien sûr, le pied qu'elle pensait toucher le sol dur s'enfonça. Elle leva la jambe, surprise.

Eugène reposa prudemment sa jambe sur l'espace devant elle. Sentant quelque chose au bout de son pied, elle tâtonna un moment et posa le pied sur le sol solide. La surface ne s'enfonçait plus comme avant, même lorsqu'elle exerçait une plus grande pression.

Elle fit attentivement quelques pas de plus. La profondeur de l'eau n'avait pas changé, elle lui arrivait toujours aux chevilles. Elle commença à marcher un peu plus vite, puis se mit à courir.

De petites vagues se formaient, des gouttes d'eau jaillissaient à chaque fois que ses pieds entraient et sortaient de l'eau en faisant des éclaboussures bruyantes. Malgré tout, elle ne sentait pas l'eau comme dans son dernier rêve. Cependant, ce rêve était aussi vivant que la vie réelle.

Après avoir couru pendant un certain temps, elle s'arrêta. Elle n'était pas essoufflée, même si elle avait couru pendant une longue période. En fait, elle se sentait plus légère qu'avant, comme si elle pouvait courir indéfiniment.

Il ne s'agissait certainement pas d'un rêve ordinaire.

Les rêves ordinaires se terminent généralement après que l'on se soit rendu compte qu'il s'agit d'un rêve. De plus, ils ne sont pas aussi élaborés et longs. C'était certainement différent, et avec une signification plus profonde peut-être. Et pourtant, elle n'arrivait pas à en saisir la moindre parcelle. Cependant, elle savait bien que c'était une opportunité qu'elle ne pouvait pas laisser passer.

Eugène prit une grande inspiration et s'accroupit. Elle prit un moment pour contempler l'eau avant de tendre lentement les mains vers elle. Mais il semble qu'elle soit destinée à rester les mains vides.

Alors qu'elle s'attendait à atteindre le sol, ses mains n'en touchèrent aucun. Quand elle sentait que l'eau était peu profonde, ses mains la traversaient comme si elle était sans fin. Elle avait beau répéter ses gestes, d'abord pour s'amuser, puis de façon solennelle, le résultat restait le même.

Je ne vois pas le fond.

Même lorsqu'elle regardait la surface bleue profonde en s'accroupissant, la visibilité n'était pas différente de celle qu'elle avait lorsqu'elle était debout. Soudain, elle a eu une idée. Elle a mis ses mains devant elle et s'est mise à quatre pattes, puis a lentement baissé la tête.

Son visage entra en contact avec la surface, elle hésita légèrement mais continua et tout son visage fut immergé. Elle était arrivée à un point où elle ne pouvait plus s'arrêter, même si elle pensait qu'il y avait un sol solide. Elle plia encore plus les coudes et continua à descendre lentement sa tête dans l'eau d'un bleu profond et sombre.

Par réflexe, elle avait maintenant fermé les yeux et retenu sa respiration. Prenant un moment, elle essaya d'inspirer lentement à travers l'eau. À sa grande surprise, elle n'avait aucun mal à respirer. Petit à petit, elle ouvrit les yeux. Au début, ils étaient troubles, mais elle continua à tourner la tête vers la gauche, puis vers la droite. Peu à peu, ses yeux s'ouvrirent en grand, elle était dans l'eau.

Est-ce vraiment de l'eau ?

Chaque fois qu'elle expirait, des bulles d'air se formaient autour de sa bouche et remontaient, ses cheveux bougeaient comme des algues. Malgré tout, elle n'avait pas l'impression d'être dans l’eau. Contrairement à ce qui se passait sous les étendues d'eau habituelles, elle n'était pas à bout de souffle. Cela dit, elle ne pouvait même pas sentir la

texture de l'eau. Elle ne voyait pas plus loin que sa vue, tout ce qui était plus profond n'était qu'un espace d'un bleu sombre et profond.

Levant les mains, Eugène les plaça sur les côtés. Cette fois, elle entra dans l'eau comme si elle plongeait. Sans aucune résistance, son corps entier disparut dans l'eau. L'eau qui ne lui arrivait qu'à la cheville l'engloutit, sans laisser de trace.

******************************

L'armure argentée et brillante s'adaptait parfaitement au corps de l'homme. Le torse, le dos et les épaules témoignaient d'un savoir-faire exquis. C'était plus une œuvre d'art qu'une armure. Lorsque l'homme marchait, la cape sur son épaule, retenue par une broche, se déplaçait avec élégance.

Cet homme était un chevalier. Il avait un nom mais ne l'utilisait plus depuis longtemps.

Le Sang-je l'avait baptisé Pides, et on l'appelait désormais le chevalier Pides.

Protéger le Sang-je, le plus saint et le plus noble de tous, était une grande fierté pour un chevalier. Et Pides était fier d'être l'un des quatre-vingt-dix-neuf chevaliers. Les chevaliers n'avaient pas seulement le titre, mais aussi des compétences militaires.

Personne ne pouvait vaincre ces chevaliers armés de forces sacrées, à l'exception des six rois.

Le chevalier Pides prit l'escalier qui descendait au sous-sol. Il n'y avait personne devant la salle de prière, car le Sang-je s'y rendait généralement seul. Il n'y avait pas non plus besoin de garde puisque la seule et unique entrée du sous-sol était strictement gardée.

Il poussa sans hésiter la lourde porte qui menait à la salle de prière. Puis, s'agenouillant sur l'estrade au milieu de la pièce, il s'avança vers le Sang-je.

C'était ce genre d'action débridée qui avait souvent semé le trouble dans l'esprit des visiteurs de la ville sainte. Pides entrait dans la salle de réunion comme dans sa propre chambre à coucher. Ainsi, les visiteurs qui le suivaient pensaient qu'il restait encore de nombreuses portes à franchir jusqu'à ce qu'ils rencontrent le Sang-je et qu'ils le trouvent assis dans cette même pièce.

Ce n'était pas parce que les chevaliers manquaient de manières. Le Sang-je savait quand les chevaliers s'approchaient de lui, sans même les regarder. De toute façon, il ne se souciait guère des manières. Par conséquent, les chevaliers n'avaient pas frappé, ni demandé la permission d'entrer et ne s’étaient pas présentés.

« Votre Sainteté » dit Pides en regardant le dos du personnage. La chevelure dorée et rayonnante du Sang-je encouragea les sentiments de foi de Pides.

« Flora Anika a répondu à votre appel. Elle est entrée dans la ville sainte et attend dans la salle de réunion »

Ps de Ciriolla : est ce qu'il y a que moi qui tique sur le faite que Mara chef des hérétiques et Sang-je, chef de la terre sainte soit tout deux d'un blond brillant, couleur dit unique dans ce monde?

Tome 1 – Chapitre 139 – Sang-je

Le Sang-je se leva lentement et tourna son corps. Il avait l'air jeune, bien qu'il soit impossible de savoir quel âge il avait. Cela faisait environ quarante ans qu'il avait hérité de son titre de Sang-je. Le temps semblait s'écouler lentement pour le Sang-je, l'élu qui avait reçu la bénédiction de Mahar. Chaque Sang-je gardait sa place pendant au moins un siècle. Personne ne savait s'ils avaient vieilli pendant ces cent ans.

Pendant les dix années où la succession avait lieu, l'ancien Sang-je n'apparaissait pas au monde extérieur. Seuls les prêtres et les chevaliers qui s'occupaient du Sang-je à l'époque l'avaiet vu, mais ils s’étaient tus. La question du vieillissement était donc restée un mystère.

Le Sang-je était également très beau. Sa peau blanche et brillante ne présentait aucune trace de couleur, mais elle n'avait pas l'air pâle, mais plutôt fraîche et pure. Les longs cheveux blonds qui touchaient le sol brillaient comme des fils d'or.

Ceux qui rencontraient Sang-je en personne étaient toujours choqués par sa beauté exquise. Ils pensaient qu'il était vraiment le Saint béni soit-il, car il avait une beauté que les humains ne pouvaient pas posséder.

Cependant, avec la lumière, il y a l'obscurité. Le jeune et beau Sang-je ne pouvait ni voir ni parler. La rumeur disait qu'il avait perdu la vue à cause de la lumière de Dieu et qu'il s'était brûlé les cordes vocales en essayant d'imiter la voix de Dieu.

Le peuple percevait le Saint comme une personne accablée par la tragédie de l'humanité plongée dans une tristesse incommensurable.

Le Sang-je faisait face au chevalier les yeux fermés. Pides oubliait souvent que le personnage était aveugle, car il avait toujours l'impression que le Sang-je regardait le monde à travers ses paupières closes.

« Votre Sainteté. Dois-je escorter Flora Anika jusqu'à la salle de prière ? »

« Ce n'est pas nécessaire. Je vais aller dans la salle de réunion »

Les lèvres rouges de Sang-je ne bougèrent pas, mais Pides pouvait entendre la voix claire dans sa tête

Comme le Sang-je ne pouvait pas utiliser ses cordes vocales, il utilisait cette méthode unique pour communiquer. Par conséquent, Pides ne s'était jamais rendu compte que le Sang-je était muet.

Le Sang-je commença à passer devant Pides, puis s'arrêta.

« Pides, la lettre du royaume de Hashi est-elle arrivée ? »

« Je crains que non, Votre Sainteté. J'ai vérifié tous les matins et tous les après-midi. Je vous informerai dès qu'elle sera arrivée »

Pides avait entendu cette question à plusieurs reprises au cours des derniers jours. Il trouvait bizarre que le Sang-je attende la lettre de quelqu'un, car il n'échangeait habituellement pas de lettres avec qui que ce soit. Il accordait un traitement spécial aux Anikas, mais il n'y avait pas de relation particulière.

Est-ce parce que Jin Anika se trouve dans le royaume de Hashi ?

Ce n'était pas un secret que le Sang-je était particulièrement intéressé par les deux Anikas nées après une période de dix ans.

Le Sang-je acquiesça d'un signe de tête et se dirigea vers la sortie. D'une démarche régulière, comme si tout ce qui se trouvait devant lui était à portée de vue, il atteignit les lourdes portes qui s'ouvrirent automatiquement. Les gardes de l'entrée s'inclinèrent devant lui tandis qu'il montait les marches.

*********************************

Lorsque les portes s'ouvrirent, la femme aux cheveux noirs assise sur le canapé se leva.

Des cheveux denses et bouclés couvraient ses épaules. Les traits de son visage formaient une belle harmonie ; ses grands yeux sombres et purs la faisaient paraître naïve, et ses cils équilibrés étaient suffisamment longs pour créer des ombres. Un teint lisse et radieux, une touche d'élégance, cette femme faisait plaisir à voir.

Flora s'inclina devant le Sang-je lorsqu'il entra.

« Que les bénédictions de Mahar soient sur vous. Flora Anika vous salue »

« Que les bénédictions de Mahar soient sur vous aussi. »

Le Sang-je s'assit face à Flora, qui l'avait suivi. Ils étaient seules dans la salle de réunion.

Comme leurs réunions avaient toujours été privées, les gardes savaient qu'ils devaient quitter la pièce sans attendre les ordres.

« Flora Anika, ai-je interrompu votre période de repos en vous convoquant si brusquement ? »

« Non, Votre Sainteté. Comment ne pas accourir gaiement vers vous alors que c'est vous qui m'avez convoquée ? » répondit Flora en souriant.

De nombreuses personnes avaient fait le vœu de leur vie de rencontrer le Sang-je en personne, mais en vain. Seuls les Anikas pouvaient demander à rencontrer le Sang-je quand elles le souhaitaient, tandis que tous les autres devaient être convoqués, y compris les six rois.

Normalement, un Anika pouvait être convoqué par le Sang-je à trois reprises : à sa naissance, lors d'un rêve lucide et lors de son mariage. Cependant, les deux Anikas nées après une décennie, Jin et Flora, bénéficiaient d'un traitement spécial de la part du Sang-je. Ils étaient fréquemment convoqués par le Sang-je et se distinguaient des autres Anikas.

Flora Anika se réjouissait d'être la fille aux yeux bleus du Sang-je. Elle aimait les regards envieux que les autres lui lançaient chaque fois qu'un chevalier du Sang-je venait l'escorter. Après le départ de Jin Anika pour le Royaume de Hashi, Flora avait passé les dernières années dans le bonheur, étant la seule à bénéficier de l'attention du Sang-je.

Cependant, aujourd'hui, elle n'aimait pas l'attention qu'on lui portait.

« Flora Anika, j'ai quelque chose à te demander. »

« Oui, Votre Sainteté »

« Quand avez-vous fait un rêve lucide pour la dernière fois ? »

Les yeux baissés de Flora tremblèrent légèrement, mais elle parvint à garder son sourire.

« Hier, Votre Sainteté. »

Les Anikas faisaient généralement des rêves lucides irréguliers après leur premier. Cela pouvait se produire une fois tous les quelques mois ou à des intervalles plus importants.

Leur Ramita était un secret bien gardé, mais pas entre eux. C'était quelque chose que le Sang-je connaissait ou que l'on pouvait trouver dans la bibliothèque secrète.

D'après les informations contenues dans la bibliothèque secrète, les Anikas dotés d'un Ramita fort avaient un intervalle plus court entre les rêves lucides que ceux dotés d'un Ramita faible. Il avait été noté que dans l'histoire des Anikas, celui qui avait la Ramita la plus forte faisait un rêve lucide tous les trois mois environ.

« Quand avez-vous fait votre dernier rêve lucide ? »

'Il y a deux mois, Votre Sainteté.

« Pouvez-vous m'en parler ? »

« Oui, Votre Sainteté. Ce n'était pas très différent de mes rêves lucides précédents. Je me tenais au milieu d'un lac proche de la terre. Le lac débordait d'eau et recouvrait presque la terre » Flora expliqua comme si elle rêvait et voyait la scène qu'elle décrivait.

Tome 1 – Chapitre 140 – La voix de

Mahar

Pendant qu'elle parlait, les pensées de Flora voyageaient dans ses souvenirs, loin dans le passé. Elle avait l'impression d'être redevenue une petite fille qui racontait son premier rêve lucide à la Sang-je.

Pour une Anika, son premier rêve lucide était un moment déterminant. C'était la preuve de son existence, le moment où elle était acceptée et reconnue. Quels que soient l'époque et l'âge, une Anika n'oubliera jamais ce moment important de sa vie. Flora, jusqu'à aujourd'hui, s'en souvint comme si c'était hier.

En tant que jeune enfant, elle n'avait pas le vocabulaire nécessaire pour décrire les merveilles dont elle avait été témoin et les émotions qu'elle avait ressenties. Si seulement son excitation pouvait être exprimée, les débuts fantastiques de la petite fille faisaient vibrer tous ceux qui l'entendaient. Hélas, elle se contenta de faire maladroitement de son mieux pour exprimer et expliquer ce qu'elle avait vu. Elle en était un peu contrariée, mais il n'y avait rien à faire. Une fois sa narration terminée, elle s'assit, regardant avec impatience la Sang-je comme elle le faisait maintenant.

« Flora Anika, il semble que tu reçoives des bénédictions spéciales de Mahar »

Il semblait qu'elle ne se lasserait jamais d'entendre ces mots. Chaque fois qu'ils s'étaient rencontrés, le Sange-je l'avait répété, ce qui lui avait valu un sourire joyeux.

« Chaque jour, je vis en étant reconnaissante envers le bienveillant Mahar » répondit-elle en souriant.

Quand elle était jeune, elle n'avait pas compris le sens de cette phrase et n'avait fait que la répéter. Mais maintenant, elle savait.

Le Sang-je traitait tous les Anikas sur un pied d'égalité. Il ne jugeait jamais leur valeur, ne faisait ni ne disait quoi que ce soit qui puisse laisser entendre que l'un d'entre eux était plus grand ou plus petit que les autres. Donc, venant de lui, le mot 'spécial'

représentait le plus grand éloge.

« J'ai récemment entendu Sa voix »

Prise au dépourvu, Flora se leva avec surprise et s'inclina profondément devant le Sang-je.

« Que la bénédiction de Mahar soit éternelle » dit-elle. « Félicitations à vous, Sang-je »

« Ses paroles ont toujours un sens profond. Il ne serait pas bon de retarder l'interprétation de ses paroles. C'est pourquoi j'ai demandé à vous rencontrer aujourd'hui »

Flora, qui s'apprêtait à se rasseoir, leva les yeux au ciel. « Y avait-il dans ses paroles quelque chose qui m'était destiné ? »

Le Sang-je secoua la tête.

« Je n'ai pas été en mesure d'interpréter pleinement ce qu'il voulait dire. Je n'ai eu qu'une envie intense de vous rencontrer »

« ... avec moi ? » Flora était déconcertée. Elle ne parvenait pas à faire le lien entre les événements.

« Le Mahar se préoccupe surtout de vous. Je craignais qu'il ne te soit arrivé quelque chose, mais je suis heureux de voir que tu vas bien »

« Oui, je vais bien grâce à vous, Votre Sainteté »

« Flora Anika. Si vous constatez des changements dans votre rêve lucide, faites-le moi savoir immédiatement. Même s'il s'agit d'un petit changement ou d'un changement apparemment insignifiant »

« Oui, Votre Sainteté »

« J'ai confiance en votre sincérité »

La respiration de Flora s'était arrêtée, juste une seconde. Ce fut un instant si court que personne d'autre qu'elle ne l'aurait remarqué. Avec l'expression de la plus grande fidélité, elle joignit les mains et baissa la tête.

« Je ne fais qu'obéir à la volonté supérieure de Mahar »

Après le départ de Flora, un chevalier entra.

« Ne laissez personne entrer jusqu'à ce que je vous appelle »

« Oui, Votre Sainteté »

Les portes de la chambre de la Présence se refermèrent lorsque le chevalier partit. Le Sang-je, qui était resté assis sans bouger dans la chambre silencieuse, poussa un petit soupir.

Il avait observé Flora Anika avec un vif intérêt depuis qu'elle était toute jeune. Elle était d'un caractère pur et honnête. La naïveté de Flora était peut-être encore plus prononcée que celle de Jin, qui était souvent convoqué avec elle. Le Sang-je était certain que Flora n'était pas du genre à mentir devant lui.

Mais au fil des ans, le Sang-je avait vu et eu d'innombrables êtres humains à ses côtés.

L'humanité est un paradoxe. Plus on essayait de comprendre, plus on restait confus. Elle

était à la fois bonne et mauvaise, et en même temps ni bonne ni mauvaise. S'il y avait une chose que l'on peut dire avec certitude à propos de cette race, c'était qu'il n'y a rien d'aussi imprévisible qu'un humain.

Les humains... ils sont vraiment difficiles, se dit-il.

Il y avait une multitude de gens qui souhaitaient depuis toujours voir le Sang-je, ne serait-ce qu'une fois, et il y avait aussi ceux qui avaient peur de s'approcher ne serait-ce que de son ombre. Ils hésitaient à s'approcher de lui, de peur que leurs pensées intérieures ne soient clairement lues et mises à nu.

Chaque fois qu'il pensait à cela, le Sang-je riait sèchement en lui-même. Si seulement il pouvait vraiment lire les pensées de l'humanité comme un livre, alors tous les problèmes qui l'assaillaient pourraient être facilement résolus.

Jin... Flora... Qui est-ce ? Lequel d'entre elle accomplira le dernier voyage ?

Les cils dorés qui bordaient ses paupières closes frémissaient.

Ou peut-être que ce ne sera ni l'un ni l'autre ? Devrai-je attendre plus longtemps ?

Ses cils se soulèvent lentement, les iris rouges se révèlent. Ces yeux, fixés sur un point de l'espace vide, ressemblaient à une paire de billes de verre froides et cramoisies.

Ps de Ciriolla: tellement de question..... et les réponses elles ne viennent pas

Tome 1 – Chapitre 141 – Flora Anika

En sortant du palais de Sang-je, Flora monta dans un carrosse qui l'attendait. Au bout de quelques pas, son visage s'assombrit. Son cœur, qui tenait à peine le coup, se mit à battre rapidement. Ses deux mains, qui tenaient fermement sa jupe, pâlirent et elle se mordit la lèvre de nervosité.

Je me suis sûrement trompée... C'est une erreur. Bien sûr, il est impossible que la Ramita de quelqu'un change !

Les Anikas n'avaient pas le droit de partager leurs rêves lucides avec d'autres personnes que les Sang-je, pas même avec leur propre famille. Lorsqu'elle était plus jeune, elle gardait le secret parce qu'elle avait peur des chevaliers qui lui rendaient fréquemment visite, disant qu'ils étaient envoyés par le Sang-je, et l'avertissant de ne pas en souffler mot. Maintenant qu'elle était plus âgée, elle tenait sa langue car elle avait compris que garder le secret en sécurité équivalait à se garder elle-même en sécurité.

Si les rêves lucides étaient confidentiels et tabous, ils étaient aussi une source de fierté.

Pour Anikas, faire un rêve lucide, c'était un peu comme faire ses débuts dans la haute société. Ce n'est qu'une fois que votre Ramita était révélée que vous étiez acceptée en tant qu'Anika à part entière. C'est alors que votre nom était enfin ajouté à la liste des personnes autorisées à participer aux réunions réservées aux Anikas, et que vous obteniez la permission d'entrer dans la bibliothèque secrète. Chaque jeune Anika rêvait et attendait avec impatience le jour où elle ferait un rêve lucide et entrerait enfin dans le palais pour voir le Sang-je.

Cela dit, même si personne n'était au courant du rêve lucide de Flora, le fait qu'elle possédait une forte Ramita était en quelque sorte un 'secret' bien connu.

Flora n'était pas étrangère au fait d'être sous les feux de la rampe, entourée de chuchotements et d'admirations. Elle avait goûté à la célébrité dès son plus jeune âge.

En général, le premier rêve lucide d'une Anika se produit vers l'âge de dix ans. Alors, quand elle a fait le sien à sept ans, elle avait étonné tout le monde. Dans le monde clandestin des Anikas, cet événement précoce avait longtemps fait couler beaucoup d'encre. Ajouté au fait qu'elle était l'une des deux Anikas à être née après une décennie d'attente, et aux fréquentes convocations du Sang-je, son statut était nettement unique.

Il était donc normal que le peuple la perçoive différemment des autres.

Je suis une Anika qui a reçu la bénédiction spéciale de Mahar.

Dans la bibliothèque secrète, Flora parcourait les archives de Roxy Anika, réputée pour posséder la Ramita la plus forte de l'histoire. Dans sa chronique, l'éminente personnalité avait décrit son rêve lucide. Il s'agissait d'un lac incroyablement vaste, dont elle n'avait jamais pu faire le tour complet.

Flora se réjouit de cette bribe d'information. Comme sa prédécesseur, elle avait vu un lac. Il était si large qu'il était impossible d'en atteindre le bord, même en marchant toute la journée. Les registres disaient aussi que Roxy faisait ce rêve tous les trois mois, mais le sien était une fois tous les deux mois.

Cela ne pouvait que signifier que sa Ramita était plus forte. Qu'elle était encore plus spéciale que cette incroyable figure historique ! Elle était folle de joie.

Cependant, elle eut un moment d'accalmie lorsqu'elle repensa soudain à la nuit dernière.

La nuit dernière, elle avait fait un rêve lucide légèrement différent. Dans ses rêves précédents, quelle que soit la direction dans laquelle elle regardait, elle ne voyait que de l'eau. Mais dans son rêve le plus récent, l'eau du lac avait sensiblement diminué, à tel point qu'elle pouvait clairement voir le rivage. C'est alors qu'elle a réalisé que le lac qu'elle avait supposé être incroyablement grand n'était pas sans limites après tout. Ses eaux débordantes en avaient simplement dissimulé les bords.

Elle était restée là, choquée, jusqu'à ce qu'elle se réveille de son rêve.

Oui, j'ai dû me tromper. Il doit y avoir une sorte d'erreur.

Lorsque le Sang-je l'interrogea sur son rêve lucide, elle eut l'impression que son cœur allait s'arrêter. Elle ne pouvait se résoudre à répondre honnêtement. Même si l'eau avait diminué, le fait qu'elle ait même vu un lac indiquait une forte Ramita. Mais comment quelqu'un qui avait déjà goûté à une grandeur incomparable pourrait-il se contenter de moins ? Elle voyait encore dans son esprit les eaux débordantes de tout à l'heure. Elle ne pouvait pas accepter le fait qu'elle puisse être moins spéciale qu'avant.

C'était pourquoi, en réponse à la question de Sang-je, elle avait évoqué le souvenir de son premier rêve lucide. Comme les émotions et l'émerveillement qu'elle avait ressentis à l'époque étaient authentiques, elle avait pu répondre calmement.

Je n'ai pas menti. Dans mon prochain rêve, je reverrai ma Ramita habituelle.

Elle était absolument certaine que dans deux mois, dans son prochain rêve, elle verrait à nouveau un lac débordant d'eau.

Ps de Ciriolla: Oh la menteuse......

Tome 1 – Chapitre 142 – Le miracle

Au centre du chemin menant à la place du village se trouvait un arbre gigantesque sorti de nulle part. La route, qui était assez large pour que deux chariots puissent se croiser confortablement, semblait sérieusement encombrée par l'arbre géant qui en revendiquait la majorité de l’endroit. L'espace restant n'était même pas suffisant pour une seule voiture.

Cet arbre était d'une hauteur inimaginable. Son épaisseur était telle qu'il aurait fallu deux hommes valides pour l'englober, et son feuillage était si dense qu'on pouvait à peine apercevoir les branches sous-jacentes. Il semblait avoir au moins une dizaine d'années, mais ironiquement, il n'avait jamais existé jusqu'à ce matin. Il avait surgi de nulle part.

Kasser leva les yeux vers l'arbre, il semblait très contrarié.

Il avait érigé une clôture et posté des gardes autour de l'arbre pour empêcher les gens de s'en approcher. Mais malgré ces efforts, il y avait encore beaucoup de monde, Kasser avait dû écarter des gens pour se frayer un chemin jusqu'à l'arbre.

Une fois que la foule stupéfaite se rendit compte de la présence de leur roi, ils reculèrent volontairement de quelques pas, formant respectueusement un cercle plus large derrière lui. Il remarqua que la foule s'était agrandie depuis son arrivée.

Hier, trois fusées rouges avaient illuminé le ciel après l'apparition d'un trio d'Alouettes violettes. Les monstres avaient fait des ravages à différents endroits de la ville, mais heureusement, malgré les pertes humaines, les dégâts n'étaient pas très importants.

Les Alouettes en général semaient la terreur parmi les gens. Mais jusqu'à présent, elles avaient été repérées de l'autre côté des murs de la ville. Même s'il était arrivé que les monstres franchissent le périmètre, ils furent maîtrisés à temps par les autorités.

Cependant, cet incident avait creusé l'écart entre la peur ressentie lorsqu'une Alouette était repérée à l'extérieur des murs de la ville et celle ressentie lorsqu'une Alouette apparaissait au cœur de leur lieu d'habitation.

D'habitude, il fallait un certain temps avant que les gens ne descendirent dans la rue après une éruption rouge. Mais cette fois-ci, c'était différent. Excités, les gens sortaient de chez eux tôt le lendemain matin, semblant avoir oublié le choc de la veille. Ils semblaient se comporter comme si la période d'activité était terminée et qu'il n'y avait plus de menaces d'Alouettes.

« Cet arbre était-il vraiment une Alouette ? »

« Il l'était vraiment ! Il y a des tonnes de témoins »

« J'en ai entendu parler aussi. Apparemment, quand la reine Anika a touché l'Alouette, elle est immédiatement tombée par terre, puis elle s'est transformée en cet arbre »

« Woah ! »

« J'ai entendu dire que si tu gardes une des branches de cet arbre comme charme, les Alouettes ne peuvent pas t'attaquer ! »

« C'est vrai ? »

Les bavardages, murmures et chuchotements des gens parvinrent tous aux oreilles du roi. Bien que les conversations soient toutes mélangées dans leur excitation, la plupart d'entre elles disaient la même chose, ce qui lui permit de tirer sa propre conclusion.

« Lester ! »

Le général Lester, qui avait un pas de retard sur le roi, répondit rapidement. « Oui, Votre Majesté »

« Il semble que de fausses rumeurs circulent. L'idée que garder une partie de cet arbre empêcherait les attaques des Alouettes... vous devez les empêcher de croire à cette idée ridicule »

« Oui, Votre Majesté »

La rumeur selon laquelle l'arbre planté par la reine Anika pouvait éloigner les alouettes s'était déjà répandue rapidement dans tout Haishi. Certains pensaient même que la raison pour laquelle les Alouettes n'avaient pas pu entrer dans la Ville Sainte était l'arbre de la place de la ville.

Mais si c'était le cas, quelqu'un aurait déjà découvert un moyen d'utiliser les Ramitas d'Anikas contre les Alouettes. Même si le Sang-je l'interdisait, l'instinct de survie des humains ne pouvait pas être nié.

Et si c'était vrai pour les arbres, alors il ne resterait plus rien de l'arbre sur la place de la ville car tout le monde aurait cassé ses branches.

L'esprit de Kasser repassa les événements de la veille. Il était venu aussi vite que possible pour se débarrasser de l'Alouette, mais à son arrivée, il n'avait trouvé qu'un arbre qu'il n'avait jamais vu auparavant, entouré de tous les gardes et soldats qui parlaient entre eux avec excitation.

Et la façon dont sa vision avait tremblé lorsqu'il avait aperçu Eugène gisant inconscient au pied de l'arbre, il ne pouvait pas vraiment l'expliquer. Même maintenant, lorsqu'il se souvenait de cette scène, son cœur semblait sombrer dans son estomac.

« Votre Majesté » Le général Lester s'adressa à lui avec précaution. « Sa Majesté... est-elle toujours... ? »

Une journée entière s'était écoulée depuis que le roi avait ramené la reine inconsciente au château royal, et il n'y avait toujours aucune nouvelle de son rétablissement. Kasser ne répondit pas, se contentant d'afficher une mine renfrognée.

Lester fit une grimace comme s'il avait été brûlé et se tut. Il avait tenté de demander pardon au nom de Sven et des autres gardes, mais une tentative inopportune risquait de se retourner contre lui.

Les gardes qui avaient accompagné la reine la veille étaient tous en prison. Ils étaient accusés d'avoir désobéi à l'ordre du roi d'amener la reine directement au château.

Il était vrai qu'ils avait commis une erreur, mais se débarrasser de ces gardes pour ce petit incident serait un grand gaspillage de leurs compétences. Surtout Sven, qui était si incroyablement doué et de si bon caractère que même le roi s'était pris d'affection pour lui. Lester supposa que le roi lui-même n'était probablement pas très heureux de devoir répondre de la culpabilité de Sven.

Je ferais mieux de ne pas évoquer le sort des gardes emprisonnés avant le réveil de la reine.

pensa Lester. Aborder le sujet maintenant ne fera qu'empirer les choses.

Tome 1 – Chapitre 143 – L'arbre des

rumeurs

Il s'était passé beaucoup de choses en l'espace d'une journée. Tout était si choquant qu'il était difficile de s'y faire plus tôt.

Debout au milieu des murmures d'une foule accablée, Kasser soupira.

Il est difficile d'arrêter la rumeur...

Il n'y avait pas grand monde sur les lieux hier. Après trois éruptions rouges, les gens étaient probablement allés se réfugier dans un abri souterrain. La plupart des témoins étaient des guerriers et des soldats.

D'après les rapports ultérieurs, l'essentiel de l'affaire était qu'Abu était arrivé sur les lieux et avait eu un affrontement avec l'Alouette. Les deux monstres s’étaient battus bec et ongles ; ensanglantée et meurtrie, l'Alouette affaiblie était tombée au sol et s'était transformée en arbre au contact de la reine.

Même en comptant les personnes qui avaient jeté un coup d'œil par curiosité, les rumeurs auraient pu être stoppées si l'on s'était dépêché de sévir dans les environs.

Mais hier, ils n'avaient aucune chance d'y penser. Un tel scénario était hors de portée de beaucoup, et encore moins du roi qui était stupéfait à la vue de la reine inconsciente.

Lorsqu'il était arrivé sur place après avoir tué l'Alouette, il lui avait fallu quelques respirations de plus que d'habitude pour se rendre compte de la situation. Il avait transporté Eugène avec précaution jusqu'au palais, puis dans sa chambre, la plaçant délicatement sur son lit. Il ne parla à personne, ne donna aucune instruction, se contentant de s'asseoir près d'elle, le regard fixé sur sa silhouette inconsciente, attendant qu'elle se réveille.

Lorsqu'il revint à lui, il fit soudain nuit autour de lui. En regardant le ciel au-delà de la fenêtre, il s'aperçut qu'il faisait déjà nuit. C'était la première fois qu'il restait assis aussi longtemps sans rien faire. Il avait ses moments de réflexion, et quelle que soit la difficulté de la situation, même lorsqu'il était plus jeune, il n'avait jamais été abstrait, détaché ou négligent de ses devoirs.

Hélas, il était trop tard lorsqu'on lui rappela la 'répression' et qu'il convoqua Lester pour vérifier la situation. Tout roi puissant qu'il était, il ne pouvait pas fermer la bouche des gens ni arrêter les histoires qui circulaient à la vitesse de l'éclair.

Rétrospectivement, bien que l'attaque ait eu lieu à l'intérieur de la ville, elle n'avait pas fait beaucoup de dégâts. Il y avait eu des victimes collatérales, mais aussi un récit héroïque qui ne pouvait que bénéficier d'une diffusion. C'était une histoire émouvante, après tout, qui ne pouvait qu'inspirer le patriotisme des gens et rehausser le prestige de la famille royale.

Kasser était un souverain bien fondé et prudent. Il examinait toujours la question sous tous les angles avant de tirer une conclusion. Ainsi, si les récits de voyage s'annonçaient roses, ils n'étaient pas dépourvus d'épines.

Il savait que l'affaire qui le rongeait, celle dont il avait peur et qu'il espérait voir arriver plus tard que tôt, était sur le point de se produire. Les rumeurs ne tarderaient pas à parvenir aux oreilles de Sang-je...

Tout cet incident impliquant les Alouettes était si étrange... il était inhabituel qu'elles soient apparues en premier lieu. Une Alouette devient une graine, pas un arbre... Cela existe-t-il vraiment ?

Cet arbre sur la place de la ville sainte, des mains de la légendaire Roxi Anika... celle qui avait la Ramita la plus forte de l'histoire... Il avait fait poussé à partir d'une graine.

Quelle était la puissance de la Ramita d'Eugène ?

« Votre Majesté... »

La voix prudente de Lester interpella le roi pensif. « C'est l'une des routes principales de la ville, si nous ne pouvons pas l'utiliser, cela causera beaucoup d'inconvénients »

L'arbre, devenu un lieu d'émerveillement, était situé à l'endroit le plus incommode. Ce chemin était l'une des routes menant à la place de la ville et, de par sa situation, il était important.

C'était le travail de Lester de s'occuper du nettoyage après une bataille. Il avait nettoyé la scène d'hier comme d'habitude, à l'exception de l'arbre qui dépassait son champ d'autorité. S'il s'était agi d'un arbre normal, il l'aurait déjà déraciné. Mais celui-ci avait désormais une identité particulière et s'était avéré être une source d'ennuis.

L’arbre avait attiré une telle attention que c'était une tâche de tenir les gens à distance.

Et comme il ne savait pas ce qu'il allait en faire, il n'avait pas d'autre choix que de monter la garde. Cependant, il hésitait à laisser une sentinelle à côté de cette énorme relique. Combien de temps en placerait-il une ?

Il avait mieux à faire que de protéger un arbre toute la journée ! Sans autre recours, il avait demandé des instructions au roi.

Mais dès qu'il vit l'expression du visage du roi, qui semblait dire « fallait-il m'appeler maintenant ? » il comprit qu'il avait été trop impulsif. Quand le roi s'était-il montré contrarié ? Jamais. Mais là, il l'était !

« Nous allons élever la clôture autour de l'arbre et déployer les soldats jusqu'à ce que les rumeurs s'apaisent. Et si nous ouvrions la voie en détruisant les bâtiments alentour ?

Lorsque la saison sèche commencera, nous entamerons la construction pour de bon »

Kasser regarda autour de lui et acquiesça.

« Votre Majesté ! »

Kasser se tourna immédiatement vers le guerrier qui venait d'arriver. Il s'approcha du roi, inclina la tête et dit : « La baronne Weis a envoyé un message. Elle vous demande de retourner rapidement au palais »

Ses sourcils se froncèrent.

Lester, qui avait entendu les paroles de l'homme, sursauta. Il traîna rapidement un cheval. Sans perdre un instant, Kasser l'enfourcha et s'élança vers le palais En regardant de loin le roi qui se hâtait, Lester était rempli d'inquiétude. Il espérait seulement que l'affaire n'était pas trop grave.

Tome 1 – Chapitre 144 – Un pouvoir

débordant

Lorsque Kasser arriva au palais, il vit Marianne qui l'attendait à l'entrée.

Il sauta de cheval et demanda : « Qu'y a-t-il ? »

Marianne était capable de s'occuper des choses les plus importantes. Donc, si elle avait décidé de lui envoyer une missive urgente, c'était que l'affaire devait être extrêmement importante. C'est pourquoi, sans un mot de plus, il s'était empressé de rentrer.

Lorsqu'il l'avait aperçue de loin, il avait essayé de comprendre ce qui se passait en lisant son expression. Cependant, son visage ne contenait aucun indice... il était donc difficile de mettre le doigt sur la gravité de la situation.

« Votre Majesté » dit Marianne d'un ton solennel, « il serait préférable que vous alliez voir la reine »

Le cœur de Kasser se serra. « Qu'est-ce qui se passe ? »

« Je ne sais pas quoi dire » Elle parla en chuchotant. « Je ne sais pas... je ne sais vraiment pas. S'il vous plaît, il vaudrait mieux que vous voyiez par vous-même »

Passant rapidement devant Marianne, Kasser monta les escaliers et traversa le couloir...

à chaque enjambée, son rythme s'accélérait. Personne ne le suivait, mais il était trop concentré sur l'arrivée dans les appartements de la reine pour trouver cela anormal.

Peu à peu, inexplicablement, sa confiance commença à s'effriter. Lorsqu'il atteignit le couloir menant à la chambre de la reine, son cœur se sentit inexplicablement lourd.

C'est alors que l'incongruité le frappa enfin.

Ce couloir était plongé dans un silence de plomb, il n'y avait pas âme qui vive...

Il fit claquer sa langue d'agacement. Où sont tous les préposés ? Pourquoi n'y a-t-il personne près des portes ? Comment osent-ils se relâcher ?

Lorsqu'il atteignit les portes, il les trouva entrouvertes. Il saisit rageusement la poignée, poussa la porte et tenta d'entrer... surpris, il recula d'un pas.

La scène qui l'accueillit dans l'enceinte de la chambre était vraiment insondable, même pour le roi Kasser, toujours serein. Pendant un instant, il eut l'impression que ses sens lui jouaient des tours, il retint sa respiration. Puis il ferma les yeux et les rouvrit peu à peu.

Qu'est-ce que c'est que ça ?

La pièce entière était remplie d'eau. Mais contrairement aux plans d'eau habituels, il n'y avait ni ondulation ni débordement. On aurait dit que la porte était la limite, pas une goutte n'arrivait à pénétrer dans le couloir. Soudain, la chambre de la reine s'était transformée en une gigantesque cuvette d'eau.

Là, son regard se posa sur la partie qui séparait la chambre et le couloir... à droite, là où il se trouvait. L'eau semblait avoir découpé une section, formant un mur parfait entre les deux côtés. Il s'enfonça un peu plus dans la confusion.

Il approcha lentement sa main de la surface de l'eau. Il la toucha du bout des doigts et les frotta l'un contre l'autre. Il n'y avait aucune sensation d'humidité.

Kasser comprit alors l'expression inexplicable de Marianne de tout à l'heure.

Sa main s'attarda près de la surface de l'eau. Il pensait être bloqué par une paroi dure, mais sans aucune résistance, sa main traversa l'eau.

Son corps resta à la porte, mais seule sa main pénétra dans la chambre. Il regarda autour de lui, en bougeant ses mains dans l'eau. Chaque fois qu'il bougeait ses mains, une ondulation apparaissait, mais il ne sentait toujours rien. En d'autres termes, l'eau ne pouvait qu'être vue, elle n'avait pas de forme tangible.

Il entra dans la chambre. Une fois qu'il eut regardé le couloir au-delà de la porte ouverte, il ne fit aucun doute qu'il se trouvait dans l'eau.

Est-ce Ramita ?

Il avait entendu dire que Ramita était de l'eau, mais ce n'est qu'aujourd'hui qu'il découvrit que c'était littéralement de l'eau. Il n'arrivait pas à croire qu'elle avait une forme concrète.

Le monde d'Anika était obscur, ses membres secrets. Mais il y avait certaines choses qui, bien que connues de tous, n'avait jamais été confirmées. En l'occurrence Ramita.

C'était un pouvoir inconnu que les Anikas possédaient, ils se définissaient par lui. Il existait, mais personne ne l'avait jamais vu. Lorsque Roxi Anika avait fait germer la graine au vu et au su de tous, personne ne s'était manifesté pour affirmer l'avoir ' vue '.

Ainsi, Ramita, l'énigme, ne faisait que s'intensifier avec le temps.

Les intrigues non résolues conduisent au doute, et Ramita n'était pas étrangère aux théories du complot. Certains conspirationnistes remettent en cause l'existence même de ce pouvoir, allant jusqu'à dire qu'il s'agit d'un pouvoir imaginaire concocté par Sang-je.

S'ils en étaient témoins, ils se tairaient certainement.

Qu'est-ce qui se passe avec la reine ?

Il se précipita vers le lit où elle reposait et s'arrêta juste au bord, se serrant la poitrine. À

l'intérieur de son corps, une énergie brûlante jaillit. C'était une sensation familière. Cela faisait longtemps que Praz n'avait pas révélé sa présence.

Pendant la période active, Praz se déchaînait dans son corps. Il essayait donc toujours de contrôler Praz. C'est pourquoi il était constamment sur les nerfs. Cependant, ces jours-ci, Praz était étrangement calme. Il était facile à contrôler, comme une arme personnalisée qui tient dans la main.

En dehors de la période où il était occupé à chasser les Alouettes, c'était une période très paisible pour lui. Jusqu'à aujourd'hui.

Tome 1 – Chapitre 145 – Un tourbillon d'eau

Il reprit son souffle et se concentra sur son moi intérieur. Il essaya d'étouffer Praz, mais le garnement frétillant ne se calma guère.

La Ramita vous affecte-t-elle ?

Kasser jeta un coup d'œil vers la porte. S'il bougeait maintenant, il perdrait sa concentration et relâcherait le Praz à peine réprimé. Il eut l'impression d'attacher le Praz avec une chaîne et le serra plus fort. Le Praz se calma peu à peu, et il reprit peu à peu le contrôle.

Cependant, dès qu'il se détendit un instant, une énergie semblable à une boule de feu jaillit de son corps. Il était trop tard pour l'attraper. En un instant, l'énergie bleue qui s'échappait de son corps prit la forme d'un serpent géant et remplit la chambre.

C'est grave !

Cette perte de contrôle serait un désastre.

Il fixa son Praz, essayant de trouver une ouverture pour le supprimer à nouveau. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'il poursuivait des yeux le serpent bleu translucide. Praz n'avait pas envie d'avoir une guerre des nerfs avec Kasser, il semblait distrait par autre chose.

Praz plia son énorme corps, tourna une fois dans l'eau et réduisit encore sa taille. Après avoir fait le tour de la chambre avec un corps déjà réduit de moitié, il se rétrécit encore.

Il rétrécit de plus en plus jusqu'à ce qu'il ait à peu près la taille de sa main. Cet endroit était trop étroit pour nager, c'est pourquoi il semblait avoir rétréci. Alors qu'il nageait dans la chambre, son Praz avait l'air satisfait.

« ... »

Kasser ressentit la même chose que lorsqu'il voyait Abu comme un petit chat. Un serpent bleu long d'une travée n'avait aucune dignité.

Qu'est-ce qui se passe ?

Il laissa Praz jouer et s'approcha du lit. Les cheveux noirs d'Eugène se balançaient dans l'eau, sa peau blanche était d'une pâleur inhabituelle.

Sa poitrine se mit à battre la chamade.

Je ne pense pas que ce soit ses pouvoirs qui s'emballent...

La zone remplie d'eau était limitée à la chambre seule. Cela signifiait qu'elle la contrôlait inconsciemment. Mais son raisonnement l'avait poussé à agir.

Et si c'était un effet secondaire de Ramita ? Et si c'était trop de puissance pour que son corps l'accepte ?

Il était légèrement inquiet. Ses connaissances en la matière étaient très limitées, en fait, presque nulles. Sa voix intérieure lui disait que c'était au-delà de ses forces. Il avait le cœur brisé, il ne pouvait pas croire qu'il ne pouvait rien faire alors que sa femme était dans un tel état... que ce n'était pas lui mais le Sang-je qui pouvait la sauver.

Il serra les dents, essayant de maîtriser sa volonté. Et si sa volonté de l'éloigner du Sang-je la mettait en danger ?

Je dois envoyer un message urgent à la Ville Sainte.

Les lettres livrées par les oiseaux messagers ne pouvaient pas contenir beaucoup de contenu ou de secrets, mais la vitesse était plus rapide que n'importe quelle autre route.

L'express atteindrait la Ville Sainte dans quelques jours.

« Eugène... »

Lorsqu'elle lui avait demandé de l'appeler par ce nom, il n'avait pensé qu'à suivre son caprice. Mais à présent, il ressentait de plus en plus une satisfaction inconnue lorsqu'il l'appelait 'Eugène'. Plutôt que de rester dans le royaume en raison de son statut de reine, il semblait qu'une personne nommée Eugène se tenait à ses côtés par sa propre volonté.

« Eugène... Eugène... Eugène... »

Il l'appela à plusieurs reprises. Lorsqu'il l'avait vue s'allonger, il s'était senti abasourdi et en colère après avoir appris ce qui s'était passé. Maintenant, tout ce qu'il pouvait faire, c'était de trouver un moyen de la mettre à l'abri.

Les paupières d'Eugène bougèrent très légèrement. Ses globes oculaires se déplacèrent juste au moment où il s'apprêtait à se détourner pour écrire le message.

« Eugène... »

Il l'appela une dernière fois, avec l'espoir sincère qu'elle ouvrirait les yeux et le regarderait.

Les mouvements de ses yeux s'amplifièrent à l'intérieur de ses paupières closes. L'eau tournait lentement autour d'elle. Puis elle tourna plus vite et toute l'eau de la chambre commença à être aspirée dans son corps.

Le flux turbulent de l'eau n'eut aucun effet physique sur Kasser, qui se tient juste à côté d'elle. Il regarda la scène fantastique qui se déroulait sous ses yeux. Un énorme courant

d'eau était absorbé par Eugène, créant un tourbillon, et l'eau de la chambre disparaissait en un instant.

Le serpent bleu nageait contre la force du courant aspirant. Après avoir résisté jusqu'au bout, il sauta dans le corps de Kasser et disparut comme s'il retournait à sa demeure d'origine.

Kasser regarda autour de lui. Il n'y avait aucune trace d'eau.

Eugène ouvrit les yeux avec un souffle. Elle avait l'air frais, comme si elle venait de se réveiller d'un profond sommeil. Elle cligna des yeux en direction de Kasser et sourit.

Au fond du cœur de Kasser, une chaleur se répandit. Ce n'était pas du tout la même chose que lorsque Praz essayait de s'échapper. Il n'arrivait pas à la contrôler. Il passa sa main sous la forme allongée de la jeune femme et l'attira dans ses bras.

Tome 1 – Chapitre 146 – Je l'aime bien L'anxiété, le soulagement, l'impuissance, la peur... une myriade d'émotions traversa les bras qui tenaient la silhouette allongée. Ces sentiments étaient inattendus pour les personnes concernées, mais ils existaient néanmoins.

Les yeux confus d'Eugène se baladèrent d'un côté à l'autre, mais les bras de la jeune femme reflétèrent par réflexe les siens... en le tenant fermement par la taille. Pendant un moment, la frontière entre le rêve et la réalité fut floue, mais bientôt elle se réveilla complètement.

Elle laissa échapper un léger rire, elle était momentanément surprise. Avant même d'ouvrir complètement les yeux, elle l'avait vu et avant même de s'en rendre compte, elle était blottie dans son étreinte. Elle se sentait bien, elle avait envie, comme s'il semblait dire qu'il ne la lâcherait pas.

Son cœur battait la chamade, mais elle ne savait pas exactement pourquoi. La chaleur qu'ils partageaient, le sentiment d'être nécessaire... elle espérait que ce moment durerait plus longtemps, pour l'instant, elle était certaine que ce n'était pas une illusion.

Pour la première fois de sa vie, elle qui n'avait jamais connu la sensation du toucher, qui n'avait eu que des contacts physiques maladroits avec les autres, expérimentait à quel point c'était agréable.

Depuis qu'elle était dans ce monde, elle s'était laissée aller à l'intimité physique. Mais il s'agissait d'une intimité sexuelle. Cependant, ce qu'elle ressentait maintenant était imprégné d'un sentiment de sécurité qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. Et au fond d'elle, elle savait bien que c'était grâce à l'homme avec qui elle était maintenant, grâce au sentiment qu'il provoquait en elle... elle l'aimait bien.

Eugène fronça les sourcils, elle avait l'impression que quelque chose lui transperçait le cœur. Mais elle était plus étonnée par les mots qui lui viennent spontanément à l'esprit.

Aimer ? ! ... Cette personne... Je l'aime bien ?!

Un petit soupir s'échappa de ses lèvres, le palpitant ne fit que s'accélérer.

C'est donc ce que l'on ressent quand on aime quelqu'un...

C'était un sentiment doux-amer, à la fois douloureux et agréable. Elle ne s'y échappa pas et s'y est soumise avec audace. Déterminée à s'exprimer, sans se soucier de la réponse qui l'attendait, elle leva les bras et l'enlaça par l'épaule.

Elle était maintenue dans une position inconfortable, le haut du corps légèrement relevé. En levant le haut du corps, c'était tout son corps qui se souleva. Il la libéra progressivement de son étreinte une fois qu'elle se fut redressée.

« Tu vas bien ? » demanda-t-il doucement, son regard doux ne quittant pas son visage.

« Hm ? » Perplexe, elle pencha légèrement la tête.

« Tu te sens malade, ou bizarre ? » dit Kasser, « Rien d'anormal, aucun symptôme en tant que tel ? »

Eugène secoua la tête. « Il n'y a rien d'anormal. »

Maintenant qu'elle avait pris note, elle trouvait que son expression était un peu différente. L'épuisement et l'inquiétude sur son visage, la façon dont il lui parlait comme s'il regardait un malade, elle eut envie de le rassurer et c'est ce qu'elle fit.

« Vraiment, ce n'est rien. Je vais très bien »

Elle remonta alors à son dernier souvenir. Après s'être endormie sous l'arbre aux Alouettes, elle avait été aussitôt transportée dans un rêve. Elle avait perdu toute notion de temps et lorsqu'elle s'en était réveillée, elle s'était retrouvée dans sa chambre, blottie dans ses bras.

Peut-être a-t-il été immensément surpris de me trouver inconsciente ? Elle ne voyait rien d'autre qui puisse justifier une telle réaction de la part de ce roi si stoïque.

« Combien de temps ne suis-je évanouie ? » demanda-t-elle, la voix rauque.

« Tu t'es réveillée en un jour » Le soulagement sous-jacent dans son ton était difficile à manquer.

« ... Un seul jour ? ! » Elle fut déconcertée. « Alors l'éruption rouge, c'était hier ? » Elle confirma à nouveau.

Kasser soupira, la regarda avec des yeux profonds qui masquaient trop bien les sous-entendus.

« Eugène » Sa voix était très basse.

Eugène répondit d'une voix traînante, mal à l'aise. « Oui... »

« Je t'ai dit de te rendre immédiatement au palais. Je t'ai laissé parce que je pensais que tu serais en sécurité » Il n'avait pas l'air content.

« .. Je voulais être utile. Je ne voulais pas m'enfuir seule » Elle s'empressa d'ajouter. «

L'Alouette ne m'a pas fait de mal. Tout est bien qui finit bien » Elle pensait que puisque tout s'était bien passé, il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. La catastrophe avait été gérée et tout allait bien maintenant.

« Il ne s'agit pas de l'Alouette » Il parla solennellement. « Tu es tombée... Tu ne sais pas à quel point une chute peut être dangereuse ? Tu aurais pu être estropié ou tué ! »

Il n'en revenait pas de la désinvolture de cette femme à l'égard de sa propre vie, comment pouvait-elle n'avoir que peu ou pas de sens de l'auto-préservation ? ! Se jeter volontairement dans les griffes du danger, qu'est-ce qu'elle a dans la tête ?

« Ah... »

Eugène n'avait rien à dire à ce sujet. Au moment où elle rebondissait sur le cheval, elle admettait qu'elle était enveloppée d'une peur étouffante. Sans Abu, elle aurait été gravement blessée.

« Tout va bien à la fin ? ! » Il ricana. « Il n'y a pas lieu de faire de telles remarques inutiles. Tu veux dire que si tu fais des tours à cheval, que tu tapes dans tes mains et que le résultat est bon, tu parieras ta vie à chaque fois ? Cela garantira-t-il toujours votre sécurité ? » demanda-t-il, visiblement courroucé.

Eugène regarda l'homme d'un air renfrogné. Elle n'était pas du tout effrayée, même s'il la réprimandait sérieusement. En fait, elle était remplie... d'excitation.

Non, non, elle n'avait pas perdu de via. C'était juste que ses mots, bien que remplis de ridicule et de colère, lui réchauffaient le cœur. Elle ne connaissait pas les réprimandes sarcastiques et les agressions verbales non provoquées, sa famille avait veillé à ce qu'elle ne manque de rien de tout cela. Cependant, l'inquiétude sincère, la détresse et le désespoir que Kasser dissimulait dans sa réprimande lui étaient étrangers, et pourtant, ils l'attiraient.

La famille... ?

Eugène était surpris de s'imaginer l'inclure dans cette catégorie. C'est vrai, selon les normes de la société, puisqu'il était son mari et, par extension, sa famille. Mais il s'agissait d'un mariage contractuel avec Jin Anika, un mariage auquel elle, Eugène, n'était même pas liée.

Trois ans... si tu m'aides à maintenir un mariage officiel pendant trois ans, je te donnerai un successeur.

Pourquoi moi ?

Soudain, un souvenir remonta à la surface - il s'agissait d'une scène où elle lui parlait.

Pour être précis, Jin lui parlait.

[Qu'allez-vous faire après avoir eu un bébé ?

Je te le dirai plus tard. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise offre pour un roi. Vous avez besoin d'un successeur, n'est-ce pas ?]

La scène changea

[Vous croyez que je ne sais pas ? Le roi lui raconte tout. C'est moi qui plaisante ici !

Ne sois pas ridicule ! Quoi que vous disiez, Marianne ne partira jamais !]

Kasser fronça les sourcils, voyant qu'elle était perdue dans ses pensées.

« Eugène, tu m'écoutes ? » demanda-t-il en attirant son attention sur lui.

Tome 1 – Chapitre 147 – Tu veux que je partes

« Oui... je vous écoute.' »

Eugène le regarda d'un air peu familier. Dans sa mémoire, le Quatrième Roi, Kasser, était certainement le même homme en face d'elle, mais pourquoi se sentait-il si différent

?

Un visage froid et un ton glacial.

Cet homme, qui l'appelait 'Eugène', n'avait jamais parlé aussi froidement que dans ses souvenirs. Elle soupira, comme si elle avait soudain pris conscience de la situation.

« C'était vous... »

« Quoi ?! » Ses paroles abruptes le déconcertèrent.

« Celui qui m'a appelé... »

Dans son rêve, elle explorait les eaux sans limites comme la mer infinie. Pour elle, qui n'avait jamais appris à nager, l'eau était aussi confortable qu'une plaine. En nageant, elle se sentait comme une sirène explorant la forme sans rivage, se délectant de son énormité mystique.

Plongée dans sa joie, elle semblait avoir tout oublié. Elle fut tirée de ses ébats au moment où elle entendit quelque chose.

Il faut que je rentre.

Ce son semblait être son nom, mais elle n'était pas capable d'en indiquer la source.

« J'ai cru entendre ta voix dans mon rêve » En y repensant, c'était bien sa voix, même si elle semblait faible.

« Si j'avais su, j'aurais dû t'appeler plus tôt. Tu as été inconsciente toute la journée, et tu t'es réveillée parce que je t'ai appelée ? » dit Kasser d'un air dépité.

Il ne savait pas quoi dire, la façon dont les choses s'étaient déroulées dépassait vraiment son entendement.

Mais la vérité était qu'elle n'était pas inconsciente mais plongée dans un sommeil prolongé. Cependant, Eugène ne pensait pas qu'il était approprié de le dire, en fait, le regard sur le visage de l'homme l'incitait à ne pas le révéler.

Au lieu de cela, il lui serra les mains, ne manquant pas la douceur de son ton, et lui sourit sans retenue.

« Je ne manquerai pas d'en discuter avec vous la prochaine fois avant de faire quoi que ce soit. C'est de ma faute cette fois-ci » Elle tenta de l'apaiser.

« ... Ne dis pas quelque chose que tu ne suivras pas. » Il la bluffa carrément et continua à lui rappeler. « Attention à ne pas faire de promesses que tu ne pourras pas tenir... »

Kasser avait été d'une humeur massacrante toute la journée. En la voyant inconsciente, son esprit était rempli d'inquiétude et de ressentiment. Cependant, toute cette négativité s'était envolée, comme ça, lorsqu'elle avait enroulé ses mains autour de lui et riait naïvement.

Ce n'était pas quelque chose à négliger. Il savait...

Kasser jeta un coup d'œil à ses propres mains tenues par les deux siennes, se dégagea doucement et passa son bras autour du dos de la jeune femme.

Sous l'effet de la traction soudaine, Eugène s'appuya sur son torse, sur le point de tomber. Sa main frotta son épaule, caressa son cou. Ses lèvres effleurèrent doucement ses joues, ses paupières et ses tempes.

Elle était encore à la surface tandis qu'il faisait pleuvoir de légers baisers, mais à l'intérieur, son cœur palpitait. Elle était gênée, un peu embarrassée même, contrairement à ce qui s'était passé lorsqu'elle avait reçu des caresses beaucoup plus explicites. Curieusement, il semblait plus affectueux, comme s'il s'occupait d'un trésor.

Semblant reprendre ses esprits, il se souvint d'une chose importante qu'il avait oubliée jusqu'à présent. « Je vais faire venir un médecin »

Elle savait qu'il était inutile de réfuter, elle ne serait pas convaincue si elle disait qu'elle allait bien, plus encore elle ne voulait pas rejeter son affection. « D'accord »

« Ne sors pas du château avant l'arrivée du chevalier de Sang-je »

« Quoi ? ! Un chevalier de Sang-je ? » Eugène le repoussa et leva la tête.

« J'envoie une dépêche à la Ville Sainte. Je suis sûr qu'il y aura un chevalier ici avant la fin de la saison. Nous pourrons alors partir dès le début de la saison sèche »

Eugène était confus. Que s'était-il donc passé pendant qu'elle dormait ?

« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Pourquoi un chevalier vient-il ? Et une dépêche ?

Partir pour où ? » Elle se dépêcha de lancer une salve de questions.

« La ville sainte »

Les yeux d'Eugène s'écarquillèrent à l'extrême.

« Tu devrais aller voir Sang-je dès que possible » ajouta-t-il à voix basse.

Sa peur profonde de voir ses souvenirs revenir, et l'éloignement qui s'ensuivrait, avait été la cause première de sa réticence à l'emmener dans la Ville Sainte. Mais à présent, la rationalité l'avait emporté, son bien-être étant une priorité absolue.

« Parce que l'Alouette est devenue un arbre ? » demanda-t-elle avec incrédulité.

« C'est vrai, mais il y a aussi autre chose. Nous en parlerons plus tard. Pour l'instant, tu dois savoir que Sang-je te convoquera de toute façon. Les rumeurs vont bon train, une Alouette est devenue un arbre. Votre Ramita semble sortir de l'ordinaire »

« Non ! » Eugène secoua la tête. « Je pense qu'il faut que j'aille voir le Sang-je, mais pas si brusquement. Et tu as dit que Sang-Jé me convoquerait de toute façon. Nous pouvons attendre et décider quand le chevalier arrivera »

« Tu aurais dû te rendre directement à la Ville Sainte après avoir perdu la mémoire » dit gravement Kasser.

Il ne pouvait pas lui faire confiance à l'époque. Au début, il l'avait soupçonnée de faire semblant de perdre la mémoire. Ensuite, il avait pensé qu'elle abandonnerait son contrat si elle se rendait dans la Ville Sainte. Il soupçonnait toujours qu'elle ne reviendrait pas une fois qu'elle serait allée à la Ville Sainte. L'idée qu'il avait supposé cela lui tordit l'estomac d'inquiétude, plutôt que de colère. Il ne voulait pas la perdre de vue, ne serait-ce qu'un instant.

Mais si elle s'attirait des ennuis à cause de sa cupidité, il le regretterait encore plus. Il espérait sincèrement qu'elle ne ferait pas fausse route.

Eugène n'arrivait pas à comprendre ce qu'il pensait. Ces derniers temps, il n'avait même pas parlé de son successeur. Elle trouvait cela étrange, d'autant plus qu'elle connaissait l'importance et l'obsession qu'il avait d'avoir un héritier.

« Tu veux que je parte ? » demanda-t-elle en le regardant attentivement.

Tome 1 – Chapitre 148 – Je veux

recommencer

« C'est pour toi »

Lorsqu'elle caressait l'idée de rencontrer le Sang-je, Eugène avait réfléchi aux moyens d'obtenir son accord pour se rendre dans la Ville Sainte. Elle pensait qu'il ne la laisserait pas partir avant d'avoir un bébé. Mais quand il lui a dit d'y aller, de son propre chef et pour son bien, elle reconsidéra beaucoup de choses.

D'après les souvenirs de Jin Anika, la relation entre les deux était calculée. C’était 'Jin Anika' qui avait signé un contrat. À ses yeux, elle était toujours la même. Il ne pouvait pas savoir que son âme avait changé. L'animosité et la méfiance étaient les fondements de ce mariage, elle l'avait vu aussi dans les premiers jours. Son scepticisme non dissimulé à son égard était difficile à manquer, et il avait une bonne raison pour cela.

Alors, que s'était-il passé pour que ce changement se produise ? Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé de l'héritier, et la laisser partir comme ça ?

En avait-il assez de ce genre de mariage ?

« Par hasard... Aurais-tu changé d'avis sur le fait que je te donne un successeur ? »

demanda-t-elle.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » Son ton était tranchant, pensant qu'elle était sur le point de rompre le contrat.

« Vous pensez que je ne suis pas qualifiée ? »

Ses paroles étaient totalement inattendues. Kasser fut pris au dépourvu, un instant même honteux de ce qu'il venait de penser. Il soupira en regardant les yeux innocents qui le regardaient avec sérieux.

« Non. Absolument pas. »

« Eh bien, si vous me demandez de partir pour une raison aussi vague, je ne peux m'empêcher d'imaginer le pire ! »

Après le début de la saison sèche, Eugène avait dressé une liste des choses qu'elle voulait faire. Changer l'intérieur du château, commencer à travailler sérieusement avec les aides, assister à des réunions mondaines, etc. Elle venait à peine de s'habituer à vivre ici et de commencer à s'adapter à sa vie et à son statut de reine de Hashi. Cependant, si elle devait se rendre à la Ville Sainte maintenant, elle serait hors d'elle.

« Quel est le pire ? » demanda Kasser.

« Que tu ne veuilles plus garder ce mariage »

Il regarda Eugène en silence. Elle ne put rien déduire de son expression.

C'était trop d'avoir affaire à un roi qui savait dissimuler ses pensées.

« Je veux que tu rencontres le Sang-je et que tu retrouves tes souvenirs »

Kasser ne voulait plus l'éviter et voulait l'affronter de front. Ce qui l'attendait après la récupération de ses souvenirs, il avait décidé de l'affronter le plus tôt possible. Il ne servait à rien de tergiverser et de vivre dans les suppositions.

« Les souvenirs... Pourquoi ? Tu m'as dit de ne pas essayer de les retrouver » Elle était étonnée. Il ne lui avait jamais mis la pression à ce sujet jusqu'à présent, c'était trop brusque.

« J'aimerais te demander quelque chose, mais tu ne pourras y répondre que lorsque tu auras retrouvé tes souvenirs » Enfin, il avait dévoilé ses pensées.

Qu'attendait-elle de ces trois années de mariage ? Kasser sentit qu'il devait le savoir pour pouvoir parler de l'avenir.

« Je... ...Et si je disais que j'ai déjà retrouvé mes souvenirs ? »

« Quoi ? ! » Cette fois, ce furent les yeux de Kasser qui s'écarquillèrent à l'extrême.

« Quand j'ai ouvert les yeux tout à l'heure et que je t'ai vu, je me suis un peu souvenu »

Eugène continuait de penser à la conversation de Jin Anika avec lui alors que la scène changeait. Il avait l'impression que la mémoire de ce corps avait été absorbée plus qu'auparavant. Elle était certaine qu'il ne s'agissait pas d'une illusion, mais de quelque chose qui s'était réellement produit.

« Tu t'es souvenu de quelque chose ? » Son ton était à la fois anxieux et incrédule.

« Oui, mais pas tout. Je me suis souvenu de quelques conversations que j'ai eues avec vous »

Kasser la regarda attentivement, ne voulant pas manquer sa réaction. Maintenant qu'elle s'était souvenue de certaines choses, allait-elle encore changer ?

« Je... Euh... tousse... » Elle avait du mal à parler, sa toux était une façon maladroite de masquer sa nervosité. Mais elle devait continuer, car l'homme la regardait avec impatience

« Je... je me suis souvenue de notre demande en mariage » s’empressa-t-elle de dire.

Le visage de Kasser fondit à la vue de son sourire maladroit. Elle était toujours son

'Eugène'. Il était inexplicablement ravi.

« Qu'est-ce que tu veux me demander ? » réussit-elle à demander.

« ... La raison. La raison pour laquelle tu m'as demandé de t'épouser » C'était la seule chose qui l'avait toujours laissé perplexe, la raison pour laquelle elle était venue à lui sans crier gare et l'avait demandé en mariage.

« Ah... » dit Eugène maladroitement. « Je ne me souviens pas, donc je ne sais pas »

Les nouveaux souvenirs d'Eugène n'étaient pas très clairs. À ce moment-là, les sentiments et les pensées de Jin étaient inconnus. Comme un spectateur regardant un film, elle pouvait entendre ce qu'elle avait dit, le voir regarder dans les yeux de Jin. Et à ce moment-là, le film se termina. Elle n'était pas en mesure de discerner les pensées de l'autre et donc de fournir une réponse à l'homme.

Kasser, qui attendait nerveusement sa réponse, rit en vain.

« La raison est-elle importante ? »

« Si je peux vous donner ce que vous vouliez, je le ferai volontiers, et j'en aurai fini »

Regardant ses yeux remplis d'émotions complexes, il poursuivit.

« Et puis... je veux recommencer »

Ps de Ciriolla : sa déclaration est si mignonne <3

Tome 1 – Chapitre 149 – Tu es Eugène

« Et puis... je veux tout recommencer »

L'air s'était calmé, un silence pesant envahit l'homme et la femme qui se regardaient dans les yeux. La paire de cœurs était anxieuse, mais les yeux étaient parfaitement sereins, ne trahissant pas une seule fois les turbulences qui les agitaient intérieurement.

Kasser était impatient, les battements de sa poitrine le rendaient fou. Comment réagirait-elle ? Serait-elle d'accord ? Ou bien allait-il être déçu ? Et dans ce dernier cas, il ne savait certainement pas quoi faire, car pour la première fois, le roi de Hashi était désemparé.

De son côté, Eugène respira l'incrédulité. Au début, elle pensait avoir mal entendu, mais par la suite, le doute se transforma en peur... Elle avait peur d'interpréter ses mots exactement comme elle les avait entendus. Elle ne voulait pas présumer sous l'influence de ses propres émotions et mal comprendre, elle était sûre qu'elle ne serait pas capable d'en supporter les répercussions. Elle prit intérieurement une profonde inspiration et décida de demander confirmation, il n'y avait pas d'autre recours.

« En repartant à zéro... tu veux dire, avec moi ? » demanda-t-elle, avec précaution, sans détourner une seule fois son regard.

« Qui d'autre que vous est ici ? » Répondit-elle, sarcastique.

Pour une raison qui lui échappait, elle sentait que l'homme évitait le sujet. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était maintenant plus déterminée à être directe.

« Recommencer quoi ? »

Cependant, dans l'instant fugace qui s'écoula entre le moment où elle posa la question et celui où elle observa l'expression de l'homme, Eugène réalisa qu'elle n'avait pas posé la bonne question. Elle devait paraître trop naïve, ou pire, faire semblant de l'être.

« Ce que j'essaie de dire, c'est que.. » Eugène commença, mais au lieu de terminer, elle poussa un soupir. Elle ferma les yeux et les rouvrit. « Je... pensais que tu ne m'aimais pas

»

Kasser fut visiblement surpris. « Est-ce que je t'ai traité si mal que je t'ai fait penser cela

? »

« Non, non ! » Eugène secoua précipitamment la tête.

Elle baissa ensuite le visage dans ses mains, apparemment embarrassée et à court de mots. Elle avait l'impression d'être devenue soudainement très stupide. Ses pensées confuses s'enchevêtrèrent et firent tourner son esprit, elle ne parvint ni à s'expliquer ni à trouver la bonne réponse.

Kasser avait été gentil avec elle, ses paroles et ses actes étaient mesurés et scrupuleux.

Mais pour elle, ses amabilités n'étaient que le produit naturel d'une noblesse bien éduquée et bien élevée. Ou qu'elles n'étaient qu'un moyen d'atteindre son objectif final, à savoir obtenir un successeur.

Mais elle ne pensait pas qu'il était si déterminé à atteindre son but qu'il irait jusqu'à simuler ses propres sentiments pour y parvenir. Chaque fois qu'elle avait glané quelques informations sur le type de reine qu'avait été Jin, elle avait fini par en apprendre davantage sur le type de personne qu'était le roi Kasser. Il n'était pas émotif, avait de la patience et faisait preuve d'humanité de temps à autre. Il était aimé et respecté par ses sujets et ses subordonnés, et pour son jeune âge, c'était un monarque assez sagace.

Chaque fois que ses pensées avaient penché vers le fait qu'il était un homme bon, Eugène avait refoulé ses sentiments vacillants et avait fait de son mieux pour rester impassible. Elle ne voulait pas se mettre dans l'embarras en s'investissant trop dans ce lien précaire qui était construit sur des gains mutuels plutôt que sur des sentiments, pour ce qu'elle en savait, cela pouvait être sans contrepartie et une illusion de sa part.

Ce n'était pas par excès de prudence ou de pessimisme, mais parce qu'elle savait qu'il ne la voyait que comme 'Jin Anika', et que la seule chose qu'il attendait d'elle était son successeur.

« Avant de perdre la mémoire. J'ai entendu dire que nos trois dernières années de mariage ne s'étaient pas déroulées sans heurts »

« Ce n'était pas parce que je ne t'aimais pas, c'était.. » Il s’interrompit Il regarda le visage d'Eugène et essaya de se rappeler l'apparence de la reine d'avant.

Mais il ne se souvenait de rien. Jusqu'à récemment, il avait comparé son apparence précédente à son apparence actuelle et s'était dit : Comment une personne peut-elle changer à ce point ? Mais dernièrement, pour une raison inexplicable, il ne pensait plus du tout à son ancienne apparence.

« C'est parce que je ne savais pas quel genre de personne tu étais »

Il ne croyait pas que deux personnes différentes puissent exister à l'intérieur d'un même corps. Ainsi, même dans son passé, une partie de son présent devait exister.

C'était juste qu'il ne le savait pas.

Eugène n'avait aucune idée que Kasser avait traversé une telle tourmente intérieure de son côté. Sa déclaration semblait donc très soudaine.

Serait-ce le cas ? Peut-être était-ce à cause de la fois où elle avait refusé de coucher avec lui il y a quelque temps ?

« Votre Majesté » dit-elle prudemment « je ne romprai pas ma promesse de vous donner un successeur »

Kasser la regarda avec surprise, puis, comprenant ce qu'elle voulait dire, il fronça les sourcils et laissa échapper un rire amer.

« Tu veux dire que tout ce que je fais en ce moment, c'est d'essayer de te convaincre de porter mon successeur ? Il semblerait que votre confiance en moi soit au plus bas »

Il comprenait d'où venaient ses pensées, et pouvait-il le lui reprocher ? Néanmoins, il ne s'y résigna pas.

Eugène sentit qu'elle était au bord des larmes. Elle ne l'entendait pas ainsi, mais plus elle parlait, plus elle donnait l'impression qu'elle le considérait comme un homme mauvais.

« Mais tu dois admettre que c'est étrange. La suggestion de 'recommencer à zéro' sonne comme si tu disais d'oublier tout ce qui s'est déjà passé jusqu'à présent. Mais même dans le passé comme dans le présent, je suis toujours moi-même »

Eugène n'avait pas l'intention de dénoncer le passé préexistant de 'Jin Anika' de cette réalité. Elle savait que ce serait une illusion de sa part, car si elle devait vivre dans ce corps, elle devrait accepter le passé de ce corps. Le mieux qu'elle puisse faire est de réparer les torts du mieux possible.

Pris au dépourvu, Kasser marmonna en lui-même : « C'est bien cela ? » et resta plongé dans ses pensées pendant un moment puis il prit la parole.

« Si c'est ce que j'ai entendu, je suis désolé de m'être mal exprimé. Mais.... » Il marqua une pause, semblant à nouveau perdu dans ses pensées. Puis, hochant la tête comme s'il avait pris sa décision, il poursuivit.

« Pourtant, il n'y a pas de meilleure expression que 'repartir à zéro' pour exprimer ce que je veux dire. Je veux parler de ma relation avec toi, celle qui est assise ici en ce moment. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir inclure ton passé dans cette conversation.'

« N'est-ce pas à ce moment-là que tu es censé dire que tu tiens à moi indépendamment de mon passé ou de mon présent, ou quelque chose d'émotionnel comme ça ? » En disant cela et en voyant Kasser retomber dans ses pensées sérieuses, Eugène éclata de rire. « Comment peut-on diviser une personne en deux ? Qui suis-je donc maintenant ? »

« Tu es Eugène »

Ps de Ciriolla: Ce couple est tellement, il communique vraiement, ca fait trop plaisir... et nous change tellement d'autre incapable de se parler

Tome 1 – Chapitre 150 – Aller vers

l'avenir

Eugène avait l'impression d'avoir le souffle coupé, elle s'arrêta de rire. Elle le regarda, choquée. L'avait-il démasquée ? Mais c'était impossible. Qui pourrait imaginer la vérité ?

« Tu as dit que tu voulais que je t'appelle Eugène. C'est le 'toi' avec lequel je veux recommencer » Il s'expliqua pour ne pas être mal compris.

« Et si je retrouvais la mémoire et retournais dans mon passé ? » rétorqua-t-elle.

Kasser répondit par un sourire sec. « Je m'excuse si j'ai donné l'impression de me livrer à un jeu de mots stupide. Vous avez raison, il n'est pas possible de se séparer de son moi passé. Donc, même si vous vous souvenez de tout et que vous redevenez ce que vous étiez avant, ce n'est pas grave. Tant que votre personnage actuel ne disparaît pas complètement, vous resterez bien sûr vous-même. Je ne le nie pas »

Au fur et à mesure qu'elle avançait, elle se rendait compte qu'il ne considérait pas 'Jin' et

'Eugène' comme deux personnes différentes. Mais ce qu'il a dit est encore plus surprenant pour elle que s'il avait dit qu'il savait qu'ils étaient deux êtres différents. Il semblait que, même s'il disait « Je ne peux pas gérer ton passé » il disait aussi qu'il ne se souciait pas du tout de son passé.

Si cela s'était produit il y a quelques jours, Eugène aurait été incapable de lui répondre.

Elle avait erré dans ce monde en essayant de trouver sa propre identité. Mais après les événements d'hier, sa crise d'identité interne s'était calmée. Cela dit, il restait une question pressante, qui la rongeait.

« Votre Majesté, je sais que c'est une question étrange à poser soudainement dans cette situation, mais... Ramita est-il un pouvoir lié à l'âme ou au corps ? »

Kasser n'hésita pas un seul instant dans sa réponse. « A l'âme, bien sûr »

La certitude absolue de sa réponse la réconforta. Quelle que soit la personne qu'Eugène pensait être, elle était sans aucun doute une Anika. Elle avait le droit de vivre sa vie en toute confiance dans ce monde. Au moins, cette partie d'elle n'était pas une illusion ou un mensonge. L'incident et les théories qu'elle avait recueillies indiquaient qu'au moins une partie de ce que son monde voyait en elle, une Anika, était vraie.

« Eugène » dit Kasser « dans le passé, je ne te comprenais pas. En fait, je n'ai même pas essayé de te comprendre. Mais bien sûr, cet endroit aurait semblé étrange et peu familier à quelqu'un comme toi, qui a quitté sa patrie et voyagé au loin. Si j'avais essayé

de vous parler davantage à l'époque, comme je le fais maintenant, les choses auraient pu être différentes »

Au fur et à mesure qu'il parlait, Kasser était embarrassé et honteux de sa propre étroitesse d'esprit. Il se rendit compte que par le passé, il n'avait pas pensé une seule fois à frapper à la porte de sa reine, qui s'était toujours cantonnée dans son petit monde.

La différence dans leur relation actuelle était presque entièrement due à ses efforts.

Eugène secoua la tête. Le passé que le roi regrettait si profondément était en fait un soulagement pour elle. Si cet homme avait aimé Jin, elle n'aurait ressenti que de la culpabilité et de la douleur chaque fois qu'elle l'aurait regardé.

« Je ne veux pas parler du passé » lui dit-elle. « Ma mémoire n'est pas encore totalement revenue et j'ai décidé de ne plus regarder que vers l'avenir. »

« C'est ce que j'essaie de dire »

« Hein ? » Elle pencha la tête, le regardant d'un air perplexe.

« Je dis qu'à partir de maintenant, regardons devant nous et allons de l'avant ensemble »

En voyant un sourire se dessiner sur le visage de Kasser, elle ne put s'empêcher de lui rendre la pareille. Bien sûr, elle comprenait ce qu'il voulait dire : continuer à s'améliorer et à grandir ensemble dans leur relation à l'avenir. Mais qu'est-ce que c'était que cette façon de l'exprimer de manière professionnelle et complètement ennuyeuse, comme s'ils étaient en train de conclure un accord commercial ou quelque chose comme ça ?

Elle l'aimait bien. C'était une émotion qui se sentait douce et moelleuse dans sa poitrine.

Bien sûr, il y avait de nombreuses raisons pour lesquelles elle l'aimait bien. Sa bonne personnalité, sa belle apparence, sa position de pouvoir, etc.

Cependant, lorsque vos émotions commencent à bouger, vous commencez à aimer cette personne pour elle-même, indépendamment de toutes ces bonnes et pratiques raisons.

Eugène en était arrivée au point où elle était attirée par l'homme qu'était Kasser. Ses sentiments ne changeraient pas, quels que soient le statut et l'identité de l'homme.

Mais elle ne voulait pas que son amour soit unilatéral. Elle voulait qu'il l'apprécie autant qu'elle l'appréciait. Cependant, cette conversation ne lui permettait pas de savoir quelles étaient les émotions qu'il éprouvait à son égard. Elle pourrait être directe et lui demander : « Est-ce que tu m'aimes bien ? ». Mais elle avait l'impression que, quelle que serait sa réponse, elle ne pourrait pas savoir si elle était vraiment vraie. Il était possible qu'il ait seulement besoin de quelqu'un pour occuper le poste de reine dans son royaume. Et connaissant le souverain dévoué qu'était Kasser, ce n'était pas une idée farfelue.

Eugène sourit légèrement et acquiesça. « D'accord. Reprenons depuis le début, alors. Tu veux dire qu'il ne faut plus parler du contrat, n'est-ce pas ? »

« Oui »

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Chapitre 101 à 150
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