Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200

Tous les Chapitres sont ici : Living as the Villainess Queen (Novel)

Lisez le dernier manga Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200 chez PhenixScans . Le manga Living as the Villainess Queen (Novel) est toujours mis à jour sur PhenixScans . N'oubliez pas de lire les autres mises à jour de mangas. Une liste des collections de mangas PhenixScans se trouve dans le menu Manga List

Tome 1 – Chapitre 151 – Les rumeurs

Kasser la regarda d'un air incertain. Il avait entendu la réponse qu'il voulait entendre de sa bouche, mais d'une certaine manière, elle n'était pas tout à fait satisfaisante. Il semblait manquer quelque chose d'important, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

« Mais quel que soit le but de notre mariage, tu n'as pas besoin de le réaliser maintenant. Il n'est donc pas nécessaire d'aller au Sang-je pour essayer de retrouver ma mémoire pour cette raison »

Même si Eugène se rendait au Sang-je, il n'y aurait, bien sûr, aucun espoir de retrouver sa mémoire. Le problème n'était pas la perte de mémoire, mais le fait qu'elle était devenue une personne totalement différente. Et quelle que soit la puissance du Saint, il n'avait aucune chance de trouver une explication, et encore moins une solution, à ce phénomène étrange.

« Alors, je déciderai quand j'irai au Sang-je. N'envoyez pas d'ordre royal à la Ville Sainte

»

Kasser ne sembla pas convaincu. « Il ne s'agit pas seulement de ta mémoire » Précisa-t-il. « C'est parce que votre Ramita est étrange »

« Mais je n'ai pas eu de problèmes physiques » Eugène lui fit remarquer.

« Je crains aussi que tu n'aies trop exercé tes pouvoirs » Il venait enfin d'avouer les raisons qui l'avaient poussé à chercher le Sang-je.

« Tu veux dire que l'eau s'est peut-être tarie ? »

Kasser se souvint de la vision de l'eau qui avait rempli toute la chambre un peu plus tôt.

Le sentiment étranger et étrange qu'elle procurait, défiant toute logique et tout raisonnement.

« Bien que cela ne semble pas être le cas » Quelque part, Eugène pouvait faire le lien avec l'incident de l'Alouette, mais elle ne pouvait pas dire avec certitude ce qu'il en était pour convaincre l'homme qui l'avait vécu. « Si vous êtes si inquiet, il y a une solution. On n'a qu'à voir si c'est à sec ou si ça va encore »

« Comment ? » Kasser la regarda avec impatience. S'il existait un moyen de contourner le Sang-je, il s'en emparerait volontiers.

« Nous pourrions tester la graine... »

« Eugène ! »

A la voix élevée de Kasser, Eugène ferma les yeux. Elle savait qu'elle avait touché au tabou, et combien cet homme était opposé à cette idée. Néanmoins, elle avait voulu tenter sa chance, espérant que l'incident l'aurait influencé. Mais il sembla que quelque chose soit resté.

Alors qu'elle ouvrait à nouveau ses orbes luisants pour le regarder, elle sourit de façon amusante. 'Je ne veux pas partir... s'il te plaît ?'

Comme s'il était possédé, Kasser plongea son regard dans ses yeux noirs étincelants. Ses entrailles semblaient palpiter, comme si quelque chose y flottait. Il se sentait prêt à faire n'importe quoi pour elle.

« Fais ce que tu veux, alors »

Il sentit soudain qu'il était devenu faible. Ayant toujours été plus fort que les autres, c'était la première fois qu'il ressentait un tel sentiment d'impuissance. Mais le plus étrange, c'est que cela ne le dérangeait pas.

****************************

Le deuxième jour, après le coucher du soleil, Eugène sortit du château pour aller voir l'arbre aux Alouettes. Au début, elle n'avait pas l'intention de se cacher, mais cette fois, Kasser insista pour qu'elle le fasse. Une fois qu'elle s'était approchée de l'arbre, elle comprit pourquoi.

Il y avait une foule de gens rassemblés autour de l'arbre. Pour traverser la foule et s'approcher de l'arbre, il n'y avait aucune chance qu'elle ne se heurta pas à d'autres personnes. Mais Eugène put avancer facilement grâce aux manœuvres de protection de Kasser autour d'elle.

C'était bien d'avoir quelqu'un de grand et de fort pour ouvrir la voie.

Ils avançaient à pas feutrés. Eugène supposait que c'était à cause de la foule, mais ce n'était pas la seule raison. Ils avançaient lentement parce que Kasser était occupé à repousser les gens qui s'approchaient un peu trop près d'Eugène. Il n'aimait pas l'idée que quelqu'un la touche. Ce n'était pas seulement pour sa sécurité, il n'aimait tout simplement pas ça.

Après avoir beaucoup tiré et poussé, les deux membres de la famille royale parvinrent enfin à l'avant-plan. Une clôture entourait l'arbre et des soldats la gardaient. Un peu plus loin autour de la première clôture, une deuxième clôture avait été érigée. Si la première clôture servait à protéger l'arbre, la seconde avait pour but d'empêcher les gens de s'en approcher.

La sécurité était importante

Eugène avait entendu parler des rumeurs qui circulaient, elle comprenait donc la raison de ces clôtures. Mais elle était tout de même un peu triste. Il aurait été agréable que les

gens puissent s'asseoir à l'ombre de l'arbre ou simplement profiter confortablement de sa présence, comme c'est le cas pour l'arbre de la place de la ville.

Ce fut alors qu'elle fut tirée de ses réflexions par les murmures autour d'elle.

« Cet arbre est encore plus grand que ce à quoi je m'attendais d'après ce que j'ai entendu ! »

« Cela valait vraiment la peine de marcher toute une journée pour venir le voir. Rien qu'en le regardant, on a l'impression qu'il est sanctifié »

« Cet arbre était-il vraiment une Alouette ? »

« On dit que dès que la reine s'est montrée, l'Alouette a tremblé de peur »

J'ai entendu dire qu'elle n'avait qu'à dire : « Deviens un arbre ! » et c'est ce qu'il a fait !

En écoutant toutes les divagations autour d'elle, Eugène rougit. Elle avait entendu parler de la rumeur selon laquelle une branche de l'arbre pouvait devenir un charme pour chasser les Alouettes, mais ici, il semblait que des rumeurs allant bien au-delà commençaient déjà à se répandre.

Elle se sentait gênée d'écouter ces gens qui la louaient les uns les autres en racontant avec assurance ces histoires ridicules comme s'ils les avaient vues eux-mêmes.

Tome 1 – Chapitre 152 – J'ai vraiment fait ça?

Eugène regarda l'arbre avec stupéfaction. À l'extérieur, il ressemblait à n'importe quel arbre ordinaire. En le regardant, sans rien savoir, on n'aurait jamais pensé qu'il s'agissait d'une Alouette.

« C'est vraiment moi qui ai fait ça ? » pensa-t-elle avec incrédulité.

Eugène s'était évanouie au moment où elle avait vu l'Alouette, qui avait touché sa main, commencer à se transformer en arbre. Plus elle regardait cet arbre adulte, plus elle pensait qu'il était encore plus grand qu'elle ne l'avait imaginé.

« Ma Ramita... » murmura-t-elle pour elle-même.

Est-ce que le Jin original aurait été capable de faire quelque chose comme ça ?

Elle pensa à la ressemblance entre les gens de cette réalité et les personnages du roman qu'elle avait écrit.

Par exemple, l'homme juste derrière elle, le Roi du Désert, Kasser. Son nom, sa position et ses capacités étaient exactement les mêmes que ceux qu'elle avait écrits dans son roman. Jin Anika, dont Eugène avait pris le corps, était elle aussi dans le même état.

Tout, jusqu'à son nom, sa position, et même le fait qu'elle ait épousé le Roi du Désert et qu'elle soit venue au royaume de Hashi, était exactement comme dans le roman.

Dans le roman, la raison pour laquelle Jin Anika convoitait le pouvoir de Mara en dépit de son statut et de sa richesse était qu'elle n'était pas sûre d'elle parce que, bien qu'étant une Anika de naissance, elle ne possédait pas le pouvoir qu'une Anika devrait avoir. Celui avec lequel elles naissaient.

Eugène s'était alors souvenue d'une des lignes qu'elle avait écrites dans le roman.

[Le pouvoir de Ramita de Jin Anika était faible depuis sa naissance. Son corps était semblable à un bol vide, et elle avait besoin des pouvoirs de l'obscurité. Cela lui permettait de se faire piéger par la magie maléfique.]

« Je me demande quelle était la force de la Ramita de Jin avant que je n'entre dans ce corps » se dit Eugène.

Son rêve de nager dans les eaux infinies de l'océan était encore très présent dans sa mémoire. Et elle était certaine que ce rêve lucide était le sien. Elle ne pouvait pas

l'expliquer, mais elle sentait que le monde à l'intérieur de ce rêve avait été créé entièrement pour elle.

Je me demande pourquoi Jin avait rencontré les serviteurs de Mara.

« S'agissait-il simplement d'obtenir le pouvoir de Mara, comme dans le roman ? Ou y avait-il une autre raison ? »

Si seulement je connaissais la raison pour laquelle elle avait épousé le Roi du Désert, cela pourrait être un indice.

Bien qu'elle ait quelques bribes de Jin ici et là, elle ne se souvenait pas du tout du moment où Jin avait décidé d'épouser le Roi du Désert, et ne pouvait donc pas en déduire ce qu'elle voulait à l'époque.

Mais honnêtement, Eugène se moquait bien de ne pas avoir accès à ces souvenirs.

Si ses propres souvenirs avaient été écrasés pour faire croire qu'elle était Jin, elle n'aurait pas pu dire qui elle était vraiment. Cela aurait été un gros problème pour elle, et elle ne le voulait pas. Elle préfère la situation telle qu'elle est.

Elle voulait être séparée de Jin, elle voulait être Eugène. Quelqu'un qui avait ses propres pensées et sa propre conscience, mais qui avait suffisamment de connaissances sur les événements qui ont eu lieu dans la vie de Jin Anika auparavant.

Finalement, la foule grandissante l'avait tirée de ses pensées, alors que leur marmonnement grandissant se frayait un chemin. Elle pouvait même entendre certaines choses qu'ils se chuchotaient les uns aux autres...

« Cela signifie-t-il que notre reine Anika est la personne la plus puissante du monde ?

Puisqu'elle est capable de transformer n'importe quelle alouette en un arbre comme celui-ci d'un simple toucher »

« Oh, c'est vrai ? »

De plus en plus de théories sur la même idée commençaient à se répandre. Elle voulait rester ignorante, et ignorer leurs louanges mal cachées, mais c'était difficile. Il était évident pour elle qu'ils commençaient à la voir comme une reine extraordinaire, une héroïne. Ils avaient déjà de grandes attentes à son égard, et imaginaient follement ce qu'elle pourrait faire...

Elle se retourna pour faire face à Kasser. Il baissa légèrement la tête vers la sienne une fois qu'elle l'eut fait, et elle pencha la tête et lui murmura...

« Partons maintenant »

« Et la branche d'arbre ? » murmura-t-il en guise d'interrogation...

Eugène voulait non seulement voir l'Alouette de ses propres yeux, mais aussi casser une de ses branches pour la ramener avec elle au palais. Elle était curieuse de savoir si l'arbre possédait un pouvoir spécial dû à la transformation de sa Ramita.

Mais dès qu'elle avait vu l'arbre, elle l'avait su. Cet arbre n'était déjà plus une Alouette, plus maintenant.

Les Alouettes dégageaient toujours une sensation très distincte et déconcertante lorsqu'il s'agissait d'elle. Lorsqu'elle avait posé la question à Kasser, il avait dit qu'il l'avait ressentie lui aussi. Un peu comme si l'on sentait le changement de l'air d'une période sèche à une période active.

Il y a des choses que seuls ceux qui ont des pouvoirs spéciaux pouvaient sentir.

À ce stade, s'ils s'approchaient davantage de l'arbre, ils deviendraient certainement le centre d'attention de la foule une fois de plus. Et s'ils cassaient une branche de l'arbre, le chaos pourrait éclater au milieu d'eux. Même s'il y avait un pouvoir spécial dans l'arbre, il ne pouvait pas être si révolutionnaire qu'il valait la peine de prendre le risque, décida-t-elle rapidement.

« C'est bon, je n'en ai pas besoin » dit-elle, « Et puis, je pense qu'il serait difficile de casser une branche pour l'instant. Plus tard peut-être, quand il y aura moins de monde, je reviendrai voir de plus près »

« Plus tard, hein ? Je n'en suis pas si sûr... » se dit Kasser.

Il prévoyait qu'il ne pourrait pas ordonner le démontage de la clôture de sitôt. La foule semblait énorme cette fois-ci, mais c'était encore la saison active - dès que la saison sèche commencerait, il pouvait s'attendre à ce qu'encore plus de gens viennent en masse pour voir l'arbre.

Et comme les rumeurs de ce genre se répandent comme une traînée de poudre, il était fort possible que la nouvelle parvienne à des gens d'autres nations. Dans ce cas, ils afflueraient probablement dans le royaume, réclamant de voir l'arbre de leurs propres yeux.

Ils commencèrent donc à se frayer un chemin à travers la foule, avec l'intention de revenir. En partant, ils se déplaçaient beaucoup plus rapidement, laissant derrière eux la foule dense.

Ps de Ciriolla: vous aviez peur que j'oublie ce novel... aucun risque... bonne lecture

Tome 1 – Chapitre 153 – La punition des gardes

Une fois qu'ils eurent atteint la limite extérieure de la foule, les escortes royales se mirent en mouvement et les rejoignirent immédiatement.

Il aurait peut-être été plus facile de se frayer un chemin à travers la foule escortée par leurs gardes, mais la reine était aussi l'une des principales raisons pour lesquelles la foule était si impatiente de se rassembler. Ils voulaient la voir en personne, et le fait d'être entourés par les gardes allait à l'encontre du but recherché.

Avant même de monter dans le carrosse, Eugène se retourna et jeta un dernier coup d'œil autour d'elle. Ses yeux parcoururent chacun des gardes qui l'accompagnaient, mais elle remarqua qu'aucun d'entre eux n'était quelqu'un qu'elle reconnaissait. Elle trouva cela étrange, d'autant plus qu'elle n'avait pas vu Sven, ni aucun des autres gardes qui lui étaient familiers depuis qu'ils avaient quitté le château.

Elle entra finalement dans la voiture et s'assit avant que le carrosse ne se mette en marche. Une fois dans l'intimité du carrosse, Eugène se tourna vers Kasser.

« Votre Altesse, les gardes qui m'accompagnaient ce jour-là, commença-t-elle, ont-ils été blessés ? » demanda-t-elle avec inquiétude.

« Non » répondit-il, et Eugène sentit le soulagement s'installer dans son corps alors qu'elle se détendait enfin.

Elle avait commis une erreur ce jour-là. Elle leur avait donné l'ordre d'évacuer les citoyens, mais ne leur avait pas donné d'ordre sur ce qu'ils devaient faire ensuite, et leur avait donc donné un demi-commandement.

« Alors, où est Sven ? Je ne l'ai pas vu » ajouta-t-elle.

« Nous sommes en train de réfléchir à un nouveau groupe d'escortes pour vous »

l'informa-t-il. Eugène tourna la tête vers lui, surprise, les yeux écarquillés.

« Pourquoi ? »

« Il serait préférable que vous choisissiez ceux qui ont reçu une formation officielle d'escorte royale. Vos premières escortes n'avaient même jamais eu d'expérience dans ce domaine » expliqua-t-il, et Eugène se sentit consternée.

C'était donc bien ce qu'elle pensait. Le manque d'ordre qu'elle avait donné ce jour-là leur avait causé des ennuis, et par conséquent, Kasser pensait qu'il valait mieux les remplacer.

« Sven aurait-il refusé de m'escorter plus longtemps ? » s'inquiéta-t-elle, mais Kasser balaya ses inquiétudes.

« Le fait qu'il reste ou non ton escorte n'est pas une décision de Sven » dit Kasser d'un ton froid, comme s'il n'avait plus envie d'aborder le sujet. Immédiatement, elle se rappela ses déclarations furieuses d'hier...

« Tu es tombé de cheval ! Tu ne sais pas que c'est dangereux de tomber de cheval ? ! »

Sven était le seul présent lorsque Eugène était tombé de son cheval. Kasser ne pouvait donc savoir ce qui s'était passé que si Sven le lui avait raconté, car Eugène ne l'avait certainement pas dit au roi.

Sa chute de cheval n'était même pas la faute de Sven. Elle savait que la situation était dangereuse et qu'il avait désobéi aux ordres du roi de retourner immédiatement au château, mais c'était à cause de sa propre insistance. Elle sentit une crainte froide s'installer au creux de son estomac.

« Votre Majesté. Sven est-il puni ? »

Kasser ne répondit pas. Mais son silence était un oui retentissant à ses oreilles. Eugène ne pouvait supporter l'idée que Sven soit puni à cause de ses propres fautes.

« Votre Majesté. Sven n'a rien fait de mal. J'ai été têtue. Sven a fait de son mieux pour me décourager de faire ce que je voulais. Même les autres gardes n'ont fait qu'obéir à mes ordres » plaida-t-elle. Ces gardes n'avaient pas eu d'autre choix. S'ils avaient ignoré ses ordres directs pour suivre ceux du roi, ils auraient pu être punis pour désobéissance.

Kasser la regarda enfin pendant qu'elle plaidait, mais il resta silencieux en la dévisageant. Pour la première fois depuis qu'ils s’étaient rapprochés, Eugène ressentit une peur paralysante à son égard.

Elle se rappela douloureusement qu'il s'agit du roi. Dans une société avec un système de castes comme la leur, être roi vous donnait une autorité sans limite, bien au-delà du pouvoir le plus élevé que le monde d'Eugène avait. Par sa seule parole, un homme pouvait vivre ou mourir.

Elle ressentit une soudaine empathie pour Sven et les autres gardes.

De retour dans son propre monde, elle avait été poursuivie par des usuriers pour obtenir de l'argent qu'elle n'avait jamais vu auparavant, et elle avait perdu son emploi à cause de son frère, accro au jeu, qui avait fait une scène devant le bâtiment de son entreprise.

Vivre une vie complètement contrôlée par d'autres contre sa propre volonté...

C'était vraiment humiliant.

Elle frémit à l'idée qu'elle pourrait devenir la raison pour laquelle ces personnes au potentiel si grand finissent par ne plus avoir d'avenir.

« S'il vous plaît, je préférerais que vous me punissiez à la place. Le fait que des innocents aient à subir la punition pour mes propres fautes... c'est trop affreux » continua-t-elle.

Kasser poussa un petit soupir.

Lorsqu'il vit l'expression de la jeune femme lorsqu'elle prononça les mots 'trop affreux', il eut l'impression que c'était trop pour quelqu'un qui essayait simplement de protéger les personnes auxquelles il tenait. Cela ressemblait beaucoup à l'expression de quelqu'un qui détestait les injustices extrêmes.

Pour être tout à fait honnête, il avait lui-même hésité à donner l'ordre d'emprisonner les gardes. Et maintenant que la reine s'était réveillée en bonne santé, il n'avait pas l'intention de leur infliger une punition sévère après cela. Il avait seulement l'intention d'en finir avec une courte mise à l'épreuve et de changer les escortes officielles de la reine.

Mais si Eugène elle-même se montrait si obstinément opposée à cette idée, à quoi bon punir les gardes ?

« Alors qu'est-ce que tu veux ? » soupira-t-il, et Eugène cligna des yeux avant d'y penser.

« Avez-vous déjà ordonné leur punition ? »

« Pas encore. Ils sont en probation »

« Alors la mise à l'épreuve suffit. Rendez-leur leur poste. Et j'aimerais qu'ils continuent à m'escorter » lui dit-elle. Kasser sembla réfléchir à la question pendant un moment, avant de soupirer.

« D'accord » accepta-t-il avec résignation.

Tome 1 – Chapitre 154 – Les souvenirs de Jin

Surprise par la facilité avec laquelle il acceptait de faire ce qu'elle voulait, Eugène le regarda avec une certaine méfiance et examina son expression. Kasser lui adressa un léger sourire lorsqu'il s'aperçut qu'elle l'observait.

« Quoi ? Je dis que je ferai ce que vous voulez »

La voiture s'arrêta lentement. Au bout d'un moment, ils entendirent quelqu'un à l'extérieur dire : « Vos Majestés, je vais ouvrir la porte maintenant »

Eugène interpella Kasser qui se levait de son siège. Lorsqu'il tourna la tête pour lui faire face, elle sentit un mélange de gratitude et d'excuses l'envahir.

« J'ai été trop têtue ? Je n'avais pas l'intention de te faire faire quelque chose de trop extrême »

« Ce n'est pas parce que tu t'entêtes que l'impossible devient possible » la rassura-t-il.

Au-dessus de son visage, elle eut soudain une vision. C'était un souvenir appartenant à Jin.

[« Si tu veux quelque chose, tu n'as qu'à le demander. Ce n'est pas en jouant que l'impossible deviendra possible »

« Tu n'es pas drôle. Eh bien, je veux voir la salle du trésor »]

Avant même qu'elle ait pu commencer à interpréter ce qu'elle venait de voir, Kasser était descendu de la calèche et lui tendait la main. Elle la prit et descendit à son tour de la calèche.

« Vos Majestés, soyez les bienvenues. Marianne, qui était venue les accueillir » s'inclina profondément. Eugène sourit un peu tristement en regardant Marianne.

Depuis hier, ses sentiments à l'égard de Marianne avaient changé. C'était principalement à cause des souvenirs de Jin qui lui revenaient à chaque fois qu'elle regardait Marianne.

Cela avait commencé juste après son rêve lucide. Eugène commença à voir les souvenirs de Jin beaucoup plus souvent. Auparavant, il s'agissait surtout de sensations familières ou de scènes figées du passé, mais maintenant, elle pouvait voir des images animées et même entendre les mots qui étaient prononcés.

La façon dont les souvenirs apparaissaient était la même qu'auparavant. Il devait y avoir une raison ou un élément déclencheur. Des gens, des lieux, des conversations, et bien d'autres choses encore...

Mais la chose qui la secouait le plus était le souvenir qu'elle avait vu hier, quand elle avait vu Marianne, qui était assez désagréable.

Elle avait été choquée par la toute première scène qu'elle avait vue, dans laquelle Jin avait jeté une tasse de thé au visage de Marianne.

« Quel manque de respect ! Ne me réponds pas, espèce de porc » Jin lui avait craché dessus. Tous les souvenirs qui avaient suivi n'ont été remplis que d'exemples similaires.

Insulte après insulte, Jin s'en prenait à la femme qui avait élevé le roi, quelqu'un de plusieurs dizaines d'années plus âgé qu'elle.

Elle avait toujours méprisé les personnes nées dans les classes inférieures ou non royales.

Et même si elle savait que ce n'était pas elle qui avait fait cela, Eugène avait l'impression que ces actes étaient les siens. Et elle s'en excusait profondément. Mais plus elle voyait les souvenirs de Jin, plus elle était étonnée par Marianne et sa force.

Elle continuait à l'aider, Eugène, tout en sachant que Jin avait déjà été cruelle.

Grâce aux souvenirs, Eugène savait maintenant comment Jin avait parlé aux autres dans le passé. Elle savait que si elle avait rencontré quelqu'un comme cela auparavant, elle ne l'aurait pas pris pour quelqu'un d'autre que pour quelqu'un de méchant. Jin avait toujours parlé au roi d'une voix maladivement douce, un nectar rempli de poison, mais parlait de la façon opposée aux autres, même à Marianne.

Dès que le roi entra dans le château, avec quelques serviteurs qui lui coururent après pour obtenir des rapports, Eugène se mit au diapason de Marianne, tous deux marchant d'un pas tranquille.

« Avez-vous pu voir l'arbre, Votre Majesté ? » lui demanda Marianne.

« Nous l'avons vu. Mais il y avait trop de monde » répondit-elle, et Marianne hocha la tête en signe de compréhension.

Marianne hocha la tête pour comprendre. « On ne parle que de ça de nos jours, où que l'on aille, il n'est pas étonnant qu'il y ait du monde. J'aimerais bien le voir aussi »

soupira-t-elle

« Ce n'est qu'un arbre. Vous seriez déçus si vous vous attendiez à quelque chose de spécial »

« Je ne pourrais jamais être déçue. Même le fait de le voir de mes propres yeux serait un honneur »

Hier, Eugène avait entendu Kasser parler de l'eau qui avait rempli la chambre. Il avait dit que Marianne en avait été témoin elle aussi, mais Marianne elle-même n'avait rien dit à ce sujet et n'avait pas posé de questions. Son attitude n'avait pas changé.

« Un serviteur s'est arrêté à votre bureau tout à l'heure. Il avait apporté des documents de la part de Son Altesse, je les ai donc posés sur le bureau » l’informa Marianne

« C'est vrai ? Je me demande ce que c'est » Elle réfléchit. Eugène se rendit dans son bureau où elle vit l'enveloppe posée sur son bureau.

Elle prit l'enveloppe et l'ouvrit. Elle sortit les documents qu'elle contenait pour les étudier

Il s'agissait de documents qu'elle avait déjà vus, ceux soumis par les candidats au poste d'assistant de la reine. Elle se souvenait que le roi les avait pris pour les examiner. Mais la pile de documents était beaucoup plus mince que la dernière fois qu'elle les avait vus.

« Pourquoi n'y a-t-il que trois candidats ici ? Oh... c'est vrai. Je lui avais demandé de faire des recommandations. Je suppose que ce sont ceux qu'il recommande, alors ? » pensa-telle en les parcourant.

Elle parcourut les documents des trois candidats restants. Deux d'entre eux avaient une vingtaine d'années, un autre une trentaine d'années. Tous trois étaient des femmes.

Je suppose que ces trois-là doivent être les plus compétentes.

Eugène, bien sûr, n'avait aucune idée de l'identité de ces personnes. Elle était persuadée que le roi avait recommandé des personnes qui, selon lui, feraient bien le travail.

Elle pensa que Marianne connaîtrait peut-être l'une de ces personnes et l'a donc appelée pour lui demander. Et comme elle s'y attendait, au lieu de simplement secouer la tête, Marianne lui a dit qu'elle irait chercher le consensus général sur ces personnes. Eugène s'en réjouit.

« Merci, Marianne. »

« Je ne fais qu'accomplir mon devoir, Votre Majesté »

« Oh, et aussi » Eugène avait presque oublié le souvenir qu'elle avait vu en descendant du carrosse. Mais voilà qu'elle s'en souvient à nouveau.

« Qu'est-ce que la salle du trésor ? Et où est-elle ? »

Ps de Ciriolla: on notera que le roi n'a sélectionner que des femmes en tant qu'assistant...

jalousie power

Tome 1 – Chapitre 155 – Les excuses En entendant la question, l'expression de Marianne changea. Eugène n'avait pas trop réfléchi lorsqu'elle lui avait demandé quel était le trésor et où il se trouvait.

Marianne poussa un soupir de résignation, ce qui lui donna un air frustré. Elle ne voulut pas paraître trop nonchalante, car cela donnerait l'impression qu'elle essayait de tromper la reine.

« Où avez-vous entendu parler de cela ? »

« Je ne l'ai pas entendu. Je m'en suis souvenue »

« Vous vous en êtes souvenue ? » demanda Marianne d'un ton confus.

Soudain angoissée, Marianne adopta une expression figée, la même que celle qu'elle arborait lorsqu'Eugène était revenu après sa rencontre avec Rodrigo.

Au début, Eugène n'avait rien pensé de la relation rigide de Marianne avec Jin, comme c'est le cas avec Kasser. Mais elle avait fini par comprendre ce que Marianne craignait vraiment.

Eugène avait vu dans les souvenirs de Jin que Marianne avait été traitée injustement pendant si longtemps. Elle avait de la peine pour Marianne, qui avait dû souffrir toute seule jusqu'à présent.

Elle se rendit compte que Marianne sera toujours prudente avec elle, ne sachant pas qu'il y a une autre personne dans le corps de la reine.

« Mes souvenirs ne sont pas encore complètement revenus, mais je me souviens de certains d'entre eux. Et je suis capable de me souvenir du traitement sévère que je t'ai infligé »

Les yeux de Marianne s'écarquillèrent en entendant les paroles de la reine. Elle sourit à la personne en face d'elle. Eugène essaya de continuer, mais elle fut soudain coupée court-

« Ma Reine » dit Marianne d'une voix douce.

« Vous n’avez rien fait de mal » continua-t-elle « c'est quelque chose qui s'est passé dans le passé »

Eugène regarda Marianne d'un air perplexe : « Est-ce que cela fait partie des règles qu'une personne doit suivre lorsqu'elle appartient à la haute société ? »

Eugène n'avait pas d'étiquette sociale à étudier, elle la tenait simplement de Marianne et apprenait par expérience.

« Oui, en quelque sorte. Mais cela ne s'applique pas seulement aux situations sociales, mais aussi à toutes les occasions »

« Vous voulez dire que je n'ai pas le droit d'apprendre de mes erreurs ? Ou de présenter mes excuses sincères ? »

« Je dis simplement que vous devriez faire attention, surtout lorsque vous êtes en public et que beaucoup de gens peuvent vous entendre. Vous, ainsi que le roi Kasser, occupez les plus hautes fonctions de cette nation, et les fautes doivent être évitées »

« Et si je fais une erreur ? Je ne pense pas que cacher mes erreurs soit une bonne chose pour la nation »

« Il suffit de s'excuser pour ses fautes, mais il n'est pas nécessaire que le public le sache

»

Eugène acquiesça, l'air mal à l'aise. Elle avait l'habitude d'entendre dire que le roi est impudique, d'où elle venait, et cela pouvait s'appliquer à elle aussi.

« Et si je faisais une erreur personnelle ? Comment m'excuser alors ? »

« Invitez-les dans un endroit privé et discutez-en autour d'une tasse de thé. Cela devrait suffire. »

Plongé dans ses pensées, Eugène insista pour qu'elle s'excuse,

« Je veux toujours m'excuser auprès de toi, Marianne. De toute façon, nous ne sommes que tous les deux ici. Je me suis rendu compte que je t'ai traitée durement et j'en suis désolé. Je vous suis également reconnaissante d'être avec moi et de m'aider. Continuez à le faire, s'il vous plaît »

Marianne présenta ses respects en s'inclinant devant la reine en face d'elle.

Redressant lentement le dos, elle afficha un visage calme, remplaçant l'anxiété qui l'envahissait il y a quelques instants.

« Ma reine, je ne peux pas vous parler du trésor national. »

« Devrai-je demander à Son Altesse ? »

« Oui, ma Reine »

Eugène acquiesça

Elle cessa de poser des questions sur le trésor. Honnêtement, elle n'en avait même pas entendu parler, mais quand elle l'avait vu dans les souvenirs de Jin, elle était presque sûre que Marianne était au courant de l'existence du trésor national.

Elle ne pensait pas que Marianne lui avait directement menti. Elle savait très bien que Marianne avait probablement reçu des ordres - et elle était presque sûre que celui qui lui avait donné ces ordres n'était autre que le roi lui-même.

***********************************

Des serviteurs passèrent dans la soirée.

Face à son miroir de courtoisie, elle regarda son reflet et vit l'inquiétude se dessiner sur son visage. Elle renvoya le serviteur auprès du roi.

Elle couvrit son visage rougissant de ses mains et s'éventa lentement, essayant de refroidir la chaleur qui se dégageait de son visage.

« Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? » se demanda-t-elle intérieurement

« Ce n'est même pas ma première fois »

Le roi quitta le palais et se rendit directement au dépôt. Cela faisait une semaine qu'ils n'avaient pas couché ensemble, mais pourquoi avait-elle refusé de coucher avec lui cette fois-là ? Le roi ne reviendra pas avant un certain temps, car il verra lui-même l'incident de la fusée rouge.

« Je veux que nous recommencions à zéro. C'est ce qu'a dit le roi avant de partir. »

Le visage d'Eugène devint beaucoup plus rouge qu'elle ne l'était déjà alors qu'elle se remémora leur conversation dans sa tête. Est-ce parce qu'elle savait que le roi pouvait déjà différencier 'Jin' et 'Eugène' ? Elle avait l'impression d'être revenue à l'époque où ils avaient passé la nuit ensemble pour la première fois.

Tome 1 – Chapitre 156 – Encore et

encore

Son cœur bat furieusement contre sa poitrine et elle n'arriva pas à se calmer. Elle compta les heures, les minutes qui la séparèrent de l'arrivée du roi au palais.

Mais Kasser n'arriva pas à l'heure habituelle. Un silence constant flottait à l'extérieur de la chambre d'Eugène, et son impatience de le voir arriver s'estompa.

« Où peut-il être à cette heure-ci ? » dit Eugène d'un air maussade.

« Qu'est-ce qu'il essaie de faire ? » Elle n'avait plus qu'à attendre que le serviteur l'informe de l'endroit où se trouvait le roi. Le temps passa et le roi n'arriva toujours pas

« Il aurait dû me dire qu'il ne pourrait pas venir » se lamenta-t-elle intérieurement.

Épuisée par toute cette attente, elle finit par se fatiguer et décida de dormir pour oublier sa détresse.

Quand Eugène s'endormit, la porte s'ouvrit discrètement et révéla l'entrée du roi. Il avait expressément demandé à ses serviteurs de ne plus l'informer de son arrivée, car il arrivait si tard dans la soirée.

Kasser s'approcha du lit où reposait Eugène, et la voir dans cet état fit bouger quelque chose au plus profond du roi.

« Eugène »

Eugène ne bougea pas d'un poil. Lui aussi était impatient ces derniers temps avec ce qui s'était passé entre eux, et le temps continuait à ralentir, le narguant avec la vue de la femme endormie devant lui.

Kasser aurait dû renvoyer les rapports à l'administration, au lieu de s'en occuper à l'intérieur du bureau. Il pensait vraiment que les rapports pourraient être traités rapidement, et il ne s'attendait pas à ce que cela lui prenne autant de temps.

Il avait mis en œuvre la règle consistant à ne pas reporter le travail d'une journée au lendemain. Si tel était le cas, les employés seraient lourdement réprimandés. Par conséquent, l'administration n'hésita pas à se présenter à lui, même si les heures de travail étaient déjà dépassées.

Fatigué par les événements de la journée, Kasser soupira et s'assit brutalement sur le lit, ce qui fit osciller la mousse. Malgré ses mouvements, Eugène resta profondément endormi.

Il souleva une jambe pliée sur le lit, appuya son bras sur un genou et posa son menton sur la paume de sa main. Il regarda lentement Eugène et ne put s'empêcher de fixer son visage, le désir s'imposant à ses yeux.

Eugène se tourna soudain dans le lit, faisant remonter sa robe de pyjama au-dessus de ses genoux, révélant ses longues et fines jambes. Kasser déplaça son regard vers les membres exposés de la jeune femme. Tout son sang coula vers le bas, et son pantalon se sentit soudain serré et inconfortable.

Il ne pouvait plus attendre.

Kasser s'approcha des jambes d'Eugène et saisit ses deux chevilles, remontant jusqu'à ses mollets exposés et les massant doucement. Sa peau lisse se sentait si douce et merveilleuse sous ses grandes mains et à partir de ce moment, il savait qu'il ne pourrait plus se retenir.

Il continua à remonter le long du corps d'Eugène, caressant doucement tous ses endroits et se pencha sur elle, planant au-dessus d'elle tout en plaçant ses deux bras sur les côtés de sa tête. Il embrassa d'abord son front, puis ses yeux, son nez et ses lèvres.

Eugène s'agita lentement sous l'effet des soins de Kasser. Elle ouvrit lentement les yeux et vit l'homme planer au-dessus d'elle. Encore étourdie par le sommeil, elle marmonna un doux 'hmmm', toujours confuse de ce qui se passait réellement.

« Eugène »

Kasser ne se retint plus et embrassa agressivement tout le visage d'Eugène. Les baisers semblèrent ne jamais s'arrêter, ce qui fit glousser Eugène devant les actions de Kasser.

Il embrassa ensuite sa bouche, ravalant ses rires au passage. Il poussa avec force sa langue vers la sienne tout en continuant à la sucer et à l'embrasser.

« Hmmm »

Eugène laissa échapper un petit son. Elle sentit Kasser l'entourer mentalement et physiquement et elle ressentit des sensations dans tout son corps. Elle sentit également quelque chose qui s'enfonçait dans son ventre.

Réalisant enfin ce qui se passait, Eugène ne fut plus endormi, la chaleur s'accumula autour de son ventre et elle entoura le cou de Kasser de ses bras. Son odeur emplit ses narines tandis qu'ils s'embrassèrent.

Kasser explora sa bouche à fond, sans jamais s'arrêter, tout en tâtant les jambes d'Eugène d'une main. Il saisit la jambe d'Eugène et l'enroule autour de sa taille tandis que sa robe remonta jusqu'à son ventre.

Eugène enroula alors son autre jambe autour de sa taille, s'accrochant complètement à lui. Ils sont maintenant enroulés l'un à l'autre comme des lianes inséparables. Il pousse sa dureté contre l'espace vêtu entre ses jambes.

Ils n’étaient pas encore tout à fait ensemble puisqu'ils ne s’étaient pas encore débarrassés de leurs sous-vêtements. Mais Kasser continua à frotter ses hanches contre celles d'Eugène, la stimulant encore plus.

« Ahhh... mmm... »

Eugène laissa échapper un faible gémissement alors qu'ils se poussèrent l'un contre l'autre, le roulement de leurs hanches s'entrechoquant simultanément, sans se ralentir alors qu'ils poussèrent encore et encore, le plaisir montant en flèche entre eux.

Tome 1 – Chapitre 157 – A moi

Elle ne savait pas exactement ce qu'elle voulait. Mais elle savait avec certitude qu'elle désirait que cet homme qui planait au-dessus d'elle continue à faire ce qu'il faisait. Les sensations la touchèrent si profondément qu'elle se sentit presque frustrée, désirant plus de plaisir pour l'amener à l'accomplissement.

Elle serra plus étroitement ses cuisses contre sa taille et souleva légèrement ses hanches pour chercher plus de friction. Centrant son milieu sur le sien, ils se frottèrent continuellement l'un à l'autre.

Il faillit perdre pied. Les muscles de son dos se tendirent et l'immense luxure envahit ses sens. Il attendit cette nuit si longtemps et elle arriva enfin. Il ne se précipita pas et prit son temps pour satisfaire sa femme, se sentant comme s'il avait tout le temps du monde.

Il pressa davantage sa bouche contre la sienne. Sa langue se glissa à l'intérieur comme s'il cherchait quelque chose, approfondissant le baiser une fois de plus.

Les yeux d'Eugène papillonnèrent. La façon dont il caressait sa langue et l'aspirait dans sa bouche enflammait ses sens au point de consumer tout son être. Ses nerfs s'en trouvèrent électrisés.

Elle calqua sa respiration sur la sienne, estimant que c'était plus agréable lorsqu'ils étaient parfaitement synchronisés.

« Mmmh »

Une série de gémissements s'échappait de sa bouche alors qu'elle s'efforçait de les tenir à distance. Comment le pourrait-elle alors qu'elle se sentait déjà submergée par ses actions - de ses mains qui continuaient à masser ses pics jumeaux, et de son érection qui n'arrêtait pas de s'écraser contre son propre sexe

Elle pensa d'abord que faire l'amour avec lui l'épuiserait. Il était toujours passionné et persévérant, et pour couronner le tout, sa résistance était également incroyable. Il ne se retenait plus d'exprimer ses désirs intenses, et cela ne la dérangeait pas du tout.

Mais ce soir, il semblait plus désespéré que d'habitude. Son énergie monta en flèche, comme si Eugène avait réveillé la bête qui sommeillait en lui.

Il lâcha enfin sa langue, presque engourdie par toutes les succions qu'il faisait. Eugène sursauta en plongeant dans son cou et en suçant la peau délicate qui s'y trouvait.

Il s'occupa de son cou en continuant à le sucer et à le mordiller, le chatouillant légèrement tandis qu'elle laissait échapper un petit gémissement, se sentant maîtrisée.

Il approcha sa bouche de son oreille et murmura rudement,

« Les bras en l'air »

Il semblait avoir enfin atteint sa limite. Le souffle tremblant, elle leva docilement les bras au-dessus de sa tête, se soumettant complètement à lui.

Sans perdre de temps, il saisit l'ourlet de sa chemise de nuit et la fit facilement rouler vers le haut, retirant la robe de son corps.

Elle se mordit les lèvres en sentant tout son corps palpiter de plaisir. Le voir lutter pour se retenir l'excita tellement, comme la façon dont il caressa doucement ses membres alors que ses yeux n’étaient rien d'autre que ceux d’un prédateur, ou la façon dont il essayait de résister à ses mains pour ne pas la saisir complètement, s'assurant qu'elle savait qu'on s'occupait bien d'elle.

Ce fut comme si elle le voyait se débattre devant elle, hésitant entre être un gentleman et la ravager complètement. Cela la stimula vraiment Personne ne saurait qu'il était comme ça. Pas même sa nounou qui l'avait vu grandir, que le roi qui avait toujours été froid, calculateur et discipliné était incapable de se retenir dans la luxure

Eugène aimait l'idée qu'elle fut la seule à connaître ce côté de lui. Une connaissance qui ne pouvait être partagée qu'entre eux deux, homme et femme, ce qui lui donna l'impression d'être plus proche de lui que jamais.

Elle sentit des frissons remonter le long de son corps lorsque l'air de la nuit s'empara d'elle. Mais cela ne dura pas longtemps ; son corps fut rapidement recouvert par un corps humide et musclé, l'engloutissant dans le processus.

« Ahh ! »

Son dos se cambra par réflexe lorsqu'il posa sa bouche sur son sein, le suçant avec avidité. La peau se tendit sous sa langue.

Kasser enfouit son nez dans la poitrine de la jeune femme, inspirant profondément sa chair et son parfum doux et sucré captivant ses narines. Il lécha et respira simultanément son parfum.

Il continua à goûter son corps, s'émerveillant de son goût sucré qui semblait paralyser ses sens.

Il n'était même pas sûr que ce soit réel, ni même qu'il l'ait imaginé. Des désirs lascifs s'emparèrent rapidement de ses sens et le plongèrent dans une transe euphorique. Il fut également conscient que ses cinq sens réagissaient à la femme qui se trouvait en dessous de lui.

Il souhaita soudain se débarrasser de sa réputation de roi pour demander à quelqu'un, n'importe qui. Est-ce que le sexe entre un homme et une femme était toujours comme ça

? Pourquoi désirait-il et avait-il soif d'elle encore plus à chaque fois qu'il lui faisait l'amour ?

Tout le monde a-t-il ressenti la même extase ?

Les émotions et l'excitation s'éteignirent lorsqu'elles étaient répétées continuellement.

C'était une évidence. Il se souvenait que la première fois qu'il avait réussi à tuer une Alouette, il n'avait pas pu retenir son excitation. Mais aujourd'hui, il n'avait presque plus la force d'être excité, même s'il en tuait une douzaine en une journée.

Mais pourquoi son désir pour elle ne semblait-il pas faiblir ? Au contraire, il semblait se renforcer à chaque fois. Il était presque effrayé à l'idée qu'il puisse être en train de bander après elle, où qu'il soit.

Et chaque fois qu'il se rappela que c'était sa femme qu'il désirait, il avait l'impression d'être au sommet du monde, et l'excitation coulait dans ses veines.

Il lécha son bourgeon tendu et le pressa avec sa bouche. Il le fit rouler et le taquina encore plus avec sa langue.

Son corps tremblait sous lui, sous l'effet de ses actions. Il se rappela une fois de plus qu'il était le seul à pouvoir goûter à sa douceur.

« A moi » Un fort sentiment de possessivité l'envahit et ses yeux bleus s'assombrirent encore plus.

Tome 1 – Chapitre 158 – Attendez

Sa main descendit le long de son corps, effleura ses côtes et s'accrocha à ses hanches. Sa peau légèrement humide se sentait si bien sous ses doigts, ses courbes l'attiraient encore plus. Il n'en finissait plus de faire courir sa main le long de sa silhouette.

Il eut du mal à garder les idées claires. Tout son être était en feu et son érection était dure comme de la pierre.

Il se souvint de ce qu'il ressentait en elle, de la sensation d'étroitesse qui semblait l'engloutir complètement. Son corps le supplia de se libérer, d'atteindre l'apogée.

Mais il se retenait, voulant prolonger ce moment encore plus longtemps. Un peu plus...

juste un peu plus'. Il se le répèta en chuchotant.

Il retira finalement ses lèvres de ses seins et se déplaça lentement vers sa poitrine, alignant des baisers le long de son ventre, de ses hanches et continuant à descendre.

Ses lèvres se dirigèrent vers ses parties intimes, effleurant de ses dents le tissu de ses sous-vêtements.

« Nnh ! »

Son corps succomba aux doux baisers qu'il lui donnait et poussa involontairement ses hanches vers le haut. Elle était sur le point de refermer ses jambes écartées mais fut brusquement arrêtée par ses mains.

Ses mains pétrissaient l'intérieur de ses cuisses et il la saisit par derrière en tirant sa culotte vers le bas.

Eugène ferma les yeux et tourna la tête sur le côté. Elle se sentait soudain si exposée, l'air froid mordant son corps désormais dénudé.

Il lui écarta encore plus les jambes et son visage devint brûlant d'embarras.

Elle resta immobile et obéissante tandis qu'elle se mordillait les lèvres. Elle se sentait timide et son corps tremblait d'impatience.

« Ahh ! »

Des feux d'artifice explosèrent derrière ses yeux quand il caressa son sexe avec ses lèvres et commença à le lécher de haut en bas.

« Comment a-t-il pu faire ça ? » Elle n'avait jamais imaginé une telle chose. Elle ne pensait pas pouvoir s'y habituer.

Mais après quelques instants, le plaisir sembla s'intensifier.

« Ahh... Mhm... »

Tout son corps tremblait. Le plaisir qu'elle ressentait semblait infini. Et chaque fois que son nez frôlait ses lèvres inférieures, elle avait l'impression d'être électrisée.

Il chatouilla son clitoris avec sa langue puis le rapprocha de ses lèvres en le suçant. La sensation la surprit tellement qu'elle gémit bruyamment.

« Ah ! Ahhh »

Il lécha tout le jus qui s'écoulait d'elle. Ses lèvres continuaient à se déplacer contre ses plis, prenant son temps comme il l'avait fait avec ses seins. Il appuya sur sa peau intérieure et enfonça sa langue plus profondément.

« Nnnh ! »

Elle marmonna des propos incohérents en se cambrant et en jouissant. Ses hanches étaient agitées de spasmes, et ses paupières ne voyaient rien d'autre qu'un plaisir blanc et chaud alors que la sensation se répandait sur tout son corps - à sa taille, dans son dos, et tout le reste.

« Ahhhh »

Elle reprit son souffle. Son sexe pulsait encore légèrement après avoir atteint l’orgasme.

Sa force quitta complètement son corps et elle s'écrasa.

Kasser tenait ses jambes affaiblies dans ses mains et fixait ses plis, maintenant humides de son jus.

Il imagina le goût qu'elle aurait s'il la léchait, et il fut presque tenté de le faire.

Il était presque sûr qu'il pourrait passer toute la nuit à goûter et à mordre tout le corps, mais il repoussa ses pensées sur le côté.

Il ne voulait pas la vider complètement avec de multiples orgasmes, car il voulait la préparer pour le grand événement.

Il inséra ses doigts dans son ouverture, sentant sa chair intérieure s’écarter tandis que son entrée avalait ses doigts. Elle essaya de fermer ses cuisses, mais cela l'incita à regarder son visage.

Elle évita timidement son regard lorsque sa bouche se redressa.

Au début, elle se sentait timide et embarrassée par le fait que Kasser lui ait parlé de sa chaleur quelques instants auparavant, alors que maintenant elle pouvait facilement écarter les jambes devant lui. Il était charmé par l'idée que sa femme s'ouvre à lui.

Il se redressa et enleva d'abord sa chemise, puis son pantalon, et enfin son slip. Sa longueur était maintenant gonflée et en pleine érection.

Ses yeux devinrent immenses lorsqu'elle le vit, se dressant fièrement, et cela était encore plus mis en valeur par la pièce très éclairée. Elle n'avait pas pu demander qu'on éteigne la lumière.

C'était la première fois qu'elle le voyait dans toute sa splendeur, fini le temps où elle n'en voyait que les contours dans l'obscurité. Il était très grand et dépassait tout ce qu'elle avait pu imaginer.

Elle se demandait vraiment comment cette chose pouvait se cacher dans un pantalon sans être remarquée. C'était énorme.

Elle sursauta et souleva le haut de son corps avec ses coudes. Elle montra son inquiétude alors qu'il s'approchait d'elle,

« Attendez ! »

« Quoi ? »

Il se déplaça rapidement devant elle et tira ses jambes vers lui, la remettant dans sa position initiale.

Il grimpa sur elle tandis qu'elle exprimait ses inquiétudes,

« Ça ne va pas rentrer ! »

Kasser répondit par un petit rire.

« Il le fera »

« Mais il est trop grand »

« Tu le fais exprès ? Si je perds encore la tête, tu auras des ennuis »

Le visage d'Eugène devint blanc. Alors qu'il souriait lentement, elle vit le feu bleu profond dans ses yeux. Son expression, alors qu'il se léchait les lèvres, ressemblait à celle de quelqu'un qui avait déjà à moitié perdu la tête.

Ses mains s'agrippèrent à ses cuisses et il poussa ses hanches entre ses jambes, puis plaça ses bras de chaque côté de sa tête.

« Ahh... »

Eugène déglutit lorsqu'elle sentit la pointe du gland à son entrée. Elle plaça ses mains sur ses épaules et ne put le repousser. Son membre durci passa lentement à travers son cœur et s'enfonça profondément en elle.

Tome 1 – Chapitre 159 – Vagues après vagues

Le seul son qui résonnait dans la pièce était les halètements qui s'échappaient d'entre les lèvres d'Eugène. La pression qui s'était accumulée à l'intérieur avait soudain monté jusqu'à sa gorge.

Elle n'arrivait pas à se débarrasser de la vue de son membre. Il était si ferme, il la remplissait si bien qu'elle avait du mal à croire que c'était lui qui l'enfonçait en ce moment même. Contrairement à la première fois qu'il l'avait pénétrée, il avait glissé si facilement à travers ses parois lisses.

Elle était tellement excitée qu'elle se lubrifiait pour lui faciliter la tâche. Sans compter que l'orgasme précédent avait beaucoup aidé. Elle se sentait beaucoup plus détendue.

Elle se souvenait de la douleur qu'elle avait ressentie quelques jours après leur dernière rencontre. Mais le plaisir l'emportait sur la douleur, et elle n'y prêtait guère attention.

Tout ce qui comptait maintenant, c'était le sentiment qu'elle éprouvait, comme si c'était un moment parfait, une preuve qu'ils étaient faits l'un pour l'autre, alors qu'elle l'acceptait sans trop de résistance.

Elle avait été nerveuse en se rappelant la douleur de la toute première fois qu'il l'avait pénétrée, mais c'était pour rien. Elle se sentait un peu gênée d'avoir réagi de façon excessive. Alors que son regard passait paresseusement sur son visage, elle s'arrêta soudain sur son expression.

C'était la première fois qu'elle voyait son visage sous une lumière vive alors qu'il la pénétrait. Ses sourcils étaient froncés et il se mordait la lèvre inférieure en se concentrant. Mais elle pouvait voir le plaisir indéniable dans ses yeux bleus clairs. Elle se retrouva hypnotisée rien qu'en le regardant, elle ne pouvait que détourner le regard.

Une nouvelle vague de plaisir la submergea et une chaleur soudaine parcourut son corps.

Le plaisir qu'il ressentait était contagieux. Elle se mit à se tordre et à se tortiller sans relâche tandis que des sensations électriques couraient dans ses veines. Elle l'entendit aspirer une bouffée d'air, elle sentit ses parois se resserrer autour de lui, elle arqua le dos tandis qu'il s'enfonçait en rythme.

« Ah ! »

« Augh »

Kasser frémit. Il laissa échapper un gémissement grave et guttural, qui s'échappa de ses lèvres, comme s'il l'avait retenu pendant si longtemps, mais qu'il ne pouvait plus le retenir.

Elle n'avait même pas réalisé qu'elle pouvait être encore plus excitée jusqu'à ce qu'elle l'entendit. Son corps trembla au son et elle laissa échapper des halètements.

« Eugène... unh ! »

Ses hanches se soulevèrent pour rencontrer ses fesses. Chaque mouvement qu'il faisait ne faisait qu'exciter davantage Eugène, la façon dont elle voyait les choses, la façon dont elle les entendait...

Elle se sentait convulser, aspirer de grandes bouffées d'air...

Il dut haleter lorsqu'elle se resserra, car ce n'était que peu de temps après que sa respiration fut bredouillée qu'elle sentit son corps s'emballer à nouveau. Elle se sentait tellement en extase qu'elle avait presque atteint le point culminant.

C'était comme si une réaction en chaîne s'était déclenchée. Ses murs se resserraient autour de lui, l'assaut du plaisir continuait à venir, vague après vague après vague...

Kasser rejeta la tête en arrière, les yeux fermés, avant de baisser les yeux sur le corps d'Eugène qui se tordait sous lui. Il sentait la sueur s'accumuler sur son dos, l'air froid le frapper...

Il se jeta directement sur elle, gémissant lorsqu'il atteignit son point culminant, complètement gainé en elle.

« Hnn ! »

Les mains d'Eugène cherchaient à s'accrocher à ses épaules, le bout des doigts s'enfonçant dans sa peau, menaçant de faire couler le sang. Quelque chose en lui s'éveilla à la façon dont elles se pressaient dans une douleur cuisante, et il vit alors un blanc aveuglant tandis qu'il perdait quelques secondes de conscience dans une dernière poussée.

Le corps d'Eugène répondit à la poussée et elle frémit, cherchant son souffle alors que son corps tremblait. Elle poussa un cri de plaisir.

« Aaahh ! »

Il respira profondément, essayant de retrouver sa lucidité tandis que ses hanches reprenaient leur poussée contre l'entrée sensible de la jeune femme. Il aimait la façon dont ses parois surstimulées se refermaient à chacun de ses mouvements, essayant de l'envelopper, l'invitant à pénétrer dans son cœur chaud...

Mais il était assoiffé autant qu'il était dans le plaisir. Il ne s'habituera jamais à la sensation d'être en elle.

Il voulait aller plus loin, s'enfouir plus profondément en elle, atteindre son utérus. Peu importe qu'il ait poussé le plus loin possible, ce n'était pas assez...

Jamais assez.

Tout en elle était comme de l'opium. Sa peau, son parfum... sa voix.

Oh, sa voix, c'était comme de la musique à ses oreilles, la façon dont elle l'appelait, laissait échapper des halètements de plaisir et lui demandait d'aller plus fort... plus vite...

Plus profond...

Eugène commençait à s'impatienter. Elle pouvait à peine bouger les hanches, mais cela ne l'arrêtait pas. Elle bougea donc son corps, soulevant ses hanches autant qu'elle pouvait encore le faire pour accélérer sa propre poussée. Ses mains se déplacèrent vers la tête de lit, la soulevant plus haut sur les oreillers...

« Uhh ! Ahh ! »

Elle passa ses jambes autour de sa taille, son imagination s'emballant, évoquant des images de sa pénétration. Les images soudaines qui défilaient dans son esprit transformaient effectivement sa peur en plaisir une fois de plus. Ses inhibitions se relâchèrent et elle commença à agir de manière impulsive.

Avec ses jambes, elle l'attira à l'intérieur, l'accueillant encore plus profondément. Kasser ne peut s'empêcher de perdre la tête.

Il lui donna une nouvelle poussée forte et profonde, faisant trembler le corps de la jeune femme qui retomba sur le lit, la clouant au matelas.

« Ah ! Hmh ! »

C'était comme si la chaleur de leurs deux corps remplissait soudain toute la chambre.

Les draps du lit étaient ballottés au hasard autour de leurs corps enchevêtrés. Eugène pouvait même sentir que le matelas commençait à devenir humide à cause de la sueur et des fluides qui l'assaillaient.

Les yeux d'Eugène s'ouvrirent, sa vision se troubla et tourbillonna tandis qu'elle essaie de se concentrer. Elle était trop ivre de plaisir, son corps était trop chaud, elle s'enfonçait de nouveau dans le plan du désir.

Tome 1 – Chapitre 160 – Le plaisir de te regarder

Après quelques plongeons supplémentaires, le roi se cambra. À ce moment-là, Eugène avait également trouvé la libération.

« Hnng ! »

Son corps se tendit et elle laissa échapper un long gémissement. La semence chaude se déversa en elle, enduisant ses entrailles tandis qu'elle le vidait à sec. Kasser retint son souffle alors qu'il libérait l’épais liquide blanc, il commençait à voir des étoiles. C'était toujours un tel plaisir d'atteindre l'apogée en elle.

Puis il tomba mollement, veillant à ne pas l'écraser de son poids. Il se blottit dans le creux de son cou tandis qu'ils restaient tous deux immobiles, le bruit de leurs respirations irrégulières étant désormais la seule chose qui remplissait la pièce. Il ne fallut pas longtemps pour que la respiration de Kasser se stabilisa, mais Eugène était encore secoué par leur long rapport si intime et frivole.

Kasser éclata soudain de rire. Il leva la tête et la regarda d'un air amusé.

« Ça ne rentre pas, hein ? » dit-il en plaisantant. Eugène, qui essayait de reprendre son souffle, ne put que rougir d'embarras.

« Qui pourrait le lui reprocher ? » Elle était sous le choc de le voir et ce fut la première chose qui lui était venue à l'esprit. Par coïncidence, ce fut aussi la première chose qui sortit de sa bouche. Avec le recul, elle aurait dû s'en douter. Ils l'avaient fait plusieurs fois maintenant, il n'y avait pas moyen que ça ne rentre pas.

Bien sûr, après l'avoir dit, elle s'était presque jetée sur lui, enroulant avec enthousiasme ses jambes pour le rapprocher et se frotter à lui par pur plaisir. Même s'il l'avait accusée de faire semblant d'être naïve, elle n'aurait pas dit le contraire.

Elle lui fit une moue méchante, sachant qu'il en parlait intentionnellement juste pour la taquiner.

« Tu es lourd » souffla-t-elle. Il n'était pas si lourd que ça, mais pour l'instant, la seule chose qu'elle pouvait faire était de l'envoyer balader avec une excuse mal ficelée. Il gloussa devant sa réaction.

Elle était à la fois naïve et audacieuse, avec un côté un peu bizarre, et pourtant cette imprévisibilité faisait son charme.

Avec un soupir, il se souleva pour s'éloigner d'elle, avant de se retirer langoureusement.

Sa semence dégoulina hors d'elle, et son corps se tendit, sentant le vide pendant un moment, avant qu'elle ne referme ses jambes par réflexe.

Il s'allongea à côté d'elle, positionnant son corps vers elle. Il appuya sa tête sur sa paume ouverte et la fixa d'un regard doux. Il la fixait avec un désir brûlant, elle craignait de s'enflammer.

« Qu'est-ce que cette femme ? » se demanda-t-il sincèrement. « Qu'est-ce qui, chez elle, le faisait trembler au plus profond de lui-même ? »

Eugène ne comprenait pas pourquoi il restait allongé là sans rien lui faire, mais elle accueillit favorablement ce bref répit. Elle détendit son corps, essayant de récupérer au moins un peu de ses forces.

Malheureusement, elle ne pouvait s'empêcher de demander quand même.

« Tu as quelque chose à dire ? » fredonna-t-elle.

« Non »

« Alors pourquoi me regardes-tu comme ça ? »

« C'est juste que... » Kasser inspira profondément tout en continuant à la regarder sans se gêner.

Il pensa au soulagement qu'il avait éprouvé en décidant de ne pas l'envoyer à la ville sainte. Comment aurait-il pu penser à l'envoyer seule ? En ce moment, il ne voulait pas la perdre de vue, même pour un instant.

« C'est juste quoi ? » demanda-t-elle en levant la tête vers lui.

« C'est juste que... je n'ai jamais pensé que j'aimerais autant l'idée de simplement te regarder » Il l'avoua, et Eugène ne put s'empêcher de sentir des picotements au fond de ses yeux. Il avait l'air tout à fait romantique, mais l'expression d'Eugène contenait quelque chose d'étrange...

« Ton corps... ne semble pas être d'accord avec ce que tu viens de dire » répondit-elle avec hésitation.

Elle ne pouvait s'empêcher de penser que si la pièce avait été sombre, ses paroles auraient été beaucoup plus romantiques. Mais lorsqu'il se durcit à nouveau, elle ne put s'empêcher de penser que le côté romantique avait été quelque peu gâché.

Kasser éclata soudain d'un nouvel éclat de rire. En riant, il roula rapidement sur elle une fois de plus. Il joignit leurs doigts et la plaqua au matelas. Ce n'était pas le moment de rester à ne rien faire. La nuit était encore à peine entamée.

Les pensées dans son esprit étaient sauvages et vulgaires. Il ne fit aucun doute qu'Eugène aurait été bien embarrassé d'en prendre connaissance. Rapidement, il se

pencha vers elle et lui donna un autre baiser qui la meurtrissait. Et juste comme ça, il était prêt à repartir.

************************

Suis-je faible face au plaisir ?

Eugène se dit cela en pensant encore et encore à l'amour passionné qu'ils avaient eu la nuit dernière. Les problèmes qu'elle avait eus il y a une semaine, bien qu'ils lui aient causé un stress énorme au point de lui faire perdre l'appétit, semblaient pâlir en comparaison de ce qui la troublait maintenant.

Bien sûr, en une semaine, il s'était passé beaucoup de choses. Eugène avait gagné l'identité d'une Anika avec une Ramita incroyablement forte, et l'homme qui avait tout sauf le nom, et qui était autrefois connu comme son mari, avait avoué son désir de poursuivre une véritable relation avec elle.

Plus elle y réfléchissait, plus elle se rendait compte qu'aucun de ses problèmes n'avait encore été résolu.

Eugène ne comprenait toujours pas qui elle était, ni pourquoi elle était venue au monde.

Elle devait encore tout avouer au roi et admettre qu'elle était une personne totalement différente, pas Jin, même pas un peu, mais Eugène.

Mais en ce moment, aucune de ces pensées ne la tourmentait, mais quelque chose de complètement différent d'il y a deux semaines. Ses craintes les plus profondes avaient disparu, et elle avait la ferme conviction que tout finirait par s'arranger.

« Est-ce à cause de Ramita ? » se demande-t-elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait le lien avec le rêve lucide qu'elle avait fait. La liberté qu'elle avait ressentie en nageant dans l'eau sans fin ne l'avait pas encore quittée. Elle était toujours présente, toujours dans un coin de sa tête.

Et de temps en temps, y penser lui procurait un sentiment de bien-être.

Ps de Ciriolla: Mon Eugène, tout le monde est faible fasse au plaisir... surtout celui là...

sinon c'est l'heure de la douche froide, j'ai pris un petit coup de chaud XD

Tome 1 – Chapitre 161 – La bibliothèque La vie était tellement imprévisible. Je n'aurais jamais pensé qu'un jour viendrait où je serais capable de comprendre les louanges et la gloire attribuées à Anikas, s'amusa-telle. Penser à sa Ramita la rassurait. Si avant son arrivée à Mahar, elle avait l'impression d'avoir gagné à la loterie, maintenant, elle avait l'impression que c'était le prix gagnant !

Elle se sentait invincible, il n'y avait rien qu'elle ne puisse pas faire avec sa Ramita. Ce n'était pas comme si son pouvoir avait des effets directs sur les gens autour d'elle.

Elle commençait à se rendre compte que passer ses journées à se recroqueviller dans la peur de l'inconnu n'allait rien arranger. Elle estimait donc qu'il n'était plus nécessaire de repousser Kasser de peur de ne pas être assez digne de lui.

De plus, il serait ridicule de prendre au pied de la lettre sa proposition de recommencer à zéro. Devaient-ils avoir des rendez-vous et être timides au lit ? Faire semblant d'être autre chose qu'innocents ? Ils ont des sentiments l'un pour l'autre, mais à part cela, elle ne niera pas qu'elle l'aimait sous les draps.

Elle était même allée jusqu'à atteindre l'orgasme rien qu'avec sa langue, elle avait dépassé le niveau de la naïveté.

Avec toutes ces pensées qui lui traversaient l'esprit, elle remarqua à peine qu'elle était arrivée à la bibliothèque. A cause de tout ce qui s'était passé ces derniers jours, cela faisait un moment qu'elle n'avait pas visité cet endroit.

Je vais probablement pouvoir voir un nouveau souvenir.

Posant sa main sur la poignée de la porte, elle inspira profondément avant de pousser la porte. D'un côté, elle était dans l'expectative, d'un autre côté, elle avait un peu peur de ce qu'elle pourrait découvrir.

Elle entra dans la bibliothèque et referma doucement la porte derrière elle. Elle regarda lentement les murs de la bibliothèque, ses doigts effleurant le dos des livres. Rien n'avait changé depuis la dernière fois qu'elle était venue ici.

Même le livre qu'elle avait laissé sur la table était encore exactement comme elle l'avait laissé.

Alors qu'elle s'approchait de la table, Eugène s'arrêta brusquement. Un des souvenirs de Jin apparut soudain devant elle. Eugène retint sa respiration et se concentra sur l'observation du souvenir, le gravant dans le sien.

Jin avait posé un vieux livre sur la table et en avait ouvert la couverture. Juste à côté d'elle, il y avait une dague aiguisée et une lanterne à huile brillamment allumée. Elle souleva la dague et passa sa lame dans la flamme de la lanterne. Une fois la lame suffisamment chauffée, elle s'en servit pour trancher les pages du livre.

Plusieurs pages tombèrent sur le sol...

Voie de la magie, vaisseau, médium. On dirait que j'ai encore un long chemin à parcourir'. marmonna Jin en refermant le livre avec un soupir désintéressé. Reposant la dague sur la table, Jin referma le livre...

Et le souvenir prit fin.

Eugène parcourut la bibliothèque à la recherche du livre qui portait la même couverture que celui qu'elle avait vu dans son souvenir. Elle parcourut la rangée qui lui parut interminable, et heureusement pour elle, le livre qu'elle cherchait était posé sur la table avec d'autres volumes.

Elle chercha rapidement la page qui avait été grossièrement découpée par une lame de dague, et les morceaux déchiquetés correspondaient à ceux qu'elle avait vus dans le souvenir de Jin.

Elle essaya de se rappeler le contenu de la page, mais la seule chose qu'elle voyait dans ses souvenirs était la rapidité avec laquelle la lame avait déchiré le papier, et aucun souvenir de Jin lisant le long de la page.

Tout ce qu'elle sait du bref coup d'œil qu'elle avait eu, c'était que les pages étaient pleines de diagrammes et de dessins scientifiques, et de quelques mots éparpillés sur la page, écrits en phrases courtes décrivant les illustrations.

« Voie de la magie, vaisseau, médium... »

Tels sont les mots que Jin marmonnait pour elle-même. Eugène n'avait aucune idée de ce qu'elle voulait dire, mais elle devinait que cela pouvait être important. « C'est probablement lié à la page qu'elle a coupée. » pensa Eugène.

Après avoir vu ce souvenir, Eugène confirma enfin ses soupçons. Jin ne collectionnait pas les livres par hobby, mais elle cherchait quelque chose de précis, et elle avait réussi à le trouver dans ce livre, en avait arraché les pages et l'avait gardé pour elle.

« Où a-t-elle pu cacher ces pages ? »

Eugène sonda les autres livres sur la table, mais, malheureusement pour elle, elle ne parvint pas à éveiller d'autres souvenirs. Elle se dit qu'elle pourrait peut-être fouiller la pièce à la recherche d'autres indices, mais elle s'arrêta net et s'en tint là. Elle se rendit compte que même si elle passait toute la journée dans la bibliothèque, elle ne découvrirait pas grand-chose étant donné que le souvenir dont elle se souvenait était entièrement incomplet, ce qui rendait la recherche inutile. Ce souvenir lui donna cependant un indice.

Elle devait utiliser cet indice à son avantage et chercher d'une manière différente.

Elle n'était plus la fille qui ne savait rien et comprenait à peine tout. Elle n'était plus la jeune fille désemparée qu'on avait déposée à Mahar. Elle avait déjà tant appris.

Elle avait accès à l'argent et au pouvoir chaque fois qu'elle en avait besoin. Avec Marianne comme enquêtrice loyale, la confiance d'Eugène à son égard s'était renforcée.

Tant que leurs actions n'auront pas d'impact négatif sur le royaume, tout se mettra en place.

Eugène sortit de la bibliothèque. Le garde qui montait la garde devant le bureau inclina la tête vers elle en signe de révérence lorsqu'elle passa devant lui.

« Une fois que tout cela sera terminé, je vais me débarrasser de cette bibliothèque »

Eugène voulait détruire toutes les traces que Jin avait laissées dans ce monde, à commencer par cette bibliothèque. On aurait dit qu'elle commettait un crime en faisant cela, mais cela ne la dérangeait pas le moins du monde.

D'un air impassible, Eugène réalisa : « Pour être honnête, ce n'est pas comme si Jin m'avait fait quelque chose personnellement... »

En fait, c'est elle qui était censée se sentir désolée d'avoir pris le corps de Jin. Mais elle n'arrivait pas à atténuer la haine qu'elle éprouvait de temps en temps pour Jin.

Ps de Ciriolla: bon Eugène, la nuit a été sympa, mais on est content d'avancer dans la résolution des mystères...

Tome 1 – Chapitre 162 – L'inquiètude d'Abu

« La voie de la magie.... »

Elle pensa que les diagrammes de la page déchirée avaient peut-être quelque chose à voir avec les mots « Voie de la magie », car Jin avait marmonné ces mots en s'agrippant aux feuilles.

Il y avait eu quelque chose de similaire sur Terre, là où elle avait vécu à l'origine. Comme une magie noire, ou la capacité d'invoquer des démons.

Au Moyen-Âge, lorsque la religion régnait sur le monde entier, la magie noire était très respectée, les gens croyaient en son existence et s'assuraient de vivre leur vie en accord avec ses enseignements. Mais la société moderne d'aujourd'hui était différente, et les gens pensaient que ce n’étaient que des contes.

Comme sur Terre, la science prévaut à Mahar. Mais malgré la nature idéaliste de Mahar, des événements inexplicables semblaient se produire quotidiennement.

« Je me demande si cela n'a pas un rapport avec l'invocation de Mara, le Dieu » se dit Eugène.

Mais l'histoire n'avait plus aucun sens. Rodrigo avait dit que Jin avait disparu juste avant le rituel, et il semblait qu'il ne connaissait pas la raison pour laquelle la reine s'était rendue dans le désert. Si Jin voulait invoquer Mara, elle ne devait pas avoir besoin de le leur cacher.

Obtenir l'aide des serviteurs de Mara aurait été très utile à Jin, mais pourquoi a-t-elle ressenti le besoin de rassembler ces vieux textes à la place ? Ce n'était pas comme s'ils ne se connaissaient pas, et elle avait même le titre de 'Sainte' attaché à son nom.

Complètement perdue dans ses pensées, Eugène traversait les couloirs sans qu'aucune servante ne la suive. Elle n'avait pas demandé de compagnie car elle ne pensait pas prendre autant de temps dans la bibliothèque.

En approchant des galeries, ses pensées dérivèrent vers les souvenirs de ses jeux avec Abu. Elle s'en souvint avec tendresse tout en marchant péniblement.

« Je n'ai pas revu Abu depuis ce jour... »

Elle n'était pas en mesure de le remercier comme il se doit. Sans Abu, elle aurait été gravement blessée en tombant du cheval.

Eugène se rendit à l'endroit où Abu et elle se retrouvaient toujours. Elle s'assura d'arriver à la même heure que d'habitude et fit même face à la direction d'où Abu venait toujours. Elle l'appela et attendit, mais la petite panthère noire n'apparut pas.

« Abu ! »

Eugène l'appela à nouveau. Mais Abu n'est toujours pas là. Malgré l'absence d'Abu, Eugène décida d'attendre encore. Elle ne comprit pas pourquoi le hwansu du roi n'apparaît pas, alors qu'il est certainement dans les parages.

Le hwansu était un type d'alouette, et maintenant elle était capable de sentir la présence d'une Alouette à proximité. Elle était déjà capable de les percevoir auparavant, mais ce n'était pas très clair à l'époque.

Depuis qu'elle avait fait un rêve lucide et qu'elle avait pu utiliser son Ramita, ses sens avaient doublé et étaient devenus plus aiguisés. La sensation particulière qu'elle avait toujours ressentie en présence d'une Alouette était beaucoup plus forte et reconnaissable à présent.

« Abu. Si tu ne sors pas tout de suite, je te jure que je vais partir ! »

En entendant ses mots, la petite panthère noire fit soudainement son apparition. Elle se trouvait sous un buisson, rampant lentement pour sortir de sa position, et ne dégageait pas son attitude habituelle de confiance et d'enthousiasme.

Les oreilles de la panthère étaient aplaties contre sa tête, et ses épaules se baissaient vers le sol. Dans cet état, elle faisait presque pitié.

Elle se rappela soudain l'état féroce d'Abu. La vue d'Abu combattant un monstre aussi grand qu'une maison était encore claire dans son esprit, comme si cela s'était passé hier.

Abu était alors confiant et inébranlable, contrairement à la panthère qu'elle voyait maintenant.

Il était si mignon dans cet état qu'elle avait envie de le serrer dans ses bras et de frotter son visage directement sur sa fourrure douce et moelleuse. Le rire menaça également de jaillir, mais elle le retint dans sa poitrine.

Elle ne savait pas pourquoi la panthère agissait ainsi, mais il avait l'air si sérieux qu'elle était heureuse de pouvoir contenir son rire, ne voulant pas offenser la panthère de quelque manière que ce soit.

« Abu, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu es fâché contre moi ? » demanda Eugène.

Il lui répond en se couchant sur le sol mou et en remuant la queue. Il semblait dire « non

»

« J'ai été très reconnaissant de l'aide que vous m'avez apportée ce jour-là. Je suis désolé de l'avoir dit qu’à l'instant. C'est pour ça que tu es fâché ? » demanda-t-elle à la panthère.

Il continua à remuer la queue.

« Hmmm. Quel est le problème ? Je n'arrive pas à le comprendre »

Eugène s'approcha lentement d'Abu, ne voulant pas effrayer la panthère qui se dirigeait vers lui. Abu ne semblait pas gêné par leur proximité. Eugène tendit les mains et attira la panthère noire contre elle, la serrant dans ses bras.

« Abu, c'est bon »

Comme si elle réconfortait un enfant, elle tapota Abu en le tenant dans ses bras. Abu sembla apprécier son affection et se mit à ronronner à son contact. Reprenant rapidement ses esprits, il redressa soudain les oreilles, redevenant comme avant.

En réalité, Abu n'était pas capable d'oublier les cris de peur d'Eugène lorsqu'il avait jeté le rat juste à côté d'elle.

Après cet incident, il craignait qu'Eugène ne l'aime plus. Même s'il avait été félicité pour l'avoir aidée lorsqu'elle était tombée du cheval, cela n'avait pas apaisé ses inquiétudes.

Mais maintenant qu'Eugène le prenait dans ses bras et jouait avec lui comme elle le faisait auparavant, ses craintes se dissipaient lentement et s'atténuaient complètement.

Il s'était même mis sur le dos pour montrer qu'il était enjoué.

Il ne pouvait pas parler, mais il la regardait comme s'il lui promettait de ne plus jamais lancer un rat vers elle.

Ps de Ciriolla: c'est sur que déjà quand nos chats nous ramène des cadeaux à base de proie, c'est pas génial... se faire offrir un rat gros comme un immeuble... beurk

Tome 1 – Chapitre 163 – Les assistantes

« Si mignon, Abu »

Eugène sourit et s'accroupit à côté de la panthère. Elle lui gratta légèrement le menton du bout des doigts.

Je me demande si Abu ne m'aime pas à cause de ma Ramita...

Elle entendit dire qu'Abu ne s'intéressait pas à Jin. Jin était une Anika, même si ses capacités étaient faibles, elle avait toujours une Ramita.

Peut-être qu'Abu ne réagit pas à n'importe quelle Ramita, mais seulement à une Ramita forte et puissante, comme celles que l'on trouvait dans les romans où les Alouettes étaient toujours rassemblées autour de Flora ?

Qu'est-ce qu'une Ramita exactement ?

Elle n'était pas tout à fait sûre que la transformation d'une Alouette en arbre ait un sens.

Ce n'était qu'un arbre.

L'arbre qu'elle avait vu hier n'avait rien de suspect, et le fait que l'Alouette se soit transformée en arbre, une forme de vie complètement différente, signifiait probablement que l'Alouette avait déjà été détruite et qu'un arbre était né à sa place.

La destruction équivaut à la mort. Si c'était ainsi qu'une Alouette mourait, en se transformant en arbre, les Alouettes devraient alors éviter les Anikas. Mais pourquoi les Alouettes se rassemblaient-elles autour des Anikas, au lieu d'essayer de s'en débarrasser ?

BANG !

Une forte fusée fit lever les yeux d'Eugène. Une fumée jaune remplit le ciel et elle poussa un soupir de soulagement. Elle avait traversé tant d'épreuves qu'une éruption jaune ne semblait pas devoir l'inquiéter.

Abu, qui s'était couché sur le dos et s'amusait à frapper sa main avec son museau et ses pattes, se remit soudain sur ses pattes. Il tourna la tête, comme si ses oreilles captaient quelque chose, et se mit immédiatement à courir. Son petit corps se mit à grossir de plus en plus.

« Son maître a dû l'appeler » murmura Eugène.

Eugène le regarda courir, la fierté se lit sur son visage. « Si brillant pour un jeune animal

! » et elle éclata de rire.

Elle avait presque oublié qu'il n'était pas jeune et qu'il était probablement plus âgé qu'elle. Abu avait au moins plusieurs dizaines d'années.

La plupart des Hwansu peu expérimentés étaient maladroits, mais Abu était plus qu'intelligent - à bien des égards, ses pairs ne l'étaient pas.

Non seulement cela, mais il pouvait aussi s'adapter facilement aux lois de l'humanité.

Elle avait entendu dire que sa loyauté envers le roi était inégalée, mais qu'il méprisait les autres êtres humains. Cela signifiait seulement qu'il comprenait les différents niveaux de hiérarchie dans la société.

Elle s'était tellement habituée à sa forme de chat qu'elle pensait toujours qu'il était jeune alors qu'il ne l'était pas.

Elle retourna au château et une servante vint lui faire un rapport.

« Votre Majesté, les aides royaux sont venus vous saluer. Ils attendent dans le salon de votre bureau. »

« D'accord » dit Eugène.

Ce matin, Marianne vint voir Eugène en lui annonçant que le roi lui avait recommandé trois aides.

Tous les trois avaient une très bonne réputation, presque irréprochable même. Elle avait donc informé le général qu'elle les engageait comme assistants royaux, avec effet immédiat.

Elle se rendit dans le salon de son bureau. Trois femmes attendaient, l'air tendu. D'après leurs CV, elles avaient déjà de l'expérience, mais elles semblaient toutes nerveuses et avaient l'air d'amatrices alors qu'elles ne l’étaient pas.

« Salutations, Votre Majesté » Elles la saluèrent toutes.

« Bonjour. Voulez-vous bien me dire vos noms ? »

Sandy, Regina et Sandra. Eugène mémorisa leurs noms et les visages correspondants lorsqu'elles se présentèrent. Elles étaient toutes différentes les unes des autres, chacune ayant un regard unique, il n'y avait donc aucune chance qu'Eugène les confonde toutes.

« Comme vous le savez tous, il n'y a personne ici pour vous assigner des tâches ou vous donner des instructions. Vous êtes les premières arrivées, sans aucune structure en place. Je ne peux donc pas vous dire exactement ce que vous devez faire. Votre travail pourrait être plus facile que prévu, mais il pourrait aussi être difficile. Je vous demande à tous les trois de vous faire confiance et de vous entraider dans votre tâche d'assistants. Une saine concurrence est souhaitable, mais je ne tolérerai pas les problèmes liés à la jalousie, qui seront traités en conséquence. »

Eugène créa intentionnellement une atmosphère stricte avec son ordre. Elle n'avait pas l'intention d'inspirer la peur à ses assistants, ni de leur mettre la pression d'une manière ou d'une autre.

C'était parce qu'elle savait qu'il valait mieux paraître strict et professionnel que de paraître aimable, ce qui leur permettrait d'outrepasser leurs limites. Elle ne voulait pas paraître naïve devant elles.

« Nous ferons ce que vous ordonnez, Votre Majesté. »

« Nous veillerons à ce qu'il n'y ait pas de problème, Votre Majesté »

« C'est un honneur de vous servir et d'être à vos côtés, Votre Grâce »

Elles répondirent tous consciencieusement. Eugène fut surprise de voir de telles réactions de leur part, complètement différentes de ce à quoi elle s'attendait. Elles restèrent à leur place et leurs yeux brillants regardèrent la reine avec rien d'autre que de l'admiration et du respect

Tome 1 – Chapitre 164 – La visite de la reine

Les assistantes désignées accordèrent toute leur attention à Eugène pendant qu'elle parla. Consciente de leur regard indéfectible, Eugène s'éclaircit la gorge pour atténuer l'intensité de l'atmosphère.

« Les salutations suffisent pour aujourd'hui. Je vous verrai tous demain »

« Nous vous verrons demain, Votre Grâce » Elles firent leurs adieux à l'unisson et quittèrent la pièce.

Eugène se rendit dans son bureau pour dresser la liste de toutes les choses dont elle devait discuter demain avec ses assistantes, en les couchant toutes sur le papier, à commencer par le budget du palais.

Jusqu'à présent, c'était le général en chef qui s'occupait du budget du palais. Le système était le suivant : Le chef général fournit un plan détaillé sur la manière dont le budget sera dépensé, en s'assurant que toutes les allocations de fonds sont énumérées, puis il le présente au roi pour obtenir son approbation pour l'exécution du budget. On peut se fier aux mesures rationnelles du chef général.

Aucun détournement de budget n'avait eu lieu sous sa supervision. Cependant, les plans semblaient passifs et cohérents, et aucun changement n'avait été proposé malgré la hausse continue des prix chaque année. Il en résultait que les gens du palais dépensaient avec prudence, presque avec parcimonie.

Il n'était donc pas étonnant que le chambellan soit venu en visite.

Eugène pensa au jour où le chambellan était venu la voir pour lui exposer les raisons de l'augmentation du budget. Il ne l'avait pas dit directement, mais il avait réussi à faire comprendre à Eugène la nécessité d'une telle allocation.

Elle découvrit qu'il n'y avait que peu ou pas de fournitures supplémentaires pour les personnes qui vivaient dans le palais. La pénurie était évidente et le nombre actuel de fournitures ne suffirait pas à satisfaire toutes les personnes vivant dans le palais.

Cette insuffisance aurait été logique si tout le royaume était pauvre, mais ce n'était pas le cas et c'était seulement à cause des loisirs coûteux de Jin Anika qu'il en était ainsi.

Un domestique frappa à la porte d'Eugène.

« Votre Majesté, le général en chef est ici pour vous voir » La servante entra dans le bureau.

« Faites-la entrer » acquiesça Eugène

Sarah entra et salua formellement la reine. Eugène regarda Sarah d'un air doux.

Lorsqu'Eugène prit la responsabilité des allocations budgétaires, elle vérifia personnellement tous les reçus fournis par Sarah. Ce fut ainsi qu'elle commença à faire davantage confiance à Sarah. En voyant toutes les preuves d'achat qui lui étaient présentées, rien n'indiquait qu'il s'agissait d'une utilisation personnelle.

Bien que l'approbation de ces achats vienne du roi, Sarah était toujours celle qui gérait l'énorme quantité d'argent, et c'était elle qui la distribuait à leurs allocations respectives.

« Il y a quelque chose que tu dois me dire ? » demanda Eugène.

« Nous allons engager des employés temporaires. Il y aura 12 travailleurs supplémentaires qui commenceront à travailler demain et ce, jusqu'à ce que la saison sèche commence. J'ai aussi apporté une liste de leurs noms » répondit Sarah Eugène acquiesça : « Merci pour votre travail »

Sarah déposa le dossier sur le bureau de l'étude.

« Dois-je rencontrer ces personnes personnellement ? Est-ce que je saluais les employés non permanents à l'époque ? » demanda Eugène.

« Vous ne l'avez pas fait, Votre Majesté. Il n'est pas nécessaire que vous les rencontriez, car ils ne sont pas responsables du travail qui vous concerne »

Eugène pensait avec certitude qu'elle verrait le nom de Rodrigo sur la liste. Elle décida de continuer à chercher à savoir comment Rodrigo s'approchait du palais.

Après que Sarah quitta le bureau, Eugène ouvrit le dossier qui contenait les noms des employés temporaires, et elle constata qu'il n'y a rien de particulier sur cette liste.

BOOM !

En entendant le signal de l'éruption, Eugène se leva immédiatement de son bureau et se dirigea vers la fenêtre pour voir ce qui se passait. Elle sourit en voyant de la fumée bleue flotter dans le ciel.

Elle resta près de la fenêtre à regarder la fumée s'évaporer lentement. « Abu reviendra avec le roi sur son dos » se dit-elle, regrettant immédiatement Kasser.

« Le trésor »

Eugène se souvint soudain qu'elle devait en parler au roi. Pensant que c'était une bonne raison, Eugène n'hésita pas à tourner le dos et à quitter le bureau.

Une file d'attente se forma jusqu'au bureau. Les fonctionnaires étaient en train de faire la queue pour remettre personnellement leurs messages au roi. C'était un spectacle peu commun, mais qui semblait se produire de temps en temps.

Deux mois s’étaient déjà écoulés depuis le début de cette période active, et il ne restait plus que 26 jours environ.

Les régions de Hashi, situées très loin du désert, étaient les plus attaquées. Les Alouettes se rapprochaient toujours de ces régions au début de la période d'activité. Au bout d'un mois, ces régions commençaient à baisser leur garde et, à la fin du deuxième mois, les fonctionnaires commençaient à se rendre dans le désert pour faire leur rapport au roi.

Les fonctionnaires qui se trouvaient dans la file d'attente s'agitèrent en se retournant, des expressions de stupeur se lisant sur leurs visages lorsqu'ils virent la reine s'approcher du bureau.

La reine arriva accompagnée de ses serviteurs. Pour la plupart des fonctionnaires, c'était la première fois qu'ils voyaient la reine en personne. Mais ils savaient qu'il s'agissait bien de la reine, connue pour ses caractéristiques particulières.

La reine était connue pour ses cheveux noirs et ses yeux noirs qui mettaient en valeur sa beauté. Elle était belle et mystérieuse à la fois. Les fonctionnaires la regardaient comme si elle avait une auréole flottant au-dessus de sa tête, complètement captivés par le conte de la reine transformant une Alouette en arbre.

Ceux qui étaient conscients de leur environnement s'inclinèrent rapidement lorsqu'elle passa devant eux. Mais quelques fonctionnaires étaient restés debout, encore sous l'emprise de l'idée de rencontrer la reine en personne, tandis que leurs pairs les poussaient sur le côté pour leur rappeler de lui présenter leurs respects.

Le chambellan courut vers la reine et s'inclina.

« Votre Majesté »

Eugène fut surprise par la foule qui faisait la queue devant le bureau du roi. « Qu'est-ce qui se passe ? » demanda la reine.

« Ces fonctionnaires sont sur le point de faire leur rapport au roi, Votre Grâce »

Eugène jeta un coup d'œil autour de la salle bondée : « C'est toujours comme ça ? »

« Pas toujours. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter » l’assura le chambellan

« Je suppose que le roi a plus de travail que d'habitude, hein ? »

« Oui, Votre Grâce. Puis-je demander ce qui amène notre reine ici ? »

« Je suis venue voir Sa Majesté, mais ce n'est pas important. Je le verrai plus tard, quand il ne sera pas occupé » dit Eugène.

« Non, Votre Majesté » Le chambellan accompagna la reine dans la salle de réception et se rendit dans le bureau du roi. C'était la première fois qu'elle se rendait sur le lieu de travail du roi. Tout le monde savait aussi que la reine et le roi s'entendaient bien.

« Il n'y a rien d'urgent pour le moment, je le ferai savoir à Sa Majesté tout de suite » Le chambellan se retourna et partit.

Tome 1 – Chapitre 165 – Je veux voir le trésor

Quelques personnes faisaient la queue devant le bureau du roi. Les yeux de Kasser se déplacèrent de haut en bas tandis qu'il lit document après document. Il n'avait pas pu se reposer depuis le début de la journée en raison de la quantité de travail à accomplir.

Il n'avait pas eu d'autre choix que de se lever au milieu de la nuit lorsqu'il fut informé d'un signal d'éruption. Il avait réussi à traquer l'Alouette sans difficulté et reprit son travail juste après sa poursuite matinale.

Le bureau était toujours occupé à cette époque de l'année. C'était un événement annuel et c'était quelque chose qu'il avait l'habitude de faire, mais Kasser n'avait désespérément pas envie de se noyer dans le travail en ce moment.

Kasser se pétrit les tempes d'une main, incapable de se concentrer sur le document qu'il avait devant lui, son esprit dérivant ailleurs.

Il s’était t juré de donner la priorité au royaume avant toute autre chose, mais il était plutôt distrait en ce moment, avec des pensées qui n'avaient rien à voir avec le travail qu'il avait devant lui.

Il se souvint du bruit de ses pas lorsqu'il dut quitté la chambre de la reine ce matin. Ce qu'il voulait alors, c'était remettre le travail à plus tard, et plutôt faire un câlin à sa reine.

Cela ne lui ressemblait pas de penser à de telles choses, d'être si émotif qu'il soit prêt à remettre le travail à plus tard, mais il se sortit de ses pensées et poursuivit sa journée, et était le monarque qu'il était

« Votre Majesté »

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda le roi d'un ton irrité. Il pensait que le chambellan lui avait apporté plus de travail.

« La reine est venue vous voir »

Kasser ne s'attendait pas du tout à cela. Il haussa un sourcil, confus.

« Il semble que Sa Grâce ait quelque chose à vous dire. Je l'ai escortée jusqu'à la salle de réception, dois-je la faire entrer ? »

« Oui, dites-lui d'entrer »

Le roi posa les documents qu'il était en train de lire et les rangea en une pile bien ordonnée. Le chambellan rassembla alors tous les fonctionnaires qui traînaient dans le bureau et sortit.

Eugène se rendit au bureau dès que le groupe fut parti.

Eugène sourit timidement au roi lorsque leurs regards se croisèrent. Elle se sentait soudain gênée de venir ici à l'improviste, alors que le roi avait des affaires plus importantes à régler.

« Votre Majesté, je m'excuse de vous déranger alors que vous êtes très occupé » dit Eugène

« Il n'y a pas lieu de s'excuser. J'étais sur le point de faire une pause, de toute façon »

Kasser se leva de son bureau et entraîna Eugène vers le canapé. Elle s'assit en observant le bureau. L'endroit avait la même apparence que la dernière fois qu'Eugène était venue ici, lorsqu'elle avait jeté un coup d'œil à un lézard Hwansu. Le bureau était minimal, avec quelques meubles ici et là.

« Dis-moi, est-ce que ça te met mal à l'aise quand je viens te voir dans ce bureau ? »

demanda Eugène.

« Je ne vous ai jamais interdit de venir ici, n'est-ce pas ? N'hésitez pas à venir ici à tout moment » assura le roi

Elle trouva que le roi était trop prévenant. Elle remarqua la pile de documents empilés sur sa table et la longue file de fonctionnaires qui attendaient à l'extérieur. C'était une journée très chargée pour le roi, et Eugène était reconnaissante d'avoir été bien accueillie malgré son emploi du temps chargé.

« Je ne vois pas le petit garçon » dit Eugène.

« Le petit enfant ? » demanda le roi d'un ton confus.

« C'est un nom que j'ai inventé. Par petit enfant, j'entends le Hwansu que tu as ramené du dépôt »

« Il est dans le hall, près de ma chambre. Voulez-vous le voir maintenant ? » Ses sourcils se froncèrent. « Est-ce que c'est ce qu'elle est venue chercher après tout ? La petite peste ?

»

« Non, je ne suis pas venu pour ça. Je voulais te demander quelque chose, mais ce n'est pas important. Tu n'es pas obligé de me répondre tout de suite, d'accord ? »

Kasser acquiesça

« Qu'est-ce que le trésor ? » Eugène continua : « Et pourquoi n'ai-je pas pu y aller ? »

Kasser fronça légèrement les sourcils, à peine perceptible. Il supposait qu'Eugène se souvenait du trésor lorsqu'elle avait dit qu'elle avait retrouvé une partie de sa mémoire.

« L'ancien toi y allait souvent » dit Kasser en toute honnêteté. Il dit également à Eugene qu'il ne voulait pas mentionner le trésor de peur de réveiller ses souvenirs.

« Combien de fois y suis-je allé ? » demanda Eugène.

« J'ai entendu dire que tu étais allé au trésor très souvent. Actuellement, il faut mon accord pour que les portes s'ouvrent, mais l'ancien toi y allait librement »

« Qu'est-ce que j'y ai fait exactement ? »

« J'aimerais pouvoir te poser la même question » se dit Kasser.

« Tu disais que tu voulais voir les trésors les plus précieux du royaume » répondit Kasser d'un ton patient.

« C'est tout ? » demanda Eugène, peu convaincue.

« Oui, sauf le jour où tu es allé dans le désert » remarqua Kasser. Eugène voulut en savoir plus.

« Alors, le collier que j'ai pris est celui qui se trouvait dans le trésor » Eugène se rendit compte que Kasser ne l'interrogea pas davantage sur la disparition du trésor. Il préférait cacher que le trésor avait été volé, plutôt que de retrouver l'ancienne Jin Anika. Elle se sentit bizarre lorsqu'elle réalisa à quel point Kasser détestait l'ancienne reine.

« Eh bien, en fait... » Kasser hésite, jeta un coup d'œil à Eugène et poursuit,

« Ce collier n'est pas le trésor manquant »

« Quoi ? » demanda Eugène, visiblement confus.

« Attendez » Kasser regarda Eugène avec une expression nerveuse. Il ne voulait pas qu'elle pense qu'il la considérait comme une voleuse.

« Ne me dis pas quel est le trésor manquant » Eugène continua : « Je pense que je pourrais m'en souvenir »

De toute façon, Eugène n'avait jamais pensé que Kasser la considérait comme une voleuse. Kasser n'avait pas besoin de mentir.

« Je veux visiter le trésor »

Tome 1 – Chapitre 166 – La salle au trésors

Kasser accéda à la demande d'Eugène, estimant qu'il n'avait plus aucune raison de lui cacher le trésor.

« Il y a juste quelque chose que je dois faire maintenant, que diriez-vous d'y aller dans l'après-midi ? »

Eugène acquiesça, « D'accord. Ça me paraît bien »

*****************************************

Alors que l'après-midi s'écoulait, Eugène se prépara, tout à fait prêt à sortir du palais pour la sortie d'aujourd'hui vers le trésor. Le chambellan alla la chercher dans ses appartements, et Kasser l'escorta vers un couloir inconnu.

Eugène ne pensait pas que le trésor se trouvait à l'intérieur du palais. En y repensant maintenant, Eugène se rendit compte qu'elle n'avait pas exploré le palais aussi minutieusement qu'elle le pensait. Elle ne se rendit que dans des endroits qui lui étaient familiers, sans jamais mettre les pieds en terrain inconnu. Et elle n'avait pu faire le tour du palais que sous la conduite des servantes.

L'endroit était, comme prévu, très bien gardé, avec des gardes royaux alignés le long du couloir jusqu'aux escaliers. Il sembla que ce soit le seul chemin qui mènait au trésor.

En descendant l'escalier en colimaçon, une série de portes à double arche les attendait.

Des gardes étaient postés devant les portes pour les surveiller.

« Ouvrez la porte » ordonna Kasser.

« Oui, Votre Majesté » Un garde déverrouilla la serrure et desserra les chaînes qui bloquaient l'ouverture. Les gardes poussèrent le verrou sur le côté et ouvrirent la porte.

Une femme ne serait pas capable d'ouvrir cette porte seule, réalisa Eugène en voyant les gardes déployer tant d'efforts pour ouvrir la lourde porte.

Soudain, des souvenirs commencèrent à envahir sa tête et elle parut fascinée par l'endroit qui se dévoilait lentement sous ses yeux. Le spectacle qui s'offrait à elle était si semblable à son souvenir qu'elle ne parvenait pas à les distinguer l'un de l'autre.

« Qu'a ressenti Jin lorsque ces portes se sont ouvertes ? A quoi pensait-elle exactement ?

» pensa Eugène intérieurement. Elle se rendait compte qu'entrer en contact avec les émotions de Jin ne serait pas bon pour elle, mais elle voulait quand même le savoir.

« Tu veux y aller seule ? » lui demanda Kasser.

« Non, allons-y ensemble. Je pourrais avoir besoin de vos conseils, Votre Majesté » dit Eugène. Elle aurait besoin de toute l'aide de Kasser.

Kasser et Eugène entrèrent à l'intérieur. Un long et large couloir s'étendait devant eux.

Sur les côtés, il y avait de nombreuses portes qui menaient toutes à des pièces différentes.

Eugène ne se souvenait de rien, et cela ne lui rappelait rien. Mais le chemin lui semblait familier, et ils allaient tout droit, Kasser essayant de suivre le rythme de la jeune femme.

Arrivée au bout du long couloir, Eugène s'arrêta devant la porte et s'agrippa à la poignée, qu'elle tourna avec précaution avant d'ouvrir la porte. Elle le faisait de manière méticuleuse, comme si elle rejouait ses actions du passé.

Le souvenir s'arrêta dès qu'elle entra dans la pièce. Celle-ci était rendue plus spacieuse par son haut plafond faiblement éclairé.

Elle s'avança dans la pièce en observant son environnement. Il y avait une statue placée sur un côté, des tablettes de pierre avec des inscriptions gravées, et quelques objets qui ressemblaient à des cornes d'animaux.

Sur les côtés du couloir se trouvait un espace assez large pour accueillir deux personnes.

Dans cet espace se trouvaient des trésors qui n'étaient protégés par aucune barricade ou boîte de rangement. Il suffisait de tendre le bras pour toucher les trésors.

Les trésors avaient l'air aléatoires, leurs caractéristiques n'étaient pas uniformes. Ils étaient tellement différents les uns des autres que la pièce ressemblait à la réserve d'un magasin d'antiquités. Ils n'avaient même pas l'air chers. Eugène supposa qu'il s'agissait d'artefacts historiques assez importants.

Eugène s'arrêta soudain de marcher.

Où se trouve-t-il ?

Eugène entendit la voix de Jin et se retrouva à nouveau dans les souvenirs de Jin.

Il est censé être ici. Il doit être ici.

Eugène suit la ligne de pensée de Jin. Pour Kasser, Eugène semblait simplement regarder tous les artefacts, mais son esprit était ailleurs, concentré sur les souvenirs de Jin.

Eugène s'arrêta, suivant de près l'endroit où Jin s'était arrêté dans ses souvenirs.

L'attention de Jin était fixée sur une sculpture représentant deux mains tenant un œuf sombre de forme ovale.

« Il est là. Je savais qu'il serait là ». dit Jin d'une voix tremblante.

Eugène ressentit les émotions intenses de Jin. Elle avait entendu la voix de Jin plusieurs fois dans ses souvenirs, mais jamais comme ça, jamais avec des sentiments aussi honnêtes et passionnés.

Je l'ai trouvé. Je l'ai enfin trouvé !

Jin laissa échapper un cri de rire, hurlant de victoire. Le son montrait complètement sa joie débordante.

Le flashback se termina brusquement. Elle fut ramenée à la réalité et réalisa que la sculpture devant elle était différente - elle ne contenait plus l'œuf sombre de forme ovale comme dans les souvenirs de Jin.

« C'est ça. C'est l'objet que Jin a volé et avec lequel elle s'est rendu dans le désert »

Eugène se tourna vers Kasser : « Est-ce le trésor manquant ? »

« Tu t'en souviens ? » demanda Kasser.

« Comme je vous l'ai déjà dit, les souvenirs que j'ai retrouvés ne contiennent que des bribes. Je me suis souvenu de l'intérêt que je portais à l'objet placé ici, mais je ne me souviens pas pourquoi je l'ai pris, ni quand je l'ai pris. Quel est l'objet qui se trouvait ici ?

» demanda Eugène en montrant la sculpture.

« C'était une graine »

« Une graine d'Alouette ? Aussi grosse ? »

« En fait, je ne suis pas sûr que ce soit une graine ou non » dit Kasser en se grattant la tête. Il se redressa et raconta à Eugène l'histoire de ce trésor national.

Il y a bien longtemps, une énorme Alouette avait réussi à se frayer un chemin jusqu'au palais. Les apparitions d'Alouettes étaient assez courantes à l'époque. En l'absence de murs barricadant le royaume, on ne pouvait compter que sur le palais pour protéger les civils du désert.

Il était bien connu que les proportions de l'Alouette en question étaientt énormes par rapport à la taille du palais. Et Kasser pensait vraiment que cette légende était exagérée, car il était presque impossible pour un humain de pouvoir repousser une alouette aussi énorme. Le Roi du Désert de l'époque avait eu beaucoup de chance.

« C'est un trophée qui symbolise la victoire de l'époque » dit Kasser.

« Je ne savais pas que les Alouettes laissaient des traces. Je pensais que... »

« Oui, elles disparaissent sans laisser de traces. Ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas tout à fait sûr de son identité » expliqua Kasser.

Eugène maintient son attention sur la sculpture. Elle voulait voir plus de souvenirs, mais plus rien n'apparaissait devant elle.

« Et si c'était vraiment une graine ? » Eugène reporta son attention sur Kasser. La chair de poule éclata sur sa peau alors qu'elle imaginait à quel point le monstre qu'il contenait était gigantesque s'il s'agissait bien d'une graine. C'était sans aucun doute le plus grand monstre qui ait jamais foulé le sol de ce monde.

« Il y a eu des spéculations à ce sujet » dit Kasser.

Eugène hocha la tête en signe de compréhension : « L'Alouette se serait transformée en graine avant d'être complètement détruite »

« Il y a aussi une théorie qui dit que la graine a pris sa couleur foncée à cause du sang séché, ce qui en fait une graine vide. C'est logique quand on y pense, surtout si le noyau a effectivement été détruit » poursuit Kasser

Tome 1 – Chapitre 167 – Le trésor

national

« Une graine vide... »

Eugène acquit plus d'indices à partir de tous les souvenirs qu'elle avait vus aujourd'hui.

Elle savait maintenant que Jin s'était rendue au trésor pour trouver la graine d'Alouette, et que les livres anciens qu'elle avait rassemblés avaient également un rapport avec la graine.

« Les gens connaissent-ils ce trésor ? » demanda Eugène.

Elle avait vu dans ses souvenirs que lorsque Jin était venue chercher la graine, elle n'était pas tout à fait sûre qu'elle soit placée dans le trésor. Elle avait tenté sa chance en s'y rendant, et elle avait probablement obtenu l'information sur son existence d'une source fiable, aussi.

« Presque personne n'est au courant, car je n'ai jamais confirmé son existence » dit le roi.

« Mais qui pourrait bien savoir où il se trouve ? » demanda Eugène, le front plissé par la concentration.

« Les personnes chargées de l'entretien et de la surveillance de ce trésor doivent l'avoir vu. »

« Et les gens des autres royaumes, comme la Cité Sainte ? » Eugène l'interrogea davantage.

À la question d'Eugène, Kasser réfléchit profondément, pensant à d'autres personnes qui auraient pu connaître son existence, et la seule personne qui lui vint à l'esprit fut

'cette femme', celle qui l'avait mis au monde. Il était presque certain qu'elle était tombée sur le trésor lorsqu'elle résidait au palais.

Mal à l'aise, Kasser pensa à d'autres personnes qui auraient pu se rendre ici, et une autre personne lui vint à l'esprit.

« Sang-je... ? » devina Kasser.

Eugène sentit son cœur s'affaisser. Il était probable que Jin ait obtenu l'information de Sang-je. « Sang-je connaît-il les trésors de chaque royaume ? »

« Pas vraiment, mais cette graine est un artefact historique, donc elle a probablement été rapportée à Sang-je. Si un rapport écrit a été rédigé, alors la connaissance de cette graine a été conservée dans ce palais, jusqu'à aujourd'hui »

Eugène acquiesça. Il ne servait à rien de tirer des conclusions hâtives alors qu'ils n’avaient aucune preuve solide que c'était bien Sang-je qui avait informé Jin de l'existence de la graine. Jin aurait aussi pu l'apprendre en tombant sur le rapport écrit.

Eugène avait tant de questions à poser.

« Je me demande si Jin a épousé le Roi du Désert uniquement pour la graine ? » pensa Eugène intérieurement. Cela semblait ridicule, mais c'était possible. La graine était conservée dans un endroit sécurisé, et on ne pouvait y avoir accès qu'avec la permission du roi.

« Mais Jin n'était même pas sûr de l'endroit où elle se trouvait. Et si elle n'était pas ici ?

Pourquoi a-t-elle été si imprudente ? Et pourquoi la graine est-elle si importante ? » se demanda Eugène, alors que les pensées se succédaient dans sa tête.

« Votre Majesté, puis-je connaître la signification de cette graine ? » demanda Eugène.

« Je ne sais pas à quoi elle sert. Mais elle est précieuse puisqu'il s'agit du trésor national

»

« Trésor national ? » demanda Eugène d'un ton surpris. Elle n'y voyait qu'un artefact. «

Vous voulez dire que le trésor national a été volé ? Je pensais que vous alliez cacher le fait qu'il avait été volé » continua Eugène

« Je te l'ai dit, il n'est pas très connu, il n'est que symbolique, vraiment. Rien que nous ne puissions gérer » Kasser lui répondit d'un air détendu.

« Je m'excuse, Votre Majesté » dit Eugène, soudainement conscient de ses informalités envers le roi.

Eugène ne se souvenait pas exactement du moment où Jin avait pris la graine, mais elle en était sûre. Même si elle retrouvait la mémoire, il était peu probable qu'elle puisse la reprendre à Jin, et elle ne saurait même pas comment la récupérer.

Kasser gloussa légèrement devant l'expression morose d'Eugène. Il se sentait étrange, car la femme devant lui était bien différente de la personne qui avait volé la graine. Tous deux avaient le même corps identique, certes, mais leur personnalité était à des lieues de celle de la personne qui avait volé la graine.

« Cela veut-il dire que le collier dont vous parliez n'existe pas ? » demanda Eugène à Kasser alors qu'ils quittaient le trésor.

« Non, il n'est pas tout à fait inventé »

« Il est donc ici ? » demanda Eugène d'un ton hautain.

« Oui. Ce que je t'ai dit tout à l'heure est vrai, à l'exception du fait que tu l'as volé »

Kasser répondit, trouvant étrange l'excitation d'Eugène.

« Je peux y jeter un coup d'œil ? »

D'un signe de tête, Kasser conduisit Eugène dans la pièce où se trouvait le collier.

Eugène était déconcertée par le spectacle qui s'offrit à elle. La pièce était remplie d'accessoires divers et de pierres précieuses brillantes - bagues, boucles d'oreilles, colliers, diadèmes et bien d'autres choses encore.

Elle n'était pas une experte en matière de bijoux, mais elle pouvait dire d'un seul coup d'œil qu'ils étaient de la plus haute qualité. L'artisanat de chaque pièce était unique et bien travaillé par les meilleurs orfèvres de la ville. Les reflets des carats s'éparpillaient dans la pièce, montrant leur brillance et leur splendeur.

Et il était là, le collier de diamants qu'on lui avait annoncé. De près, le diamant brillait de mille feux, chaque facette reflétant la lumière dans toutes les directions.

Eugène était amoureuse des choses brillantes et lustrées. Avant d'être transmigrée à Mahar, elle ne faisait qu'acheter des boucles d'oreilles bon marché et de mauvaise qualité dans différents kiosques. Cela ne la dérangeait pas du tout que les accessoires qu'elle achetait soient de qualité inférieure.

Son hobby, qui consistait à collectionner des accessoires, s'était concrétisé à Mahar. Elle possèdait désormais une boîte de bijoux de haute qualité, qui n'avait plus rien à voir avec les bijoux bon marché qu'elle avait auparavant. C'était une joie pour elle de porter un collier différent chaque jour. Cependant, elle se rendit compte que la boîte à bijoux qu'elle avait dans sa chambre n'était rien comparée à ce qu'elle avait sous les yeux.

« Vous avez dit un jour que je pourrais porter ce collier lors d'un mariage ou d'un couronnement. Cela signifie-t-il que je n'aurai pas l'occasion de porter ce collier bientôt

? » demanda Eugène en regardant continuellement le diamant.

« Oui, parce qu'il n'y a pas de grandes cérémonies à venir » répondit Kasser.

Eugène était toujours fasciné par le collier qui se trouvait devant elle. C'était la première fois que Kasser voyait cette facette de la reine. Auparavant, la reine ne s'intéressait pas aux bijoux, et tout ce qu'elle voulait, c'était des livres anciens. Elle était entrée et sortie du trésor à plusieurs reprises, mais les bijoux ne l'intéressaient pas du tout. Elle n'avait pris que le trésor national et était partie.

Kasser nota mentalement à l'arrière de sa tête : « Ma femme aime les bijoux »

Tome 1 – Chapitre 168 – Contes et

légendes

Les jours passaient comme une brise. Les gens entraient et sortaient du palais comme des fourmis, tous trop occupés par leur propre poste pour prêter attention à des questions sans rapport avec le travail. On pouvait dire la même chose de Kasser et d'Eugène. Les membres de la famille royale n'avaient pas été épargnés par les journées de travail. Les représentants du gouvernement faisaient la queue devant la porte du bureau du roi, et les assistants royaux de la reine étaient occupés à aller et venir avec des piles de documents dans leurs mains.

Eugène fit une pause juste après le déjeuner. Elle se rendit sur le balcon, une tasse de thé à la main, face à la vue reposante des jardins du château. La brise légère était assez agréable, rafraîchissant légèrement sa peau tandis qu'elle sirotait son thé chaud. C'était un temps agréable pour se détendre malgré la saison active, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu triste en réalisant qu'il n'y avait toujours pas de nouvelles.

Les nouvelles auxquelles elle pensait étaient celles de Rodrigo. « Cherchait-il la bonne occasion ? Cela fait quelques jours qu'elle a entendu qu'il y aurait des travailleurs temporaires au palais, pourquoi ne vient-il toujours pas ? »

« Votre Majesté, vous m'avez fait appeler ? » Eugène avait envoyé une servante cherché Marianne. Eugène se retourna et lui fit signe d'entrer. Marianne entra dans la pièce et s'inclina respectueusement.

Eugène avait remarqué que depuis qu'elle avait pris les aides royaux sous son aile, Marianne semblait s'être éloignée d'elle, ne se souciant guère de la présence d'Eugène à moins qu'on ne l’appelle. Avant, elle était très proche d'Eugène, mais maintenant, elle ne faisait plus que le saluer de temps en temps, matin et soir.

Eugène était complètement déconcertée de ne pas connaître la raison du retrait subtil de Marianne. Elle ne pouvait pas non plus lui demander directement quelle était la raison, et ce n'était pas comme si l'attitude de Marianne avait changé de toute façon.

Cela l'avait tellement dérangée qu'elle avait fait appel au général pour lui demander son avis. « Elle pense probablement qu'elle vous a déjà apporté toute l'aide qu'elle pouvait vous apporter » dit le général d'un ton assuré.

« Mais j'ai encore besoin d'aide » marmonna Eugène.

« Rien n'a changé. Si vous avez besoin d'elle, appelez-la. Je pense aussi qu'elle est prudente, au cas où les gens de l'extérieur interpréteraient mal votre proximité, en laissant entendre qu'elle essaie de vous approche » Expliqua le général Sarah.

À la suite de cette conversation, Eugène se rendit compte à quel point Marianne était prévenante. Même si elle ne faisait pas partie de la royauté, elle connaissait sa place et savait bien faire son travail. Elle avait servi de nounou au roi et de général pendant plusieurs décennies sans aucun problème.

« Asseyez-vous » lui dit Eugène.

Marianne s'exécuta : « Oui, Votre Majesté » Zanne apparut, déposa une tasse de thé devant Marianne et partit.

En regardant la vue extérieure, Eugène dit : « Il fait si beau. Je voulais vous servir une tasse de thé » Elle tourna le dos et sourit à Marianne : « Et j'ai aussi une faveur à vous demander » Cette demande donna l'impression que la reine invitait Marianne pour obtenir des faveurs, mais Marianne se contenta de lui sourire.

Leur tasse de thé était presque vide lorsqu'Eugène aborda à nouveau le sujet : « J'ai besoin d'informations, mais je ne sais pas par où commencer. C'est assez difficile à expliquer » Eugène essayait de comprendre ce que signifiait 'Voie de la magie, vaisseau, médium' dans le souvenir. Elle avait envisagé de contacter les serviteurs de Mara, mais elle ne voulait pas se mêler à eux autant que possible.

« Ce n'est pas n'importe quelle information à laquelle on peut facilement avoir accès, et ce n'est pas non plus un secret. C'est juste que ce soit quelque chose qui n'est pas courant par ici. C'est probablement lié à la magie noire. Ce genre de choses » s’expliqua Eugène

Au bout d'un moment, Marianne répondit : « Devrais-je chercher un conteur qui connaît bien les légendes et les contes ? » Eugène acquiesça, satisfait que Marianne ait pu comprendre ce qu'elle voulait dire. « Encore une chose, y a-t-il des gens qui se spécialisent dans l'étude de la société ? » poursuivit Eugène

« Je n'en suis pas sûr » répondit Marianne

« Quand j'ai regardé les livres de la bibliothèque, j'ai remarqué que la qualité de ces volumes était excellente, bien qu'ils aient été fabriqués il y a si longtemps. Ils ont l'air d'avoir beaucoup de valeur et d'être de nature très artistique. Je suis sûre qu'il doit y avoir des gens qui s'intéressent beaucoup à ce genre de choses »

« D'accord. Je vais essayer de me renseigner » Marianne acquiesça et quitta le bureau.

Eugène s'appuya sur la balustrade du balcon et regarda les jardins, l'esprit rempli de pensées.

« Si mes souvenirs ne me le montrent pas, je le découvrirai moi-même » Eugène réfléchit intérieurement.

Elle entra et sortit de la bibliothèque à plusieurs reprises, mais aucun autre souvenir ne sembla refaire surface. Elle retourna également dans la salle du trésor, mais toujours rien. Elle ne pouvait pas se fier entièrement à ces souvenirs qui lui revenaient au hasard.

Le bruit d'un objet posé sur la table sortit Eugène de sa rêverie. Elle se retourna et vit une cage à oiseaux sur le bureau, tenue par un homme. Elle fut surprise par l'apparition soudaine du roi.

« Votre Majesté ? » dit Eugène.

Kasser s'approcha d'Eugène en un clin d'œil. Il prit doucement son visage dans ses deux mains et l'embrassa profondément. Le baiser était chaste, il s'attarda à peine et se retira rapidement. D'un air confus, Eugène demanda : « As-tu terminé ta réunion ? »

Elle avait entendu dire que le roi serait plongé dans une très longue réunion. Hier, ils n’avaient réussi qu'à déjeuner ensemble, mais aujourd'hui, ils n’avaient pas pu le faire du tout à cause de la journée chargée. « Ce n'est qu'une courte pause. Je dois bientôt y retourner » répondit Kasser.

« Pourquoi le Hwansu ? » demanda Eugène en jetant un coup d'œil à la cage à oiseaux. A l'intérieur de la cage, un écureuil Hwansu rampait le long des grilles, visiblement excité de voir Eugène.

« J'ai eu l'impression que tu étais curieuse de voir ce petit garçon, alors je te l'ai amené »

dit Kasser.

Tome 1 – Chapitre 169 – Tanya

Hier, pendant le déjeuner, Eugène avait parlé des Hwansu, disant qu'il était important pour le développement d'un Hwansu d'avoir des interactions régulières lorsqu'il était encore jeune. « Petit enfant ? C'est le nom définitif du Hwansu ? » demanda Eugène.

Kasser acquiesça, et Eugène le regarda d'un air confus. « Tu aurais dû faire plus d'efforts pour lui donner un nom. »

Il haussa les épaules : « C'est le nom que vous lui avez donné, alors je peux dire que vous avez fait beaucoup d'efforts. »

« Ce n'était pas censé être... » Eugène fut brusquement interrompu par un nouveau baiser de Kasser. « Je dois bientôt partir. Fais attention à moi, s'il te plaît »

Eugène s'esclaffa devant les pitreries de Kasser. Ses yeux bleus étaient pleins d'espièglerie, ce qui était encore nouveau pour elle. C'était curieux, était-il toujours comme ça ? On aurait dit qu'il utilisait le Hwansu comme excuse pour venir la voir.

Néanmoins, son insistance à la voir malgré son emploi du temps serré la rendait heureuse. Elle tendit les bras et les passa autour de son cou. Il l'attira plus près de lui en enroulant ses bras autour de sa taille en retour. Ils fermèrent les yeux tandis que sa langue se frayait un chemin dans sa bouche.

Ils restèrent longtemps immergés l'un dans l'autre. L'entrelacement passionné des lèvres semblait interminable, au point qu'Eugène manquait d'air. Rompant le baiser, Eugène tourna la tête pour éviter d'autres coups de bec de Kasser et dit rapidement : «

Je croyais que tu devais partir bientôt ! » Le repoussant légèrement. Kasser soupira lourdement et son expression montra qu'il ne voulait pas la quitter.

« Dépêche-toi de partir ! Ils doivent tous t'attendre » s'exclama Eugène.

Après l'avoir incité à retourner à sa réunion, il quitta finalement la pièce, laissant Eugène à nouveau seule avec ses pensées. Elle ne pouvait s'empêcher de tracer ses lèvres avec ses doigts, les sentant picoter légèrement après toutes les succions et les morsures qu'ils avaient faites pendant la dernière minute. Elle était étourdie en se rappelant comment Kasser l'avait embrassée avec tant de désespoir et de besoin.

Sortant de ses pensées, Eugène s'approcha de la cage à oiseaux et baissa la tête vers l'écureuil Hwansu. « Bonjour, mon petit. Comment vas-tu ? » Elle roucoula en ouvrant la porte de la cage, l'écureuil bondit hors de la cage et grimpa le long de son bras sur son épaule. « Ton maître est très occupé ces derniers temps, alors je suis sûre qu'il n'a pas pu jouer avec toi régulièrement. Je viendrai te rendre visite à la place. D'accord ? »

Après avoir joué un moment avec le petit, elle le remit dans sa cage. Il n'était pas courant qu'un Hwansu fasse preuve de loyauté envers quelqu'un qui n'est pas son maître. Mais ce hwansu était encore si jeune, il suivrait probablement ses instincts plutôt que de penser à la loyauté. C'était purement instinctif pour un petit enfant de se montrer proche d'Eugène.

Le petit garçon et Abu étaient tous deux les Hwansu du roi. C'était peut-être parce qu'ils voyaient l'affection qu'il me porta qu'ils m'aimaient aussi.

Eugène plaça la cage à oiseaux dans sa salle d'attente. En la voyant, elle eut envie d'aller voir Abu à son tour. Elle n'emmenait pas de domestique avec elle chaque fois qu'elle rendait visite à Abu, et c'était sa routine quotidienne de s'y rendre seule.

En sortant, Eugène fut stoppée dans son élan, surprise de voir une servante s'attarder dans l'espace. Il y avait une partie du château où les servantes allaient et venaient, mais cet endroit n'en faisait pas partie. Eugène n'avait jamais rencontré de servante ici, jusqu'à présent.

L'expression d'Eugène se durcit lorsqu'elle vit la servante s'approcher d'elle. À deux ou trois pas, la servante s'arrêta et s'inclina jusqu'au sol. « Tanya Molly à votre service, votre Majesté »

Elle revit soudain l'un des souvenirs de Jin.

« Tanya Poppy à votre service, Votre Majesté »

« Je suis ton maître, Tanya » Jin prit la parole.

« Oui, maître »

La jeune fille devant Eugène avait encore la tête baissée. Mais dans le souvenir, la servante avait levé la tête, et un visage différent apparut, un visage qu'Eugène n'avait jamais vu auparavant.

Poppy ? Même le nom ne lui était pas familier. Ce n'était le nom d'aucune des cinq servantes qui avaient disparu après l'avoir accompagnée dans le désert.

« Celle que je soupçonnais était Ellie. Mais alors qui est cette Poppy ? Et elle s'appelle aussi Tanya ? » se dit Eugène. Et comme pour répondre à ses pensées, une voix masculine s'éleva,

« Tanya est un nom qui signifie servante fidèle. Cette fille sera ta fidèle servante. Tu n'as qu'à lui dire que tu es son maître. Elle sera alors complètement à ta merci, comme un caneton qui vient de sortir de l'œuf. »

La voix ressemblait à celle de Rodrigo. C'était ce qu'il avait dit à Jin avant d'envoyer les serviteurs au château.

Eugène regarda la jeune fille qui se prosternait toujours face contre terre. Le nom Tanya semblait être un code. Sa salutation était normale, mais sa présence dans cette partie du

palais ne l'était pas. On dirait qu'elle connaît les allées et venues de la reine, et qu'elle sait quand elle sera seule.

« ... Je suis votre maître, Tanya » dit Eugène.

« Oui, Maître » La servante leva lentement la tête. Elle avait l'air normale, mais il y avait quelque chose dans ses yeux qui semblait étrange, très différent de celui d'une personne normale. Eugène ne pouvait pas dire exactement ce que c'était, mais ces yeux aivaient l'air creux, semblables aux yeux de ceux qui étaient tombés profondément dans les enseignements d'une fausse religion, clairement les yeux d'un adepte dévoué.

Ps de Ciriolla : Trop mignon le Kasse <3

Tome 1 – Chapitre 170 – Réunion

d'anikas

« Anika Flora »

Flora tressaillit et leva les yeux lorsqu'on l'appela. Une femme aux mêmes cheveux noirs de jais lui sourit et poursuit : « A quoi penses-tu si profondément que tu ne l'entends pas quand quelqu'un t'appelle plusieurs fois ? »

Une autre femme aux cheveux noirs, à côté d'elle, ajouta : « Y a-t-il quelque chose qui ne va pas ? »

Flora sourit : « Je suis désolée. Je pensais à la fois où j'ai rencontré Sa Sainteté »

En entendant sa réponse, les autres Anikas affichèrent une expression à la fois étonnée et jalouse. De nombreux Anikas étaient rassemblés autour d'un long canapé, Flora étant assise au centre. On ne voyait que des cheveux noirs partout où l'on regardait. C'était ici que se trouvaient les Anikas rares, dont il n'existait que quelques dizaines dans le monde entier.

Aujourd'hui, c'était l'un des jours où les Anikas se réunissaient. Seuls les Anikas étaient autorisés à participer à cette réunion. Cette réunion avait une longue histoire, car c'était la seule où le nom de chaque Anika figurait sur la liste des participants. Ils n'étaient pas obligés d'y assister, mais la plupart des Anikas n'auraient manqué cette occasion pour rien au monde.

« Sa Sainteté apprécie particulièrement Anika Flora »

« Il n'y a probablement rien d'autre au monde qui l'intéresse autant qu'Anika Flora, lui qui ne s'intéresse pas aux choses de ce monde. »

Il y avait des groupes de personnes dans toute la pièce, mais la partie la plus bondée de l'espace est celle où Anika Flora était assise. Les Anikas étaient déjà spéciales, mais Flora était la plus spéciale de toutes.

« Pour être plus précis, c'est Anika Flora et Jin Anika qui l'intéressent le plus » ajouta quelqu'un. Il était clair qu'ils voulaient exprimer que le Sang-je ne s’intéressait pas seulement à Flora.

L'atmosphère était soudain devenue tendue, mais Flora sourit gentiment.

« C'est juste que Jin Anika et moi sommes nées la même année et le même jour. Le Sang-je a dit que c'était quelque chose qui n'était jamais arrivé auparavant, c'est pourquoi il s'intéresse beaucoup à nous deux. C'est tout »

Tout le monde dans la pièce resta silencieux pendant un moment, acquiesçant à l'idée qu'Anikas Jin et Flora étaient en effet spéciaux parmi elles.

« Tu sais, je me souviens avoir lu dans la bibliothèque secrète qu'il n'y avait jamais eu plus d'une Anika née la même année » dit une Anika. Elle avait les cheveux relevés en queue de cheval, ses tresses se balançant lorsqu'elle bougeait la tête. Elle avait l'air jeune, une vingtaine d'années.

« C'est vrai, je m'en souviens aussi, et il n'y a jamais eu de naissance d'Anika en dix ans !

» ajouta une autre, qui possédait une tête pleine de boucles épaisses et luxuriantes. Elle semblait plus âgée, autour de la trentaine.

« Mais n'y a-t-il pas d'autres cas où aucun Anika n'est né au cours de l'année ? »

« Bien que ce soit une situation assez rare, il y a eu des cas où aucun Anika n'est né, mais pas pendant si longtemps. Une fois toutes les quelques décennies, bien sûr, peut-être dans deux, trois ou même cinq ans, mais jamais dix »

« Oh, ça me rappelle qu'Anika Roxy est née au bout de cinq ans, n'est-ce pas ? » Elles furent à peu près trois à affirmer que c'était bien le cas. Elles se regardèrent les uns les autres avant de s'esclaffer d'amusement.

Toutes les Anika présentes dans cette pièce étaient d'âges différents, et elles en parlaient toutes autour de Flora. La plus âgée avait une trentaine d'années, tandis que la plus jeune était à peine une femme. Mais de leur côté de la pièce, elles étaient toutes plus jeunes les unes que les autres.

Les autres Anikas s'étaient séparés en groupes distincts, et ils étaient plus âgés, plus sages même.

Jin et Flora étant nés après une décennie sans Anikas, ils n'avaient pas eu l'occasion de se familiariser avec leur propre tranche d'âge. Et même si personne n'avait le même âge, un écart de dix ans était encore trop important, même pour une différence de génération.

Lorsqu'elles étaient encore jeunes, ce n'était pas si grave. Mais lorsqu'elles ont grandi, la plupart des Anikas s'étaient déjà séparés et étaient partis dans leurs différents groupes d'appartenance. Mais les Anikas se divisaient principalement en deux groupes.

Le premier comprenait tous les jeunes Anikas, ceux qui étaient nés après Jin et Flora. Le second était constitué des Anikas nés avant elles, ce qui les rendait tous plus âgés de dix ans ou plus. Pour l'instant, il n'y avait pas beaucoup d'Anikas nés après elles, mais cela changerait avec le temps.

Dans le rassemblement actuel, il n'y avait que deux Anikas plus âgés que Flora qui s'étaient joints à elles. Parmi les autres, ces deux-là étaient les seules à maintenir une relation amicale entre les deux groupes.

Soudain, il y eut un remue-ménage près de l'entrée, et toutes les discussions s'arrêtèrent tandis que les Anikas s'arrêtaient et s'interrogeaient. Toute l'attention était maintenant concentrée sur l'entrée.

« Je me demande si Sa Sainteté est enfin arrivée »

« Devrions-nous aller vérifier ? »

« Je pense que nous devrions »

Les deux plus âgées du groupe se levèrent et décidèrent de mener l'enquête. Elles étaient également connues pour être très proches l'une de l'autre, aussi proches que des sœurs, dirait-on. Dès qu'elles furent parties, les Anikas se mirent à bavarder à leur sujet.

« Vous avez remarqué ? Elles sont toujours ensemble. »

« Ce n'est pas étonnant, après tout, elles ont tous les deux choisi de faire partie des Chevaliers sacrés, il est normal qu'elles se rapprochent.'

Il était vrai que si certains Anikas se mariaient avec d'autres familles, d'autres décidaient de ne pas le faire. Elles rejoignaient alors les rangs des Chevaliers sacrés. À

partir de là, elles suivaient un programme rigoureux d'entraînement et d'éducation jusqu'à ce qu'elles aient terminé. Lorsqu'elles avaient terminé, elles retournaient à la ville sainte et vivaient leur vie avec modération.

On notait également qu'il n'y avait que deux possibilités pour la vie d'Anika, bien qu'elles soient toutes deux extrêmes. Vivre de manière extravagante grâce à son statut et à son pouvoir, ou vivre humblement, en renonçant à son influence et aux plaisirs de ce monde.

« Soupirer, mais pour être honnête, je ne peux m'empêcher de regretter un peu. Elles sont si proches l'une de l'autre et semblaient tous deux heureux du chemin qu'elles avaient prises. Ne vous méprenez pas, je n'échangerais jamais ma vie contre la leur, mais je ne peux m'empêcher de les respecter pour cela »

En effet. Pour un Anika, il y avait beaucoup plus de choix pour vivre confortablement, et pourtant ells choisissaient une vie aussi ennuyeuse que celle d'un chevalier. C'était une décision que peu d'Anikas pouvaient prendre. Les autres Anikas étaient d'accord avec elle.

Tome 1 – Chapitre 171 – Deux âmes

opposées

Soudain, la conversation revena sur Flora...

« Ah, mais Anika Flora » dit l'une d'entre elles, alors que Flora se tournait vers elle, « Ne te sens-tu pas un peu seule sans Jin avec toi ? Je me souviens très bien que vous étiez tous les deux très proches lorsque vous étiez beaucoup plus jeunes. Un peu comme ces deux-là en ce moment »

Même si elle s'attendait à ce que Flora réponde par l'affirmative, le ton de sa voix n'impliquait rien d'autre que le contraire. Aucun des Anikas ne pensait que Flora souhaitait que Jin soit encore là. Après tout, la Flora qu'elle était aujourd'hui était une femme sûre d'elle et qui s'exprimait bien. Mais lorsqu'elle était enfant, Flora avait l'habitude de courir après Jin, elle était si silencieuse avec l'autre Anika, si réservée...

Comme si elle voulait être ailleurs qu'avec elle. Et lorsque Jin avait quitté la Ville Sainte, Flora avait enfin commencé à s'exprimer davantage, dans ses mots et dans ses pensées.

Et pour certains, sinon pour la plupart, ce fut un changement malvenu.

« La seule chose qui est certaine, c'est qu'en vieillissant, nos vies finissent par changer »

Flora répondit assez vaguement, « De plus, je ne pense pas qu'aucun d'entre nous ne se serait attendu à ce que Jin parte comme ça » répondit-elle en terminant par un sourire immaculé.

Elle avait appris, après tout, en suivant Jin. Elle n'avait pas perdu son temps à suivre quelqu'un avec qui elle n'était pas à l'aise. Les Anikas n'étaient pas comme les gens à la langue bien pendue de la haute société. Comme des chatons, ils sortaient toujours leurs griffes du monde.

Mais si les Anikas étaient effectivement spéciaux depuis leur naissance, ils venaient tout de même de familles différentes, avec des antécédents variés. Alors que Jin était né dans une famille importante et riche, Flora était issue d'une famille aux origines très modestes.

Grâce aux relations de Jin avec de nombreuses autres familles nobles, elle traînait Flora avec elle à chaque réunion. Flora savait que Jin n'était pas gentille, elle en était incapable. Mais plutôt que Jin se servait d'elle comme d'un accessoire. Pour attirer l'attention sur elle.

Les Anikas possédaient toutes une beauté exquise, mais Flora avait été identifiée comme la plus belle. Mais lorsqu'elle se tenait à côté de Jin, toutes les qualités de Flora

passaient inaperçues. Elle n'était rien d'autre que l'ombre de quelqu'un qui pouvait attirer l'attention mieux qu'elle.

Si Jin était une rose splendide dans le jardin, Flora n'était qu'un lys subtil et magnifique.

Le contraste entre les deux était évident chaque fois qu'elles se tenaient côte à côte, et cela faisait ressortir Jin encore plus.

Même leurs personnalités étaient opposées.

Contrairement à Flora, qui n'exprimait que rarement sa propre opinion, Jin agissait comme si elle n'avait aucune raison d'avoir peur. Elle se comportait comme un déesse et regardait les autres de haut. Elle n'hésitait pas à écraser ceux qui se mettaient en travers de son chemin, et ne s'embarrassait pas des critiques des autres.

Sa forte personnalité l'avait propulsée vers la célébrité. Et c'était ainsi que la rose avait vu pousser ses épines, ou que le papillon avait révélé son nectar empoisonné. Certains iraient même jusqu'à dire que l'odeur d'Anika Jin était celle d'un poison. Mais malgré le dégoût évident que les gens avaient pour elle, aucun d'entre eux n'avait le courage de lui en parler franchement.

Après tout, Jin était soutenue par des gens puissants. Non seulement les Sang-je, qui s'intéressaient particulièrement à elle, mais aussi ses parents, qui feraient n'importe quoi pour elle. Ils étaient riches et puissants à ce point. Flora, qui avait été entraînée par Jin partout où elle le pouvait, avait donc une relation compliquée avec l'Anika.

Elles étaient plus proches l'une de l'autre que les autres, tout en restant des étrangères dans l'âme. Flora se dit donc que si Jin allait se servir d'elle, alors elle se servirait de Jin à son tour. En suivant les assemblées d’Anika, elle avait commencé à tisser ses propres liens dans la haute société.

Leur relation s'était brusquement interrompue au moment où Jin était parti épouser le Roi du Dessert à la hâte.

Elle se sentit comme libérée de ses chaînes, soulagée que Jin ne soit plus là. Et elle commença à découvrir d'autres choses, comme ses vraies pensées et ses vrais sentiments...

Son désir le plus profond était d'effacer Jin de sa propre vie.

« Cela fait quelques années maintenant, mais c'est toujours un tel choc. Qui aurait pu croire qu'Anika Jin épouserait un roi ? »

« Exactement. Et le roi du désert, en plus ! C'est le royaume qui se trouve tout au bout du désert. »

La conversation se prolongea longtemps, avec Jin comme sujet. Flora ne le montrait pas, mais elle se sentait mal à l'aise à l'idée de savoir que, même maintenant, elle ne pourrait jamais se libérer complètement de Jin.

Trois ans ont passé, et pourtant...

Elle était celle qui restait, mais les gens n'avaient toujours pas oublié Jin. Et lorsqu'ils parlaient d'elle, ils montraient souvent de la curiosité ou, osait-elle le dire, de la nostalgie.

Aucun d'entre eux ne sait à quel point elle est insidieuse.

Alors que Jin se souciait peu de son apparence devant la plupart des gens, elle se comportait toujours de la meilleure façon possible lorsqu'Anikas commençaient à se réunir. Elle savait quelles limites ne pas franchir, et les Anikas étaient les rares à avoir été épargnés par sa cruauté.

Pour les autres Anikas, tout ce qu'ils avaient, c'était des rumeurs sans fondement, des rumeurs qu'ils ne pouvaient même pas imaginer, parce que Jin avait toujours été une fille discrète autour d'elles, et elles les ignoraient donc, préférant qu'il ne s'agisse que de rumeurs de jalousie. Flora était d'autant plus contrariée que les plus jeunes Anikas se tournaient vers Jin, pensant qu'elle était simplement confiante.

Cela lui donnait la nausée.

« Tout le monde » dit une voix familière pour sortir Flora de ses terribles pensées. Les conversations s'interrompirent lorsqu'ils réalisèrent que les deux Anikas étaient enfin arrivés, et qu'ils étaient accompagnés d'une jeune fille d'une dizaine d'années. Ils sourirent en amenant doucement la jeune fille devant eux.

« Voici Anika Margaret, elle se joindra à nos réunions à partir de maintenant »

présentèrent-elles. Les Anikas la regardèrent un instant avant de l'accueillir chaleureusement.

« Oh là là ! »

« Anika Margaret ! Bienvenue ! »

« Enchanté, Anika Margaret ! »

Ps de Ciriolla: pour rappel Anika Flora est sensé être l'heroine qui sauve le monde face a anika jin dans le roman qu'écrivait Eugene avant sa transmigration dans ce monde.... donc beaucoup de changement sont surement a venir par rapport à l'histoire originale

Tome 1 – Chapitre 172 – Le test

La jeune fille se contenta de sourire timidement, une expression nerveuse sur le visage.

Elle n'avait jamais vu autant d'Anikas réunis au même endroit. C'était très intimidant.

Les Anikas, elles, étaient très excités par son arrivée. Immédiatement après sa présentation, elles l'ont assise sur le canapé et ont commencé à se rassembler autour d'elle, lui posant question sur question, ne lui laissant pas le temps de répondre avant qu'une autre ne lui soit posée. Les questions allaient de son âge à la date de son premier rêve lucide de sa Ramita, et bien d'autres encore...

« Puisque nous avons une nouvelle Anika, devrions-nous le faire ? Ça fait si longtemps !

»

Une Anika était soudainement partie, avant de revenir brièvement dans la pièce, portant avec elle un petit panier. Immédiatement, une expression étrange apparut sur tous les visages.

Le panier contenait une poignée de bonbons enveloppés dans des papiers fins et tordus aux extrémités avant d'être attachés avec des ficelles. Tous les Anikas du groupe qui étaient assis autour du canapé prirent un morceau du panier rempli de bonbons. Ne comprenant pas ce qui se passait, Margaret fit de même et prit un bonbon.

« Par qui devrions-nous commencer ? »

« Je vais commencer, puis nous pourrons faire le tour à ma gauche » La femme qui avait dit cela se trouvait également à la gauche de Margaret, ce qui signifiait que Margaret serait la dernière à prendre son tour.

Peu de temps après cette décision, la première Anika déballe son bonbon. Le bonbon à l'intérieur était translucide et avait une forme allongée comme un haricot. Elle plaça ensuite le bonbon sur ses deux mains tendues, avant de replier ses doigts dessus et de fermer les yeux.

Au bout d'un moment, elle ouvrit les mains et le bonbon brilla d'une faible lumière. Le bonbon se fendit alors en deux et deux feuilles vertes sortirent de l'anfractuosité, poussant en son centre.

À partir de là, la plante grandit, grandit et s'arrêta lorsqu'elle atteignit une hauteur équivalente à la largeur d'une paume de main. Les feuilles luxuriantes se desséchèrent alors, et la plante se réduisit en poussière et disparut. Bientôt, il ne resta plus rien dans ses mains.

Margaret était stupéfaite de ce qui s'était passé, avant de regarder avec impatience ce qui se passerait avec la prochaine Anika.

La prochaine Anika ouvrit elle aussi son bonbon. La plante qui avait poussé à partir de son bonbon atteignit une largeur légèrement inférieure à celle d'une paume de main.

Quelques-unes des Anikas les plus âgés qui discutaient entre eux de l'autre côté de la pièce gloussèrent. Margaret ne put s'empêcher de les entendre...

« Elles sont jeunes, trop jeunes »

« C'est vrai »

« C'est leur désir puéril de prouver »

Le Sang-je avait une chose qu'il ne voulait pas que les Anikas fassent, c'était de se comparer aux autres en se basant sur leur propre Ramitas. Mais les Anikas, malgré leurs capacités spéciales, restaient des humains. Et le cœur humain avait toujours possédé un désir inné de prouver sa supériorité sur le reste de ses compagnons.

Personne ne savait d'où venaient les bonbons, ni comment ils étaient créés, mais quelqu'un avait déjà trouvé un moyen de mesurer la Ramita d'une personne. Les bonbons étaient fabriqués à partir d'une graine qui avait été trempée dans l'huile et rendue translucide à l'intérieur.

Le fait était qu'elles ne désobéissaient pas techniquement à l'ordre du Sang-je ne révélant même pas leurs rêves à qui que ce soit. Tout ce qu'elles faisaient, c'était canaliser leurs ramitas dans les graines.

Margaret continua d'observer et d'écouter les Anikas les plus âgés. Certains Anikas, surtout les plus âgés, se souvenaient de leurs propres performances lorsqu'elles étaient encore jeunes. Maintenant qu'elles étaient plus âgés, elles se rendaient compte qu'il ne servait à rien de faire ce genre de choses. Tous ces classements et ces comparaisons de Ramitas sur la base d'une graine.

Mais les jeunes étaient trop complaisantes et trop obstinées. Elles n'écouteraient pas la sagesse de leurs aînés, jusqu'à ce qu'elles s'en rendent compte eux-mêmes.

C'était ainsi qu'elles continuèrent, d'une Anika à l'autre. Chaque graine avait poussé et s'était desséchée, même s'il y avait de légères différences, il n'y avait pas grand-chose à noter. Chaque graine avait grandi de la longueur d'une à trois paumes de main...

Quand vint le tour de Flora, les autres Anikas commencèrent à protester, l'arrêtant.

« Anika Flora, tu devrais passer en dernier ! »

« C'est vrai. Le tour d'Anika Flora devrait être la belle conclusion »

Flora sourit en écoutant leurs louanges et posa sa graine. Elle passa son tour et la personne suivante s'exécuta. Bientôt, ce fut le tour de Margaret. Tout le monde, et en particulier l'Anikas d'âge moyen, s'était rapproché un peu plus pour voir comment elle

allait s'y prendre. Cela rendit la jeune fille de dix ans encore plus nerveuse qu'auparavant.

Tous ces Anikas avaient les yeux rivés sur elle. Comme tous les autres, elle déballa le bonbon et le tint dans sa main. Elle ne comprenait pas l'intérêt de ce rituel. Elle ne savait même pas qu'elle avait le choix de refuser de participer quand elle ne le voulait pas.

Un jour, elle repenserait probablement à cette journée et se rendrait compte qu'elles avaient profité d'elle. Il était injuste de leur part de faire pression sur une Anika aussi jeune et naïve et de l'amener par la ruse à révéler le niveau de sa Ramita. Plus tard, lorsqu'une autre Anika plus jeune arriverait, elle se joindrait à elles la prochaine fois qu'elles feraient une autre de ces démonstrations et ferait exactement la même chose que ce qu'elles lui avaient fait.

Après avoir fermé les yeux et s'être concentrée sur la graine, Margaret ouvrit finalement ses paumes pour révéler la graine. La plante qui avait surgi de la graine mesurait environ une largeur et demie de paume.

Les Anikas qui observaient la scène se dirent.

« C'est donc un étang ? »

« C'est un étang »

« Un étang ? »

« Probablement à hauteur de la cuisse, alors. »

Chacun d'entre elles l'évalua selon ses propres connaissances, tandis que Margaret se tortillait sous leur regard. Elle vit ses propres plantes se faner et le silence s'installer autour d'elle.

« Je suppose que c'est mon tour maintenant ». Flora prit la parole.

L'heure de la grande finale avait sonné.

Flora s'avança légèrement et prit la graine translucide dans ses deux mains. L'aîné des Anikas, qui n'avait guère manifesté d'intérêt jusqu'à présent, s'avança même pour regarder.

Ce n'était pas parce qu'elles étaient curieux de connaître le niveau de Ramita de Flora.

Non...

Mais parce qu'elles savaient de quoi Flora était capable, et qu'il s'agissait d'un véritable spectacle. Un spectacle qu'elles ne verraient pas tous les jours.

Et puis, Flora ouvrit les mains.

En un éclair, la plante s'éleva de ses paumes tendues. Elle grandit, grandit, dépassant rapidement la moyenne des autres ramita d'Anika. Les yeux de Margaret restaient ébahis devant la croissance de la graine que Flora tenait dans ses mains...

Elle continuait à grandir, dépassant même la taille d'un humain normal. Et lorsqu'elle toucha presque le plafond, la plante s'arrêta de pousser.

Tome 1 – Chapitre 173 – Je l'ai senti Les feuilles avaient commencé à se réduire en poussière avant même d'avoir atteint le sommet. Tout le monde était tellement absorbé par la plante qui avait énormément grandi qu'elles n'avaient pas vu le changement qui s'opérait dans les plantes de Flora.

La graine de Flora différait de celle des autres sur deux points : D'une part, la plante était nettement plus grande que ce à quoi elles s'attendaient, et d'autre part, la graine elle-même avait déjà explosé avant même que les feuilles ne commençaient à disparaître.

Cela signifiait que la graine translucide ne pouvait pas supporter l'intensité de la Ramita de Flora.

Les paumes vers le haut, Flora baissa les yeux et fixa ses mains, les tournant un peu comme si elle était hypnotisée. La vitesse à laquelle la graine avait explosé était légèrement plus lente qu'avant, presque imperceptible, et Flora était la seule à l'avoir remarqué.

Pides ouvrit la porte menant au bureau et entra, s'approchant de Sang-Je qui était assis à son bureau. Sur la table se trouvait un document que le Sang-Je semblait être en train de lire, ce qui était étrange puisqu'il était malvoyant.

Mais en y regardant de plus près, on s'apercevait que le Sang-Je regardait droit devant lui, les yeux fermés, et que seules ses mains étaient posées sur le document, qui n'était rien d'autre qu'une toile blanche. Pour tenir compte de la cécité du Sang-Je, les documents avait été développés sous une forme améliorée de braille. Le Sang-Je n'aurait plus qu'à les parcourir du bout des doigts pour interpréter les messages écrits.

Pour préserver la confidentialité, le braille n'était lisible que par le Sang-Je et quelques chevaliers qui avaient traduit les messages. Les chevaliers formés avaient eux aussi leur propre bureau à l'intérieur de l'édifice.

Malgré l'irruption de Pides dans la pièce, les trois chevaliers qui travaillaient dans le bureau n'avaient pas été perturbés. Ils étaient trop absorbés par les documents qu'ils étaient en train de créer.

« Votre Sainteté. J'ai accompli ma tâche et je suis de retour » dit Pides.

« Merci »

Aujourd'hui avait lieu la réunion régulière des Anikas et à chaque fois qu'elles se réunissaient, les Sang-Je envoyaient en cadeau des vins de luxe ou des desserts raffinés.

« Une fois leur réunion terminée, je vous prie de rencontrer Anika Margaret et de lui transmettre mes salutations » dit le Sang-Je.

Il y a cinq jours, le Sang-Je reçut une demande de rendez-vous de la part de Margaret. La jeune fille parlait avec enthousiasme de son rêve lucide, l'excitation et le plaisir transparaissant dans son expression lorsqu'elle disait : « J'ai vu un étang. Et quand j'ai pataugé dedans, l'eau m'arrivait à la taille ! »

Pour une petite fille comme elle, la hauteur atteinte par l'eau était équivalente à la cuisse d'un adulte.

Aujourd'hui, Margaret allait pouvoir assister à la réunion et saluer les autres Anikas pour la première fois. Dix ans, c'était encore un peu jeune, mais comme elle avait déjà fait son rêve lucide, tout le monde devait la traiter comme une adulte, comme une égale.

Personne ne la ménagerait sous prétexte qu'elle était plus jeune qu'elles, et elle pourrait avoir du mal à interagir avec des adultes plus âgés et malhonnêtes.

L'envoi d'un chevalier à Margaret se voulait un geste rassurant, comme si l'on disait qu'il y aurait toujours quelqu'un prêt à vous aider dans les moments difficiles et que l'on veillerait toujours sur vous.

Le Sang-Je s'occupait de tous les Anikas avec le plus grand soin, et pas seulement de Margaret. L'amour et les conseils incommensurables du Sang-Je étaient profondément ancrés dans le cœur des Anikas. Certains d'entre elles allaient même jusqu'à penser que le Sang-Je était leur seul et unique allié, plus encore que leurs parents, leurs maris ou leurs enfants.

« Oui, Votre Sainteté. Je ferai mon rapport immédiatement » Pides partit, incitant le Sang-Je à poursuivre sa lecture.

Après avoir lu des pages et des pages de documents, le Sang-Je tourna la tête vers l'endroit où les chevaliers étaient assis. « C'est assez pour aujourd'hui. Vous pouvez retourner vous reposer »

« Oui, Votre Sainteté » Les chevaliers dirent à l'unisson, ils arrêtaient immédiatement de travailler et se levaient. Ils rendirent hommage au Sang-Je en s'inclinant de quatre-vingt-dix degrés avant de se retourner et de quitter le bureau.

Resté seul dans le bureau, le Sang-Je resta assis à son bureau, perdu dans ses pensées. «

C'était avant le début de la saison active. »

Il y a environ un mois et demi, un événement étrange s'était produit, bouleversant les lois de l'univers. Le Sang-Je l'avait senti, mais il n'avait pas été en mesure de déterminer exactement de quoi il s'agissait, car l'événement s'était produit très rapidement. La seule chose qu'il avait pu identifier, c'était la direction générale d'où cela venait.

La direction venait du royaume de Hashi, où se trouvait Anika Jin.

Il avait envoyé un chevalier dans le royaume pour transmettre un message officiel, et quand le chevalier était revenu, il avait dit que rien ne semblait anormal, estimant que tout était en ordre.

Le Sang-Je envoya un autre message au Roi du Désert, le déguisant en simple message de bienvenue et l'envoyant par la poste. Il arriverait bien plus vite qu'un messager en pleine saison active, et il pourrait ainsi jauger la situation du royaume sans éveiller de soupçons.

Si le roi se trouvait dans une situation difficile, ou si quelque chose arrivait à Anika Jin, le Sang-Je était sûr de recevoir une lettre du roi lui demandant conseil, mais il n'y avait toujours pas de réponse. « Je suppose que je ne recevrai pas de lettre du Roi du Désert avant la fin de la saison active » pensa le Sang-Je. Compte tenu de la distance entre la Ville Sainte et le Royaume de Hashi, il était logique que la réponse ne soit pas encore arrivée.

Si le roi Kasser avait bien envoyé une réponse par l'intermédiaire d'un messager, en tout cas.

Cela signifiait probablement aussi que la réponse ne contenait pas de message important ou de questions urgentes.

« Mais je l'ai senti » Le Sang-Je n'était pas du genre à ignorer ses intuitions, ni à faire des erreurs. Il n'était pas un simple mortel après tout.

Sans aucun doute, il s'était passé quelque chose. Cela pouvait ou non avoir un rapport avec Anika Jin.

À cet endroit se trouvait un volcan endormi, où des kilomètres et des kilomètres de sable s'étendaient au-delà du royaume de Hashi, l'endroit où se cachait 'Mara'.

« Je suppose que je dois enquêter »

Tome 1 – Chapitre 174 – Tout ce que tu voudras

Pendant la saison sèche, le Sang-Je envoyait des messages à chaque royaume par l'intermédiaire d'un chevalier. Mais le chevalier qu'il avait envoyé au royaume de Hashi avait reçu un ordre particulier.

Les sourcils du Sang-Je se froncèrent tandis qu'un doux sourire se dessinait sur son visage. « Anika Heidi »

Anika Heidi, dont le Sang-Je venait de prononcer le nom, faisait pousser une plante à partir d'une graine translucide placée sur ses paumes.

Chaque Anika tenait à tour de rôle la graine avec ses mains, tandis que Sang-Je se murmurait le nom de chacune d'entre elles, son sourire s'élargissant encore. « Anika Denise. Anika Kasey. Anika Emily... »

Le Sang-Je s'arrêta, ses sourcils se froncèrent un court instant, puis se lissèrent à nouveau et il hocha la tête. « Anika Margaret. C'est donc la Ramita de Margaret » Le Sang-Je sourit d'une oreille à l'autre, étirant encore plus son visage, ce qui provoqua des rides sur son visage. Le parfum des Ramitas, qu'il n'avait pas senti depuis longtemps, était si doux et agréable.

Soudain, il retint son souffle.

« ... Anika Flora »

Comme toujours, la Ramita de Flora était incomparable avec celle des autres Anikas.

C'est comme si une légère brise lui chatouillait le nez. Puis l'air se transforma soudain en un vent implacable, lui coupant le souffle.

« Hmm » Le Sang-Je pencha la tête vers la gauche. « C'est étrange. Le vent puissant semblait soudain plus calme que d'habitude. »

Ramita ne change jamais. Mais le Sang-Je décida de mettre cette pensée de côté pour l'instant. De toute façon, la graine translucide n'était pas fiable à cent pour cent. Si l'on devait comparer la graine à un appareil, elle serait probablement plus proche d'une règle. C'est-à-dire qu'elle ne pouvait mesurer que jusqu'à un certain maximum, sans jamais dépasser ce que la règle fournit. Et comme la Ramita de Flora était bien plus forte que ce que la graine pouvait mesurer, il fallait s'attendre à ce qu'elle ne soit pas toujours fiable.

Depuis, le Sang-Je utilisait les graines comme baromètre pour évaluer la force des Ramitas. Même si les Anikas utilisaient les graines pour se classer en fonction de leur niveau, ils ne prêtaient aucune attention à l'origine des graines - ou à leur provenance.

Il n'y avait qu'une seule Anika dont le Sang-Je n'était pas sûr du niveau de Ramita.

Anika Jin. Jin était la seule Anika à avoir refusé la graine translucide, et cela s'était produit lors de sa première participation à la réunion.

Eugène fit le tour du château, demandant s'il y avait une servante portant le nom de

'Poppy', et d'après les dossiers du personnel, personne ne travaillait au Palais avec ce nom. Elle demanda également à Zanne si ce nom lui était familier, mais elle répondit qu'elle ne l'avait jamais entendu auparavant. Elle demanda même au général de vérifier les dossiers datant de trois ans pour voir s'il y avait quelqu'un du nom de Poppy, mais toujours rien. Il était impossible que le général l'ait oublié lors de ses vérifications, car il est très méticuleux.

Réfléchissant pendant une bonne minute, Eugène eut soudain une idée. « Général. Est-ce que nous gardons une trace de tous les travailleurs temporaires que nous avons employés dans le château ? »

« Les documents les plus anciens sont généralement éliminés » dit le général.

« Qu'en est-il des trois dernières années ? »

« Il se peut que nous ayons encore ce dossier. Laissez-moi vérifier » dit le général en quittant la pièce

Il ne lui fallut pas longtemps pour vérifier les dossiers et lorsqu'il revint, il annonça la nouvelle qu'Eugène voulait entendre. « Votre Majesté. Une femme nommée Poppy a travaillé temporairement au château, selon les registres »

D'après le rapport du général, Poppy avait été engagée temporairement il y a environ deux ans et demi. Le comportement du général était étrangement rigide pour quelqu'un qui avait obtenu des informations importantes.

« C'est quelqu'un dont vous vous souvenez ? » lui demanda Eugène.

Le général acquiesça. « Oui, Votre Majesté »

« Y a-t-il quelque chose de particulier que je devrais savoir ? »

« Cette personne est morte avant même d'avoir fini de travailler ici. Elle... s'est suicidée

» expliqua le général

« Vous voulez dire qu'elle s'est suicidée ? » Eugène ne s'attendait pas à cela.

« Oui, mais les circonstances sont étranges »

Ce fut Sarah qui lui expliqua la mort soudaine de Poppy. Poppy avait été engagée pour dix jours, mais elle quitta le château sans prévenir ses conseillers le cinquième jour. Elle disparut le matin et n'est jamais revenue.

La femme qui partageait sa chambre a d'abord essayé de la couvrir, prenant même sur elle de faire la part de travail de Poppy. Mais lorsque Poppy ne revint toujours pas au château, elle n'eut d'autre choix que de le signaler à leur conseiller.

Sarah supposa que Poppy avait dû quitter le château pour une urgence quelconque.

Étant donné que le salaire pour travailler au château était moins que suffisant, il n'y a aucune raison pour que Poppy s'en aille après avoir travaillé pendant cinq jours.

Ils avaient envoyé une personne pour vérifier l'état de Poppy, et se sont rendus à l'adresse indiquée dans ses dossiers. Ce fut là que le corps de Poppy avait été retrouvé mort, noyé dans sa propre baignoire.

« J'avais l'impression qu'il s'agissait d'un meurtre déguisé en suicide, mais en fin de compte, aucune piste n'a été trouvée et l'affaire a été classée comme un suicide »

expliqua Sarah.

« Suicide... » pens » Eugène.

« Je suis ton maître, n'est-ce pas Tanya ? »

[Les souvenirs de Jin commencèrent à se dérouler devant Eugène, Poppy inclinant la tête vers Jin « Oui, Maître »

« Que peux-tu faire pour moi ? »

« Je ferais tout ce que mon maître veut que je fasse » dit Poppy, d'une voix comme en transe.

Jin grimaça tandis qu'elle se mettait à rire. « C'est vrai ? »]

Entendre Jin prononcer ces mots avec tant de venin fit frissonner Eugène. Même s'il s'agissait de quelque chose qui s'était passé dans le passé, Eugène se surprenait à murmurer les mots 'ne le fais pas' encore et encore, et elle savait alors que Jin était sur le point de faire quelque chose d'horrible.

[« Prouve-moi ta loyauté pour que je puisse te faire confiance. » dit Jin.

« Oui, maître »

« Tu as dit que tu ferais tout ce que je souhaite ? »

Poppy acquiesça. « Oui, maître. Tout ce que tu voudras. Il suffit de le dire »

« Alors prenez ce chemin qui mène à l'extérieur du château et rentrez chez vous.

Remplissez votre baignoire d'eau, puis entrez et immergez-vous dans la baignoire, jusqu'à la tête. Retenez votre respiration et ne ressortez que lorsque je vous le dirai » dit Jin.]

Ps de Ciriolla: La Jin.... c'est une grande malade ....TT

Tome 1 – Chapitre 175 – Les doutes de Verus

Le souvenir s'arrêta là. Eugène n'arriva pas à se débarrasser de la sensation de vide qui s'était emparée de son corps, sentant son énergie s'épuiser en voyant des souvenirs aussi horribles.

Eugène était restée immobile, aucun mot ne sortant de sa bouche pendant un long moment. Inquiet de l'immobilité de la reine, le général prit la parole. « Votre Majesté.

Dois-je essayer de savoir ce qui lui est arrivé après son départ du château ? »

« Il n'y a pas de problème. Je vous remercie de vos efforts. Vous pouvez partir maintenant » dit Eugène.

« Oui, Votre Majesté » Le général acquiesça et partit Eugène renvoya les autres servantes, la laissant seule dans la salle d'attente où elle s'effondra sur le canapé. « Jin... comment une personne peut-elle être aussi cruelle ? »

Poppy était la première Tanya. Après la mort de Poppy, Ellie devait être la deuxième Tanya à travailler dans le château. Eugène savait pourquoi Jin avait dû recourir à des mesures aussi drastiques, elle voulait s'assurer que la servante envoyée par Rodrigo était fiable, et avait pris sur elle de tester la loyauté de Poppy, pour voir jusqu'où elle irait pour obéir à ses ordres.

Eugène comprit pourquoi elle l’avait fait, car elle pensa à la même chose en voyant Molly tout à l'heure. Elle se demanda si Molly va retourner auprès de Rodrigo pour lui rapporter ce qu'elle avait vu et entendu, ou si Molly avait été amenée à agir comme une servante obéissante, alors qu'en réalité elle n'était rien d'autre qu'une espionne. Même si Eugène pensa à vérifier où se situe sa loyauté, elle n'avait pas l'intention de le découvrir en utilisant la même méthode que Jin.

« Elle a probablement voulu donner un avertissement à Rodrigo. » réfléchit Eugène en s'entourant de ses bras, sentant encore la chair de poule lui monter aux bras. « Molly, que dois-je faire d'elle ? » Elle réfléchit, mais ne trouva pas de solution. Une servante frappa à sa porte et lui fit signe d'entrer.

« Votre Majesté. Le chancelier demande à vous voir. Si vous le permettez, il aimerait venir vous voir cet après-midi »

*********************************

Verus arriva au bureau de la reine dans l'après-midi, un peu plus tôt que l'heure de convocation convenue. Il attendait le retour de la femme de chambre, tuant le temps en observant son environnement, ses yeux dérivant vers la porte fermée en face de lui, des émotions contradictoires bouillonnant en lui.

Sa dernière visite remontait à une dizaine de jours, et beaucoup de choses s'étaient passées depuis. En ces saisons actives, tout le monde dirigeait son attention vers le roi, ne laissant échapper que de la révérence en le louant sans cesse.

Mais aujourd'hui, l'attention du peuple se portait sur la reine, émerveillée par le fait qu'elle ait transformé une Alouette en arbre. On se moquait de ceux qui n'avaient pas vu l'arbre en personne, disant qu'ils avaient manqué quelque chose et que c'était pour cela que Verus était venu le voir, la curiosité l'emportant.

Verus n'était pas du genre à croire facilement ce que les autres avaient à dire, car cela ne pouvait être que des exagérations. Même s'il y avait déjà d'innombrables histoires à ce sujet, provenant toutes de personnes différentes, Verus voulait quand même le voir de ses propres yeux, faisant confiance à son jugement plus qu'à celui de n'importe qui d'autre.

Il appela Sven, qui était présent lors de l'événement. En plus de lui-même, il pouvait compter sur Sven pour lui dire la vérité. « Tu étais là, n'est-ce pas ? As-tu vraiment vu l'Alouette se transformer en arbre ? »

« Tu m'as vraiment appelé pour me demander ça ? » répondit Sven, l'irritation se faisant sentir dans sa voix. Son ton était un peu accusateur, comme s'il disait : « Comment oses-tu douter des pouvoirs de la reine ? »

« Sinon, pourquoi t'aurais-je fait venir ici ? Je veux juste l'entendre de la bouche d'un témoin direct » Verus répondit calmement. Il fut cependant surpris de voir Sven se mettre sur la défensive. Sven semblait avoir promis sa totale loyauté envers la reine, ce qui déconcerta Verus, car Sven n'était pas quelqu'un que l'on pouvait facilement acheter avec de la richesse ou du pouvoir.

Avant de demander à rencontrer la reine, Verus avait des pensées contradictoires. Les informations qu'il avait obtenues étaient assez importantes, et il était partagé entre l'idée de les rapporter à la reine, puisque c'était elle qui lui avait demandé d'enquêter, et celle d'en faire part immédiatement au roi.

Si cela s'était produit il y a dix jours, Verus serait allé directement voir le roi sans hésiter. Mais la situation de l'Alouette avait complètement changé la perspective de Verus. Pourquoi la reine, qui avait ce genre de pouvoir, avait-elle besoin d'interagir avec les serviteurs de Mara ?

La reine avait donné l'ordre, et le roi l'avait autorisé à mener l'enquête, alors il pensait que l'idéal était d'en référer d'abord à la reine.

La porte s'ouvrit et la servante sortit, s'inclinant légèrement devant lui. « Entrez donc »

Tome 1 – Chapitre 176 – Le rapport de Verus

Verus entra dans le bureau et s'inclina devant Eugène qui était assise sur un canapé.

Avec sa permission, Verus s'assit en face d'elle. « Je suis venu vous faire part de mes conclusions concernant les questions que vous m'avez posées »

Lorsque le chancelier Verus avait sollicité un entretien, elle avait d'abord pensé qu'il lui poserait d'autres questions relatives à l'enquête. Mais en l'espace d'une dizaine de jours, il avait réussi à rassembler les informations dont elle avait besoin. Eugène fut très impressionné.

Elle s'adaptait lentement au rythme effréné de ce monde. Même un simple ordre donné à un domestique prenait un certain temps. Dans ce monde, dix jours n'étaient pas grand-chose, il était donc logique que les compétences du chancelier soient reconnues comme étant de premier ordre.

« Vous avez dit que vous aviez des soupçons concernant le courtier en informations, Cage, qui utilisait ses honoraires de courtage à des fins clandestines. J'ai donc fouillé dans ses dossiers concernant sa fortune » dit Verus.

Depuis qu'il avait reçu l'ordre d'enquêter en secret, il avait fait très attention à ne pas éveiller les soupçons. Il ne pensait pas qu'il s'agissait de quelque chose de grave, et même si ces soupçons étaient vrais, la pire chose qu'il pouvait faire était de payer la noblesse pour son soutien.

Dans les royaumes comme celui de Hashi, où régnaient des rois non violents, les personnes qui se disputaient le pouvoir politique avaient rarement recours à des bains de sang. La situation différait d'un royaume à l'autre, mais elle était fondamentalement la même.

En revanche, les luttes pour le pouvoir économique étaient très intenses. Les marchands formaient généralement des alliances entre eux, travaillant même avec des nobles pour organiser des escroqueries ou même commettre des assassinats juste pour se débarrasser de leurs concurrents. Tous recouraient à des mesures drastiques pour parvenir au sommet.

Verus était à l'origine sur cette piste, enquêtant davantage sur les disputes que les bourgeois avaient normalement, mais il découvrit alors quelque chose d'inhabituel.

« Cage n'avait pas de biens ou d'actifs à son nom. Mais j'ai découvert qu'il tenait un petit magasin sous un faux nom » dit Verus.

Eugène écouta les paroles de Verus, se concentrant profondément sur ce qu'il avait à dire. Il semblait que Rodrigo avait délibérément créé ces différentes identités, pour les utiliser à son avantage.

« Le magasin ne faisait que peu ou pas de bénéfices. Et sous la possession du magasin, il y avait aussi un petit entrepôt »

Verus avait une personnalité tenace. S'il commençait à creuser et qu'il trouvait quelque chose de pertinent dans ses recherches, il ne s'arrêtait pas là. Il approfondit encore ses recherches, essayant de régler les derniers détails de tout ce qu'il avait réussi à trouver.

Cela lui prenait parfois toute la journée, et il ne s'arrêtait pas tant qu'il n'est pas satisfait.

Ses recherches fructueuses lui firent oublier l'épuisement qu'il subissait Il se dit qu'il était étrange que Cage ait un entrepôt alors qu'il ne tirait pratiquement aucun revenu de ce magasin. Il n'y avait pas d'utilité à cela puisqu'il n'avait rien à garder de toute façon. Et s'il n'utilisait pas l'entrepôt pour stocker des marchandises, à quoi servait-il alors ? Il aurait été plus judicieux de le louer pour générer plus d'argent, n'est-ce pas ? Puisque le profit était le seul but de tout commerçant.

Verus découvrit également que l'entrepôt avait été récemment construit, et il prit sur lui de voir quels matériaux de construction avaient été achetés et utilisés pour l'assemblage de l'entrepôt, et à partir de là, il trouva une autre faille. « Il semble que l'entrepôt ait été construit à l'origine pour servir de chambre noire »

« Et il y a quelque chose d'étrange à ce sujet ? » demanda Eugène en haussant légèrement les sourcils.

« Le loyer d'une chambre noire est assez élevé. De plus, il n'y en a presque pas sur le marché. Un locataire peut donc en faire le prix qu'il veut, puisque c'est une denrée rare »

expliqua Verus.

Il serait tellement logique de se débarrasser du magasin non rentable dans son intégralité et de louer la chambre noire.

« Mais l'entrepôt n'est même pas enregistré en tant qu'entrepôt de chambre noire, ce qui est assez suspect » dit Verus.

« Avez-vous vérifié qu'il s'agissait bien d'un entrepôt de chambres noires ? »

« Pas encore. Mais d'après les matériaux utilisés pour le construire, il n'y a aucun doute

»

Eugène fronça les sourcils. « Rodrigo a-t-il fait quelque chose dans cet entrepôt ? » Elle pensa que le rituel dont parlait Rodrigo avait peut-être un rapport avec l'entrepôt.

« Votre Majesté. La construction d'une chambre noire coûte beaucoup d'argent. Compte tenu du manque de profit du magasin, il leur serait impossible d'en construire un. Ils n'ont même pas contracté de prêt. Si je peux me permettre, combien avez-vous payé à Cage en frais de courtage ? » demanda Verus, attendant une réponse.

La question de Verus rendit Eugène silencieuse et lui donna des sueurs froides. Elle voulait mentir, mais elle savait qu'il y aurait des relevés bancaires et des déclarations concernant ses dépenses, et qu'elle finirait par être démasquée lors d'une enquête.

Comme il s'agissait du compte de la reine, Verus n'avait pas le droit d'enquêter à moins qu'elle ne l'autorise. Et elle décida qu'il était inutile de tromper le chancelier avec des mensonges.

Prenant une profonde inspiration, Eugène dévoila la somme dépensée au cours des trois dernières années, une somme qui fit retenir son souffle à Verus.

« Votre Majesté » dit Verus, se taisant un instant. Eugène se sentit gêné par cette vue et elle laissa échapper une petite toux.

« Il semble que l'homme ait utilisé l'argent que vous lui avez donné pour son propre compte » dit Verus, encore stupéfait par la quantité d'argent que la reine avait dépensée. Cependant, il ne tira pas de conclusions basées sur ses préjugés personnels. Si la reine avait dépensé l'argent du trésor du royaume, ce serait un énorme problème, mais utiliser l'argent de sa propre poche était une toute autre histoire.

Il pensait que la reine n'avait probablement pas compris l'ampleur de la somme.

« La somme que vous lui avez versée est plus que suffisante pour construire un entrepôt. Je vais enquêter sur les autres utilisations qu'il a pu faire de cet argent, et nous avons suffisamment de raisons de le poursuivre et de l'arrêter. Que voulez-vous faire ? »

dit Verus, attendant attentivement la réponse de la reine.

Tome 1 – Chapitre 177 – J'ai fait une erreur

Eugène n'avait pas l'intention de faire quoi que ce soit à Rodrigo pour le moment, vu qu'elle pourrait obtenir beaucoup d'informations de lui. « Il faut que j'y réfléchisse. J'ai l'impression que ce n'est pas une raison suffisante pour l'arrêter juste parce qu'il a utilisé l'argent que je lui ai donné. Ce n'est pas comme s'il m'avait volé l'argent de toute façon. »

« Si vous n'avez pas l'intention de le faire arrêter maintenant, dois-je continuer à enquêter ? »

Eugène déglutit nerveusement, sa gorge se sentant soudain serrée. « « A-t-il commis un crime ? demanda Eugène en essayant de feindre le calme.

« Je n'en suis pas sûr »

Verus avait également découvert qu'il y avait eu une transaction entre Cage et une personne impliquée dans les serviteurs de Mara. Il soupçonnait Cage d'être l'un de ces serviteurs, et il avait l'intention d'enquêter plus avant. Il se tint à carreau, gardant ses projets pour lui.

« Si tu découvres quoi que ce soit d'inhabituel, fais-le moi savoir immédiatement.

D'accord ? » Eugène se tint coi, essayant de masquer son anxiété par un visage impassible.

« Bien sûr, Votre Majesté »

« Je suis sûr que vous êtes occupé par votre travail. Je ne vous retiendrai pas plus longtemps. Je vous remercie d'avoir répondu à ma demande en si peu de temps » dit Eugène.

« Je n'ai fait que mon devoir, Votre Majesté » Verus répondit en se levant, en s'inclinant et en quittant rapidement le bureau.

En l'absence de Verus, l'attitude sérieuse d'Eugène se transforma en une attitude angoissée, tandis que l'anxiété l'envahissait. Faisant les cent pas dans la pièce, les mains moites, Eugène marmonnait sans cesse : « Que dois-je faire ? Que dois-je faire ? »

Il avait utilisé l'argent de Jin pour construire l'entrepôt - l'entrepôt de la chambre noire qui faisait l'objet de soupçons.

Quand Eugène avait demandé au chancelier d'enquêter sur Rodrigo, elle avait seulement l'intention d'obtenir plus d'informations sur son identité sous le nom de Cage. Elle ne s'attendait pas à ce que Verus découvrit quelque chose d'aussi énorme, et rapidement en plus. « Rodrigo, c'est tout ce que tu as ? On te découvre déjà en si peu de temps »

Le chancelier ne semblait pas encore connaître la véritable identité de Rodrigo, mais il ne tarderait pas à la découvrir. Rodrigo et ses actions parmi les serviteurs de Mara seraient sûrement mis en lumière, ainsi que le fait que le financement avait été fourni par nulle autre que la reine, à laquelle ils se réfèrent comme à une Sainte. Comment allait-elle expliquer cela ?

Eugène n'avait aucune idée de ce que Jin essayait d'accomplir à travers sa relation avec les serviteurs de Mara. Elle ne savait pas où aller, et elle n'arrivait pas à faire quelque chose de ce que Rodrigo lui avait dit, et de la situation avec Tanya Molly aussi. Elle ne savait pas par où commencer.

Elle resta perdue dans ses pensées pendant un bon moment. Les bras croisés, Eugène leva légèrement la tête et dit : « C'est vrai. C'est ma seule option »

**********************************

Après que le serviteur du roi soit entré et sorti, il se rendit directement dans les appartements de la reine.

En temps normal, Eugène aurait attendu Kasser assise sur son lit, mais maintenant qu'elle était tendue et agitée, elle préféra l'attendre assise sur son canapé.

En entrant dans la chambre, Kasser fit face au lit, s'attendant à ce qu'Eugène s'y prélasse. En se retournant, il vit Eugène se lever de son siège et marcha droit vers lui. «

Votre Majesté. J'ai quelque chose à vous dire » dit Eugène en se rapprochant de lui.

« Tout de suite ? »

« Oui. Tout de suite »

Kasser se gratta les tempes. « Êtes-vous sûr qu'il faut que ce soit tout de suite ? »

« Oui. Il faut absolument que ce soit maintenant »

Eugène lui fit signe de s'asseoir sur le canapé en face d'elle. C'était la première fois qu'il voyait son visage aujourd'hui, après le bref moment qu'ils avaient passé ensemble au déjeuner. Pourquoi lui était-il si difficile de voir le visage de sa femme ? Il trouvait cela très injuste. Ce qu'il voulait faire maintenant, c'était la soulever à la manière d'une mariée, l'allonger sur le dos et l'embrasser à plusieurs reprises. Il avait l'impression qu'ils perdaient du temps à parler alors qu'ils devraient être en train de batifoler.

Il s'assit à contrecœur.

« Votre Majesté » dit Eugène avec hésitation. Elle s'arrêta là, comme si elle avait du mal à articuler ses mots. La voir sur les nerfs rendit Kasser curieux de savoir ce qu'elle s'apprêtait à dire.

« J'ai fait une erreur. Enfin, je crois que j'en ai fait une... » dit Eugène à voix basse.

En attendant qu'elle continua, il s'appuya sur le dossier du canapé et la regarda attentivement.

« C'est arrivé avant. C'est quelque chose que j'ai fait avant de perdre la mémoire »

Eugène continua.

Eugène lui expliqua qu'elle avait demandé au chancelier d'enquêter sur Cage et sur la conversation qu'ils avaient eue l'après-midi. Elle lui parla également de toutes les informations que le chancelier avait réussi à rassembler.

« Il a donc construit un entrepôt avec l'argent que vous lui avez donné. Y a-t-il un problème ? S'il a fait quelque chose que tu trouves irrespectueux, tu n'as qu'à le dénoncer » dit Kasser.

Eugène parla avec prudence, se méfiant de la réaction qu'il pourrait avoir en apprenant la nouvelle. « Cet homme... n'est pas qu'un simple courtier en informations »

Tome 1 – Chapitre 178 – Ce n'est qu'un roman

Kasser la regarda sans mot dire, le visage indéchiffrable, attendant qu'elle continue. Le voir la regarder attentivement fit tressaillir Eugene qui continua : « Je pense qu'il a plusieurs noms, et le nom 'Cage' est celui qu'il utilisait lorsqu'il agissait en tant que courtier d'information »

Avant de rencontrer Kasser, Eugène avait répété son texte dans sa chambre, s'assurant de choisir chaque mot avec soin pour ne pas faire de faux pas. Elle ne pouvait pas dire toute la vérité à Kasser, alors elle décida d'omettre certaines parties du récit et elle devait s'assurer que tout s'intègre parfaitement, pour éviter qu'il ne devienne suspicieux.

« L'un de ses autres noms est Rodrigo. Un serviteur de... Mara »

Après sa rencontre avec le chancelier, Eugène se rendit compte qu'elle ne pouvait pas gérer tout cela toute seule, étant donné que sa mémoire n'était pas très fiable. Ce fut pourquoi elle avait décidé d'aller voir le roi, de lui dire ce qu'elle savait et de lui demander de l'aide. Il était le seul à pouvoir couvrir les actions passées de Jin, quelles qu'elles furet. Il était le Roi du Désert, le dirigeant de ce royaume après tout.

L'expression de Kasser resta indéchiffrable même après avoir entendu les mots d'Eugène. « Qu'est-ce que ses autres identités ont à voir avec vous ? » demanda Kasser en haussant un sourcil. Sa voix resta calme, et il ne faiblit pas, même lorsque les serviteurs de Mara furet évoqués.

Eugène fut surpris de le voir imperturbable. Marianne lui avait déjà dit que le roi ne faisait pas confiance aux serviteurs de Mara, mais malgré sa méfiance à leur égard, il restait neutre, ne montrant rien qui ressemble à de la haine ou du dégoût.

« Parce que j'ai continué à le rencontrer alors que je savais qu'il était un des serviteurs de Mara, et que je lui ai même donné une grosse somme d'argent » répondit Eugène.

« Mais vous n'avez fait qu'acheter des informations à un courtier en information et vous l'avez payé pour cela » dit Kasser, toujours confus de l'appréhension d'Eugène.

« Je l'ai payé beaucoup plus que la moyenne des frais de courtage »

« Si l'acheteur et le vendeur se sont mis d'accord sur un certain prix, il n'y a pas lieu d'en faire tout un plat » Kasser dit nonchalamment, ce qui rendit Eugène encore plus nerveuse. Ce qu'elle voulait, c'était lui avouer ce que Jin avait fait, et qu'il prenne une décision sur cette base.

Eugène respira profondément. « Ce n'était pas un simple échange entre un acheteur et un vendeur. Je n'en aurais pas parlé si c'était aussi banal. Je me suis souvenu que je finançais les serviteurs de Mara, et... » Eugène reprit : « Il m'a traitée de Sainte »

L'expression calme de Kasser se transforma soudain en une expression furieuse. « Quel homme vicieux, qui a recours à de telles méthodes juste pour te tromper » Sa voix rageuse fit tressaillir Eugène devant lui.

« Quoi ? »

« Il essaie de te faire croire à ses mensonges » Kasser marmonna en continuant « A-t-il découvert que tu possédais beaucoup d'argent ? »

Il était clair que la colère de Kasser était dirigée contre Rodrigo, pas contre Eugène.

Eugène se rendit compte qu'il avait dû conclure qu'elle avait été naïvement escroquée de son argent, ce qui la fit se moquer d'elle-même. Elle pensait vraiment qu'il comprendrait ce qu'elle essaie de dire, mais ce malentendu dit le contraire.

« Votre Majesté. Ce n'est pas ce que j'essaie de dire » dit Eugène, légèrement frustrée de devoir prouver sa culpabilité au lieu de se défendre.

« Je comprends ce que vous voulez dire »

Eugène se tut, ne sachant pas comment lui faire comprendre.

« Vous êtes inquiète du fait qu'il vous a appelé un de leurs saints, n'est-ce pas ? »

demanda Kasser.

« Oui » Eugène se tut.

« Si vous avez utilisé le titre qui vous a été donné pour profiter des gens, alors vous êtes coupable d'un crime terrible. As-tu fait quelque chose comme ça ? »

« Je ne sais pas. Je ne me souviens pas »

« Tu ne te souviens pas parce que tu n'as rien fait de tel. Si tu l'avais fait, je l'aurais su »

dit Kasser, essayant d'apaiser les inquiétudes d'Eugène.

Eugène hocha la tête en entendant l'affirmation de Kasser. Jin s'était éclipsée du château pour rencontrer Rodrigo, mais cela ne devait pas être très fréquent. Jin se ferait sans doute prendre si elle sortait plusieurs fois. Eugène se rendit compte que la vie d'une méchante reine impliquait un grand nombre d'yeux vigilants, qui la surveillaient partout et à tout moment.

« Vous êtes une reine. Le pouvoir que tu as sur cette nation est bien plus grand que celui que tu pourrais avoir avec n'importe quel titre, et tu n'aurais rien pu gagner à être appelée 'Sainte' » lui dit Kasser.

Eugène resta bouche bée devant lui, son raisonnement étant parfaitement logique. Mais ce qui la préoccupait, c'était ce qu'avait fait Jin, qui ne pouvait être expliqué rationnellement.

Alors, pourquoi investir tout cet argent dans les serviteurs de Mara ?

« C'est moi qui devrais vous poser la question » dit Kasser.

Eugène ne s'était pas rendu compte qu'elle avait exprimé ses pensées. « J'ai dû garder secrète cette relation avec les serviteurs de Mara pour une bonne raison. Même si je ne suis pas allé jusqu'au bout, c'est quand même un crime de planifier quelque chose comme ça »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demanda Kasser.

« Tu sais, comme invoquer Mara ou quelque chose comme ça » Eugène ne se rendit pas compte de l'absurdité de son propos, ce qui poussa Kasser à grogner.

« Invoquer le vil Dieu pour quoi faire ? » dit Kasser en éclatant de rire.

« Votre Majesté » Eugène fronça les sourcils, elle était furieuse qu'il prenne à la légère tout ce qu'elle avait dit. Kasser remarqua qu'Eugène le regardait avec insistance. Il essaya d'arrêter son rire en se reprenant, forçant ses joues à rester immobiles et formant un froncement de sourcils peu convaincant.

« Si c'est comme ça que tu réagis, alors la prochaine fois qu'il se passera quelque chose, tu ne me trouveras pas en train de t'en parler » dit Eugène, visiblement irrité.

Malgré l'expression exaspérée de la jeune femme, Kasser la trouvait toujours aussi belle, et il dut repousser ses envies, car tout ce qu'il voulait, c'était embrasser ses lèvres à plusieurs reprises. Et s'il l'étouffait de baisers, Eugène se fâcherait encore plus. Le temps qu'ils passaient ensemble était déjà très court, et il ne voulait pas perdre plus de temps avec Eugène qui lui en voulait.

« Calme-toi. Je ne voulais pas me moquer de toi. C'est juste que ça me paraissait illogique » expliqua Kasser.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Mara. C'est le dieu que les serviteurs servent. Est-il possible d'invoquer un dieu ? »

C'était possible dans le roman d'Eugène, mais c'est tout. Ce n'était qu'un roman.

Tome 1 – Chapitre 179 – La fin d'un hobby

« Le Sang-je est un saint homme qui protège la ville sainte depuis très longtemps, selon son Dieu, Mahar. Mais personne n'a jamais vu Mahar. Et je pense que si un Dieu venait à descendre dans ce monde, cela ne signifierait que la fin du monde » lui dit Kasser.

Eugène le regarda avec des yeux écarquillés.

« Les dieux. C'est une entité que nous ne pouvons même pas imaginer. Est-ce qu'une forme de vie pourrait survivre au contact d'un tel être ? »

Eugène écouta attentivement, prêtant toute son attention à Kasser.

« Disons qu'il est possible d'invoquer un Dieu, et que vous êtes impliqué d'une manière ou d'une autre dans ce processus. Alors quelle pourrait être votre raison d'en invoquer un ? »

« Désirer le pouvoir de Mara.... » Eugène parla sans réfléchir, énonçant l'objectif final de Jin pour invoquer Mara.

« Pourquoi ? Tu es une Anika avec un niveau de Ramita inégalé. Tu as déjà la bénédiction des Dieux, alors pourquoi voudrais-tu encore plus de pouvoir ? De la part d'un dieu maléfique de surcroît »

Jin n'avait que peu ou pas de Ramita à sa naissance, c'était pourquoi son désir d'avoir un pouvoir différent et beaucoup plus fort résonnait si profondément en elle. Mais cela n'était vrai que dans le roman.

Cette conversation avec Kasser rendit Eugène encore plus confuse qu'elle ne l'était déjà.

Elle avait l'impression que les choses qui l'inquiétaient n'avaient en fait aucune importance.

« Il est vrai que c'est moi qui ai financé les serviteurs et que j'ai entretenu des relations étroites avec eux, jusqu'à mériter le titre de Saint parmi eux » répèta Eugène s’assurant que Kasser comprenait bien la situation dans laquelle elle se trouvait.

Kasser acquiesça. « C'est vrai. Cela ne vous servira à rien si ce fait est connu du public.

Ils s'en serviront certainement contre vous » Son attitude resta sérieuse pendant qu'il continuait. « Maintenant, dites-moi ce que vous voulez »

Eugène la tourna vers lui, surpris et un peu gêné qu'il ait réussi à voir clair en elle.

La raison pour laquelle elle lui avait raconté tout cela n'était pas simplement parce qu'elle voulait expier ses terribles actions, ni pour obtenir son empathie et l'assurer qu'il n'y avait pas de mal à faire des erreurs, ce qu'elle voulait, c'était que Kasser trouve une solution. Elle ne voulait plus être piégée dans la chaîne des méfaits de Jin.

« I.... »

Eugène avait du mal à exprimer ses intentions, se sentant gênée de vouloir se libérer de son sombre passé.

Kasser attendit qu'elle continue, mais la voir lutter pour former des mots l'incita à prendre une décision. « Je vais envoyer un décret royal pour retrouver tous les serviteurs de Mara et les expulser afin qu'ils ne puissent rester nulle part dans le royaume »

« Non ! » dit Eugène avec insistance. « J'ai entendu dire que vous ne les persécutez plus depuis. Je ne veux pas que les choses changent en ce qui concerne les serviteurs de Mara

»

« Alors dois-je ordonner l'arrestation de cet homme ? »

Eugène secoua la tête. « S'il vous plaît, ne faites rien pour l'instant. J'envisage d'avoir un entretien avec cet homme »

Kasser se renfrogna en entendant sa réponse. « Pourquoi ? Pour quoi faire ? »

« J'ai l'impression que je pourrais me souvenir de quelque chose en le rencontrant, et je veux savoir pourquoi je lui ai donné autant d'argent. Le chancelier pourrait également mener une enquête à son sujet et vous en faire part directement. Pourriez-vous ralentir son enquête ? »

Il se souvenait de ce que Verus lui avait rapporté plus tôt concernant les serviteurs de Mara, jugeant leurs actions suspectes alors qu'il lui ordonnait d'enquêter. En entendant ce qu'Eugène avait dit, il se mit à douter encore plus, car les serviteurs de Mara avaient beaucoup d'argent en jeu, et il était donc logique qu'ils se renforcent.

En revanche, il ne comprenait pas pourquoi Eugène tenait à le rencontrer pour se remémorer ses souvenirs. Quel est l'intérêt ?

Il y avait des moments où Eugène semblait bloqué en train de réfléchir profondément à ses souvenirs. Kasser était satisfait de leur situation actuelle, mais il savait qu'il ne pouvait pas lui reprocher de vouloir retrouver ses souvenirs, et il comprenait la raison de son anxiété croissante.

« D'accord » Kasser accéda à sa demande de laisser Rodrigo tranquille pour le moment.

Sa réponse brève et directe surprit Eugène. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il acquiesce aussi rapidement.

« Vous avez ma parole. Mais je ne peux pas garantir que je le laisserai tranquille. Vu ce qu'il vous a fait, il y a de fortes chances qu'il ait commis d'autres crimes. Je vais lui

imposer un délai d'un mois. Après le début de la saison sèche, c'est moi qui m'occuperai de lui » déclara Kasser.

Eugène hocha la tête, acceptant pleinement les conditions de Kasser. Laissant échapper un petit soupir, le malaise qu'elle avait ressenti tout à l'heure se dissipa peu à peu. Elle avait l'impression de pouvoir respirer plus facilement maintenant.

Elle savait qu'il ne pourrait pas la refuser, mais elle s'attendait à ce qu'il la réprimande au moins. Elle se sentait plus légère, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être un peu inquiète. Est-ce que ça va vraiment aller ?

« Eugène » Kasser appela soudain Eugène, la tirant de ses pensées. « Je vais vous trouver un nouveau courtier en information compétent »

Elle haussa un sourcil. « Tu crois que je suis fâchée parce que j'ai perdu le courtier en information ? Celui qui m'a aidée à rassembler ces vieux livres ? »

« Votre hobby était important pour vous. »

« Plus maintenant. Tu sais que je n'ai pas acheté de livres ces derniers temps »

« C'est la saison active » dit Kasser en haussant les épaules.

« C'est vrai. Jin n'achète des livres que pendant la saison sèche »

Pendant la saison active, les marchandises à vendre étaient beaucoup plus limitées. Les seules marchandises disponibles sur le marché étaient généralement des produits de première nécessité, et les produits de luxe tels que les vieux livres n'étaient disponibles que pendant la saison sèche.

« J'ai perdu tout intérêt pour la collection de livres, je ne pense pas que j'en achèterai d'autres » dit Eugène.

« Pourquoi tout d'un coup ? » demanda Kasser.

« Il n'y a pas vraiment de raison. C'est comme ça que fonctionnent les hobbies, parfois on aime, parfois on n'aime pas... » Eugène s'arrêta dans son élan, remarquant que Kasser la regardait si gentiment qu'elle ne put s'empêcher de lui rire au nez.

« Vous avez vraiment le don de rendre les discussions sérieuses plus légères » dit Eugène tandis qu'elle secouait la tête, ses lèvres formant une moue.

L'expression attachante de la jeune femme fit rire Kasser qui se leva de son siège, se pencha vers l'espace personnel de la jeune femme et la souleva dans ses bras. L'action soudaine fit couiner Eugene tandis que Kasser l'emmenait vers le lit.

Tome 1 – Chapitre 180 – Juste une fois Kasser fit asseoir Eugène avec précaution sur le lit, s'assurant qu'elle était à l'aise avant de s'agenouiller devant elle. Il lui caressa doucement les épaules avant de se pencher vers elle et de capturer ses lèvres avec les siennes.

Écartant les lèvres pour dire à Kasser de patienter un peu, elle ne réussit qu'à ouvrir la bouche lorsqu'il la dévora complètement, ses mots mourant sur sa langue.

Kasser pouvait sentir son regard pénétrant, le regardant comme si elle lui faisait signe d'arrêter, mais il ne pouvait pas se résoudre à arrêter de l'embrasser.

Ces derniers temps, il avait du mal à se contrôler lorsqu'il était avec Eugène. C'était comme si son corps ne lui appartenait pas et que sa patience ne tenait qu'à un fil.

Il était toujours pris d'une irrésistible envie de la toucher et de l'embrasser, et dès qu'il la touchait un peu, sa gourmandise montait en flèche, comme si elle s'enflammait encore plus. La faim qu'il ressentait était évidente dans ses baisers.

C'était la seule chose qu'il attendait avec impatience après avoir passé toute la journée plongé dans le travail. La nuit, Eugène était toute à lui, et il ne voulait pas perdre le moindre moment passé avec elle.

Il lui ouvrit la bouche avec sa langue et l'embrassa profondément et passionnément. Ils étaient dans un enchevêtrement de lèvres humides, de respirations mélangées et de langues mouillées par la salive de l'autre. Il avait mémorisé son goût, mais elle était toujours aussi douce.

En la surplombant, Kasser enferma Eugène dans une cage tandis qu'elle se penchait lentement en arrière, la tête inclinée pour accueillir ses lèvres. Les bouches se poursuivaient, s'engloutissant l'une l'autre en gardant leurs lèvres verrouillées.

« Hnn » Eugène gémit quand sa langue se fraya un chemin à l'intérieur, s'enroulant autour de la sienne comme un serpent glissant, tandis qu'il l'aspirait profondément dans sa bouche. Eugène sentit un picotement le long de son dos, et elle laissa inconsciemment échapper un gémissement du fond de sa gorge.

De ses yeux mi-clos, elle pouvait voir son nez incliné et proéminent. Ses cils s'agitèrent alors qu'elle s'efforça de les garder ouverts sous l'effet du plaisir qu'elle ressentait. En fermant les yeux, son bas-ventre picotait d'excitation. C'était comme si tout son corps était en feu.

Ils étaient si absorbés l'un par l'autre qu'elle avait l'impression qu'ils avaient atteint un nouveau niveau d'intimité, bien qu'ils aient fait l'amour plusieurs fois.

Satisfait de son goût, il retira ses lèvres des siennes pour reprendre rapidement son souffle, se penchant à nouveau pour déposer un doux baiser sur ses lèvres, puis effleura légèrement ses joues et ses paupières comme s'il l'enregistrait dans sa mémoire. A peine le temps d'une seconde, il l'embrassa encore plus passionnément, la mordillant un peu plus fort.

« Mon roi... hnn. A-attendez » Eugène bégaya. Il y avait quelque chose qu'elle devait lui dire. Eugène tourna la tête sur le côté pour éviter ses baisers, mais Kasser se baissa et enfouit son visage dans son cou. Il y déposa un baiser, mordant doucement sa chair tout en suçant sa peau. Ses attentions lui donnèrent envie d'en savoir plus.

« Ahh... » gémit Eugène en levant les mains vers sa poitrine. Elle le poussa légèrement et dit : « Mon Roi.... Il y a encore quelque chose dont nous devons discuter »

« Hmm » marmonna-t-il contre sa peau tout en continuant à couvrir son visage d'innombrables baisers.

Elle jeta un coup d'œil à son entêtement. « Oh, toi » Elle marmonna alors que Kasser continuait comme s'il ne l'avait jamais entendue.

Elle lui avait déjà dit qu'elle retrouverait Rodrigo, ne serait-ce pas bien d'aller le rejoindre puisque Kasser avait déjà donné sa permission ?

Kasser s'attaqua de nouveau à son cou en l'embrassant sans relâche, ce qui fit glousser Eugène à ce contact. Il aimait ces moments de douceur et d'attardement entre eux, et il se disait mentalement de ne rien faire qui puisse causer une rupture dans leur relation.

Il espérait qu'ils resteraient ainsi pour toujours.

« Nous nous retrouverons à l'extérieur du château » dit Eugène.

« Pourquoi ? » Kasser lui demanda directement à l'oreille, en mordillant doucement la peau douce.

« Je ne veux pas qu'il soit sur ses gardes. Je vais aller le voir seul »

En entendant ses mots, Kasser cessa de l'embrasser. « Qu'est-ce que tu racontes ? Et ton escorte ? »

Eugène pencha la tête vers le bas, établit un contact visuel avec lui et dit : « Il n'y aura pas d'escorte. J'irai seul »

« Arrête de dire des bêtises » Kasser lui dit sévèrement, lui coupant l'herbe sous le pied.

Eugène cligna des yeux, regardant ses yeux qui semblaient devenir froids et durs. Il n'avait plus la douceur qu'il avait quelques instants auparavant.

« Pourquoi ne pas l'appeler au palais ? » demanda Kasser.

« Je ne peux pas lui parler au château car cela risque de prendre du temps »

Kasser la fixa quelques instants et demanda : « Pourquoi ? »

« J'ai toujours parlé avec lui à l'extérieur. Si je lui disais soudainement de me retrouver ici, il serait très méfiant. Si je veux obtenir des réponses, je dois m'assurer qu'il me fait confiance » expliqua Eugène

« Si vous n'aviez jamais eu de conversation privée avec lui, tout cela ne serait pas arrivé

» déclara Kasser.

« Ah. C'est... » Eugène baissa les yeux et continue : « Avant... avant cet incident. Je me souviens l'avoir rencontré à l'extérieur »

« Rencontré ? Seule ? » dit Kasser à voix basse. L'appréhension était évidente dans sa voix maintenant qu'il connaît la véritable identité de Rodrigo. La bouche d'Eugène s'assècha.

L'expression de Kasser devint beaucoup plus dure qu'elle ne l'était déjà, ce qui fit transpirer Eugène à grosses gouttes en le voyant à bout de nerfs. Elle sentait qu'il était devenu encore plus furieux en apprenant qu'elle s'était aventurée à sortir sans sa permission.

Sa colère se lisait dans ses yeux. Son exaspération atteignait enfin son point de rupture, et Eugène pensa que cela pouvait avoir quelque chose à voir avec le statut social.

Ce n'était pas comme s'il était un dirigeant indulgent, il était juste très prudent quand il s'agissait d'utiliser son autorité, ne voulant pas que ses subordonnés se sentent opprimés et méprisés.

Eugène n'avait pas encore compris toute l'étendue du système hiérarchique en ce qui concernait le statut social. Elle ne savait pas à quel point il serait sensible à cette question.

Le palais était le symbole du pouvoir absolu du roi. C'était son lieu de repos, et les roturiers qui s'y ébattaient était quelque chose qu'il ne pouvait pas supporter. Cela lui laissait un goût amer dans la bouche.

Kasser serra les dents, voulant éliminer les rats de son entourage. Il inspira profondément en se rappelant l'accord qu'il avait passé avec Eugène.

Un mois. Il lui avait promis de ne pas s'en occuper pendant un mois et il avait l'intention de tenir sa promesse. À la fin de la période de grâce, il avait l'intention de fouiller tous les coins et recoins de la capitale pour éliminer tous les rats qui s'y trouvaient.

« Je vais recueillir Molly et la garder avec moi pendant un certain temps. Elle viendra avec moi » dit Eugène.

« Savez-vous que son messager est entré dans le palais ? »

Eugène frissonna en entendant la question directe de Kasser. Tout allait trop vite, son cœur battait la chamade dans sa poitrine. « Oui. Il me l'a dit »

« Quand ? »

« L'autre jour. Quand il est venu me voir » répondit Eugène en jouant avec ses mains.

« Vous avez dit que vous n'aviez jamais eu d'entretien privé avec lui » Kasser reprit les mots qu'elle avait prononcés plus tôt.

Quelqu'un aurait transmis cette information si Rodrigo avait prononcé ces mots.

Eugène déglutit nerveusement. Elle avait peur de la réaction de son interlocuteur lorsqu'elle lui parlerait de la capacité d'hypnose de Rodrigo, ce qui n'arrangerait en rien sa situation.

« Devrais-je simplement mentir ? Mais je lui ai déjà presque tout dit. Est-ce que je devrais être honnête et lui dire la vérité ? » pensa Eugène.

« Il a une capacité inhabituelle » Eugène expliqua à Kasser l'étendue des compétences de Rodrigo. Elle décrit la scène qu'elle avait vu ce jour-là, car elle ne savait pas de quoi il s'agit exactement.

Elle lui jeta un coup d'œil, et son expression ne changea pas beaucoup au fur et à mesure qu'elle continuait. « Ça va aller. Tant qu'il pense que je suis une Sainte, il ne peut pas me faire de mal et ne le fera pas... »

« Sois réaliste » Kasser lui coupa la parole. « Tu sors du palais avec une seule servante pour rencontrer une personne capable de manipuler les esprits. C'est bien ce que tu dis

? » Dit-il en riant avec humour. C'était l'expression la plus froide qu'elle ait jamais vue chez lui.

« Appelez-le au château. J'ai déjà accepté vos conditions, alors faites-moi cette faveur. Le feriez-vous ? »

« Alors je ne pourrai pas obtenir ce que je veux de lui » dit Eugène avec un léger gémissement dans la voix.

« Qu'est-ce que tu veux entendre ? » demanda Kasser, visiblement exaspéré.

« La raison pour laquelle je lui ai donné une grosse somme d'argent, et pourquoi on m'a traitée de Sainte »

Kasser haussa les sourcils. Kasser haussa les sourcils : « Pourquoi avez-vous besoin de savoir cela ? »

« Je ne peux pas dissimuler ce que j'ai fait sans savoir ce que je dissimule »

« Couvrez-le, c'est tout ! »

Leurs voix s'élevèrent de plus en plus fort au fur et à mesure qu'ils se disputaient.

« Couvrir quoi exactement ? L'affaire de la secte ? » Eugène continua, « ou le passé où j'étais Jin ? »

Eugène n'avait aucune raison de s'énerver, car Kasser n'aimait pas vraiment Jin. Elle avait décidé depuis longtemps d'effacer tout vestige du passé de Jin pour le remplacer par son propre présent et son propre avenir.

Il lui avait dit qu'ils allaient repartir à zéro, désireux d'assumer pleinement son passé.

Avait-il dit cela sur un coup de tête ? La confiance qu'elle avait en lui s'ébranla légèrement, la faisant douter de la profondeur de ses paroles.

« Tu as dit qu'il importait peu que je fournisse de l'argent aux serviteurs de Mara ou que l'on m'appelle une sainte. Si c'est le cas, pourquoi ne me laisses-tu pas le rencontrer alors ? » demanda Eugène d'un ton vif, la voix chargée d'accusations.

A-t-il des soupçons sur le fait qu'elle pourrait rencontrer Rodrigo et planifier quelque chose ?

Kasser ne manqua pas de saisir ce qu'elle essayait de dire, ce qui lui fit secouer légèrement la tête devant l'absurdité de ses allégations. « J'ai peur qu'il te fasse quelque chose. Je suis juste inquiet que tu rencontres un homme aussi dangereux sans escorte »

Eugène s'arrêta net en entendant ses paroles dégoulinantes de sincérité.

« Si tu es anxieuse parce que tu ne te souviens de rien, tu n'as pas à t'inquiéter parce que je m'en occuperai et je m'assurerai que tu n'auras pas d'ennuis. Tu n'as pas besoin de prendre de tels risques juste pour entrer en contact avec lui » dit Kasser d'une voix douce.

Inquiet. Il s'inquiète juste pour moi.' Son esprit est encore bloqué sur ce qu'il a dit tout à l'heure. Elle lui sourit largement, ce qui fait cligner les yeux de Kasser qui réalise ce qu'elle essaie de faire. « Non »

« Votre Majesté » dit Eugène en s'approchant lentement de lui, le sourire aux lèvres.

« Non. J'ai dit non » répéta Kasser en détournant la tête pour ne pas croiser son regard.

Il tressaillit lorsque la main de la jeune femme s'approcha de sa cuisse, ce qui le rendit tout doux. Il ne trouva pas la force de repousser son corps qui s'approchait si près de lui.

Après tout, il n'avait pas pu résister à elle et à ses ruses.

« Votre Majesté. Je dois le rencontrer pour le savoir. Quelle que soit la gravité de la situation, je n'aurais pas pu lui donner autant d'argent juste pour obtenir des informations. Il doit y avoir une autre raison »

Eugène savait qu'elle n'avait qu'une seule chance d'essayer de le persuader. Les nombreuses choses que Jin avait faites étaient enchevêtrées comme des toiles d'araignée, et elle ne pourrait pas aller de l'avant si elle manquait un indice - aussi grand ou petit soit-il.

« J'ai besoin de savoir pourquoi je suis impliquée dans la secte. Si je ne le découvre pas, je ne pourrai pas aller de l'avant à cause de l'anxiété lancinante de ne pas savoir ce qui va se passer. Votre Majesté... S'il vous plaît »

Kasser tressaillit visiblement devant sa supplication. Après un court instant, il poussa un profond soupir, acquiesçant pleinement à sa demande en enroulant ses mains autour de son dos et en l'attirant dans son étreinte. Il l'attira dans son étreinte. « Très bien.

Juste une fois. Pas plus que ça »

Ps de Ciriolla: elle sait bien négocier avec Kasser.... ah la faiblesse de l'homme amoureux XD

Tome 1 – Chapitre 181 – Les ordres du roi

« Oui. Juste une fois » Eugène répondit rapidement en hochant la tête. Elle n'avait pas d'autre choix que de se plier à sa demande, sachant qu'elle avait la chance d'en avoir autant.

« C'est bien. Il n'y a plus rien qui puisse me retenir maintenant » se dit-elle.

Elle était soulagée qu'il ne lui ait pas répondu froidement. Si elle ne lui faisait pas confiance, tout aurait pu mal tourner.

Alors qu'Eugène était enfermée dans ses pensées, contemplant son prochain mouvement, Kasser restait tendu et ennuyé à côté d'elle. Une expression dure se dessina sur son visage, il avait beau réfléchir, il estima que ce plan était trop dangereux.

Il se passa la main dans les cheveux, le regret l'envahissant et l'engloutissant tout entier.

« Les luttes ne rendent pas les choses impossibles »

C'était ce qu'il lui avait dit il y avait quelques jours, et il ne s'attendait pas à ce qu'elle prenne ses paroles au sérieux. Il se sentait mal à l'aise en pensant à la faiblesse de sa détermination face à elle.

Kasser retira les mains de la jeune femme qui s'accrochaient encore à lui, saisissant ses épaules et fixant son regard sur son visage. Il voulait lui dire de chercher un autre moyen, mais son visage souriant et satisfait le rendait muet. La décision finale lui revenait toujours. Il ne prêtait pas vraiment attention aux conséquences de ses paroles ou de ses actes, et faire attention aux sentiments des autres lui était complètement étranger.

Incapable de contrôler ses émotions débordantes, Eugène approcha soudain son visage du sien, visant un baiser sur ses lèvres, mais atterrissant plutôt à l'endroit entre sa lèvre inférieure et son menton.

Elle éclata de rire devant son imprudence, se pencha vers lui et déposa un doux baiser sur ses lèvres.

Les yeux de Kasser brillèrent tandis qu'il la fixait. Avec un soupir résigné, il leva momentanément les yeux et dit d'un ton plein d'humour : « Ce n'est pas bon »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Tu le fais exprès. Cette affection soudaine » répondit Kasser

Les yeux de la jeune femme s'écarquillèrent sous l'effet de sa taquinerie. « Non, ce n'était pas intentionnel. Je ne l'avais pas du tout prévu » Eugène nia en croisant les bras autour de son cou et en le regardant droit dans les yeux. Sa langue glissa, léchant doucement ses lèvres, puis commença à sucer sa lèvre inférieure. Elle faisait exactement ce qu'il lui avait toujours fait.

« Je ne l'avais pas prévu » dit Eugène en le regardant droit dans les yeux, « j'avais juste envie de le faire »

Kasser lui rendit son regard avec la même intensité, l'air autour d'eux devint brûlant lorsqu'il l'embrassa.

Sous l'effet de cette action rapide, Eugène pencha la tête vers le lit et lui rendit son baiser avec la même passion. Elle posa ses mains sur ses épaules, pressant doucement le plan dur de ses muscles sous le bout de ses doigts. Un léger gémissement s'échappa d'elle tandis qu'ils se déplaçaient ensemble en toute fluidité. Il semblait que Kasser n'était pas le seul à attendre cette nuit avec impatience.

**********************************

Kasser se réveilla de son sommeil, sentant une forte énergie bouillonner à l'intérieur de son corps. Ses yeux s'ouvrirent et il vit un serpent bleu translucide sortir de lui.

Praz s'enfuit immédiatement en sentant son maître réveillé. Kasser se détendit lorsqu'il vit de l'eau s'élever dans la direction du mouvement de Praz.

Il regarda autour de lui, observant attentivement ce qui l'entourait. Il se rendit compte que l'aube naissante donnait à la chambre une atmosphère brumeuse et onirique en raison de la lueur matinale. De là où il se trouvait, il pouvait encore voir l'eau illusoire qui remplissait la chambre.

Kasser tendit la main et l'agita légèrement tandis que l'eau s'agitait devant lui. Il ne sentait rien, mais la scène qui se déroulait devant lui semblait réelle, suffisamment vivante pour convaincre quelqu'un qu'elle était tangible.

Pour lui, ce spectacle restait mystérieux, même si c'était la deuxième fois qu'il le voyait.

Il tourna la tête sur le côté et vit Eugène dormir paisiblement à ses côtés.

Son bras reposait sous l'oreiller d'Eugène, soutenant sa tête comme un coussin secondaire. Chaque fois qu'il se réveillait le matin, soit il lui tenait la main, soit son bras était un oreiller de fortune sur lequel elle s'allongeait. Il ne se souvient pas exactement quand ils commencèrent à faire cela, tant la transition s'était faite facilement et naturellement en peu de temps.

À l'époque, il y a quelques mois, il se réveillait de son sommeil, couché si loin d'elle, presque au bord du lit. Il ne pouvait même pas bien dormir la nuit parce qu'il était mal à l'aise, même lorsqu'il dormait seul. Ces jours lui semblent lointains, même si cela ne faisait que quelques mois.

Mais aujourd'hui, dormir avec quelqu'un à côté de lui ne le dérangeait pas le moins du monde. Même si leurs corps étaient proches et se touchaient, cela ne l'empêchait pas de passer une bonne nuit de sommeil. Il s'y était habitué et il se sentirait sûrement bizarre si tout changeait.

Il retira prudemment son bras et se mit en position assise. Il leva les yeux et fronça les sourcils en voyant Praz flotter dans la chambre.

Praz, qui avait la forme d'un serpent, jouait avec l'eau suspendue dans les airs. Sa queue, semblable à celle d'un poisson, tapotait et troublait l'eau.

Il fixa le serpent bleu avec agacement et fit claquer sa langue. De plus en plus sceptique devant le spectacle qui s'offrait à lui, il décida de détourner les yeux pour observer la forme endormie d'Eugène se mettant sur le côté, faisant maintenant face à la direction qu'il regardait.

Il rit doucement en voyant la profondeur de son sommeil, sa respiration lente et lourde à la fois. Qu'est-ce que tu disais, que tu n'arrives pas à dormir ?

Kasser resta immobile un moment, perdant la notion du temps en regardant le visage endormi de la jeune femme avec tendresse, tout à fait ravi d'avoir une si belle vue.

Quelques instants plus tard, la chambre s'éclaira, les rayons du soleil s'infiltrant à travers les rideaux et la lumière remplissant lentement la pièce, annonçant une nouvelle journée. L'eau illusoire disparut, comme si elle s'était évaporée sous la luminosité du soleil.

Avant que l'eau ne disparaisse complètement, Praz avait retrouvé son corps. Comme la dernière fois, l'eau ne fut pas aspirée à l'intérieur du corps d'Eugène, et apparut simplement comme de l'air.

« Est-ce qu'elle contrôle de mieux en mieux sa Ramita ? » demanda Kasser en se levant du lit pour commencer sa journée. Il avait prévu de lui raconter ce qu'il avait vu plus tard, car il était temps pour lui de commencer à travailler. Il s'était réveillé plus tôt que d'habitude, mais son esprit était toujours aussi vif.

Il voulut réveiller Eugène, mais pensa qu'elle devait être épuisée par l'affaire de la nuit dernière. Il embrassa donc doucement sa forme endormie, s'assura qu'elle était bien au chaud dans les couvertures et partit en silence.

*************************************

Kasser avait demandé à son assistant d'apporter des documents. L'assistant apporta une épaisse pile de documents dans son bureau, qu'il posa soigneusement sur son bureau.

Les côtés de la pile portaient différentes nuances de couleurs, montrant leur âge au fil du temps. La partie inférieure de la pile est jaune, celle du milieu est légèrement décolorée et la partie supérieure des documents était blanche. Les documents étaient classés par date.

Kasser avait déjà lu les dossiers placés sur la pile supérieure. Les autres documents avaient été rédigés avant qu'il ne monta sur le trône et certains avaient été écrits sous le règne du roi précédent, peut-être même avant.

Il parcourut les derniers documents, prenant le temps de les lire attentivement du début à la fin, tout en ne retenant que certains extraits des documents plus anciens.

Après un bon moment de lecture, il se redressa et tapa des doigts sur le bureau, l'esprit plongé dans ses pensées. Tous les documents qu'il avait lus contenaient des informations sur les serviteurs de Mara. Le grand prêtre...

Kasser fut surpris lorsqu'Eugène mentionna 'le grand prêtre' au cours de leur conversation d'hier. Il connaissait les rangs des serviteurs de Mara, mais seulement dans une certaine mesure. Le grand prêtre était la personne la plus éminente.

La raison pour laquelle il n'avait pas envoyé ses hommes pour les abattre était assez simple. Il pensait que ce serait un gaspillage d'énergie et de main d'œuvre que de faire une chose aussi insignifiante. Ce n'était pas comme s'il négligeait complètement la situation, c'était juste une des règles du royaume de prendre les précautions nécessaires quand il s'agissait de gérer des affaires comme celle-ci. Ces règles ne l'empêcheront pas de chercher plus d'informations, cependant.

C'était une organisation privée, mais elle avait des failles partout. Il avait également contraint les serviteurs de Mara à faire de leur mieux pour prouver qu'ils étaient inoffensifs, et leur avait même dit qu'il fermerait les yeux jusqu'à un certain point.

Il avait dit à Eugène que ce n'était pas grave, mais en réalité, Kasser prit cette affaire au sérieux. Cela ne leur servira à rien si le fait qu'elle ait parrainé une secte et qu'elle fut même qualifiée de Sainte, devient public. Cela ne fera que ternir son image.

Et si le but de son soutien à la secte était d'invoquer Mara, alors c'était une raison de plus pour que l'idée soit interdite au public. Peu importe que l'invocation fut possible ou non, la simple tentative d'invocation éveillerait les soupçons.

Bien sûr, il ne croyait pas du tout que la reine voulait invoquer Mara, puisqu'il n'y avait aucune raison pour qu'elle le fasse. Ce qui l'inquiétait, c'était que même s'ils parvenaient à se débarrasser des accusations, elle serait toujours soupçonnée.

Kasser appela Verus, qui entra immédiatement en entendant son nom.

« Comment se passe la mission ? » demanda Kasser.

« Je suis en train de comprendre la situation. Je vais m'en occuper et vous faire un rapport immédiatement » répondit Verus

« Non. Si vous faites quoi que ce soit en ce moment, arrêtez tout » dit Kasser d'un ton sévère.

« Votre Altesse, il y a encore des choses que nous devons surveiller. Je vous prie de reconsidérer la question » Verus répondit poliment. Il savait comment déformer ses

paroles malgré le fait qu'il s'adressait au roi. Mais il était déterminé à poursuivre sa mission, persuadé qu'il la mènerait à bien.

Même s'il avait accédé au poste de chancelier à un si jeune âge et qu'il avait le pouvoir entre les mains, cela ne lui permettait pas de parler librement puisqu'il était soutenu par la plupart des fonctionnaires. S'il était le type de fonctionnaire qui n'obéissait qu'au roi, ceux qui convoitaient sa place auraient certainement recours à des tactiques pour le faire tomber de sa position.

« Permettez-moi de reformuler. Je ne dis pas qu'il faut tout arrêter. Ce que je dis, c'est qu'il faut changer de direction » répondit Kasser.

« Je crains de ne pas comprendre, Votre Altesse » dit Verus, visiblement confus.

« Faites-le discrètement et secrètement pour qu'ils ne le remarquent pas »

« Votre Majesté. De quel secret parlez-vous ? Nous sommes en train de collecter des informations, nous avons donc toujours été prudents. Nous veillons à adopter une approche prudente » répondit Verus.

« Inutile de concentrer votre attention sur la collecte d'informations. Trouvez plutôt les conséquences de leurs actes et suivez également leurs déplacements. Et de la capitale, obtenez les noms des serviteurs, ainsi que les principaux membres de la secte »

L'expression de Verus s'adoucit en écoutant les instructions du roi. Il semblait que le roi tenait absolument à connaître l'identité complète de la secte. C'était une perspective différente de la politique précédente du Royaume qui consistait à ne s'occuper de la secte que si elle causait des accidents majeurs.

« Êtes-vous en train de dire que quoi qu'ils fassent, nous devrions seulement nous concentrer sur la sécurisation de la liste de leurs membres ? » confirma Verus.

« Pour l'instant, oui »

Une ébauche de ce qu'il s'apprêtait à faire envahit l'esprit de Verus. Il serait bon de répandre des rumeurs selon lesquelles le Royaume de Hashi pourrait reconnaître les cultes, afin de les rendre vigilants.

« Je vais suivre vos ordres. Cependant, permettez-moi de poursuivre mon enquête personnelle, à d'autres fins »

« Vous voulez parler du courtier en informations 'Cage', n'est-ce pas ? » demanda Kasser.

Les yeux de Verus s'écarquillèrent et il baissa la tête. « Oui, Votre Majesté. Nous enquêtons sur lui »

« C'est ce que j'ai entendu dire. Quel est le rapport avec cette affaire ? »

Il avait d'abord hésité à le dire puisque la reine avait secrètement ordonné cette enquête, mais il était soulagé que le roi soit déjà au courant.

« Je pense qu'il est lié à la secte, et je pense qu'il est celui qui les soutient »

« Secte ou pas, c'est toujours un délinquant puisqu'il a trompé la reine en lui faisant perdre son argent. Il doit être arrêté et il doit payer pour ses méfaits. N'enquêtez pas sur lui tant que je ne vous ai pas prévenu, mais ne le quittez pas des yeux. Il est très rusé.

Gardez donc un œil sur lui. De même, ne gardez pas de guerrier à l'affût. C'est compris ?

» dit Kasser d'une voix grave.

Kasser avait obtenu une information clé lors de sa conversation d'hier soir avec Eugène, à savoir qu'un membre de la secte de niveau prêtre serait capable de sentir la présence du roi et d'un guerrier.

« Je suivrai vos ordres, Votre Majesté »

Une fois Verus sorti de la pièce, Kasser appela quelques personnes supplémentaires pour leur confier du travail, alors qu'il commençait à élaborer ses plans pour chasser la secte.

Tome 1 – Chapitre 182 – Le conteur La reine s'était réunie avec ses trois assistantes, tous assis à la table ronde située à l'intérieur de son bureau. Elles discutaient entre elles tout en organisant la première ébauche de son programme pour la saison sèche. Les gens diraient sûrement que le plan avait été établi bien trop tard, si l'itinéraire était finalisé à l'instant même, puisqu'ils approchent de la période active, qui était exactement dans une semaine.

Cependant, il ne s'agissait que de la première ébauche, et elle n'avait pu décider que d'un programme d'un mois. C'était le mieux qu'elle avait pu faire puisqu'il n'y avait rien eu de tel au cours des trois dernières années et qu'elle était partie de zéro. Le royaume avait eu la malchance d'être dirigé par une reine passive pendant des années.

Heureusement, ses aides étaient là pour l'aider dans certaines affaires dont Eugène devait s'occuper. Elles avaient trié et lu de vieux documents et avaient même pris des notes sur des points importants. Elles s’étaient assurés de tout noter, passant d'innombrables jours et nuits penchés sur des livres et des dossiers afin de pouvoir compiler les données pertinentes en conséquence.

Ensuite, elles avaient été fiéres de leurs efforts lorsque la reine avait lu le premier projet, satisfaite de voir qu'elles avaient réussi à faire leur travail correctement.

Leurs yeux étaient cernés, mais elles se sentaient renaître après avoir accompli leur tâche. Elles étaient entièrement satisfaites, pensant que venir travailler comme assistantes de la reine était la meilleure décision qu'elles n’avaient jamais prise.

Certaines personnes avaient essayé de les dissuader de postuler pour le poste d'aide de la reine, en disant que cela n'améliorerait pas leur carrière, car il n'y avait littéralement rien à y faire. Cette idée était née de la rumeur selon laquelle la reine menait une vie retirée, allant même jusqu'à dire qu'elle avait des problèmes mentaux et physiques.

Sandy, Regina et Sandra n'en avaient cure et s'étaient résolues à mener une vie banale.

La situation changea radicalement lorsque l'incident de l'arbre aux alouettes se produisit. Tout le monde les enviait, car elles avaient eu le privilège de rencontrer la reine Jin immédiatement après l'incident.

Elles s’étaient également vu confier la tâche importante d'établir un budget. Pouvoir examiner et distribuer le budget aux différents secteurs du château était en soi une expérience inestimable.

Bien qu'épuisées par leur participation à l'élaboration de l'emploi du temps de la reine, elles n'en étaient pas moins enthousiastes à l'idée de jeter de nouvelles bases pour l'avenir.

« Devons-nous rencontrer le chef du groupe de marchands ? » demanda Eugène après avoir lu le premier projet.

« Oui, Votre Altesse » Sandra répondit rapidement, ce qui incita les deux autres à fermer la bouche.

« Nous ne pourrons pas tous les satisfaire, mais il est de votre responsabilité de rencontrer les fournisseurs du château et de régler les différends » ajouta l'assistante Eugène se surprit d'entendre que cela faisait partie de ses responsabilités. « Leur charge de travail augmenterait si la mienne augmentait, pourquoi avaient-elles l'air d'y tenir ? »

se demanda-t-elle intérieurement. C'était en effet à la reine qu'il incombait de planifier et de gérer le budget du château, et de négocier avec les fournisseurs.

« Elles ont vraiment l'air de vouloir travailler, ce qui est une bonne chose, je suppose »

Eugène pensa que la déclaration de Sandra était assez valable, bien qu'il y avait une petite différence entre le point de vue d'Eugène et celui de ses aides. Eugène n'était pas tout à fait sûr de l'étendue de son autorité en tant que reine.

Elle pensait qu'elle ne devrait pas s'occuper de choses mineures comme le budget du palais alors qu'elle pourrait faire exactement ce que faisait le roi, lui donnant ainsi un coup de main dans son emploi du temps chargé. Cependant, ses assistants pensaient réellement qu'elles devaient étendre son autorité autant que possible, en prenant sur eux d'étendre le pouvoir de la reine en affirmant certaines tâches.

La situation la plus gênante à laquelle les assistantes furent confrontées était celle où elles avaient défini les tâches, mais où le roi avait assumé lui-même la responsabilité.

Les assistantes ne pouvaient pas simplement reprendre ce qui appartenait à l'origine à la reine, car cela signifiait qu'elles remettaient en question l'autorité du roi. Les fonctionnaires qui étaient coincés entre les deux ont subi la pression la plus forte, les assistants encore plus, car ils envoyaient les documents officiels directement au roi.

Cependant, l'anxiété qu'elles avaient ressentie s'était rapidement estompée lorsque le roi avait donné son plein soutien, permettant à la reine d'avoir toute autorité sur tout ce qu'elle voulait faire, quoi que ce soit.

Depuis lors, les assistantes avait gagné en confiance et en assurance.

« Pourquoi n'y a-t-il rien de prévu pour cet après-midi ? » demanda Eugène en pointant du doigt une date précise.

« Nous avons attribué ce jour spécifiquement parce que Sa Majesté reviendrait ce jour-là » répondit Regina.

« Retourner ? Pourquoi ? Où va-t-il ? » demanda Eugène en levant un sourcil.

Eugène n'avait pas manqué de voir les yeux des assistants s'écarquiller en entendant sa question. Elle leur faisait suffisamment confiance pour lui dire ce qu'elle avait besoin de savoir. « Expliquez-moi »

« Sa Majesté se rendra dans le désert pour accomplir un rituel, comme il le fait toujours le premier jour de la saison sèche » répondit Regina Regina prit le temps d'expliquer le rituel qui se déroulait toujours pendant la saison sèche, et les yeux d'Eugène s'illuminèrent lorsqu'elle entendit que la reine l'avait déjà accompagné par le passé. Cela s'était passé le jour du premier anniversaire de leur mariage.

Elle avait essayé sans relâche de trouver un moyen de se rendre dans le désert, afin d'explorer les souvenirs de Jin. Aujourd'hui, l'occasion se présenta à elle et elle ne la laissera pas passer.

« Videz mon agenda pour ce jour-là. J'accompagnerai Sa Majesté pour le rituel de cette saison sèche »

Les assistantes furent surprise par ce changement soudain de programme, mais elles modifièrent le programme conformément aux ordres de la reine.

« C'est tout pour l'instant. J'apprécie votre travail. Finalisons ce programme et finissons-en, et vous devriez tous aller vous reposer. Vous avez l'air de ne pas avoir fermé l'œil »

dit Eugène.

Les trois assistantes jetèrent un coup d'œil à la reine devant elles, remarquant le doux sourire qui leur était adressé.

« Merci, Votre Altesse » Elles le dirent tous en même temps qu'elles se tournaient pour quitter la pièce.

Eugène s'affaissa sur le sofa, étirant ses bras au-dessus de sa tête alors que la fatigue s'insinuait lentement en elle. Son corps entier lui faisait mal à cause de la charge de travail de la journée. J'ai mal partout... C'est à cause de mes règles ?

Les règles d'Eugène avaient commencé il y a deux jours, ce qui signifiait qu'elle était loin d'être enceinte. Elle s'était sentie soulagée lorsqu'elle avait vu du sang sur ses sous-vêtements ce matin-là, car elle n'était pas prête à accoucher et à devenir mère.

Elle avait déjà trop de problèmes, ce qui la rendait inapte à devenir parent à ce stade.

Cependant, elle ne se préoccupait pas de l'homme qui serai le père de l'enfant si elle tombait enceinte. Kasser était un bon époux et elle était persuadée qu'il serait également un bon père. Eugène se palpa lentement le ventre, et elle ne pouvait pas s'imaginer avoir un bébé à l'intérieur d'elle.

Mais...

Une série de coups la tira de sa rêverie. Elle entendit la voix de Marianne derrière la porte et se redressa lorsqu'elle lui fit signe d'entrer.

Marianne regarda le bureau rempli de papiers avant de jeter un coup d'œil sur le canapé où Eugène était assis. « Vous ne vous sentez pas bien ? » demanda-t-elle à Eugène d'un ton inquiet.

« Juste un peu fatigué. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Qu'est-ce qui t'amène ici ? »

« J'ai amené le conteur que vous avez demandé, il connaît tous les bruits qui courent.

Est-ce le bon moment ? Je peux l'amener une autre fois si vous êtes déjà épuisé » dit Marianne.

Eugène secoua la tête. « Je vais le voir maintenant »

Marianne acquiesça, sortit de la pièce et fit entrer un homme d'âge moyen. Il avait l'air inquiet, regardant ses pieds comme s'il s'agissait d'un délinquant.

« C'est gentil d'être venu ici. Je t'ai appelé pour te demander quelques renseignements »

Eugène prit la parole.

« Je dirai à Votre Altesse tout ce que je sais » dit l'homme timidement.

« J'ai entendu dire que vous saviez beaucoup de choses étranges et inhabituelles »

« J'ai juste entendu des histoires ici et là »

Eugène fit un signe de tête à Marianne, qui plaça une petite pochette devant lui. «

Ouvrez-la » Eugène l'incita à le faire.

Les mains tremblantes, l'homme saisit le sac et s'efforça d'ouvrir la pochette. Détachant avec précaution les fermoirs, il se raidit en voyant le contenu de la bourse.

« C'est pour le désagrément d'être venu ici. Si vous me dites ce que vous savez, je vous donnerai le double de ce qu'il y a à l'intérieur. Compris ? »

L'homme serra plus fort la poche tout en hochant vigoureusement la tête.

« Un sort, un plat, peu importe ce que c'est. Pouvez-vous penser à quoi que ce soit en rapport avec ces mots ? Dites-le-moi, même si c'est mineur. Cependant, je n'accepterai pas les mensonges. Vous devez être honnête avec moi si vous ne savez rien »

Eugène lui raconta les trois mots qu'elle avait trouvés dans les souvenirs de Jin, mais elle en oublia un.

Il réfléchit un moment et poussa un soupir résigné. « Je ne sais pas » L'homme avait l'air désolé, et Eugène le comprenait parfaitement. De toute façon, elle ne s'attendait pas à obtenir un indice aussi rapidement.

« Quoi que vous ayez entendu dans cette pièce, vous devez le garder pour vous.

D'accord ? Sortez, s'il vous plaît » dit Eugène sans ambages.

L'homme acquiesça et se dirigea vers la sortie, mais il s'arrêta brusquement et fit face à Eugène avec une expression alarmée. « Je me souviens de quelque chose ! »

Marianne lui lança un regard d'avertissement, le réprimandant du regard alors qu'il criait. L'homme baissa la tête, embarrassé.

Eugène lui lança un regard noir. « Je vous l'ai dit, je ne tolère pas le mensonge. Mets-tu en jeu ta vie pour avoir des richesses ? » demanda-t-elle avec insistance.

« Non, ce n'est pas un mensonge. Mon arrière-grand-mère maternelle est née magicienne, et elle a bien parlé d'un sort »

« Une magicienne ? » demanda Eugène en regardant Marianne qui était tout aussi confuse.

L'homme poursuivit : « Il y a ceux qui regardent la fortune des autres avec des sorts. Si certains ont des pouvoirs extraordinaires, d'autres ne sont que des escrocs »

Eugène comprit le concept des chamans, aidé par les longues explications de Marianne.

« Alors, de quoi te souviens-tu exactement ? »

« J'ai entendu ce mot de sa bouche. Puis-je avoir une seconde chance après l'avoir rencontrée ? »

Eugène réfléchit à sa demande. « Puis-je rencontrer ta arrière-grand-mère à la place ? »

L'homme se gratta la tête et lui dit que son arrière-grand-mère n'était rien d'autre qu'une ermite grossière, et que c'était une personne qu'Eugène ne voudrait pas rencontrer. Mais elle savait à quel point cet homme était avide et elle continua : « Je vous donnerai plus que ce qu'il y a dans cette poche, si vous m'amenez votre arrière-grand-mère »

L'homme acquiesça et dit à Eugène qu'il fera tout ce qu'il faut

Tome 1 – Chapitre 183 – Je peux aider Après avoir raccompagné l'homme, Marianne retourna dans le bureau et s'approcha d'Eugène. La reine était dos à la porte, debout devant une cage à oiseaux posée sur une étagère juste à côté de la fenêtre. La cage abritait un écureuil qui attendait, bondissant hors de son abri au moment où Eugène déverrouillait l'ouverture. Il se précipita le long du bras d'Eugène pour s'asseoir sur son épaule.

« Votre Altesse, je suis actuellement à la recherche d'autres conteurs. Il me faudra du temps pour les localiser, car ils vivent en nomades » dit Marianne.

« Il semble que ce soit un conteur connu, un conteur renommé dans son métier »

Eugène se tourna vers Marianne.

« J'ai entendu dire qu'il connaissait beaucoup de contes et d'histoires bizarres »

« Il se peut que je doive rencontrer une autre personne après avoir rencontré son arrière-grand-mère. Il faut donc continuer à chercher, mais ne pas se focaliser uniquement là-dessus »

« Oui, Votre Altesse » acquiesça Marianne

Eugène leva sa main gauche au-dessus de sa poitrine, paume vers le haut, et l'écureuil descendit rapidement le long de son épaule pour se poser sur sa main. Il resta là à regarder Eugène tout en agitant sa queue touffue avec excitation. Le Hwansu recula vers son épaule quand Eugène lui fit signe de baisser la main, et elle répéta l'action avec sa main droite cette fois, en remuant légèrement les doigts pour faire signe à l'écureuil de bouger.

La créature ne tarda pas à comprendre, se déplaçant d'avant en arrière sur les mains de l'écureuil, ce qui fit doucement ricaner Eugène. Elle caressa la tête de l'écureuil en signe d'admiration, la bête penchant sa petite tête vers ses doigts, comme pour l'inciter à continuer.

Marianne observait les mouvements de l'écureuil, stupéfaite de voir à quel point le Hwansu du roi répondait à la reine.

« Les assistantes pensent que cet écureuil est mon animal de compagnie »

La cage de l'écureuil était devenue celle d'Eugène après que le roi la lui avait apportée.

Elle ne pouvait pas imaginer que Kasser jouait avec l'écureuil puisqu'il n'appelait Abu que pour chasser les Alouettes. La cage se trouvait à l'origine dans le hall d'entrée, mais Eugène ne voulait pas que l'écureuil resta seul. Elle la déplaça donc dans son bureau et

s'en occupait pendant un certain temps. Les assistantes n'avaient aucune idée de la véritable identité de l'écureuil, car Eugène ne leur en avait jamais parlé.

« Elles ne pourraient jamais deviner qu'il s'agit d'un Hwansu »

« Il a des yeux et des cornes rouges. Comment peuvent-elles encore l'ignorer ? Les caractéristiques sont déjà si évidentes »

« Elles doivent penser que les Hwansus sont assez exceptionnels »

« Pensent-elles qu'un si adorable écureuil n'est pas fait pour être un Hwansu ? »

demanda Eugène sur la défensive.

Marianne lui sourit. « Je ne l'aurais pas su si Votre Altesse ne me l'avait pas dit, et les Hwansus sont connus pour n'obéir qu'à leurs maîtres »

Eugène pensa soudain à Abu - le léopard noir, qui prenait parfois la forme d'un énorme cheval à cornes, était connu pour être le Hwansu du Roi du Désert. Il ne ressemblait pas à la petite créature qui se trouvait devant elle. Cependant, elle jouait tous les jours avec cette formidable bête, et elle se demanda ce que Marianne penserait si elle voyait une version réduite d'Abu ronronner à ses pieds.

« Que penses-tu qu'il se passerait s'il changeait de maître pour moi ? » dit Eugène en plaisantant. Elle fut surprise de voir l'expression de Marianne s'assombrir en entendant sa plaisanterie inoffensive.

« Est-ce possible ? », demanda Marianne d'un ton sérieux, comme si elle réfléchissait.

« Pense-t-elle que je pourrais lui voler le Hwansu du roi ? » L'humeur d'Eugène s'effondra, réalisant qu'elle avait pu paraître insensible. Elle masqua ses émotions et dit : « C'était une blague. Le Hwansu ne reconnaîtrait que son premier maître comme son seul maître

»

Elle savait que Marianne était plus proche du Roi du Désert, puisqu'elle l'avait élevé elle-même et qu'elle était à l'origine sa nounou. Eugène le comprenait parfaitement.

« Comment va Molly ? » demanda Eugène, changeant de sujet alors qu'elle replaçait l'écureuil dans sa cage.

« Elle ne fait rien d'extraordinaire et ne parle à personne. Et elle fait très bien son travail

»

Eugène avait pris Molly sous son aile pour en faire l'une de ses servantes. Avant, elle n'avait que Zanne pour s'occuper d'elle, maintenant elle en avait deux. Les autres servantes étaient changées souvent par mesure de précaution pour la reine qui avait perdu la mémoire, la règle étant imposée par Marianne. Eugène avait dû dire au général et à Marianne que Molly était une personne envoyée à dessein par les serviteurs de Mara, dans le but d'établir un lien avec la reine.

Elle leur avait également dit de garder l'œil ouvert et d'observer Molly autant que possible. Eugène avait du mal à placer Molly près d'elle, même si elle devait la convaincre qu'elle avait confiance en elle. Elle décida de confier à nouveau à Marianne le rôle de servante de confiance, et fit exécuter à Molly des tâches de base.

« Bien que ce soit le travail du général, dites-lui de ne pas changer radicalement les procédures »

La générale Sarah fut choquée d'apprendre que quelqu'un de mal intentionné à l'égard de la reine s'était introduit dans le château. C'était elle qui avait autorisé une aide temporaire à s'occuper du palais, ce qui la rendait responsable de cette intrusion inattendue. Elle avait tellement honte qu'elle voulait donner sa démission, mais Eugène l’avait convaincu du contraire.

« Je suis fautive, Votre Altesse. Je n'ai aucune excuse. Je vais m'assurer de tout revérifier pour qu'une telle chose ne se reproduise plus ». Le général Sarah s'exprima d'une voix ferme, déterminée à se montrer digne de la confiance de la reine.

Eugène craignait que Rodrigo ne devienne méfiant si de telles procédures étaient modifiées brusquement.

« Je garderai l'œil ouvert. Vous n'avez pas à vous inquiéter » Marianne lui dit d'un ton assuré.

Eugène acquiesça. Elle faisait assez confiance à Marianne, surtout lorsqu'elle parlait avec certitude.

Alors qu'elles discutaient, une fusée éclairante éclata soudain avec un grand bruit, ce qui fit tressaillir les deux femmes. Elles ne furent pas du tout surprises, car les éruptions jaunes étaient assez fréquentes ces derniers jours, et les éruptions bleues éclataient chaque fois que le roi se rendait sur le site. La période d'activité était paisible, car seuls quelques blessés, légers de surcroît, avaient été recensés. Eugène leva la tête, ses yeux s'écarquillèrent devant la fumée qui se répand dans le ciel.

« C'est une éruption rouge ! » Eugène se rappela soudain le jour où elle avait affronté le gros rat Alouette. Elle se souvint que les soldats avaient enfermé l'Alouette avec des lances, mais qu'ils avaient échoué lamentablement. Personne n'était mort devant elle ce jour-là, mais on lui avait dit qu'il y avait eu des victimes dans d'autres régions. Elle ne put rester immobile en pensant qu'il y a peut-être des blessés, ou pire, des morts.

« Je dois y aller »

« Où allez-vous, Votre Altesse ? »

Eugène ignora sa question et passa rapidement devant Marianne. Elle s'arrêta dans son élan en réalisant que même si elle courait en direction de son bureau, le roi aurait probablement déjà sauté par-dessus les murs du château sur le dos d'Abu. Marianne s'approcha de la forme immobile d'Eugène. « Votre Altesse »

« Que se passe-t-il quand les Alouettes apparaissent partout, comme la dernière fois ? »

demanda Eugène.

« Cela arrive rarement, Votre Altesse »

« Je peux aider Sa Majesté s'il y en a beaucoup » dit Eugène d'une voix ferme.

La reine semblait prête à sortir, mais Marianne ne l'autorisait pas à quitter le palais. « Il n'y a eu qu'une seule éruption, attendez et faites confiance à Sa Majesté »

Eugène ne bougea pas d'où elle se tenait, fixant le ciel. Il ne fallut que quelques instants pour que l'éruption bleue éclata, mais elle avait l'impression d'avoir attendu pendant des jours. Eugène inspira profondément, réalisant à ce moment-là qu'elle avait retenu sa respiration pendant tout ce temps.

« J'ai une idée » Eugène murmura, regardant le ciel tandis que la fumée s'évaporait lentement.

« Je peux le suivre dès qu'il arrive sur le site et qu'une fusée s'allume. S'il y a plusieurs fusées, je peux aller sur place et l'aider. Il serait difficile de le faire pour toutes les fusées, mais je peux peut-être le faire uniquement pour les fusées rouges.. » dit Eugène en regardant Marianne pour jauger son expression.

Marianne avait l'air en conflit, comme si elle voulait dire à Eugène à quel point son idée était absurde. Choisissant ses mots avec soin, elle dit « Votre Altesse, vous devez protéger le château, surtout quand le roi est absent »

« Eh bien... C'est vrai » Eugène accepta à contrecœur. Elle savait qu'elle devait assumer l'entière responsabilité du palais lorsque le roi n'était pas présent. Il y avait des moments où il fallait rappeler à Eugène son rôle de reine et les responsabilités qui en découlaient.

« Vous avez dit qu'une éruption rouge n'éclate que deux ou trois fois pendant la période d'activité »

« Oui, c'est ce que disent les archives »

« Alors c'est réglé. Je n'irai que pendant ces périodes » Eugène s'arrêta net alors qu'elle réfléchissait à sa décision. « Je dois en parler au roi et lui demander son avis »

« Votre Altesse » Marianne dit d'une voix douce, l'hésitation étant évidente dans son ton.

« C'est bon. Parle » Eugène la poussa à continuer.

Marianne respira profondément avant de poursuivre. « Je vous prie d'écouter ce que je vais dire, car je le fais par loyauté. Je comprends parfaitement vos intentions, mais je crains que cela n'apporte rien de bon. Ce sera perçu comme une violation de l'autorité »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demanda Eugène.

« Son Altesse chasse les Alouettes pour que des civils innocents ne soient pas blessés.

C'est ce qu'il fait le mieux. Et l'autorité du roi ne doit en aucun cas être violée »

Eugène ne comprit pas ce que Marianne voulut dire. Elle apprécierait que la baronne lui fasse comprendre ce qu'elle voulait dire, au lieu de faire traîner les choses en longueur.

« Quelle autorité violerais-je en allant chasser l'Alouette ? »

Marianne devint silencieuse, ce qui poussa Eugène à la dévisager lorsqu'il s'en rendit compte.

« Est-ce... Sa Majesté ? » Eugène manqua de ricaner. « Baronne, Sa Majesté ne ferait jamais... Il est... » Eugène s'arrêta en voyant l'expression de Marianne.

« Votre Grâce, j'ai peur de parler de telles choses avec vous, mais vous avez radicalement changé depuis que vous avez perdu vos souvenirs. Vous agissez toujours par instinct et vous ne pensez pas aux conséquences de vos actes. La maison serait bien plus paisible si vous vous calmiez. Cependant, vous cous trouvez au milieu de ce royaume, où votre bonté peut facilement être mal interprétée, et vous savez très bien que les malentendus commencent toujours par des choses insignifiantes »

Tome 1 – Chapitre 184 – La demande Marianne baissa la tête, prise de remords après son emportement. « Je m'excuse pour ma sagacité, Votre Altesse »

Eugène ne sut pas comment répondre à la déclaration de Marianne, qui la regarda fixement, sans qu'aucun mot ne sortit de ses lèvres. Les sentiments de Marianne pouvaient facilement être interprétés comme un stratagème pour monter le roi et la reine l'un contre l'autre. Marianne savait que sa position pouvait la mettre en porte-à-faux, mais elle l'avait quand même dit dans l'espoir de faire comprendre à la reine ce qu'elle pensait.

Eugène faisait suffisamment confiance à Marianne pour savoir qu'elle prononça ces mots sans méchanceté et avec des intentions sincères.

« Je comprends ce que tu veux dire » dit Eugène au bout d'un moment.

Eugène voulait lui dire que Kasser n'était pas si superficiel, mais une voix dans sa tête lui disait qu'elle ne le connaissait pas assez bien pour dire cela, puisqu'elle n'était avec lui que depuis environ deux mois. Contrairement à Marianne, qui s'était occupée du roi depuis son plus jeune âge, sa perception du caractère du roi était plus crédible que celle d'Eugène.

« Tu crois que je devrais ralentir ? »

Marianne secoua la tête, n'osant pas franchir la ligne. « Votre Grâce, comment puis-je interférer avec vos plans ? Je ne vous oblige pas à m'écouter. Je ne suis qu'une vieille femme, après tout »

Comme si on lui avait jeté un seau d'eau glacée sur la tête, Eugène reprit rapidement ses esprits. Grâce aux conseils avisés de Marianne, elle comprit qu'elle devait prendre un peu de recul et recalculer ses pas.

« Je comprends maintenant »

« Je ne dérangerai plus Votre Grâce » Lorsque le silence s'installa dans la pièce, Marianne jugea bon de retirer sa présence, afin de donner à la reine un peu de temps pour elle. Un peu de temps pour réfléchir à son prochain plan d'action.

Elle fit une révérence de courtoisie avant de quitter la pièce.

Seule à nouveau, Eugène poussa un grand soupir, regardant le plafond avec frustration en marmonnant. « Je ne suis pas aussi naïve que vous le pensez » Elle avait fait tout ce

qu'elle pouvait pour survivre dans ce monde qui lui était complètement étranger, et avait su s'adapter sans problème.

Mais à bien y réfléchir, elle cachait au roi ce qu'elle savait sur Polly, la servante qui s'était suicidée sur ordre de Jin. Elle craignait que Kasser ne la considèra comme une personne pécheresse s'il savait que les actions de Jin avaient entraîné la mort de Poppy.

Cette action prouvait qu'elle n'agissait qu'en fonction de son instinct.

C'était un acte égoïste que de couvrir tous les actes ignobles de Jin sous le couvert d'une perte de mémoire. Avec cette idée en tête, elle commença à comprendre pourquoi Marianne la considérait comme quelqu'un d'idiot et de naïf.

Le pouvoir.

Dans les drames et les films historiques qu'Eugène avait l'habitude de regarder en boucle, le roi et la reine avaient essayé toutes les astuces possibles et imaginables pour influencer la majorité de leur côté, se manipulant et se contrôlant l'un l'autre dans la bataille pour la suprématie. Alors que les royaux s'étaient initialement mariés par amour, l'avidité égoïste avait pris le dessus, causant une grande division entre les deux, alors qu'ils ne cessaient de se trahir et de conspirer l'un contre l'autre. Eugène pensa soudain à sa relation avec le Roi du Désert en se rappelant le conte commun - un conte à propos d'une jeune fille qui changea complètement après avoir gagné les faveurs du Roi, laissant le désir de souveraineté l'envahir.

Est-ce que je changerai un jour ?

Eugène ne voulait pas finir comme ces monstres assoiffés de pouvoir, mais la cupidité faisait son chemin dans le cœur d'une personne. Elle vous corrompait à votre insu.

********************************

Molly sortit du château juste après le coucher du soleil, montrant au garde son permis comme le voulait le protocole. « Vous devez être ici demain matin, car vous ne pouvez pas entrer dans le palais si vous arrivez à midi. C'est compris ? » dit le garde du château.

« Oui, je sais » Molly répondit en reprenant le permis et en le mettant dans sa poche.

« Suivant » Le garde parla derrière elle, faisant signe aux autres de faire de même. De nombreuses personnes sortaient du palais après le travail, chacune portant le même permis que Molly tenait dans sa main.

Molly rabattit sur sa tête la capuche attachée à la cape qu'elle portait. Elle prit son temps pour marcher, passant devant la place de la ville et se dirigeant directement vers la rue bordée de petites maisons. Elle se plaça devant une maison à un étage qui semblait très simple comparée aux autres, frappa plusieurs fois à la porte en bois et attendit. Une femme âgée ouvrit la porte.

« Molly ! » La femme l'accueillit avec enthousiasme et la serra dans ses bras. Elles ressemblaient à ces familles réunies après une longue séparation. La porte se referma derrière elle et elle s'installa.

Cette maison était celle de Poppy, et une nouvelle famille s'y était installée après la mort de Poppy. La fille aînée s'appelait Elly, et elle mourut dans un accident qui obligea toute sa famille à déménager, faisant de Molly et de sa grand-mère le troisième foyer à vivre dans cette maison.

« Tu devrais dîner » Sa grand-mère lui dit, pensant que Molly était peut-être affamée après une longue journée de travail.

« Je vais d'abord aller le voir »

Molly entra dans une petite pièce qui servait d'entrepôt. Sachant ce qu'elle allait faire, la grand-mère apporta une longue serviette tandis que Molly passait en revue l'étagère à épices, en sortant une fiole qui se mélangeait uniformément avec les différents condiments et herbes. Molly saisit la serviette des mains de sa grand-mère et décapsula la fiole, mouillant la serviette avec le liquide qu'elle contenait, puis s'enveloppa le visage de façon à ce que seuls ses yeux soient visibles.

Elle s'accroupit légèrement, tâtant le bord de la moquette qui couvrait tout le périmètre du plancher en bois, et tira une partie sur le côté, révélant une porte secrète en dessous.

Molly ouvrit la porte d'un coup sec, et rien d'autre qu'un sombre abîme se dessina à l'intérieur de l'espace carré. Elle pivota son corps et posa un pied après l'autre, descendant lentement dans le vide noir.

« Fais attention où tu marches » Sa grand-mère lui rappela qu'elle regardait avec inquiétude la forme de sa petite-fille en train de reculer. « Ne t'inquiète pas, je fais ça très souvent » l’assura Molly

Alors que la silhouette de Molly devenait de plus en plus petite, la grand-mère ferma la porte, tirant sur le tapis et lissant les courbes avec ses pieds. Le sol ressemblait exactement à ce qu'il était il y a quelques instants.

Molly prit son temps pour descendre les marches profondes, sachant très bien qu'elle se blesserait beaucoup si elle manquait une marche, puisque la fosse était à peu près de la hauteur de trois personnes empilées l'une sur l'autre. Et il y avait de grandes chances qu'elle meure si elle tombait, car elle avait placé beaucoup d'herbes sèches toxiques comme mesure préventive pour éviter les invasions.

En s'approchant du palier, elle sentit l'odeur piquante des herbes, son parfum se frayant un chemin jusqu'à ses narines malgré la serviette qui lui couvrait le nez et la bouche.

Molly sauta la dernière marche avec un léger bruit sourd, soupirant de soulagement en tendant les bras sur les côtés, avançant prudemment vers l'obscurité. Elle balança légèrement ses mains en direction d'un mur, se servant de ses mains pour la guider vers un couloir connecté. Le passage était si étroit qu'une personne ne pouvait pas y ramper confortablement. Molly sortit alors une planche de bois munie de roues sur les côtés, qu'elle plaça à l'intérieur d'une petite ouverture. Elle s'allongea sur la planche et frappa le sol aussi fort qu'elle le pouvait, ce qui la propulsa vers l'avant du couloir. Elle tira sur la corde qui était suspendue au-dessus d'elle, l'utilisant pour manœuvrer son élan alors que les roues l'emmenaient plus loin à l'intérieur.

Le passage s'ouvrit sur un espace spacieux, ses bras tremblant violemment d'épuisement alors qu'elle se servait de ses coudes pour se hisser sur la planche. Elle s'accroupit en position de reptation, jouant des coudes pour se frayer un chemin à l'intérieur jusqu'à ce qu'elle rencontra un mur de pierre qu'elle poussa de toutes ses forces, la pierre roulant lentement pour laisser entrer une faible lumière venant de derrière.

Molly poussa plus loin, suivant la lumière jusqu'à ce qu'elle déboucha sur un salon avec une vieille cheminée. Elle regarda autour d'elle, prit la cloche posée sur la table et la fit sonner plusieurs fois avant de s'asseoir sur le canapé.

Molly entendit un léger bruit de porte qui s'ouvrait et se refermait. Elle ne se retourna pas. Elle savait que quelqu'un savait déjà qu'elle était ici, et tout ce qu'il lui restait à faire, c'était d'attendre.

*********************************

Eugène regardait le paysage qui s'offrait à elle, sirotant son thé, assise sur une table placée au sommet du pont reliant les deux tours du palais. Il ne lui restait que quelques jours pour profiter du beau temps. « Cela fait déjà deux mois »

Cela faisait deux mois qu'Eugène avait ouvert les yeux sur ce monde, et elle ne pourrait jamais oublier cette période active pour le reste de sa vie. Cette saison avait marqué une nouvelle vie pour elle, lui donnant l'impression de renaître.

Ces dernières semaines, elle n'avait pas eu de temps mort comme celui-ci. Elle était surchargée de travail ces derniers temps, et beaucoup de journées chargées l'empêchaient de venir ici. Mais maintenant, elle put boire son thé librement sans avoir l'impression d'être poursuivie, ce qu'elle ressentait auparavant. Sauter dans ce monde qui lui était complètement étranger avait été le meilleur choix, et Eugène voulait remercier qui que ce soit, qu'il s'agisse d'un dieu ou d'un démon, qui lui avait donné l'opportunité de cette nouvelle vie qu'elle avait. Sa tête était remplie de pensées alors qu'elle sirotait sa tasse de thé sans réfléchir.

« Maîtresse »

Une voix l'appela, brisant sa concentration. Elle baissa sa tasse de thé et se tourna de côté, et vit Molly debout à côté d'elle.

« Avez-vous transmis le message ? » demanda Eugène.

« Oui, maîtresse »

Eugène avait demandé à Molly de transmettre un message à Rodrigo, disant qu'elle sortirait et le rencontrerait. Molly était sortie hier soir et était revenue tôt ce matin, et Eugène l'avait retrouvée ici pour des raisons d'intimité.

« Qu'est-ce qu'il a dit ? »

« Il aimerait vous rencontrer quelques jours plus tôt que le jour prévu, si c'est possible »

répondit Molly

Eugène lui avait dit de le rencontrer une semaine après le début de la saison sèche, et c'était le seul moment où elle était disponible puisqu'elle se rendra dans le désert pour le rituel. « Il aimerait nous rencontrer dans quatre jours, parce qu'il a quelque chose d'urgent à nous dire » poursuit Molly.

« Quelle présomption de sa part » dit froidement Eugène en faisant claquer sa langue en signe de consternation. Bien qu'elle avait envisagé de reporter le rendez-vous, elle savait que le Jin de Rodrigo n'accepterait jamais une telle demande. Elle faisait toujours en sorte d'agir comme Jin quand Molly était là, en supposant que Molly informerait Rodrigo de tout ce qu'elle avait vu ou entendu.

« Qui est-il pour décider de notre rencontre ? Après lui avoir dit que j'avais trouvé du temps pour lui, c'est ce que j'obtiens ? » s’emporta Eugène En entendant la colère dans sa voix, Molly se mit rapidement à genoux et baissa la tête, touchant presque le sol. « S'il te plaît, ne vous mettez pas en colère. Il a dit qu'il attendrait Votre Altesse au sanctuaire, quelle que soit votre décision, après quatre jours.

Il supplie pour que la rencontre ait lieu le plus tôt possible » dit Molly d'une voix tremblante.

Eugène feint la froideur en regardant la forme agenouillée de Molly.

« Pourquoi Rodrigo est-il pressé ? C'est parce que je lui ai coupé les vivres ? »

C'était un bon signe que Rodrigo ait envie de la rencontrer, car il serait beaucoup plus facile de profiter d'une personne aussi ennuyeuse que lui.

« Partez » Eugène dit à Molly.

Quatre jours. Il voulait que nous nous rencontrions dans quatre jours, c'est-à-dire avant le début de la saison sèche. Alors qu'Eugène prenait déjà en compte la date fixée par Rodrigo, elle n'avait pas vraiment dit à Molly sa confirmation en conduisant la jeune fille hors de sa vue. Elle avait des sentiments mitigés à l'idée de rencontrer Rodrigo quelques jours plus tôt que prévu, car elle se sentait comme un guerrier se préparant à une grande bataille.

Plongée dans ses pensées, Eugène s'adressa aux servantes qui la suivaient de près. « Je vais me promener seule. Ne me suivez pas »

« Oui, Votre Altesse »

Elle se rendit directement à son lieu de rendez-vous habituel avec Abu. Elle l'appela par son nom, tandis que le léopard courait vers elle, s'allongeant sur ses pieds et lui dévoilant son ventre. « Abu » Eugène sourit, caressant doucement du bout des doigts le pelage doux et mat, chatouillant affectueusement la bête qui ne cessait de ronronner.

Tome 1 – Chapitre 185 – L'appel d'Abu Abu était si petit qu'Eugène ne pouvait se passer de sa forme adorable pendant qu'elle le chatouillait par le ventre. Il lui sembla qu'elle était la seule à avoir de l'affection pour un Hwansu, car pour les gens d'ici, les Alouettes ne pourraient jamais être l'objet de la gentillesse...

Abu était un Hwansu bien connu qui symbolisait le roi. Les gens s'attendaient donc à ce qu'il ait l'air énorme et fort, mais personne ne verrait Abu maintenant et ne ressentirait la dignité du roi.

Kasser était la personne la plus respectée de tout le royaume, et il s'offusquerait certainement si son propre Hwansu avait l'air loin d'être intimidant.

Eugène se souvint de son visage lorsqu'il avait vu Abu pour la première fois dans un état plus petit. Il était clairement mécontent.

« Il ne m'a rien dit, mais il était déçu ? » À ce moment-là, Eugène ne pensait pas que l'apparence d'Abu affecterait grandement l'humeur de Kasser. Elle pensait que tout allait bien puisqu'elle avait obtenu sa permission d'aller jouer avec Abu.

« Quel manque de considération de ma part ! » Eugène réfléchit, pensant qu'il était complètement insensible de sa part d'ignorer le dégoût évident de Kasser. Soudain, une pensée fugace lui vint à l'esprit, la faisant soupirer de soulagement.

« C'est à cause de ça ? » Il y a quelques jours, Eugène lança une blague. Elle dit : « Et si le petit changeait de maître ? » Marianne ne s'était pas amusée, elle avait pris les paroles d'Eugène un peu trop au sérieux. Marianne semblait préoccupée par ce qui se passerait si le Hwansu changeait de propriétaire.

Marianne réfléchit à la position du roi, pensant qu'il pourrait être affligé si le Hwansu lui était enlevé. Cependant, cette hypothèse semblait plus relever des dispositions personnelles de Marianne que de celles du roi, surtout si l'on tient compte de la dévotion de Marianne à son égard.

Marianne craint que cet échange n'entraîna des réactions contradictoires entre la reine et le roi, aussi répéta-t-elle son conseil, demandant à Eugène de repenser à ses actes et à leurs conséquences.

Pendant plusieurs jours, les paroles de Marianne résonnèrent chez Eugène, rendant la reine frustrée et mécontente.

« C'est vrai que je dois faire attention » Eugène était d'accord. Elle ne croyait pas que Kasser penserait du mal de ses intentions, mais il valait mieux ralentir et repenser les

choses, avant que tout ne devienne incontrôlable. Eugène savait qu'être reine comportait de nombreuses responsabilités, et l'une d'entre elles était de veiller à ce qu'elle et le roi entretiennent des relations cordiales. À cela s'ajouta le fait que de nombreuses personnes entourent les royaux et leur donnent des conseils, dont les paroles pouvait provoquer la gravité de la situation.

« Abu » dit Eugène en retirant la main qui caressait le léopard. « Je vais te dire quelque chose d'important, tu dois t'asseoir »

Abu, qui était couché sur le dos par terre, dressa les oreilles en entendant les paroles d'Eugène. Il se déplaça et s'assit docilement sur ses fesses, accordant toute son attention à Eugène. Eugène dut résister à l'envie de le prendre dans ses bras en voyant ses yeux ronds et attentifs qui la fixaient.

« Promettons une chose. Quand tu deviendras petit et que tu seras ami avec moi, tu devras t'assurer que personne ne le voit à part nous, d'accord ? C'est bon devant ton maître aussi. En tout cas, ne sois pas comme ça quand il y a d'autres personnes présentes, compris ? » dit Eugène d'un ton sévère.

Abu la fixa, abasourdi, comme s'il demandait à Eugène la raison pour laquelle il devait se contrôler, ou qu'il ne comprenait pas du tout. Eugène donna alors une explication plus détaillée : « Abu. Je veux que les autres pensent que tu es un Hwansu grand et fort. Mais personne ne te prendra au sérieux s'ils me voient te serrer dans mes bras alors que tu es plus petit, car les gens ont l'habitude de mépriser les petits animaux. Tu comprends ?

»

Abu gémit de compréhension. Il savait que la taille d'un Hwansu était importante non seulement dans le monde des humains, mais aussi dans celui des Alouettes. Tout le monde avait en tête l'idée que l'échelle d'un Hwansu équivalait à sa force.

L'Alouette intelligente comprit qu'Eugène ne s'occupait que de lui. Il pencha la tête sur le côté en la regardant, comme s'il lui demandait de continuer. En voyant Abu la regarder ainsi, elle tendit les mains et l'attira dans ses bras.

« Regarde cet adorable garçon. Abu, pourquoi es-tu si mignon ? » Eugène roucoula en frottant la tête du léopard avec ses joues à plusieurs reprises, marmonnant des remarques enfantines tout en pinçant et en serrant légèrement les membres d'Abu. Abu poussa un cri d'agacement, l'air franchement mal à l'aise face aux pitreries d'Eugène.

Bien qu'il apprécia les caresses d'Eugène la plupart du temps, elles pouvait être très agaçantes lorsqu'elles devenait trop fréquentes.

Un petit mais gros pied avant poussa le visage d'Eugène, voulant se libérer de son emprise. Elle gloussa et fit asseoir Abu sur le sol.

Elle redressa son dos, l'étirant légèrement d'un côté à l'autre, laissant le vent caresser son visage. C’était dommage de retourner au palais alors qu'il faisait si beau dehors. Elle regarda Abu, souriant affectueusement en posant la question. « Abu. Allons nous promener, voulez-vous ? »

La queue d'Abu se dressa, remuant avec excitation. Le léopard noir suivit Eugène et ils se promenèrent côte à côte.

******************************

Le royaume de Sloan était venu demander une concession. Pendant la période active, des accords avaient été conclus à l'avance entre les deux pays frontaliers. Ils avaient réglé les questions relatives à la chasse à l'Alouette et à la protection des civils. Ce royaume était le seul à avoir une frontière avec le royaume de Hashi.

Il s'agissait d'une procédure régulière et ordonnée, rien d'extraordinaire. Kasser n'avait plus qu'à apposer son sceau de confirmation sur les papiers. Après avoir apposé sa signature, il tint les papiers distraitement, se rappelant soudain la promesse qu'il avait faite à la reine. Elle m'avait dit d'inviter la princesse de Sloan. Il était temps d'envoyer un émissaire.

Kasser leva brusquement les yeux de son état préoccupé. « Abu ? » pensa-t-il, sentant un contact subtil avec ses nerfs. Il semblait qu'Abu l'appelait. Le roi et son Hwansu avaient la capacité de se signaler l'un l'autre par les nerfs, mais cela ne fonctionnait pas lorsqu'ils étaient à des kilomètres l'un de l'autre. Abu ne l'avait jamais appelé, jusqu'à aujourd'hui. Qu'est-ce qui se passe ?

Il ne s'attendait pas à ce qu'il se passa quelque chose de grave dans le château, mais le fait qu'Abu l'appela l'inquiétait, car il n'avait jamais fait cela auparavant. Il posa les papiers sur son bureau et se leva précipitamment, la chaise faisant un bruit strident en rayant le sol. Son serviteur s'approcha de lui dès qu'il fut debout, mais le roi le repoussa de la main.

Kasser ouvrit la fenêtre du balcon, regardant d'en haut, ses yeux rencontrèrent ceux d'Eugène, qui l'observait d'en bas.

***************************

Pendant qu'elle marchait avec Abu, Eugène se demandait où se trouvait le balcon du bureau du roi parmi les innombrables balcons qui dépassaient des murs du château.

Bien qu'elle avait déjà mémorisé le château, le voir de l'extérieur était tout à fait différent, car on ne pouvait pas distinguer les parties intérieures du palais juste en regardant de l'extérieur.

Lorsqu'elle demanda à Abu où se trouvait son maître, celui-ci la conduisit sous la terrasse du bureau, sûr de l'endroit où se trouvait le roi. Le balcon était assez haut, et il ne pourrait pas entendre sa voix si elle l'appelait. Non pas qu'Eugène avait l'intention de le faire de toute façon, car cela ne serait pas approprié.

Eugène demanda à Abu d'appeler son maître et attendit. Abu ne grogna pas ou quoi que ce soit de ce genre. Après quelques instants, la fenêtre du balcon s'ouvrit et Kasser passa la tête par l'ouverture.

« Abu, c'était génial » Eugène félicita Abu et fit un signe de la main en direction du roi.

Celui-ci fixa Eugène un court instant puis retourna dans son bureau sans rien dire. « Il

doit être très occupé » dit Eugène en souriant à Abu. Elle leva à nouveau les yeux, qui s'écarquillèrent devant le spectacle qui s'offrait à elle.

Kasser se tenait sur la balustrade du balcon, tandis qu'un serpent bleu se glissait autour de son corps et le guidait vers le bas depuis l'endroit où ils se tenaient sur la balustrade.

Ils descendirent gracieusement, et Kasser ne sembla pas perturbé par la traction vers le bas. Il atterrit sur le sol avec un léger bruit sourd, sans faire le moindre bruit.

Eugène était impressionné par la vue, même s'il avait déjà vu cela plusieurs fois. Le serpent bleu se déroula autour du corps de Kasser et se précipita rapidement vers l'espace d'Eugène, la faisant reculer alors que le serpent s'estompait et disparaissait avant de l'atteindre complètement.

« Tu vas bien ? » demanda Kasser à Eugène, l'air inquiet.

« Oui, je vais bien. Mais pourquoi cela s'est-il produit si soudainement ? Est-ce que ton Praz n'aime pas ma présence ? » demanda Eugène.

« Non, il le fait parfois. Ne le laisse pas te déranger, d'accord ? » l’assura Kasser. Il n'aime pas sa présence ? C'était probablement le contraire. Kasser se rappela comment Praz nageait et jouait avec l'illusion de l'eau qu'elle avait créée, s'amusant visiblement.

Depuis qu'il était devenu roi, il n'avait jamais perdu le contrôle de Praz, jusqu'à récemment. Ce dernier était souvent incontrôlable ces jours-ci, mais curieusement, il ne se sentait pas en danger. Il savait qu'il ne pouvait pas reprocher à Praz de s'être précipité ici, puisque c'était lui qui était excité à l'idée de la voir, et qui avait même repoussé la réunion qui était déjà prévue hier.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda Kasser,

Eugène secoua la tête.

« J'ai entendu Abu m'appeler »

« J'ai demandé à Abu de vous appeler, Votre Majesté » dit Eugène, penaude.

Kasser déplaça son regard vers le fauve qui se trouvait devant lui. Il le regarda attentivement, comme s'il essayait de communiquer avec lui à travers ses yeux. Il pensait vraiment qu'Abu ne l'appellerait qu'en cas de danger ou d'agonie, car Abu était assez indépendant.

Lorsqu'il était enfant, Kasser avait vu le Hwansu d'un autre roi. Le Hwansu ne quittait pas le roi d'une semelle. La bête suivait le roi de près, refusant de le quitter ne serait-ce qu'une seconde. C'est en pensant à cela qu'il se dit qu'il pourra partager un lien étroit avec une telle bête le jour où il en aura une.

Mais le Hwansu qu'il avait reçu gardait une certaine distance, ne venant à lui que lorsqu'on l'appelait. Cela ne dérangeait pas Kasser autant qu'il le pensait, et il se rendit compte que cette distance leur servait bien, car il savait que cela l'ennuierait si le Hwansu était constamment à ses côtés.

« Je suis désolé » dit Eugène. Kasser déplaça son regard d'Abu à Eugène.

« Parce que c'est moi qui ai poussé Abu à faire ça. Les Hwansus n'appellent leurs maîtres que dans certaines circonstances, n'est-ce pas ? » poursuit Eugène.

« Cela n'a pas d'importance. Il fait ce qu'il veut de toute façon » dit Kasser.

« Eh bien, pas seulement ça » Eugène grommela, tournant la tête sur le côté tout en continuant, « Puisque Abu est le Hwansu de Votre Majesté, je me demande si je dois le traiter comme tel et garder mes distances ? »

Kasser rit de bon cœur à la détresse d'Eugène. Il se pencha vers l'espace qui lui était réservé et déposa un rapide coup de bec sur les lèvres d'Eugène, qui se sentit déstabilisée par ce baiser inattendu. « J'aime le fait que tu t'entendes bien avec Abu. Tu n'as pas besoin de trop réfléchir. Fais ce que tu fais d'habitude » dit Kasser en haussant les épaules.

Eugène sourit devant l'indifférence de Kasser. On aurait dit que cela ne le dérangeait pas du tout.

Au bout d'un moment, le visage souriant d'Eugène se transforma en un visage sérieux, tandis qu'elle réfléchissait à ses pensées. Elle essayait de mettre de l'ordre dans ses idées, faisant confiance au jugement de Kasser plus que tout. « Molly est venue me voir après avoir rencontré Rodrigo »

Eugène avait déjà discuté avec Kasser de toutes les étapes nécessaires et de la planification de la rencontre avec Rodrigo, en veillant à l'informer de tout ce qu'il avait besoin de savoir.

« Il veut me rencontrer dès que possible » dit Eugène.

« Quand ? »

« Dans trois jours »

« Trois jours... N'est-ce pas trop tôt ? » demanda Kasser, l'inquiétude s'insinuant dans sa voix. Le fait qu'Eugène aille rencontrer Rodrigo sans escorte le dérangeait. Son esprit changea de vitesse, essayant de trouver un moyen de garder sa femme en sécurité sans la gêner dans ses agendas. Il n'y avait pas d'escorte utile pour l'instant puisque les guerriers qu'il avait étaient entièrement exclus. Il ne s'intéressait pas à ce dont Eugène et Rodrigo allaient parler. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle revienne saine et sauve.

En baissant les yeux, il aperçut le léopard noir couché avec ses pattes sous son menton, et son esprit s'arrêta net alors qu'il prenait conscience de la situation. Il avait une idée géniale.

Tome 1 – Chapitre 186 – La rencontre D'après le rapport des services de renseignement, Cage, connu sous le nom de Rodrigo, exploitait un petit magasin vendant des articles divers. Les personnes passant à proximité supposaient qu'il ne s'agissait que d'un magasin comme les établissements voisins.

Ils étaient loin de se douter que la boutique ne servait qu'à cacher le fait qu'il s'agissait en réalité de l'endroit où Cage achetait et vendait des informations. Bien qu'il y avait des gens qui venait vraiment pour acheter des marchandises, toutes les transactions habituelles étaient gérées par un employé, dont la tâche était de servir les clients et de protéger le magasin en même temps, afin de ne pas donner une image suspecte de l'établissement.

Ce matin, Cage était dans un sale état, toussant à s'en faire péter les poumons toute la matinée alors qu'il luttait pour tenir le coup. Sa toux l'avait gêné toute la journée et, en fin d'après-midi, il décida de quitter le magasin plus tôt que prévu et de rentrer directement chez lui. Une fois dans sa maison, il demanda à un médecin de s'occuper de lui

Quelques instants plus tard, il aperçut un médecin sur le pas de sa porte et entra. Il ne tarda pas et quitta les lieux peu après. Pour tous ceux qui s'attardaient dans les parages, il ne s'agissait pas d'un spectacle inhabituel, juste d'un médecin qui s'arrêtait pour soigner un patient malade.

Cependant, les gens ne savaient pas que l'homme qui quittait la maison de Cage n'était plus le docteur. Il s'agissait plutôt de Rodrigo déguisé.

Rodrigo était déjà un homme prudent, mais les derniers jours l'avaient poussé à prendre des précautions supplémentaires. D'étranges rumeurs avaient circulé dans la ville et il ne pouvait pas risquer de s'exposer et d'exposer le reste de la secte.

Comme une traînée de poudre, les rumeurs sur la possibilité que le royaume reconnaisse et accepte les cultes servant le dieu maléfique Mara s’étaient répandues.

Elles s'amplifiaient de jour en jour, mettant toute la congrégation sur le qui-vive. Même si les gens n'étaient pas entièrement convaincus, une partie d'entre eux y croyait.

Même si les rébellions n'étaient pas mal traitées dans le royaume, Rodrigo et les serviteurs comme lui ne pouvaient toujours pas parler fièrement de leur culte. Il était toujours sur ses gardes, si les gens autour de lui l'entendaient parler de la secte, ils le dénonceraient à coup sûr et le feraient arrêter par les soldats pour le surveiller.

Ceux qui avaient foi en Mara devaient se cacher du regard des récalcitrants, et la plupart d'entre eux souhaitaient pouvoir se réunir en toute confiance et prier pendant la journée, lorsque le soleil brille si fort en se profilant à l'horizon.

Aussi beau qu’était ce rêve, Rodrigo ne pensa pas qu'il puisse se réaliser : « Il est impossible que le royaume nous reconnaisse » Pourquoi le Royaume de Hashi reconnaîtrait-il l'Église Mara et tournerait-il le dos au Sang-Je ?

Même si cette idée était possible, Rodrigo ne la souhaitait pas du tout. Les problèmes étaient ce qui rend la foi fidèle. « Comment puis-je recevoir Dieu sans avoir à souffrir ? »

L'oppression à laquelle les êtres humains devaient faire face est idéale. De cette façon, le pouvoir de contrôler les croyants de l'église devenait plus fort, ce qui rendait plus facile la poursuite des choses conformément à la volonté de Dieu.

« Quel rêve insensé, quelles choses stupides. Le fait que de telles rumeurs circulent est déjà inhabituel en soi »

L'esprit lourd de pensées, Rodrigo marchait sans réfléchir lorsqu'il arriva à destination.

Il s'agissait d'une rue bordée de petites boutiques situées de l'autre côté de la route.

Pendant la période d'activité, les magasins ouvraient tard dans l'après-midi et fermaient tard dans la nuit, donc quand il arriva dans la rue, tous les magasins étaient illuminés et en pleine activité.

Rodrigo passa par la petite rue secondaire entre les magasins et arriva à l'entrée située à l'arrière en montant au deuxième étage. C'était l'un des sanctuaires préparés par l'Église.

Les gens de l'Église appelaient sanctuaires les endroits où ils tenaient leurs réunions privées, ou les endroits où ils se cachaient. Seuls quelques sanctuaires furent créés dans les zones urbaines par rapport aux endroits plus reculés.

L'achat ou la location d'un bâtiment coûtait cher. La majorité des serviteurs de Mara étaient pauvres et modestes, et la collecte de dons auprès des malheureux ne pouvait pas faire grand-chose. Cependant, grâce à l'aide de Rodrigo, la congrégation se développa rapidement et continuellement. Parmi tous les croyants, Rodrigo était le premier d'entre eux, parce qu'il était un membre efficace et plein de ressources.

Et avec le pouvoir de l'argent, l'influence de Rodrigo sur l'Église augmenta considérablement.

Rodrigo posa le sac, pour la première fois depuis qu'il l'avait porté en quittant la maison. Il regarda autour de lui dans la petite pièce, une expression stressée sur le visage.

C'était le sanctuaire récemment préparé, avec un an de loyer déjà payé à l'avance. Pas de problème pour l'instant, mais Rodrigo s'inquiétait de savoir s'il pourrait encore l'entretenir après cela. Il avait des problèmes financiers ces derniers temps, et il pensait déjà à des endroits où il pourrait gagner de l'argent. Pour l'instant, il essayait de se débrouiller avec ses fonds qui s'amenuisaient.

Il n'y avait qu'une seule raison pour laquelle il avait proclamé la reine Jin sainte. Jin avait fait don d'une énorme somme d'argent à l'Église, de sorte que même si Rodrigo en prenait une partie pour son profit personnel, le budget restait indemne et abondant.

Mais bien sûr, il payait pour l'argent qu'il avait acquis. « J'ai envoyé trois Tanya différentes à l'intérieur du château et j'ai abandonné deux sanctuaires. Celui-ci était l'un des sanctuaires que l'Église avait préparés depuis des décennies, l'un des rares qui restaient »

Il y avait des bases secrètes à partir de l'endroit où se trouvait la maison de Molly et de sa grand-mère et de la maison qui était reliée par leur sous-sol. Les bases furent préparées avec grand soin par l'Église.

La maison de Molly était le premier sanctuaire établi par l'Église, et alors qu'ils creusaient le sous-sol de l'entrepôt dans le but d'y créer un lieu de rencontre secret, ils sont tombés sur un tuyau d'égout fermé et l'ont utilisé pour créer un tunnel secret. Il a fallu plus de dix ans pour achever le passage entre les deux sanctuaires.

Cependant, les lieux contenant l'histoire de l'Église et ceux où ils communiquaient avec la reine n'étaient plus utiles, et ses tentatives d'introduire une Tanya à l'intérieur du château s'étaient déjà avérées dangereuses.

Il ne faisait plus confiance à la reine comme avant, et organisa donc tous les points de contact entre le sanctuaire et l'Église, afin de pouvoir couper ses liens dès qu'il serait découvert.

Après tout, la valeur des deux sanctuaires était supérieure à la donation de la reine.

Tanya Molly devaait amener la reine.

Il était impatient d'arriver au jour où la reine choisirait enfin. Il était impatient pour plusieurs raisons.

L'une d'entre elles était l'argent. Il ferait presque tout pour avoir le don entre les mains.

« Si c'est celui-là, je pense que ce sera suffisant »

Il ouvrit le sac et y plongea la main, sortant un objet enveloppé de cuir qu'il posa sur la table. Parce que le grand prêtre n'avait pas donné de réponse.

Une autre raison pour laquelle Rodrigo était agité était l'absence du Grand Prêtre. Après que la reine fut consacrée sainte, le grand prêtre envoya souvent des messagers à Rodrigo. Au cours des deux dernières années, Rodrigo avait entendu la voix du Grand Prêtre à plusieurs reprises par rapport aux décennies précédentes. Mais ces derniers temps, le Grand Prêtre restait silencieux et ne parlait pas, bien qu'ils l'aient appelé avec insistance.

« C'est à partir de ce jour-là que tout a commencé »

Le jour où le Grand Prêtre se montra, ce fut aussi le jour où il disparut complètement, lorsque trois Alouettes étaient apparues au milieu de la capitale, ce qui avait provoqué une certaine agitation.

Le jour où l'arbre à Alouettes apparut. Rodrigo fronça les sourcils.

Au début, Rodrigo avait peur, il ne pouvait pas se résoudre à s'approcher de l'arbre à Alouettes. Il avait d'abord pensé que l'arbre spirituel béni par Mahar l'affecterait d'une manière ou d'une autre, étant donné qu'il était doté du pouvoir de Mara.

Cependant, les contraintes budgétaires et l'absence du grand prêtre l'avaient fortement impressionné, ce qui le rendit courageux alors qu'il observait l'arbre de loin. Il ne sentit rien, alors il décida de s'approcher de la clôture qui entourait l'arbre, et il ne sentit rien.

« Est-ce vraiment un Alouette ? »

Il avait des doutes sur l'arbre. Tout le monde semblait croire que la reine avait transformé une Alouette en arbre, mais il n'était pas sûr que ce soit vrai.

« Pourquoi la reine, de toutes les personnes ? » Il était confus au moment où le grand prêtre lui ordonna de proclamer la reine Anika sainte. La question resta en suspens, même lorsqu'il reçut les dons de la reine elle-même.

Si la reine était une sainte, pourquoi ferait-elle un arbre à Alouettes pour contribuer au prestige de Mahar ? Dans ces conditions, comment méritait-elle la position élevée de sainte femme ?

Si Ramita était le pouvoir de Mahar, comment une personne qui avait reçu un tel don pouvait-elle être une sainte de Mara ?

Rodrigo voulait obtenir des réponses à cette question persistante dans sa tête, et il prévoyait de la résoudre lorsqu'il entrerait en contact avec le Grand Prêtre.

Un coup frappé à la porte le fit tourner la tête, ses yeux s'illuminant d'une teinte rougeâtre. S'il s'agissait d'une personne qu'il ne connaissait pas, ses orbes étaient prêts à la manipuler et à l'hypnotiser.

« Ancien, j'ai amené votre invité »

En entendant la voix familière de Rodrigo, ses yeux rougeoyants se calmèrent et reprirent leur couleur sourde. Il se leva rapidement de son siège et ouvrit la porte. Deux personnes l'attendaient.

Rodrigo inclina profondément la tête vers la femme qui tenait un petit panier juste à côté de Molly. « Vous m'avez rendu une visite précieuse, je vous en remercie » dit Rodrigo.

En regardant Rodrigo, Eugène vit les souvenirs de Jin se dérouler sous ses yeux.

L'endroit ressemblait à celui d'une boutique, où des objets divers étaient éparpillés.

[Merci pour votre précieuse visite. C'est un honneur de vous recevoir. Je suis Rodrigo. Je salue la sainte femme. Que la bénédiction de Mara soit éternelle].

[Sainte ?]

[On m'a ordonné de vous servir comme je le ferais pour une Sainte.]

Le souvenir semblait être celui de leur première rencontre.

[Si je suis une sainte, que pouvez-vous faire pour moi ?]

[Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour faire ce que la sainte princesse voudra].

[Vous êtes un marchand d'informations dans le domaine, n'est-ce pas ? J'ai entendu dire que vous étiez le meilleur dans votre domaine].

[Je suis reconnaissant que vous appréciez mes talents.]

[Dans un futur proche, assurez-vous d'utiliser toutes vos capacités uniquement pour moi.]

Le souvenir disparut lentement. Eugène passa devant Rodrigo et entra dans l'espace, regardant autour de la petite pièce compacte. Molly prit le panier des mains d'Eugène et le plaça sur la table. Elle décida d'attendre patiemment en prenant une chaise sous la table et s'assit consciencieusement.

« Je suis fière de lui. Je lui donnerai une récompense à notre retour » Hier, elle s'était entraînée à marcher avec Abu dans le panier. Abu avait pleuré pitoyablement, manifestement mécontent d'être placé dans le panier.

Eugène pensait vraiment que cela ne marcherait pas, mais Abu resta silencieux, ne faisant aucun bruit et ne bougeant pas du tout. Même le tissu qui le recouvrait ne bouge pas d'un poil.

Fermant la porte derrière lui, Rodrigo se retourna et s'inclina devant Eugène. « Le serviteur de Mara salue la sainte femme. Je me réjouissais de vous revoir, et je suis honoré que vous ayez accepté de me rencontrer ici »

« Vous pouvez vous lever »

« Merci pour votre générosité. Que Mara vous bénisse à jamais » Rodrigo se dégagea du sol et se leva. Comme s'il ne savait pas quoi faire, il joignit les mains et inclina légèrement la tête.

« Pourquoi as-tu attendu ici ? » Eugène pensait que leur rencontre aurait lieu dans le bâtiment situé dans la rue bordée d'autres entrepôts, celui qu'elle avait vu dans son souvenir. Cependant, Molly, qui ouvrait la marche, s'était trompée d'endroit, ce qui choqua Eugène. Sans Abu dans le panier, elle aurait été très nerveuse.

« Les guerriers ont fouiné et nous avons décidé de changer de place. Veuillez me pardonner de ne pas vous avoir informé à l'avance du nouveau lieu de rendez-vous »

« Y a-t-il d'autres endroits comme celui-ci ? »

« J'ai attendu des nouvelles lorsque j'ai amené le Tanya au château. Le Tanya a-t-il été un serviteur compétent pour la sainte femme ? » demanda Rodrigo.

« Je n'en suis pas encore sûr. J'ai l'intention de l'observer davantage »

« Sainte femme, les Tanyas sont des serviteurs loyaux » l’assura Rodrigo Eugène tapa férocement du poing sur la table. « Loyaux ? As-tu la moindre idée de combien j'ai souffert à cause des gens que tu as laissés entrer ? » demanda Eugène, presque en criant.

« Je ne comprends pas, sainte femme. Cet enfant a-t-il fait quelque chose de mal ? »

demanda Rodrigo à voix basse.

« Avant ça ! »

Eugène évoqua la disparition de la bonne, Tanya Eli. Rodrigo ne savait pas que Tanya Eli avait disparu après être allée dans le désert avec Jin. C'était une tactique utile pour interroger Rodrigo. « Ma position était devenue gênante. C'est pourquoi j'ai interrompu mes dons et vous ai demandé d'attendre patiemment »

Rodrigo connaissait la situation de la reine grâce à son informatrice, Molly qui obéissait à Rodrigo autant qu'à Eugène, les servant tous deux avec obéissance et acharnement.

Lorsque Rodrigo découvrit que la reine s'occupait activement de diverses tâches qui n'avaient rien à voir avec ce qu'elle faisait auparavant, il s'inquiéta et se demanda ce qu'elle faisait exactement. Il supposa même qu'elle allait trahir l'Église de Mara, pensant que cela ne valait plus la peine qu'elle y consacra du temps, mais il fut perplexe en entendant ses paroles inattendues. Et il était heureux que tous ses doutes soient maintenant dissipés.

« Sainte femme, qu'a fait l'enfant ? »

Ps de Ciriolla: Pour rappel Mahar (qui a donné son nom à ce monde) est leur dieu vertueux, tandis que Mara est considéré comme le contraire, la source de tous les maux.

Tome 1 – Chapitre 187 – Enfin un indice Eugène se moqua de la question de Rodrigo. « Tu crois que tu peux encore le réparer ? Si je vous dis ce qui se passe ? » Elle répondit froidement, sa question ne méritant pas de réponse.

« M-mais Sainte... » Rodrigo marmonna, sa voix tremblant énormément alors qu'il continuait, « Quoi que l'enfant ait fait, je suis sûr que c'était par loyauté envers la Sainte

»

« Tais-toi » dit vivement Eugène, coupant Rodrigo dans son élan. Eugène dit brusquement, coupant Rodrigo au milieu de sa phrase. « Tu me déçois. »

Rodrigo se mordit les lèvres, les referma en une fine ligne et s'inclina très bas, son menton touchant presque sa poitrine. D'après son expérience, il était préférable de demander pardon à la reine s'il ne répondait pas à ce qu'elle attendait de lui. « Veuillez me pardonner, car mes efforts n'ont pas été à la hauteur des attentes des Sainte » dit Rodrigo d'un air morose.

Un nouveau souvenir apparut soudain devant les yeux d'Eugène. C'était une scène où Rodrigo plaidait désespérément devant Jin, accroupi sur le sol, la tête à quelques centimètres du sol.

[ « Inutile ! » Jin poussa un cri venimeux.

Le corps de Rodrigo tremblait sur le sol, effrayé, tandis qu'il suppliait. « Sainte, attends encore un peu, je fais de mon mieux, s'il te plaît »

« Encore un peu, vous dites ? Vous pensiez vraiment que j'étais venu jusqu'ici pour entendre une chose pareille ? Puis-je te rappeler que cela fait déjà deux mois que tu m'as dit que tu apporterais quelque chose ! » Jin hurla, sa voix s'élevant autour d'eux.

« Sainte fille, chercher la source est vraiment difficile.. »

« Je ne veux pas entendre vos excuses ! Je vous donne 10 jours et je n'attendrai pas plus longtemps ! » ]

Eugène pouvait entendre à quel point Jin était furieuse contre Rodrigo, ses cris s'attardèrent un moment dans ses oreilles, comme s'ils résonnaient à distance.

« Quel est cet objet ? Est-ce un vieux livre ? »

Lors de sa première rencontre avec Rodrigo, Jin avait également mentionné ses capacités de Cage en tant que courtier en informations. Quelque chose semblait anormal dans toute cette situation, et Eugène avait honte d'émettre de mauvaises hypothèses.

Il semblait que la raison pour laquelle Jin avait rencontré Rodrigo était uniquement pour que quelqu'un récupère les vieux livres qu'elle désirait. Elle avait pris le risque de contacter les Mara, leur avait donné de l'argent et s'était fait appeler Sainte, juste pour...

des livres ?

Eugène réfléchit longuement avant de rencontrer Rodrigo. Elle ne savait pas quelles questions poser pour obtenir les réponses dont elle avait besoin. Rodrigo, qui était suffisamment sur ses gardes pour faire plusieurs identités, se taisait bien car il avait remarqué un léger changement dans l'atmosphère »

« Je n'ai pas beaucoup de temps. Dis-moi pourquoi tu as demandé à me voir de toute urgence » Eugène l'aiguillonna, indiquant volontairement à Rodrigo qu'elle ne resterait pas longtemps afin de l'exaspérer encore plus. Faire en sorte que Rodrigo se sente agité était l'un de ses plans avant de le rencontrer.

« Sainte, j'ai préparé un cadeau pour vous. C'est un objet qui vous satisfera certainement, alors prenez-le »

Eugène leva un sourcil, curieux de savoir de quoi il s'agissait. Ce devait être un pot-devin pour une personne en colère. Rodrigo n'arrivait pas à se sortir de la situation dans laquelle il se trouvait, et ce devait être l'une de ses tactiques avant que Jin ne soit complètement apaisé.

Rodrigo leva les yeux vers Eugène, la regardant comme s'il attendait sa permission. Elle lui rendit son regard sans rien dire. Rodrigo se retourna pour récupérer l'objet, déplia le cuir qui l'enveloppait et le posa sur la table face à elle.

Il s'agissait d'un vieux livre relié en cuir, orné de petites pierres précieuses colorées. Le livre était indubitablement vieux.

Eugène regarda fixement le livre posé sur la table, face contre terre. Rodrigo semblait avoir fourni des livres directement à Jin, ainsi que des informations sur les livres anciens disponibles. Rodrigo jaugea la réaction d'Eugène, ses doigts s'agitant au fur et à mesure qu'il parlait. « Il s'agit de l'objet que la sainte cherchait depuis tout ce temps. Il y a pas mal d'incantations qui y sont citées »

« Quoi ? »

Eugène sentit son cœur bondir légèrement aux paroles de Rodrigo. Essayant de contenir son expression, elle s'efforça de rester calme et de paraître indifférente.

« Bon travail » Eugène dit platement à Rodrigo, ne montrant aucune once d'empressement alors qu'elle demandait à Molly de prendre le livre.

Enfin, un indice. Un indice. Ce livre, à lui seul, justifiait son voyage.

Molly enveloppa méticuleusement le livre dans son manteau de cuir et le termina en l'attachant avec une ficelle.

Rodrigo joignit les mains et parla avec précaution. « Sainte fille, on m'a dit qu'il y avait un autre objet de valeur. Je dois passer par plusieurs personnes pour obtenir plus d'informations... »

Eugène le ricana intérieurement. Elle savait où Rodrigo voulait en venir. Il s'obstinait parce qu'il n'avait plus d'argent. Kasser et Eugène pensaient qu'il tenait absolument à se réunir si tôt pour des raisons monétaires, et il s'avérait qu'ils avaient raison depuis le début.

Elle pensait que Rodrigo était sans vergogne et se souvint des paroles de Kasser : « Pour ceux qui veulent la richesse, rien ne les aveugle aussi efficacement que la richesse »

Kasser fournit à Eugène une poignée de bijoux, en lui disant qu'elle pourrait donner cela à Rodrigo au lieu d'argent, s'il demandait une aide financière.

Eugène glissa sa main dans l'interstice du panier, à la recherche de la pochette à bijoux qui s'y trouvait. Elle retint son rire en sentant la fourrure d'Abu, la tapotant doucement avant d'attraper la pochette. Eugène retira sa main et jeta brutalement le bijou sur la table.

Il y avait pas mal de pierres précieuses dans le sac, et Eugène savait que cela suffirait à appâter Rodrigo. « Je n'écrirai pas de notes pour le moment »

« Je suis reconnaissant à la Saint d'avoir tant donné à l'Eglise » Rodrigo dit, l'appréciation évidente dans sa voix.

Peu importe le monde, que ce soit celui-ci ou celui-là, c'était toujours l'argent qui fonctionnait le mieux. Eugène trouvait amusant que l'argent sembla être puissant où qu'il soit.

Elle se leva brusquement de son siège, ce qui fit lever les yeux de Rodrigo qui l'implorait. « Sainte, s'il vous plaît, donnez-moi un peu plus de temps »

« Je ne peux pas rester longtemps, je vous l'ai dit, n'est-ce pas ? » dit Eugène en passant devant Rodrigo. « Allez droit au but. Vous n'avez pas beaucoup de temps »

Eugène essayait de faire en sorte que sa rencontre avec Rodrigo soit la plus brève possible, car si elle se prolongeait, elle risquerait de faire une gaffe, ce qui le rendrait suspicieux.

*********************************

Lorsque Eugène et Molly quittèrent la place et s’enfoncèrent dans la rue animée, les soldats commencèrent à affluer en grand nombre sur la place, repoussant tous les gens qui s'y trouvaient.

« Nous tenons les gens à distance pour une inspection des réservoirs de pétrole »

« Nous devons vider la place, tout le monde est prié de quitter les lieux »

Sous l'ordre direct de la personne qui commandait, les soldats parcourèrent le périmètre et se rendèrent à leurs postes désignés, renvoyant les gens à l'intérieur de leurs maisons comme le voulait le protocole. Pendant la période d'activité, la place était bondée de monde du coucher du soleil à minuit, et les personnes qui s'y promenaient se plaignaient d'avoir été soudainement chassées.

« Pourquoi nous tiennent-ils à l'écart ? »

« Ils vérifient le conteneur de pétrole »

« L'inspection des réservoirs de pétrole n'est-elle pas effectuée après le début de la saison sèche ? »

« Eh bien, la saison sèche commence après demain de toute façon, peut-être ont-ils décidé de le faire plus tôt »

Les gens chuchotaient et discutaient entre eux, suivant les ordres des soldats qui quittaient la place du village.

Des conteneurs d'huile avaient été enterrés en bordure de la place pour la chasse aux Alouettes. La vérification du puisard en prévision de la période d'activité était une procédure qu'il ne fallait négliger à aucun prix, et elle était effectuée avant et immédiatement après la période d'activité.

Ceux qui connaissaient l'importance de l'inspection respectèrent consciencieusement les ordres des soldats, quittant la place et incitant même d'autres personnes à faire de même. Certains montèrent dans leurs voitures et évacuèrent les lieux, et la grande place qui grouillait de monde finit par être désertée.

La plupart des carrosses étaient déjà partis, il ne restait que quelques carrosses qui n'avaient pas encore quitté la place. L'une d'entre elles est le carrosse qu'Eugène et Molly avaient emprunté pour venir du palais royal.

« Que dois-je faire ? » Le cocher du carrosse plongea dans une profonde réflexion, sa tête regardant des deux côtés alors qu'il contemplait ses options. Après un court moment, il décida d'aller chercher ses passagers à l'endroit d'où ils étaient partis plus tôt. Il avait promis de ne pas rester coincé ici jusqu'à ce qu'il revienne de ses courses. En outre, il avait reçu un salaire généreux, et il prévoyait d'en recevoir encore plus après avoir récupéré les passagers.

Le cocher resta à sa place, et il déplaçait sa voiture vers un endroit proche si un soldat le chassait. Cependant, aucun soldat ne vint dans sa direction, se contentant de chasser les gens de la place. « Est-ce que je peux rester ici, étant donné que c'est un coin de rue ? »

Même les soldats qui passaient ne prêtaient pas attention à la calèche et au cocher qui y était assis, comme s'ils ne l'avaient pas vu du tout. Le cocher se crispa en voyant les soldats passer devant lui. Il voulait rester ici et attendre ses passagers, car d'autres

clients lui demandaient de rester sur place et d'attendre à un endroit précis, et ils payaient parfois moins cher s'il ne suivait pas les instructions.

Le cocher descendit de sa voiture et s'assit sur le perchoir, observant les travailleurs qui vaquaient à leurs occupations.

Ceux-ci formaient un cercle, se plaçant sur les côtés de la place et se divisant en trois groupes. Chaque groupe ouvrit le couvercle de la boîte en bois enfouie dans le sol et sortit de la fosse une bouteille cylindrique en verre.

« Voilà à quoi ressemble un bidon d'huile » Le cocher regarda attentivement le spectacle qui s'offrit à lui. Son attention se concentra uniquement sur le récipient, sans remarquer le léger mouvement autour de la voiture.

Tap. Tap.

En entendant le petit bruit de tapotement à côté de lui, le cocher tourna la tête. « Qu'est-ce que... » Ses cris furent brusquement interrompus par un tissu épais qui lui couvrait la bouche. Ses yeux s'écarquillèrent de peur en voyant l'homme se déplacer devant lui, attachant les mains du cocher à l'aide d'une corde alors qu'il était complètement maîtrisé. Il fut brutalement traîné du perchoir jusqu'au sol, et les guerriers qui l'entouraient restèrent là à regarder l'homme sans défense qui se trouvait devant eux.

« Sauvez-moi ! S'il vous plaît ! » Le cocher le suppliait du regard, mais les ouvriers et les soldats qui se trouvaient à proximité fermaient les yeux et continuaient à vaquer à leurs occupations.

Le cocher s'agita frénétiquement, en vain, son corps était attaché et il fut forcé de s'agenouiller sur le sol.

« Pourquoi me faites-vous cela ? »

Il essaya de lever la tête, mais la main qui tenait sa nuque l'enfonça dans le sol. Le cocher tourna son regard de côté et vit la main de l'homme, dont les pupilles se dilatèrent à cette vue. « Un guerrier ? »

Le guerrier traîna grossièrement le cocher qui se débattait jusqu'à ses pieds. Le guerrier allait mener un bref interrogatoire, et s'il s'avérait que le cocher était une personne ordinaire qui n'avait rien à voir avec l'Église Mara, il serait immédiatement relâché sans aucune répercussion.

Un bracelet de cuir perlé était enroulé autour de la manche de l'homme - l'emblème des guerriers.

Il était à la fois soulagé et effrayé, réfléchissant profondément à ce qu'étaient ses péchés pour qu'on lui inflige un tel traitement. Il vit une paire de pieds s'approcher lentement de lui, la tête toujours penchée sur le sol.

« Votre Majesté » Le guerrier derrière lui, prit la parole, accentuant la pression sur le cou du cocher.

Le cocher sentit son âme quitter son corps. Il n'osait pas appeler la personne qui se tenait devant lui. Tout son corps tremblait de peur, de la sueur froide dégoulinait dans son dos.

« Emmenez-le »

C'était probablement la première et la dernière chose qu'il entendrait de la bouche du roi lui-même.

« Oui, Votre Majesté »

Le guerrier traîna grossièrement le cocher qui se débattait jusqu'à ses pieds. Le guerrier allait mener un bref interrogatoire, et s'il s'avérait que le cocher était une personne ordinaire qui n'avait rien à voir avec l'Église Mara, il serait immédiatement relâché sans aucune répercussion.

Kasser jeta un coup d'œil au dos du cocher pendant un court instant, avant de monter dans la voiture et de fermer la porte. Les guerriers se dispersèrent dans des zones choisies, se cachant dans des coins, tout en ayant une vue dégagée sur la voiture. Et un homme déguisé en cocher s'assit sur le perchoir.

Kasser s'assit dans la voiture sombre et attendit patiemment le retour d'Eugène. Mais au fur et à mesure que le temps passa, les rides commencèrent à se creuser sur son front, ses sourcils se froncèrent, ses yeux bleus brillèrent un peu plus qu'ils ne le faisaient déjà. Il sentait que sa patience ne tenait plus qu'à un fil, et qu'elle était sur le point de se briser lorsqu'un bruit de frappe le sortit de sa transe. Le tapotement se répéta trois fois, indiquant qu'Eugène arrivait déjà.

Tome 1 – Chapitre 188 – Tu t'inquiètes trop

Deux femmes vêtues de manteaux marchaient dans les rues sous le ciel nocturne, les réverbères émettant une douce lumière jaune dans l'obscurité, illuminant les silhouettes des femmes sur les trottoirs. Leurs capuches rabattues sur leurs têtes, elles poursuivirent leur promenade nocturne, croisant au passage une paire de soldats.

« Alors, qu'est-il arrivé à Hans ? »

« Je n'en sais rien. Je le saurai demain »

Eugène, qui était plongée dans ses pensées, entendit la conversation des soldats. Elle tourna la tête vers eux, remarquant la scène autour d'eux.

Malgré l'heure sombre, la rue dans laquelle elles marchaient n'avait rien d'étrange, rien de menaçant grâce aux lampadaires disposés à certains intervalles. Il y avait aussi pas mal de gens qui marchaient, d'autres allant même dans la même direction qu'Eugène et Molly.

La vue de deux femmes marchant ensemble n'était pas inhabituelle et n'éveillait pas les soupçons, car des personnes d'âges et de tailles différents semblent fréquenter l'endroit, que ce soit tôt le matin ou tard le soir.

Elle ne se rendit compte de la tranquillité des rues que plus tard, car elle était très nerveuse lorsqu'elle est allée voir Rodrigo. Elle considérait le calme de la rue et l'énergie qui l'accompagnait avec une telle révérence.

Jin avait dû sortir comme ça aussi, quand elle avait rencontré Rodrigo avant. Eugène pensa, jugeant l'endroit suffisamment sûr puisque Jin n'avait l'habitude d'emmener qu'une seule servante, sans aucune escorte. Il n'y avait que quelques pays où l'on pouvait se promener en toute sécurité la nuit.

« Je me demande si les autres royaumes sont aussi comme ça »

Lors de la première sortie d'Eugène, il y avait environ cinq guerriers qui l'escortaient selon les ordres de Kasser. Eugène rit à ce souvenir.

Vivre dans la capitale signifiait que la sécurité était suffisante. Cependant, Eugène ne pouvait s'empêcher de se sentir incertaine car il y avait beaucoup de monde dans les environs. Elle ne s'attendait pas du tout à cette foule.

En commémoration de l'arrivée de la saison sèche, presque tous les magasins proposaient des prix réduits, des offres d'achat et d'autres promotions pour attirer les gens à l'intérieur de leur magasin. Ainsi, le nombre de personnes qui sortaient la nuit a décuplé, rendant la place pleine de vie sous l'assaut des masses. Des patrouilles supplémentaires furent également été affectées à certains postes afin de surveiller la foule grouillante.

Eugène ne se doutait pas que c'était la première fois qu'un événement de grande ampleur se produisait alors que la période active n'était pas encore terminée, et que c'était aussi le premier événement ordonné par le roi lui-même.

Elle sentit un léger mouvement sur son bras et jeta un coup d'œil au panier qu'elle tenait. Juste pour un moment, Abu.

Heureusement pour Eugène, l'apparition d'Abu n'était pas nécessaire aujourd'hui. Mais la compagnie de la bête lui permit de se sentir à l'aise lors de sa rencontre avec Rodrigo.

Elle ne ressentit plus l'anxiété initiale, grâce à la présence d'Abu à ses côtés.

Eugène et Molly s'arrêtèrent à une intersection devant la place. Elles remarquèrent que la place, qui était censée déborder de monde, était vide, à l'exception des quelques ouvriers qui y travaillaient. Eugène pouvait très bien voir les arbres centrés sur la place.

« On dirait qu'ils vérifient le conteneur d'huile, Maîtresse » dit Molly, en voyant les ouvriers travailler par deux sur la place.

Eugène acquiesça. « Je vois »

Molly observa leur environnement, complètement perplexe devant le spectacle qui s'offrait à elle. « Pourquoi ont-ils commencé la maintenance aujourd'hui ? » Elle remarqua également que la calèche qu'ils avaient empruntée pour venir ici était introuvable.

Avant que Molly n'entra dans le château, on l'informa qu'elle serait au service de la reine. On lui avait dit qu'Anika Jin n'était rien d'autre qu'une femme dure qui ne pardonnait pas les erreurs, ce qui rendit Molly consciente chaque fois qu'elle se trouvait près d'elle. C'était pourquoi Molly s'assurait de répondre aux besoins de la reine avec diligence et de faire tout ce qu'on lui demandait.

La présence d'un seul carrosse dans les environs pourrait paraître suspecte, c'était pourquoi le roi leur avait demandé de garer le carrosse à différents endroits. Molly soupira de soulagement, se souvenant soudain de l'emplacement du chariot. «

Maîtresse. Le chariot est là-bas »

« D'accord. Allons-y alors » répondit Eugène

Molly ouvrit la voie vers l'emplacement du chariot. En arrivant à la voiture, Molly frappa plusieurs fois sur le métal, mais le cocher n'y prêta pas attention. Molly plaça le vieux livre qu'elle tenait dans le creux de son bras, et d'une main, elle attrapa la poignée de la porte et la tira pour l'ouvrir. « Maîtresse Qu'est-ce que... »

Le visage de Molly devint pâle au moment où elle ouvrit la porte. Le vieux livre tomba de sa main dans un bruit sourd.

Kasser fixa Molly avec une telle froideur et une telle férocité que Molly en trembla.

Après cette journée, l'espionne de la secte ne verrait plus jamais le soleil briller.

Molly déglutit nerveusement, ses paumes transpirant tandis que la peur engloutissait tout son être. Le roi la regardait comme un fauve sur le point de dévorer sa proie, et comme une proie, Molly restait plantée sur place, complètement immobile.

Eugène, qui attendait également à l'extérieur du carrosse, remarqua immédiatement la forme immobile de Molly. Elle s'approcha et jeta un coup d'œil à l'intérieur, croisant le regard de Kasser. Kasser lui sourit, ses yeux se transforment en croissant de lune et il tendit la main vers Eugène, l'incitant à entrer dans la calèche.

Eugène eut une expression confuse, surpris par l'apparition inattendue de Kasser. Elle lui sourit gentiment, ignorant l'expression sinistre de Kasser quelques instants auparavant. Elle prit sa main dans la sienne et fut brusquement entraînée à l'intérieur, atterrissant directement dans ses bras.

La porte se referma derrière elle avec un doux déclic, les enfermant dans le petit compartiment sombre.

***********************************

Kasser tripota la tige métallique à côté de lui, ajustant l'ouverture du rideau alors que la lumière de la lune pénétrait à l'intérieur du wagon, projetant des ombres sur leurs deux visages. Leurs visages étaient si proches l'un de l'autre qu'ils pouvaient sentir leurs respirations respectives.

« Tu ne m'as pas dit que tu venais ici, je pensais que tu m'attendrais au château. C'était ton plan depuis le début ? » demanda Eugène.

Kasser haussa les épaules. « J'ai changé d'avis »

Il savait qu'il ne pourrait pas continuer à l'attendre au château, alors il décida d'attendre ici, qui était tellement plus proche d'elle, si quelque chose d'imprévu se produisait

« Tu t'inquiètes trop. Tu ne me fais pas confiance ? » Eugène lui demanda doucement alors qu'elle continuait. « Il y avait beaucoup de monde dans la rue, et il faisait clair aussi, donc c'est tout à fait sûr pour une femme de se promener »

« Oui ? » demanda Kasser.

« Tu ne savais pas qu'on pouvait se promener dans les rues la nuit parce que la sécurité de la capitale est bonne ? Je me souviens l'avoir entendu dire par Marianne, mais je n'y avais pas prêté attention. Et quand je suis sortie tout à l'heure, tu m'as fait escorter par une bande de guerriers puisque tu n'es pas là » dit Eugène, la voix un peu plus haute que prévu. Si seulement leur environnement était assez lumineux, Kasser verrait certainement l'expression de souvenir d'Eugène sur son visage.

« Tu as l'air excitée » dit Kasser en attrapant la capuche d'Eugène et en la faisant basculer derrière elle.

« Quoi ? »

« Le ton de ta voix est différent » dit Kasser.

« Oh » Eugène se prit le visage dans les mains, voulant calmer son cœur qui battait la chamade à l'intérieur de sa poitrine. Dès qu'elle vit le visage de Kasser, le sentiment qu'elle retenait éclata soudainement.

Plus elle y réfléchissait, plus elle se rendait compte que Jin n'avait utilisé Rodrigo que pour obtenir ce vieux livre. Ce n'était pas comme si Jin avait essayé d'utiliser l'église de Mara pour une raison spécifique, ni comme si elle avait essayé de faire une sorte de conspiration. C'était son hobby - le hobby qui lui faisait utiliser la majeure partie du budget de son nom royal, vidant sa banque presque entièrement.

Eugene n'avait pas encore compris pourquoi Jin collectionnait ces vieux livres, mais elle avait été soulagée de découvrir que Jin n'avait pas de liens avec l'Église de Mara, et elle avait eu l'impression de pouvoir enfin se débarrasser de ce fardeau.

« J'ai rencontré Rodrigo et je me suis souvenu de quelque chose d'important » Eugène dit, sa bouche se courbant légèrement vers le haut alors qu'elle s'efforçait de garder son sourire.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda Kasser, pensant qu'il devait s'agir de quelque chose de bien puisque les yeux d'Eugène brillaient tellement qu'ils reflétaient la maigre lumière qui les entourait. Kasser supposa que cette attitude enthousiaste de sa part était bien meilleure qu'un sentiment de découragement.

Cependant, Kasser voulait la voir exaspérée par Rodrigo, et peut-être un peu contrariée par le fait qu'il n'avait envoyé qu'Abu pour l'accompagner. Kasser souhaitait qu'Eugène s'en remette à lui et lui demande de l'aide, car il était vraiment difficile de faire les choses seul. Un fardeau partagé est un fardeau divisé par deux.

Kasser était stupéfait de voir à quel point il n'était plus sûr de lui.

« Je lui ai donné de l'argent pour qu'il puisse obtenir des informations sur la collecte de vieux livres. J'avais l'habitude de lui acheter des livres directement » déclara Eugène.

« Vous ne le saviez pas déjà ? » demanda Kasser d'un ton perplexe. « Je ne savais pas qu'il fournissait lui-même les livres »

« Oh... Ça... » Eugène s'arrêta, comme si elle essayait de former ses mots dans sa tête. «

J'ai pensé que... J'avais peut-être fait quelque chose de terrible » Elle dit d'un ton penaud, la voix petite et tremblante.

Kasser gloussa légèrement, se souvenant de ce qu'elle avait dit la dernière fois. « Tu veux dire invoquer Mara ? »

Eugène le fixa intensément, ne s'amusant pas de voir Kasser se moquer d'elle. « Je ne plaisante pas. Et voilà ce que j'obtiens... » Eugène s'arrêta de parler, sentant sa gorge se serrer sous l'effet des émotions qui bouillonnaient en elle.

Entendant sa voix s'éteindre lentement, Kasser la regarda immédiatement avec une expression sévère. « Je ne me moque pas de ce que tu dis. Je pensais juste que tu ne pouvais pas avoir fait quelque chose de mal »

« Pourquoi ? Pourquoi me fais-tu autant confiance ? » demanda Eugène.

« Parce que je crois que tu n'as rien fait d'ignoble. Tu es toujours toi, après tout »

« Pourquoi me crois-tu alors ? » l’interpella Eugène.

« Comme je te l'ai dit, parce que c'est toi. C'est tout »

« Tu ne sais pas comment sont les gens à l'intérieur. Et si je te tournais soudain le dos ? »

Eugène lança un défi.

« Tu t'inquiètes trop » Kasser sourit. « Tu as peur de choses qui ne se produiront peut-être pas »

Eugène se rendit compte que Kasser était trop naïf pour son propre bien, et elle comprit pourquoi il y avait tant de gens au grand cœur autour de lui. Il n'était pas du genre à se laisser facilement ébranler une fois qu'il avait jeté son dévolu sur quelque chose, accordant sa confiance totale à tout ce qu'il faisait, ainsi qu'aux gens qui l'entouraient.

Peut-être n'avait-il pas encore été trahi par quelqu'un en qui il croyait de tout cœur.

Cela lui rappela soudain le roi de son roman : une personne au cœur endurci, un homme qui ne pouvait redevenir celui qu'il avait été

Si cette personne était trahie, elle sera sûrement comme le roi du roman. Eugène sentit sa poitrine se serrer à l'idée que Kasser devienne un roi au sang froid.

Eugène savait ce qu'il craignait. Kasser avait peut-être pensé qu'elle disparaîtrait soudainement après sa rencontre avec Rodrigo.

« Je ne veux pas le décevoir » Elle était heureuse d'être venue ici et de l'avoir rencontré avant que Jin n'avait eu l'occasion de faire quoi que ce soit.

« Tu ne peux pas lui pardonner » Kasser dit, faisant sortir Eugène de ses pensées. Elle regarda Kasser sans rien dire, réalisant alors qu'il parlait de Rodrigo.

« Aucune chance » ajouta Kasser.

« Je n'en ai pas l'intention » répondit Eugène en clignant des yeux.

Les yeux de Kasser s'adoucirent aux paroles rassurantes d'Eugène. « Je pensais que tu avais changé d'avis depuis que tu lui avais donné de l'argent en échange d'informations

»

« Il est vrai que je lui ai acheté des informations, mais il est également vrai que je les ai couvertes »

Jin n'aurait pas été assez stupide pour ne pas savoir que Rodrigo en demandait trop. Jin était probablement au courant, mais avait décidé de fermer les yeux pour le bien des vieux livres.

« Votre Majesté. Je suis... » Eugène fut interrompu, distrait par le gémissement qui semblait résonner à l'intérieur du carrosse. Eugène éclata de rire lorsqu'elle réalisa qu'il s'agissait d'Abu. Elle souleva le tissu du panier et consola la bête gémissante. « Désolée Abu. Je t'avais complètement oublié »

Abu ne cessait de gémir, visiblement contrarié d'être resté trop longtemps à l'intérieur du conteneur. Les cheveux d'Abu, d'un noir mat, se fondaient dans l'ombre. Ses yeux rouges et brillants étaient la seule chose visible sur lui.

Kasser saisit le panier et en sortit Abu d'une seule main. Il ajusta la petite bête dans ses mains, saisit Abu par le col et le souleva devant lui.

Abu, de la taille d'un chaton, cria bruyamment, ses pattes s'agitant frénétiquement à cause de la position inconfortable dans laquelle il se trouvait.

« Abu. Va au château » dit Kasser en ouvrant la fenêtre à côté de lui, jetant Abu vers l'extérieur comme s'il ne pesait rien. Eugène poussa un cri, complètement choqué par les actions de Kasser.

« Votre Majesté ! Je n'ai pas encore pu remercier Abu ! » dit Eugène tandis que Kasser referme la fenêtre.

« Tu pourras le faire plus tard » dit Kasser avec nonchalance.

Eugène respira à pleins poumons, visiblement incrédule. « Tu es si méchant »

« Eh bien » dit Kasser, en faisant face à la direction d'Eugène. « Tu m'as dit qu'il suffisait de prendre Abu avec toi, et tu ne m'as même pas laissé te raccompagner. Qui est le méchant maintenant ? »

Tome 1 – Chapitre 189 – Tu peux être fière

Eugène le dévisagea, surprise par une déclaration aussi inattendue. Dans sa tête, l'idée que Kasser était lent à rejeter la faute sur les autres était bien ancrée. Elle repensa à ce qu'elle avait fait, essayant de voir où elle s'était trompée.

« Vous m'avez raccompagnée. Au déjeuner, tout à l'heure... »

C'était plus tôt dans la journée, il y avait seulement quelques heures. Eugène se souvint parfaitement de leur conversation au cours du déjeuner.

[ « Est-ce que ça va vraiment aller tout seul ? » avait demandé Kasser.

« Je ne serai pas seule. Abu et la bonne viennent avec moi »

« C'est la bonne qui m'inquiète »

« Elle ne peut pas me faire de mal. Elle aura des ennuis si elle le fait » ]

Rien ne lui avait paru vraiment étrange pendant le repas, c'était toujours la même ambiance. Ils n'avaient même pas parlé de la sortie depuis si longtemps. La seule chose à laquelle Eugène pouvait penser était qu'elle avait refusé de se joindre à lui pour le dîner.

La coutume voulait que l'on dîne ensemble plutôt que seul, et que l'on soit plus formel au dîner qu'au déjeuner. Un dîner avec Kasser pouvait durer plus de deux heures. Si elle mangeait avec lui, elle n'aurait pas eu le temps de sortir, ce fut pourquoi elle avait refusé.

Il avait accepté son refus de bonne grâce, hochant la tête et laissant passer le moment sans commentaire. Le roi Kasser qu'Eugène connaissait n'était pas du genre à se laisser blesser par une telle chose et à en garder du ressentiment par la suite.

« Tu m'as dit de faire attention. Tu ne t'en souviens pas ? »

« Pas ça »

Eugène fronça les sourcils, fouillant dans sa mémoire. C'était avant ? Elle se souvint de la conversation qu'elle avait eue avec lui hier soir.

[ « Prévenez-moi avant de partir demain. Je dois te raccompagner » lui avait dit Kasser.

« Non »

« Pourquoi pas ? »

« Parce que ma sortie doit rester secrète. Et si Molly pense que quelque chose ne va pas

? Ne vous approchez pas d'ici après le coucher du soleil. Ne vous inquiétez pas, Abu sera une escorte suffisante » ]

Cette conversation avait eu lieu après un ébat passionné, alors qu'elle était allongée sur lui, peau contre peau. Le visage d'Eugène rougit lorsqu'elle se souvient de la chaleur et de l'intimité qui régnaient dans la chambre alors qu'ils étaient enlacés l'un à l'autre.

Cette conversation prit tout son sens dans le contexte de l'affirmation de Kasser selon laquelle « vous avez refusé de me laisser vous raccompagner » Plus elle y pensait, plus Eugène se sentait ridicule. Il ne parlait pas d'aujourd'hui, mais d'hier soir. Sa demande n'avait aucun sens. La sortie était censée être secrète ; le fait qu'il vienne la voir partir aurait été contre-intuitif.

Kasser ne dit rien, détournant son regard « Qu'est-ce que tu essayais de dire tout à l'heure ? »

« Oh, à ce propos »

Eugène tenta de répondre, mais se tut. Plus elle le fixait, plus ses lèvres tremblaient. Ses épaules tremblaient. Un seul gloussement s'échappa de ses lèvres scellées, et elle ne put le retenir plus longtemps, éclatant de rire. L'expression résignée et le soupir de lassitude de Kasser ne firent que la faire rire davantage.

C'était l'homme qui avait dit qu'on pouvait voler un trésor national et le perdre, donner de l'argent à l'église Mara ou se faire traiter de saint par les sectes, et il avait été contrarié de ne pas être autorisé à la voir partir. Il était même venu jusqu'à la place pour l'attendre.

Le souverain du royaume Hashi était réputé pour être rationnel et sévère, pour aimer son pays et son peuple. Eugène avait souvent eu l'impression que Kasser était un roi respecté par son peuple. Même s'ils ne chantaient pas ses louanges, ils le considéraient avec respect et admiration.

Ce n'était pas seulement un roi parfait, c'était aussi une personne incroyable. Eugène l'admirait souvent. Cette facette de lui, si humaine et un peu grincheuse, était donc inattendue. Elle se réjouit de voir une facette de lui que peu de gens connaissent.

Toujours en train de rire, Eugène lui passa les bras autour du cou et le serra dans ses bras. Elle pouvait sentir le battement agréable de son cœur dans sa poitrine, un peu plus rapide que d'habitude. Elle se sentait légère, étourdie, comme si elle avait bu quelques verres de vin.

« Votre Majesté » dit-elle. « Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse. Ce n'est pas parce que je l'ai rencontré et que j'ai retrouvé la mémoire. Je suis heureuse de savoir que je n'ai rien fait pour vous blesser. J'ai essayé de vous le dire il y a un moment

»

Eugène relâcha son emprise sur lui, le poussant un peu en arrière pour qu'elle puisse le regarder.

« Je suis désolé de ce qui a été révélé. J'ai du mal à garder la tête haute, mais je voulais être un peu fière. Pour cela, il faut que je comprenne tout ce qui n'a pas marché et que je répare mes erreurs. J'ai donc insisté pour le rencontrer »

« Tout le monde fait des erreurs »

Kasser lui caressa les joues du dos de la main. Sa poitrine était douloureuse alors que son cœur se remplissait d'émotion. Elle était si belle, elle s'exprimait si calmement et si honnêtement.

Il réfléchit à sa question : pourquoi croyait-il en elle ? En la voyant ainsi, il n'avait d'autre choix que de lui faire confiance. Elle exprimait toujours ses pensées et ses sentiments avec clarté, sans laisser de place à l'ambiguïté.

Les élites éduquées du monde auquel appartenait Kasser avaient toujours un plan d'évasion caché dans leurs mots, une façon de se dérober pour ne pas prendre leurs responsabilités ou assumer ce qu'ils disaient. Eugène était à mille lieues d'eux, et chaque conversation avec elle était rafraîchissante. Il se surprenait souvent à la suivre des yeux.

« Vous essayez d'arranger les choses. Vous n'avez aucune raison de ne pas être fière »

Eugène cligna des yeux, ses yeux brillaient. Elle semblait aux prises avec une vague d'émotions. « Et si je continue à faire des erreurs ? »

« Ce n'est pas grave » assura Kasser.

« Il se peut que tu doives passer le reste de ta vie à réparer les dégâts que j'ai causés »

« Le reste de ma vie, hein ? » Ses doigts effleurèrent sa joue, passent sous son menton et le soulèvent légèrement. « Ça vaut la peine d'essayer »

Eugène ferma les yeux tandis que son visage s'inclinait et s'abaissait vers le sien. Ses lèvres couvrirent les siennes, chaudes et fermes. Il suça lentement sa lèvre inférieure, l'adorant. La pointe de sa langue taquina la jointure de ses lèvres, puis se faufila entre elles, glissant dans sa bouche. Il la caressa contre la sienne, l'incitant à pousser un petit gémissement.

Il massa la chair sensible de l'intérieur, lécha ses dents et aspira sa langue avec force. Le baiser dura une éternité, sans hâte. Désireux d'en avoir plus, il embrassa ses joues, ses paupières et pressa ses lèvres contre son cou. La tête d'Eugène retomba en arrière et son visage se nicha sous son menton. Son corps s'appuya sur la paroi du wagon, coincé par le poids chaud de Kasser.

Eugène gémit tandis que sa main tripote la poitrine de la jeune femme.

« Attendez... Votre Majesté... Mmm... »

Elle repoussa Kasser lorsqu'il continua d'embrasser son cou. « Arrêtez... Pas ici »

« Il n'y a personne ici »

Soudain, son esprit évoqua l'image de la place vide qu'elle avait vue auparavant. Eugène poussa Kasser plus fort. Il recula, lui laissant de l'espace pour respirer.

« Pourquoi la calèche n'a-t-elle pas démarré ? Cela fait un moment que nous sommes assis ici »

« Ils attendent mon ordre de départ »

« Oh, mon Dieu ! Vous voulez dire qu'ils ont attendu tout ce temps, en regardant la voiture ? Qu'est-ce qu'ils doivent penser que nous avons fait ? »

Kasser rit. « Qu'est-ce que tu crois qu'on fait ? »

« .... »

« Qu'est-ce qu'on fait ? »

Eugène fixa le roi qui sourit. « Ne me dis pas que tu avais prévu de vérifier le puisard ?

De vider le carré ? »

« A l'origine, c'est ce que nous faisons à cette époque. Il s'est avéré que les horaires se chevauchaient » mentit Kasser avec désinvolture.

Eugène plissa les yeux avec méfiance. « Vous n'avez pas envoyé d'escorte après moi, n'est-ce pas ? Je t'ai clairement dit de ne pas le faire. Il pourrait le remarquer »

« Je ne l'ai pas fait »

Il n'y avait pas d'escorte, mais Kasser avait prévu un grand nombre de patrouilles. Il pensait qu'il n'y avait rien de mal à renforcer leur présence dans les rues dans l'intérêt de la prévention du crime, en raison des événements massifs des magasins.

« Allons-y maintenant. Oh, et n'oubliez pas de vous excuser auprès d'Abu à notre retour

»

« S'excuser ? »

« Tu sais à quel point Abu a travaillé dur aujourd'hui ? Et tu l'as jeté comme ça »

Kasser rejeta ses paroles. « Je suis son maître, pas son ami »

Eugène allait critiquer son ton, mais elle ferma la bouche et réfléchit à la place. Il serait peut-être erroné de considérer la relation entre les Hwansu et leurs maîtres comme une relation entre personnes. Chez les bêtes, la hiérarchie en fonction du pouvoir était importante.

« Alors félicite-le au moins pour son travail. Tu dois lui dire quand il fait du bon travail.

D'accord ? »

« ...D'accord.. »

Kasser frappa deux fois sur la paroi du wagon, qui se mit en mouvement quelques instants plus tard.

Eugène se rendit compte que quelqu'un était resté assis sur le perchoir pendant tout ce temps et couvrit son visage brûlant de ses mains. Lorsqu'elle jeta enfin un coup d'œil à Kasser, celui-ci fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qui n'allait pas. Elle n'arrivait pas à s'habituer aux coutumes d'ici, à la façon dont ils ne semblaient pas remarquer les yeux et les oreilles des gens du peuple.

*************************************

L'air de la chambre était chaud et lourd. Eugène s'était allongée sur Kasser, se servant de lui comme d'un gros coussin. Peu à peu, sa main, qui avait frotté sa peau paresseusement, commença à la caresser sérieusement. Il caressa l'intérieur de sa cuisse, pressa ses fesses et remonta ses paumes pour savourer les courbes de sa taille.

Elle était épuisée après son dernier orgasme et ne demandait qu'à s'endormir, mais lorsqu'il la touchait si doucement... Elle se détendit lentement, se réchauffant à nouveau à mesure qu'il la caressait.

Il passa sa main autour de sa nuque et la pressa légèrement pour la faire avancer.

Inclinant la tête, il embrassa ses cheveux. Les baisers simples et doux de Kasser étaient plus stimulants qu'un baiser passionné. Elle avait l'impression de savoir ce que l'expression 'partager l'amour' tentait de décrire.

Eugène souleva la tête de son torse nu et le regarda. Il l'embrassa, couvrant ses lèvres des siennes. Ce qui avait commencé comme une légère pression s'intensifia jusqu'à ce que leurs langues s'entremêlent.

« Mmm... »

Kasser lui suça la langue. Un frisson lui parcourut l'échine et elle gémit. Il se hissa sous elle, son corps ferme se pressant contre elle, peau contre peau. C'était comme le moment où une bête au repos commençait à se réveiller.

En se levant, il souleva doucement Eugène et la tourna de façon à ce que son dos touche le lit. S'élevant au-dessus d'elle, il écarta immédiatement ses jambes et se glissa entre elles. Il descendit le long de son abdomen et caressa son jardin de femme, vérifiant qu'elle était bien lubrifiée. Lorsqu'il la trouva bien lubrifiée, il enfonça son membre jusqu'au bout.

« Ahh ! »

Eugène resserra les bords de son corps. La sensation d'une partie mâle épaisse et dure qui s'étendait sur ses parois intérieures fut intense. L'accepter était toujours bouleversant, même si le sperme qu'il avait laissé en elle plus tôt servit de lubrifiant.

Tome 1 – Chapitre 190 – Un avenir vague et concret

Il était au fond d'elle, ses lèvres pressées contre les siennes, sa langue dans sa bouche, mêlée à la sienne. Il mordillait et suçait sa langue.

« Hmm... Haa... »

Chaque fois qu'il relâchait sa bouche une seconde, Eugène gémissait. Elle s'habitua à la lourde présence entre ses jambes, qui semblait soudain lui appartenir en propre, à la longueur de son corps qui frottait ses parois intérieures.

« Ah ! »

Après n'avoir laissé que la partie la plus épaisse à l'intérieur, il s'enfonça à nouveau. Il couvrit son corps frémissant avec le sien, saisit ses mains et les tint contre la tête du lit, et commença à pousser.

Il pénétra profondément et ses cuisses tremblantes s'enroulèrent autour de sa taille.

Chaque fois qu'il se retirait, sa petite entrée le suivait et en redemandait.

Ses réactions instinctives l'excitèrent. Kasser frappa plus fort et le bruit des chairs qui s'entrechoquaient résonna dans la chambre silencieuse.

« Hnmm... Ahhhh... »

Même la rigidité de l'intérieur lui procurait du plaisir et elle avait la chair de poule sur tout le corps. Avec le temps, son corps était devenu plus sensible à son contact.

Elle semblait de plus en plus dépendante de la sensation qu'il avait en elle. Cependant, elle admit qu'elle était un être humain faible, sensible à la douleur et au plaisir, d'où ses gémissements occasionnels.

Elle ne pouvait détacher son regard de la sueur qui coulait sur le torse musclé de l'homme.

On dit que les femmes était moins sensibles aux stimulations visuelles que les hommes, mais cela ne semblait pas être son cas. Une chaleur montait en elle, son pli se resserrait autour de sa longueur tandis qu'il frappait.

Kasser gémit et l'embrassa à nouveau. En réaction, il libéra les bras de la jeune femme et les enroula autour de son cou épais.

***********************************

« Avez-vous décidé qui m'accompagnera ? »

Les trois assistantes se regardèrent. Personne ne répondit. Quelques jours plus tôt, Eugène avait demandé qui l'accompagnerait. Elle avait prévu qu'une seule assistante l'accompagnerait dans le désert avec le roi.

Les trois étaient prêtes à l'accompagner, alors elle leur avait demandé de discuter entre elles et de décider.

« Vous n'avez toujours pas pris votre décision ? Nous partons demain »

« .... »

Eugène avait dit qu'elle ne pouvait pas les aider, que c'était à elle de prendre la décision.

« Alors, décidons en tirant au sort »

Les assistants s'y opposèrent immédiatement. « Votre Majesté. C'est une affaire trop importante pour être décidée par tirage au sort »

« Je pense qu'il est injuste de décider cela au petit bonheur la chance »

« Alors qui l'emportera ? »

« .... »

« Je suggère une méthode où votre choix et la chance fonctionneront » dit Eugène après avoir réfléchi un moment.

Eugène déplia une feuille de papier et traça trois longues lignes verticales. Les échelles furent dessinées en demandant aux trois assistantes de croiser les lignes verticales avec des lignes horizontales.

Seules la partie supérieure et la partie inférieure étant visibles, le milieu étant recouvert de papier, les trois personnes furent invitées à choisir l'une des lignes supérieures.

Eugène entoura ensuite une ligne en bas, qui désignera le gagnant. Après avoir expliqué la méthode aux trois personnes, ils procédèrent à la loterie de l'échelle.

Les trois femmes tracèrent leur chemin dans les échelles en réfléchissant profondément, dubitatives face à cette méthode de loterie à laquelle elles assistaient pour la première fois.

A la fin, Sandy gagna et son visage exprima l'euphorie qu'elle ressentait intérieurement, tout en restant calme comme toujours, tandis que les deux autres essayaient de cacher leur déception. Ce serait un grand honneur de participer au rituel royal saisonnier dans le désert.

« Y a-t-il des désaccords avec les résultats ? »

Les expressions des deux recalés étaient moroses, mais ils ne protestèrent pas. Eugène s'efforça de contrôler son hilarité et de garder un visage impassible.

« Puisque le rituel est un événement qui se répète à chaque fois que la saison sèche commence, n'y a-t-il pas beaucoup d'opportunités pour vous deux aussi ? » demanda Eugène, se demandant sincèrement pourquoi ses aides tenaient tant à assister au rituel.

« Tout le monde ne peut pas se porter volontaire. Sa Majesté et l'ancien roi choisissaient toujours des guerriers comme compagnies » répondit Regina.

« Mais les reines sont censées y assister aussi, n'est-ce pas ? » demanda Eugène, se référant à elle-même et à la mère de Kasser, l'ancienne reine du royaume de Hashi.

« Oui, c'est ce qu'on attend de nous, mais la plupart du temps, Sa Majesté a assisté seule à la cérémonie »

Ah... c'est vrai. Il lui avait dit que Jin n'avait assisté qu'à la première.

Et cela faisait longtemps que la reine précédente avait quitté le royaume pour vivre dans la Ville Sainte.

Le siège de la reine étant vacant depuis longtemps, on lui avait dit que Marianne s'occupait depuis longtemps des conditions de vie au palais.

« Lorsque Sa Majesté voyage seule, limite-t-elle strictement les qualifications de ceux qui l'accompagnent ? »

« Il ne le fait pas. Cependant, en réalité, peu de gens peuvent supporter la chaleur et les difficultés de l'expédition dans le désert. Maintenant que la chaleur est beaucoup plus torride et les tempêtes plus sauvages, le voyage prendrait cinq jours, plus que les trois jours habituels. »

« Je vois »

Elle comprit qu'il s'agissait d'une forte marche qui se déroulait dans le désert, à cheval, toute la journée. Le commun des mortels ne pouvait pas suivre l'incroyable endurance du roi et des guerriers.

« Le voyage aller-retour dans le désert n'est-il pas encore difficile ? Pourquoi veux-tu venir avec nous ? » demande Eugène avec curiosité.

« J'aimerais voir le lieu sacré où se déroule le rituel »

« Juste une fois, j'ai voulu aller voir »

Les assistantes répondirent avec enthousiasme.

On avait dit à Eugène que les terres sacrées étaient l'endroit où le roi avait posé les fondations du pays, mais elle s'était imaginé qu'il s'agissait d'un endroit anodin où il ne restait que des ruines. Ce ne fut qu'aujourd'hui qu'elle sut qu'il revêtait une importance particulière pour les habitants de ce pays.

« Ne soyez pas désolés pour les deux qui ne peuvent pas venir avec nous cette fois-ci.

Nous aurons une autre occasion à la prochaine saison sèche »

Les assistantes changèrent d'expression faciale et répondirent. « Oui, Votre Majesté »

Après le départ des assistantes, Eugène réalisa tardivement ce que leurs étranges expressions impliquent.

Ah... Pensent-elles qu'elles n'auront aucune chance la prochaine fois ? Puisque lors de la prochaine saison sèche, il n'était pas sûr que je puisse accompagner Sa Majesté ?

En bref, l'assistante considérait que la participation d'Eugène à ce voyage rituel n'était qu'un caprice de sa part. C'était un événement auquel assistaient le roi et son épouse, mais les gens s'étaient habitués à son absence et à la négligence de ses responsabilités, ce qui était décevant. Eugène ne put que soupirer et consoler son cœur.

Il suffit de regarder. La prochaine, et celle d'après. J'y assisterai sans faute. '

Il ne suffit pas de leur donner sa parole. Elle devait maintenir la confiance qu'elles ont en elle.

Le prochain, et le suivant...

Eugène se rendit compte qu'elle dessinait un avenir à la fois vague et concret. Quand elle était arrivée ici, elle était impatiente d'endurer la journée. Et maintenant, elle était ici, non seulement en train de survivre, mais aussi en train d'aimer le monde dans lequel elle fut jetée.

Elle secoua la tête, étonnée. Un étrange sentiment de libération l'envahit et l'allège de ses soucis. C'était comme si elle s'enfonçait dans une piscine d'eau et qu'elle en ressortait rafraîchie et rajeunie.

La période d'activité était terminée.

Eugène respira profondément et sourit. Elle était prête à recommencer sa vie.

*********************************

Kasser était plongé dans ses pensées. Le grand prêtre...

Les rapports ne manquaient pas sur le bureau.

Il regarda à nouveau l'enquête sur l'Église Mara, qu'il avait vue il y a quelque temps. En particulier, le contenu de la structure organisationnelle de l'église était extrait et examiné séparément.

Les forces de Mara étaient réparties uniformément dans six royaumes. Ils étaient plus actifs dans le royaume de Hashi, qui était relativement moins opprimé, mais tous les cultes n'affluaient pas dans ce royaume.

Il étaitt rare que ce genre de personnes quittait sa patrie. Cependant, quel que fut l'endroit, les membres de cette secte, adorateurs du diable, devaient être réprimés.

Kasser avait d'autant plus de préjugés à leur égard qu'ils avaient mêlé sa femme à leurs sales besognes.

Il n'était pas sûr du nombre exact, mais il pensait qu'il y avait entre cinq et dix prêtres dans ce royaume.

Il se souvint de la conversation qu'il avait eue avec Eugène.

« Rodrigo m'a dit qu'il annoncerait le statut d'un saint par une cérémonie. Je ne connais pas le but de cette cérémonie ni son intention. Je n'ai pas pu lui demander car il n'a pas donné de détails. Mais m'oindre en tant que tel, c'est probablement... »

« Cela implique que la nouvelle n'a pas encore été publiée »

« Oui. Par conséquent, je ne pense pas que beaucoup de gens sachent qu'il m'a appelée Sainte »

Kasser était parvenu à une conclusion similaire avec Eugène.

Il serait plus facile d'étouffer l'affaire si elle ne pouvait être résolue qu'en attrapant Rodrigo et en le faisant taire.

Mais ce qu'elle avait dit ensuite l'avait inquiété

« Rodrigo dit qu'il veut que le Grand Prêtre me rencontre. Je ne me souviens plus qui est le Grand Prêtre, ni si je l'ai déjà rencontré »

« Le grand prêtre... ? »

Kasser ne se souvenait pas d'avoir reçu un rapport indiquant qu'une classe supérieure régnait sur les prêtres. Il parcourut à nouveau tous les rapports, mais il n'y en avait aucun.

Ces derniers temps, cette question le préoccupait. Il pensait connaître tous les mondains et les surveiller pour pouvoir les contrôler à tout moment, mais quelque chose clochait.

Même s'il manquait des milliers de sous-fifres, il devait mettre le chef sous sa coupe.

« Je dois faire des recherches »

Kasser rédigea un bref ordre.

-Refaites des recherches sur les grades au sein de la secte. Cherchez à savoir s'ils ont un grade appelé 'grand prêtre' ou 'saint'.

Il appela l'un de ses hommes et lui remit une lettre scellée. « Donnez ceci au chancelier »

« Oui, Votre Majesté »

Kasser repoussa brutalement les rapports sur la dénomination Mara et ouvrit les documents qui attendaient l'approbation du roi. Alors qu'il les examinait attentivement, sa main s'arrêta en plein vol au moment de tourner la page. Il fronça les sourcils, puis s'éclaircit.

C'était fini.

**************************

À la fin de la période active, il se sentit soudain mal à l'aise et baissa les yeux sur sa poitrine. Son Praz était étrangement calme. Pendant la période d'activité, son Praz était violent dans son corps. C'était comme un état d'excitation chez les humains. Le Praz éveillé offrait l'avantage d'une énergie violente et puissante, utile pour chasser l'alouette.

Le seul inconvénient était que Kasser devait rester éveillé et contrôler ses nerfs toute la journée pour réprimer son énergie intérieure.

Cependant, il ne fut jamais aussi facile de tirer des pouvoirs en contrôlant Praz, comme pendant cette période d'activité. Et lorsqu'il entra dans la saison sèche juste après la période d'activité, l'énergie de Praz diminua soudainement, et il se sentit anxieux.

Cette fois, cependant, il ne pouvait pas sentir la différence.

Eugène.

Il leva la tête.

Est-ce qu'elle va bien ?

Le changement de saison - de l'active à la sèche et vice versa - avait un effet sur Anika, ainsi que sur les Rois. La première nuit de la période d'activité, il se souvint d'Eugène se tordant de douleur.

Il posa les papiers qu'il lisait et se leva

Ps de Ciriolla : il est tellement accro notre kasser... <3

Tome 1 – Chapitre 191 – Les préparatifs Kasser tourna au coin du couloir et s'arrêta net. Ses lèvres se courbèrent doucement en un sourire lorsqu'il vit Eugène s'approcher à l'autre bout du couloir. Il se dirigea vers elle en sautillant.

Les deux se rapprochèrent jusqu'à ce qu'ils se tinrent face à face, à moins d'un mètre l'un de l'autre.

Il scruta le visage de la jeune femme. À son grand soulagement, son expression était joyeuse.

« Où allez-vous, ma reine ? »

« J'allais sur le pont, Votre Majesté »

« Je suppose que vous essayez de prendre l'air »

Le pont était l'endroit préféré d'Eugène. Il était haut et souvent venteux, c'était pourquoi elle s'y rendait souvent à l'heure du thé.

Elle devait faire attention à la table sur laquelle elle prit son thé, car elle était potentiellement dangereuse en cas de vent fort.

Est-ce qu'il se dirigeait vers moi parce qu'il avait affaire à moi ?

Eugène avala la phrase et sa curiosité.

« Voulez-vous m'accompagner ? » Consciente des courtisans qui l'entouraient, elle choisit ses mots avec soin.

Dans le passé, elle n'avait pas beaucoup réfléchi aux convenances. Elle gardait délibérément un ton informel et moderne, car elle avait l'impression d'être dans une pièce de théâtre lorsqu'elle utilisait un ton et des manières démodés.

« Si même le roi n'y voit pas d'objection, personne d'autre ne devrait le faire » se dit-elle.

Elle avait donc décidé de parler confortablement. Cependant, en observant les assistants royaux, elle se rendit compte que la forme formelle et apparemment désuète du discours permettait d'exprimer l'autorité et de maintenir la dignité.

Elle décida qu'elle conserverait une formalité digne en présence d'autres personnes, mais qu'elle abandonnerait toute prétention et s'exprimerait confortablement lorsqu'elle serait seule avec Kasser.

« Votre Majesté, j'imagine que vous devez être extrêmement occupé à gérer les affaires de l'État. Mais peut-être pourriez-vous faire une pause et prendre l'air un moment ? »

Kasser regarda Eugène pendant un moment et demanda « Voulez-vous que je vous rejoigne ? »

« Oui, Votre Majesté. Je vous assure que le thé est excellent »

Kasser rit et se place à côté d'elle, lui offrant son bras.

« J'ai reçu une invitation de la dame, je dois donc l'escorter »

Eugène rit et prit le bras qu'on lui proposa.

Une longue file d'officiels de la cour s'étira derrière eux. Les courtisans qui les suivaient sourirent en privé, se délectant de la félicité émanant de l'harmonie conjugale du jeune couple.

*********************************

Il soupirait. Il était anxieux, frustré et très confus.

Lorsqu'elle avait annoncé qu'elle l'accompagnerait, il avait été ravi, mais plus le temps passait, plus il commençait à s'inquiéter.

« Ce sera un voyage difficile »

« On m'a dit que Votre Majesté s'y rendait en deux jours seulement. Mais cette fois, le délai est passé à cinq jours »

Kasser rit. « Ce n'est pas comparable »

Lorsque la présence de la reine au rituel fut soudainement déclarée, le chaos s'installa.

La préparation requise pour accompagner la reine était complètement différente de celle requise lorsque le roi voyageait seul.

Auparavant, elle avait été utilitaire et dépourvue de toute fioriture inutile, mais maintenant, elle devait être à la fois pratique et frivole.

Un grand cortège de près de 100 personnes se forma, comprenant le couple royal, leurs assistants et leurs porteurs. La quantité de bagages qu'ils transportaient fut multipliée par trois, avec des tentes supplémentaires pour dormir et se reposer, de la nourriture et des produits de première nécessité pour cinq dizaines de personnes.

Lorsqu'Eugène demanda à Marianne si sa décision d'accompagner le couple royal lui causait des ennuis, celle-ci répond avec assurance : « Pas du tout, Votre Majesté »

« C'est un rituel sacré qui suscite des rites dans la Ville Sainte. Je suis ravie qu'il ait enfin pris l'ampleur qu'il mérite, Votre Majesté »

**********************************

« J'ai entendu dire que vous dormiez dans une tente la nuit ? »

« Oui » lui répondit Kasser

« Vous ne vous reposez pas, même quand le soleil est le plus chaud, au milieu de la journée »

Kasser acquiesça

« Je vois. Le moment venu, des gens nous apporteront de la nourriture et de l'eau pour nous rafraîchir. Il n'y a rien de bien difficile à cela » Elle marmonna assez fort pour que le roi l'entende.

Kasser la regarda, essayant de lire dans ses pensées. Elle semblait si sûre d'elle.

Il se souvint de l'attitude de la reine lors du rituel, où elle ne l'avait accompagné qu'une seule fois, au cours de leur première année de mariage.

À l'époque, l'ampleur de la marche avait été assez semblable à celle-ci.

Cependant, la différence résidait dans le fait que la fois précédente, il avait laissé le personnel s'occuper de tous les préparatifs avec détachement. Cette fois-ci, il était plus impliqué et soucieux de rendre le voyage le plus agréable possible pour Eugène.

La reine, à cette époque, n'avait jamais quitté la tente. Pendant le voyage, elle ne descendit pas de son palanquin spécial sur le dos du chameau, et lorsqu'elle fut obligée de marcher sur le sable, elle exigea que l'on étende d'abord un tapis.

Lorsqu'il l'avait vue après sa perte de mémoire, il se sentit bizarre, comme si elle était la personne qu'il avait connue, mais en même temps, elle ne l'était pas.

Kasser se tourna vers le chef de cabinet qui s'approchait. Celui-ci inclina la tête.

« Votre Majesté »

« Qu'y a-t-il ? »

« La lettre de Sa Sainteté est arrivée. Le chevalier demande une audience avec vous »

Kasser fronça les sourcils.

Normalement, il recevait une lettre de Sang-je au début de la saison sèche, un jour ou deux après son retour du rituel, mais cette fois-ci, c'était bien plus tôt que d'habitude.

Il se tourna vers Eugène et lui dit

« Je dois partir. Repose-toi un peu et descends ensuite »

« Oui, Votre Majesté »

Eugène se leva pour voir partir le roi et s'assit lorsqu'il fut parti.

Un chevalier....

Elle se demanda si c'était un chevalier que Jin connaissait.

*************************************

L'homme à l'armure colorée inclina la tête.

« Chevalier Pides. Salutations à Votre Majesté »

« Cela fait longtemps, Sir Pides »

« Oui, Votre Majesté. Cela fait longtemps »

« Qu'avez-vous à me demander ? »

Les quatre-vingt-dix-neuf chevaliers qui protégeaient Sang-je n'avaient pas de rang à l'extérieur, mais à l'intérieur, une hiérarchie existait. Elle suivait l'ordre d'ancienneté dans lequel ils avaient été adoubés. Les quatre-vingt-dix-neuf chevaliers gardaient toujours ce numéro. Lorsque le chevalier le plus âgé prenait sa retraite, un nouveau poste était créé à sa place.

Aux côtés de Sang-je, qui avait préservé la jeunesse pendant de nombreuses années, les chevaliers furent lentement remplacés par l'âge. Mais même pour un chevalier arrivé relativement plus tard, si sa crédibilité auprès de Sang-je était forte, son rang montait.

Le chevalier Pides était un jeune chevalier en qui Sang-je avait toute confiance. Par conséquent, Pides n'était pas la personne que Sang-je enverrait pour remettre une simple lettre.

« J'ai apporté la lettre de Sa Sainteté Shang-Je à Sa Majesté »

Le préposé reçut la lettre de Pides dans une enveloppe dorée et la remit à Kasser.

Kasser jeta un coup d'œil suspicieux à Pides et ouvrit le sceau de l'enveloppe pour en extraire une lettre. Il en parcourut rapidement le contenu. Il s'agissait d'une lettre cérémoniale qu'il reçevait régulièrement.

« La dénomination ne vous repoussera pas dans vos moments de détresse. Nos portes vous sont toujours ouvertes. Mes meilleures salutations à Anika Jin »

Kasser regarda la phrase de conclusion quelque peu agaçante et leva la tête pour regarder Pides.

« Est-ce la seule lettre que Sa Sainteté m'a adressée ? »

« Oui, Votre Majesté »

« Avait-il un autre message ? »

« Il n'y avait pas d'autres messages pour vous, Votre Majesté. Il m'a cependant donné un ordre à exécuter. »

Les sourcils de Kasser se haussèrent. Il pensait savoir ce que Pides allait dire.

« J'ai un message de Sa Sainteté Sang-je à transmettre à Anika Jin. Veuillez m'accorder une audience avec notre Anika seule »

Bien sûr.

Des émotions désagréables s'emparèrent de lui au plus profond de son cœur et de ses tripes. La demande présomptueuse de Pides d'être seul avec Eugène, et le fait qu'il l'appela Anika, et non la reine, l'exaspéraient.

Il faillit exprimer sa désapprobation, mais Kasser se maîtrisa et répondit calmement, en mettant la lettre froissée dans l'enveloppe : « Je n'ai pas à donner l'autorisation de rencontrer la reine lorsque vous transmettez les paroles de Sa Sainteté.. Chef de cabinet

»

« Oui, Votre Majesté ? » Le personnel répondit immédiatement.

« Guidez le seigneur Pides jusqu'à la chambre. Informez la reine que le chevalier Pides demande une audience »

« Oui, Votre Majesté »

Pides porta une main à sa poitrine et baissa la tête en guise de salut.

« Que la gloire de Mahar soit avec vous, Votre Majesté »

Tome 1 – Chapitre 192 – Le chevalier Pides

Lorsqu'Eugène descendit du pont, elle croisa le chef de cabinet dans le couloir qui menait au bureau. Il lui répéta mot pour mot les paroles du roi.

Le chevalier Pides. C'était le nom de son visiteur.

Connaissant ses pertes de mémoire, Kasser lui fit gagner du temps en envoyant le chevalier attendre dans la salle d'audience au lieu de le diriger immédiatement vers son bureau.

« Un chevalier a-t-il déjà demandé à me rencontrer ? » demanda-t-elle au chef.

« L'année de votre mariage, un chevalier a apporté une lettre d'amitié adressée à la reine, mais elle vous a été remise par une servante. C'est la première fois que quelqu'un, un chevalier de surcroît, demande à vous rencontrer seule »

« Qu'est-ce qui, selon vous, a pu provoquer ce changement ? » demanda Eugène.

Le visage du chef de cabinet devint sérieux. Il choisit ses mots avec soin, se souvenant de la situation précédente. « Ce n'est pas le même chevalier qui vient depuis des années

»

« C'est donc la première fois que vous rencontrez le chevalier Pides ? »

« Oui, Votre Majesté »

À cet instant, une voix issue des souvenirs de Jin retentit dans la tête d'Eugène, déclenchée par le nom du chevalier :

[ « Anika, le chevalier Pides vous demande une audience »

« Anika, le chevalier Pides t'a laissé un cadeau de la part du Sang-je »

« Anika, le chevalier Pides t'attend » ]

Elle ne savait pas à qui appartenait cette voix, probablement à un serviteur, mais il semblait que le chevalier Pides lui rendait souvent visite lorsqu'elle était dans la ville sainte !

« Va voir le chevalier Pides et dis-lui que je suis occupée ailleurs. Il devra attendre »

Le chef d'état-major inclina la tête. « Je ferai ce que vous m'ordonnez »

Eugène se rendit au bureau. Elle fit les cent pas en essayant d'organiser ses pensées.

Pourquoi Sang-je a-t-il envoyé un chevalier différent de d'habitude ? A-t-il remarqué que l'âme de Jin a changé ? Si le Sang-je de ce monde avait les mêmes capacités transcendantales que le Sang-je du roman d'Eugène, il ne serait pas surprenant qu'il soit capable de sentir de telles choses de loin.

Même si son arrivée était inattendue, le chevalier était venu délivrer le message de Sang-je. Elle n'avait aucune raison de refuser de le voir.

C'était la première fois qu'elle rencontra quelqu'un qui connaissait Jin. Peu de gens dans ce royaume savaient qui était vraiment Jin. C'était pourquoi, bien que Jin avait vécu dans ce pays pendant trois ans, Eugène avait pu se glisser dans son corps et prendre son identité sans que personne ne se doute de rien.

« Je ne peux pas toujours l'éviter »

Sa décision était prise. Elle quitta le bureau. Si le chevalier remarquait quelque chose d'étrange, elle pourrait prétendre à une perte de mémoire ou à une maladie. Il valait mieux cacher que je n’étais pas Jin pour le moment. Je n'avais pas l'intention de rencontrer Sang-je tout de suite.

*********************************

La salle d'audience comportait deux pupitres qui se faisaient face. Le roi et la reine s'asseyaient derrière l'un des bureaux pour faire face à la personne qui avait demandé l'audience. Le bureau contenait les documents nécessaires, mais il servait également de barrière tangible à l'écart de statut impénétrable entre les monarques et le visiteur.

Le chevalier Pides attendait au centre de la pièce. Il se retourna à l'entrée de la reine, croisa son regard, puis baissa la tête pour s'incliner. À sa vue, les souvenirs de Jin commencèrent à se confondre avec ceux d'Eugène.

« Sir Pides. Que s'est-il passé ? Je ne pense pas que vous soyez venu me voir pour faire une course pour Sa Sainteté »

Dans son esprit, Eugène marmonna un « Oh ? » intéressé. Le son de la voix de Jin dans le souvenir n'était pas le ton neutre qu'elle utilisait lorsqu'elle parlait au roi, ni le ton intense qu'elle utilisait lorsqu'elle s'adressait aux fonctionnaires de la cour. Elle était contente, excitée. Quelque chose qu'Eugène n'avait jamais rencontré auparavant dans les souvenirs de l'autre femme.

Les Pides du passé ne portaient pas l'armure d'aujourd'hui, mais une chemise et un pantalon, une tenue confortable et décontractée. Peut-être cela datait-il d'il y a longtemps ; Pides paraissait plus jeune qu'aujourd'hui.

[ Il s'adressa à Jin d'un air sérieux. « Sa Sainteté ne sait pas que je suis ici, Anika. Tu es sortie tard hier soir »

« Et si c'était le cas ? » rétorqua Jin, l'air satisfait.

« Je passais par là hier et j'en ai été témoin par accident. Faire une chose aussi cruelle ne t'apportera rien non plus »

« Cruauté ? Tu m'as dit que j'étais cruel ? Sais-tu ce que ce vieux fou m'a fait ? Il m'a maudite ! Je suis une Anika ! Personne n'a le droit de me faire ça ! » cria Jin. Même en tenant compte de la jeunesse de Jin, sa réaction était à la limite de l'hystérie.

« Anika » dit Pides. « Les chamans ne font que prédire l'avenir. Ils ne disent pas toujours ce que tu veux entendre. Si tu n'écoutes que pour t'amuser et que tu n'y accordes pas d'importance, c'est tout ce qu'il y a à dire »

« N'essayez pas de me faire la morale ! Tu n'as pas le droit de me parler ainsi. Je suis une Anika ! »

Pides soupira. « Il n'y a personne en vie qui ne sache pas que tu es une Anika »

Jin ricana. « Ce vieux fou ne le savait pas. Si tu commets un péché, tu dois en payer le prix » dit-elle d'un ton empoisonné ]

La scène se transforma en une salle de banquet où des gens en costumes colorés se promènaient, jouant des coudes pour arriver au premier rang. Tout était lumineux, éblouissant. Jin suivit les gens à travers la foule. Des chevaliers en armure d'argent étincelante entrèrent dans la salle, suscitant des cris de la part de l'assemblée réunie, mais le regard de Jin était fixé sur l'un d'entre eux en particulier. C'était le chevalier Pides qui retenait son attention.

Euh, quoi ? Eugène ressentit une pointe d'embarras face à la soudaine romance de la scène. Jin aurait-elle un amour non partagé pour cet homme ou quelque chose comme ça ? Elle se sentait étrange, comme si elle feuilletait le journal intime de quelqu'un. Qui aurait cru que Jin pouvait avoir des sentiments aussi purs ?

De retour dans le présent, Pides attendit, inconscient du voyage qu'Eugène vint de faire dans les souvenirs de Jin. Cela avait duré moins d'une seconde dans le monde réel. Il dégageait une aura sincère et humble, peut-être à cause de ses yeux baissés. Il était beau, certes, mais il n'était pas du goût d'Eugène.

Elle passa devant lui et s'assit à son bureau. « Vous pouvez vous asseoir, Monsieur Pides

»

Pides inclina la tête en signe de gratitude et s'assit en face d'elle, de l'autre côté du bureau.

« Cela fait longtemps » dit-il. « As-tu trouvé la paix, Anika ? »

« Oui, cela fait longtemps. C'est agréable de revoir une vieille connaissance après quelques années. Cependant, Sir Pides... »

« Oui, Anika ? »

« Je suis la reine de ce pays ? Quand vous vous adressez à moi ici, vous devez m'appeler par mon titre »

Pides fit une longue pause, puis acquiesça. « Oui, ma reine »

« Pourquoi avez-vous demandé à me parler en privé ? » demanda-t-elle.

Pides jeta un regard étrange à Eugène, puis sortit une enveloppe d'une poche rembourrée à l'intérieur de sa cape. Il se leva et se pencha pour mettre l'enveloppe à sa portée.

« Sa Sainteté m'a dit de vous transmettre ses meilleures salutations. Et après que la reine ait lu la lettre, de lui rapporter sa réponse »

Eugène prit l'enveloppe sur le bureau et l'ouvrit, ses yeux parcourant la lettre.

-Anika Jin.

J'espère que tu vas bien. Bien que tu sois loin, je prie toujours pour ta paix...

Ce n'était qu'une lettre de salutation. Une jolie formalité sans aucune substance.

Cependant, une fois les vœux passés, Sa Sainteté avait laissé un court post-scriptum. Le cœur d'Eugène s'agite dans sa poitrine.

-Tu as trouvé ce que tu voulais ?

Ses pensées s'entrechoquèrent comme des pierres. Qu'est-ce que Sang-je sait ? Que cherchait Jin ? Peut-être... Fait-il référence à la graine qui a disparu du trésor ? Est-ce Sang-je qui lui a donné l'information sur la graine ? Pourquoi ?

La chair de poule lui monta le long du dos. Eugène s'efforça de garder une expression calme, serrant les lèvres l'une contre l'autre et les dents. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser transparaître son agitation.

« Dites à Sa Sainteté que je ne l'ai pas trouvé »

« Oui, ma reine » dit Pides.

Eugène ne put s'empêcher de se méfier de la décision de Sang-je d'envoyer Sir Pides. Si Sang-je savait que Jin avait éprouvé un amour non partagé pour Pides, il était logique qu'il pensait que cet homme pourrait avoir une certaine influence sur elle. Peut-être pensait-il qu'après trois ans de mariage dans un lieu inconnu, loin de la Ville Sainte, son cœur serait ébranlé par la vue de Pides.

« Sa Sainteté a-t-elle mentionné autre chose ? »

« On m'a demandé de répondre à toutes les questions que vous pourriez avoir sur votre famille dans la ville sainte »

C'était très subtil. Sang-je était indirecte, mais c'était comme s'il demandait « Votre maison ne vous manque-t-elle pas après avoir revu votre premier amour pour la

première fois depuis si longtemps ? Tu ne te poses pas de questions sur ta famille ? Ne veux-tu pas revenir dans la ville sainte ? » Eugène fronça les sourcils. Est-ce que je réfléchis trop ?

« Je suis reconnaissant à Sa Sainteté pour sa considération. S'il vous plaît, dites-moi comment va ma famille »

**********************************

Pides quitta la cité royale immédiatement après avoir terminé son audience privée avec Eugène. Les chevaliers qui se rendaient sur ordre de Sang-je ne passaient jamais la nuit dans le royaume. C'était comme s'ils ne supportaient pas de s'éloigner de la ville sainte plus longtemps que nécessaire.

Cependant, Pides prit un autre chemin que celui qui le ramènerait à la ville sainte. Sa mission n'était pas encore terminée.

En plus de rencontrer Anika Jin et de lui remettre la lettre, il avait reçu deux autres instructions plus discrètes. La première : si Jin acceptait de retourner dans la ville sainte, il devait l'y escorter, quel que soit le prix à payer ou les circonstances.

Deuxièmement, il devait déterrer toutes les rumeurs étranges concernant la reine dans le royaume de Hashi, aussi minimes soient-elles.

Sang-je avait donné ces instructions sans les expliquer, mais Pides n'y voyait pas d'inconvénient. Pour lui, les paroles de Sang-je étaient celles de Dieu. Il n'était que trop heureux d'obéir.

Pides entra dans la maison miteuse et délabrée qu'il avait préparée avant d'entrer dans la cité royale. Il en ressortit peu de temps après, déguisé en simple marchand ambulant.

Aussi astucieux que fut son déguisement, il était découvert avant même qu'il ne s'en rendit compte. Rodrigo, un homme doté de la capacité de Mara à sentir l'énergie du chevalier, avait remarqué le retour subreptice du chevalier.

Pour les prêtres de l'Église de Mara, les chevaliers de Sang-je représentaient un objet redoutable. Ils pouvaient détecter un prêtre aussi facilement qu'un prêtre pouvait détecter un chevalier. Une capacité que les rois et les guerriers n'avaient pas.

Cependant, les forces de ces capacités différaient. Un chevalier devait être à proximité pour détecter un prêtre, alors qu'un prêtre pouvait sentir un chevalier à une distance bien plus grande. Il était capable de s'éclipser rapidement.

« Je dois l'éviter pour l'instant » Rodrigo quitta la capitale, non sans avoir prévenu ses membres de faire attention, car le chien de Mahar rôdait dans les parages.

« La cible se déplace » Ceux qui surveillaient secrètement Rodrigo sur ordre du chancelier étaient également occupés. Certains d'entre eux poursuivaient Rodrigo, tandis que d'autres restaient pour voir ce qui l'avait fait fuir de la capitale.

L'informateur transmit au chancelier les informations qu'il avait recueillies auprès de la dénomination dans un rapport.

-On leur a dit d'être prudents, car le chien de Mahar se promène dans la capitale.

Le chancelier Verus fronça les sourcils en regardant le rapport, perplexe. 'Le chien de Mahar ?'

Il savait qu'il s'agissait d'un terme péjoratif utilisé pour désigner les chevaliers de l'Ordre de Mahar. « J'ai entendu dire qu'un chevalier était venu et reparti, mais qu'est-ce qu'il fait à fouiller la capitale ? Il y a peut-être une raison, mais il vaudrait mieux faire un rapport au roi » Ce fut ce qu'avait décidé le chancelier Verus.

Les chevaliers étaient des êtres qui ne suivaient que la volonté de Sang-je. Et il était hors de question que Sang-je fasse quoi que ce soit qui puisse nuire au royaume. Mais ce n'était là qu'une croyance universelle. Verus n'était ni naïf ni particulièrement confiant.

C'était comme croire que le soleil se lèverait le matin ou se coucherait le soir. Une vérité fondamentale.

Il décida que le roi avait dû donner sa permission au chevalier. Mais il n'arrivait pas à savoir dans quel but... Verus rédigea donc un rapport et l'envoya au château.

*********************************

Juste après l'aube, les soldats prirent le contrôle des routes. La saison sèche venait de commencer, et ceux qui travaillaient depuis le petit matin arrêtaient les soldats pour leur demander ce qui se passait.

« Sa Majesté se rend sur les terres sacrées pour assister au rituel »

La rumeur se répandit ensuite comme une traînée de poudre. Certains pensaient que la reine viendrait elle aussi assister au rituel. Les gens affluèrent dans les rues, impatients de voir, même de loin, cette reine qui avait provoqué le miracle de l'Alouette.

Tome 1 – Chapitre 193 – Départ pour le rituel

Un chemin rectiligne fut tracé à l'extérieur du palais royal, s'étendant jusqu'aux portes de pierre du château extérieur. Toute forme de transport y était strictement interdite, l'espace libre étant exclusivement réservé à l'usage des carrosses royaux.

Des dizaines de chariots sortirent du palais, s'installant à leurs places respectives et formant une ligne bien ordonnée le long de la route. Le roi lui-même précédait le cortège, accompagné de ses guerriers à cheval situés de part et d'autre. Un char transportant la reine suivait de près, escorté par ses propres guerriers.

Les officiels et les assistants étaient également présents dans ce rituel, à bord de leurs chariots personnels, suivis de près par la caravane transportant divers articles et nécessités pour les cinq jours de l'événement.

Assise dans sa voiture, Eugène entendit un cri venant de l'extérieur. Elle se rapprocha de la fenêtre à côté d'elle et souleva légèrement le rideau pour jeter un coup d'œil à l'extérieur. Elle vit la foule s'amasser en grand nombre, remplissant régulièrement la route tandis qu'ils se bousculaient pour prendre place, tous impatients de voir le défilé qui s'offrait à eux. La marche du roi était en effet un spectacle qui valait la peine d'être vu.

Cependant, la vue du roi monté sur le dos de son Hwansu était quelque chose que les gens avaient déjà vu de nombreuses fois, et ce n'était donc pas la raison pour laquelle les gens affluaient si vigoureusement dans l'espace. Ce que les gens voulaient voir maintenant, c'était Eugène, et ils ne laissaient pas passer l'occasion en se penchant pour apercevoir leur reine.

Eugène ne s'attendait pas à ce que les gens viennent pour elle. Elle pensait que l'histoire de l'Arbre aux Alouettes s'était dissipée, et elle supposait que la zone près de la porte de pierre serait vide.

Le voyage ne fut pas très long. Le carrosse s'arrêta complètement alors qu'ils arrivaient à destination. Le guerrier qui escortait la reine frappa à la porte métallique. « Ma reine, nous sommes arrivés à la porte de pierre »

Eugène avait été informé à l'avance de la procédure à suivre pour se rendre dans le désert. Après avoir quitté le palais, assise dans le carrosse, Eugène devait passer dans le palanquin préparé pour elle lorsqu'ils atteignirent le mur extérieur de la porte de pierre

- qui mènait directement au désert.

La porte du carrosse s'ouvrit. Eugène sourit en croisant le regard de Kasser. Elle saisit la main qui se tendait vers elle, l'agrippant fermement avec la sienne tout en se déplaçant vers l'avant. Dès qu'Eugène sortit son corps de la calèche, un cri se fit instantanément entendre à l'extérieur, la foule se tortillant d'impatience.

La mer de gens derrière la barricade formée par les soldats semblait sans fin, la horde s'étendant dans toutes les directions, serrés comme des sardines alors qu'ils crient des louanges incohérentes au Roi et à la Reine.

Avant que la porte ne s'ouvrit, Eugène n'avait entendu que des sons minimes de là où elle était assise, aussi fut-elle stupéfaite de voir le grand nombre de personnes qui se trouvaient devant elle. La clameur la fit sursauter, lui faisant manquer une marche en descendant, son corps tombant directement dans les bras de Kasser, son visage rougissant contre sa poitrine.

Cette proximité inattendue provoqua un véritable tollé dans la foule, dont les cris montèrent de deux octaves en applaudissant sans relâche la famille royale. Les joues d'Eugène s'échauffèrent instantanément, se sentant gêné d'être vu dans une telle situation. Kasser ricana en la regardant, riant doucement de la mine déconfite d'Eugène.

Alors qu'Eugène était toujours blotti contre sa poitrine, Kasser approcha sa bouche de son oreille et murmura d'un air taquin : « Veux-tu que je te prenne tel une mariée et que je te porte jusque là-bas ? »

Eugène leva la tête pour le regarder. Il avait l'air sérieux, comme s'il allait vraiment le faire si elle acceptait. Eugène fronça le nez vers lui, sourit sarcastiquement et poussa légèrement sa poitrine, se hissant sur ses pieds, le dos droit.

Le court échange ludique entre le couple royal ne passa pas inaperçu aux yeux du public qui les entourait, et les gens s'extasièrent devant ce spectacle. L'atmosphère confortable qui régnait entre eux était évidente, suscitant des hochements de tête de la part des gens qui avaient été témoins de cette douce intimité.

Certains se demandèrent même d'où venait la rumeur selon laquelle la reine était réservée, mais ils la jugèrent fausse, ayant vu la reine dans un état amical aujourd'hui.

Beaucoup de rumeurs circulaient sur la reine, car elle n'avait pas l'habitude de participer à ce genre d'activités. On disait aussi qu'elle et le roi n'avaient pas une relation très agréable.

Les masses avaient leur propre idée de ce à quoi elles voulaient que leurs dirigeants ressemblaient. Ils les imaginaient parfaits et supérieurs, dépourvus de tout défaut susceptible de ternir leur image. Et le fait de regarder le couple royal aujourd'hui semblait correspondre parfaitement à leur vision des choses.

Eugène lui tint la main et grimpa sur le dos du chameau où se trouvait le palanquin. En entrant dans le palanquin, le vacarme qui régnait à l'extérieur diminua lentement. La structure avait été assemblée de manière à ce que l'on puisse s'y asseoir confortablement, les jambes étendues.

Le sol était recouvert de gros coussins sur lesquels Eugène pouvait s'appuyer, et des piliers étaient placés sur tous les côtés au lieu des murs, ce qui permit à l'air de circuler librement. De solides rampes et des grilles furent également été placées autour du périmètre, protégeant entièrement l'intérieur de l'extérieur. Un toit avait également été installé, couvrant parfaitement le palanquin en empêchant la lumière du soleil de pénétrer à l'intérieur.

Les gens commencèrent à se déplacer avec diligence, descendant de leurs chariots pour monter sur leurs chevaux et leurs chameaux. Les ouvriers avaient commencé à se déplacer et à assembler les chariots faits sur mesure pour en faire des traîneaux, transformant ainsi les chariots.

Kasser monta gracieusement sur Abu et leva la main droite. Le bruit commença à se calmer progressivement, jusqu'à ce qu'on n'entendit plus aucun son. Le silence qui enveloppait l'espace était assourdissant - un petit murmure résonnait bruyamment à travers la vaste étendue de terre.

« Ouvrez la porte » ordonna Kasser.

Le commandant ne perdit pas de temps et se conforma à l'ordre du roi, saisissant la corde devant lui. « Ouvrez la porte ! » cria-t-il à ses soldats en attente.

« Un ! Deux ! Tirez ! »

Les soldats crièrent à l'unisson, tirant sur les poulies et la corde de connexion. Les soldats se penchèrent en avant, leurs talons marquant le sol sous eux tandis qu'ils tirèrent vers l'avant, criant en cadence pour soulever la porte de pierre. Les gens qui les regardaient poussent des cris d'excitation, anticipant le début de la saison sèche.

Le roi avait déjà annoncé le début de la saison sèche hier après-midi, mais ce n'était qu'aujourd'hui que la porte de pierre fut ouverte. En général, la porte était ouverte après le lever du soleil le matin et fermée au coucher du soleil.

Eugène regarda fixement l'énorme porte de pierre qui s'élèvait. Elle avait déjà vu comment on l'ouvrait il y a deux mois, mais le but était complètement différent.

Auparavant, on ouvrait la porte pour entrer à l'intérieur.

Eugène se souvenait de ce jour comme si c'était hier, pensant à la confusion qu'elle avait eue auparavant, n'ayant aucune idée de ce qui se passerait si elle franchissait la porte.

Tant de choses avaient changé au cours des deux derniers mois, ce qui rendait Eugène nostalgique.

La porte de pierre s'arrêta net. Le portail s'était complètement levé.

Les cris des gens résonnèrent encore plus fort à cette vue. Il y avait toujours beaucoup de gens qui regardent chaque fois que la porte de pierre s'ouvrit, car cela signalait le début de la saison sèche. Tout le monde se mit à rire et à parler joyeusement, leur exaltation augmentant encore en voyant la marche inattendue du couple royal.

Le hwansu du roi, sous sa forme habituelle de bête noire, se déplaça devant lui et se mit en marche. Les chameaux assis se soulevèrent lentement du sol et commencèrent à avancer.

Le chameau portant le palanquin d'Eugène s'éleva lentement, le secouant légèrement lorsqu'il atteignit sa hauteur maximale. Eugène regarda autour d'elle, légèrement choquée par la hauteur à laquelle elle se trouvait. Elle sait que le chameau qui la portait est d'une race particulière, qu'il était grand et élancé, mais elle se sentit tout de même mal à l'aise à cause de la hauteur à laquelle elle se trouvait par rapport au sol. Elle était si haut qu'elle pouvait voir le sommet de la tête d'une personne, même à cheval.

Le signal retentit sans cesse autour d'eux. Le cortège commença à avancer vers le désert, la lumière brûlante du soleil se faisant sentir alors qu'elle engloutissait complètement la caravane sous elle. La flotte avançait régulièrement, tandis que le signal sonore devenait de plus en plus faible, jusqu'à ce qu'on ne l'entendit plus.

*****************************

Dans le vaste désert où les dunes de sable semblaient infinies, la caravane continuait d'avancer, sans jamais s'arrêter, pendant des heures sans fin.

Eugène savait que les chameaux se déplaçaient lentement, mais même en marchant sans hâte, le chameau était capable de se faufiler grandement grâce à ses grandes enjambées.

Une personne qui marchait à la hâte ne pouvait pas faire la comparaison.

Le chameau s'arrêta brusquement. Eugène regarda dehors et vit les autres chameaux et chevaux s'arrêter également. Après un court instant, des guerriers à cheval se dirigèrent soudain vers Eugène et encerclèrent le palanquin sur lequel elle se trouvait.

Eugène était perplexe, ne sachant pas pourquoi il s'était arrêté si soudainement. Une personne à cheval galopa vers Eugène. C'était Sven. « Ma Reine, Sa Majesté est partie en reconnaissance sur la route. Il sera bientôt de retour » dit Sven.

Après un court instant, la meute se remit en route. Il était presque midi lorsqu'ils s'arrêtèrent pour faire une pause et s'installer pour manger. Le chameau qui portait Eugène s'assit en pliant les genoux. Le changement soudain fit tressauter Eugène sur son siège, car la scène s'abaissa considérablement.

« Ma reine, nous sommes en train de monter la tente. Je vous préviendrai dès qu'elle sera prête » dit Zanne.

Après avoir passé des heures assise, Eugène décida de sortir pour se dégourdir les membres engourdis. Elle rampa vers les piliers, souleva l'écran et regarda en bas. Elle remarqua l'écart entre son palanquin et le sol, mesurant intérieurement la courte chute entre les deux plans. « Je veux descendre maintenant » s'exclama Eugène.

« Oui, ma reine » dit Zanne.

Eugène rit de lui-même, sachant qu'un petit saut aurait suffi à la faire tomber.

Cependant, elle s'était déjà habituée au traitement royal.

Zanne revint avec un tabouret à portée de main et le plaça devant le chameau d'Eugène.

Eugène descendit, étirant ses bras au-dessus de sa tête tout en faisant tournoyer son corps de gauche à droite. Ils étaient au milieu du désert, où le sable était la seule chose qu'ils pouvaient voir à l'horizon. Elle plaça ses mains sur sa tête, se protégeant ainsi du soleil brûlant.

Eugène décida de marcher jusqu'à une colline voisine. La pente n'était pas trop élevée, ni la colline trop haute. Eugène pensait qu'elle pourrait atteindre le sommet en une courte montée, suivie de près par Zanne et Sven.

Alors qu'Eugène gravit la colline, les souvenirs de Jin apparaissent lentement devant elle...

[ Jin regardait ses pieds, ses jambes glissant à chaque fois qu'elle montait la colline.

Jin cria de frustration et ferma les yeux, plaçant doucement ses mains sur ses yeux. Il lui semblait que du sable entrait dans ses yeux lorsque le vent soufflait fort.

« Tu vas bien ? » demanda une femme en regardant Jin avec inquiétude. ]

Ouvrant lentement les yeux, Jin redressa le dos et continua. Cinq autres femmes l'accompagnaient, toutes des femmes qu'Eugène n'avait jamais vues auparavant. Après un court instant, Eugène réalisa qu'il s'agissait des servantes disparues.

Le cœur d'Eugène battit à tout rompre. Ce devait être le souvenir du jour où Jin était allé dans le désert.

[ « Nous devons juste continuer un peu. Sa Majesté nous attend, et elle vous remerciera grandement pour votre dur labeur » Jin les rassura. ]

Le souvenir disparut dès qu'Eugène atteignit le sommet. Il ne fallut à Eugène qu'une douzaine de pas pour atteindre le sommet, le lieu de campement où la procession s'était arrêtée n'étant qu'à quelques mètres. Elle contempla le vaste paysage qui s'offrait à elle.

Cependant, son esprit semblait être ailleurs que dans la scène pittoresque qui s'offrait à elle. Qui les attendait ? pensa Eugène, la voix de Jin résonnant à ses oreilles.

Jin ne parlait pas de Sa Majesté comme du roi, il était donc impossible qu'un roi d'un autre royaume ait quitté son propre royaume au milieu de la saison active. Elle avait menti. Elle avait nourri ses servantes de mensonges et les avait emmenées dans le désert.

Eugène trouvait étrange que les servantes, à part Tanya, suivent aveuglément les ordres de Jin. Il semblait qu'aucune des servantes ne savait exactement pourquoi Jin était venue dans le désert et pourquoi elle les avait emmenées avec elle.

Rodrigo n'en savait rien non plus, et Eugène en déduit que cela n'a rien à voir avec l'Église de Mara.

Eugène se souvint rapidement de sa conversation avec Marianne.

« Si vous voulez connaître le secret de quelqu'un, vous devez trouver la personne avec laquelle il est proche, en particulier la personne qui le sert toute la journée, et la mettre de votre côté. Ils connaissent non seulement le mode de vie de leur propriétaire, mais aussi son secret le plus profond et le plus sombre »

« Vous voulez dire que je devrais accorder plus d'attention au serviteur qu'à sa propre famille ? »

Marianne sourit, secouant légèrement la tête à la question d'Eugène.

« Les serviteurs sont les membres du maître ; ils ne peuvent pas fonctionner correctement sans eux. Les maîtres ne sont généralement pas sur leurs gardes lorsqu'il s'agit de leurs serviteurs. Les serviteurs sont bien exposés à la vulnérabilité de leurs maîtres, ils entendent à leur insu beaucoup de choses autrement confidentielles, et voient des choses qui sont censées être invisibles » déclara Marianne.

« C'est donc une faiblesse. Il est impossible que l'ennemi ne profite pas de ce levier. Et si l'assistant vous trahit soudainement ? Que se passera-t-il alors ? »

« Trahir son maître ne peut signifier qu'une chose : la mort. Révéler les secrets du maître à ses ennemis ne peut que conduire le traître à sa propre perte. Le membre qui a trahi sa tête est pourri jusqu'à la moelle. En éliminant les traîtres, il servira d'exemple aux autres serviteurs, leur rappelant de ne jamais trahir leur maître, de quelque manière que ce soit. La trahison est quelque chose d'impardonnable, surtout pour les maîtres »

Alors que l'explication de Marianne résonna en elle, Eugène réalisa que la façon d'agir de Jin était méprisable. Jin était l'exact opposé de ce que devrait être un noble. Elle s'assurait que personne ne connaissait ses plans, même les serviteurs qui travaillaient sous ses ordres n'en savaient rien. Jin n'avait confiance qu'en elle-même.

Secrets. Incantations. Médium. Vaisseau. Graine de trésor national. Cinq servantes.

Qu'est-ce que j'en pense ?

« Eugène »

Elle entendit quelqu'un l'appeler par son nom. En tournant la tête, elle vit que c'était Kasser qui se tenait près d'elle, avec Zanne et Sven à quelques mètres d'eux.

Tome 1 – Chapitre 194 – Aussi petit qu'un chaton

« Qu'est-ce que tu regardais si attentivement que tu n'as pas remarqué que je m'approchais de toi ? » demanda Kasser en observant le vaste paysage qu'Eugène regardait tout à l'heure.

Sans le savoir, Eugène fixait une distance lointaine tandis que son esprit dérivait ailleurs. Elle s'était complètement endormie, ne reprenant ses esprits que lorsque Kasser l'appela. Eugène jeta un coup d'œil au profil de Kasser, étudiant les contours de son visage alors qu'il regardait toujours le sable. Elle se rendit compte que près de vingt-quatre heures s’était écoulées depuis le bref rendez-vous qu'ils avaient eu sur le pont.

Elle n'avait pas pu le regarder correctement lorsqu'ils s’étaient séparés plus tôt, trop concentrée sur le déplacement vers le palanquin alors qu'elle s'installait confortablement à l'intérieur. Bien qu'ils avaient eu un petit échange avant qu'elle n'entra, ce ne fut qu'un moment fugace, qui dura à peine une minute pour être considéré comme un véritable moment passé ensemble.

De plus, la nuit dernière, elle avait dormi seule dans son lit froid. Kasser avait envoyé un serviteur dans sa chambre, et lui avait dit d'aller dormir sans lui.

Il semblait qu'il fut très occupé la nuit dernière, car il y avait beaucoup de travail à faire pendant les cinq jours où ils seront tous absents. Il termina son travail en vitesse, restant même enfermé toute la nuit dans son bureau pour s'occuper de la paperasse et des tâches qui lui étaient demandées.

Ce n'était qu'une nuit, et pourtant Eugène avait l'impression de le voir pour la première fois après une longue période de séparation. La nuit dernière avait été exceptionnellement solitaire pour elle, le lit beaucoup trop spacieux et vide à son goût, ses mains avaient effleuré l'endroit où Kasser avait l'habitude de s'allonger. Elle se tourna et se retourna autour du lit, ne parvenant à s'endormir qu'après avoir trouvé une position confortable pour dormir.

Kasser, qui le regardait toujours, tourna la tête tandis qu'ils se regardaient dans les yeux. Kasser se demandait pourquoi Eugène le regardait si affectueusement, et Eugène se rapprocha alors de lui, tandis qu'elle l'entourait de ses bras, s'agrippant fermement à lui. Elle enfouit son visage dans sa poitrine, le respirant tout en le serrant dans ses bras.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda Kasser, ses doigts dessinant des motifs aléatoires dans son dos.

Eugène secoua légèrement la tête, trouvant du réconfort dans sa douce caresse. « Rien »

Après la rencontre avec Pides hier, l'anxiété d'Eugène devint encore plus intense, comme un barrage qui débordait sans cesse.

Il savait que Jin avait épousé le roi pour une raison précise, et que ce mariage était assorti d'une condition : Jin devait donner naissance à un héritier.

Cependant, si Jin n'avait vraiment pas l'intention de donner naissance à un successeur, et ne s'intéressait qu'au trésor national, et si elle travaillait en fait avec Sang-je, la situation serait tout à fait différente. Le mariage entre Jin et le roi ne serait qu'un jeu frauduleux qui tromperait complètement Kasser.

S'il s'agissait simplement de donner naissance à un successeur, et qu'en échange elle prenait le trésor national, le roi comprendrait. Mais s'il apprenait qu'il avait été trompé dès le début, il se sentirait trahi.

Dans ce cas, Kasser serait certainement rancunier et ne pardonnerait pas à la personne qui l'avait trahi.

Eugène avait d'abord pensé que Kasser était quelqu'un de froid à l'intérieur. Mais cette impression semblait avoir disparu, car Kasser la regardait avec tant de douceur et de délicatesse qu'Eugène pouvait sentir la tendresse derrière ces regards. Il se comportait également comme s'il était prêt à tout pour elle, veillant à ce qu'elle soit toujours bien entourée.

Malgré cela, elle ne pensa jamais que Kasser était quelqu'un qui prenait les choses à la légère. Lorsqu'il avait dit qu'ils allaient tout recommencer, Eugène eut un aperçu de son caractère. Il n'était pas du genre à éviter les situations difficiles, il les affrontait toujours le menton haut. Il allait toujours de l'avant, sans se soucier de regarder en arrière.

« Je ne peux pas lui dire » Eugène pensait qu'elle ne pouvait pas se résoudre à parler à Kasser de la lettre de Sang-je, et elle avait même brûlé la lettre en cendres la nuit dernière. Elle se rendit alors compte de la profondeur des sentiments qu'elle éprouvait pour Kasser.

Eugène avait tendance à s'éloigner des relations profondes avec les gens, pensant que ceux-ci ne montreraient leur infériorité que lorsqu'ils se rapprocheraient d'elle. Elle vécut toujours de façon banale, s'assurant de garder les gens à distance. Cette façon de vivre l'empêchait de se faire des alliés, mais aussi des ennemis Même lorsqu'elle était arrivée ici et qu'elle s'était transformée dans le corps de Jin, elle garda la même attitude qu'avant. Elle décida d'éviter autant que possible les malentendus avec le roi, prenant des mesures prudentes pour garder une relation agréable avec son royal époux. Elle tenait à s'entendre avec lui.

Mais comme si son cœur avait basculé dans un demi-tour complet, elle eut soudain peur de perdre cet homme en face d'elle. Elle devint lâche, développer des sentiments pour lui ne faisait pas partie de son plan.

Kasser lui frotta doucement le dos de haut en bas, la pressant davantage dans ses bras. «

Eugène, il s'est passé quelque chose ? » Elle ne lui avait toujours pas dit un mot, son silence l'inquiéta énormément.

« Non » Eugène secoua la tête. « Je me sens juste bizarre depuis que je suis loin du château »

« Tu es fatiguée ? » demanda Kasser en regardant Eugène à la recherche d'un signe de détresse.

« C'était mieux que ce que je pensais. Ce n'était pas dur du tout, mais c'est assez ennuyeux pour être honnête » Eugène dit la vérité.

« J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Laquelle voulez-vous entendre en premier ?

»

Eugène leva la tête de la poitrine de Kasser. « Juste la bonne nouvelle. Je suis presque sûr que tu trouveras quelque chose à propos de la dernière. Je n'ai pas besoin de le savoir » Eugène haussa les épaules.

Kasser rit de la réponse d'Eugène. « La tempête de sable a tellement soufflé que la route a disparu sous le sable. Mais heureusement pour nous, nous avons repéré un nouveau chemin. La pente de la colline est aussi beaucoup plus plate, donc il n'y aura pas de vacillement lorsque vous serez dans le palanquin »

C'était donc pour cela qu'il était allé voir la route tout à l'heure. pensa Eugène.

« Alors... Et les mauvaises nouvelles ? » Eugène l'incita à le faire.

« Je croyais que tu ne voulais pas l'entendre ? » demanda Kasser d'un ton taquin.

« J'ai changé d'avis ».

« Je ne savais pas que tu étais aussi inconstante ». Kasser sourit.

Eugène cligna des yeux plusieurs fois alors qu'elle faisait une moue de flirt. « Alors... tu détestes ça ? »

Kasser résista à l'envie d'essuyer sa moue avec ses lèvres. Il savait qu'une fois qu'il l'aurait embrassée, il ne pourrait plus s'arrêter.

Kasser sourit. « Cela ne me dérange pas du tout » Il ne pouvait pas s'en préoccuper en ce moment. La voir gravir les dunes avec tant de détermination le rendait fou de joie. Les mots ne suffisent pas à expliquer à quel point il était heureux. C'était un vœu qui se réalisait, celui de pouvoir marcher dans le désert à ses côtés.

« La mauvaise nouvelle, c'est que le nouveau sentier est une route qui tourne en rond, donc cela prendra beaucoup plus de temps que prévu »

« Combien de temps cela prendrait-il ? » demanda Eugène.

« Environ un jour de plus »

Eugène acquiesça. Un jour de plus pour un programme de cinq jours. Ce n'était pas si mal.

Ils étaient encore enveloppés dans leur étreinte intime, et Kasser voulait rester ainsi, dans sa chaleur, pour toujours. Mais malheureusement, ils avaient un programme à respecter, et ils devaient continuer « Eugène »

« Hmm » fredonna Eugène

« Si nous voulons partir à l'heure prévue, nous devons aller manger et nous reposer »

dit doucement Kasser.

Comme s'ils se réveillaient d'un rêve, la bulle dans laquelle ils se trouvaient depuis quelques minutes éclata soudainement. Eugène leva les yeux, son corps tout entier se raidit alors qu'elle reprenait ses esprits. Elle tourna la tête de côté, voyant que Sven et Zanne se tenaient toujours à quelques mètres d'eux, ayant assisté à tout le scénario depuis tout ce temps. La tête tournée, Eugène établit un contact visuel avec eux, mais ils détournèrent précipitamment le regard, ce qui fit chuter l'expression d'Eugène.

Contrairement aux courtisans qui étaient habitués à l'attitude amoureuse du couple royal, les fonctionnaires présents autour d'eux ne l’étaient pas. Ils les regardèrent bouche bée, lorgnant sur la douce étreinte du roi et de la reine.

Eugène poussa un cri intérieur. Elle relâcha son emprise sur Kasser et fit un pas en arrière. Pourquoi est-ce que je me retrouve toujours dans ce genre de situation ?

Elle avait oublié où elle se trouvait et combien de regards étaient braqués sur eux. Elle était à nouveau troublée, sentant son visage chauffer de partout tandis qu'elle se couvrait les joues de ses mains. Kasser se moqua de son air troublé. Elle avait l'air de vouloir que la terre s'ouvre et l'engloutisse tout entière.

***************************

Après une pause bien méritée, le cortège repartit, parcourant l'immense étendue de sable pendant des heures, jusqu'à ce que le soleil se couche. La lune s'était cachée à l'horizon, remplaçant le soleil brûlant par sa propre chaleur. Le groupe s'installa pour la nuit, les ouvriers commencèrent à sortir les tentes de leurs compartiments et à mettre la toile en place.

Eugène entra dans sa tente. Elle avait pu bien se reposer pendant la journée, la tente montée pour elle était bien plus confortable qu'elle ne le pensait.

La tente était semblable à l’image qu'Eugène avait vue il y a longtemps ; l’image montrait la tente d'une tribu, qu'on appelle Ger. L'intérieur était circulaire et le toit était en forme de dôme, mais elle n'était pas très spacieux puisque le lit occupait la moitié de l'espace et que l'autre moitié était occupée par une table pour deux personnes. Il n'y avait pas de place pour se promener.

Kasser entra dans la tente d'Eugène pour dîner avec lui. Assis face à face, ils profitèrent du peu de temps qu'ils avaient ensemble, mangeant en silence avec pour seul accompagnement le bruit infime de leur mastication. Kasser partit immédiatement après le repas, rentrant dans sa tente pour reprendre le travail. L'itinéraire ayant déjà changé, Kasser devait s'assurer que la nouvelle direction fut inscrite dans les registres.

Zanne entra dans la tente d'Eugène. « Ma Reine. Dois-je vous préparer un bain ? »

Le visage d'Eugène s'illumina à cette question. « Oui, j'ai des démangeaisons sur tout le corps »

« Oui, ma reine. Je le prépare immédiatement »

Les servantes sortirent une baignoire portable de la caravane et la remplirent d'eau chaude. Elle était petite, suffisante pour l'usage d'une seule personne, mais c'était un luxe puisqu'ils se trouvaient en plein milieu du désert.

Après s'être lavé le visage à l'eau chaude, Eugène plongea un orteil dans la baignoire, vérifiant la température au fur et à mesure qu'elle descendait. Elle poussa un profond soupir, satisfaite de la chaleur de l'eau après avoir passé d'innombrables heures dans le désert. Elle lava les restes de sable sur son corps, frottant légèrement sa peau jusqu'à ce qu'elle se juge propre. Elle se changea ensuite en vêtements confortables, le moral beaucoup plus léger qu'avant.

Les servantes enlevèrent la baignoire et la remplacèrent par un four. Eugène avait froid, et la chaleur dégagée par le four réchauffa immédiatement la tente. « C'est du bon travail. Tu dois être fatigué toi aussi. Tu devrais aller te reposer » dit Eugène.

« Oui, ma reine » Zanne s'inclina avant de quitter la tente d'Eugène.

*******************************

Eugène prit une chaise et s'assit près de la surface. Elle regardait distraitement la fournaise, les cailloux à l'intérieur qui crépitaient sous l'effet de la chaleur. Ils ne dureraient pas longtemps s'ils ne chauffaient que la pierre.

Après avoir passé un certain temps devant le four, la température du corps d'Eugène augmenta et elle décida de sortir un peu. L'air extérieur était frais sur sa peau, la chaleur brûlante du soleil de tout à l'heure n'était plus perceptible.

« Vous avez besoin de quelque chose, ma reine ? » demanda Sven, qui gardait la tente d'Eugène.

« Puis-je me promener un peu ? »

Sven ne répondit pas. Voyant l'hésitation de Sven, Eugène dit. « Ce n'est pas grave si je n'ai pas le droit »

« Les nuits dans le désert sont dangereuses, ma reine. Il fait sombre, on peut tomber dans des crevasses, et on peut rencontrer des animaux sauvages en chemin » dit Sven.

Eugène hocha la tête en signe de compréhension. Elle retourna à l'intérieur de sa tente, ne voulant pas causer d'ennuis. Elle s'assit sur le lit, réfléchissant à ce qu'elle pourrait faire puisqu'elle n'arrivait pas à dormir, même si elle était fatiguée.

Devrais-je jouer avec le petit garçon ?

La cage se trouvait probablement dans la tente du roi. Plus tôt dans la journée, l'aide avait demandé à Eugène avec prudence. « Ma Reine. L'écureuil dans la cage que vous avez placée dans le bureau. Est-ce le Hwansu du roi ? »

Sandy dit que la cage devrait être dans la tente de la Reine, mais une fois qu'elle découvrit ce qu'était vraiment l'écureuil, elle alla demander à Eugène son identité.

Eugène sourit en se souvenant de l'expression déconcertée de Sandy.

Alors qu'elle réfléchissait profondément, un petit ronronnement fit regarder Eugène de côté. Ce n'était pas l'écureuil hwansu qui l'accueillait, mais Abu, assis dans un coin de sa tente.

« Miaou »

« Abu ! » Eugène sourit et tendit la main à Abu qui se précipita vers elle. Il se coucha à l'envers à ses pieds tandis qu'Eugène s’accroupit, caressant affectueusement la fourrure d'Abu. « Comment es-tu entré, Abu ? Il y a des guerriers dehors »

Elle prit le visage d'Abu avec ses mains, établissant un contact visuel avec la bête. « As-tu fait exprès de te rapetisser pour entrer ? Pour ne pas te faire prendre ? » La bête tourna la tête, comme si elle essayait d'éviter ses questions. Eugène éclata de rire, frottant son nez contre la fourrure d'Abu. Elle se souvint de l'époque où Abu dut être aussi petit qu'un chaton pour pouvoir entrer dans le panier. Il avait été très contrarié à l'époque, mais voilà qu'il se fit à nouveau tout petit pour se faufiler dans sa tente.

**************************************

L'accompagnateur entra précipitamment dans la tente du roi, la panique s'emparant de sa voix. « Votre Majesté. Le Hwansu a disparu »

Kasser leva la tête de ses papiers et fixa le serviteur.

Le serviteur poursuivit « Les personnes qui se trouvaient à proximité ont dit qu'elles n'avaient rien entendu et qu'elles n'avaient pas vu le Hwansu sortir. Il s'est volatilisé, Votre Majesté »

Tome 1 – Chapitre 195 – Un lit pour deux Kasser jeta un bref coup d'œil dans la cage. Le petit faisait tourner la roue de manière ludique.

Abu était donc le Hwansu dont parlait le serviteur, pensa Kasser.

« Ne vous occupez pas de lui. Il sera de retour avant le lever du soleil »

Dans le désert, Abu disparaissait souvent la nuit.

Lorsque Kasser se rendait dans le désert pour un rituel ou une inspection, seuls les guerriers l'accompagnaient. En dehors des compagnons du roi, personne n'était au courant de la situation.

L'assistant inclina la tête en signe d'excuse et le roi prit un air mécontent.

« Je m'excuse d'avoir fait des histoires pour rien, Votre Majesté »

Le serviteur était chargé de gérer les véhicules. Il se rendit compte de son erreur frivole en se précipitant sans prêter attention à ce qui l'entourait.

Le roi prit la parole : « Je ne pouvais pas vous le dire à l'avance. Vous n'avez pas à vous inquiéter de l'endroit où se trouve le Hwansu »

« Oui, Votre Majesté »

Le serviteur s'excusa. Il pensa à nouveau à Abu, qui était probablement en train d'explorer le paysage avec excitation. Cela faisait longtemps qu'Abu n'avait pas eu le luxe d'un paysage ouvert, son enthousiasme était donc compréhensible. Ce rituel allait prendre beaucoup de temps, c'était pourquoi il avait apporté son travail. Il s'en occupait chaque fois que son emploi du temps le lui permettait, et pourtant le travail ne semblait jamais s'arrêter. Il savait qu'il consacrait moins de temps au travail que d'habitude, mais c'était normal en période d'activité où son attention était sollicitée jour après jour. Le roi se rassura en se disant qu'il n'avait pas passé de temps en vain au cours de la dernière saison active.

Le temps passé avec elle n'était jamais perdu.

Kasser se força à prêter attention aux documents qu'il avait abandonnés plus tôt. Il posa tous ceux qu'il avait déjà lus et en prit un nouveau. Il fut à nouveau distrait par quelqu'un qui frappait à la porte.

« Hm, qu'est-ce qu'il y a ? » Kasser fronça les sourcils.

C'était un rapport de Verus. Le rapport était arrivé très tôt, juste avant que la procession rituelle ne quitta la ville. Bien que l'affaire n’était pas urgente, elle avait été incluse dans les documents transportés par les assistants, car le rapport avait été spécifiquement envoyé par le chancelier.

« Pides est-il de retour ? » demanda le roi. Verus avait cru que le roi était au courant de l'affaire, mais Kasser n'avait pas eu de nouvelles de Pides.

Les chevaliers n'agissaient jamais seuls, de leur propre volonté. Chacune de leurs paroles et de leurs actions symbolisait la volonté de Sang-je. En d'autres occasions, il aurait pensé que Sang-je avait les yeux rivés sur son royaume et qu'il avait l'intention de s'en mêler. Mais cette fois-ci, il s'agissait d'autre chose.

« A-t-il entendu parler de l'Alouette ? »

Si Pides avait entendu une rumeur en se rendant au royaume et qu'il avait fait des pieds et des mains pour la confirmer, cela ne pouvait pas être considéré comme un problème.

C'était en effet un miracle des dieux que cette seule Anika ait été causée sous la juridiction de Sang-je.

« C'est une bonne chose que je l'ai mentionné dans la réponse »

Kasser s'inquiéta beaucoup de ce qu'il allait dire dans sa réponse à Sang-je. S'il mentionnait l'arbre à Alouettes, Sang-je ne manquerait pas de faire appel à Eugène. Il voulait faire semblant de ne pas savoir, mais ce n'était qu'une question de temps avant que la rumeur ne se répande dans la Ville Sainte. Kasser considérait qu'il était imprudent de causer un problème pour ensuite se retrouver au milieu de celui-ci.

Il décida donc d'écrire sur l'Alouette avec la plus grande retenue. Il faudra attendre dix à quinze jours avant que Pides n'arrive dans la ville sainte.

« D'ici là, Sang-je aura reçu ma réponse et le rapport de Pides » expliqua-t-il.

Pendant un mois environ, les chevaliers envoyés par Sang-je continueront d'arriver.

Kasser sentit le poids de son fardeau. Il continuait à regarder la table, perdu dans ses pensées. Ses bras restaient croisés, comme s'il se protégeait de forces invisibles. Au bout d'un moment, il se détendit.

« Il faut que j'aille de l'avant »

Lorsqu'il avait vidé son château pour se rendre à la ville sainte, il s'était arrêté pour penser aux nombreuses raisons qui pouvaient poser problème. Il secoua la tête, comme s'il écartait ces pensées. Il ne pouvait tout simplement pas la laisser partir.

Il se doutait que si elle se rendait dans la ville sainte, elle partirait complètement et ne reviendrait pas avant un certain temps. Il ne pourrait pas la voir avant au moins un mois. Il n'était pas sûr de pouvoir survivre aussi longtemps, et encore moins un jour ou deux.

Il prit sa décision et reprit ses documents. Il devait s'occuper de tout ce travail accumulé ce soir même. À peine avait-il fait cela qu'il entendit un petit bruit en provenance de la cage, ce qui offrit à Kasser une nouvelle distraction.

Il jeta un coup d'œil dans la cage et rit. Le petit faisait à nouveau tourner la roue, mais celle-ci ne tournait pas. Au lieu de cela, elle tombait sur le sol à cause de la goupille qui la maintenait en place. La roue avait été mise en place par Eugène.

Kasser plaint le petit garçon. Le petit garçon n'était pas un hamster après tout. Le voir s'acharner à faire tourner la roue laissait Kasser sans voix. Il se leva pour l'aider. Il s'approcha de la cage, un bras tendu vers la porte de la cage, mais s'arrêta à mi-chemin.

Il sentit son Hwansu.

« Abu ? C'est peut-être lui »

Kasser se dirigea directement vers la tente d'Eugène. Dès qu'il souleva le rideau qui gardait l'entrée, il aperçut la bête noire sur le lit. Abu leva les yeux vers Kasser tout en étant tenu par Eugène endormi.

« Abu... »

Kasser serra les poings et grinça des dents. Il s'efforça de contenir sa frustration. Il voyait bien qu'Abu adorait Eugène et la suivait partout avec adoration. Il voyait aussi à quel point elle traitait Abu avec douceur. Pourtant, Kasser n'aimait pas l'idée qu'Abu partage le lit d'Eugène. Même les bêtes devraient avoir des endroits auxquels elles n'avaient pas accès.

Abu quitta les bras d'Eugène et sauta sur le sol, faisant les cent pas autour de Kasser. Le roi fixait Abu de son regard froid, constant et implacable. Sentant le poids du regard de Kasser, Abu gémit et cessa de faire les cent pas. Il s'assit comme un animal domestique obéissant et soumis. Sans un mot de plus, Kasser lui montra la porte. Abu obéit et se précipita vers la sortie.

Le roi prit un moment pour se calmer, puis s'approcha tranquillement du lit. Ses yeux s'adoucirent en la regardant dormir. Il la recouvrit d'une couverture, luttant contre son désir de la toucher. Il céda et caressa ses cheveux.

Eugène gémit dans son sommeil et ouvrit lentement les yeux. Kasser se gronda dans sa tête. Malgré tous ses efforts, il l'avait réveillée.

« Où est Abu ? » demanda-t-elle immédiatement.

« Je l'ai fait sortir »

« Je me suis endormie en le tenant. Il était si chaud »

« Tu as froid ? Je vais leur demander de mettre plus de bois dans le feu »

« Non, c'est bon. Tu es là » Eugène tapota l'espace vide à côté d'elle. Elle sourit d'un air penaud, jetant un coup d'œil à Kasser à travers ses longs cils. Elle l'entendit respirer

profondément. Immédiatement après, il se précipita pour l'embrasser. Ses lèvres se posèrent sur les siennes et sa bouche semblait prête à l'avaler tout entière. Elle sentit sa langue pénétrer à l'intérieur, explorer chaque centimètre. Il fallut un moment avant qu'il ne détache ses lèvres d'elle, mais ce moment lui parut court comparé à ses baisers habituels, si persistants et si avides.

Kasser prit la parole, essoufflé. « Je suis coupable de t'avoir réveillée de ton sommeil paisible. Je resterai à tes côtés jusqu'à ce que tu t'endormes à nouveau » Il se glissa sous la couverture et s'allongea à côté d'elle. Eugène posa sa tête sur son épaule et ses bras le serrèrent contre elle. Elle se blottit contre Kasser, profitant de sa chaleur. Même si ce lit était plus petit que celui du château, elle le trouvait assez spacieux pour une personne seule.

Cependant, face à un homme aussi grand que Kasser, cela sembla bien peu de chose.

Eugène ferma les yeux et essaya de dormir. Kasser était plus chaud que la petite bête et que le feu qui brûlait dans le fourneau.

Quelques minutes plus tard, elle était plus éveillée que somnolente, mais elle gardait les yeux fermés. Elle n'arrivait pas à se débarrasser de la confusion que lui causait le fait d'être câlinée. Pourquoi un homme qui ne recherchait que le plaisir se montrait-il si doux tout d'un coup ? Pourquoi avait-il choisi d'écourter son baiser et de la serrer ainsi dans ses bras ?

Eugène ouvrit les yeux. Kasser, le remarquant, établit immédiatement un contact visuel avec elle. Comme elle l'étudiait, il embrassa doucement sa paupière.

« Tout va bien, dors » murmura-t-il.

« Tu ne vas pas dormir toi-même ? » demanda-t-elle.

« Il y a du travail en attente. Je dois aller le terminer »

« Est-ce que c'est lié à l'enregistrement du chemin ? »

« Non, pas ça. Je l'ai terminé plus tôt dans la journée. C'est autre chose »

Ce n'était pas un mensonge, mais ce n'était pas non plus la vérité. Il n'y avait rien d'urgent ou d'important qui nécessitait son attention immédiate. Ce n'était qu'une excuse pour quitter sa tente. S'il ne s'était pas méfié de la présence d'Abu avec elle, il ne serait pas venu en premier lieu. Il ne pouvait pas se contrôler en sa présence, et il n'aimait pas cela. Il voulait la toucher chaque fois qu'il la voyait, et la serrer dans ses bras chaque fois qu'il la touchait. De plus, il devait aussi tenir compte d'Eugène. Elle était fatiguée de s'être déplacée toute la journée. Elle avait plus de temps à parcourir demain qu'elle n'en avait eu aujourd'hui. Il voulait s'assurer qu'elle était bien reposée.

Eugène ne connaissait pas ses pensées. Elle se sentait simplement désolée pour lui. Elle savait que son travail ne le quittait jamais, même après avoir quitté le château.

« Tu as à peine dormi la nuit dernière. Si tu ne dors pas bien cette nuit non plus, ta santé en pâtira » Chuchota-t-elle en effleurant sa joue de ses doigts,

« Je peux supporter de ne pas dormir pendant quelques nuits »

« Je sais que tu as de l'endurance, mais tu es aussi un être humain. Si vous continuez à ignorer votre santé, vous allez tomber malade »

« ..Je suis aussi un être humain ? »

« Oui, tu es un être humain. N'es-tu pas un humain ? » la taquina Eugène Kasser lui sourit et renforça son emprise sur elle. Il la serra dans ses bras et murmura : «

Tu as raison »

Il était né prince héritier et avait grandi pour devenir roi. C'était sa seule identité. Les rois et les princes dotés de superpouvoirs étaient forcément spéciaux, et il était difficile d'être spécial et différent. Dès son plus jeune âge, Kasser avait remarqué la peur déguisée dans le regard de tous ceux qui interagissaient avec lui. Elle était présente même dans les yeux de sa mère qui l'avait mis au monde. Kasser avait fini par accepter qu'il était différent. Il ne pouvait imaginer un autre destin que celui de roi.

Ce n’était qu'Eugène qui fit naître en lui une autre forme d'ambition. Avec elle, Kasser voulait être un homme. Devant elle, il oubliait son statut de roi. Il savait qu'il provoquait lui aussi un profond désir chez elle de devenir une femme à part entière pour lui.

Ses respirations devinrent régulières et il réalisa qu'elle s'était endormie. Il ferma les yeux à son tour. Tous ses projets de retour au travail étaient oubliés. Il tomba dans un profond sommeil sans l'avoir jamais voulu. Le matin venu, une femme de chambre vint les réveiller. Ce fut alors que Kasser se rendit compte à quel point il avait bien dormi à côté d'Eugène.

********************************

Rodrigo quitta la capitale pendant un certain temps pour éviter les chevaliers arpenteurs. Mais il n'était pas allé bien loin. Il avait beaucoup de travail à rattraper et il maudit les 'chiens de Mahar' qui constituent un obstacle.

« Il faut que j'encaisse ça vite et que j'éteigne le feu qui brûle à mes pieds » murmura-t-il, impatient. Il toucha les bijoux dans sa poche, s'assurant qu'ils y restaient.

« Ancien » Rodrigo entendit une voix l'appeler à l'extérieur, et ses mains retournèrent dans ses poches.

« Entrez » répondit-il.

Un jeune homme au physique frêle entra et baissa la tête.

« Avez-vous réussi à obtenir des informations ? » demande Rodrigo avec impatience.

Peu après avoir rencontré la reine, Rodrigo avait ordonné une enquête sur ce que Tanya Eli avait fait à la reine et ce qui avait causé sa mort. Lorsqu'il avait appris la mort d'Eli par son frère, il avait été contrarié à l'idée de devoir faire venir une nouvelle Tanya. Il n'avait pas pensé à découvrir les raisons de sa mort.

« La famille ne savait rien »

Rodrigo fit claquer sa langue en signe de désapprobation. Il sortit un petit bijou de sa poche et le jeta sur la table.

« Cherchez plus loin. Ne lésinez pas sur les moyens »

« Oui, mon aîné » Le jeune homme baissa la tête dans une inclinaison telle que son corps fut plié en deux et sortit avec les bijoux.

« Rodrigo » appela une autre voix.

Rodrigo, qui s'efforçait de se débarrasser des bijoux sans s'attirer d'ennuis, leva la tête avec une attention soutenue lorsqu'il entendit cette voix pure résonner dans sa tête. Il regarda autour de lui, serrant les mains de soulagement et de joie.

« Grand Prêtre. Où êtes-vous ? »

« Si tu baisses ton regard, tu pourras voir le messager que je t'ai envoyé »

Rodrigo s'accroupit immédiatement sur le sol et fouilla dans tous les coins. Il trouva un petit rat aux yeux rouges qui sortait d'un minuscule trou dans le mur. Le rat n'essaya pas de s'enfuir à la vue de Rodrigo. Au contraire, il rampa jusqu'à lui et grimpa sur ses genoux. Rodrigo prit délicatement le messager et le plaça devant lui. Sans hésiter, il s'inclina à plat ventre sur le sol en signe de respect.

Comme à chaque fois, le grand prêtre ne se dévoilait que rarement. La plupart du temps, il envoyait des messagers sous la forme d'animaux divers, comme des rats ou des lézards. Des animaux banals, des animaux qui passaient inaperçus.

Tome 1 – Chapitre 196 – Mara est

miséricordieux

Rodrigo, mon fidèle serviteur, dit la voix.

« Grand Prêtre, Rodrigo, le serviteur de Mara, est prêt à écouter le grand » Rodrigo répondit d'une voix désespérée, en s'inclinant la tête contre le sol. C'était le miracle du grand Dieu de transmettre sa volonté en utilisant un objet. La foi en Mara débordait de son cœur. Si c'était maintenant, il n'hésiterait pas si le grand prêtre lui demandait de se plonger dans un feu ardent.

Rodrigo, devenu orphelin dès son plus jeune âge, était devenu un sceptique qui ne croyait pas facilement les choses à moins de les avoir vues ou entendues lui-même. Ce jeune marchand au caractère bien trempé était devenu fanatique après avoir vu le miracle de Dieu se dérouler sous ses yeux. Sa nature méfiante et cupide n'avait pas changé, mais chaque fois qu'il fut témoin de la puissance du grand Dieu, la foi de Rodrigo devint plus forte.

« Rodrigo, il m'a appelé. Il m'a rendu sourd et aveugle pour que ses grandes paroles ne puissent être influencées ou modifiées. Il veille à ce qu'il n'y ait pas d'intervention lorsqu'il exprime sa volonté »

Ce que Rodrigo entendit n'était pas la voix rauque et grinçante qu'il avait entendue du grand prêtre tout à l'heure. Cette voix était pure et claire, presque mélodieuse.

« Ah, grand prêtre, je ne savais pas. Je vous ai cherché partout avec anxiété. Ma frivolité a dû provoquer sa colère »

« Mara est miséricordieux »

« Cet enfant se prosterne devant Dieu pour exprimer sa gratitude » supplia Rodrigo.

« Il m'a dit qu'il s'était passé quelque chose de bon. Que s'est-il passé, mon fidèle serviteur ? Dis-moi »

Rodrigo, troublé, leva les yeux. « De bon ? Je ne sais pas ce que vous voulez dire, Grand Prêtre »

Loin d'être de bon augure, les événements qui venaient de se produire étaient inquiétants. Rodrigo était prêt à exprimer tous ses soucis et ses inquiétudes devant le grand prêtre.

« Es-tu en train de dire que Mara ment ? Je t'ai confié une tâche importante, mais il semble que tu ne saches même pas ce qui se passe autour de toi ! »

Rodrigo tremblait tandis qu'une voix furieuse emplissait sa tête. Il secoua la tête, espérant faire appel à sa mémoire. Il se souvint d'un incident qui s'était produit ces dernières années, même s'il était loin d'être de bon augure.

« Je n'ose pas questionner le Grand. Il y a bien eu une mésaventure impliquant la Sainte

»

« Une mésaventure ? Allez-y, parlez ! »

« Le jour de votre visite, une Alouette est apparue au milieu de la capitale et a déclenché une émeute. On dit que le sainte a fait de cette Alouette un arbre »

Les yeux rouge vif de la souris qui faisait face à Rodrigo s'illuminèrent et semblèrent scruter l'âme de Rodrigo.

« Hélas, bien sûr. C'est sans doute l'énergie brillante qui m'a réveillé »

Rodrigo ne comprit pas ce que le grand prêtre voulait dire. Il pensait qu'il s'agissait d'une métaphore. Il ne saisit pas l'importance de ce qu'il vint d'entendre.

« Rodrigo, je t'avais demandé de trouver un endroit pour rencontrer la Sainte. Que s'est-il passé ? »

« J'ai déjà rencontré la sainte, seigneur. Je n'ai pas pu transmettre le message car ma voix n'a pas pu atteindre le grand prêtre »

« C'est regrettable »

Rodrigo sentit un nœud se tordre dans son estomac lorsque le grand prêtre parla de la sainte, la reine Jin. Chaque fois que les allées et venues du grand prêtre n'étaient pas claires, Rodrigo dormait mal à l'aise. La reine ne s'était jamais intéressée à l'église.

« Grand prêtre, ce serviteur ose demander. Pourquoi est-il de bon augure pour la sainte d'exprimer sa Ramita ? C'est quelque chose pour le Dieu maléfique »

Les yeux du rat brillaient et semblaient porter une énergie propre. Rodrigo pouvait sentir le regard du rat, même s'il avait le visage baissé sur le sol, en train de s'incliner. Il entendit le Grand Prêtre claquer la langue en signe de désapprobation.

« Un humain typique » pensa le Grand Prêtre. Il était très difficile de traiter avec les humains. Cela devint problématique lorsqu'ils commencèrent à avoir des doutes. Si l'on fermait les yeux sur eux, ils devenaient stupides et incapables de penser par eux-mêmes. Le grand prêtre avait appris cela sur les humains au cours des innombrables rencontres qu'il avait eues avec eux au fil des siècles. Les humains étaient différents des Alouettes. Ils n'obéissaient pas aveuglément et ne faisaient pas confiance. Le moyen le plus efficace de gagner leur respect et leur admiration n'était pas de faire preuve d'une

force surnaturelle, mais de les persuader par des mensonges à propos de ce en quoi ils croyaient déjà.

« Rodrigo, mon fidèle serviteur. Puisque tu es le plus dévoué de tous, je vais te révéler un secret du monde caché »

« Ce sera un honneur. J'ouvrirai mon coeur et j'écouterai attentivement »

« Ramita n'est pas le pouvoir du Dieu maléfique »

« Je vous demande pardon, Grand Prêtre. Quoi ? » Rodrigo ne put retenir sa surprise.

« Anika est un être fondamentalement différent du chien de Mahar. Le chien de Mahar est un outil maudit qui a été domestiqué par Mahar jusqu'à la moelle. Alors qu'Anika est un objet sacré qui détient le pouvoir de Dieu »

« Un réceptacle ? »

« Un récipient qui peut contenir n'importe quoi. Il a donc chargé la reine Anika de servir de sainte »

Rodrigo resta bouche bée. Il était stupéfait de ce qu'il venait d'entendre. Cela allait à l'encontre de tout ce qu'il savait être vrai.

« Est-ce que cela signifie qu'il est possible pour Mara de marcher sur Terre en empruntant le corps de la reine ? »

« Oui »

Une fois de plus, le grand prêtre pensa, typiquement humain. Pourquoi les humains ressentaient-ils le besoin d'ignorer la réalité et de suivre des sources de pouvoir invisibles et mystérieuses ? Pourquoi une créature aussi stupide avait-elle été créée pour parcourir le monde et rendue si cruciale pour la survie de tout le reste ? Le grand prêtre ne le savait pas.

Dieu lui-même ? Le grand prêtre se moqua silencieusement de Rodrigo. Si une telle chose existait. Les 'visiteurs' comme Mara ne pourraient pas jouer le rôle de Dieu sur cette terre.

« Je vois... »

Rodrigo soupira, incapable de verbaliser ses pensées. Est-il possible de voir Dieu en personne ? Avec un peu de grâce divine, Rodrigo pourrait devenir l'être humain le plus puissant du monde. Le simple fait d'imaginer ce résultat donnait des frissons agréables à Rodrigo.

Rodrigo trouva ses mots. « Grand Prêtre, cet enfant stupide ne comprend pas. Il faut que cela se sache. Ne devrions-nous pas le répandre parmi les religieux et l'utiliser comme un moyen de se rapprocher de l'autel de Dieu ? »

« Il y a une raison de garder le secret. Certains serviteurs impatients ont l'habitude de faire des choses insensées avec de telles informations. Garde mes paroles à l'esprit, Rodrigo. Ne divulguez pas ce secret. Veillez à me demander mon avis et à suivre mes instructions pour tout ce qui concerne le Saint. Tu es le seul en qui j'ai confiance pour les secrets comme pour les tâches importantes »

« Je ne vous décevrai jamais. Grand prêtre »

Rodrigo inclina la tête avec un cœur ému. Il savait qu'il avait l'air d'un fou, se prosternant devant une petite vermine. C'était un fanatique après tout, un fou.

« La Sainte doit choisir d'être elle-même un réceptacle. C'est pourquoi je t'ai demandé de ne pas aller à l'encontre de la volonté de la Sainte. Sers-la de tout ton cœur, jusqu'à ce qu'elle soit entièrement enlacée dans les bras du Grand »

« Les instructions du Grand Prêtre ont une intention profonde, c'est pourquoi je les garde toujours à l'esprit. Votre volonté est importante pour moi »

D'après ce qu'avait dit le grand prêtre, il fallait travailler activement pour que la reine se sente favorisée par la confession de Mara. Rodrigo n'avait jamais fait un tel effort.

Devant la reine, il perdit toutes ses forces. Il se sentait paralysé en faisant semblant de la soutenir. Rodrigo la considérait simplement comme une cliente aux poches bien garnies.

Il pensait que la portée de l'instruction du grand prêtre de recevoir la reine comme une sainte se limitait à la dissimulation de la capacité de Cage. Il vendit ses informations et son jeu de jambes à la reine à un prix élevé. La reine n'avait jamais été avare en payant le prix, mais la reine ne saura pas qu'elle a encouru des coûts élevés.

« J'aurais aimé qu'il en parle plus tôt » pensa Rodrigo. N'avait-il pas rencontré la reine il y a peu et ne lui avait-il pas demandé ouvertement de l'argent ? Rodrigo avait lu le mépris dans les yeux de la reine qui lui avait lancé son sac à bijoux ce jour-là. Il avait fait semblant de rire de lui-même et avait dit « Je ne suis qu'un marchand qui ne connaît que l'argent » Ce n'était jamais aimable.

De plus, la reine refusait de dire qu'il y avait un problème avec Tanya, qu'il avait fait venir. Il ne savait pas à quel point il était tombé en disgrâce auprès de la reine.

Une sueur froide coula dans le dos de Rodrigo.

« Grand Prêtre. Quand j'ai rencontré la Sainte il y a peu, j'ai parlé de la cérémonie et je lui ai dit que le Grand Prêtre voulait la voir »

Rodrigo voulait mettre l'accent sur ses réussites pour masquer ses erreurs. Il ignorait que Molly était actuellement enfermée dans un donjon et sous haute surveillance. Il croyait à l'information qui avait été divulguée selon laquelle elle était partie pour la ville sainte après s'être perdue dans la procession rituelle.

« Si le Grand Prêtre décide de la voir, Taniya lui transmettra l'information... Oh, Taniya est dans le désert avec le Saint. Dès que Taniya reviendra... »

Rodrigo s'arrêta de parler lorsque la voix l'interrompit

« Le désert ? La sainte est allé dans le désert ? »

« Oui. Elle est allée assister à un rituel de la saison sèche »

« Rodrigo. Pour l'instant, je ne pouvais pas bouger. Comme vous l'avez fait jusqu'à présent, préparez bien les rituels et respectez le Saint de tout votre cœur »

« Je ferai certainement ce que vous m'avez demandé.'

Sur ce, l'énergie rouge disparut des yeux du rat qui s'était redressé sur ses pattes arrière. Un rat ordinaire aux yeux noirs tressaillit et se convulsa, puis retourna dans la fissure du mur.

Rodrigo, qui s'était prosterné le visage contre le sol, attendit un moment jusqu'à ce qu'il n'entendit plus la voix du grand prêtre. Le messager du grand prêtre avait disparu.

*********************************

Deux jours passèrent, et dans l'après-midi du troisième jour, le cortège arriva en terre sainte.

Eugène descendit du chameau et regarda ses pieds. Il y avait de l'herbe tout autour d'elle.

« Quand on pense que c'est un désert... »

La terre sainte ne ressemblait pas à ce qu'Eugène avait imaginé. Ce n'était pas les ruines d'un vieux château à moitié enterrées dans le sable, mais une île verte dans le désert, embellie de couleurs vives.

Elle fixa ses yeux sur l'horizon à sa droite, à la recherche des dunes de sable que l'on pouvait certainement apercevoir aux abords de l'île. Des collines de sable jaune se dressaient, scintillantes sous le soleil. Elle observa le paysage sur sa gauche, qui contrastait avec les dunes de sable qui se trouvaient au-delà. Elle vit un lac et une forêt verdoyante sur ses rives. Elle avait l'impression de se trouver au milieu de deux mondes très différents.

Eugène secoua la tête et ses yeux se fixèrent sur le sol où elle se trouvait. Des ouvriers s'activaient pour monter des tentes. L'air était paisible, mais Eugène pouvait également sentir un grand sentiment d'optimisme autour d'elle. Les gens souriaient facilement et s'échangeaient des mots gentils, car ils semblaient tous dévoués à leur tâche. La verdure semblait revigorer tous ceux qui s'y trouvaient. Elle se sentait pleine d'énergie malgré le long et difficile voyage qu'elle venait de faire.

On lui avait dit de commencer le rituel dès les premiers rayons de l'aube. Comme il était trop tard aujourd'hui, elle décida de se rendre à sa maison temporaire après avoir fait son offrande au temple.

« Sir Sven, vous avez dit que vous étiez déjà venu ici, n'est-ce pas ? »

Sven, qui attendait non loin de là, ne tarda pas à répondre. « Oui, ma reine »

« Est-ce que tout cet endroit se trouve dans les limites de la terre sainte ? »

« Oui, en effet. Cette terre sainte est l'origine du royaume. Vous pouvez voir l'origine exacte à un point le long de la rive du lac »

« C'est loin d'ici ? »

« Vous devrez marcher un peu »

« Serai-je de retour avant le coucher du soleil ? »

« Oh, certainement. Ce n'est pas si loin »

« Tu me guideras, Sven ? »

« Bien sûr, ma reine »

Sven savait que ce n'était pas la première fois que la reine visitait cet endroit, mais il pensait qu'elle avait peut-être oublié son chemin depuis qu'elle était revenue après tant d'années.

Ils commencèrent à se diriger vers le lac, et Sven remarqua un mouvement. Il regarda derrière lui et vit quatre autres guerriers qui les suivaient tout en gardant leurs distances.

Ps de Ciriolla: plus ça va, plus j'ai un doute sur le sang-ur et le grand prètre...j'arrive a me sortir de la tete que c'est la meme personne

Tome 1 – Chapitre 197 – La tentation de l'aube

Eugène suivit Sven tranquillement, et ils finnisèrent par marcher assez longtemps.

Peut-être parce que c'était la première fois qu'elle se trouvait à cet endroit, ou peut-être parce qu'ils avaient dû s'arrêter pour attendre que les guerriers finissent de débroussailler le chemin qui était épais de buissons, elle avait l'impression d'avoir marché longtemps.

Ce fut lorsqu'elle commença à avoir des fourmis dans les jambes qu'elle aperçut enfin la vieille terre sainte et digne.

« Wow... » Eugène laissa échapper un soupir.

Eugène regarda la flèche imposante du château. C'était un château d'une taille considérable, presque aussi grand que le château royal actuel.

« Il a dû être construit très solidement » commenta Eugène. Même d'où elle se trouvait, il était évident que les murs de pierre étaient en bon état, surtout pour un vieux bâtiment. Il n'y avait pas beaucoup d'érosion, même avec le passage du temps.

Avant de partir, on lui donna de brèves informations sur la terre sainte. Bien que la ville ait été une capitale il y a des centaines d'années, certains des murs de pierre s'étaient effondrés, mais l'ancien château royal était presque intact. S'il était rénové, il semblerait qu'il n'y aurait aucun problème, même s'ils décidaient d'y vivre immédiatement.

Cependant, les vignes épaisses qui grimpaient le long des murs couvraient presque les fenêtres, donnant l'impression que personne n'y vivait depuis longtemps. L'herbe éparse qui poussait autour du château renforçait l'impression de ruine, preuve qu'il n'avait pas été touché par l'homme depuis longtemps. Le château lui-même était en bon état, mais il était clair qu'il y avait beaucoup à faire pour le rendre habitable.

Eugène fit le tour du château dans un jardin dont la structure est à peine conservée.

C'était un lieu sacré, elle était donc très prudente. Elle ne le regarda que de loin, sans pouvoir l'atteindre, en pensant à ne toucher à rien.

Cela faisait environ vingt minutes qu'elle marchait sans but, quand elle décida qu'il n'y avait rien d'autre à voir.

Si elle était allée dans un endroit comme celui-ci lorsqu'elle était sur Terre, elle aurait regardé dans tous les recoins et essayé de s'en souvenir. Mais maintenant, elle vivait

dans un château plus magnifique et plus beau que celui-ci. Pour être honnête, elle n'était pas très impressionnée par l'aspect du vieux château.

« Rentrons maintenant » annonça Eugen.

« Oui, ma reine »

« Y a-t-il un autre chemin pour retourner au lac que celui que nous avons emprunté pour venir ici ? » demanda-t-elle.

« Il n'y a pas de route autour du lac. Pour accéder à la rive, il faut aller jusqu'à la zone des tentes. La procession puise toujours l'eau du lac par ce chemin »

Eugène regarda dans la direction du lac avec un regard plein de regret. Sur les rives du lac, il y aura une végétation beaucoup plus dense qu'ici, difficile à enjamber.

Sans route à emprunter, faire le tour du lac était presque impossible.

Quand Eugène revint au point de départ avec les guerriers, les grandes et petites tentes avaient été installées proprement en rangées. Elle eut un regard étrange en voyant deux des tentes les plus grandes et les plus solides côte à côte.

Elle savait à quoi elles servaient.

Une pour elle, une pour le roi.

Apparemment, le premier jour de leur voyage dans le désert, ces deux tentes étaient placées assez loin l'une de l'autre. Mais à chaque fois qu'ils montaient le camp, les soldats rapprochaient leurs tentes l'une de l'autre. En voyant le spectacle qui s'offrait à elle, elle eut l'impression que les deux tentes se rapprochaient grâce au voyage qu'elles avaient fait ensemble.

Eugène pencha la tête sur le côté, elle se sentait étrange et elle ne savait pas pourquoi, mais elle devinait que ce n'était pas à cause de son humeur.

L'obscurité s'installa rapidement et effaça lentement les traces du jour à son contact.

Ils étaient en train de dîner dans la tente et mangeaient en silence. Finalement, lorsqu'ils eurent fini de manger, Eugène s'éclaircit la gorge pour parler.

« Tu as aussi beaucoup de travail aujourd'hui ? »

« J'ai encore du travail en attente que je dois traiter » Kasser répondit en buvant une gorgée de son gobelet.

« C'est quelque chose d'urgent ? » demanda Eugène.

« Ce n'est pas urgent. Pourquoi ? Quelque chose ne va pas ? »

Eugène regarda Kasser un moment avant de décider d'envoyer les servantes dans la tente. Eugène jeta un coup d'œil au visage de Kasser pour essayer de lire l'expression de son visage et se demanda quelle serait l'histoire la plus urgente à lui raconter.

Eugène poussa un profond soupir avant de prendre la parole.

« La nuit dans le désert était froide. Il faisait un peu froid la nuit dernière » commença Eugène.

Kasser lui fit un signe de tête.

« Je leur dirai de faire plus attention au chauffage pour que tu n'aies pas froid »

répondit-il.

« La nuit d'avant-hier s'est bien passée. Il faisait très chaud » lui dit docilement Eugène en baissant les yeux.

Elle releva lentement la tête et regarda Kasser, mais lorsque leurs yeux se rencontrèrent, elle détourna rapidement son regard et baissa à nouveau les yeux.

« Même ce soir... Tu as beaucoup de travail ? » lui demanda soudain Eugène.

Hier soir, le roi n'était pas entré dans sa tente. Il y a deux jours, Eugène comprit qu’il était préoccupé par son travail la nuit et l'autre jour, il fut obligé de s'endormir dans sa tente.

Mais la nuit dernière, alors qu'elle dormait seule dans sa tente, elle se sentit agitée. Cela la dérangeait parce qu'elle ne se sentait pas comme lorsqu'elle s'endormait seule dans la chambre royale.

Elle se trouvait au milieu d'un désert inconnu, mais elle ne devait pas avoir peur, car de nombreux guerriers gardaient la tente. Cependant, elle se demandait pourquoi elle se sentait si mal à l'aise et son cœur était troublé.

Elle était gênée de parler du fait qu'elle avait dormi ensemble aujourd'hui. Mais elle ne pouvait pas non plus nier le fait qu'elle n'aimait pas dormir seule. Sans utiliser de mots, Eugène le laissa entendre autant qu'elle le peut et l'exprima de façon à ce que Kasser puisse comprendre son désir de l'accompagner au lit.

Si Marianne l'avait entendue maintenant, elle se serait sentie récompensée de lui avoir appris à parler.

Les yeux de Kasser clignotèrent lentement vers elle.

Ses iris la fixaient et il plissa les yeux. Son invitation timide dégageait un sentiment d'innocence, qu'il eut envie de ravaler la boule qui était restée coincée dans sa gorge.

« Il n'y a rien d'urgent » répondit Kasser après un bref instant.

Tout comme la nuit précédente, où Kasser avait eu du mal à s'endormir alors qu'il travaillait dans sa tente, ce soir, il sentait également qu'il allait avoir du mal à trouver le sommeil, et peut-être même qu'il souffrirait encore plus que la nuit dernière.

Après que le roi fut parti terminer son travail, les servantes entrèrent et nettoyèrent la tente. Elles rassemblèrent les assiettes et les couverts que le couple royal utilisait pour manger.

Eugène prit ensuite un bain préparé par les servantes et, après s'être nettoyée et avoir enfilé ses vêtements de nuit, elle s'assit sur le lit, toute étourdie par l'attente, au point d'en bondir d'excitation.

Peu de temps après qu'elle sfut installée, Kasser entra dans la tente, lui aussi semblait prêt à dormir. Il s'installa à côté d'elle et s'allongea.

Eugène roula à ses côtés et s'enfonça profondément dans ses bras, l'air excité. Elle pensait que s'il s'abstenait de tout contact physique avec elle, c'était pour des raisons telles que la nécessité de nettoyer son corps à cause du rituel.

Tout en se blottissant contre un oreiller chaud et confortable à côté de Kasser, Eugène s'endormit bientôt avec un sourire satisfait sur le visage. Elle se sentait enfin à l'aise.

En revanche, c'est Kasser qui se sentait agité, et il ouvrit ses yeux fermés pour fixer le plafond.

Le corps doux et le parfum sucré d'Eugène remplissaient ses bras et mettaient sa détermination à l'épreuve, déchirant lentement ses murs. Même le son de sa respiration dans ses oreilles était follement séduisant.

Il essaya de penser à d'autres choses pour se distraire et calmer son corps qui commençait à répondre de lui-même, contre sa volonté. Contrairement à ce que pensait Eugène, il n'y avait pas de tabou avant le rituel. C'était juste qu'il ne voulait pas commencer du tout parce qu'il n'était pas sûr de lui.

Regardant autour de lui dans la pièce sombre, il soupira et ferma à nouveau les yeux. Il ne pensait pas s'endormir après avoir fermé les yeux, mais il dormit. Ce n'était pas plus mal, car dormir était le meilleur moyen de surmonter cette crise.

Kasser se réveilla à l'aube, avant que le soleil ne se lève. Il aurait été bon qu'il dorme un peu plus, et il se lamenta donc d'avoir ouvert les yeux à une heure aussi ambiguë.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, Kasser se retrouva dans les bras d'Eugène, qui avait changé de position dans son sommeil. Eugène était allongée, les bras tendus sur le côté, découvrant la zone des épaules. Son dos était appuyé contre sa poitrine.

Dès que Kasser comprit où se trouvait son autre main, le reste de somnolence dans ses yeux s'envola. Sa main se posa sur la taille de la jeune femme et appuya légèrement sur la partie supérieure de son abdomen, sous sa poitrine. Le moindre mouvement semblait lui permettre de toucher sa poitrine.

Ses doigts picotèrent à ce contact. Il voulait la toucher, il voulait vraiment la toucher.

Elle était si proche qu'il pouvait la tenir.

L'aube était un moment terrible.

Le désir à peine réprimé la nuit dernière explosa comme un tonneau fermenté en plein été. Son pénnis se dressa fermement, augmentant de volume à mesure que les secondes s'écoulaient. La sensation de son ventre qui se resserrait jusqu'à l'engourdissement était à la fois agréable et douloureuse.

Dès qu'il aperçut la nuque de la jeune femme dévoilée par ses cheveux, il ne put résister à la pulsion et l'embrassa.

Il posa ses lèvres sur son cou délicat, encore et encore. Il l'embrassa juste un peu, puis enfonça ses lèvres un peu plus profondément pour l'aspirer.

La main posée sur sa taille descendit et tâta doucement ses cuisses, les caressant lentement.

Les cils fermés d'Eugène tremblèrent. Lorsqu'il embrassa sa nuque, elle se réveilla. Son toucher à la fois prudent et gourmand était aussi stimulant que les caresses flagrantes.

Ps de ciriolla : mieux que le reveil matin... le reveil coquin XD

Tome 1 – Chapitre 198 – Encore

Bien que son contact fut lent et doux pour le moment, il était aussi puissant qu'un contact dur et délibéré. Eugène se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de gémir.

Eugène appréciait le fait qu'il la toucha en faisant semblant de dormir. Elle se sentait bien et voulait qu'il la toucha plus explicitement.

Ce fut alors qu'elle entendit Kasser soupirer.

Le ventre d'Eugène tressaillit au son de son soupir, sa respiration semblait difficile. En un instant, elle sentit la zone entre ses jambes devenir humide. Elle réalisa son franc désir qu'elle avait ressenti comme une frustration après des jours d'abstinence.

« J'ai envie de le faire » se dit Eugene

Eugène entendit Kasser expirer à nouveau alors qu'il soulevait ses lèvres pour embrasser la nuque de la jeune femme. Ses mains, ses paumes étaient sur ses cuisses, décrivant des cercles et s'arrêtant à cet endroit précis. Eugène pensait qu'il était peu probable qu'il aille plus loin.

Plus il hésitait, plus Eugène était anxieuse

De façon inhabituelle, Eugène avait une envie folle de toucher un homme.

Lorsque le soleil se lèverait, ils devait assister au rituel avec un esprit clair et pur. Bien qu'elle le sache dans sa tête, elle voulait le secouer. Le sentiment de devenir une méchante conduisant l'homme à la corruption était subtilement excitant pour elle. Elle se sentait excitée à l'idée de le séduire au-delà de la raison.

Elle saisit le dos de sa main sur sa cuisse. Sa main tendue tressaillit momentanément.

Elle tourna la tête vers l'arrière et le regarda dans les yeux. Lorsqu'elle vit ses yeux trembler finement, un sourire se dessina sur ses lèvres.

« Encore »

Eugène chuchota à voix basse à une distance qui était proche des lèvres de l'autre.

« Ne t'arrête pas, continue, Mmmm » dit Eugène alors qu'un gémissement s'échappa des lèvres de la jeune femme.

Elle ne put terminer ses mots. Ses lèvres s'approchèrent aussitôt et la dévorèrent. Le baiser devint une mèche, attisant les désirs de l'homme et de la femme l'un pour l'autre.

Les langues s'entremêlèrent, la salive se mêla aux baisers intenses et ils tombèrent en transe, possédés par des désirs lubriques

Eugène ouvrit ses lèvres et reçut activement ses baisers.

Quand sa langue, perçant sa bouche, balaya l'intérieur de sa cavité, elle captura aussi la sienne et joua avec. Ils échangeaient des respirations fortes, et de l'air chaud circulait entre leurs lèvres, tandis que leurs langues s'engageaient et se frottaient constamment l'une contre l'autre.

Il grimpa sur son corps et plana au-dessus d'elle. Il retira ses lèvres d'elle et les lécha tout en pressant tout son corps contre le sien, enfonçant le corps d'Eugène plus profondément dans les matelas.

Les draps d'Eugène, qui avaient été drapés sous ses cuisses, se relevèrent soudainement, exposant le bas de son corps à l'air froid du matin, mais le frisson qu'elle ressentit à cause de sa peau exposée fut de courte durée.

La sensation de chaleur provenant de son centre l'enivra.

« Mmmm.... » Eugène gémit à nouveau.

Eugène se couvrit la bouche avec le dos de sa main pour empêcher d'autres gémissements de s'échapper de ses lèvres. À l'heure de l'aube, les murs de la tente ne pouvaient pas être correctement insonorisés.

Elle s'inquiétait de ce qu'elle ferait si quelqu'un l'entendait de l'extérieur, mais elle n'avait pas l'intention de le repousser, surtout maintenant qu'il avait la tête entre ses jambes. La pointe de sa langue s'enfonçait dans ses parois intérieures. C'était stimulant, comme si cela réveillait tout son être. Un sentiment d'immoralité, comme si elle faisait quelque chose qui ne devrait pas être fait, la rendait encore plus excitée.

Son nez frotta son bouton sensible, ce qui provoqua un picotement de plaisir dans tout son corps. Au moment où il posa ses lèvres sur une petite bosse et inspira fortement, une lumière blanche et pure se répandit devant ses yeux.

« Ahhh ! »

Le gémissement sortit de sa bouche sans permission. Elle tenta d'étouffer le son qui s'échappait avec le dos de ses mains et couvrit ses lèvres. Le court plaisir était si doux qu'elle se sentait comme un homme assoiffé qui n'a bu qu'une gorgée d'eau.

Elle sentit la force qui saisissait l'intérieur de sa cuisse, et sa taille trembla d'impatience.

Sa verge durcie toucha son ouverture humide. La tige épaisse se faufila dans la petite entrée et y pénétra lentement.

« Ah.... »

Elle respira et cligna des yeux. Elle avait l'impression qu'un nerf au bout de ses poils était stimulé, ce qui provoquait l'apparition de la chair de poule sur tout son corps. Elle était satisfaite de la sensation qu'il lui procurait en remplissant ses entrailles au point de la submerger. Même la sensation de son pénis à l'intérieur d'elle lui procurait beaucoup de plaisir.

Son membre sortait lentement et rentrait, poussant contre l'étroite paroi intérieure de la femme. En gardant un rythme lent, il se monta petit à petit. Ses deux jambes, qui reposaient sur sa taille, se relâchaient lorsqu'il les poussait profondément, et se resserraient lorsqu'il reculait.

Kasser était enthousiasmé par la réaction active de la jeune femme, qui répondait avec enthousiasme à ses caresses, et par le mouvement de ses parois intérieures qui suivaient son rythme et semblaient s'accrocher à son membre à chaque poussée.

Bientôt, le jour se lèvera. Il ne leur restait plus beaucoup de temps.

L'intensité de la poussée le conduisit rapidement au sommet de l'excitation.

« Mmm ahhh... »

Eugène se couvrait toujours la bouche avec le dos de sa main. Le plaisir qui affluait se répandit rapidement sur tout le corps. La paroi humide convulsive se rétrécit et se resserre alors que le membre de Kasser était toujours enfoui en elle.

Un faible gémissement s'échappa de sa gorge et il frissonna sous l'effet de la libération.

Les graines de Kasser se répandirent en elle et le corps d'Eugène trembla lorsqu'elle les reçut. Leurs respirations lourdes emplissaient la tente silencieuse.

Les battements rapides de leurs cœurs se calmèrent peu à peu et le corps d'Eugène se détendit et s'étira lentement. Elle tendit la main et toucha sa joue. Il couvrit le dos de la main d'Eugène avec la sienne, tourna la tête et embrassa sa paume.

Eugène cligna des yeux, car ses yeux devenaient brûlants. Il était étrange qu'une courte et intense histoire d'amour, consacrée à leurs instincts, soit plus lyrique qu'un baiser frais.

Elle ne savait pas quand elle était tombée amoureuse de ce type à ce point. Son cœur souffrait un peu alors qu'elle portait le poids de cette connaissance.

*********************************

Le rituel, qui avait commencé tôt le matin, alors que le soleil venait de se lever, était enfin sur le point de se terminer. Il ne leur restait plus qu'à accomplir les derniers actes.

Après avoir brûlé des brins d'herbe sèche dans un énorme encensoir en cuivre plus haut que la taille d'un homme moyen, les cendres produites étaient ensuite rassemblées et aspergées sur un pot rempli d'eau fraîche provenant du lac. Le rituel devait se terminer par l'acte de ramasser et de boire l'eau, par ceux qui assistaient au rituel.

On dit à Eugène qu'elle n'avait pas besoin de boire toute l'eau du bol, alors après en avoir bu une gorgée, elle la remit à la servante.

« C'est enfin fini » se dit Eugène en poussant un profond soupir.

Elle se toucha légèrement le visage et le massa.

Elle se demandait si elle avait bien géré ses expressions faciales aujourd'hui. Elle était gênée de se rappeler ce qui s'était passé à l'aube. Elle ne savait pas à quoi elle pensait.

Où elle avait eu l'audace de faire le rituel avec ce genre de mentalité. Elle avait la chance que les procédures du rituel soient relativement simples à suivre.

Elle se dépêcha de s'habiller le matin avant l'arrivée de la femme de chambre et demanda plus tard à Kasser d'une voix anxieuse.

« Et si vos ancêtres sont en colère parce que nous leur avons manqué de respect ? »

Il rit comme quelqu'un qui vient d'entendre une histoire intéressante.

« Ils seront fiers de leurs descendants qui s'efforçaient d'assurer la prospérité de leur famille » Kasser répondit d'un ton taquin et Eugène rougit de ce qu'il avait sous-entendu.

Eugène jeta un coup d'œil à Kasser, qui était en train de donner des ordres à son assistant. Elle poussa un soupir, pensant qu'il était difficile de connaître une seule personne. Plus elle en apprenait sur Kasser, plus il lui semblait déroutant.

Un roi qui traitait ses ancêtres comme des accessoires pour ses blagues, seul lui oserait le faire. Elle pensait qu'il serait très conservateur en ce qui concerne la famille royale, car il n'hésitait pas à contracter un mariage pour obtenir des successeurs, mais apparemment, il n'était pas aussi imbu de sa personne qu'elle le pensait.

Après que l'assistant eut incliné la tête et se soit retourné pour partir et exécuter ses ordres, les regards de Kasser et d'Eugène se croisèrent.

Il se dirigea alors vers Eugène.

« C'est fini, allons-y maintenant, ma reine » lui dit Kasser avec un léger sourire aux lèvres.

'On part tout de suite ?' demanda Eugen.

« Plus tôt nous partirons, mieux ce sera. On n'a pas le temps de manger, alors mange vite si tu as faim » lui dit Kasser.

Tous deux se rendirent dans la zone des tentes pour voir l'évolution de leur entreprise.

Il était convenu qu'ils ne ramèneraient pas tout avec eux, ils allaient laisser derrière eux ceux dont ils n'auraient plus besoin pour alléger leur voyage. L'emplacement où la tente fut montée était lui aussi presque fixé. Toutes les tentes furent démontées, ne laissant que quelques tentes simples. C'était presque triste.

Le guerrier s'approcha et inclina la tête.

« Votre Majesté. J'ai trouvé quelqu'un qui espionnait les environs et je l'ai capturé. C'est un vagabond » Le guerrier fit son rapport.

Tome 1 – Chapitre 199 – Le vagabond

« Dans quel but nous espionnait-il ? » demanda Kasser.

« Je l'ai interrogé, mais il n'a pas donné de réponse » répondit le guerrier Kasser avait une expression troublée sur le visage.

« Comment un vagabond ose-t-il envahir la Terre sainte ? Débarrassez-vous-en par principe » ordonna Kasser.

« Oui, Votre Majesté » Le guerrier s'inclina et partit exécuter ses ordres.

Tout en écoutant silencieusement la conversation, Eugène se sentait troublée. Le fait qu'il y ait une personne suspecte au milieu de ce désert la rendait franchement nerveuse.

« Des vagabonds ? N'étaient-ils pas les habitants du royaume ? » se dit Eugène.

Eugène se retourna et regarda le guerrier qui avait fini son rapport. De loin, elle pouvait voir les guerriers entourer quelqu'un. La personne qui avait les mains liées derrière elle et qui était agenouillée ressemblait à un homme. Il baissait la tête comme s'il avait été traité durement.

Eugène appela Sven qui était assis dans une simple tente et mangeait une collation préparée par la servante.

« Monsieur Sven. Sais-tu qui sont les vagabonds ? » lui demanda Eugène.

« Oui, ma reine. Ce sont ceux qui errent en dehors du royaume » répondit Sven.

D'après les explications de Sven, les vagabonds n'étaient citoyens d'aucun État. Ils ne s'installaient pas et erraient constamment dans le monde. On les rencontrait rarement, car ils traversaient des régions dangereuses qui échappaient à l'autorité réelle du royaume. Beaucoup de gens ignoraient donc l'existence de la tribu des vagabonds.

On ne savait rien des origines des vagabonds.

Ils étaient si isolés qu'ils se mariaient entre eux, donnaient naissance à une progéniture et n'interagissaient pas avec les personnes qui n'étaient pas des vagabonds.

« Tu veux dire que les vagabonds vivent dans le désert ? » demanda Eugène.

« J'ai entendu dire qu'ils ne vivaient pas seulement dans le désert, mais aussi dans les montagnes et les forêts » répondit Sven

« C'est compréhensible pendant la saison sèche, mais aussi pendant la saison active ?

Est-ce qu'ils traversent les frontières et se cachent parmi les gens pendant la saison active ? »

« Non. Même pendant la saison active, ils ne pénètrent pas les frontières du royaume »

« Comment est-ce possible ? Vous voulez dire que les alouettes ne les attaquent pas ? »

« C'est... Je m'excuse. Ma reine. Je ne sais pas » répondit Sven en baissant la tête, embarrassé.

« C'est toi qui ne sais pas Sir Sven, ou tout le monde ne sait pas ? » précisa Eugène.

« Je ne sais pas si quelqu'un connaît la réponse » Sven répondit honnêtement.

« Avez-vous déjà essayé de la découvrir ? Pas par curiosité personnelle, mais pour la politique nationale ? » demanda Eugène. Le fait qu'ils aient pu survivre par leurs propres moyens, malgré les menaces des Alouettes, était nouveau pour elle.

« Je pense que ce serait difficile. Même l'endroit où ils vivent n'est pas clair pour nous »

« C'est bizarre » commenta Eugène.

Eugène ne comprenait pas. Si les vagabonds savaient comment échapper aux Alouettes, c'était un énorme tour de force. Cela ne vaut-il pas la peine de risquer sa vie ?

C'était une réalité que tous les nobles riches du royaume se rendaient à la Ville Sainte pendant la saison active pour échapper aux monstres. Mais il y avait ici une communauté de gens qui le faisaient depuis des années... Pourquoi personne n'essayait-il de découvrir leur secret de survie ?

La nature fermée de la tribu errante n'était pas une excuse pour qu'elle restait ignorante. S'il n'y avait pas de négociations possibles, il y avait un moyen de chantage, après tout leur savoir semblait précieux.

Il était impensable pour elle qu'ils ne fassent pas tout leur possible pour découvrir leur secret. Les nobles n'hésiteront pas à sacrifier les sans-pouvoirs sans nationalité pour leur confort, après tout, ils pourraient même avoir recours à des pions.

« Débarrassez-vous de lui par principe » Eugène se souvint de ce que Kasser avait dit au guerrier il y a quelques temps.

« Quel genre de punition va-t-il subir ? » demanda Eugène à Sven en faisant référence au vagabond que le guerrier avait capturé un peu plus tôt.

« Il sera exécuté » répondit Sven.

Les yeux d'Eugène s'écarquillèrent de surprise et il demanda « L'exécution ? Quel genre d'exécution ? Tu veux dire le tuer ? »

« Oui, ma reine »

« N'est-ce pas une trop grande punition ? Il n'a fait de mal à personne » commenta Eugène

« Dès qu'ils sont découverts, les vagabonds sont capturés et envoyés à la Ville Sainte.

Cependant, s'il y a des circonstances telles que la distance qui les sépare de la Ville Sainte est trop longue, ils sont exécutés sur-le-champ. Il serait trop lourd pour nous de les accueillir pendant notre voyage » l’informa Sven Eugène resta sans voix. Elle pensait qu'il le punissait parce qu'il était un espion suspect.

Mais le fait qu'être un vagabond soit un péché, cela lui paraissait déraisonnable. Ils devraient plutôt se lier d'amitié avec les vagabonds et leur demander leurs secrets de survie.

« Envoyer à la Ville Sainte... Est-ce la Sainteté Sang-je qui a décidé de ce qu'il fallait faire avec les tribus errantes ? » se demanda Eugen.

« Oui. Sa Sainteté a dit que les peuples errants sont le mal qui perturbe l'ordre du monde. Il a dit que leur existence apporterait un jour un avenir sombre à ce monde, et qu'il était donc absolument nécessaire de les éduquer » répondit Sven.

« L'édification ? »

Eugène se demanda si l'une des tribus errantes envoyées à la Cité Sainte avait survécu.

S'ils ne pouvaient pas les amener, Sang-je, qui leur avait ordonné de tuer, les aurait-il vraiment sauvés ?

Cela rappelait la chasse aux sorcières qui existait dans l'histoire sombre du monde où vivait Eugène.

« Je ne comprends pas » Eugène ne put s'empêcher d'exprimer ses pensées.

Les serviteurs de Mara avaient simplement été expulsés, alors pourquoi Sang-je, qui faisait preuve de générosité, était-il si dur envers les tribus errantes ? Comparés aux disciples de Mara, qui trompaient le peuple pour l'expansion de leur église, les tribus errantes vivaient tranquillement comme des fugitifs. Quelle est donc la cause de ce préjugé ?

« Comment peux-tu savoir qui sont les gens qui font partie de la tribu errante ? »

demanda Eugène.

« Ils ont des caractéristiques physiques particulières. Ils se tatouent tout le corps avec des motifs et des dessins étranges » l’informa Sven

« Un motif ou un dessin ? »

Soudain, Eugène se souvint du vieux livre qu'elle avait reçu après sa rencontre avec Rodrigo, juste avant de partir dans le désert.

Pendant la préparation du rituel, elle n'avait pas eu le temps de lire attentivement le vieux livre qui, selon Rodrigo, contenait beaucoup d'incantations. Lorsqu'elle revint, elle

jeta un coup d'œil à l'ouvrage avec l'intention de l'examiner de plus près. A l'intérieur, un motif particulier dont la signification est inconnue était dessiné sur plusieurs pages.

« Vagabonds et incantations... ... sont-ils liés ? »

Une idée lui vint soudain à l'esprit et Eugen se leva d'un bond de son siège. Elle devait le rencontrer, elle devait parler au vagabond. Pour cela, elle devait se dépêcher avant qu'il ne soit exécuté.

*************************************

Le guerrier entraîna le vagabond dans la tente. Le mépris inhérent des guerriers envers les vagabonds se révéla dans la façon dont ils le manipulaient.

Le guerrier s'approcha du roi et s'agenouilla sur le sol pour le saluer.

« Votre Majesté. Je l'ai apporté » annonça le guerrier.

Kasser regarda la tribu errante d'un œil désagréable, puis se tourna vers la reine qui était assise à côté de lui. Eugène avait demandé à rencontrer les vagabonds et le fait de la voir demander quelque chose de manière aussi désespérée avait brisé sa résolution et il avait donc autorisé la rencontre, mais il était toujours réticent à l'idée que cette chose sinistre soit près d'elle.

Celui qui fut amené avait les deux mains attachées dans le dos et la bouche bâillonnée. Il s'accroupit, terrifié, et se fit tout petit devant eux.

« Dans cet état, il ne peut pas répondre à la question » Eugène commenta, et Kasser comprit le sens de ses paroles.

« Relâchez le bâillon » ordonna le roi.

Le guerrier hésita. Le roi se rendit compte de la réticence du guerrier à lui obéir et il répéta « C'est bon. Relâchez son bâillon »

Le guerrier saisit la tête de la tribu errante et la tira brutalement en arrière. Les yeux d'Eugène tremblèrent lorsqu'elle vit le visage du vagabond qui se révélait à elle pour la première fois.

« Il est jeune » pensa Eugène.

Bien qu'il soit plus âgé qu'un simple garçon, il semblait qu'il lui restait encore quatre ou cinq ans avant d'atteindre l'âge adulte. Son visage était tuméfié, comme s'il avait été violemment battu. Ses yeux étaient exorbités, ses lèvres couvertes d'ecchymoses et du sang rouge apparaissait aux coins de ses lèvres.

Son expression était pourtant impressionnante.

Ses yeux résignés s'assombrissaient sans sentiments de rancune ou de poison. Elle s'apitoyait sur son apparence et sur le fait qu'il semblait avoir déjà renoncé à la vie.

Le guerrier sortit une dague, la planta dans la bouche de la tribu errante et coupa la ficelle attachée à l'arrière de la tête. Lorsque le bâillon fut coupé, une ligne rouge fut tracée sur sa joue par la lame tranchante.

Eugène fronça les sourcils et regarda le sang qui coulait des joues des errants. Elle sentait la malice dans la façon dont les guerriers traitaient les vagabonds.

« Si ce n'était pas à cause d'une rancune personnelle, ce serait de la haine » se dit Eugène en observant les mauvais traitements qui leur étaient infligés.

Sang-je avaitdéclaré que les tribus errantes seraient capturées et tuées dès qu'elles seraient vues. Cela signifiait que le Sang-je les incitait à devenir des objets de haine.

« Sang-je... Pourquoi une entité qui représentait la volonté d'un dieu juste fait-elle cela ? »

se demanda Eugène.

« J'ai entendu dire qu'ils avaient un tatouage particulier sur le corps. J'espérais le voir »

demanda Eugène.

Après avoir entendu cela, Kasser demanda aux guerriers d'enlever le haut du vagabond.

Lorsque le guerrier tenta d'enlever ses vêtements, le vagabond, qui était couché comme une poupée il y avait quelques instants, se tordit soudainement et évita la main du guerrier.

Son visage, auparavant inexpressif, se transforma en un visage défensif.

L'expression du guerrier devint froide. Si cela s'était produit en dehors de la présence du roi et de la reine, il aurait peut-être donné un coup de poing au vagabond.

L'un des guerriers qui observait la scène à l'écart vint aider le premier à empêcher le vagabond de bouger et lui ôta ses vêtements. Si Eugène était honnête, ses vêtements ne semblaient pas être des vêtements appropriés, mais plutôt un chiffon qui avait à peine la forme suffisante pour couvrir le corps.

Le corps maigre du vagabond était couvert de tatouages.

« Approchez-vous un peu » dit Eugène.

Deux guerriers tinrent fermement le vagabond des deux côtés et le traînèrent devant la reine. La main de l'un des guerriers serra fermement l'épée autour de sa taille, en prévision d'une réaction violente du vagabond qui blesserait la reine.

Comme Eugène l'avait demandé, les guerriers tournèrent le corps du vagabond de façon à ce que l'on puisse voir clairement l'avant et l'arrière du corps. Sa poitrine, son dos et ses avant-bras étaient couverts de tatouages. Les motifs géométriques uniques ressemblaient beaucoup à ceux qu'Eugène avait vus dans les livres anciens.

« Quel est ton nom ? » demanda Eugène.

Le vagabond ne répondit pas et garda la tête baissée vers le sol.

« C'est inutile » commenta Kasser. « Ils n'ouvrent jamais la bouche. Même avant la mort

» ajouta-t-il

« Tous des vagabonds ? » demanda Eugène.

« Oui » répondit Kasser

Dans ce cas, Eugène se demanda pourquoi il est bâillonné. La réaction du guerrier qui hésita lorsqu'il lui avait dit d'enlever le bâillon lui revient aussi à l'esprit.

« Ne savent-ils pas parler ? » s'interrogea Eugène à voix haute.

« Ce n'est probablement pas le cas. Par contre, ils crient » lui dit Kasser.

Eugène jeta un coup d'œil au tatouage dessiné sur le corps du vagabond. Pourquoi les tribus errantes se font-elles tatouer des choses aussi bizarres et se mettent-elles en danger ?

L'apparence de l'homme n'était pas différente de celle des disciples de Mahar. Sans tatouages, personne ne pourrait les distinguer lorsqu'ils se mêlent les uns aux autres.

Même s'ils risquaient la mort, il y avait peut-être une raison importante pour laquelle ils avaient choisi de se faire tatouer.

« Est-ce la tradition ? Mais quelle que soit l'importance de la tradition, est-elle plus précieuse que la vie ? » Eugène ne put s'empêcher de se poser la question.

A ce moment-là, une idée lui vint à l'esprit. Et si un tatouage était gravé pour qu'ils puissent vivre ?

« Ce tatouage est-il une technique ? » demanda Eugène.

Le vagabond qui baissait toujours la tête ne répondit pas.

« Est-ce votre méthode pour fuir une alouette ? »

C'était peu, mais les épaules du vagabond tressaillirent. Mais les guerriers qui tenaient le vagabond étaient encore plus surprenants. Les yeux écarquillés, ils regardaient le vagabond de haut en bas.

Tome 1 – Chapitre 200 – Adrit est mon nom

« Sven »

La voix du roi brisa l'atmosphère silencieuse. Sven, qui ne quittait pas le vagabond des yeux, préparé à toute situation pouvant survenir, tourna son regard vers le roi et s'inclina, respectueusement.

« Oui, Votre Majesté »

« Occupez-vous de cette affaire avant qu'elle ne parvienne aux oreilles de qui que ce soit

» ordonna le roi. L'ordre du roi était aussi un avertissement pour toutes les personnes présentes.

« Je ferai ce que vous m'ordonnez » dit Sven.

Tout le monde baissa les yeux, ne voulant pas croiser le regard du roi. L'air était tendu et Eugène était confuse. Elle se retourna et vit la tête d'un cheval noir à travers les rideaux.

Kasser fit signe à Abu sans s'étonner de cet événement singulier. Le cheval noir se transforma en léopard et Abu s'avança gracieusement pour s'asseoir à côté du roi.

Kasser regarda son peuple. « Partez » dit-il à tout le monde « Partez tous, sauf l'homme

»

Guerriers et courtisans obéirent et quittèrent la tente, ne laissant que le vagabond.

Eugène fut surprise. Il n'était pas courant que les gardes laissent le roi seul et sans surveillance, mais Eugène en comprit bientôt la raison.

« C'est à cause du Hwansu » pensa-t-elle.

Tous les Hwansu n'étaient pas aussi forts, mais Abu pouvait sans aucun doute terrasser plusieurs soldats dans un combat. Les guerriers le savaient bien et pouvaient donc laisser le roi sans surveillance sans s'inquiéter.

« Tu as appelé Abu pour qu'ils partent ? » demanda Eugène.

« Si je leur ordonnais de partir, ils ne le feraient pas » dit Kasser « surtout les gardes.

C'est beaucoup moins gênant »

Kasser savait que les guerriers auraient protesté en disant « C'est notre devoir de mourir en protégeant Votre Majesté ! » Kasser ne savait parfois pas qui protégeait qui, il n'y avait de toute façon pas de guerriers plus forts que lui.

« Est-ce que j'ai fait une erreur ? Est-ce un tabou de parler du tatouage du vagabond ? »

« Eh bien... » dit Kasser en réfléchissant. Il se tourna vers Abu. « Abu » appela-t-il. Le léopard leva la tête pour répondre à l'appel de son maître. « En dehors de moi et d'Eugène, soumettez tout autre humain dans cette tente » ordonna le roi.

Abu agita sa longue queue en guise de réponse. Puis l'énorme chat posa son visage sur ses pattes et resta assis, indifférent. Eugène regarda Abu et le vagabond avec confusion.

« Abu n'attaque pas le vagabond » dit Eugène.

Elle étudia le jeune homme qui n'avait pas bougé. Bien que tout le monde ait quitté la tente, le jeune homme restait agenouillé, la tête baissée. Le tatouage sur le haut de son corps nu était bizarre.

« Abu est-il incapable de voir le vagabond ? » demanda Eugène.

« Non » répondit le roi « mais il semble qu'Abu ne reconnaisse pas le vagabond comme un humain »

En voyant Abu, Eugène devina comment les Alouettes auraient réagi en voyant le vagabond. « Votre Majesté. Saviez-vous déjà tout cela ? » Kasser acquiesça

« Depuis combien de temps le savez-vous ? » demande-t-elle.

« Eh bien... » dit Kasser « j'avais lu cela dans l'un des parchemins de la bibliothèque secrète du palais de la ville sainte. Il y a beaucoup de connaissances là-dedans. Et en tant que rois, ces connaissances sont transmises à la prochaine génération de rois »

« Qui d'autre est au courant ? »

« Les autres royaumes, probablement. Il y a peut-être plusieurs personnes qui sont au courant aussi »

« Alors pourquoi.. »

« Si tu le rends public, il y aura une grande confusion. Tout le monde sera curieux et cherchera à échapper aux Alouettes. Ce sera le chaos. Les gens jetteraient leurs moyens de subsistance pour une telle chose »

« Mais c'est quelque chose qui peut sauver des vies. Pourquoi n'essayez-vous pas ? »

« Quand je l'ai découvert, j'étais du même avis » dit Kasser en fixant le vagabond « Mais quand j'ai attrapé le vagabond pour la première fois, j'ai compris pourquoi ils ne partagent jamais cette méthode »

Eugène suivit son regard et regarda le vagabond. Le vagabond ne protestait pas, ne suppliait pas et ne s'excusait pas. Le vagabond semblait presque attendre patiemment la mort inévitable.

« Il a dû y avoir d'innombrables tentatives dans le passé »

« Mm » Kasser acquiesça. « Vous ne pourrez pas le découvrir de toute façon, mais si les gens découvrent l'existence des vagabonds, cela ne fera que semer inutilement la confusion et la panique » déclara-t-il froidement.

« Je ne sais pas si c'est un grand secret, mais ce sont eux qui ont refusé le choix de sauver beaucoup de gens » dit le roi. Il regarda Eugène « Collectionner de vieux livres était un passe-temps très utile. Il est louable que tu aies vu le tatouage et que tu aies deviné tout de suite »

Eugène rit humblement. Elle ne lui avait jamais dit pourquoi elle prêtait tant d'attention à la technique. Elle n'était pas sûre de savoir pourquoi elle le faisait.

« Même si vous avez échoué dans le passé, avez-vous l'intention d'essayer cette fois-ci ?

On ne sait jamais si on peut réussir » dit-elle.

« Ce sont ceux que le Sang-je a désignés comme pécheurs. Je ne ressens pas le besoin de le faire, si cela signifie aller à l'encontre du Sang-je » déclara Kasser.

« Je ne comprends pas, dit Eugène, pourquoi le Sang-je les persécute-t-il ? Ils perturbent l'ordre du monde, avec des expressions aussi abstraites, comment peut-il traiter la vie humaine d'une telle manière... tu ne trouves pas ça brutal ? »

« Eh bien » murmura Kasser. Il n'avait pas vraiment sympathisé avec la notion d'Eugène. « Les paroles de Sa Sainteté sont toujours abstraites. C'est la volonté de Dieu »

Eugène renifla et se mordit les lèvres pour se retenir. « C'est bien pour cela que je n'aime pas les prêtres qui croient tout savoir et qui font de Dieu une excuse pour leurs folies »

Kasser rit d'étonnement « C'est étonnamment irrespectueux pour une Anika »

Eugène lui jeta un coup d'œil, puis regarda à nouveau l'errance. Il les écoutait peut-être depuis tout ce temps, mais il n'avait pas bougé d'un poil. Il s'agenouilla, la tête baissée.

« Tu as dit qu'il n'avait même pas ouvert la bouche, pourquoi est-il bâillonné ? »

« Ne laissez pas les mains et les bouches des vagabonds libres. C'est le message que Sang-je m'a envoyé en tant que demande officielle »

« Pourquoi ? »

« On dit qu'ils jettent un sort avec leur bouche et qu'ils dessinent un motif étrange avec leurs mains pour aspirer l'énergie humaine. Si vous êtes maudit par le vagabond, votre âme flottera éternellement après votre mort » dit Kasser « Du moins, c'est ce qu'on dit »

Eugène interpréta son explication d'une manière différente. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle venait d'un monde qui ne croyait pas aux malédictions stupides ou si l'explication semblait juste un peu étirée. La demande du Sang-je semblait scandaleuse, destinée à humilier ou à lier inutilement les vagabonds.

Elle grommela, regardant le jeune homme dont la main était attachée dans le dos et la bouche bâillonnée « On pourrait quand même desserrer un peu le bâillon ? » demanda-t-elle.

« Tu es un Anika assez puissant pour transformer une Alouette en arbre. Tu es la volonté même de Dieu. Quelle malédiction peut toucher la volonté de Dieu, d'ailleurs ? »

Eugène et Kasser se regardèrent l'un l'autre et ne remarquent pas la réaction du vagabond. Eugène se tourna alors vers le vagabond.

« Je suis curieuse de ce tatouage inscrit sur ton corps » dit-elle au vagabond « tu n'as pas à me dire comment éviter les Alouettes. Connaissez-vous d'autres techniques que celles qui sont dessinées sur votre corps ? N'importe quoi, c'est bien »

Il n'y eut qu'un silence en guise de réponse.

« J'ai appris que des chamans savaient la pratiquer » continua-t-elle « et la confession de Mara utilise aussi la magie. Qu'est-ce que votre technique a à voir avec eux ? Est-ce qu'il s'agit d'une magie complètement différente ? »

Il n'y eut aucune réponse, pas même un tressaillement de la part du vagabond. Eugène soupira. C'était inutile. Elle avait l'impression de parler à elle-même ou à l'air. L'absence de réponse était si grande qu'elle était frustrante et décevante. Pourquoi les gens qui connaissent les réponses aux questions importantes préfèrent-ils mourir plutôt que d'y répondre ?

Mais elle compatissait à la situation difficile dans laquelle se trouvait le vagabond. Il était jeune. Il était probable qu'on l'avait forcé à suivre l'entraînement et qu'on lui avait lavé le cerveau avec des secrets à garder. Même si la protection de ces secrets signifiait la mort.

« Votre Majesté » dit Eugène « je sais que c'est une demande difficile, mais ne pouvez-vous pas le libérer ? »

Kasser ne dit rien pendant un moment. « Eugène.. » dit-il d'un ton qui, elle le savait, signifiait le rejet de la demande. Mais elle avait vraiment envie de le convaincre.

« Ce n'est pas comme s'il avait fait quelque chose de mal » dit-elle précipitamment « Il n'a maudit personne, même quand nous avons desserré le bâillon. Vous avez dit que les vagabonds ne répondaient à aucune question. Cela signifie que vous avez tenté d'arrêter la tribu errante. Votre Majesté croit-elle vraiment qu'ils maudissent les gens ? Avez-vous déjà remis en question Sa Sainteté Sang-Je et ses paroles ? Peut-être qu'ils n'ont pas toujours raison ! »

Eugène savait que ses paroles étaient très dangereuses. Tout le monde n'était pas fidèle à l'église, mais le Mahar était au cœur de l'idée. Et Sang-Je était pratiquement considéré comme un dieu. Eugène avait lâché ces mots et elle attendait la colère du roi. Mais il se contenta de pousser un soupir de lassitude.

« Si seulement je pouvais faire quelque chose » dit Kasser « mais trop de gens ont déjà vu le vagabond. »

« Alors ne l'exécutez pas ici ! » dit Eugène « Emmenez-le à la capitale »

« Si je l'emmène à la capitale, je dois l'envoyer à la Ville Sainte. Il vaut mieux qu'il soit exécuté ici. Seules quelques tribus errantes survivent lorsqu'elles arrivent dans la ville sainte. La plupart d'entre elles sont maltraitées en chemin et meurent misérablement »

Eugène se sentait impuissante et frustrée. Elle se sentait également repoussée par l'injustice de la situation. Mais elle ne voyait pas comment elle pourrait sauver ce jeune vagabond.

« Pourquoi veux-tu tant le sauver ? » demanda Kasser.

Eugène ne sut pas pu répondre immédiatement. Il n'y avait pas vraiment de réponse précise à une telle question. C'était une question d'humanité et de compassion. Et personne ne voulait entendre parler d'empathie dans ce monde.

« Parce qu'il est jeune » dit-elle au bout d'un moment, en choisissant soigneusement ses mots. « Je pense que tout le monde devrait avoir une seconde chance et une certaine forme de protection lorsqu'il est jeune. Il me semble cruel d'exécuter un enfant sur la base de simples préjugés »

Eugène fut stupéfaite d'elle-même. Elle se tut. Un bruit étrange se fit entendre de la part du vagabond agenouillé à quelques pas d'eux.

Kasser se pencha en avant et se leva de sa chaise. Le vagabond qui s'était agenouillé la tête baissée la releva lentement. Son visage était baigné de larmes. Il pleurait. Il grimace et pleure, les larmes coulent de ses yeux.

Kasser et Eugène furent surpris et choqués. Le vagabond ouvrit la bouche.

« Adrit » dit le jeune vagabond.

Kasser sursauta. Il était stupéfait, tout comme Eugène. Ils n'arrivaient pas à croire qu'il avait parlé. Son silence avait été si fort et si inflexible que le vagabond avait finalement parlé, ce qui avait pris Eugène et Kasser au dépourvu.

« Adrit est mon nom » dit le jeune vagabond d'une voix claire.

Eugène jeta un coup d'œil à Kasser, puis au vagabond « Tu as changé d'avis ? »

demande-t-elle. « Es-tu prêt à répondre à mes questions maintenant ? »

« Oui » dit Adrit.

« Alors.. »

« Attendez ! » dit Kasser. « La tente n'est pas insonorisée. Les gens peuvent entendre cette conversation »

« Qu'est-ce qu'on fait alors ? » demanda Eugène.

« Pour l'instant, nous devons envoyer les guerriers le surveiller » dit Kasser « jusqu'à ce que nous trouvions un moyen »

« Avant d'appeler les guerriers » dit Kasser « je vais vous demander une chose »

Adrit ne pleurait plus. Son regard était clair. Il leva la tête hardiment mais ne croisa pas le regard du couple royal. Eugène se rappela qu'il pleurait il y avait encore quelques minutes. Un jeune garçon terrifié par la situation dans laquelle il s'était retrouvé.

« Pourquoi vous êtes-vous approché de nous ? » demanda Kasser.

« Je suis venu chercher de l'eau » dit Adrit. « Pendant la saison active, j'ai déjà séjourné ici et j'ai fait un petit détour »

tags: Lire le manga Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200, BD Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200, lire Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200 en ligne, Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200 chapitre, Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200 chapitre, Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200 haute qualité, Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200 scan manga, ,

Commentaire

Chapitre 151 à 200
Attention Contenue obsène
Attention, La série : "Living as the Villainess Queen (Novel) Chapitres 151 à 200" contient beaucoup de violence, de sang ou de contenu à caractère sexuel pouvant ne pas être approprié aux mineurs.
Entrer
Sortir