The Problematic Prince (Novel) Sides Stories

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Tome 2 (Bonus) – Chapitre 154 – Une fleur s'est épanouie

Le soleil printanier pénétrait en cascade dans la chambre à travers les rideaux et s'abatit sur le lit. Bjorn plissa les yeux, fixant l'ombre des rideaux qui se balançait doucement. Il pouvait reconnaître les motifs de la dentelle comme une fleur, mais quelle sorte de fleur, c'était à n'importe qui de le deviner.

Erna le saurait, c'est elle qui avait brodé toutes les fleurs sur les rideaux pour le printemps et c'était la plus belle partie de la pièce. Elle en avait parlé avec passion et s'en était fièrement vantée au lit la nuit précédente.

Une femme de chambre était entrée après avoir frappé doucement pour voir si le couple était prêt pour le petit-déjeuner. Voyant la lumière du soleil se répandre sur le lit, la femme de chambre alla fermer les rideaux. Bjorn la remercia d'un signe de tête.

« Petit déjeuner dans le jardin » chuchota-t-il pour ne pas déranger Erna. « Dans une heure environ. »

La servante partit et la pièce redevint sereine. Le vent soufflait de la rivière Abit et les yeux de Bjorn suivaient le mouvement des rideaux, observant les ombres dansantes de la dentelle, les rubans de couleur crème sur le trophée en bois de cerf, deux paires de pantoufles placées l'une à côté de l'autre, et....Erna.

Bjorn regarda l'heure, il restait dix minutes avant que les fontaines ne soient allumées. Il regarda sa femme. Erna voulait voir les premiers jets d'eau et il avait promis de la réveiller, mais elle dormait profondément. Il semblait qu'elle ressentait les effets de leur consommation excessive d'alcool de la nuit dernière.

Bjorn décida de ne pas la réveiller et se blottit contre elle. Même lorsqu'il écarta les cheveux de sa joue, elle ne bougea pas. Elle avait l'air paisible et serein.

« Erna » l'appela-t-il par son nom.

Des souvenirs du printemps de l'année dernière lui revinrent à l'esprit, elle s'était endormie trop tôt et avait manqué la fontaine à l'époque également. Ce matin-là, pour une raison inconnue, Bjorn s'était réveillé exceptionnellement tôt.

Les sentiments qu'il avait éprouvés ce jour-là étaient les mêmes que ceux qu'il ressentait aujourd'hui, à la seule différence qu'il les connaissait maintenant.

Bjorn admira la beauté sculptée d'Erna. Tout dans ses traits finement travaillés, de sa peau de porcelaine aux ombres délicates de ses cils, en passant par son nez en bouton,

ses joues pleines de fossettes et ses lèvres parfaitement formées, était un spectacle à voir et elle était toute à lui.

« Elle est à moi » La douce lumière du soleil filtrait à travers les rideaux de dentelle, projetant une douce lueur sur son visage. Ma femme, Erna.

Ses doigts tracèrent un chemin le long de sa joue douce, s'arrêtant sur sa nuque fine. Il pouvait sentir son pouls régulier, et cela dissipait les souvenirs persistants du cauchemar de l'hiver.

Bjorn regarda lentement l'horloge par-dessus son épaule. Cinq minutes. Il était temps de réveiller le cerf endormi.

« Erna » dit Bjorn un peu plus fort qu'avant. Il se pressa contre le corps doux de la jeune femme. Elle se blottit contre lui.

Il détestait la déranger, d'autant plus que sa chaleur était si invitante et confortable.

Cette scène lui rappela des souvenirs, comme le matin de l'année dernière, lorsque les premiers jets de la fontaine scintillaient et que la chaleur apaisante du soleil printanier l'étreignait. À son insu, des souvenirs qu'il avait oubliés refirent soudain surface, laissant un regard persistant dans ses yeux.

« Réveille-toi, Erna » Bjorn tapota le nez d'Erna d'un air amusé. « Si tu ne le fais pas, tu vas rater la fontaine »

Les doigts de Bjorn se promenèrent doucement sur les joues d'Erna. Alors qu'elle s'agitait et se tournait, Erna ouvrit lentement les yeux. Bjorn l'observa en souriant, tandis que ses yeux bleus, encadrés par une ligne de cils sombres, le regardaient.

« La fontaine ? » marmonna Erna d'un air rêveur.

Bjorn rit tandis qu'Erna se redressait brusquement. La lumière du soleil faisait briller sa peau nue. Les marques cramoisies de la nuit précédente ornaient son corps, comme les bourgeons d'une fleur sur une branche arrosée. Elle était comme un être divin, sa seule et véritable déesse, une divinité toute puissante de la beauté et de l'amour, et il la vénérait, même si c'était une biche folle.

Bjorn aida Erna à sortir précipitamment du lit et, malgré les effets persistants de l'alcool, elle enfila une robe de chambre et se précipita sur le balcon. Ses petites pantoufles soignées sont restées sur place. Elles étaient plus petites que la main de Bjorn.

Avec un soupir, Bjorn sortit du lit avec moins de grâce et ramassa les pantoufles, suivant la déesse aux pieds nus.

« Bjorn, viens » appela Erna dans la chambre. Personne n'aurait pu deviner que c'était elle qui avait failli ne pas se réveiller.

C'était un de ces matins où il se sentait capable d'accomplir n'importe quoi. À grandes enjambées, il sortit sur le balcon. Les yeux d'Erna s'écarquillèrent lorsqu'elle vit ce qu'il brandissait dans ses mains. Elle n'avait pas remarqué qu'elle était pieds nus.

Décidant de ne pas la taquiner davantage, Bjorn lui mit docilement les pantoufles aux pieds. Ses orteils agités se glissèrent dans le tissu doux des pantoufles et elle laissa échapper un petit rire.

Erna se brossa rapidement les cheveux et ajusta les bretelles de sa robe. Bjorn se plaça à côté d'elle et, ensemble, ils contemplèrent les jardins du palais Schuber. La fontaine ne tarda pas à s'animer. Erna éclata d'un rire d'enfant lorsque l'eau jaillit dans le ciel et dessina un léger arc-en-ciel dans la lumière du soleil matinal.

« Nous devrions faire cela tous les ans » dit Erna, sans quitter la fontaine des yeux. « Je pense que cela devrait être l'une de nos traditions. »

Tradition...

Bjorn murmura le mot comme s'il roulait un bonbon sucré autour de sa bouche. Il avait dû se souvenir de ce petit détail dans la brume alcoolisée de la nuit dernière, quand Erna avait aussi parlé de traditions, avec un sérieux sur son visage qui ne correspondait pas aux choses obscènes qu'elle faisait avec ses mains.

« Comme tu veux, Erna » dit Bjorn. « Ce serait parfait si la veille faisait aussi partie de la tradition. »

« Qu'est-ce que tu racontes ? »

Erna était prise au dépourvu. Le goût persistant du vin doux-amer de Buford et la caresse de la douce brise nocturne, le baiser audacieux qui avait tout déclenché, le son du rire de Bjorn et la chaleur rafraîchissante du contact de leur peau. Tous ses souvenirs de la nuit dernière étaient presque trop parfaits et laissaient Erna rougir d'embarras.

« Ma femme semble ne se souvenir que de la moitié de ce qui s'est passé hier soir » dit Bjorn en laissant échapper un rire agréable. ‘Je suppose que le reste appartient à tous les autres souvenirs dont on ne se souvient pas »

Contrairement à son sourire malicieux, Bjorn tendit la main comme seul un Prince élégant peut le faire, comme s'il invitait Erna à danser. Erna se souvint soudain des enseignements de sa grand-mère, selon lesquels le diable séduit avec le plus beau visage.

« Peut-être » dit Erna, faisant comme si elle ne venait pas de le conquérir, et elle lui prit la main.

Tous deux se tenaient sur le balcon, la main serrée, et regardaient l'eau scintillante sous le soleil du matin, jusqu'à ce que le canal se remplisse et se jette dans la rivière Abit.

C'était leur deuxième printemps ensemble.

C'était le début d'une tradition assez satisfaisante.

Ps de Ciriolla : allez on attaque les bonus... vous allez tellemet les adorer

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 155 –

Tendance

Le jour du départ, le port de Schuber était plus animé que d'habitude, les gens se pressant sur le front de mer pour voir le couple grand-ducal partir en croisière.

La clameur pour une place de choix n'avait pris fin qu'à l'arrivée du carrosse transportant le Grand-Duc et la Duchesse. La garde royale, resplendissante dans son uniforme, mit de l'ordre et libéra le passage pour la voiture. Lorsque la porte s'était ouverte, les gens avaient poussé des cris de joie.

Lisa regarda Erna, débordant de fierté devant la beauté de sa maîtresse. Erna portait une nouvelle robe de printemps rose pâle et était d'une beauté à couper le souffle. Quoi qu'on en dise, c'était ainsi que Lisa la voyait.

Lisa lutta contre l'envie de crier son admiration au monde entier, comme le faisait la foule rassemblée. La foule applaudit avec une telle ferveur que personne n'aurait deviné les paroles haineuses qu'ils avaient prononcées autrefois à l'égard de la Grande-Duchesse. Il n'était pas exagéré de dire que le Grand-Duc et la Duchesse Schuber étaient le couple le plus aimé de tout le pays.

Même parmi les domestiques, tous semblaient avoir oublié les rumeurs et les commérages auxquels ils se livraient. Lisa gardait ses distances avec eux, elle ne voulait pas que leur ruse inconstante déteigne sur elle, mais en même temps, elle pouvait y voir un résultat positif.

Lisa avait même suggéré à Erna de couper les ponts avec eux et de recruter de nouveaux collaborateurs, mais Erna n'était pas du tout d'accord. Erna ne les blâmait pas et disait que c'était simplement parce qu'ils ne comprenaient pas la vérité sur la Princesse Gladys. De plus, elle ne voulait pas se débarrasser d'un personnel qui avait fidèlement servi Bjorn pendant toutes ces années.

Même si ce n'était pas le bon choix, Lisa soutiendrait sa maîtresse dans toutes ses décisions. Qu'elle ait raison ou tort, c'était une évidence depuis que Lisa avait tenu la main d'Erna lorsqu'elle était venue la chercher au manoir Hardy, il y a si longtemps. Lisa était certaine qu'Erna resterait une âme bienveillante jusqu'à ce qu'elle devienne grise et vieille.

Les yeux de Lisa se reprécisèrent lorsqu'elle aperçut Karen, la femme de chambre en chef, qui marchait devant elles. Lisa préparait sa vengeance contre cette femme à deux visages, mais c'était difficile sans aller à l'encontre des souhaits d'Erna. Finalement, Lisa se résolut à gravir les échelons de l'ambition et elle se vengera en prenant la place de Karen, qu'elle se l’était promise.

Karen regarda par-dessus son épaule comme si elle sentait le regard ardent de Lisa sur elle. Lisa détourna les yeux, comme un prédateur qui attendait le bon moment pour bondir. Elle s'accrochait à la vision d'être la servante en chef de la résidence du Grand-Duc.

Une fois à bord du navire, le Grand-Duc alla parler au capitaine, tandis qu'Erna resta sur le pont et salua toutes les personnes qui étaient venues les voir partir. Erna salua et afficha un sourire chaleureux, établissant un contact visuel avec tous ceux qu'elle pouvait. Lorsque Bjorn fut revenu, il s'était penché près d'Erna et avait dit quelque chose que Lisa n'avait pas compris. Quand Erna a souri, Lisa eut la certitude que Bjorn tiendrai sa promesse d'être un bon mari.

Avec un sentiment de libération, Lisa se laissa aller à apprécier le moment et sourit largement. Le prince la regarda par-dessus son épaule, lui lançant un regard comme s'il avait repéré une folle furieuse, mais Lisa ne se laissa pas abattre. Le prince traitait sa maîtresse comme le trésor le plus précieux du monde et cela lui suffisait.

Lisa suivit le Grand-Duc et la Duchesse pendant qu'ils se dirigeaient vers leur cabine.

Elle respirait l'assurance et le calme lorsqu'elle aperçut la baguette du prince qui scintillait dans la lumière du soleil.

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« Serait-ce à cause de l'amour ? » ruminait Erna. « Il n'y a pas d'autre façon de l'expliquer. »

Bjorn fronçait les sourcils en s'asseyant à la table en face d'elle. Les domestiques continuèrent à déballer leurs bagages et les laissèrent à leur solitude une fois qu'ils eurent terminé. Le soleil de midi pénétrait par le petit hublot, de la même couleur vibrante que les cheveux platine de Björn.

« Leonid s'est retiré de la tournée à cause de l'amour ? » Bjorn gloussa en refermant le couvercle de la boîte à cigares qu'il avait l'habitude d'ouvrir.

Il faisait référence à la visite impromptue de Leonid la nuit précédente. Il voulait venir leur souhaiter bonne chance pour leur tournée, car il ne pourrait pas se rendre en personne sur les quais pour les voir partir. Bjorn n'arrivait pas à se défaire de l'impression que Leonid agissait de façon plutôt étrange.

C'était la seule conclusion à laquelle Erna et lui pouvaient penser, après avoir été témoins du comportement plutôt étrange de Leonid. Bjorn savait que l'inquiétude des fonctionnaires concernant la santé du prince héritier n'était pas fondée, mais... l'amour ?

Bjorn chassa cette idée absurde de son esprit et croisa les bras sans les serrer. Il était inimaginable que son frère raisonnable se tourna vers l'idiocratie à cause de l'amour.

« Je ne pense pas que ce soit de l'amour, Erna, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, mais il y a bien quelque chose qui se passe chez lui » affirma Bjorn d'un ton calme.

Erna céda et se leva de son siège, faisant le serment solennel de découvrir la vérité, même si elle devait recourir à des méthodes extrêmes une fois rentrée chez elle. Pour l'instant, elle était occupée par toutes les activités qu'elle voulait faire sur le bateau de croisière.

« Bjorn, viens te reposer. Tu es resté à la banque jusque tard dans la nuit » dit Erna en regardant sa montre.

« Et toi ? »

« Je veux aller au déjeuner. »

« Déjeuner ? »

« Oui, les Rocher sont à bord et la comtesse m'a demandé de me joindre à elle. J'ai promis à l'avance, alors je dois y aller » Il n'y avait pas un soupçon de regret dans les manières d'Erna.

« Ah, Rocher » acquiesça Bjorn.

Chaque jour qui passait, Erna prenait de plus en plus d'assurance dans sa position d'hôtesse du palais Schuber et s'aventurait plus loin dans le domaine social.

Erna avait parcouru un long chemin depuis la timide fille de la campagne qui s'en remettait à des livres d'étiquette dépassés et, bien qu'elle ne soit pas devenue une reine de la société du jour au lendemain, sa nature introvertie se faisant toujours sentir, ses réalisations étaient remarquables.

Son amie la plus proche était Clara Rocher, l'une des jeunes femmes les plus distinguées de la maison Rocher. Même Mme Fitz tenait Clara en haute estime.

« Je serai de retour dans une heure ou deux » dit Erna, en donnant à Bjorn un léger baiser sur la joue, avant de quitter précipitamment la cabine.

Lorsque la porte se referma, Bjorn enleva sa veste la jetant sur la chaise longue. Un petit rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il s'allongeait sur le canapé. Il était un peu décontenancé, mais il avait eu droit à une petite pause et, concluant que c'était un bon début de voyage, il ferma les yeux

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Erna semblait certainement apprécier sa nouvelle confiance et son indépendance, n'ayant plus à compter sur son mari pour la protéger contre toutes les normes sociales imposantes.

Cette nouvelle autonomie avait permis à Bjorn de profiter d'un voyage en mer tranquille, en se plongeant dans son travail. Il lui arrivait même de s'ennuyer, comme ce jour-là.

« Où est Erna ? » demanda-t-il à son accompagnateur, de retour d'une réunion avec la délégation.

« Son Altesse est dans la chambre à coucher » lui répond le serviteur.

Une réponse inattendue, car Bjorn s'attendait à moitié à ce que le domestique lui annonce qu'Erna passait à nouveau la soirée avec un certain membre de la famille Rocher, dont le nom commençait à lui taper sur les nerfs.

Bjorn se dirigea vers la chambre à coucher. Il lui restait encore une heure avant de se rendre à la réunion suivante, qui consistait à présenter quelques messieurs aux magnats des affaires de Felia, ce qui lui laissait amplement le temps de se promener sur le pont avec sa femme. Il n'y aurait pas de mal à s'adonner à une activité plus agréable.

« Bjorn » dit Erna d'un ton enjoué, lorsque Bjorn entra dans leur chambre. Erna était assise devant sa commode et avait l'air de venir de s'habiller.

Les servantes qui s'occupaient d'elle s'éloignèrent, et Bjorn traversa la pièce à grands pas pour la rejoindre. La splendide robe de soirée qu'elle portait, qui dévoilait une poitrine et des épaules généreuses, était loin du style habituel d'Erna.

Bjorn examina attentivement la poitrine pâle et les épaules d'Erna, lui faisant face avec une expression calme.

« Qu'en penses-tu, apparemment c'est la dernière mode » dit Erna en faisant un petit tour sur elle-même et en faisant voler les volants de la robe.

Bjorn se contenta de hocher la tête. Il n'avait pas l'impression que la mode avait pris un tournant décent dans son esprit, mais Erna avait l'air d'une fleur à l'envers et elle était belle malgré tout.

« Tu vas à la fête ? » dit Bjorn en examinant le collier exquis qu'Erna portait. Un pendentif en diamant bleu, le même bijou qu'il lui avait offert pour son premier anniversaire.

« Oui » dit Erna en souriant et en hochant la tête. Les bijoux dans ses cheveux, dans sa tresse de mousquet, tintèrent tandis que son hochement de tête les faisait danser.

« Je ne crois pas avoir reçu d'invitation » dit Bjorn, après avoir jeté un coup d'œil en coin à Lisa.

« Ne vous inquiétez pas, j'en ai reçu une par hasard et comme vous êtes occupée, j'ai décidé de ne pas le faire. »

« La comtesse Rocher ? »

« Non, M. Winfield. Le monsieur que j'ai rencontré il y a quelques jours »

Les Winfield, Bjorn les connaissait, mais pas très bien. Il s'agissait d'une famille du Nouveau Monde, amie des Rocher et désireuse de se lier d'amitié avec la famille royale.

« Ah, il faut que j'y aille » dit Erna alors que l'horloge sonna.

Lisa s'installa avec le reste des servantes pour bricoler et mettre de l'ordre dans le look d'Erna. Elles étaient comme de minuscules oiseaux qui s'agitent autour d'un crocodile tolérant, gazouillant les unes les autres et se déplaçant aussi vite qu'elles le pouvaient avant que le crocodile ne perde patience.

Bjorn observait l'agitation avec un sourire amusé. En ce qui concernait sa femme, il n'y avait rien qu'il ne tolérerait pas. Pourtant, il avait l'impression qu'il y avait beaucoup de gens à virer.

« Je serai de retour quand vous aurez terminé votre prochaine réunion » dit Erna avant de s'envoler vers la sortie en faisant un signe de la main.

N'ayant plus rien à faire, Bjorn quitta la chambre et alla fumer un cigare sur le pont attenant à leur cabine. Le ciel, de l'autre côté de la mer, était d'un rose éclatant.

« Winfield » dit Bjorn en réfléchissant au nom de l'homme.

C'était un homme honnête, un bon homme d'affaires, qui avait l'air assez jeune lorsqu'il avait salué Erna à l'embarquement. Son compliment ne ressemblait en rien aux salutations formelles que Bjorn avait entendues. Fallait-il s'étonner que Bjorn n'apprécie pas vraiment cet homme ?

Bjorn jeta son cigare à moitié fumé dans la mer lorsqu'un préposé vint lui rappeler le rendez-vous prévu. Bjorn acquiesça joyeusement et se dirigea vers son prochain rendez-vous.

Ps de Ciriolla : de nouveau en voyage en amoureux... mais avec tellement plus de sentiments

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 156 – Gravité

et répulsion

Un coq huppé. Des iris élégants. Un chat paresseux qui se réveillait de sa sieste.

Erna imaginait les différentes scènes qui lui rappelaient Buford alors qu'elle était assise dans la splendide salle de banquet. La tension dans sa poitrine se relâcha un peu et, bien que la comtesse Meyer ait été un chaperon sans cœur, elle lui était profondément reconnaissante de lui avoir enseigné ce petit tour.

« Tu t'ennuies ? » dit Clara Rocher.

« Non, pas du tout » dit rapidement Erna en souriant.

Erna se rendit soudain compte que des dizaines d'yeux la regardaient, elle sursauta, mais chassa rapidement ce sentiment.

Calmant son cœur qui battait la chamade, Erna reprit la conversation tandis que chacun discutait de ses projets de voyage, des endroits qu'il visitait, des événements sociaux auxquels il participait et de la prévisibilité des événements inattendus. Le petit orchestre continuait sa mélodie tout en parlant.

« Votre Altesse, voulez-vous vous joindre à moi ? »

Une voix polie coupa le bourdonnement des bavardages, demandant une danse. C'était M. Winfield, celui qui avait organisé cette petite fête.

« J'aimerais bien, mais le champagne que vous avez servi était assez fruité et léger, il me semble que j'ai bu plus que de raison » Erna montra son verre vide et la bouteille vide à côté. « Merci pour l'honneur de la première danse, mais je crains de me ridiculiser dans ma stupeur. Je chérirai votre bon cœur, M. Winfield. »

Prenant en considération sa pauvre Lechen, Erna transmit son refus poli d'un ton clair et plus lent que d'habitude. L'étiquette aurait voulu qu'elle accepte la demande de M.

Winfield, mais il semblait peu probable qu'elle puisse se rapprocher d'un autre homme sous cette apparence.

Erna portait une tenue qui se fondait bien dans l'événement public, mais qui était très inconfortable. La robe dévoilait une grande partie de sa poitrine et de ses épaules, ce qui laissait supposer un manque de moralité.

Malgré sa gêne, Erna résista à la tentation de porter un châle et sourit poliment. M.

Winfield avait l'air déçu, mais heureusement il n'insista pas. Un sentiment d'admiration subsista lorsqu'il promit qu'il la rattrapera la prochaine fois.

Il partit danser avec la duchesse de Berg. Lorsqu'ils dansèrent ensemble, tous les regards se tournèrent vers eux. Erna, soulagée d'être libérée des regards, poussa un soupir de soulagement.

Bien qu'elle eut des sueurs froides et que sa voix tremblait un peu, elle était remplie d'une joie immense. Elle avait réussi à garder son sang-froid, ce qui représentait un progrès considérable par rapport à ses tentatives passées d'interactions sociales, où elle s'agitait et s'effrayait sous le regard scrutateur des autres.

Prenant une gorgée d'eau pour s'humecter les lèvres, Erna se redressa et observa l'animation de la fête sur le bateau. Même si elle était une grande duchesse digne, elle ne pouvait s'empêcher de sourire.

Elle avait hâte de retrouver Bjorn et de se vanter de ses exploits. Elle allait tout raconter, en insistant sur la qualité de son travail. En y réfléchissant, elle ne regrettait pas trop l'absence de Bjorn, être seule lui permettait d'embellir son récit.

Le conte enchanteur selon lequel les Lechen adoraient désormais leur Grande-Duchesse servait de bouclier protecteur au cœur d'Erna. Une fois qu'elle avait commencé à croire en elle, elle avait pu se débarrasser du sentiment d'être une idiote indigne et elle avait pu affronter le monde à son propre rythme.

Naturellement, la magie ne s'était pas produite du jour au lendemain et ce n'était pas parce que l'ombre de la princesse Gladys s'était dissipée qu'il n'y avait pas eu de personnes qui ne croyaient toujours pas qu'Erna aurait dû être Grande-Duchesse. Erna était bien consciente que de telles personnes étaient toujours présentes autour d'elle, mais leurs opinions n'infligeaient plus une blessure aussi profonde qu'auparavant.

« Je t'aime, Erna » Avec l'aveu d'amour de Bjorn, tout son univers avait changé. Cela pouvait paraître étrange, mais c'était une vérité indéniable.

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En reconnaissant le prince de Lechen, les invités de la fête s'inclinèrent poliment et s'écartèrent pour libérer le passage. Bjorn s'inclina poliment en retour et trouva fastidieux le besoin constant de renvoyer les servantes.

La réunion n'avait pas retenu son attention et, tout au long de la soirée, il se rendit compte qu'il avait été excessivement irritable. La raison en était douloureusement évidente, la vérité était indéniable. Le sentiment qui persistait depuis le début du voyage, ou peut-être même depuis le moment où il était rentré à Schuber en tenant la main d'Erna.

Lorsque la valse prit fin, Erna se redressa rapidement et remit de l'ordre dans sa tenue.

Une agitation éclata à l'entrée de la salle et se propagea peu à peu dans la salle.

« Votre Altesse, votre Altesse, regardez par là » dit Clara Rocher avec excitation.

Clara s'approcha précipitamment d'Erna, le pas rapide et léger, la voix pleine d'excitation. Erna regarda l'entrée et eut un sursaut involontaire en voyant un loup entrer dans le hall.

C'était un loup magnifique et de grande taille, d'une beauté saisissante.

Bjorn regarda Erna, le regard aussi profond que la mer au clair de lune, tandis qu'il contemplait le désir qu'il éprouvait pour elle. Erna était différente de ce qu'elle était auparavant, ses yeux étaient remplis d'amour. Son sourire était toujours le même, mais il n'arrivait pas à se débarrasser d'un sentiment troublant de disparité.

Bjorn vint se placer devant Erna, avec un léger écart entre eux, un écart qu'il n'arrivait toujours pas à combler.

« Bjorn ? » dit Erna, les yeux écarquillés d'étonnement, la voix teintée de confusion.

L'attente de la voir ravie avait manqué son but.

Bjorn se pencha et baisa le dos de la main de sa femme avec un sentiment de fierté. Les spectateurs se mirent à chuchoter bruyamment et Bjorn se plaça à côté d'Erna, tenant toujours la main qu'il venait de baiser.

« Regarde ça » dit Erna.

Bjorn tourna son regard vers sa femme et put voir une lueur malicieuse dans ses yeux, ainsi qu'un soupçon de compétitivité. Alors qu'il vérifiait habituellement sa montre à gousset, il pouvait voir son propre visage pitoyable se refléter. Si Erna s'était rendue à une fête qui ne l'intéressait pas, c'était tout simplement parce qu'elle était devenue cette femme, cette femme espiègle.

« Son Altesse, le Grand-Duc, j'ai été attristé d'apprendre que vous ne pouviez pas venir, mais vous voilà. »

« Ah, M. Winfield » dit Bjorn avec un léger sourire charmeur. « La réunion s'est terminée plus tôt que prévu. » Bjorn entrecroisa ses doigts avec ceux d'Erna et s'accrocha à la femme qui tentait de s'enfuir. « J'ai eu du mal à me dégager, car je voulais passer du temps avec ma femme. »

Les spectateurs éclatèrent de rire devant ces mots si bien placés. Bjorn jeta un coup d'œil à Erna, dont les joues virèrent au rouge. Bjorn se rendit compte qu'il avait peut-être fait quelque chose de stupide, mais que cela en valait la peine.

Le prince de Lechen est fou de sa femme. Cette rumeur circulera sur le navire dès le matin.

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La panique provoquée par l'apparition soudaine du Prince ne se calma que lorsque l'orchestre se réveilla pour la danse suivante. Erna, débarrassée des gens qui s'étaient pressés à la rencontre du Prince, entraîna Bjorn dans un coin discret de la salle.

« Bjorn, comment est-ce arrivé ? » Les joues et les lobes d'oreilles d'Erna sifflaient d'une légère chaleur. Bjorn continua de sourire en haussant les sourcils.

« Comme je l'ai dit, les réunions sont ennuyeuses et je voulais voir ma femme, de plus, je commençais à être agacé par tous ces hommes qui regardaient ta poitrine »

« Oh mon dieu, quelle chose incroyablement grossière à dire »

« Moi, grossier ? »

« Oui, je n'avais pas réalisé que le Grand-Duc était si peu à la mode, si peu prétentieux »

« Wow, je ne savais pas que ma femme était une telle autorité en matière de mode »

« Oh, bien sûr, rien que ce soir, j'ai reçu de nombreux compliments pour ma belle robe, de la part d'hommes et de femmes » dit Erna avec force, essayant de faire comprendre son point de vue. Il y avait aussi un sentiment de honte, mais cela ne voulait pas dire que c'était à cause de la robe.

« Cela ne veut donc pas dire que je ne m'habille jamais pour rabaisser la position de la Grande-Duchesse » dit Erna.

« Je sais » Bjorn acquiesça et lève les yeux au ciel.

Erna fut hypnotisée par ces yeux gris et froids et ne put s'empêcher de soupirer doucement. Alors qu'elle avait d'abord utilisé son état d'ébriété comme excuse pour refuser une danse, elle avait l'impression d'être réellement en état d'ébriété à présent.

« Alors pourquoi critiquez-vous ma robe ? »

Bjorn sourit à cette question soigneusement construite. « Je ne critiquais pas »

« Et alors ? »

« Eh bien, la jalousie, peut-être » L'expression enjouée de Bjorn était devenue sérieuse et Erna avait saisi le changement d'humeur.

« Arrête, ne fais pas ça » dit Erna au bout d'un moment. « Je travaille dur. »

« Tu travailles dur ? »

« Oui, j'essaie vraiment de ne plus compter sur toi et de ne plus attendre trop de toi, comme avant »

Erna se souvint de la règle stricte qu'elle s'était fixée pour ne pas répéter les erreurs du passé. Bjorn ne saurait jamais combien de fois elle s'était fait cette promesse, devant le destin de l'amour.

« Alors, Bjorn, ne fais pas ça. Je suis tellement troublée quand tu fais ça que mon cœur en est ébranlé » Erna partagea ses pensées avec une expression sérieuse, s'expliquant soigneusement. On aurait dit qu'elle enseignait à un enfant.

« Alors je suppose que je vais devoir le secouer encore plus » dit Bjorn en fronçant les sourcils d'un air amusé. « J'aime bien quand tu t'inquiètes »

S'agissait-il d'une plaisanterie fourbe, ou d'une plaisanterie sincère ? La frontière restait incroyablement difficile à percevoir, mais une chose restait claire : cet homme était un méchant. En fait, il était résolument désagréable.

Ps de Ciriolla: la jalousie n'a pas quitté Bjorn...

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 157 – La lune

lupeuse

« Ce ne sera pas facile » dit Erna d'un ton tranchant sur la mélodie de la valse. « Je crois que c'est toi qui es le plus anxieux, n'est-ce pas ? »

« Vous avez l'esprit vif. »

Bjorn tendit lentement la main devant Erna alors que la musique reprenait dans une nouvelle valse plus douce qui ressemblait à une nuit de printemps.

« Non, Bjorn » dit Erna, reconnaissant la signification du geste. « J'ai refusé des danses toute la nuit, sous prétexte d'avoir trop bu. Si je danse avec toi, je me dévoilerai »

Erna regarda la salle qui regorgeait de couples dansants, regrettant son mensonge alors qu'elle s'imaginait être celle que l'on faisait virevolter sur la piste. Si elle avait su que ce serait comme ça, elle aurait supporté, même si elle était gênée.

« Va-t-en » dit-elle.

Bjorn laissa échapper un petit rire et, alors qu'elle le regardait d'un air interrogateur, il lui indiqua une porte qui donnait sur un balcon.

Alors qu'elle hésitait, Bjorn passa un bras autour de sa taille et la guida vers la porte.

Son geste était gracieux et détendu, peu caractéristique d'une personne cherchant à s'échapper.

« Bjorn » dit Erna, réticente à suivre Bjorn et à s'arrêter. Elle était plus préoccupée par les ragots qui pourraient découler d'une telle action.

Bjorn ne s'arrêta pas et, alors qu'elle essayait de rester disciplinée, les battements de son cœur s'accélérèrent. En franchissant le seuil, elle leva la tête face à la brise fraîche de la mer et vit la lune éclairer l'étendue.

« Voulez-vous danser une chanson avec votre impatient mari, madame ? » dit Bjorn en lui tendant la main.

Ils dansèrent avec la lune comme lustre, suivant la mélodie de la valse jouée dans la salle, suivant le vent et la gravité perdue de leur cœur.

Erna ne se soucia plus de la salle de banquet. La ligne qu'elle s'était efforcée de ne pas franchir s'était effacée depuis longtemps. Cet homme était toujours mauvais et elle

pensait qu'il était normal de tomber dans le mauvais amour pour une nuit. Le sort gardera son cœur au matin.

« Tu sais Bjorn, tu as l'air d'être plus doué pour les rendez-vous que je ne le pensais » dit Erna, un sourire timide apparaissant sur son visage enflammé.

« Les rendez-vous ? »

« Nous sommes en train de sortir ensemble, n'est-ce pas ? »

Sortir... il l'avait dit ça l'époque parce qu'il voulait la récupérer.

Au lieu d'insister sur la vérité, Bjorn acquiesça. Ce n'était pas si mal de sortir avec sa femme. Les mots prononcés au manoir Baden devaient être désespérément sincères.

« Sortir avec quelqu'un, c'est bien » dit Erna, qui l'admira innocemment en s'éloignant. «

Continuons à sortir ensemble comme ça, Bjorn. »

« D'accord » acquiesça Bjorn, heureux. « Autant que tu veux »

Bjorn entoura d'une main les épaules d'Erna qui tentait de s'éloigner, et son monde entier brilla dans les yeux d'Erna, qui souriait comme une enfant.

Suivant son exemple, Erna dansa légèrement et magnifiquement. Bjorn retint inconsciemment sa respiration en regardant sa femme, les yeux aussi calmes que la mer nocturne.

Ils se tenaient sous le clair de lune, qui rendait la peau d'Erna plus pâle. L'ourlet de la robe flottait comme une vague et sa petite main en tenait doucement le côté. Elle regardait Bjorn avec des yeux clairs qui le regardaient d'un air rêveur. Il avait l'impression de comprendre les poètes et les écrivains qui écrivaient des poèmes d'amour ennuyeux au détriment des nombreuses choses plus amusantes que l'on peut faire avec une femme.

« Bjorn » murmura Erna en le regardant d'un air absent. « Bjorn. »

Il était distrait, regardant la lune et fredonnant sa propre chanson. Plutôt que d'avoir quelque chose à dire, il semblait vouloir continuer à faire sa petite blague. Erna se mit à rire, car elle trouvait amusant qu'il s'amusa encore à faire des tours de passe-passe pour lire clairement dans ses pensées.

****************************

Bjorn baissa le regard et plissa les sourcils de surprise, ce qui ne lui ressemblait pas.

Erna s'approcha du pas de valse, tendit les bras et l'enlaça autour du cou. L'odeur et la chaleur de son corps doux et sucré se mêlèrent au son de son rire.

La danse s'était arrêtée. Erna leva les yeux vers le visage de Bjorn et se sentit nerveuse.

Bjorn poussa un soupir langoureux et serra Erna dans ses bras. Le couple Ducal, qui

valsait parfaitement, disparut et il ne resta plus que deux amoureux qui se déplaçaient sur le balcon au rythme de la musique.

« Fais attention à tes paroles et à tes actes, Erna » Bjorn chuchota à l'oreille d'Erna, qui gloussa tant cela la chatouillait. « Si tu continues comme ça, je vais devoir quitter la fête et retourner dans la chambre à coucher »

Erna cligna des yeux, embarrassée, et baissa la tête, enfouissant son visage dans la poitrine de Bjorn. Elle lui appartenait toujours et il ne semblait pas y avoir d'échappatoire pour elle.

« Bjorn. » Ne sachant que faire, elle leva son visage rougissant pour rencontrer le sien et il lui adressa un signe de tête poli. Il ne ressemblait pas à l'homme qui lui avait murmuré des mots obscènes.

La lune lupeuse... Erna se souvenait des contes enchanteurs de sa grand-mère sur les nuits de pleine lune. La légende parlait de la lune lupeuse qui éclairait les enfants espiègles et en faisait des proies faciles à kidnapper pour le loup possédé par la lune.

Les doux murmures de sa grand-mère au sujet de cette légende ne manquaient jamais de faire frissonner Erna. Hâtivement, elle enfilait sa chemise de nuit et se réfugiait sous sa couverture, cherchant à chasser ses peurs.

Pourtant, dès que sa grand-mère la couvrait d'éloges, la considérant comme une bonne enfant que la Lune lupeuse ne toucherait pas, ses craintes s'évanouissaient. Les paroles réconfortantes de sa grand-mère effacèrent la terreur des hurlements du loup qui hantaient la nuit.

Déterminée, Erna se promit d'être encore une fois une bonne enfant ce soir.

Son esprit errait sans but, perdu dans une mer de pensées.

« Bjorn... en fait... moi aussi »

Malgré son intention, ses lèvres frémissantes exprimèrent quelque chose de tout à fait différent.

Peut-être était-ce la magie de la lune, qui possédait un pouvoir d'attraction et de répulsion, rendant Erna innocente de tous les crimes commis sur ce balcon.

La magie de la lune dansait dans son cœur, tissant une tempête tumultueuse de pensées et de sentiments qu'elle peinait à comprendre.

*************************

La cabine résonnait du bruit des portes qui s'ouvraient et se fermaient. Erna se laissa tomber sur le lit, fixant le plafond qui fut rapidement remplacé par le visage de Bjorn.

Etait-ce parce que la mer reflètait la lumière de la lune ?

La chambre était baignée d'une lueur brillante. Prise d'angoisse, elle jetta un coup d'œil vers le quai. La chambre, habituellement éclairée par une seule lampe, était maintenant inondée d'une luminosité extraordinaire grâce au clair de lune.

« Ma femme est très détendue. » Bjorn jeta sa veste et sa cravate, puis saisit le visage d'Erna. Lorsqu'elle sentit sa main, elle leva les yeux vers les yeux gris de Bjorn. « Cela blesse ma fierté. »

Ces mots, prononcés dans un sourire tordu, n'avaient rien d'une plaisanterie, car il l'embrassa avec une passion féroce. Une main tira sur sa robe pendant qu'ils s'embrassaient et eut l'impression d'être dévorée vivante par le tissu. Lorsqu'elle rencontrait un nœud serré ou un bouton caché, un juron s'échappait des lèvres d'Erna.

« Le reste plus tard. »

Bjorn jeta un petit bouton qu'il avait accidentellement arraché et se leva. Dans son ombre, Erna cligna des yeux nerveusement et haussa les épaules. Sa robe négligée remontée jusqu'à la taille mettait en valeur sa poitrine qui se soulevait et s'abaissait dans une expiration rapide.

« Tu vas bien ? » Bjorn regarda Erna avec un visage calme, assez pour lui donner une impression sans cœur, alors qu'il tirait sur l'ourlet de sa jupe. Surprise, Erna trembla, mais elle ne put résister à sa force physique.

« C'est bon. »

Après être resté allongé un moment, le regard de Bjorn revint sur le visage d'Erna. Erna comprit la signification de ce regard et retira ses sous-vêtements. Bjorn s'abaissa entre les jambes largement écartées de la jeune femme et avait poursuivi son objectif sans plus attendre.

Erna poussa un gémissement en cherchant le mauvais garçon au clair de lune. Elle avait du mal à respirer, comme si elle était à moitié immergée dans l'eau. Elle appela Bjorn en gémissant comme une bête prise au piège.

Alors que son corps tremblait et s'affaissait faiblement, Bjorn releva la tête. Elle respirait bruyamment, enveloppée dans sa robe en désordre et en lambeaux. C'était comme s'allonger dans une grande fleur.

Bjorn regarda le long des collines de soie jusqu'à la poitrine gonflée d'Erna, s'arrêta un instant pour considérer son visage rougi, puis baissa les yeux entre les bas de soie qui enveloppaient ses jambes. Erna se sentit gênée et s'éloigna. Les froufrous et les rubans de son porte-jarretelles flottaient et chatouillaient ses cuisses. C'était un spectacle qui stimulait Bjorn, mais malheureusement, il n'y avait plus de temps pour en profiter pleinement.

Bjorn déboucla son pantalon et s'installa entre les jambes d'Erna. Erna n'opposa aucune résistance, elle redevint rapidement timide. Bjorn appuya les jambes d'Erna sur ses épaules et s'enfonça dans les profondeurs chaudes d'Erna.

Le clair de lune peint sur la mer devenait plus lumineux.

Erna essaya de se concentrer à travers la brume pour regarder Bjorn qui la secouait. Il n'avait déboutonné que légèrement sa chemise et elle tirait dessus avec impatience. La honte d'avoir été bousculée par un homme qui ne s'était pas entièrement exposé à elle, mêlée à l'extase sexuelle, la rendait folle.

« Sois patiente »

Bjorn pressa Erna et lui arracha le reste de sa chemise. Erna se tordit le dos et laissa échapper un gémissement de plaisir en voyant son torse nu. Il se pencha vers elle et l'embrassa passionnément, Erna ne se rendit pas compte qu'elle enfonçait ses griffes dans son dos, envoûtée par son odeur.

« Tu es trop excitée, Erna. »

Ses lèvres sulfureuses murmuraient des mots vulgaires, se poussant plus fort sur elle.

Et la méchante fille réagit en serrant le cou du loup.

Ps de Ciriolla : Le terme lupeuse est une invention de ma part, car le terme excate dans le texte était lune-loup mais je ne le trouvais pas très beau... lupeuse est la féminisation de lupeux, qui était le terme pour designé un être fantastique, un homme à tête de loup pouvant parler... assez proche de l'image du loup garou.. mais en plus humain qui grace a sa voix attirait les voyageurs égarés par de belle paroles pour ensuite les dévorer...

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 158 – Je vous

le ferai savoir

Les yeux d'Erna s'ouvrirent et furent accueillis par une lumière éblouissante. La matinée était claire et réconfortante, presque trop parfaite pour être réelle. Encore plongée dans le sommeil, elle sentit la chaleur d'un autre corps contre elle.

Erna ne put résister à un sourire satisfait et ferma à nouveau les yeux. Il était temps de se lever, mais elle ne voulait pas quitter la chaleur de son corps. Elle avait prétexté un mal de tête pour quitter la soirée plus tôt, personne ne trouverait suspect qu'elle décide de prendre une journée de farniente. Enfin, à l'exception de Lisa.

Dans son rêve, Bjorn l'appelait par son nom, dont la douceur fondait comme un bonbon sur sa langue. Chaque frôlement de ses doigts, son souffle sur son cou, reflétaient l'enchantement de sa voix. La vivacité de ce rêve le rendait si réel qu'elle soupira doucement.

« Erna » dit Bjorn à l'oreille d'Erna.

Erna sortit de son rêve en clignant des yeux, incrédule, incapable de comprendre ce qui était un rêve et ce qui était réel. Son corps tremblait sous l'effet des sensations à la fois imaginaires et réelles.

« Tu dois encore être en train de rêver » dit Bjorn avec un petit rire.

Sans rien dire, elle ferma les yeux, même si elle savait déjà qu'il avait découvert son état de veille. Elle ne pouvait se résoudre à l'affronter directement. Bjorn n'avait jamais été un amant doux, elle s'en contentait, mais cette douceur inédite était un changement bienvenu qu'elle ne voulait pas voir disparaître.

« Ah... » Erna laissa échapper un gémissement réflexe lorsque Bjorn palpa son sein et lécha son oreille.

« Dors encore un peu, Erna » dit Bjorn.

Erna n'en pouvait plus et se tourna vers Bjorn, qui lui souriait comme un dieu miséricordieux. Erna fixa son visage impudique, élégant et surtout magnifique.

C'est ça, sortir avec quelqu'un ?

Erna poussa un soupir mêlé de confusion et de gémissements douloureux. Elle s'attendait à ce que les rendez-vous soient plus romantiques, quelque chose de sublime et d'élégant, comme un vers d'un beau poème, mais ce n’était pas toujours comme ça

que cela se passait. Ce qui était encore plus embarrassant, c'était les propres désirs d'Erna, qui avaient l'impression de jouer avec les désirs de Bjorn. C'était tout à fait remarquable.

C'était indéniablement gênant, mais comme la nuit précédente, Bjorn pouvait être pesant et difficile et pourtant se faire sentir si bien.

Erna se surprenait à apprécier ces gestes désinhibés de passion. Les attouchements et les désirs qu'elle partageait avec lui, sans hésitation, comme s'ils mettaient tout de côté et que Bjorn était le seul avec qui elle pouvait partager ces désirs.

Erna faisait de son mieux pour garder ces désirs bien enfermés dans les limites de la bienséance, du moins, pour l'instant.

« Bjorn, arrête... Lisa sera bientôt de retour. »

Depuis le début de la croisière, Erna se promenait tous les matins sur le pont avec Lisa.

Comme c'était le matin, Lisa allait bientôt arriver.

« Alors ? » dit Bjorn en embrassant la nuque d'Erna. « Votre femme de chambre ne va pas ouvrir la porte de la chambre et entrer ? »

« Mais... »

« Mais quoi ? Laissez-la entrer » Bjorn recula lentement et leva le dos. Erna poussa un petit cri et Bjorn gloussa comme un écolier faisant une farce.

Erna garda les yeux rivés sur la porte, nerveusement. Lisa n'oserait jamais entrer dans la pièce sans permission, mais elle entendrait les bruits gênants qu'Erna ferait. Elle avait l'impression que son souffle allait se couper rien qu'en y pensant. Bjorn guida la main d'Erna d'une manière nonchalante.

« Qu'est-ce que tu fais ? » Embarrassée, les joues d'Erna se colorèrent d'un rose vif.

Bjorn la regarda tranquillement en guidant sa main vers sa propre poitrine, puis Erna réalisa ce qu'il est en train de faire.

« Pourquoi es-tu comme ça ? »

Bjorn se contenta de sourire et continua à guider sa main vers le bas. Elle lutta pour libérer sa main, mais ne réussit qu'à stimuler ses seins déjà sensibles.

« Je vais t'apprendre » murmura Bjorn.

Il caressa les seins d'Erna avec sa propre main et pendant qu'elle les caressait, elle sentait une humidité grandissante dans son sous-vêtement. Ses mamelons gonflent et prennent une jolie couleur rose.

Bjorn l'observait avec des yeux bridés et un sourire lubrique. Lentement, il guida les mains d'Erna le long de son ventre. Il passa devant son nombril et sa taille fine. Erna cria doucement, secouant la tête, mais Bjorn ne s'arrêta pas.

« Ne fais pas ça Bjorn, c'est de la folie...ah... »

Lorsque les doigts de Bjorn atteignirent le centre entre ses jambes, elle se tordit le poignet pour essayer de se libérer une fois de plus et laissa échapper un gémissement sonore.

Bjorn appuya un peu plus fort sur ses doigts et bougea avec ténacité. Bjorn fit tourner les doigts d'Erna en petits cercles, ce qui rapprocha Erna.

« Qu'est-ce que tu ressens quand tu te touches ? » demanda Bjorn. Il mordilla l'oreille d'Erna et laissa échapper un rire. Erna ne trouvait pas les mots pour parler et enfouissait son visage dans les draps pour essayer d'étouffer ses gémissements.

Bjorn décida alors d'accéder à sa demande, lui lâcha la main et se redressa dans le lit. La lumière du soleil faisait briller la peau d'Erna qui s'allongeait sur le lit, la respiration haletante.

Tranquillement, inoffensivement et magnifiquement. Une femme qui lui donnerait du plaisir dans une ligne qui n'allait pas à l'encontre de sa vie.

Lorsque Bjorn se rappelait la raison pour laquelle il avait épousé Erna, il se sentait ridicule de ne pas pouvoir supporter l'écart d'un seul pas. Il savait que l'idée d'Erna de vivre sans dépendance excessive était sage, mais cela l'irritait toujours.

Bjorn souleva la taille d'Erna et la serra légèrement. Elle respirait toujours bruyamment, sa main reposait entre ses jambes et il remarqua qu'elle pressait doucement. Avec un sourire, il se découvrit et, sans perdre une seconde, s'enfonça à l'intérieur. Erna laissa échapper un sanglot, mais ne cessa pas de se satisfaire.

« Bjorn, ah » gémit-elle en se cambrant pour le prendre plus facilement.

« Tu vas bien ? » demanda Bjorn.

Erna répondit en bougeant ses hanches contre lui, se pressant plus fort. Bjorn s'enfonça profondément et avec avidité, ce qui fit gémir Erna plus fort et mordre les draps.

Erna se calma au fur et à mesure qu'il bougeait, respirant au même rythme que lui, gémissant lorsqu'il s'enfonçait profondément, tandis qu'elle pressait avec ses doigts. Les sensations étaient intenses, comme en témoignent les taches humides qui apparaissaient sur le lit. Ils se sont tous deux perdus dans leurs ébats jusqu'à ce que...

« Votre Altesse, êtes-vous réveillée ? »

Erna se figea dans ses mouvements obscènes, ses yeux s'écarquillèrent, regardant Bjorn.

J'aurais dû renvoyer cette maudite servante. maugréa Bjorn.

Il plaqua Erna contre le lit et commença à bouger ses hanches plus rapidement. Erna cessa de se presser contre elle et essaya de repousser Bjorn.

« Arrête, Bjorn » siffla-t-elle.

« Votre Altesse ? »

Tandis que labonne, inconsciente, cherchait sa maîtresse, Bjorn se précipitait vers la ligne d'arrivée. Il embrassa profondément Erna, lui suçant les lèvres, plus pour l'empêcher de crier et de faire trop de bruit. Erna ne s'est pas retenue, elle a entouré Bjorn de ses bras et l'a serré si fort qu'elle aurait pu essayer de l'étrangler.

Erna était peut-être en sourdine, mais le lit était déterminé à donner le ton, grinçant sous l'avalanche de mouvements.

Après avoir appelé sa maîtresse à plusieurs reprises, Lisa s'éloigna enfin de la porte, entraînée par une autre servante. Lorsque les bruits de pas s'estompèrent, Bjorn lâcha les lèvres d'Erna et ralentit son rythme.

« Oh mon Dieu, Bjorn, tu es fou » Les mots étaient sortis comme un murmure dur d'admonestation.

Bjorn se redressa et regarda le corps pâle et brillant d'Erna, lui adressant un sourire insolent tout en bougeant lentement ses hanches. Erna ne pouvait s'empêcher de rire.

« Bjorn » dit Erna après l'avoir regardé bouger un moment « dépêche-toi. »

« Quoi ? »

« C'est bon si tu veux aller plus vite, j'aime ça »

Les yeux de Bjorn s'écarquillèrent à cet aveu et à cette permission qui sortit comme un doux murmure qui lui hérissa le poil. Le comportement indigne d'une femme sous une forme aussi bien élevée laissa Bjorn perplexe.

« Je suppose que tu es devenue un peu folle » dit Bjorn en riant.

Alors que Bjorn était distrait par les nouveaux désirs de sa femme, Erna commença à bouger ses hanches plus vigoureusement, son impatience étant évidente.

Bjorn expira en essayant de satisfaire cette biche pas si innocente que cela. Il se retourna de façon à ce qu'Erna soit sur le dessus, elle laissa échapper un cri en voyant le changement soudain de perspective, puis elle sursauta en s'asseyant correctement sur ses hanches.

Dès qu'elle commença à bouger aussi vite qu'elle le voulait, Erna trembla et s'accrocha à ses épaules. Bjorn trouva plutôt drôle de devoir dire à Erna de ralentir, mais cela ne dura pas très longtemps.

Alors que le navire entrait dans les eaux de Lorca, Bjorn entrait dans les eaux d'Erna.

Ps de Ciriolla : Faudra que je fasse le compte du nombre de fois ou Lisa devait être viré dans ce roman...

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 159 – L'odeur

des oranges dans le vent

En franchissant l'arcade et en pénétrant dans la cour, Erna fut accueillie par une douce odeur qui captiva ses sens.

S'arrêtant pour admirer la vue, elle découvrit les jardins du palais, les fleurs d'oranger scintillant sous le soleil matinal.

« Cet endroit ressemble au paradis, votre Altesse » dit Lisa. « Mais les jardins du palais Schuber sont encore plus beaux. »

Erna acquiesça simplement avec un sourire et s'aventura prudemment dans le jardin.

Leurs pas résonnaient doucement le long de la promenade, accompagnés de mélodieux chants d'oiseaux.

La délégation de Lechen était logée dans une annexe à côté du jardin d'Oranger, la fierté des palais royaux de Lorca. Le prince héritier de Lorca, qui les a accueillis personnellement, a souligné l'amitié durable entre les deux nations. Erna se retrouvait dans un monde différent de tout ce qu'elle avait connu.

La lumière dorée du soleil baignait la ville exotique, avec ses arbres imposants, ses fleurs éclatantes, les vêtements uniques que portaient les gens et l'architecture inhabituelle. Erna avait lu un livre de voyage sur Lorca et en avait tiré une foule de connaissances. Pourtant, en regardant par la fenêtre du wagon, elle se sentait humiliée par le spectacle qui s'offrait à elle. Le palais et les jardins de Lorca, œuvres d'art complexes, étaient les plus frappants.

« Votre Altesse, vous avez gagné la première place » dit Lisa d'un ton badin. «

L'entourage a voté. »

« Un vote ? »

« Oui » dit Lisa avec un signe de tête enthousiaste. « Nous voulions déterminer qui était le plus beau couple royal et vous avez gagné, Lechen est vraiment le meilleur pays. »

« C'est juste pour s'amuser. »

« En effet, mais tout le monde était si uni dans sa loyauté que c'était un défi pour les autres de ne pas voter pour leur propre prince et princesse. La plupart sont d'accord pour dire que notre prince est le plus beau, mais tout le monde est d'accord pour dire que vous êtes la plus belle princesse. »

Avec un sourire satisfait, Lisa regarda sa maîtresse. Erna, gênée, pressa le pas, passant sous l'ombre d'une rangée de palmiers. C'est alors qu'elle remarqua que d'autres personnes s'approchaient dans l'autre sens.

Les apercevant, Lisa baissa rapidement la tête. Erna fit de même, son visage affichant une pointe de nervosité. C'était la reine de Lorca et son entourage.

Erna s'approcha gracieusement de la Reine qui les observait. Erna la salua poliment en Lechen et la Reine lui répondit en Lorcan. Malgré la barrière de la langue, les salutations furent amicales.

Comme elles l'avaient déjà fait ces derniers jours, elles marchèrent côte à côte. Le jardin pittoresque, où le murmure de la fontaine se mêlait au chant des oiseaux, était aussi serein et beau qu'un tableau.

La reine de Lorca conduisit Erna le long d'un chemin bordé de rangées ordonnées d'orangers, qui ressemblaient à un échiquier, et vers une pergola. Au fur et à mesure qu'elles marchaient, Erna se détendait.

Erna avait rencontré la reine pour la première fois il y a quelques jours, lors de sa première matinée au palais.

Comme à son habitude, Erna s'était levée tôt pour faire sa promenade matinale, comme aujourd'hui. C'est alors qu'elle a rencontré la reine, elle aussi en promenade matinale.

Elle était sobrement vêtue et accompagnée d'une seule personne.

Sans se laisser déconcerter par cette rencontre inattendue, la reine l'avait accueillie avec un sourire chaleureux. Malgré l'absence d'interprète et l'impossibilité d'engager une véritable conversation, les deux femmes se promènent en toute intimité.

Lorsqu'elles se séparèrent, le sourire d'Erna était plus naturel.

Erna avait eu l'impression qu'il s'agissait d'une femme énigmatique et Erna s'est sentie à l'aise dans l'atmosphère prévenante de la dame âgée. Elle se sentait détendue en présence de la reine, comme si elle se reposait sous un arbre avec sa grand-mère.

Tous deux s'instalèrent sous la pergola, admirant le jardin. De temps en temps, elles échangeaient un sourire discret lorsque leurs yeux se croisaient, puis se remettaient à contempler les orangers, ornés de fleurs semblables à de la neige. Alors que le temps passé ensemble touchait à sa fin, Erna trouva le courage de parler.

« Excusez-moi, Votre Majesté, puis-je vous demander quelque chose ? »

La reine Lorca tourna son attention vers Erna. La servante s'approcha rapidement, elle parlait et comprenait un peu lechen et Erna espérait qu'elle en saurait assez.

« Puis-je prendre une petite branche de l'oranger ? J'aimerais partager le merveilleux parfum de ces fleurs avec mon mari » Erna regarda la Reine, faisant de son mieux pour exprimer par des expressions et des mouvements de la main.

La servante traduit du mieux qu'elle peut. La reine regarda Erna d'un air perplexe, ses sourcils blancs se baissant, ses yeux pétillants. Erna avait l'impression que la reine la jugeait et elle se demandait si elle avait commis un faux pas, mais la reine éclata de rire.

La reine fit un signe de tête énergique et prononça quelques mots en lorren. La servante s'inclina, laissant Erna et la reine seules, sous la pergola parfumée à l'orange.

Erna s'efforça de garder son calme et de croiser le regard de la reine avec curiosité. La servante revint finalement, au moment où les choses devenaient gênantes, avec une branche remplie de fleurs blanches. La reine prit la branche et se leva. Surprise, Erna se leva également et fit face à la reine.

La reine de Lorca remit personnellement une branche de l'oranger à la princesse de Lechen. Les paroles de la reine furent traduites approximativement par sa servante.

« Le prince de Lechen a de la chance d'avoir une épouse aussi charmante. »

Des mots doux chuchotés flottaient gracieusement dans le vent, mêlés au parfum délicat des fleurs d'oranger, enveloppant tendrement Erna d'une étreinte apaisante.

****************************

Erna arrivait.

Bjorn pouvait l'identifier à ses pas doux et chuchotants. Elle s'approcha gracieusement et s'arrêta près du lit où il était couché. Bjorn décida de rester au lit, tandis qu'Erna s'asseyait avec précaution, au son d'un carillon éolien.

« Bjorn » murmura-t-elle, « il est temps de se lever pour le petit déjeuner » Sa main effleura doucement sa joue, il sentit une odeur florale.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il, sans ouvrir les yeux.

« C'est de la fleur d'oranger, la reine m'en a fait cadeau »

Bjorn se redressa et vit qu'Erna tenait une petite branche pleine de fleurs blanches.

Bjorn fit signe à Erna de venir dans ses bras.

« La reine, vraiment ? » Bjorn soupira.

Il savait qu'Erna aimait se promener le matin avec la reine. Il semblait qu'Erna avait un don pour charmer les vieilles dames.

Erna s'installa dans ses bras et discuta des projets pour la journée. Ils étaient plus excités que d'habitude, car ils avaient prévu de passer tout l'après-midi ensemble.

« Bjorn, regarde-moi dans les yeux, quel jour sommes-nous ? » Le ton d'Erna était devenu sérieux.

Bjorn comprit la question et sourit en regardant sa femme. Erna changea de position pour tenir le visage de son mari.

« Tu te souviens de ta promesse ? Aujourd'hui, je passerai toute la journée avec ma femme. Tu ne l'oublies pas, n'est-ce pas ? » dit Erna, en se moquant de Bjorn.

« Je n'ai pas oublié » dit Bjorn.

« Vraiment ? »

« Vraiment » dit Bjorn en déposant un léger baiser sur la joue d'Erna, voyant son expression dubitative.

« Si quelque chose d'inévitable se présente, tu dois me le dire »

« hmm » Cette fois, il embrassa son adorable petit nez.

« Est-ce que je peux te faire confiance ? »

« Hmm » Cette fois, il embrassa ses lèvres qui font la moue.

Alors que leur baiser ludique s'intensifiait, le silence s'installa à nouveau dans la chambre. La lumière du soleil brillait à travers les stores, projetant de fines barres d'ombre sombre et de lumière dorée.

« Je me souviens d'Erna » dit Bjorn en souriant, essuyant la joue rougissante de sa femme. « Je n'oublierai pas. »

« Hé, Bjorn » dit Erna, alors qu'il s'apprêtait à tirer la corde de la cloche. Bjorn la regarda. « Ils ont dit que j'avais gagné la première place » dit Erna, hésitante.

« La première place ? »

« Oui, les domestiques ont voté pour savoir qui était le plus beau couple et j'ai entendu dire que c'était unanimement en ma faveur »

Un léger sourire se dessina sur les lèvres d'Erna, tandis que Bjorn la regardait faire cette audacieuse déclaration. Son visage brillait d'un éclat écarlate et un sourire timide se dessinait sur son visage, elle était vraiment irrésistible. Il pouvait presque voir la délicate queue de cerf se balancer sous sa robe.

« Félicitations, ma femme est la plus belle de tous les pays » Bjorn inclina la tête. Erna rayonna et rougit lorsqu'il cueillit une fleur sur la branche et la plaça derrière son oreille.

« C'est à toi » dit Erna en trouvant le courage de placer une fleur à l'oreille de Bjorn. « Il s'en est fallu de peu, mais tu as aussi gagné la première place » murmura-t-elle, en se retenant de rire. Bjorn la regarda, perplexe, puis éclata de rire.

Sa réaction était quelque peu distante, mais Erna choisit de la comprendre. Il était de notoriété publique qu'il était le plus beau prince du monde. Bien sûr, elle n'avait pas rencontré tous les princes, mais il y avait des faits indéniables qui ne demandaient pas à être vérifiés.

Bjorn tira la corde et se leva du lit. Les fleurs qu'Erna lui avait offertes pendaient mollement entre ses doigts. Le plus beau prince du monde d'Erna déposa les fleurs dans une bassine et se dirigea vers la salle de bain.

Erna retint son souffle, s'approcha de la fenêtre et se tint devant la vasque de bronze.

L'impression de fleurir dans son cœur était probablement due au doux parfum des oranges porté par le vent.

Avant de se détourner, Erna déposa délicatement sa fleur dans le bol et la laissa flotter avec les autres. Elle était captivée par la lumière du soleil qui se déversait sur la surface de l'eau, où les fleurs d'oranger nageaient ensemble.

Ps de Ciriolla: tellement de douceur....

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 160 – Allons

en rendez-vous

« Où est Erna ? » dit Bjorn en entrant dans l'annexe, sa question ayant le même écho que la veille. Les domestiques considéraient maintenant qu'il s'agissait d'une salutation habituelle.

« Son Altesse est dans la chambre » dit Karen, qui se précipita pour saluer le prince, revenu plus tôt que prévu.

Bjorn fit un signe de tête en guise de remerciement et monta les escaliers. Le palais Lorca était un éblouissant étalage de couleurs vives, la lumière du soleil entrant par les fenêtres et se reflétant sur les carreaux blancs et dorés.

« Erna ? » Bjorn appela en s'approchant de la porte de la chambre, mais il n'y eut pas de réponse.

Fronçant les sourcils, Bjorn s'arrêta dans la chambre et regarda autour de lui. Une fois qu'il fut certain qu'Erna était introuvable, il perdit patience.

Avec un soupir irrité, Bjorn sonna la cloche de service avant de sortir sur le balcon de la chambre, le cigare déjà aux lèvres. Il aperçut Erna au moment même où il allumait son cigare. Il trouva Erna dans le jardin exotique en contrebas. Son chapeau à larges bords cachait son visage, mais il savait que c'était elle.

Erna avançait prudemment le long de la promenade, avant de s'arrêter avec lassitude et de poursuivre sa route. Bjorn remarqua l'absence de Lisa et supposa qu'Erna avait dû s'éclipser pendant qu'elle ne regardait pas.

Bjorn laissa échapper une lente bouffée de fumée en s'appuyant sur la balustrade, observant sa femme. Il gloussa en regardant Erna se promener dans le jardin. Un coup frappé fit reculer Bjorn, comme s'il ne voulait pas être pris en flagrant délit de voyeurisme.

« Entrez » dit doucement Bjorn en jetant son cigare à moitié fumé dans le cendrier.

Karen entra dans la pièce et s'empressa d'aller sur le balcon avec Bjorn. Elle inclina la tête, l'expression plate et sans émotion.

« Mes excuses, mon Prince, nous n'avons pas pu trouver Son Altesse. »

« Vraiment ? Elle est juste là » dit Bjorn en désignant le jardin.

Les yeux de Karen s'écarquillèrent lorsqu'elle se pencha pour regarder dans le jardin et vit Erna qui les regardait, se demandant ce qui se passait. Voyant Bjorn et Karen, Erna reporta son attention sur les paons.

« Ces oiseaux appartiennent à la famille royale Lorca ; ils sont doux et ne représentent aucune menace » dit Karen, la voix chargée d'inquiétude.

La grande-duchesse était captivée par les paons qui se promènent dans le jardin du palais. Les serviteurs s'efforcèrent de l'éloigner des oiseaux, car même s'ils étaient dociles, le risque de blesser Erna subsistait. Les serviteurs savaient bien qu'ils s'exposaient à la fureur du prince Bjorn si sa femme était blessée.

Alors que Karen s'agitait, essayant d'excuser la situation, Bjorn la balaya d'un sourire, les yeux toujours rivés sur sa femme qui chassait les oiseaux comme un enfant surexcité.

« Au moins, son vœu est exaucé » murmura Bjorn, tandis qu'un paon déployait sa magnifique queue.

Ensemble, Bjorn et Karen se tenaient sur le balcon, regardant Erna admirer le spectacle coloré de la queue de l'oiseau. Le soleil de midi faisait ressortir les couleurs et les rendait aussi éclatantes que les fleurs tropicales. Le paon s'éloigna lentement en se tortillant et en se dandinant, criant à travers le jardin. Le spectacle coloré rappela à Bjorn leur dernière lune de miel, le paysage hivernal désolé et contrasté n'étant même pas comparable au magnifique jardin de Lorca.

« Vous souvenez-vous du nom de l'architecte qui a construit la salle de jardin de Schuber ? » demanda Bjorn à la femme de chambre.

« M. Emil Barser, votre Altesse » répondit Karen.

« Ah, oui, Barser, c'est ça » Bjorn se souvint du célèbre architecte de la serre aux cheveux gris, qui servait souvent la famille royale et les aristocrates de Lechen.

« Est-il encore en vie ? »

« Je n'ai pas entendu parler de son décès. »

« Si c'est le cas, j'aimerais qu'il conçoive une serre pour ma résidence » dit Bjorn nonchalamment, comme s'il discutait de l'acquisition d'un objet insignifiant.

« Vous voulez dire construire une serre au palais Schuber ? » demanda Karen, étonnée.

« Oui, je pense que la salle de jardin est beaucoup trop petite. »

« En effet, votre Altesse. »

Bjorn avait un faible pour les questions concernant sa femme et, bien qu'il ne s'intéressait pas aux fleurs, il avait l'intention de recréer les jardins tropicaux de Lorca à Schuber, rien que pour Erna.

Le Prince aime sa femme.

Ce seul fait conférait de l'autorité et restructurait toute la hiérarchie au sein du domaine des grands-ducs. Erna Dniester était désormais la souveraine incontestée du palais.

« Je vais envoyer le communiqué comme demandé, votre Altesse. » Karen s'inclina, faisant de son mieux pour calmer son cœur excité. Elle regarda Erna arpenter le jardin d'un pas décidé.

« Je vais envoyer quelqu'un à Son Altesse... »

« Ce n'est pas la peine » dit Bjorn. « Je vais y aller » Il s'empressa de quitter le balcon et attrapa la veste posée sur la chaise.

Enfin, Karen expira une bouffée de soulagement et ses yeux se portèrent sur la balustrade du balcon. Dans le jardin, l'épouse chérie du prince se promenait joyeusement sous un arbre enchanteur, paré de fleurs d'un violet éclatant.

***************************

« Bjorn » dit Erna avec surprise.

C'était un son doux, accompagné de son sourire et de ses yeux brillants qui rendaient la matinée de printemps plus terne en comparaison.

« Tu as apprécié la compagnie de tes amis ? » demanda Bjorn d'un ton enjoué. Pendant un moment, elle hésita comme un enfant pris au milieu d'une farce malicieuse. Erna eut bientôt un sourire malicieux et hocha la tête.

« Oui, j'ai fait une charmante promenade avec une belle dame de la famille royale Lorca

» sourit Erna avec malice.

« Erna, seuls les mâles ont des queues colorées pour attirer les femelles » Bjorn laissa échapper un petit rire.

Erna fronça les sourcils, comme si Bjorn lui avait dit que l'herbe était bleue et le ciel vert. Elle regarda le paon qui se débarrassait de son plumage et se dandinait sur le chemin, tout en continuant à appeler dans le jardin. Pour Erna, il avait l'air d'une dame.

« Vraiment ? »

« Oui, typiquement, tous les oiseaux mâles sont colorés, tandis que les femelles restent ternes. »

« Pourquoi ? »

« C'est comme ça qu'ils séduisent les femmes » sourit Bjorn.

« Oh. Oh mon Dieu » Erna regarda le paon disparaître par-dessus une clôture. Elle sentait qu'il y avait quelque chose de pervers dans cette constatation, mais elle l'effaça de son esprit. « Alors, comment se fait-il que tu sois de retour plus tôt ? »

Le cœur d'Erna se gonfla d'une impatience prudente.

« Je voulais juste te voir » dit Bjorn en souriant. « J'ai pensé que nous pourrions sortir ensemble » Bjorn lui tend la main.

Erna ne savait pas quoi faire, elle était soudain envahie par une timidité. Elle désirait son amour, mais pourquoi se sentait-elle toujours ridicule devant lui lorsqu'il lui témoignait un peu d'affection ? Bjorn s'approcha d'elle, toujours en lui tendant la main et Erna commença à se détester.

« Maintenant ? » dit-elle d'un ton brusque. « Comme ça ? » Elle baissa les yeux sur sa robe froissée, inintéressante.

Elle avait choisi cette robe caraco et s'était coiffée après des heures de réflexion.

Finalement, elle avait choisi quelque chose de simple et de pratique pour se promener dans le jardin. Certainement pas une robe pour un rendez-vous galant. Seule sa ceinture était assortie à la couleur de la cravate de Bjorn.

Erna regarda l'annexe, il n'y avait aucune trace des accompagnateurs qui étaient censés suivre le couple grand-ducal dans ses sorties. Ils devaient être dans leur salle de repos, prenant un peu de temps libre pour eux, sans s'attendre à devoir sortir. Il serait irrespectueux de les réveiller maintenant.

Pourtant, lorsqu'elle fit face à Bjorn, il se sentit plus détendu que d'habitude, en enlevant seulement sa veste. Pour ceux qui ne connaissaient pas le prince, il avait l'air d'un gentleman ordinaire en voyage. Il n'était pas plus habillé qu'elle, mais Erna se sentait tout de même anxieuse.

« Erna ? »

Lorsque leurs regards se croisèrent, Bjorn sourit. Il était difficile de trouver quoi que ce soit à reprocher dans ses paroles ou ses actes, son attitude décontractée apaisait Erna et elle lui tendit la main.

« Le loup de Dniester est beaucoup plus gros et a une queue plus fantaisiste que celle d'un paon » dit Erna en saisissant sa main tendue, ravalant sa fierté.

« Oh, où est la queue ? »

Ce qui lui valut une contre-attaque audacieuse de la part du loup effronté.

Ps de Ciriolla : Erna se lache... elle ose les blagues osées... mais bon face a Bjorn, elle a un adversaire de taille a ce petit jeu la

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 161 – Tout tourne autour du printemps

Ils marchèrent ensemble, juste tous les deux, sans serviteurs, accompagnateurs ou servantes, juste elle et Bjorn. Ils s'aventurèrent plus profondément dans le jardin, plus loin du palais. Erna se sentait comme une enfant espiègle, se dérobant aux yeux de ses parents pour faire quelque chose d'interdit.

Ils se dirigèrent vers la ville, où la fête du printemps battait son plein. Bordée d'orangers de part et d'autre, la route était agrémentée de fleurs tropicales éclatantes. Les murs embellis par des lianes de fleurs sinueuses peignaient une tapisserie infinie de fleurs.

L'image de la capitale de Lorca se transformant en un havre floral au printemps, telle qu'elle était décrite dans le livre de voyage, reflétait parfaitement la réalité.

Erna sentit une course d'anticipation la prendre, car il pouvait distinguer les sons des acclamations et des rires des gens. Elle se révéla dans la splendeur de la saison.

L'afflux de touristes pour célébrer la fête du printemps de Lorca, qui avait coïncidé avec le 50e anniversaire du règne du roi. Les rues étaient bondées, les jardins remplis et les parcs en pleine effervescence, ce qui avait permis à Bjorn et Erna de se fondre dans la masse et de profiter des festivités.

Elle s'était émerveillée devant les boutiques remplies de tapis et de lampes colorés, se laissa tenter par de délicieux en-cas et gâteries proposés sur une charrette ou un étal.

Elle sirota un thé chaud et sucré en se promenant dans les ruelles ornées de plantes en pot et de carreaux de faïence. Le tout, main dans la main avec Bjorn.

Elle s'était obstinée à ne pas dépasser les limites. Mais où étaient les limites de leur amour ? C'est peut-être l'enchantement du printemps exotique, avec son parfum délicieux et ses teintes vives, qui avait rendu floue la frontière qu'elle avait établie.

« Si nous faisions une pause ? » suggéra Bjorn, en caressant la joue rougie d'Erna.

Erna se retint de répondre « ça va » et hocha simplement la tête. Le soleil de printemps était intense et Erna ne pouvait imaginer ce qu'il était en plein été. Cela devenait de plus en plus difficile à supporter.

Bjorn observa les environs et conduisit Erna vers un parc situé de l'autre côté de la rue, où de nombreux voyageurs cherchaient de l'ombre sous les arbres.

« Hé, Bjorn » dit Erna, les yeux fixés sur un banc voisin.

Un jeune couple, à peine plus âgé que Bjorn et Erna, venait de s'asseoir de l'autre côté de la fontaine. L'homme sortit un mouchoir et l'étala sur le banc pour que sa femme puisse s'asseoir.

Bjorn réprima un rire et l'envie de maudire l'homme, puis il sortit son propre mouchoir et le plaça sur le banc pour qu'Erna s'y assoie. Le sourire radieux d'Erna rendait Bjorn vulnérable et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir de la joie devant la joie d'Erna.

Bjorn fit mine de placer le carré de tissu sur le banc avec un excès de fioritures. Aussi gracieuse qu'un pétale pris dans la brise, Erna s'inclina et s'assit, le dos droit et les mains posées sur les genoux. Bjorn ne put s'empêcher de rire.

« Vous êtes confortablement assise, Votre Altesse ? » demanda Bjorn.

Bjorn voyait bien qu'elle avait envie d'enlever son chapeau et ses gants.

Bjorn s'assit à côté d'Erna et ils regardèrent les eaux de la fontaine bouillonner et scintiller au soleil, l'ombre de l'arbre apaisant leur peau bronzée. Les joues rouges d'Erna reprirent lentement leur couleur pâle.

« Qu'est-ce que c'est ? » dit soudain Erna. Elle désigna un bâtiment à l'autre bout du parc. « Il y a tellement de gens qui font la queue, est-ce qu'on peut aller jeter un coup d'œil ? »

« Si vous voulez »

Bien que sa demande semblait aimable, Bjorn avait l'impression qu'il s'agissait plutôt d'un ordre. L'aspect le plus effrayant de la ruse grandissante de sa femme était qu'elle ne se rendait pas compte de ses propres machinations. Bjorn n'en avait cure, il préférait son audace à sa douceur passée.

« Allez, on y va » l'encouragea-t-il.

« Tu vas vraiment bien ? » dit-elle, s'attendant à ce que Bjorn soit un peu plus têtu. «

Nous n'avons fait que ce que je voulais faire jusqu'à présent »

« Allez, Erna » dit-il d'un ton badin, « de toute façon, je ne peux pas faire tout ce que je veux ici » Il lui fit un clin d'œil narquois et sa sincérité fit rire Erna.

Sa sincérité la fit rire, un sourire radieux illuminant son visage. Pendant un instant, Bjorn se contenta d'être une fois de plus un idiot en mal d'amour.

********************************

Malgré la diversité des croyances de nombreux individus à travers le monde, leurs actions communes se ressemblèrent de manière frappante. Prenons, par exemple, ceux qui montèrent sans crainte sur les tours sacrées sans avoir l'intention de rendre hommage au Divin, comme le noble couple grand-ducal de Schuber, originaire de Lechen.

Il semblait que la quête de beaucoup soit de trouver une tour d'horloge et d'en atteindre le sommet. Il semblait que le monde était rempli de ce genre de fous, un visage que Bjorn s'était rappelé en montant au clocher de Lorca avec Erna.

« Si tu es fatiguée, tu peux te reposer un moment » dit Bjorn. Elle secoua obstinément la tête, malgré son visage rougi et sa respiration haletante.

« Nous serons bientôt au sommet » dit Erna.

« Et après ? »

« Nous attendons la cloche » C'était une raison stupide, mais Erna affichait une détermination solennelle.

Bjorn regarda la distance qui restait à parcourir. S'il était seul, il pourrait atteindre le sommet assez rapidement, mais au rythme d'Erna, ils manqueraient le prochain péage.

Ils devraient alors sans doute attendre le suivant. Une perspective désagréable.

Après avoir réfléchi, Bjorn embrassa sa femme sans dire un mot. Surprise, Erna poussa un cri qui résonna dans la cage d'escalier de la tour.

« Attends, ne fais pas ça, et si quelqu'un le voit ? »

« Écoute, Erna » dit Bjorn, ignorant ses protestations. « Je n'ai aucune envie d'être coincé dans le clocher pendant une heure, en attendant le prochain péage. C'est notre meilleure option »

Bjorn commença à gravir les anciennes marches de pierre à grandes enjambées Le printemps de Lorca était comme un vin parfumé et empoisonné, songea Erna, hébétée, en regardant le visage de Bjorn qui la portait. Il ne fait aucun doute que lorsqu'elle se réveillerait de sa stupeur, il y aurait de sérieuses répercussions, et pourtant, son cœur voulait remplir cette coupe encore et encore.

Quand deviendra-t-elle sage ?

Erna ferma les yeux. Elle savait que c'était inutile, mais il était difficile de s'imaginer ailleurs avec quelqu'un d'autre. Gloussant doucement, Bjorn accéléra leur ascension. Sa respiration s'accéléra et la lumière de la sortie se rapprocha.

Ils débouchèrent sur le soleil printanier, la brise fraîche rafraîchissant le visage en sueur de Bjorn. Erna s'exclama de joie et rayonna.

« Un cerf fou, un charme sauvage » pensa Bjorn en plaçant doucement Erna sur ses deux pieds. Hâtivement, elle ajusta sa tenue et se dirigea vers l'observatoire. Bjorn surveillait chacun de ses pas, car elle semblait plus animée.

« Bjorn, viens ici, dépêche-toi ! » Erna lui fit signe de venir contempler le paysage urbain.

Bjorn la rejoignit, regardant au-delà du clocher. Erna indiqua différents points de la ville, le palais, les vergers d'orangers, la cour du temple. De là-haut, l'obsession de Lorca pour les orangers était évidente.

« C'est presque une scène hivernale » dit Erna en commentant la mer de fleurs blanches.

Bjorn regarda l'horizon, où il aperçut des bâtiments aux murs blancs surmontés de toits de tuiles orange. Le ciel était sans nuage. Alors que les yeux de Bjorn parcouraient le paysage serein et pittoresque, il les sentait se déplacer constamment pour regarder Erna.

La main d'Erna s'agrippa à la balustrade et, silencieusement, il serra sa main délicate alors que la cloche commençait à sonner. Erna se tourna vers lui et leurs yeux se rencontrèrent. Il ne prononça aucun mot et se contenta de serrer fermement sa main.

Il avait blessé la femme qu'il chérissait et pourtant, miraculeusement, elle lui était revenue. Alors qu'il se tenait devant elle, il savait que les hésitations et les craintes qui subsistaient dans le cœur d'Erna étaient à sa charge. Naturellement, des moments d'impatience allaient survenir.

« Bjorn, murmura Erna, si tu veux m'embrasser, vas-y, je te le permets pour cette fois. Je te le permets pour une fois » Un léger sourire se dessina sur ses lèvres alors qu'elle accordait sa faveur.

« Ce clocher exauce-t-il les souhaits des amoureux ? »

« Je n'en suis pas sûre, mais j'espère que oui. »

Lorsque le murmure doux et timide de la jeune femme parvint à ses oreilles, Bjorn sut qu'il n'y avait aucun doute. Cet être captivant était bel et bien un cerf sauvage.

Se soumettant à son ordre, Bjorn plaça une main autour des joues d'Erna et pressa doucement ses lèvres contre les siennes. Erna laissa échapper un doux soupir et sembla presque se détendre dans ses bras.

Alors que la cloche sonnait mélodieusement, ils se perdirent dans un baiser tendre et sincère, comme s'ils donnaient une bénédiction amoureuse à la ville, envoûtée par l'arrivée du printemps.

Ps de Ciriolla: tellement de mignonneries ....

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 162 – La dame aux jolies chevilles

Lisa était arrivée à la conclusion qu'il n'y avait pas de mots, selon elle, pour décrire correctement la situation actuelle.

Même lorsqu'elle avait réalisé que sa maîtresse s'était enfuie avec son mari, Lisa n'avait pas été étonnée. Il ne fait aucun doute que le Prince des Champignons vénéneux y était pour quelque chose. L'impact de la décision ne pouvait pas provenir que de la volonté de la Grande-Duchesse.

« Votre Altesse, êtes-vous sûre de pouvoir gérer cela ? » Lisa examina la boîte géante envoyée à Erna.

« C'est de la part de la reine elle-même, nous ne pouvons pas ignorer son sérieux »

« La sincérité a ses limites » soupira Lisa, qui commencait à ouvrir la grande boîte.

Le matin précédent, Erna avait reçu une invitation pour un thé intime et privé avec les dames de la famille royale. Parmi toutes les femmes nobles de chaque nation, seule la grande-duchesse de Lechen avait reçu une telle invitation. La reine, qui participait rarement à des activités sociales, s’était adressée directement à Erna.

Cependant, pour Lisa, il y avait quelque chose de plus important et de plus agréable que ce sujet particulier.

Erna Dniester avait battu Gladys Hardfort !

Lars s'était toujours vanté d'entretenir des relations étroites avec la famille royale de Lorca, mais même la belle princesse Gladys n'avait jamais reçu d'invitation personnelle de la part de la reine, un fait que la délégation de Lechen était très fière de défendre auprès de Lars.

Dniester et Hartford.

Les relations 'torrides' entre les deux familles royales étaient connues de tous, Lorca veillant à éviter tout conflit entre elles. Outre leurs liens personnels, Lechen et Lars entretenaient un respect mutuel en tant qu'alliés, du moins en apparence.

Dans une bataille secrète entre les serviteurs de deux nations, des escarmouches triviales et puériles éclataient souvent.

Alors que le prince et la princesse de Lechen triomphaient au concours de beauté, les serviteurs de Lars révélèrent leur jeu, affirmant que la victoire était due à des relations personnelles.

Si tout le monde acceptait la victoire de Lechen dans la catégorie des princes, il en allait tout autrement dans la catégorie des princesses. Les serviteurs de Lars avaient affirmé que la grande-duchesse Schuber, une fille de la campagne, faisait pâle figure face à la princesse héritière de Lars, qui était originaire de Felia et entretenait d'étroites relations avec les familles royales de tout le continent.

Ils insistèrent sur le fait qu'Erna Dniester, la princesse de Lechen dont la beauté était le seul atout, n'avait aucune chance face à Gladys Hartford. Désireuse de faire taire les rumeurs et de dévoiler la vérité, Lisa était impatiente de mettre un terme à ces bavardages.

Pourtant, à l'improviste, la Grande-Duchesse Schuber avait reçu une invitation personnelle de la part de la Reine Lorca !

La délégation de Lechen se réjouit de cette occasion en or de surpasser Lars une fois de plus. Jusqu'à ce qu'ils découvrent le cadeau géant que la Reine avait envoyé à la Grande-Duchesse le matin même.

« Comment diable ont-ils pu envoyer des vêtements qui révèlent la taille de manière aussi frappante ? Et pas seulement la taille, mais aussi les mollets et les chevilles ! » Lisa exprimait sa désapprobation. Pour la Grande-Duchesse, adepte de la mode classique et traditionnelle, les tenues habituelles des Lorca ressemblèrent étrangement à des sous-vêtements.

« Je ne pense pas que la reine ait eu l'intention de vous forcer à la porter, mais elle a voulu vous exprimer sa gratitude » dit Lisa.

« C'est vrai que ce n'est pas obligatoire, mais je pense qu'il serait charmant de la porter

» Erna étudia calmement la robe étrangère.

Les Lorca avaient toujours eu l'habitude d'offrir des vêtements à leurs invités. Bien que les traditions culturelles et coutumières diffèrent entre les deux nations, il était toujours poli de se laisser aller aux traditions de l'autre, et entrer dans la robe semblait être un défi. Erna était impatiente d'entretenir l'amitié cultivée dans le jardin.

La princesse Erna Dneister de Lechen était une nouvelle venue dans ce monde.

Il ne fit aucun doute que les circonstances s’étaient considérablement améliorées depuis l'époque où elle était perçue comme une usurpatrice, prenant la place de la princesse Gladys. Néanmoins, Erna devait continuer à s'efforcer de s'adapter et de se fondre dans la masse de ceux qui étaient profondément ancrés dans ce monde depuis longtemps.

Penser que la rencontre fortuite avec la reine aboutirait à un geste aussi sincère, invitant la jeune princesse étrangère à prendre le thé après une brève rencontre, avait rempli Erna de gratitude et d'un sentiment de valeur.

Elle trouverait sa place.

Erna prit une profonde inspiration. Elle décida de ne pas demander conseil à Bjorn. Il serait stupide de convoquer son mari pour cela, d'ailleurs, il était occupé à jouer au tennis avec les autres princes. Elle souhaitait accomplir cette tâche elle-même.

Alors que le bout des doigts d'Erna jouait avec le tissu de la robe et que ses yeux contemplaient les bijoux, on frappa à la porte. C'était Karen, qu'Erna avait envoyée pour savoir si le port de la robe compromettrait l'étiquette Lechen.

« Dans le passé, il était courant de porter la tenue traditionnelle du pays d'accueil, afin de renforcer la confiance et l'amitié. Sir Bayer ne pense pas que cela aille à l'encontre de l'étiquette royale ou des coutumes diplomatiques. Il nous a cependant prévenus qu'aucune femme de la famille royale n'avait encore porté un vêtement aussi peu conventionnel » Karen fit un rapport calme, la tête baissée.

« D'accord, merci Karen » dit Erna en souriant et en reportant son attention sur le cadeau de la reine.

La robe était si révélatrice qu'Erna imaginait qu'elle donnerait le vertige aux membres masculins et pourtant, elle était encore considérée comme une tenue de soirée. Ignorant la perspective de regards désapprobateurs, Erna ressentit un désir encore plus grand d'honorer la Reine de Lorca.

« Préparons-nous » dit Erna à Lisa.

Lisa soupira en réalisant que la Grande-Duchesse avait été souillée par des puissances étrangères. Il semblait que sa maîtresse ait été destinée à être empoisonnée par des champignons.

***********************

L'apparition de la grande duchesse de Lechen en tenue traditionnelle avait fait sensation. Les dames de la famille royale de Lorca ne pouvaient que regarder Erna avec des yeux écarquillés de stupeur et d'admiration.

Erna marchait la tête haute et le dos droit. En vérité, si Erna bougeait légèrement dans le mauvais sens, le tissu délicat de l'étoffe la chatouillerait. Il en allait de même pour les bijoux qu'elle portait. Plus elle s'efforçait de rester calme, plus elle se rendait compte que les robes tentaient de la déstabiliser.

De plus en plus inquiète au milieu de ce silence grandissant, Erna baissa les yeux pour inspecter ses vêtements. Y avait-il quelque chose qui n'était pas à sa place ? Même si les servantes de Lechen n'étaient pas familières avec la tenue, Lisa n'aurait pas laissé un seul fil de côté.

Alors que la crainte d'avoir fait quelque chose de mal commençait à prendre le dessus, la reine s'approcha d'Erna. Ses yeux brillaient de joie.

eSa Majesté demande s'il lui est permis de vous saluer à la manière traditionnelle des Lorcans » dit une servante d'âge moyen, se tenant juste à côté de la Reine.

« Oui, bien sûr » dit Erna avec un sourire et un signe de tête.

La reine comprit le sens de la phrase avant que la servante ne puisse la traduire et s'approcha sans tarder. Elle posa une main ridée sur la poitrine d'Erna et l'embrassa sur la joue. Plus tard, Erna apprit que le fait de poser la main sur la poitrine symbolisait la sincérité du cœur.

**************************

Une fois la douche terminée, Bjorn se rendit sur le balcon. Sur une table, il avait demandé à son assistant de placer son courrier, toutes les lettres de la banque de Lechen.

S'installant dans une pile de coussins, un cigare fraîchement allumé à la main, Bjorn commença à ouvrir les lettres les unes après les autres, parcourant leur contenu pendant une seconde avant de passer à la suivante. L'après-midi semblait particulièrement languissante, peut-être en raison de ses débuts matinaux.

Mettant de côté la dernière lettre, Bjorn souffla un nuage de fumée de cigare vers le ciel.

Il remarqua alors une jeune servante qui se tenait près des portes du balcon et qui recula de surprise lorsqu'elle réalisa que Bjorn l'avait remarquée.

« Son Altesse se trouve dans le palais de sa Majesté, l'énigmatique reine de Lorca » La servante évita le contact visuel avec Bjorn en lui faisant cette révélation inattendue.

Bjorn laissa échapper un petit rire en comprenant. Erna avait mentionné l'invitation de la reine à plusieurs reprises, à tel point que Bjorn avait commencé à l'ignorer.

Ne devrait-elle pas revenir bientôt ?

Bjorn regarda sa montre. Bjorn posa son cigare et se servit un cognac. Avec un léger signe de tête à la servante, Bjorn s'empara du verre. Il remplit un verre de glace, posé sur un plateau d'argent, de la liqueur transparente et ambrée. Ses cheveux encore humides et l'ourlet de sa robe s'agitèrent sous l'effet de la brise. La servante s'en alla avec une révérence courtoise et la chambre redevint silencieuse.

Les yeux de Bjorn, autrefois captivés par le jardin baigné de soleil, se reportèrent sur les documents qu'il tenait.

L'après-midi se déroula sans incident et de façon banale.

*************************

Une fois le carrosse sorti de la demeure de la Reine, empruntant le chemin bordé de charmantes dépendances, Erna se laissa enfin aller à la détente.

« Vous avez fait du très bon travail » se dit-elle, s'autorisant un moment de fierté.

La famille royale Lorca s'en tenait à un code de conduite strict, maintenant une division entre les hommes et les femmes. Les hommes, à moins d'être liés par le sang, n'avaient

pas le droit d'entrer dans les appartements des femmes. Cela allait jusqu'à ne jamais permettre à un membre masculin d'être présent en compagnie d'une invitée célibataire ou accompagnée de son époux.

Le domaine de la Reine restait ainsi un sanctuaire pour les femmes. Les seuls hommes autorisés étaient les jeunes garçons confiés à leurs nounous. Pour Erna, ces garçons sans ruse n'étaient pas différents des autres filles, et elle pouvait les accueillir sans hésiter. Son mari, le grand-duc Schuber, notoirement envieux et sévère, faisait même preuve de tolérance à l'égard de ces jeunes messieurs.

Lorsque le carrosse ralentit à nouveau, Erna enfila rapidement son manteau. Ce n'était pas le temps pour de tels vêtements, mais Erna ne voulait pas paraître indécente en présence de ses assistants et de ses cochers.

« Bjorn est-il déjà rentré ? » se dit-elle.

Erna regarda le bracelet qui embellissait sa cheville, se rappelant les paroles de la reine Lorca lors de la célébration précédente. « Ma chère, vos chevilles sont jolies » remarqua la reine avec un sourire chaleureux, consciente de l'inconfort d'Erna dans sa tenue inconnue.

Le bracelet de cheville produisait un léger tintement à chaque mouvement d'Erna.

Troublée, elle s'excusa, ce qui fut accueilli par un sourire encore plus radieux de la part de la reine. Les princesses, belles-filles et petites-filles de la famille royale Lorca étaient toutes subjuguées, prodiguant à Erna des éloges sur ses chevilles séduisantes. Erna se souvient du surnom qui lui a été donné : « Une dame aux jolies chevilles »

S'agrippant à l'ourlet de sa veste, Erna descendit précipitamment du carrosse lorsque celui-ci s'arrêta. Elle espérait que Karen lui dirait que Bjorn était présent.

Erna quitta le carrosse à grands pas et monta presque en courant les escaliers. Au fur et à mesure qu'elle s'approchait de sa présence, son impatience augmentait. Lorsqu'elle atteignit la porte de la chambre, elle avait les joues rouges et le souffle court.

Bjorn....

Elle hésita, pensant l'appeler par son nom, mais décida de ne pas le faire, poussa doucement la porte et entra dans la pièce sur la pointe des pieds. On n'entendait que le doux bruissement d'un tissu dans la pièce, un délicat rappel de sa présence.

Ps de Ciriolla: je tiens a tous vous remercier pour votre fidélité, vos commentaires et soutiens, tout cela a mener ce novel a être placé en première place des recommandations pour le mois de juillet, même si c'est très puéril, j'en tire une certaine fierté ... mais sans les lecteurs ce seraient impossible... donc encore merci

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 163 – Le son

de la brillante lumière

La glace dans le verre commençait déjà à fondre. Bjorn entendit quelque chose et jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Le soleil de l'après-midi jetait une douce lueur sur le verre de cristal posé sur la table. Il envisagea de le remplir à nouveau, mais reporta son attention sur les documents qu'il tenait entre ses mains.

Une ombre émergea de la chambre, planant près du lit.

« Erna ? »

L'ombre se dirigea vers lui, entrant dans la lumière du balcon. Une belle jeune femme se révéla à lui, un doux sourire aux lèvres. Elle ressemblait à une dame de Lorca, vêtue d'une tenue aussi révélatrice, et c'est alors que Bjorn remarqua l'éclat d'un bracelet d'argent autour de la cheville de la femme.

« Bonjour et bienvenue, Lady Lorca » dit Bjorn en souriant, se détendant dans le coussin.

« De quoi ai-je l'air ? » dit la dame en jetant une cape sur le dossier d'une chaise.

« Avez-vous vraiment porté cette robe en public ? »

« Oui, la reine me l'a offerte. On dit qu'il est de coutume de la porter lorsqu'on est invité par un hôte de marque, et tout le monde a été ravi que je respecte cette coutume.

Naturellement, Lord Bayer a confirmé que cela ne contrevenait à aucune convention de l'étiquette de Lechen » Malgré son attitude posée, la voix d'Erna tremblait un peu.

Bjorn écarta une frange qui lui chatouillait le front et prit le vin. Ce n'est que lorsque le verre atteignit ses lèvres qu'il se souvint qu'il était vide. Bjorn inclina simplement le verre et laissa la fraîcheur apaisante d'un morceau de glace soulager ses lèvres.

La robe vibrante, qui rappelait à Bjorn le plumage du paon, convenait étonnamment bien à Erna. Une parure ornée de gros bijoux et d'un voile en dentelle d'or brodée de façon complexe. Des vêtements de la même couleur que les yeux d'Erna. La couleur de l'étoffe drapée sur son corps semblait mettre en valeur sa peau claire.

Le regard de Bjorn s'attarda sur la taille exposée d'Erna sous le haut pas assez long. Ses yeux descendirent lentement jusqu'à ce qu'il s'arrête sur le bijou en or à la cheville de la jeune femme. Le petit bijou semblait être la source du tintement.

« Pardon... Bjorn ? » dit Erna avec appréhension. « Est-ce que ça a l'air bizarre ? » dit-elle en remuant ses mains nerveusement. « La famille royale Lorca m'a tous loué. Surtout ma cheville »

« Quoi, ta cheville ? »

« Oui, elles ont dit que j'avais de belles chevilles. C'est un peu gênant à admettre, mais à Lorca, c'est considéré comme un compliment pour une belle femme » dit Erna timidement.

Bjorn gloussa devant cette tournure amusante. Erna sourit à son tour, soulevant délicatement l'ourlet de sa robe pour révéler sa jolie cheville rose. Le rougissement de ses joues ne fit qu'accroître le désir qu'il éprouvait pour elle.

De plus en plus audacieuse, Erna sortit sur le balcon et fit les cent pas, la cheville bien en évidence. Bjorn l'observait, ses chevilles se balançant à chaque pas, un sourire nostalgique sur les lèvres.

Sa démarche maladroite pouvait difficilement être considérée comme séduisante, il serait même mortifiant de l'appeler ainsi, et il y avait bien quelques imbéciles qui tombaient dans le panneau.

Bjorn mordit la glace qui engourdissait sa langue et se redressa. À son signal subtil, Erna cessa son jeu de séduction et s'approcha de lui. Ses yeux brillaient comme des pierres précieuses, attendant impatiemment d'être évalués.

Bjorn se sentit totalement captivé par elle et, avec un lourd soupir, se leva pour saisir Erna par la taille. Il la rapprocha de lui. Le souffle de surprise de la jeune femme rompit la tranquillité du balcon et il saisit ses lèvres tandis qu'elle tombait sur lui. Soulevant délicatement le voile troublant, Bjorn saisit d'une main experte la tresse tressée dans sa nuque, confectionnée avec amour par sa servante chérie.

« Bjorn, attends un peu, c'est... »

Les mots à peine prononcés par Erna disparaissent sur les lèvres de Bjorn. Le doux tintement de ses parures ne faisait qu'alimenter son ardent désir.

La relâchant momentanément, Bjorn lui saisit les épaules et l'attira plus près de lui. Il lui offrit un sourire tandis qu'elle le regardait d'un air hébété. Il espérait que ce moment de répit satisferait sa biche porteuse de bracelets de cheville.

Rougissante et gênée, Erna posa simplement ses mains sur lui, les bracelets d'or à son poignet tintant et se balançant doucement.

****************************

C'était comme le son de la lumière. Bjorn n'avait pas trouvé d'autre façon de le décrire sur le moment, incapable d'en saisir l'essence.

Le son d'un gémissement chargé de chaleur liquide provenait d'Erna alors qu'il regardait son corps se balancer sur lui. Ses lèvres pincées appelaient son nom. Les yeux brouillés par la passion, Bjorn ne pouvait s'empêcher de regarder Erna.

Comme si elle cherchait la lumière, Erna se cambra de toutes ses forces, gémissante et tremblante. Bjorn comprenait la supplication dans ses yeux, mais ne pouvait rien y faire.

Erna était très timide dans une telle position dominante, ce qui rendait Bjorn encore plus fou.

Erna se stabilisa en plaçant ses deux mains sur les épaules de Bjorn. Bjorn lui murmurait des mots de réconfort à l'oreille tout en la guidant. Son regard fiévreux, ses joues rougies et même la transpiration qui se nichait dans le berceau de sa poitrine ajoutaient à son charme.

Alors que le soleil de fin d'après-midi les enveloppait d'une lueur mielleuse, Bjorn allongea Erna, qui s'était effondrée après avoir poussé un cri qui ressemblait plus à un hurlement. Sans hésiter, il se positionna sur elle. Erna le regarda lorsqu'il l'embrassa.

Bjorn fit un chemin de baisers jusqu'à sa cheville et tandis qu'il embrassait autour de la parure en or, le soleil étincelait et scintillait sur les bijoux, la plongeant dans un spectacle hypnotique de grandeur ou d'érotisme.

L'envie de dévorer cette femme de la pointe aux pieds était irrésistible. L'envie de dominer et de céder s'affrontait dans son esprit, créant un désordre de désirs.

Comme pour effacer la confusion, Bjorn s'enfonça dans Erna, qui laissa échapper un gémissement sauvage lorsqu'il s'enfonça aussi profondément qu'il le pouvait. Il l'étreignit lorsqu'elle devint molle, s'emparant de son corps tremblant.

« Tu es égoïste, Erna » murmura Bjorn. « Maintenant, c'est mon tour. »

Alors qu'elle était allongée sous Bjorn, son corps incapable de surmonter la force puissante, Erna se sentait repoussée à chaque poussée. Bjorn l'attrapa par la taille et la tira vers l'arrière. Erna laissa échapper un gémissement torturé de plaisir insupportable. Il était trop rapide et en peu de temps, Erna pouvait le sentir au plus profond d'elle, une pression grandissant dans son estomac et l'engloutissant.

Elle se tordit et s'agrippa aux glands des coussins, semblant seulement se rendre compte de leur position sur le balcon, en pleine vue du jardin. Cette prise de conscience ne faisait qu'accentuer le plaisir qu'elle éprouvait. Elle regarda les rideaux blancs au-delà de Bjorn danser et onduler dans le vent. Chaque fois qu'Erna tendait son ventre contre l'anticipation de Bjorn, elle voyait son visage se tordre et il gémissait.

Elle l'a regardé dans le vide, ce visage d'une beauté obscène la regardant de haut. Elle voulait qu'il lui dise qu'elle avait bien travaillé, qu'elle était jolie, qu'il l'aimait et ces yeux lui disaient tout cela et plus encore.

Elle l'aimait quand il était distrait par la luxure, parce qu'il montrait ses vrais sentiments dans ces moments-là. Elle l'aimait aussi pour la façon dont il la faisait désirer. C'était bon. Erna appréciait ce moment de désir sauvage.

« Ça fait mal ? » dit Bjorn en ralentissant un peu. Erna secoua rapidement la tête, déçue qu'il ralentisse.

Dis-moi Erna, avait-il souvent dit. Dis-moi ou je ne saurai pas.

« Je vais bien » rassura Erna. « Je t'aime tellement, et encore plus si tu continues. »

Bjorn laissa échapper un juron et un éclat de rire qui fit tressaillir Erna. Quelque chose n’allait pas ? Erna se rendit compte que le monde tournait autour d'elle, sa tête se balançant d'un côté à l'autre. Ce n'est que lorsque Bjorn fut en face d'elle qu'elle réalisa qu'il l'avait soulevée vers lui.

« On peut changer de position ? » dit Erna.

« Tu n'aimes pas ça ? »

Erna aimait bien, mais elle aimait plus quand elle était allongée, elle le sentait mieux, mais peut-être qu'une dame ne devrait pas parler de façon aussi impudique.

Bjorn regarda Erna pendant un long moment, attendant quelque chose de plus, mais finalement, elle l'embrassa et continua à faire l'amour. Bjorn saisit la nuque d'Erna et mêla sa langue à la sienne.

La symphonie de bruits, accompagnée d'un brillant jeu de lumières, semblait électriser le doux après-midi, résonnant comme un carillon indompté.

Sinon, bonne nouvelle (ou pas) la publication du Prince scandaleux, sera fiini pour la fin de mois.. ou peu avant...

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 164 – La couleur dont nous nous souviendrons

« La reine s'occupait aussi des feuilles de thé » dit Erna, changeant brusquement le cours de la conversation.

Les lèvres de Bjorn se retroussèrent en un sourire tandis qu'elle caressait doucement ses doux cheveux bruns. Erna appréciait ces moments de tranquillité, qui la rassuraient sur le fait qu'il l'écoutait. Elle l'observa, le souffle court, tandis qu'il lui souriait.

« Une fois que tu as bu le thé, sans égoutter les feuilles, tu renverses la tasse sur la soucoupe. Une fois l'eau séchée, tu peux examiner la forme des feuilles restantes et prédire l'avenir » Erna termina son explication avec enthousiasme.

Se redressant la tête d'un bras, Bjorn regarda sa femme qui racontait fièrement son séjour chez la reine. Erna ne ressemblait en rien à la femme qui se tordait sous lui il y a à peine une minute. S'il n'y avait pas eu les marques sur sa peau pâle, il aurait cru que ce souvenir n'était que le fruit de son imagination.

« J'ai trouvé dans ma tasse une forme d'étoile qui symbolise le bonheur et comme mon étoile était grande, une immense joie nous attend tôt ou tard » Le sourire d'Erna s'agrandit. Son expression radieuse apporta un sentiment de paix à Bjorn.

Bjorn acquiesça et sourit pendant qu'Erna terminait son histoire et retirait progressivement sa main de ses cheveux.

« Puisque j'ai appris cela, puis-je lire vos feuilles de thé ? » demanda Erna, tout en remuant la pointe de ses cheveux.

« Non » dit Bjorn sans ambages, en faisant glisser sa main vers le bas pour la poser sur sa poitrine.

Il sourit à la jeune femme, qui tressaillit devant le refus et saisit sa poitrine de ses grandes mains. Il pétrit doucement les doux monticules, satisfait de l'après-coup de leurs ébats. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'Erna relâcha la tension et laissa échapper un rire langoureux.

« C'est bien cela ? Même si vous refusez, je crois que je connais déjà votre destin. Ce sera un cercle, un très grand cercle »

« Qu'est-ce que ça veut dire ? »

« De l'argent » répondit Erna en riant innocemment. Bjorn ne put s'empêcher de se joindre à elle en entendant sa réponse taquine. Tant d'argent eh bien, il semble que son destin ne soit pas si sombre après tout.

Bjorn embrassa tendrement la poitrine d'Erna avant de se lever et de se servir un verre de cognac pour étancher sa soif. Erna s'allongea calmement sur un monticule d'oreillers dans le coin du lit, l'observant. Elle pouvait sentir l'odeur alléchante du vin qui humectait les lèvres de Bjorn. Se sentant gênée, Erna ramassa rapidement le châle tombé à terre et l'enroula autour de son corps avant de s'approcher de lui.

Bjorn mit Erna sur ses genoux en s'appuyant sur le lit. Le châle délicat qu'elle portait ne parvenait pas à dissimuler entièrement son corps nu, mais Bjorn appréciait son apparence et restait silencieux.

Erna but prudemment une gorgée de cognac. L'alcool fort lui fit froncer les sourcils, puis tousser. Bjorn mit rapidement la boisson de côté et alla chercher le plateau de fruits sur une table voisine. Il lui présenta délicatement une datte séchée qu'Erna dévora instinctivement, comme un oisillon que l'on nourrit dans son nid - un spectacle vraiment attachant.

Amandes mielleuses, chocolat décadent et oranges parfumées. Quelle que soit l'offrande, Erna écartait docilement les lèvres et acceptait ce que Bjorn lui présentait.

Elle accepterait probablement du poison si on lui en proposait.

Bjorn languissait sous le regard d'une confiance aussi inébranlable, il commençait à comprendre pourquoi Lisa défendait sa maîtresse avec une telle férocité. En tant que femme de cette nature, Erna avait enduré le champignon vénéneux de la famille royale.

En y pensant, Bjorn se jura de ne jamais briser la confiance de sa femme aussi longtemps qu'il vivrait et il savait que personne d'autre n'oserait la tromper. C'est alors que ses pensées se tournèrent vers Walter Hardy.

Un escroc qui avait utilisé sa propre fille dans son escroquerie, il était aussi la raison pour laquelle Bjorn avait porté cette femme dans ses bras.

Bjorn embrassa tendrement Erna qui savourait le jus acide de l'orange. Il souhaitait qu'elle vive bien. Son visage exquis, d'une beauté inégalée, était illuminé par le crépuscule déclinant. Elle vivrait bien, en dépensant son argent, le souhait se réalisait de lui-même, il s'en rendit compte et laissa échapper un rire.

Walter Hardy avait eu la chance d'éviter la prison. Il menait désormais une vie modeste dans le village de campagne le plus reculé, loin au nord. Ils étaient toujours la famille d'Erna, que les liens soient rompus ou non, et il se sentait donc obligé de veiller à ce qu'ils aient au moins une vie confortable. Walter Hardy n'était pas un imbécile et savait qu'il ne fallait pas laisser passer sa dernière chance. Dans un monde parfait, Bjorn aurait pu se débarrasser d'un individu aussi irritant.

Pour l'instant, Bjorn devait se contenter de tenir Walter Hardy en laisse en lui apportant une aide financière. En y repensant, cela avait toujours été le cas avec Erna.

Il tiendrait l'enjeu de leur pari, inébranlable. Il avait remboursé les dettes de sa famille, restauré sa maison de Baden Street et l'avait épousée. Il n'avait jamais fait de compromis lorsqu'il s'agissait de s'occuper d'Erna. D'habitude, Bjorn s'abstenait de dépenser son argent, aussi petit soit-il.

S'il avait réfléchi à la somme d'argent qu'il avait dépensée pour Erna, il aurait peut-être réalisé son amour pour Erna beaucoup plus tôt.

Avec un mélange d'amusement et de regret, Bjorn tourna la tête. Erna le regarda et pencha légèrement la tête, l'expression teintée de nervosité.

« Qu'est-ce qui te tracasse ? »

Bjorn la regarda, apercevant les ombres de ses longs cils qui dansaient autour de ses yeux lorsqu'elle clignait des yeux. Il ne pouvait s'empêcher de se souvenir de ces yeux gonflés, rouges et pleins de larmes. Il semblait avoir l'habitude de faire pleurer les femmes.

Alors qu'il venait d'allonger Erna sur le lit, Bjorn enleva le voile qui accompagnait la robe, voulant regarder son visage correctement. Erna essaya de l'en empêcher, mais en vain. Le doux bruit de ses bijoux qui tintaient lorsqu'elle bougeait résonnait dans la lumière déclinante.

Bjorn se plaça alors sur Erna, se blottissant entre ses jambes. Il se pencha vers elle, suffisamment près pour que les bouts de leurs nez se touchent légèrement. Il pouvait sentir l'odeur d'orange dans l'haleine chaude d'Erna.

« C'est juste une idée romantique » dit Bjorn avec un sourire de loup.

C'était son aveu le plus sincère.

*******************************

La Grande-Duchesse avait complété son ensemble par un diadème. Elle devait représenter Lechen lors d'un événement dans un pays hôte et elle était apparue plus belle que jamais. Le visage rougi, elle quitta la pièce et rejoignit Björn, qui l'attendait sous une arche dorée.

Prenant sa main tendue, Erna descendit les escaliers menant au hall central. Elle savait qui saluer et comment le faire. Elle se croyait capable d'exceller et se donnait raison.

C'est alors qu'elle aperçut le photographe.

« Voulez-vous prendre une photo ? » dit-elle avec enthousiasme. « Je sais que nous avons déjà des photos commémoratives du voyage, mais pourquoi pas une de plus ? »

Erna pensa à la photo officielle qui avait été prise avec le roi de Lorca, à leur arrivée. Le lendemain, cette photo était dans tous les journaux et sur la couverture de tous les magazines.

Bjorn sourit en raccompagnant Erna et c'est alors qu'Erna réalisa que Bjorn avait déjà prévu et arrangé le photographe qui leur faisait signe.

« Je vous en prie, venez, mettez-vous là, j'ai choisi l'endroit idéal » Le photographe de la délégation les appela.

« Attends, Bjorn » dit Erna en s'arrêtant. L'idée qu'ils se fassent photographier tous les deux lui réchauffait le cœur, mais elle avait aussi envie de quelque chose de plus, mais serait-il d'accord ?

Erna étudia Bjorn, comme si elle mesurait les limites de la situation. Il croisa son regard avec la même expression plate, soulignée par un sourire narquois.

« Pourrions-nous prendre la photo ailleurs ? » demanda Erna, sentant le courage forcer ses mots. « Cet arbre-là » dit Erna en montrant du doigt. « Il a des fleurs et des fruits, j'adorerais prendre la photo sous cet oranger, ce serait un thème plus approprié pour notre voyage. »

« La photo est en noir et blanc, personne ne saura s'il s'agit d'un pommier ou d'un oranger » dit Bjorn, tout en gardant son humeur légère.

« Nous le saurons et c'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ? » Erna sentit qu'elle pouvait pousser la chose un peu plus loin, et elle prit sa main avec les deux siennes, la serrant doucement.

Une brise fraîche soufflait de la direction de l'oranger, donnant à l'air un goût d'agrumes. Après avoir examiné l'arbre et sa femme, et senti l'odeur de l'orange, il hocha la tête. Il fit signe au caméraman, qui a compris le geste et déplaca la caméra vers l'arbre.

Erna ne put s'empêcher de sourire, elle avait l'impression que son monde était complet.

Main dans la main, le grand-duc et son épouse se placaient sous l'oranger. De petites oranges poussaient comme des lanternes éteintes, entourées de fleurs d'un blanc éclatant. Le couple se tenant toujours par la main attendit le photographe, qui semblait un peu gêné par leur attitude enfantine.

« Bon, nous sommes prêts » dit Bjorn comme s'il s'agissait d'un ordre. Surpris, l'homme inclina la tête et se prépare.

« Un. »

Le photographe ajusta l'appareil photo sous le tissu noir.

« Deux. »

Erna se redressa rapidement, se déplaçant comme un cerf effrayé. Elle leva les yeux vers Bjorn, qui les avait baissés vers elle, et ils ont souri à l'unisson, la lumière du soleil s'accrochant aux coins de leurs bouches.

« Trois. »

Au moment où le photographe termina son décompte, Erna se hissa sur la pointe des pieds.

La fumée vaporeuse, qui tissait des souvenirs en flottant au-dessus des baies orange, la couleur de ce printemps dont ils se souviendraient toujours.

Ps de Ciriolla: c'est vraiment bien comment elle a pris confiance en elle

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 165 – Une jolie nouvelle boite à biscuits

Les paysages de Lorca étaient souvent d'une beauté éclatante, donnant naissance à une gamme de couleurs vives dont Erna se souviendrait toujours : la mer émeraude qui scintillait et étincelait sous le soleil éclatant. La ville rouge, nichée au milieu des dunes du désert, et les roses éclatantes.

Erna passa méticuleusement en revue toutes les photographies, elle voulait toutes les exposer, mais elle craignait que cela ne soit un peu excessif. Elle s’efforça de n'en choisir que quelques-unes et finalement décida de garder celles qu'elle chérissait le plus comme des trésors personnels. Une décision qu'elle prit par respect pour la dignité et la fierté du Grand-Duc.

Sirotant son thé, Erna étudia le cadre qu'elle avait choisi pour sa photo préférée. C'était la photo d'elle et de Bjorn sous l'oranger. Un visage souriant s'adressant à l'appareil photo, tandis que le Grand-Duc regardait son obsession. La longue robe de soirée d'Erna cachait le fait qu'elle se tenait sur la pointe des pieds, juste au-dessous du menton de Bjorn.

Perdue dans l'instant, Erna regardait la photo comme si elle pouvait sentir la brise chaude et l'odeur des oranges. Son cœur battait la chamade, comme si la scène captait parfaitement l'essence de leur amour.

Erna se leva de sa chaise et se dirigea vers l'endroit secret où elle gardait sa boîte à biscuits. Bien plus grande que le bonhomme de neige qu'elle avait autrefois, la boîte à fleurs était assez grande pour contenir la photo encadrée.

« Le monstre a un ami » avait dit Mme Fitz en voyant la boîte.

Bjorn la lui avait offerte, remplie de biscuits, et bien qu'elle soit beaucoup plus grande que n'importe quelle boîte à biscuits qu'Erna ait jamais vue, elle l'aimait tout de même.

Les biscuits étaient particulièrement délicieux et partagés avec le personnel du palais.

« C'est grand » avait murmuré Erna, plus à elle-même qu'à Bjorn, « c'est vraiment grand

» Erna avait l'impression qu'en s'accroupissant, elle pourrait tenir dedans.

Réprimant un rire, Erna ouvrit le couvercle et y déposa la photo. Elle admira la taille gigantesque de la boîte, qui lui permettrai de contenir tant de souvenirs. Bien qu'elle la trouva charmante, elle n’exprima jamais vraiment cette pensée, estimant que c'était la raison pour laquelle Bjorn l'avait choisie en premier lieu.

En plaçant affectueusement la photo dans la boîte à biscuits, Erna sentit son cœur se gonfler de chaleur en la regardant, nichée au milieu de tous ses autres souvenirs du printemps.

On frappa à la porte de la chambre. « Votre Altesse, c'est Mme Fitz » dit une voix polie.

« Oui, entrez » dit Erna en replaçant le couvercle de la jarre. Mme Fitz entra en silence.

Toutes deux s'installèrent confortablement sur le balcon qui surplombait la rivière Abit, puis elles discutèrent longuement des prévisions pour l'été. Le programme était chargé, mais Erna était enthousiaste et motivée.

Après des heures de discussion, elles s’étaient assises en silence, sirotant leurs thés et humectant leurs gorges sèches.

« Oh, je vois que le trophée a un nouveau ruban » dit Mme Fitz en souriant. Elle remarqua que le trophée en bois d'or était désormais orné d'un ruban bleu, assorti aux yeux de la Grande-Duchesse.

Elle arpenta la pièce et, où qu'elle regardait, elle trouva des rappels des goûts excentriques de la Grande-Duchesse : le trophée enrubanné, une machine à écrire, la statue d'éléphant et, maintenant, la boîte de biscuits à fleurs surdimensionnée.

Lorenz Diggs avait désespérément voulu retirer ces objets voyants, sous prétexte qu'ils nuisaient à l'esthétique de la pièce, mais Erna était restée inébranlable. Même si ces objets étaient inesthétiques, ils rappelaient l'amour du prince pour la princesse et, en cela, ils constituaient les plus belles décorations de la pièce.

« Oh, regardez l'heure » dit Mrs Fitz en parcourant des yeux l'horloge de la cheminée. «

Vous devez rencontrer l'architecte dans trente minutes. Vous feriez mieux de vous préparer. »

******************************

Le prince arriva chez lui plus tôt que prévu. À cette nouvelle, les serviteurs de la résidence du Grand-Duc se rassemblèrent rapidement à l'entrée pour accueillir le carrosse orné de l'emblème du loup d'or.

« Son Altesse est dans le salon, en réunion avec M. Emil Barser » annonça Mme Fitz au prince en lui communiquant la nouvelle la plus importante.

« Barser ? » demanda Bjorn, toujours debout à l'entrée, perplexe.

Mme Fitz soupira doucement : « C'est l'architecte qui va concevoir la serre, comme vous l'avez demandé par télégramme lors de votre visite à Lorca » précisa-t-elle.

« Ah, oui » acquiesça Bjorn en souriant. Il redressa sa canne et traversa le hall d'entrée, grimpant les escaliers jusqu'au salon où la Grande-Duchesse l'attendait.

Dès que Bjorn ouvrit la porte, l'architecte se leva instantanément de sa chaise. « Oh, Prince ! »

Bjorn salua l'architecte d'un léger signe de tête avant de s'asseoir à côté d'Erna.

Plusieurs feuilles de dessin étaient étalées sur la table, indiquant qu'Erna n'avait pas encore pris de décision.

« Bjorn, je suis contente que tu sois rentré. J'aimerais avoir ton avis » dit Erna avec un grand sourire.

Bjorn jeta un coup d'œil sur les photos posées sur la table. « C'est ton choix, alors choisis ce qui te plaît » répondit-il laconiquement en déboutonnant son gant. Erna eut l'air mécontent de la réponse froide de Bjorn. « Mais Bjorn, c'est pour le palais Schuber » dit-elle en souriant gentiment.

Bjorn, qui connaissait bien ses manières, savait que c'est lorsqu'elle souriait gentiment que sa persévérance était la plus forte. Erna prit ensuite deux images sur la table et les lui tendit. « Tout d'abord, il y a deux dessins qui me plaisent, mais j'ai du mal à choisir entre les deux. Vois lequel tu trouves le plus beau »

Bjorn soupira, impressionné par la capacité croissante de sa femme à le faire changer d'avis. Il céda et fit part de ses réflexions. « Laquelle a le coût de construction le plus élevé ? » demanda-t-il en examinant les illustrations des serres. L'architecte aux cheveux grisonnants hésita un instant avant de désigner le modèle de droite.

« Cette serre est la plus grande et la plus chère à construire, Votre Altesse... »

« Dans ce cas, choisissons celle-ci » décida Bjorn sans hésiter.

« Bjorn ? »

« Si tu as du mal à choisir, souviens-toi d'une chose, Erna. Il n'y a pas de bons objets bon marché dans ce monde. Les objets coûteux le sont pour une raison »

« Mais un prix élevé n'est pas toujours un gage de qualité, n'est-ce pas ? »

« C'est pourquoi il est essentiel de s'assurer que le résultat vaut le prix que vous payez, quoi qu'il en coûte » dit Bjorn en souriant à l'architecte. « N'est-ce pas, M. Barser ? »

Emil Barser semblait déconcerté, s'empressa d'agripper l'esquisse de construction choisie tout en jetant des coups d'œil à la porte, désireux de sortir à la première occasion. Bjorn laissa alors l'architecte de serre chevronné prendre congé.

La porte du salon refermée, Erna sourit de soulagement. « En tout cas, Dniester choisit et réalise toujours le plus beau, n'est-ce pas ? »

« En effet » Björn reconnaît le compliment indirect avec désinvolture.

« Merci, Bjorn » dit Erna en regardant ses mocassins polis et bien entretenus. Elle comprenait maintenant que c'était la manière de Bjorn - le prince de Lechen, le

président de la banque - de montrer son amour. Un homme qui offrait à sa femme les choses les plus luxueuses et les plus raffinées du monde était une preuve de son amour pour elle.

Bjorn se contenta de rire et de regarder Erna. Alors que leurs regards se croisaient plus intensément, Mme Fitz frappa inopinément à la porte, ce qui poussa Erna à détourner rapidement son regard et à se rasseoir sur le canapé.

« Votre Altesse, il y a des nouvelles urgentes du palais » Mrs. Fitz s'approcha d'eux et leur présenta la lettre qu'elle portait sur un plateau d'argent.

[Venez au palais demain matin. Comme il s'agit d'un événement important pour la famille royale, veillez à ce que vous et votre épouse y assistiez.]

Bjorn plissa les sourcils en examinant la lettre. La note manuscrite de la reine le déconcerta, car sa mère n'avait jamais rien écrit de tel dans le passé.

« Devons-nous nous rendre au palais maintenant ? » demanda Erna, le visage tendu en examinant la lettre que lui tendait Bjorn.

« Non, Erna. Si c'était le cas, ma mère aurait sans doute demandé ma présence au palais immédiatement. »

« Qu'est-ce qui se passe ? Quelque chose de terrible est-il arrivé ? »

« Je n'en suis pas sûr » Bjorn prit sa canne platine à tête de loup, appuyée sur l'accoudoir du fauteuil. « C'est peut-être lié au comportement étrange du prince héritier ces derniers temps. »

Il était certain que cela était lié à Leonid Dniester. Malgré l'absence de preuves solides, Bjorn ne pouvait écarter cette intuition tenace.

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 166 – C'était

de l'amour

C'était de l'amour !

La stupéfaction envahit l'esprit d'Erna, qui se retrouva accaparée par la révélation qui venait de se dérouler devant elle. La force mystérieuse qui avait transformé leur paisible table de déjeuner en une scène de chaos et d'incrédulité.

Oh mon Dieu, c'était vraiment l'amour.

À ce moment-là, elle ne pouvait pas y croire. Le mot avait frappé comme un éclair par un après-midi clair, la laissant complètement inconsciente de la fourchette qu'elle était en train de reposer sur la table. Autour d'elle, les autres membres de la famille royale étaient assis dans un silence stupéfait, les yeux fixés sur Leonid, le responsable de cette annonce inattendue.

Bjorn tenait son verre de vin avec la même douceur, le seul à ne pas avoir été affecté par l'aveu. La princesse Louise ne remarqua pas le jus de sauce qui coulait de sa fourchette sur la nappe blanche comme neige. Le prince Christian murmurait à l'oreille de son voisin, les sourcils froncés d'un air désapprobateur. L'expression de la duchesse Arsène s'assombrit simplement.

« Le mariage, Léo ? Voulez-vous vraiment dire que vous souhaitez vous marier... » Bjorn rompit le silence, le rire corrompant ses paroles à mesure qu'il parlait. « Tu veux épouser le pays, dans une tentative d'alliance diplomatique ? » Bjorn cherchait une explication.

« Non, Bjorn » dit Leonid, son expression calme trahissant complètement la scène qu'il venait de provoquer. « Pas un mariage politique, un mariage normal, avec Mlle Rosette Preve »

Lorsqu'il prononça à nouveau le nom, une onde de choc traversa à nouveau la salle à manger. Il semblait que le roi et la reine étaient déjà au courant des plans de Leonid, ils étaient les seuls à rester calmes.

« Preve ? La fille du comte Preve, cette... intello ?' Les yeux de la princesse Louise s'écarquillèrent, sa voix s'élevant jusqu'à un gémissement strident. Elle laissa tomber sa fourchette, oubliée sous la pression de questions plus importantes.

« Oui, la même, mais Louise, Mlle Preve n'est pas une intello, c'est une grande dame. »

« Oh mon frère, vous êtes prince héritier, comment pouvez-vous vraiment dire que vous souhaitez épouser la fille de ce comte ? »

Leonid était bien préparé au barrage de questions et d'arguments que sa famille allait lui lancer. « Exactement » dit-il, dans une réponse calme et rapide.

Louise se sentait dépassée par la situation. Elle s'assit sur sa chaise et se passa le dos de la main sur le front. Elle regretta de ne pas être partie dès qu'elle en avait eu l'occasion.

Elle s'excusait toujours et quittait un endroit où elle se trouvait en compagnie de la Grande-Duchesse. Depuis sa déclaration de divorce, Louise ne pouvait se résoudre à partager le même espace que cette fille.

« Avez-vous oublié qui est le comte Preve ? » dit Louise d'une voix faible, tout en gardant un air incrédule.

Le comte voulait envoyer sa fille, génie prodigue des mathématiques, à l'université, mais aucune université n'avait jamais admis d'étudiante. Le comte donc intenta un procès contre son propre pays, mettant en cause la très prestigieuse Université Royale.

Naturellement, l'affaire fit grand bruit. Elle fit le tour de Lechen, car elle coïncidait avec l'inscription des deux princes jumeaux à l'université.

Malgré les difficultés, le comte poursuit sa route, refusant de se laisser abattre. Il emmena sa fille rencontrer les professeurs de l'Université Royale, pour leur montrer son intelligence et même les persuader de faire une pétition en sa faveur. Le président céda.

À tout juste seize ans, Rosette Preve devint la première étudiante de l'Université royale de Schuber, et le nom de Preve fut à jamais gravé dans l'histoire des pionniers de Lechen.

« Louise, ne dénigre pas ainsi les efforts des Comtes. C'était une demande légitime et elle a été légalement acceptée » dit Leonid, l'expression inchangée et le ton calme.

« Père, Mère, approuvez-vous vraiment cela ? » s'écria Louise en se tournant vers le roi et la reine. Ceux-ci se regardèrent avant de hocher la tête à l'unisson. Louise comprit la cause de leur récente inquiétude.

Louise se retourna vers Leonid. « As-tu perdu la tête ? » Louise lança un regard à Leonid.

« Même Bjorn n'est jamais allé aussi loin » Dans sa colère, elle lança l'accusation la plus sévère qui soit.

« Tu as réussi à surpasser la montagne de problèmes que Bjorn a causés en 27 ans en un seul geste » La duchesse Arsène décida qu'il était temps d'ajouter son poids à l'argument.

Bjorn Dniester, l'incarnation même du prince gênant, se contenta de regarder son frère jumeau en silence. Leonid croisa son regard d'un œil sûr.

Rosette Preves. Alors que Bjorn réfléchit à ce nom, un sourire se dessina sur ses lèvres.

L'université était la seule chose qui reliait l'innocent prince héritier et l'énigmatique génie des mathématiques, Rosette Preves. Bjorn avait tout vu et n'y avait jamais prêté attention jusqu'à présent. Il n'avait jamais pensé à relier les points Leonid avait dû cacher cette relation à tout le monde pendant très longtemps et il avait fait du très bon travail.

Rosette Preves, le cygne fou. Son arrivée à l'université suscita de nombreuses controverses, mais étant constamment entourée de pairs masculins, Rosette ne recula jamais et fit ses preuves à de nombreuses reprises, ce qui lui avait valu le surnom de «

Cygne Fou »

Bjorn soupira et but une gorgée de vin. Il ne quittait pas des yeux son frère, qui le regardait, attendant la suite. Sans doute avait-il passé des années à se préparer à cela, prêt à répliquer à chaque accusation et à chaque déclaration de folie. Bjorn garda son sourire derrière son verre de vin tout en buvant.

Bjorn leva son verre, comme pour porter un toast. « Léo, espèce de fou. »

L'été de cette année sera un grand divertissement pour les habitants de Lechen, qui aiment les ragots royaux et les scandales.

********************************

Au cœur de la nuit, la rue Schuber était plongée dans une obscurité totale.

Erna regardait la rivière Abit, plongée dans l'obscurité et reflétant la lune.

Normalement, elle devrait déjà dormir à poings fermés, mais le sommeil lui échappait.

Le choc des événements récents l'avait mise en état d'excitation.

Les fiançailles du prince héritier seraient annoncées au cours du festival d'été de cette année, et le mariage serait prévu au printemps, à peu près au moment de la cérémonie de fondation de Lechen. Tout cela lui paraissait encore surréaliste.

Que se passerait-il une fois les fiançailles annoncées ?

Erna frissonnait à cette simple idée, le tumulte serait bien plus grand que celui qui avait entouré l'annonce du mariage du grand-duc, et Leonid ne montrait aucun signe d'hésitation.

« Ce doit être le grand amour » se dit Erna. Bjorn détourna son attention de la nuit étoilée pour regarder sa femme. « Si nous avions fait un pari, j'aurais gagné ton argent »

dit Erna en essayant d'alléger la situation. « Bjorn, es-tu inquiet ? » demanda-t-elle en posant sa main gantée sur le dos de Bjorn. Celui-ci secoua la tête en prenant calmement sa main.

« Le prince héritier peut s'occuper de ses affaires. »

Si Leonid choisissait cette voie, cela signifiait qu'il était prêt à en assumer les conséquences et la responsabilité. Les répercussions du mariage pourraient être plus importantes qu'il ne l'avait prévu, mais Bjorn savait que son frère, en bon

perfectionniste qu'il était, avait probablement envisagé tous les angles d'attaque et de défense.

Bjorn était convaincu que Leonid serait capable de gérer la tempête qui s'abattrait sur lui. Il n'était pas nécessaire de l'accabler avec son implication. Les tromperies qu'il avait commis au fil des ans témoignaient de la sournoiserie de son frère.

« Y a-t-il quelque chose que nous puissions faire pour aider ? » demanda Erna.

« Pourquoi, tu es inquiète ? »

« Le prince héritier et Mlle Preve s'apprêtent à contracter un mariage qui sera critiqué dans le monde entier. »

« Et ? »

« Nous savons tous deux à quel point cela peut être difficile » dit Erna, les yeux remplis d'une réelle inquiétude. Bjorn pouvait sentir les cicatrices du passé, les épreuves qu'elle avait dû endurer, et cela le faisait se sentir coupable.

« Nous devons simplement les soutenir discrètement du mieux que nous pouvons.

Leonid ne se laissera pas influencer par l'opinion publique, et Mlle Preve sera très déterminée » Bjorn regarda sa femme avec un regard doux et un sourire.

« Oui, d'accord » Erna acquiesça. Voyant qu'elle retrouvait le sourire, Bjorn se rendit compte qu'il tenait fermement la main de sa femme. Comme s'il avait peur de la perdre à nouveau. Il ne voulait pas la laisser partir.

« Mais qui est Mlle Preve, m'aimera-t-elle ? J'espère que nous pourrons nous entendre »

Erna exprima sa principale inquiétude.

« Eh bien » dit Bjorn avec un vague sourire en se remémorant le cygne fou des mathématiques. Elle n'avait jamais été du genre à nouer des liens étroits avec qui que ce soit et, rétrospectivement, l'hostilité de ses pairs pouvait en être la cause.

Le fait qu'elle avait conquis le cœur de Leonid suggérait qu'elle n'était pas complètement obsédée par les chiffres. Peut-être pourrait-elle encore trouver un lien avec Erna, qui partageait des similitudes avec son propre fiancé. Il était difficile de faire des pronostics.

« Je lui offrirai un bouquet de fleurs spécialement préparé lors de notre première rencontre au festival » dit Erna avec enthousiasme, déterminée à se lier d'amitié avec l'énigmatique cygne. Bjorn, qui ne voulait pas la décourager, lui proposa un accord mesuré.

« Erna, comment sais-tu que le comportement sauvage de Leonid est alimenté par l'amour ? »

« Ah, eh bien, le prince héritier se comportait différemment depuis le printemps dernier, un peu comme vous lorsque vous êtes arrivée à Buford. J'ai pensé qu'il était peut-être

amoureux lui aussi. Après tout, vous êtes jumeaux » Erna fit un clin d'œil et un sourire insolent à Bjorn.

« Tu me maudis ? » dit Bjorn, les sourcils froncés par la confusion.

Erna secoua simplement la tête. « Non, pas du tout, pourquoi le ferais-je ? »

Le couple échangea un regard silencieux et un sourire d'affection.

« C'est un compliment, Bjorn » Erna fait de son mieux pour paraître rassurante, en prenant sa main tendue. « L'amour est toujours un bon choix. »

Même si cela ressemblait à une gifle, ce qu'Erna savait très bien faire, avec son visage angélique et son attitude innocente, Bjorn ne pouvait s'empêcher de lui sourire. Quoi qu'il en soit entre Leonid et Rosette, cela ne semblait pas mauvais.

Ps de Ciriolla : donc il existe un Bjornmètre pour évaluer le niveau de connerie réalisées?....

ok je prends note

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 167 – Le doux

vent du soir

Le claquement des touches de la machine à écrire emplit la chambre de la Grande-Duchesse. Lisa regardait sa maîtresse avec admiration. Sa frappe s'était considérablement améliorée depuis l'époque où elle tâtonnait sur les touches en feuilletant des manuels scolaires. Ses doigts blancs et fins dansaient maintenant sur les touches et des mots sans fautes de frappe apparaissaient sur la feuille de papier impeccable.

« J'espère que vous ne faites pas ça parce qu'on vous a forcée » dit Lisa en souriant fièrement.

Lisa avait toujours essayé de ne pas se méfier des autres, mais une pensée soudaine lui vint, enracinée dans sa protection excessive de la Grande-Duchesse, qui avait été maltraitée et abusée bien trop souvent.

« Non, pas du tout » dit Erna, ses doigts s'arrêtant sur les touches. « J'ai dit que je m'acquitterais de cette tâche et je le fais avec plaisir. »

« Vraiment ? »

« Oui, vraiment » Erna rassura Lisa d'un signe de tête, retourna le document sur la table de lecture et le bruit de la dactylographie emplit à nouveau la pièce.

Erna avait récemment rejoint l'association des femmes, sur la recommandation de la comtesse Rocher, et elles organisaient un événement caritatif à la fin de la saison. Cet été, elles avaient l'intention d'organiser une vente aux enchères de charité, afin de récolter des fonds pour réparer les maisons des pauvres. Erna devait dresser une liste exhaustive de tous les objets qui avaient été donnés.

Elle se mettait au service du monde. L'idée plaît à Erna. Elle craignait que le fait de se mettre en avant ne l'expose à des critiques, mais son excitation avait vite fait de l'emporter sur cette inquiétude.

Lorsqu'Erna eut fini de taper, Bjorn devait être de retour. Ils devaient dîner, puis rencontrer Mme Fitz pour discuter de la compétition d'aviron qui devait avoir lieu la semaine prochaine. Ils étaient particulièrement inquiets pour ce jour-là, car c'était le jour où Leonid annoncerait ses fiançailles.

Une fois la liste des objets mis aux enchères établie, elle devait s'atteler à la rédaction des invitations. La liste des invités était plus longue que prévu, mais elle pourrait la terminer à temps.

« Tu t'occupes encore de ça ? »

Alors qu'Erna terminait la troisième invitation, une voix familière la fit presque sursauter. Bjorn s'était approché et s'était perché sur le bout du bureau.

« Oh, Bjorn, quand es-tu entré ? »

Bjorn rit. Il était resté dans la pièce, si près d'elle, éclipsant Erna pendant qu'elle remplissait les invitations. « Sortons, j'ai quelque chose à te montrer »

Erna se doutait que Bjorn avait peut-être un autre cadeau pour elle, c'était peut-être la seule raison pour laquelle il était rentré plus tôt, mais Erna n'avait pas le temps pour l'instant.

« Je suis désolée, Bjorn, ça ne peut pas attendre ? Je dois d'abord terminer ces invitations »

Clara Rocher, Bjorn savait que c'était à cause d'elle. Erna prononçait ce nom presque tous les soirs. C'était comme si Rocher hantait leur vie. Maintenant, les amis de Clara, et les amis de leurs amis, s'en mêlaient aussi. Bjorn avait beaucoup entendu parler de l'association des femmes et de la vente aux enchères de charité, à tel point qu'il pourrait réciter tous les détails sans faire la moindre erreur.

« Pourquoi ne pas utiliser la machine à écrire pour les invitations ? » Le bruit de la plume qui claquait faisait presque rire Bjorn.

« Tu ne peux pas taper quelque chose d'aussi personnel, comme un reçu » dit Erna en soufflant.

« Alors laisse les domestiques s'en charger. »

« Quelle impolitesse » dit Erna, préoccupée par le changement de la plume de son stylo.

« Peu importe les efforts que vous faites, les gens se moquent de savoir si c'est tapé à la machine ou si c'est écrit » Bjorn se sentit fatigué en regardant Erna. « La plupart d'entre eux ne seront même pas intéressés et ceux qui le sont trouveront toujours quelque chose à redire, quoi que tu fasses. Un ou deux d'entre eux pourraient comprendre ta sincérité et tes bonnes intentions »

« Je sais » dit Erna en levant la tête pour regarder Bjorn. « Néanmoins, je m'en souviendrai. Tu n'es peut-être pas prêt à faire des efforts pour des choses qui ne te tiennent pas à cœur, mais pour moi, c'est suffisant »

« Tu penses que c'est une chose inutile ? »

« Je ne peux pas te forcer, alors même si tu oublies, je comprendrai » Erna sourit doucement, puis reporta son attention sur l'invitation suivante.

Pour Bjorn, la plupart des choses qui préoccupaient Erna étaient des tâches inutiles, mais pour Erna, il s'agissait de joies simples et précieuses.

Il n'avait aucun sentiment négatif à l'égard de la curiosité d'Erna et de son désir d'essayer toutes sortes de choses différentes. Il pouvait se sentir exclu lorsqu'Erna passait plus de temps avec ses amis qu'avec lui, ou lorsqu'elle essayait d'obtenir sa part de succès. La plupart du temps, il avait même envie de la regarder grandir.

Cette femme devant lui était la vraie Erna. Calme, têtue, pleurant beaucoup, riant tout autant, voulant tout essayer au moins une fois. Parfois, elle était comme une enfant choyée, mais à d'autres moments, elle était comme une rude exploratrice.

Bjorn alla chercher une chaise et s'assit en face d'Erna, mais avant qu'il ait pu s'asseoir, la gardienne de l'enfer se fit connaître, elle était devenue très expérimentée dans l'art de se cacher à la vue de tous.

« Sortez » ordonna-t-il à Lisa, plutôt choqué de la trouver dans la pièce. Elle ne sortit qu'une fois que ses yeux rencontrèrent Erna, qui acquiesça.

« C'est fini ? » dit Bjorn en prenant une invitation.

Les yeux d'Erna s'écarquillèrent, comme si elle s'attendait à ce que Bjorn la mette en pièces. « Oui, celle-là est terminée. »

« Combien d'autres ? »

« Si je travaille dur pendant les trois prochains jours, je devrais pouvoir les terminer »

La mâchoire de Bjorn s'effondra de stupeur. « Tu invites tout Schuber ? » Bjorn sourit et prit un stylo.

« Tu m'aides ? » Erna cligna des yeux, surprise, et ses joues rougirent. Elle était si belle.

Bjorn répondit en trempant la plume de son stylo dans l'encre et en la grattant sur le papier.

« Il faut que tu te souviennes d'une chose, Erna, ce n'est pas de la décence ou de la sincérité, c'est de la folie pure et simple. »

*********************************

Le cheval se promenait tranquillement dans le paddock à côté des écuries du château de Schuber. C'était un beau cheval, à la robe brune et brillante.

« Tu l'aimes bien ? » dit Bjorn, rompant le silence.

Erna leva les yeux vers lui, surprise. « Tu veux dire que c'est ce que tu voulais me montrer ? »

Bjorn acquiesça paresseusement. Il fit un geste et le chef d'écurie arriva. Il avait conduit le cheval dans l'enclos et l'amenait maintenant à la Grande-Duchesse. Le cheval se tint calmement devant elles.

« Saluez-la Erna, elle est à vous maintenant » Bjorn sourit et incita Erna à s'approcher. Il était étrange de voir une femme qui avait traité un veau comme un chiot hésiter devant un cheval.

« Tu veux vraiment dire... »

« Tu devrais apprendre à monter à cheval »

« Oui, mais... » Erna s'approcha enfin du cheval. Bjorn esquissa un doux sourire en la regardant saluer maladroitement le cheval.

C'était une jeune jument belle et docile, qui convenait parfaitement à une personne comme Erna. Bjorn l'avait peut-être payée plus cher qu'elle ne valait, mais cela ne le dérangeait pas.

« Sois courtoise, Erna, c'est aussi une dame »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Regarde, elle porte un chapeau et de délicats gants blancs » Bjorn montra la couronne de blanc autour de la tête du cheval et ses balzanes blanches qui ne couvrent que les pieds avant. Erna éclata de rire.

« Je vois, c'est vraiment une dame. »

Bjorn prit la main d'Erna et caresse la crinière du cheval. C'était une femme bien dans sa peau et elle obtenait toujours ce qu'elle voulait.

« Quel est le nom de la dame ? » dit Erna, qui avait trouvé assez de courage pour caresser le cheval.

« Il faut lui donner un nom. »

Erna fut choquée. « Non, je ne peux pas, c'est ton cadeau, tu dois lui donner un nom »

En pensant à Krista, le veau qui avait failli s'appeler Divorce, Erna se demanda si elle avait pris la bonne décision. Bjorn put lire la prise de conscience sur le visage d'Erna et éclata d'un rire délicieux, Erna aima ce rire et se joignit à lui. Ils riaient ensemble comme des enfants excités.

« Les cours commencent demain » dit Bjorn en tenant doucement la main d'Erna.

Erna pensait à la façon dont elle allait devoir monter sur le dos du cheval et savait qu'elle allait avoir l'air très maladroite. « Est-ce que je sais vraiment bien monter à cheval ? »

« Fais comme si tu me montais »

La réponse de Bjorn fut un regard qui aurait pu faire fondre la glace. Erna voulut lui demander de ne pas dire de telles choses à l'extérieur, mais son bon professeur avait déjà scellé ses lèvres d'un tendre baiser.

« Tu as un bon entraîneur, tu monteras le cheval comme une professionnelle en un rien de temps » dit Bjorn.

Ps de Ciriolla: alors j'ai personnellement modifié deux mots du texte originel.... j'ai mis balzane à la place de chaussatte... mais surtout pied à la place de patte....Les chevaux n'ont pas de pattes, jamais, des pieds, des jambes oui mais pas de pattes.... désolé... mon coté cavalière ne supporte pas certains trucs.

Bonne lecture

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 168 – Full House

Le professeur d'Erna était un escroc, un menteur et il n'avait pas fallu longtemps à Erna pour s'en rendre compte. Cela ne faisait qu'une semaine que les leçons se déroulaient calmement, on apprenait les bases et comment s'occuper de Lady Dorothée, mais une fois sur le dos, Erna ne pouvait rien faire d'autre que de s'agripper fermement et de crier.

Bjorn avait été un excellent professeur jusque là, mais à chaque fois qu'Erna se mettait en selle, elle criait et Bjorn laissait échapper un soupir agacé et regardait simplement Erna se débattre.

« Votre Altesse, vous ne sortez vraiment pas ? Le prince va bientôt partir » dit Lisa en posant la brosse à cheveux sur la table. Erna fit un signe de tête obstiné.

« Je suis occupée à préparer le festival d'été, et je ne pense pas pouvoir le voir partir avant un certain temps » Erna se rendit dans le salon des suites.

Ce n'était pas une excuse de plus pour éviter de voir son méchant mari, elle était vraiment occupée. L'association des femmes et les nombreux événements sociaux, ainsi que le festival d'été habituel, Erna était occupée du matin jusqu'à tard dans la nuit. Elle ne pouvait pas se reposer un seul instant.

Ce n'était que parce qu'elle aimait Bjorn qu'elle avait promis de prendre le temps d'apprendre à monter à cheval. C'était une piètre promesse, difficile à tenir face à cet homme impénétrable qui l'avait tant insultée.

Erna s'assit à son bureau, à côté de la statue d'éléphant aux couleurs criardes, et sa colère explosa. Elle regrettait de ne pas avoir suivi la suggestion du décorateur et d'avoir jeté l'objet dans un coin caché d'une pièce oubliée.

« Quel est le problème ? » lui avait demandé Bjorn en descendant de cheval. « Comment peux-tu être aussi nerveuse avec un si bon professeur ? Comprenez-moi bien, Erna, je ne peux pas vous aider si vous ne me dites pas quel est le problème »

Erna préférait Bjorn en colère plutôt que cette personne calme et compréhensive qui la regardait d'un œil froid. Sans les hauts et les bas émotionnels habituels, Erna était encore plus bouleversée.

« Je suis désolée » dit Erna en regardant ses pieds, évitant le regard de Bjorn.

« Non, Erna, ce dont j'ai besoin, c'est d'une explication, pas d'excuses. »

« J'ai peur, c'est tout » a presque crié Erna. « Si Dorothée fait une erreur, si elle s'enfuit soudainement ou si elle me laisse tomber... »

« Erna » dit Bjorn avec un sourire rassurant. « Dorothée est le cheval idéal. Elle comprend sans doute mieux que toi ce qui se passe »

« Es-tu en train de dire que je suis pire qu'un cheval ? »

Bjorn n'haussa même pas un sourcil.

« Tu ne penses vraiment pas que tu es meilleur que Dorothée ? » Bjorn garde son sang-froid.

Le cours se termina dans l'humiliation et Erna laissa éclater une colère qu'elle ne pouvait plus contenir. Elle n'était plus la dame courtoise. Bjorn ne montrait toujours aucune émotion. Il se contenta de la regarder dans le vide et de soupirer comme s'il trouvait sa crise mignonne et amusante. Il se comportait comme s'il traitait un enfant.

Erna ferma les yeux, effaçant ce souvenir de son esprit. Elle compta jusqu'à dix et laissa fondre les frustrations qui s'accumulaient. Ce n'était qu'après avoir compté jusqu'à dix une deuxième fois qu'elle parvint à se calmer.

Erna comprenait que Dorothée était un cheval bien dressé et elle savait que son instructeur était lui-même un cavalier expérimenté, elle savait que le problème venait de son inexpérience, mais cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas s'énerver si les bons mots étaient utilisés. Il semblait que ces mots aient été prononcés sans aucune intention de nuire.

Erna regarda par la fenêtre, la calèche allait bientôt partir et elle resta déterminée dans sa décision de ne pas raccompagner Bjorn. Elle ne voulait même pas aller à la fenêtre. Le travail d'aujourd'hui s'empilait comme une montagne devant elle, elle n'avait pas de temps à perdre de toute façon.

Le salon de la grande-duchesse Schuber se remplit bientôt du bruit des plumes qui crissent sur le papier.

*****************************

« Qui continue d'appeler ce salaud ? »

Le jeu s'était terminé par la victoire de Bjorn Dniester, comme toujours. Les autres joueurs se demandaient toujours qui appelait le bâtard, mais ils savaient que Bjorn venait de son propre chef et que, lorsqu'il le faisait, l'ambiance dans le club social devenait lourde de désespoir.

Une fois le désespoir apaisé, le club social reprenait son rythme habituel. L'échange de plaisanteries insignifiantes aux dépens des uns et des autres remplissait le club de rires.

Les conversations sur les courses de chevaux, les investissements et, bien sûr, les femmes étaient devenues la norme. Le principal sujet de conversation était la compétition d'aviron.

Les gens partagent leurs opinions et leurs prédictions sur les équipes qui allaient gagner et les paris étaient placés avant l'événement. Il était difficile de prédire avec précision qui soulèverait le trophée, le prince héritier s'étant retiré cette année, mais chacun avait ses propres théories et déductions.

Bjorn regarda autour de lui, à travers la fumée des cigares, et se demanda pourquoi le prince héritier n'était pas présent au club social. La compétition d'aviron approchait à grands pas et Erna s'occupait de l'administration de l'événement.

Cette femme traversait la saison estivale comme si elle menait une guerre. Même s'il lui disait qu'elle n'avait pas besoin de travailler autant, elle ne l'écoutait pas. Elle était trop têtue et il se surprenait à penser à elle montée sur son cheval. Elle était courageuse, elle criait et le regardait avec des flammes bleues en colère dans les yeux.

Erna était très émotive et ne le comprenait pas du tout. Ils devaient trouver un plan pour surmonter ce problème, mais Erna ne semblait pas vouloir le faire. Elle déclara qu'il était le pire des professeurs, qu'elle ne prendrait plus jamais de cours avec lui, il ne discuta pas et la laissa partir en tempêtant dans sa chambre comme une enfant.

Si elle souhaitait continuer à prendre des leçons d'équitation, il serait préférable de faire appel à un instructeur professionnel ; sinon, il envisagerait de revendre le cheval.

« Bjorn, fais-nous une faveur et pars » dit Leonard alors que la nouvelle manche commençait.

« Non » répondit Bjorn en jetant un coup d'œil à sa montre. « J'ai besoin d'argent pour les leçons d'équitation d'Erna » Il aimait Erna, mais il y avait une ligne Maginot.

« Ne me suivez pas. Parce que je ne veux pas te voir »

Erna était sortie en trombe de l'enclos, le visage rouge de rage. Bjorn ne l'arrêta pas et laissa sa femme se livrer à sa révolte enfantine en fermant la porte de sa chambre à clé et en sautant le dîner.

Il serait plus qu'heureux de s'excuser, s'il avait fait quelque chose de mal, mais il n'avait pas l'intention de le faire. Erna finirait par se fatiguer et accepterait de modifier sa façon d'aborder le problème.

Bjorn regarda les cartes qui lui avaient été distribuées et prit son verre. Il restait encore une heure avant la prochaine leçon. Il se demandait si elle prendrait la peine de venir.

Cela valait-il la peine de retourner au palais ? Il devait partir maintenant pour arriver à temps.

« Bjorn ? » dit Pierre.

Bjorn retourna au jeu, replaçant un cigare entre ses lèvres après avoir bu une gorgée de cognac. Les visages des autres joueurs de cartes étaient tous tournés vers lui. Ils semblaient impatients, espérant pouvoir récupérer une partie de leur argent grâce à la distraction de Bjorn.

Le moment était venu de placer la mise et tout le monde le regardait. Après avoir jeté un nouveau coup d'œil à sa main, il regarda sa montre et se mit à rire. Tous les autres se regardèrent, confus, et se demandèrent s'il s'agissait d'un nouveau bluff.

« Je me couche» déclara Bjorn en se levant de la table.

« Bien, peut-être que maintenant nous avons une chance » dit Peter avec un sourire de victoire.

« A quel point sa main était-elle mauvaise pour qu'il se lève et parte ? » dit Leonard en jetant un coup d'œil aux cartes que Bjorn avait laissées derrière lui.

Un full... en une seule main.

Les explications du jour....

La ligne Maginot : c'était une ligne de défense lourdement armé et fortifié qui séparait la France et l'Allemagne construite suite à la première guerre mondiale, techniquement infranchissable, l'invasion de la deuxième guerre mondiale fut possible car les allemands sont passé par la Belgique pour attaquer la France... donc la comparaison avec Erna c'est que elle est tres tres sur la défensive et refuse d'être approcher Full house, est une main du poker composé d'un brelan (3 cartes de la même valeur) et d'une paire (2 cartes de la même valeur) c'est la 4eme main la plus forte au poker.... donc quand Bjorn se couche (abandonne) avec une telle main pour être a l'heure pour la leçon d'Erna, c'est juste une putain de preuve d'amour... préférant perdre sa partie et ses gains pour être avec sa femme alors même qu'elle est fâchée, sachant qu'un Bjorn ne joue jamais pour perdre...

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 169 – Bibi et

Nana

« Il fait beau » dit Bjorn d'une voix calme.

Ils étaient assis à la même table depuis un bon moment, écoutant simplement la musique qui passait au-dessus des rires et des bavardages.

« Oui, c'est vrai » répondit froidement Erna. Elle leva les yeux vers Bjorn.

« C'est un temps idéal pour ne rien faire. »

Bjorn regarda Erna avec un sourire aux coins des lèvres. Erna désapprouvait la façon dont il essayait d'enjoliver la situation, mais elle ne pouvait pas se détourner facilement de son beau visage.

« Quel méchant homme » se dit-elle.

Il avait l'air changé, mais se sentait inchangé et Erna avait du mal à le détester pour cela, elle aimait et détestait à la fois la tournure que prenaient les choses. Ce n'était qu'un imbécile qui ne méritait pas vraiment ce qu'elle pensait de lui.

Se sentant coupable de ce qu'elle pensait, Erna détourna le regard sous peine de voir Bjorn lire dans ses pensées. Ce fut alors qu'elle remarqua Leonid et Rosette qui se tenaient devant eux. Ils étaient entourés des vieilles dames de la famille royale, pas une seule d'entre elles ne les regardait d'un air approbateur.

Erna n'arrivait pas à comprendre ce qui se disait, mais elle pouvait imaginer que ce n'était pas des paroles rassurantes de soutien et de réconfort. Les deux ne faiblirent pas, telle était la force de leur amour. Ils se tenaient la main, se faisaient confiance et comptaient l'un sur l'autre pour surmonter cette épreuve annoncée.

A l'extérieur, les deux jeunes gens avaient l'air plutôt rigides et convenables, mais ils s'appelaient par des noms charmants et informels : Rosie et Léo. Leonid regarde sa fiancée avec des yeux chaleureux. Le cœur d'Erna tressaillit lorsqu'elle les vit se regarder avec tant d'amour. Leonid était comme un prince de conte de fées.

C'était un prince qui resterait aux côtés de sa princesse, quelle que soit la menace, et qui se battrait contre un véritable dragon cracheur de feu s'il le fallait. Lorsqu'elle était la seule étudiante à l'université, lorsqu'elle luttait contre la pression, c'est Leonid qui se tenait à ses côtés et lui apportait sa force.

Dès que les vieilles dames grises ont eu fini de juger le couple, elles ont commencé à s'en prendre à d'autres petits-enfants. Elles ont été immédiatement remplacées par d'autres membres de la famille qui attendaient en coulisses d'avoir une chance de parler au couple. Leonid allait devoir protéger sa fiancée un peu plus longtemps, semble-t-il.

Heureusement, Rosette était une femme qui ne se laissait pas facilement influencer par les commentaires des foules désapprobatrices.

Erna poussa un petit soupir en détournant son regard du couple fraîchement formé et en levant les yeux vers son mari. Il y a deux ans aujourd'hui, ils s'étaient rencontrés.

Erna s'en souvenait comme si c'était hier. Le prince qui était arrivé comme un rayon de soleil pour la sauver de devoir supporter les vieillards désespérés du marché du mariage, mais c'était un prince qui était meilleur sur le papier, qu'il ne l'était en réalité.

« Pourquoi me regardes-tu comme ça ? » demanda Erna en remarquant que Bjorn la fixait.

« Parce que tu es jolie, ma femme est jolie, même quand elle fronce les sourcils comme ça » Il sourit. « Tu es particulièrement jolie quand tu es en colère, mais tu es encore plus jolie quand tu souris »

Les lampes soigneusement choisies qui pendaient aux arbres éclairaient son visage, projetant des ombres étranges autour de lui et exagérant son sourire narquois.

En vérité, Erna voulait se réconcilier et arrêter les disputes, mais elle ne voulait pas non plus le laisser partir si facilement. C'était lui qui la comparait à un cheval, qui l'insultait, qui faisait des bruits absurdes et qui la laissait de marbre.

D'un autre côté, elle savait qu'elle n'avait pas été très performante et qu'elle avait été très distraite par l'organisation du festival. Il était également difficile de nier le point de vue de Bjorn, à savoir qu'elle avait réagi de manière un peu trop émotionnelle et sensible.

« Ta colère s'est calmée ? » dit Bjorn, comme s'il devinait ce à quoi elle pensait.

« Non » dit-elle brusquement.

« Alors pourquoi ne peux-tu pas détacher tes yeux de moi ? »

« Je... je réfléchissais »

« Tu réfléchissais ? »

« Oui, je me demandais pourquoi, aujourd'hui, tu n'as pas l'air aussi bien que prévu »

« Quoi ? » Bjorn a regardé Erna comme si elle était une enfant qui essayait de faire une farce.

« Ce n'est rien, même toi tu ne peux pas toujours être excellent en tout »

« Ah, vraiment, alors qu'est-ce qui te fait penser moins à ma tenue «

« Cette...cravate » Erna dit la première chose qui lui vint à l'esprit. « Je n'aime pas la couleur, elle ne te va pas »

En vérité, la cravate champagne lui allait parfaitement. Mais elle aurait pu être de n'importe quelle couleur et elle lui aurait été parfaite.

Bjorn regarda Erna et, sans la quitter des yeux, appela un assistant. Il chuchota quelque chose à l'oreille de la jeune fille qui partit en courant et revint quelques instants plus tard avec le prince Christian.

« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda le prince Christian.

« Échange de cravates avec moi, Chris »

« Quoi ? Ma cravate ? » dit le prince Christian, interloqué.

Bjorn ne donna aucune explication, il enleva simplement sa cravate et la tendit à son jeune frère en attendant qu'il fasse de même. Le Prince Christian se rendit à la demande de son frère et lui tendit sa cravate turquoise, que Bjorn mit avec désinvolture.

Le prince Christian eut l'impression de rencontrer un fou, mais il secoua simplement la tête et s'en alla sans dire au revoir. Erna finit par laisser échapper un rire qu'elle ne pouvait plus contenir.

Le prince était méchant, mais gentil, et elle appréciait le conte de fées qu'ils étaient en train de créer ensemble. Même si ce n'était pas un conte de fées classique, il était aussi fascinant que peu conventionnel et c'était tout.

« Alors, tu aimes ma cravate maintenant ? »

« Beaucoup mieux » dit Erna, faisant comme si elle n'avait pas gagné et acceptant sa main en signe de réconciliation.

Juste à temps, l'atmosphère du jardin commença à s'agiter. Une nuit d'été. C'était l'heure de l'éclosion des fleurs de la fête.

********************************

Alors que la navigation de plaisance commençait, une myriade de couples traversant la rivière à la rame, entre les fleurs flottantes, toute l'attention se porta à nouveau sur le prince héritier et sa fiancée. Le monde étant distrait, le Grand-Duc et son épouse ont pu jouir d'une certaine discrétion. Leur bateau quitta le quai et dériva doucement le long de la rivière Abit.

Bjorn rama jusqu'à un endroit où les lumières étaient les plus belles et Erna put enfin raconter toutes les histoires qu'elle voulait dire depuis si longtemps. Bjorn écouta attentivement, tout en regardant vers l'extérieur, d'où il pouvait voir le pont du Grand-Duc et le palais en même temps.

« Mlle Preve a l'air d'être une personne assez sympathique » dit Erna avec un sourire radieux. « Je l'aime bien parce qu'elle me fait penser à toi. »

Bjorn fronça les sourcils en entendant les paroles de sa femme, prononcées avec excitation. Il se demanda si Rosette avait la même impression, bien qu'ils n'aient pas passé beaucoup de temps ensemble, pas même lorsqu'ils allaient au collège ensemble. Il décida de ne pas partager l'anecdote et de raconter à Erna l'histoire de la reine des cygnes folle, ce qui l'amènerait encore plus à lui ressembler.

« C'est bien que vous vous entendiez toutes les deux »

« Oui, mais je suis toujours la seule à avoir les cheveux bruns, et je suis toujours la plus petite » murmura Erna d'un air maussade.

« Et Greta ? »

« Elle est plus grande que moi d'un doigt, j'ai vérifié, et le pire, c'est qu'elle n'a que treize ans » Erna se sentit sombrer un peu plus dans la tristesse.

« Eh bien... » Bjorn rit, « ça te rend encore plus spéciale » Bjorn tendit la main et caressa la joue de sa petite Grande-Duchesse aux cheveux bruns. Celle-ci fit de son mieux pour essayer d'éviter son regard. Il y eut un moment de silence. « Si tu ne veux pas apprendre à monter à cheval, je ne te forcerai pas. »

« Vous ne voulez plus m'apprendre ? »

« Je n'ai pas dit ça, mais si tu as du mal, tu n'as pas à le supporter »

« Non, je veux apprendre, je le veux » Erna secoua la tête.

Même pendant sa guerre avec le maître des tours, Erna était allée à l'écurie tous les jours pour saluer son cheval. Elle lui caressait la crinière, lui donnait des carottes et lui racontait des histoires. Erna se rendit compte qu'elle n'avait plus peur du cheval.

Comme l'avait dit Bjorn, Dorothée était le cheval parfait.

« S'il vous plaît, continuez à m'enseigner, j'étudierai dur. »

« Tu as encore l'intention de te battre avec moi ? »

« Peut-être, mais ça ira. Nous pourrons nous battre plus intelligemment la prochaine fois » Erna regarda Bjorn qui sembla comprendre, il sourit au moins. « Bjorn, je pense que nous devrions aussi nous donner des petits noms »

Encouragé par la générosité de la jeune femme, Bjorn avait du mal à refuser une demande aussi innocente.

« Vous pouvez m'appeler par mon nom, qu'y a-t-il de mal à cela ? »

« Je pense que ce serait romantique, si nous avions des noms l'un pour l'autre que personne d'autre n'est autorisé à utiliser, c'est ce que font les couples. Pensez-y, je pourrais être Ena, ou nana » ricana Erna « Toi... euh... Bibi. »

Erna n'avait que faire de l'opinion de Bjorn, elle était inébranlable et continuait malgré tout. Elle savait que ces noms ne convenaient pas du tout, mais elle avait du mal à en trouver d'autres.

Bibi et Nana.

Lorsqu'elle tournait un peu les noms, ils ne semblaient pas si mauvais, mais Bjorn fronçait les sourcils chaque fois qu'Erna les prononçait à voix haute.

« Je préférerais que tu m'appelles 'bâtard' » dit Bjorn d'un air dégoûté.

Erna décida qu'à partir de maintenant, lorsqu'elle se mettrait en colère contre Bjorn et qu'il se moquerait d'elle, elle l'appellerait Bibi.

Sous le feu des lumières colorées, Nana embrassa Bibi.

Une nuit d'été devint un peu plus belle.

Ps de Ciriolla: la gueule des disputes avec de tel surnom XD

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 170 – La saison où la couleur du vent change

La couleur de la saison avait changé.

En regardant le jardin qui s'étendait sous le balcon et au-delà, Erna ne pensait plus à rien. Le soleil de midi était chaud, mais le matin, elle sentait la fraîcheur du changement de saison. Elle se laissa gagner par le soleil du matin et défit le châle qu'elle portait par-dessus son pyjama.

Elle décida de ne pas faire sa promenade matinale habituelle et quitta le balcon pour retourner dans sa chambre. En fermant les portes et les rideaux, l'air devint plus agréable. Elle posa le châle sur la table de nuit, puis se précipita dans le lit. Elle s'allongea à côté de Bjorn encore endormi. Elle aimait la chaleur de son corps et s'y blottit profondément.

Elle pensa à ses tâches matinales et essaya de s'installer dans la chaleur de Bjorn. Elle devait cueillir des fleurs fraîches pour la table à manger et rendre visite à Dorothée à l'écurie pour lui donner des carottes.

Alors que chaque tâche lui traversait l'esprit, sa léthargie continuait à la convaincre de rester au lit. Ces dernières semaines, elle était de plus en plus fatiguée et épuisée. Elle somnolait sans cesse et avait une légère fièvre. C'était un mystère que seul un médecin pouvait résoudre, mais Erna ne l'avait pas encore appelé, elle s'inquiétait de ce que cela pouvait signifier. Elle ne voulait pas avoir à affronter les mauvaises nouvelles qui semblaient toujours arriver lors de la visite du médecin, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas les éviter éternellement.

« Erna ? »

Une voix grave et fatiguée sortit Erna de ses pensées, une voix qui était aussi annonciatrice que l'automne qui approchait à grands pas.

« Désolée, je ne voulais pas te réveiller » dit Erna.

« C'est bon, je devais me lever bientôt de toute façon. Tu vas bien ? » Bjorn se retourna et toucha la joue d'Erna.

Bjorn se pencha et embrassa Erna sur le front et sur le nez. Il devait être debout ce matin pour une réunion importante à la banque. Il pouvait sentir la fièvre sur son front.

« Es-tu malade ? » Il la regarda dans les yeux.

« Non » répondit Erna en secouant la tête. « Je ne sais pas » Même dans ce moment de confusion, elle sentait qu'elle ne pouvait pas mentir à Bjorn.

Bjorn ne répondit pas, ses yeux s'assombrirent pendant une seconde, mais retrouvèrent leur lumière initiale. Il donna un petit coup de bec à Erna et se leva du lit.

« Tu devrais peut-être te reposer aujourd'hui » ordonna-t-il doucement.

« Merci » dit Erna.

Bjorn se pencha sur elle et passa ses doigts dans son crâne ébouriffé avant d'aller s'habiller. Lorsqu'il atteignit son armoire, il sonna la cloche de service. Le domestique apparut presque instantanément avec le journal du matin et un petit déjeuner.

Pour lui, c'était une matinée ordinaire.

Il s'habilla, sirota son thé et, une fois habillé, s'assit pour lire le journal et prendre le petit déjeuner qui lui avait été préparé. Il n'était pas trop inquiet à propos de la réunion avec la banque aujourd'hui, il n'avait pas l'impression qu'ils arriveraient au résultat qu'il souhaitait. Une seule chose le tracassait et le distrayait alors qu'il essayait de fixer ses boutons de manchette.

« Pouvez-vous contacter le médecin pour ma femme ? » demanda Bjorn au domestique lorsqu'il les appela pour qu'ils emportèrent les couverts et la vaisselle usagés. « Et pourriez-vous m'informer immédiatement de son diagnostic ? »

************************

Tout cela à cause de cette maudite Gladys Hartford. Les yeux des banquiers de Lechen lançaient des flèches sur Lars, de l'autre côté de la mer.

Bjorn n'avait-il pas déposé sa couronne et ne s'était-il pas installé dans le quartier financier à cause de cette femme ? Il n'était pas exagéré de dire que c'était la faute de la sorcière de Lars pour le fiasco d'aujourd'hui.

Tous les regards se tournèrent vers Bjorn qui, malgré ses efforts pour rester calme, affichait définitivement un air agacé et rancunier.

Il avait beau être prince, ce n'était pas pour autant qu'il pouvait plier la volonté des finances à ses caprices. Il aurait pu être évident que son élection à la tête du quartier financier était quasiment acquise, il n'était dans le jeu que depuis quelques années et avait à peine affiché un panneau de banque.

Le fait d'être affichée comme la banque de la famille royale était un insigne qui désignait la banque choisie comme la meilleure banque de tout Lechen. La concurrence pour ce poste était féroce et la décision finale revenait au ministre des Finances, un choix sur lequel même le roi ne pouvait intervenir, et le fait que la banque de Bjorn avait été négligée ces deux dernières années témoignait de l'équité du ministre.

Les progrès incroyables réalisés par Bjorn au cours des deux dernières années n'avaient rien d'exceptionnel. En plus de faire d'énormes profits grâce à ses investissements dans les propriétés de Berg, il avait également réussi à établir une solide base de dépôts en ouvrant plusieurs succursales à travers Lechen. Même s'il n'était pas élu banquier royal, ses réalisations ne pouvaient pas passer inaperçues.

« Il semblerait que les avoirs de Felia et Berg se soient à nouveau stabilisés » dit un homme âgé, assis en face de Bjorn. Son ton était mêlé d'hostilité et de reproches, mais Bjorn se contenta d'un léger sourire.

« Oui, ce qui est une chance à bien des égards, surtout pour la famille Baltz » dit Bjorn d'un ton détendu. Cela ressemblait à une froide menace.

Pour tenir le prince en échec, les autres banquiers avaient mis au point un plan. Il s'agissait de saper la confiance du marché financier envers le Prince, en diminuant la dette publique confiée à la banque Freyr. Plusieurs familles avaient mis leur argent en commun et avaient commencé à acheter des actions de Berg. Lorsqu'elles avaient eu assez de force, elles attaquèrent la banque Freyr. Bjorn voulait bouleverser la donne en vendant tout d'un coup.

Alors qu'ils étaient sur le point de réussir, Bjorn freina, s'attendant à une contre-offensive. Freyr rachetait toutes les participations publiques de Felia et Berg, confiées et gérées par d'autres banquiers. Bjorn ne pouvait les défier qu'avec ses propres capitaux.

Œil pour œil, dent pour dent.

Aucun investisseur sain d'esprit ne ferait quoi que ce soit pour s'opposer à Freyr, mais Bjorn était un chien fou, c'était un homme qui entraverait son propre cou-de-pied pour trancher les chevilles de son adversaire et s'ils mouraient ensemble, au moins Bjorn mettrait son adversaire à terre en même temps.

Lorsqu'elle cessa ses activités, la banque Freyr cessa sa contre-offensive. C'était comme un avertissement insolent du jeune prince, qui leur demandait de se battre à armes égales, s'ils ne voulaient pas mourir dans les flammes.

L'heure à laquelle le ministre des Finances devait annoncer le résultat de sa décision approchait à grands pas et l'atmosphère dans la salle du conseil était tendue. Elle était suffisamment lourde pour peser sur tous les hommes, à l'exception de Bjorn, qui était toujours aussi calme. C'est alors qu'un employé est venu transmettre un message à Bjorn.

Le sourire disparut du visage de Bjorn lorsqu'il prit le message des mains du serviteur et il prit un air sombre en le lisant. Les autres banquiers se regardèrent les uns les autres, se demandant ce qui avait pu désarmer le prince, mais tout le monde sursauta lorsque Bjorn éclata de rire.

« Quel genre de plan est-ce là ? » marmonna l'un des vieux banquiers.

Les banquiers se regardèrent tous, inquiets, tandis que le prince fourrait le billet dans sa poche et continuait à attendre la décision du ministre des Finances.

« En vous voyant sourire de la sorte, vous avez mis la salle sur les nerfs, je commence à me demander si l'un d'entre nous en a le droit. »

Il n'y avait plus de temps pour les spéculations et les enquêtes, car le ministre des Finances entre enfin dans la salle, ce qui fit que tous les banquiers se levèrent d'un bond, faisant grincer leurs chaises sur le sol.

Le résultat fut celui que tout le monde attendait.

Dans le vent des saisons changeantes, un nouveau banquier royal était né. Il s'agissait de Bjorn Dniester, un désastre envoyé dans le quartier financier par la sorcière de Lars.

*******************************

« Félicitations, votre Altesse » Mme Fitz accueillit le prince à son retour au palais. Elle s'efforça de rester calme, mais ne parvint pas à cacher son excitation.

Bjorn répondit par un simple et large sourire.

« Son Altesse est dans sa chambre. »

Bjorn porta le coffret que lui avait remis le préposé, traversa le hall et monta les escaliers. Il sentait l'impatience le pousser à sortir plus vite que d'habitude et faillit courir jusqu'à la porte d'Erna.

Il s'arrêta, se donna une seconde pour reprendre son souffle et entra dans la pièce. La gardienne de l'enfer tressaillit à son arrivée soudaine et se leva. Lisa n'était pas celle qu'elle s'attendait à voir.

« Son Altesse est endormie, votre Altesse, elle aimerait que vous restiez à ses côtés »

Lisa répondit poliment. Bien qu'elle avait donné un conseil insolent, il ne s'y opposa pas.

« Votre Altesse ! » Après qu'il hocha la tête et fit un pas, Lisa l'appela d'urgence. Alors qu'il détournait le regard, leurs yeux se croisèrent et la gardienne de l'enfer éclata en sanglots comme une enfant : « Félicitations, votre Altesse »

Bjorn sourit et entra dans la chambre. La porte s'ouvrit sans bruit et se referma.

Ps de Ciriolla : j'en connais qui vont faire des bonds....

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 171 – Jusqu'à

ce que les bonbons fondent

Erna ouvrit lentement les yeux sur l'obscurité de sa chambre. Elle ferma les yeux, puis les rouvrit. Chaque fois qu'elle fermait les yeux et les rouvrait, la pièce devenait plus claire. Ce n'était pas un rêve.

Une fois qu'elle en fut convaincue, elle expira longuement. Elle avait peur que l'histoire se répète, mais lorsqu'elle ouvrit correctement les yeux, il était toujours assis là.

« Bonjour maman Dniester » Dans l'éclairage clair de la pièce, éclairée par des bougies, une voix amicale lui tendit les bras et lui souhaita la bienvenue dans le monde des vivants.

Erna sourit en touchant doucement son ventre, qui ne montrait aucun signe de la nouvelle vie qui commençait à y pousser. Elle se retourna pour faire face à la voix qui l'avait accueillie et son cœur faillit bondir quand, au lieu de Bjorn, elle tomba nez à nez avec une peluche.

« Qu'est-ce que c'est ? » dit Erna avec un éclat de rire nerveux. Il y avait deux ours en peluche sur son oreiller.

Tandis qu'Erna observait les détails des deux ours, Bjorn alluma la lampe. La pièce se remplit d'une douce lueur ambrée.

« Bonjour papa Dniester. »

« Hmm » Un sourire chaleureux se dessina sur le visage de Bjorn.

« J'ai réfléchi toute la journée à la façon dont je te l'annoncerais, mais je suppose que tu as demandé au médecin de te le dire dès qu'il en a eu la certitude » Le visage d'Erna devint rouge et bouffi.

Erna serra les poupées contre elle et malgré tous ses efforts pour retenir les larmes, elles vinrent quand même. Bjorn s'assit sur le bord du lit et attendit patiemment qu'Erna se calme.

« Ce cadeau est-il destiné à bébé Dniester ? »

« Je n'ai pas pu m'en empêcher, il fallait que je les achète » Bjorn rit. « Ces deux-là sont les plus populaires, mais je ne savais pas lequel tu préférais »

Il y avait un ours brun et un ours blanc.

« Je ne peux pas avoir les deux ? » dit Erna, incapable de choisir entre les deux.

Bjorn accepta la demande de sa femme en hochant la tête. « Tu peux avoir ce que tu veux »

Les remords pour le passé s'intensifièrent autant que la joie d'Erna pour l'avenir.

Malgré cela, le silence de Bjorn s'accentua, car il ne savait pas comment expliquer ou exprimer la joie qu'il ressentait à cet instant. Erna sourit comme pour dire qu'elle comprenait.

« Merci pour le cadeau, je suis sûre que le bébé les aimera tous les deux » Erna sourit gentiment. « Le bébé dit qu'il y a beaucoup d'autres cadeaux qu'il aimerait »

« Dites-moi »

« Tu vas m'écouter ? »

« Je t'écouterai »

« Quoi qu'il arrive ? »

« N'importe quoi »

Il tenait les mains de sa femme, maintenant qu'elle avait fini d'étreindre la vie imaginaire des nounours. Erna ne pouvait s'empêcher d'être inquiète, alors qu'elle chassait l'eau de ses yeux en clignant des paupières.

« Je te dirai tout ce que je veux manger, alors tu ferais mieux de tout acheter »

Bjorn rit de ce premier souhait inattendu, mais Erna resta sévère et sérieuse. Elle avait l'intention de manger un monde entier de nourriture délicieuse. Des fruits, comme les pêches, en particulier.

« Je veux qu'on choisisse ensemble des articles pour bébé et qu'on décore ensemble la chambre de bébé »

Bjorn n'a pas ri de ce deuxième souhait, il correspondait plutôt à ce qu'il attendait. Il serra la main d'Erna. Erna laissa tomber les tristes souvenirs qui essayaient de se frayer un chemin dans son esprit, elle voulait récupérer toutes les choses que Bjorn avait collectionnées, une par une et détruites une par une.

Erna continua sa liste de souhaits qui ne cessait de s'allonger. Même elle était surprise par l'avidité dont elle faisait preuve.

« Par-dessus tout, la première chose que je veux, c'est... un câlin » Erna sourit de toutes ses forces et sembla presque rayonner alors qu'elle s'asseyait sur le lit. « Je suis si heureuse, mais... un peu effrayée »

Avant de rencontrer le médecin et d'obtenir la confirmation, Erna avait peur d'être à nouveau enceinte, et lorsque cela a été confirmé, cette peur s'est répandue dans son cœur.

« Tu vas bien ? » demanda Bjorn, le sourire était plus doux maintenant. Il ouvrit grand les bras et la serra contre sa poitrine. « Tout ira bien » dit Bjorn et Erna le crut

******************************

« Dites-moi si vous changez d'avis et nous ferons demi-tour » dit Bjorn en regardant par la fenêtre du wagon. Ils arrivaient au centre de Schuber.

« Non, je veux partir » dit Erna avec un faible sourire. Elle était un peu nerveuse, mais pas au point d'être insupportable.

Ils avaient décidé d'aller chercher les affaires du bébé ensemble ce jour-là. C'est Erna qui avait demandé à Bjorn d'aller au grand magasin, plutôt que d'appeler un représentant pour qu'il vienne au palais. Elle voulait faire les choses comme un couple normal, jouissant d'un bonheur ordinaire, et elle voulait que les habitants de Lechen les considèrent comme un couple normal.

« Eh bien, je ne sais pas, je pensais que tu appréciais l'attention » dit Bjorn avec un rire malicieux.

« C'est peut-être vrai » reconnut Erna. Elle ne pouvait pas mentir quand le bébé dans son ventre pouvait l'entendre. Elle était un peu gênée, mais décida de prendre cela pour argent comptant.

« Ton corps va bien ? » Erna hocha simplement la tête à la question de Bjorn, tandis qu'elle voyait le grand magasin se dessiner.

C'était un peu irréaliste, mais Bjorn continuait à regarder pour l'instant. Les nausées matinales avaient été assez sévères pendant un certain temps, mais elles s'étaient atténuées au bout d'une semaine, et grâce à cela, son teint s'était beaucoup amélioré. Il avait demandé plusieurs fois au médecin si cette sortie serait trop importante, et le médecin avait dit plusieurs fois qu'Erna irait bien.

Bjorn regarda sa femme, malgré toutes les affirmations, il avait l'impression que c'était peut-être de trop. Erna portait une robe nouvellement taillée pour son nouveau corps de femme enceinte, qui s'adaptait à sa poitrine gonflée et prenait en compte la taille de son ventre. Il n'y avait toujours pas de changement visible, si ce n'est que ses hanches s'élargissaient un peu.

« Dites-moi si cela devient difficile » dit Bjorn. Erna acquiesça La calèche arriva gracieusement dans la rue principale et s'arrêta devant le grand magasin en pleine effervescence. La foule, semblable à un amas de nuages, s'était rassemblée dans l'attente de la visite très attendue du grand-duc de Schuber et de son épouse.

************************

C'est une journée qui fit pleuvoir des bénédictions sur bébé Dniester.

Les gens accueillirent la Grande-Duchesse avec une curiosité chaleureuse lorsqu'elle apparut à l'extérieur du palais Schuber pour la première fois après l'annonce de sa grossesse. Tous voulaient savoir la même chose : s'agissait-il d'un fils ou d'une fille ? Ou même des jumeaux ! L'empressement excessif de la population gonfla et fit sursauter la Grande-Duchesse.

« Je pense que c'était une bonne idée de venir au grand magasin » dit Erna avec un grand sourire en se remémorant cette journée de folie.

Bjorn surveillait sa femme excitée, en regardant le soleil couchant. Il n'y avait rien de spécial, ils s'étaient simplement promenés dans le grand magasin et avaient regardé ensemble les articles pour bébés. Ils eurent même une discussion sérieuse sur certains jouets.

Bjorn voulait simplement tout acheter et se débarrasser de ce avec quoi le bébé ne jouait pas, mais Erna a dit que c'était du gaspillage. Le prince aimait sa femme, tout comme l'automne dernier, lorsque Bjorn était venu prouver ce fait, il s'était offert en spectacle au peuple, juste pour qu'il puisse voir à quel point le couple ducal était vraiment proche.

Les mots de félicitations et les cadeaux pleuvèrent sur eux où qu'ils aillent. Ils n'arrivèrent pas à s'en défaire. Ils achetaient tant de choses inutiles, mais Bjorn était heureux de payer le prix de l'exubérance d'Erna, malgré son désir de maintenir un certain niveau de tact.

Ce fut sur le chemin du retour, en traversant la rivière Abit, que le sourire radieux qu'Erna avait arboré toute la journée s'était soudain évanoui et qu'elle avait éclaté en sanglots.

« Les gens... Bjorn... les gens ne nous détestent pas » Elle se mit à pleurer en enfouissant son visage dans sa poitrine.

Sachant pertinemment qu'il ne pourrait en aucun cas intervenir dans ses sanglots, il laissa les émotions s'exprimer et attendit patiemment. Il la réconforta doucement, la serra contre lui, tandis qu'elle tremblait dans ses bras. Il espérait que ses larmes cesseraient, mais en attendant, il regardait par la fenêtre la calèche passer sur le pont.

Dans la lumière rosée du soleil couchant, Erna, qui avait cessé de pleurer depuis longtemps, releva la tête, regarda Bjorn, le visage baigné de larmes, et lui sourit comme si elle ne venait pas de pleurer. Bjorn lui rendit son sourire sans dire un mot. Il sortit un bonbon de sa poche et le mit dans sa bouche. Elle le mangea en reniflant, ce qui le fit rire.

Erna tendit également un bonbon et Bjorn le prit dans sa bouche en souriant. C'était des bonbons pour soulager ses nausées matinales, mais ils faisaient aussi de bonnes friandises au citron.

Tandis que le soleil d'automne faisait apparaître des oranges et des ambres brûlés dans le ciel, tous deux se sont regardés dans les yeux jusqu'à ce que les bonbons fondent sur leur langue.

Ps de Ciriolla : Alors fille ou garçon? on lance les paris???

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 172 –

Promenade d'automne

Le manoir Baden était en pleine effervescence en prévision de l'arrivée des invités. La maison de campagne avait été astiquée de telle sorte que la moindre lumière scintillait sur les sols et le garde-manger contenait tant de nourriture que le manoir aurait pu abriter confortablement une armée d'hommes.

La baronne avait fait transporter le lit double de la chambre d'amis dans celle d'Erna, pour remplacer le lit simple et inconfortable. Elle avait également confectionné un tout nouvel édredon. Elle l'étala sur le lit et regarda la pièce, il était difficile de croire qu'elle était la mère d'un enfant sur le point d'en avoir un autre. Cette pensée lui fit monter les larmes aux yeux. Elle réussit à retenir le flot d'émotions, elle ne laisserait pas ce jour joyeux se gâter à cause de ses larmes respectueuses.

Après s'être assurée que la chambre était prête, elle se rendit à la cuisine. Mme Greeve aidait à préparer tous les plats, comme si elle avait complètement oublié son arthrite.

Satisfaite, la baronne monta dans sa chambre pour s'habiller et passa le reste de la journée assise dans son jardin, à attendre l'arrivée d'Erna. Elle regardait la route de campagne comme une statue gardienne. Elle tenait dans sa main la lettre que Bjorn avait envoyée.

Bjorn l'avait surprise avec un cadeau bien pensé. Il lui faisait part de son projet de visiter la manoir de Baden en compagnie d'Erna, qui avait atteint une phase stable et était désormais capable de voyager loin. Très différente de celle qu'il avait envoyée l'année dernière, cette lettre informait la baronne qu'Erna viendrait à Baden, afin de permettre à la baronne de s'occuper d'Erna, qui était enceinte.

Elle avait lu et relu la lettre plusieurs fois après l'avoir reçue et cela lui réchauffait l'âme de savoir qu'Erna était enfin avec un mari qui l'aimait beaucoup. Cela lui donnait de la force et elle n'aurait aucun regret si elle était appelée au ciel à ce moment-là, bien qu'elle souhaitât que ce soit après la naissance de son petit-enfant, qui viendrait au monde au printemps suivant, une saison magnifiquement ornée de fleurs dans leur plus bel épanouissement.

« Regardez, madame, je vois arriver une voiture » dit Mme Greeve depuis la fenêtre de l'étage, la baronne ignorant totalement la présence de sa femme de chambre.

Elle releva ses lunettes, posa la lettre sur la table pour l'oublier et se leva de sa chaise pour mieux voir la route de campagne. Elle pouvait voir qu'il y avait un défilé de carrosses qui montaient la route.

Au moment où les calèches s'engagèrent dans l'allée, Erna se pencha à la fenêtre. «

Grand-mère » appelait-elle en faisant un signe de la main.

La baronne souriait toujours, mais en voyant Erna, son sourire s’agrandit. Son Erna, si peu féminine, mais aujourd'hui, c'était son jour.

Lorsque les carrosses arrivèrent et qu'Erna en sortit, la baronne ne put s'empêcher de remarquer à quel point elle avait l'air en meilleure santé et lorsqu'elles s'étreignirent, elle se sentit comme si elle étreignait la petite enfant qui était venue à elle pour la première fois il y a tant d'années.

La baronne voulait poser une centaine de questions : « comment allez-vous, comment va le bébé, mangez-vous bien, dormez-vous ? » Toutes les questions habituelles d'une grand-mère, et même plus, mais ce n'était pas le moment. En se laissant bercer par le sourire d'Erna et le regard toujours attentif du prince, il semblait que toutes les questions qu'elle se posait trouvaient une réponse dans le réconfort qu'ils s'apportaient l'un à l'autre.

**************************

« C'est Divorce » s'étonna Bjorn en regardant le jardin.

Il était difficile de dire qui était qui, car le jeune veau que Bjorn avait si peu cérémonieusement baptisé d'un nom si terrible, était maintenant aussi grand que sa mère et était d'un brun pommelé similaire. Divorce leva les yeux, curieux des cris joyeux de Bjorn, sans jamais cesser de ruminer.

« Ne l'appelle pas comme ça, elle t'entend, elle s'appelle Christa » gronda Erna. « Et je préférerais que tu ne dises pas ce mot en présence du bébé non plus » Erna se frotta le ventre.

Bjorn la regarda affectueusement en remarquant le contact de la main de sa femme. « Le bébé Dniester devrait connaître notre histoire et savoir à quel point sa mère aimait ce mot » Erna se rendit compte que Bjorn essayait de la taquiner.

« Ne le fais pas » dit Erna en faisant semblant d'être blessée.

« Pourquoi, tu vas encore t'enfuir ? »

« Non, je vais te mettre à la porte, je pense que tout le monde aimerait mieux ça »

Le soleil ambré de l'automne faisait briller le sourire d'Erna comme de l'or. Bjorn regarda sa biche, elle n'était plus si petite et naïve, elle devenait une bête sauvage. Il ne remarqua pas les regards d'approbation des serviteurs qui étaient toujours dans l'ombre du couple grand-ducal. Ils étaient d'accord pour dire que la grande duchesse serait plus à l'aise dans le palais que le grand duc.

Tous deux, accompagnés de leurs assistants, traversèrent le champ de fleurs sauvages et pénétrèrent dans la forêt d'automne à son extrémité. Leurs pas se transformaient en cacophonie alors qu'ils se frayaient un chemin à travers les piles de feuilles séchées. Le

cœur de l'automne apportait une brise fraîche, ce qui en faisait un jour idéal pour se promener.

Les journées tranquilles à Buford s'écoulaient sans effort.

Erna se promenait tranquillement, mangeait des plats préparés par Mme Greeve et son équipe de cuisine et s'asseyait pour les déguster tout en discutant avec la baronne.

Pendant son temps libre, elle s'asseyait et cousait des chaussettes et des vêtements, et confectionnait même des fleurs pour décorer la chambre de son enfant. Le bébé Dniester grandira entouré de toutes sortes de choses merveilleuses que sa mère aura fabriquées de ses propres mains.

À plusieurs reprises, le médecin local venait examiner Erna et, à chaque fois, il informa le couple que leur bébé grandissait bien. À chaque visite, Bjorn se sentait de plus en plus rassuré. Il était aussi heureux que sa femme, qui lui tenait la main pendant qu'ils marchaient sous les branches dénudées.

« Bjorn, regarde là-bas » dit Erna avec enthousiasme et Bjorn dut lutter pour détourner son regard de sa femme. Lorsqu'il se tourna vers l'endroit qu'elle désignait, il y avait un petit arbre sur lequel poussaient encore quelques fruits rouges.

« Les fleurs de pommiers sont ouvertes » déclara Erna.

« Les fleurs de pommier « Répétant le nom donné par sa femme, Bjorn tendit la main et cassa une branche portant le plus beau fruit. Avec un sourire, Erna place la branche dans un panier. Avec quelques fruits de rose, des chrysanthèmes de montagne et des glands.

Chaque fois qu'Erna mettait une nouvelle fleur dans le panier, elle chuchotait leur nom.

C'était une collection de couleurs et d'odeurs magnifiques dont Bjorn ne pouvait deviner l'utilité pour Erna. Erna était comme un écureuil en automne, collectionnant les choses et les rangeant dans le panier.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans les parties les plus profondes de la forêt, le panier était déjà plein. Bjorn regarda le panier et s'aperçut qu'il était reconnaissant d'avoir attrapé une fille de la campagne qui aimait les choses les plus simples et les moins chères de la vie, même s'il s'agissait de ramasser des herbes colorées.

Si Erna n’avait pas été comme ça, il n'imagine pas à quel point elle l'aurait rendu pauvre.

« Ah, nous sommes là » dit Erna.

Sortant de sa torpeur, Erna courut jusqu'au pied d'un arbre entouré d'une colonie de champignons, leur destination pour cette journée d'excursion.

Bjorn suivit Erna à quelques pas, tandis qu'elle courait vers les champignons sauvages.

Les servantes suivirent Erna et l'aidèrent à cueillir les champignons. Il se demandait pourquoi il devait être là pour cela, il se sentait comme la cinquième roue du carrosse, mais cela rendait Erna heureuse, ce qui le rendait heureux à son tour. Ce qui était le plus

incompréhensible, c'était la raison pour laquelle ils avaient besoin de champignons. Les garde-manger du manoir Baden étaient pleins à craquer.

« Tu veux en cueillir aussi ? » dit Erna, en plaçant un champignon dans un panier.

« Non, je ne supporte pas leur contact. »

« Pourquoi ? »

« Je ne sais pas, c'est juste le truc de se salir »

Erna soupira à cette réponse. Lisa, qui était en train d'arracher un champignon particulièrement gros, roula également des yeux et gloussa, s'essuyant les mains sur son tablier.

« Bjorn, le bébé t'entend. »

« Pourquoi, il y a quelque chose qui ne va pas dans ce que j'ai dit ? »

« C'est... » Le visage d'Erna devint très rouge et sa bouche se fronça.

« Attention, le bébé peut t'entendre » Bjorn lui montra son ventre avec un sourire impudique.

En riant, Bjorn laissa Erna et ses servantes cueillir des champignons et continua à marcher paresseusement sur le chemin couvert de feuilles séchées. Erna perdit l'envie de cueillir des champignons et secoua la terre de ses mains. Les deux servantes qui l'aidaient firent de même.

Erna remit de l'ordre dans ses vêtements et ramassa le panier d'osier dans lequel elle avait mis ses champignons. Son méchant mari, voyant qu'Erna avait terminé, attendait au bout du chemin, les mains derrière le dos et se tenait dans une posture royale. Il lui tendit la main lorsqu'elle s'approcha et elle la prit.

Ils retournèrent au manoir Baden, la lumière dorée du soleil de fin d'après-midi les baignant d'un peu de chaleur. Christa les accueillit avec un meuglement maussade, tandis qu'elle se promenait paresseusement dans son enclos, profitant elle aussi du soleil. De la fumée s'échappait de la cheminée. Mme Greeve était déjà en train de préparer le dîner.

« Bjorn » Erna se tourna lentement vers son mari jusqu'à ce qu'ils soient face à face, regardant ses yeux gris. « Peux-tu dire que tu l’aimes ? Le bébé veut l'entendre »

Bjorn sourit comme le soleil de l'après-midi et regarda le ventre d'Erna : « Bébé Dniester....ne sois pas faible, deviens fort » Il l'avait dit doucement, plus doucement qu'ils ne le feraient d'habitude - une douceur chuchotée inattendue. « Maintenant, allons-y, Erna »

Bjorn tendit la main à Erna, dont l'expression s'altéra face à ses espoirs brisés. L'idée de l'implorer une fois de plus la blessait dans son amour-propre.

Dire la phrase « Je t'aime » lui coûtait beaucoup sur le plan émotionnel.

Ps de Ciriolla : ces bonus, c'est juste de la douceur à lire

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 173 –

L'homme de Buford

Bjorn demandait toujours à voir Erna avant de sortir, et s'il y avait le moindre indice que quelque chose sortait de l'ordinaire, il ne partait pas, ou ne donnait pas la permission à Erna de partir avant qu'un médecin ne l'ait examinée.

« Je vais bien » dit Erna à Bjorn, avant qu'il n'avait eu le temps de poser la question. « J'ai bien mangé, je suis bien reposée. Le bébé est à l'aise et tant que je n'en fais pas trop, il n'y aura pas de problème. Alors s'il vous plaît, allez-y » Erna lui sourit d'un air rassurant et lui indiqua la direction du bureau du télégraphe.

Erna savait bien que si Bjorn était venu avec elle à Buford, c'était pour faire des affaires, et elle n'était plus déçue, ni même gênée par ce fait. Tout comme elle devait s'occuper de ses propres affaires, Bjorn devait s'occuper des siennes, et les relations d'un Dniester devaient toujours être équitables.

« Lisa Brill » dit Bjorn en reportant son attention sur la servante, qui était occupée à regarder quelque chose dans la rue. Elle se raidit lorsque Bjorn l'appela par son nom. «

Tu t'occupes de ma femme et s'il y a le moindre problème, tu viens me chercher. »

Bjorn regarda sa montre à gousset, il prévoyait qu'il n'en aurait pas pour plus d'une heure, mais malgré tout, il ne voulait pas laisser sa femme s'émerveiller seule du festival pendant trop longtemps. Il était simplement reconnaissant que Lisa soit avec elle.

« Oui, votre Altesse, et bébé Dniester aussi » dit Lisa en s'inclinant poliment.

Bjorn sourit à la réponse de Lisa, convaincu qu'elle prendrait ses fonctions très au sérieux. Il se pencha en avant, embrassa sa femme sur la joue et partit pour le bureau du télégraphe.

Tandis que sa mince silhouette se fondait dans la foule de ceux qui profitaient des festivités, Lisa jeta un coup d'œil à Erna, les mains jointes sur sa poitrine. Elle voyait que le poste de maîtresse de maison se présentait pratiquement à elle. L'ascension vers une vie facile est lente, mais un pas après l'autre, Lisa atteint lentement ses objectifs et sa vie était sur le point de devenir aussi splendide et belle que la Grande-Duchesse elle-même.

En attendant, les deux jeunes gens s'en allèrent profiter du festival d'automne. Si le festival de printemps de Buford était une célébration des fleurs et des nouveaux départs, son festival d'automne était une célébration de l'alcool et des récoltes.

Erna se percha sur un banc, grignotant des amandes au miel, observant la place qui se remplissait de musique festive, de joie et de boissons. Le festival d'automne battait son

plein et les stands qui vendaient les bières et les vins produits dans les environs de Buford étaient bondés. Des saucisses grésillaient sur des feux ouverts. L'odeur grasse des barbecues se mêlait à celle des alcools épicés.

Autour de la scène construite au centre du village, les gens dansaient au son de la musique et des tonneaux de chêne étaient acheminés vers les étals. Il était agréable de voir tout le monde heureux.

« Y a-t-il quelque chose que vous voulez faire, votre Altesse ? » demanda Lisa.

« Non, Lisa, cela suffit » Erna secoua la tête et sourit. Elle avait suffisamment mangé pour l'instant, se rassasiant des en-cas que Lisa lui apportait sans cesse, et elle n'avait aucune envie de boire l'alcool qui lui était proposé. Elle était heureuse de s'asseoir sur le banc et de regarder les danseurs.

« Vous pouvez aller voir le festival, j'attendrai Bjorn ici »

« Non, c'est bon, votre Altesse. J'attendrai ici avec vous » Il n'y avait ni hésitation ni doute dans la voix de Lisa.

Restant aux côtés de la Grande-Duchesse, Lisa remplit sa promesse. Elle n'avait aucune envie de se mettre à dos Bjorn, dont la fureur froide, lorsqu'il se mettait en colère, était comme un coup de tonnerre de glace. En restant ici, Lisa évitait cette éventualité. Elle monta la garde, surveillant les ivrognes qui s'approchaient trop près.

L'après-midi avançait et la place du village était de plus en plus animée, mais le prince finit par émerger de la foule et Lisa poussa un soupir de soulagement. Elle pouvait enfin se détendre et laisser Bjorn prendre en charge la garde d'Erna.

« Bjorn, tu as fini rapidement » dit Erna en voyant son mari s'approcher d'elle à grands pas.

Bjorn sourit en s'approchant d'elle, levant la main pour appeler un serveur et commander une bouteille du meilleur vin de Lechen. Elle lui fut apportée au moment où il s'asseyait avec Erna. Celle-ci but une gorgée de son cordial tandis que Bjorn buvait son vin. Elle se sentait un peu gênée, ce qui était amusant, car comment pouvait-elle encore être timide devant l'homme qui était le père du bébé qu'elle portait ?

Erna regarda Bjorn pendant qu'il buvait encore un peu, se demandant toutes les choses romantiques qu'ils allaient faire ensemble. Elle se demandait ce que Bjorn penserait de faire des bulles ensemble. Trouverait-il cela trop enfantin ? Il le ferait probablement avec elle si elle le lui demandait, mais ce serait aussi agréable de se tenir la main et de regarder ensemble le spectacle sur la scène.

Erna regarda vers la scène, curieuse de savoir quel était le spectacle en cours. Un des machinistes déplaçait un grand tonneau de chêne vers le centre de la scène. Bjorn le regardait aussi.

« Qu'est-ce qu'ils font ? » demanda Bjorn.

« C'est pour le concours » dit le barman, « pour choisir le meilleur homme de Buford »

« Je croyais que c'était au printemps » dit Bjorn à Erna d'un air entendu.

« C'était une épreuve de force, celle-ci est une épreuve de constitution. En tant qu'homme, ne doit-on pas exceller à la fois en force et en tolérance à l'alcool ? »

Bjorn fronça les sourcils, si un « meilleur homme » devait être choisi chaque saison, alors Buford regorgerait sûrement d'hommes de premier plan.

« Le mari boit, la femme empile les verres et la tour la plus haute gagne. C'est la compétition pour couronner le meilleur couple de Buford, le succès dépend non seulement des prouesses du mari en matière de boisson, mais aussi de la capacité de la femme à construire des tours impressionnantes » expliqua le barman.

Bjorn commençait à penser que Buford était un village d'amoureux. Il lança à Erna le regard d'un enfant qui sait qu'il va faire une bêtise, mais qui va la faire quand même.

« Si vous êtes intéressés, les invités sont les bienvenus dans la mêlée. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au dernier moment avant le début de la compétition. Et messieurs, votre participation est attendue » dit-il en faisant un geste vers un coin de la scène, où des caisses remplies d'alcool étaient soigneusement assemblées les unes à la suite des autres. « Le couple qui remportera la première place aura le privilège de monter à bord d'un char festif et de parader à travers la ville. »

« Non, Bjorn, je ne souhaite pas participer à ce concours » Elle lança à son mari un regard acerbe et se pinça les lèvres. « Pensez au bébé »

Même Bjorn aimait parier, elle espérait qu'il ne serait pas assez froid pour forcer sa femme enceinte à empiler les verres pour lui pendant qu'il buvait.

« Votre femme est enceinte, je vois ? » Le serveur partagea, son visage reflétant un sentiment de regret.

Bjorn acquiesça. « Et si j'utilisais un substitut ? » demanda-t-il, les yeux tournés vers Lisa, qui était occupée à examiner une saucisse grasse.

*************************************

Bjorn était assis à une table sur la scène, attendant avec impatience que les autres concurrents prennent place et que la compétition commence.

« Hé, tu n'es pas le gars de la course de printemps ? » lui demanda son voisin.

« Oui » répondit Bjorn avec un sourire poli.

« Attends, mais tu as une autre femme, tu t'es déjà remarié ? » Ils regardèrent Lisa, qui se tenait à côté de lui.

« Non, ma femme est enceinte. Elle est la remplaçante, ma femme est juste là » dit Bjorn en faisant un geste vers la scène. Les participants qui avaient entendu ce geste avaient manifesté leur désapprobation. Ils regardèrent Bjorn avec dégoût.

« Non, ce n'est pas possible. Il a pris sa femme pour courir, mais quand il s'agit d'empiler des verres ? Pas question ! » La réaction s'était rapidement répandue parmi les concurrents et même les spectateurs avaient commencé à murmurer. « On ne le voit jamais dans le village, mais dès que les fêtes arrivent, il est là, comme un spectre. C'est un escroc »

Devant tant de protestations, l'homme chauve en charge du concours s'approcha de Bjorn d'un air pensif. Les yeux de Lisa brillaient de colère.

« Les gens de la campagne sont si grossiers, si brutaux » Tout le monde semblèrent remarquer Lisa pour la première fois à cause de son emportement. « Sa femme est enceinte et veut l'emmener faire un tour dans la calèche fleurie, mais vous êtes si fermés. Comment peut-on vous supporter, vous les Buford ? »

Lisa elle-même ne savait pas pourquoi elle était incluse, acceptant seulement passivement son destin d'être emmenée par le détestable Prince des Champignons.

Cependant, malgré le dégoût qu'elle éprouvait pour lui, Bjorn restait un prince et son maître.

Lisa était très consciente de tous les regards braqués sur elle, elle ne savait plus très bien quoi faire. C'était pour Erna, peu importe comment Lisa voyait les choses, c'était fou, mais elle voulait qu'Erna monte sur le chariot de fleurs dans le défilé autant que Bjorn.

« L'enfant à naître peut sangloter dans le ventre de sa mère, déverser son cœur en larmes » Lisa jeta un regard noir à tous les spectateurs, qui commencèrent à chuchoter entre eux. « Comment peut-on avoir une attitude aussi insensible à l'égard d'une mère et de son enfant ? »

Ils commençaient déjà à regretter leur position et l'homme chauve quitta la scène avec précaution.

Bjorn regarda Lisa, plein d'admiration. Son sourire laissait entendre qu'il était très satisfait de la servante d'Erna, la meilleure servante, en passe de devenir la première servante.

Ps de Ciriolla : Un concours où il faut boire... la vie de débauché de Bjorn trouve enfin une consécration

orignaux sans compter le matériel dédié Merci de votre compréhension

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 174 – A la mer

Lisa et Bjorn étaient entièrement concentrés sur la boisson et l'empilage, l'empilage et la boisson. Le prince buvait bien et la servante empilait mieux. Les spectateurs et les serviteurs du palais Schuber les regardaient avec stupéfaction. Ils se débrouillaient beaucoup mieux que tout le monde ne l'aurait cru possible.

« Bon sang... » s'exclama Erna en jetant un regard horrifié à son mari.

On pourrait croire qu'il s'agissait d'une chose simple, boire et empiler les verres les uns sur les autres, mais ce n'était pas aussi simple que cela. Il était donc important que le mari prenne le bon verre et que la femme les empile soigneusement, sinon la tour serait instable et risquerait de s'effondrer. Il y avait déjà eu quelques couples qui ne travaillaient pas à l'unisson et leurs tours s’étaient effondrées prématurément.

Bjorn juga prudent de commencer par les verres les plus robustes et les plus épais. Ils contenaient peut-être l'alcool le plus fort, mais ils constituaient une base solide.

La foule applaudissait à tout rompre à mesure que la compétition prenait de l'ampleur.

Erna se demanda si le bébé savait ce qui se passait. Bien sûr, il ne pourrait pas voir le spectacle, mais pourrait-il ressentir l'excitation d'Erna ? Elle ne le savait pas et ne pouvait même pas commencer à le deviner.

Les verres s'accumulaient, à tel point que Lisa avait du mal à atteindre le sommet de la tour, alors elle grimpa sur la table. Bjorn continuait à boire et à distribuer des verres, Lisa continuait à augmenter la hauteur de la tour. Heureusement, le travail principal de Lisa, lorsqu'elle travaillait avec la famille Hardy, était de travailler dans les cuisines.

Le jeu s'intensifia, deux autres concurrents talonnaient Bjorn et suivaient l'exemple de Lisa en grimpant sur les tables. La foule était en ébullition, chacun chantant pour le couple qu'il voulait voir gagner, le plus populaire étant sans conteste Bjorn.

Ce fut alors que tout s'enchaîna. On entendit le bruit épouvantable de tasses qui tombèrent et de verres qui se brisèrent. L'un des couples de tête avait accidentellement fait tomber sa tour et l'ensemble s'était effondré. La foule perdit la raison car il ne restait plus que Bjorn et un autre.

Erna regarda nerveusement l'adversaire. C'était un homme d'âge moyen, bâti comme un chêne, qui se versait du gin et du whisky dans la bouche. Une quantité suffisante de gin s'écoula de la bouche de l'homme et imbiba ses vêtements. En revanche, Bjorn buvait calmement son verre, mais toujours à la même vitesse.

« Attendez, ce jeune homme n'est-il pas l'un des princes jumeaux ? » Erna entendit un spectateur s'exclamer. Elle regarda derrière elle et vit un homme aux joues rouges, visiblement ivre.

« Vous êtes ivre, pourquoi le prince serait-il ici dans un concours de boisson ? » dit quelqu'un à côté de l'ivrogne.

« Non, non, c'est le prince, je me souviens avoir vu son visage dans le journal » L'ivrogne ne changea pas de position. « Il a épousé une de nos jeunes femmes... oui... oui, le prince Bjorn »

« Maintenant que vous en parlez, ma femme m'a dit, l'autre jour, qu'elle avait vu une voiture de luxe avec un écusson sur les portières »

« Votre femme est-elle aussi une ivrogne ? » Le groupe rit.

« Riez tant que vous voulez, attendez de voir »

Le groupe continua à rire tout en reportant son attention sur la compétition. Elle arrivait rapidement à son terme et aussi serrée qu'elle fût, il était impossible de prédire qui allait gagner. Le compte à rebours commença, à partir de dix. À chaque seconde, la foule scandait que Bjorn était en tête, puis le concurrent, puis à nouveau Bjorn.

« Trois » La foule rugit.

Bjorn vida un verre et le tendit à Lisa, qui le plaça au sommet de la tour, augmentant ainsi sa hauteur.

« Deux. »

Lisa regarda Bjorn, le voulant avec l'intensité de ses yeux, Bjorn engloutit la bière aussi vite qu'il le pouvait, n'abandonnant pas jusqu'au dernier moment.

« Un. »

Bjorn avala la dernière gorgée et passa le verre à Lisa, qui le lui arracha des mains avant qu'il n' eut le temps de quitter ses lèvres et, d'un coup de feu, Lisa posa le dernier verre.

Bjorn s'essuya la bouche du revers de la main, n'osant pas regarder la tour. La foule acclamait le vainqueur en agitant les mains. Bjorn pouvait voir qu'Erna était l'une des spectatrices debout, sautant dans tous les sens et l'acclamant.

« Tenez » dit l'ivrogne, « je vous l'ai dit, c'est le prince » . Il tenait un journal sur lequel figurait le visage du prince. L'article annonçait la grossesse du grand-duc.

Alors que la foule acclamait la victoire de Bjorn, le journal circula et finit par arriver sur scène, auprès de l'homme chauve qui dirige le concours. Il avait du mal à trouver une quelconque ressemblance entre la photo du prince et celle de l'ivrogne échevelé qui se trouvait sur scène.

Erna se retrouva soudainement au centre de l'attention, elle salua la foule d'un sourire maladroit et d'un signe de la main. Elle n'avait qu'une envie, c'était de s'enfuir à cet instant, mais il n'y avait pas d'échappatoire.

« Alors, pourquoi vous êtes là tous les deux » cria quelqu'un.

Erna ne trouva rien d'autre à répondre que de serrer son ventre et d'endormir son bébé.

*********************************

Le char qui transportait les vainqueurs du concours de boisson s'arrêta au centre de la place. Erna le regarda et pensa qu'il serait bien qu'elle retourne au manoir Baden mais Bjorn était déterminé à faire monter sa femme sur les tonneaux de chêne.

« Allez Erna, on y va » dit Bjorn en lui tendant la main comme pour lui demander de danser. Les spectateurs applaudissaient le couple ducal.

Erna poussa un soupir et prit sa main. Elle marcha gracieusement jusqu'à l'estrade et lorsque les deux s'installèrent sur le char composé de tonneaux de chêne et de fleurs éclatantes, la foule les acclama.

Bjorn salua calmement les habitants du village et leur adressa même un bref message.

L'atmosphère rigide se dissipa lorsqu'il annonça qu'il remportera le grand prix et qu'il le partagera avec tous les participants au festival. Il n'était plus considéré comme quelqu'un qui avait tenté d'escroquer le village.

Désormais, chaque fois que Bjorn entendait quelqu'un crier son approbation, il le saluait et souriait. Il était plus qu'un peu ivre et se balançait violemment, alors que le char n'était pas encore parti. Même après la fin de la compétition, il trinquait encore avec ceux qui l'entouraient.

Avant qu'Erna ne puisse s'asseoir, Bjorn l'arrêta. « Attends, Erna » Il sortit un mouchoir de sa poche, puis, lentement, avec des mouvements d'une grâce embarrassante, il posa le mouchoir sur le banc.

Erna s'assit sur le tonneau de chêne, essayant de garder une attitude sévère. Le tonneau était si haut que les pieds d'Erna pendaient au-dessus du sol.

« Lisa » Bjorn l'appela soudain et la servante leva les yeux vers lui, surprise. « Toi aussi, tu montes »

« Moi ? » dit Lisa en clignant des yeux, choquée.

Voyant les intentions de Bjorn, ils applaudirent tous Lisa et les plus proches commencèrent à la pousser vers le chariot. Ils applaudissèrent avec enthousiasme. Lisa monta à bord, rouge d'embarras.

« Comment ça se passe pour toi et le bébé ? » demanda Bjorn à Erna, tout en saluant ceux qui couraient après le chariot.

« C'est bien, je crois » répondit Erna en riant. « Je m'amuse beaucoup » Même si Bjorn était complètement ivre, on sentait que le bébé était heureux. « Merci Bjorn et merci Lisa » Erna sourit à Lisa : « Mais ne recommencez pas »

Les gens derrière eux, qui suivaient le char, se mirent à chanter tandis qu'ils traversaient le village si lentement. Bjorn regarda les petits pieds d'Erna, qui se balançaient en rebondissant, il ne put s'empêcher de rire et embrassa sa femme sur la joue. La foule derrière eux se mit à applaudir à nouveau.

Ps de Ciriolla: Après le nombre de fois où Lisa fut maudite, et menacer de renvoi dans la tête de Bjorn, elle a son grand moment de gloire XD

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 175 –

Prémonition du père

Erna regarda le soleil couchant à l'extérieur de la calèche, elle sentait la joie dans son cœur et peut-être que le bébé la ressentait aussi. Elle avait l'impression que les jours fondaient trop vite. Son ventre avait considérablement grossi, chaque fois qu'elle le caressait consciemment, il s'était agrandi pendant son séjour à Buford. Elle pouvait aussi mettre cela sur le compte de la quantité considérable de nourriture que Mme Greeve lui offrait à chaque repas.

Le bébé a-t-il simplement bougé, ou était-ce le choc de la voiture ?

« Bonjour mon chérie » dit Erna en tâtant le ventre à la recherche d'un mouvement supplémentaire. Elle tapa du doigt comme si elle frappait à une porte d'entrée. Elle avait remarqué un petit mouvement du fœtus la nuit dernière. Pourtant, lorsque Bjorn s'était réveillé, le petit était de nouveau au repos.

Assis à côté d'elle, lui rappelant sa présence, Bjorn laissa échapper un léger rire en regardant sa femme. Il s'avança et posa une main sur la sienne, qu'elle caressa. Il ferma les yeux sans rien dire et Erna se demanda si c'était plus dû à l'alcool qu'à l'arbitraire.

« Bjorn ? »

« Hmm... » Ses yeux restèrent fermés.

« Tu vas bien ? » Erna, le regard inquiet, percevant la forte odeur d'alcool de son mari.

Bjorn hocha lentement la tête.

« Tu ne dois plus trop boire à partir de maintenant. »

« Oui... » murmure Bjorn.

« Tu devras aussi réduire ta consommation de cigares »

« Bien sûr... » dit Bjorn, comme s'il sortait d'un rêve.

« S'il vous plaît, prenez-moi au sérieux. Nous avons un enfant maintenant. Comment notre bébé pensera-t-il à toi quand il te verra comme ça ? »

« Le meilleur de Buford, sans aucun doute. »

Erna fut surprise que Bjorn soit si souple, elle s'attendait à un peu plus de combativité.

Elle resta un instant sans voix et se contenta de cligner plusieurs fois des yeux. Bjorn ouvrit les siens et la regarda directement.

Alors qu'ils se regardaient en silence, la calèche s'engagea sur une route de campagne.

Le soleil s'était couché et un crépuscule violet planait sur les champs. La lumière du soir, avec sa belle harmonie, plongeait le visage de l'homme effronté dans une ombre profonde.

Ne ris pas, se dit Erna, mais elle eut du mal à se contenir. Alors qu'elle se mettait à rire, Bjorn lâcha un petit rire en même temps.

« Je suis d'accord, tu es le meilleur homme de Buford, capable de relever tous les défis du festival » Erna rit en secouant la tête. Boire trop n'était pas bon, mais c'était le jour du festival et il buvait pour sa femme et son enfant, il y avait quelque chose de romantique là-dedans.

Elle sourit en pensant à la façon dont elle allait raconter l'histoire à leur enfant. Elle pourrait omettre l'embarras d'être montée sur le char. Elle se caressa le ventre, mais il n'y eut aucun mouvement cette fois-ci.

« Erna... » Une voix douce sortit de l'ombre du coin de la voiture, où Bjorn s'était affaissé. « ...je t'aime » Il ouvrit à demi les yeux pour la regarder. « Je t'aime, Erna »

Erna était un peu étourdie par ces mots inattendus et elle sourit aux paroles bredouillées de l'ivrogne. Sa voix était encore si douce qu'elle lui donnait l'impression d'être ivre. Avant qu'elle ne puisse répondre, il ronflait déjà. Il semble que les mots qui lui étaient si difficiles à prononcer étaient un peu plus faciles à dire grâce à l'alcool, alors peut-être que l'alcool n'était pas si mauvais que ça, mais il devait quand même réduire sa consommation.

Alors qu'elle pensait pouvoir faire preuve d'indulgence à son égard, sa tête roula et se posa sur son épaule. Avec un sourire, elle ferma les yeux et appuya sa tête sur la sienne.

Le meilleur homme de Buford, la satisfaction que cela lui procurait lui réchauffait le cœur et elle fredonna une petite berceuse, une chanson dont la mélodie lui rappelait la musique jouée au festival.

Après une journée mouvementée, la calèche transportant les Dniesters gronda sur la route de campagne tranquille, tandis que le crépuscule se transformait en véritable nuit, les lumières du manoir Baden scintillant au loin.

********************************

La table du dernier soir de leur séjour au manoir Baden était vraiment magnifique. Mme Greeve n'avait rien retenu pour le dernier festin du couple grand-ducal. C'était surtout pour les remercier de l'avoir laissée les nourrir si copieusement, ce qui lui a permis de s'exercer à la pâtisserie pour la visite de l'enfant.

Bjorn contempla la scène du grand festin, digne de nourrir un royaume. Il tenait un verre de vin dans une main. Comment Erna n'avait-elle pas remarqué que Bjorn était rentré à la maison avec l'un des verres du festival, elle l'ignorait.

Avec toute cette nourriture sur la table, Erna pensait qu'ils s'attendaient à recevoir de la visite, mais c'était vraiment juste pour eux. La baronne s'était même présentée en tenue d'apparat. Une multitude de broches et de corsages ornaient sa robe de soirée préférée.

Pendant le repas, Erna et la baronne n'avaient cessé de parler, tandis que Bjorn les regardait joyeusement et plongeait dans la nourriture. La baronne avait toujours eu peur qu'Erna finisse comme sa mère, piégée dans un mariage horrible, avec un homme terrible, mais maintenant elle semblait à l'aise.

Au bout d'une heure, Erna dut aller dissuader la nounou d'apporter plus de nourriture.

Pendant son absence, Bjorn leva son verre à la baronne.

« Je vous remercie. Je vous serai toujours reconnaissant de m'avoir pardonné, d'avoir cru en moi et de m'avoir donné une seconde chance. Vous m'avez vraiment aidé à comprendre ce dont j'avais besoin » Bjorn posa son verre de vin et se tourna vers la vieille dame.

« Oh, il n'y a pas de quoi, et tant que nous sommes reconnaissants, je dois dire que je vous suis reconnaissante d'avoir ouvert le monde à ma pauvre enfant. Pendant si longtemps, j'ai craint qu'elle ne finisse seule ici, avec une vieille femme flétrie » La baronne de Baden sourit gentiment, chassant les souvenirs de l'hiver dernier. Voyant qu'elle s'abstenait d'évoquer son précédent faux pas, Bjorn choisit lui aussi de ne pas en parler.

« Et si vous veniez habiter chez nous jusqu'à l'accouchement d'Erna, je pense que cela l'aiderait beaucoup » Bjorn savait ce qu'elle répondrait, mais il voulait quand même poser la question.

« Je veux rester éloigné de cette partie de la vie d'Erna, votre Altesse. Je vais bientôt partir et je ne veux pas être un fardeau de plus pour elle »

« Baronne... » Bjorn tenta de protester, mais la baronne leva une main osseuse.

« J'ai le désir de voir mon arrière-petit-enfant grandir un peu avant d'être assez satisfaite pour passer la main. Mais je ne veux pas être trop présente dans la nouvelle vie d'Erna, afin que ma disparition lui soit moins pénible. Si vous comprenez ce que je veux dire »

Bjorn pensa que c'était le cas et acquiesça solennellement. « Mais il faut quand même que tu viennes nous voir quand le bébé sera né. Sinon, Erna ne fera que vous attendre »

« Bien sûr » dit la baronne en souriant. « J'attends ce jour avec impatience. S'agira-t-il d'un fils ou d'une fille, comme ils seront adorables ? J'ai imaginé leur petit visage tant de fois. Bien sûr, je serai là quand il naîtra » Le large sourire de la baronne rappela tellement Erna à Bjorn. « Que pensez-vous qu'il sera ? Vous devez avoir une intuition »

La baronne prit une gorgée de vin pour s'humecter les lèvres.

« Je ne peux même pas commencer à deviner, mon intuition n'est pas fiable pour le moment. Un jour, je pense que ce sera une fille, d'autres jours, je sais que ce sera un garçon. Tout ce que je sais, c'est que je veux qu'ils soient aussi beaux que leur mère. Je pourrai alors leur dire qu'ils ont hérité leur beauté de la lignée distinguée des Baden »

« Votre Altesse... » dit la baronne, soudain submergée par l'émotion et dont les yeux bleus se remplirent de larmes.

Bjorn, calme et résolu, dit : « Je ferai en sorte que notre enfant sache que ses cheveux bruns sont beaux, qu'il est parfait telle qu'il est et qu'il n'a besoin de rien de plus. Ainsi, il pourra embrasser ses cheveux bruns » Ses paroles, bien que sentimentales, étaient un message qu'il jugeait important de partager avec la baronne Baden. Il pourra peut-être atténuer la culpabilité qui pèsait sur son cœur, le remords des paroles non dites à Erna.

« Grand-mère, pourquoi pleures-tu ? » dit Erna à la porte.

« Oh, ce n'est rien, mon bébé » dit la baronne en sortant précipitamment un mouchoir de ses poches.

« Bjorn, qu'as-tu fait ? »

« Eh bien... » Bjorn se racla la gorge, mais il ne put cacher son sourire.

« Nous parlions justement de tes cicatrices » dit Bjorn.

« Je vous demande pardon ? » dit Erna, et alors qu'elle les regardait fixement, ils éclatèrent soudainement de rire. Erna avait l'impression de devenir folle.

« Oui, Erna. C'est vrai » La grand-mère d'Erna lui sourit, parlant par énigmes. « J'ai parlé de vos cicatrices avec le Grand-Duc » dit-elle, les larmes aux yeux, mais avec un sourire éclatant.

Étonnamment, son visage était celui d'une joie pure.

Ps de Ciriolla : il devient tellement sentimental le Bjorn

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 176 –

Absurdité

C'était absurde, impensable, en fait il n'y avait aucun mot que Bjorn pouvait évoquer pour décrire précisément cette grossesse. Il regarda fixement la cheminée, essayant de donner un sens aux paroles du médecin. Bien sûr, c'était possible, il suffisait de les regarder, lui et son frère, mais quelles étaient les chances que cela se reproduise, dans la génération suivante de Dniestr ?

« C'est un événement heureux, la famille royale va avoir une nouvelle génération de jumeaux, le peuple de Lechen sera très heureux » dit le docteur en essuyant la sueur froide sur son front.

Des jumeaux.

Bjorn répéta le mot encore et encore, mais il ne l'avait pas encore compris. Il avait l'impression de parler une autre langue. Il regarda sa femme d'un air perplexe.

Elle avait l'air si absurde, elle le regardait avec un sourire radieux. « Nous avons deux bébés, un garçon et une fille, je le sens » Les joues d'Erna rougissaient de joie et ses yeux étaient plus brillants que jamais.

Bjorn se mit à faire les cent pas devant la cheminée. Pourquoi avait-il ce sentiment d'inquiétude ? Est-ce parce qu'il savait à quel point les jumeaux pouvaient être problématiques ? Après tout, il l'avait déjà vécu et il repensait à tous les problèmes qu'il avait eus avec son frère. C'était sa punition, après tout ce temps.

Il regarda Erna, qui contrastait avec ce qu'il ressentait. Même si Erna portait une robe d'hiver généreuse, la taille de son ventre se verrait toujours, c'était indéniable, c'était des jumeaux. Il poussa un soupir et s'approcha de sa femme sur le lit.

« Nous avons des jumeaux, bébé, est-ce que ce sont des frères jumeaux comme vous et le prince héritier ? ou peut-être des sœurs jumelles ? Ou les deux ? »

« Erna »

« Lequel préfères-tu ? »

« Erna..... »

« Pourquoi me regardes-tu comme ça ? Tu n'es pas contente que nous ayons deux bébés

? »

« Erna, tu n'es pas inquiète le moins du monde ? »

« J'ai deux bébés dans mon ventre, à quoi bon s'inquiéter maintenant ? Ne t'inquiète pas, Bjorn. Ta mère a donné naissance à des jumeaux, moi aussi. »

« Ma mère n'était pas aussi petite que toi »

« Pourriez-vous arrêter de m'insulter ? »

« Erna »

« Je vais bien » sourit Erna « Je suis en bonne santé, les jumeaux sont en bonne santé, tout ira bien »

Ce ne fut qu'à ce moment-là, alors qu'Erna avait l'air d'apaiser un enfant en pleurs, que Bjorn réalisa à quel point il se comportait de façon pitoyable. Lorsque cette prise de conscience fit disparaître ses doutes, il se mit à rire. Le visage jeune et tendre d'Erna le considéra avec un sourire lumineux.

« Je pense que nous devrions les appeler Bibi et Nana, comme nos surnoms, qu'en penses-tu ? Je pense qu'on ne peut pas continuer à les appeler Bébé Dniester, c'est trop indiscernable » Bjorn ne pouvait pas croire qu'Erna pensait à des choses aussi triviales dans un moment pareil. « Tu crois que les bébés détesteraient ces noms ? Je les trouve mignons »

« Tu es leur mère, tu peux faire ce que tu veux » dit Bjorn en soupirant et en regardant sa montre. Il ne lui restait plus qu'une heure avant la réunion qu'il avait repoussée. Juste à temps, on frappa à la porte, ce serait le préposé qui lui dirait que la voiture est prête.

« Eh bien, il faut que je parte, ma petite folle »

« Au revoir » Erna lâcha à contrecœur la main de Bjorn en se levant. « S'il te plaît, va gagner beaucoup d'argent pour Bibi et Nana » L'avidité de la mère-cerf sembla avoir doublé depuis qu'elle portait des jumeaux.

Il confia Erna à Lisa, la gardienne de l'enfer. Après être sorti de la chambre, Bjorn accéléra le pas vers l'entrée. Il ne voulait pas être en retard, il partit donc en vitesse et grimpa dans la voiture qui l'attendait.

Soudain, il éclata de rire : 'Des jumeaux ? Il s'assit et regarda les scènes hivernales défiler devant lui. Même s'il était jumeau, il n'avait jamais pensé à élever des jumeaux.

Bibi et Nana. C'étaient des surnoms terribles, mais Erna les aimait. Bien sûr, ils pouvaient convenir si les jumeaux étaient des filles, mais qu'en serait-il s'ils étaient des garçons ?

Bjorn sourit en ouvrant son itinéraire pour la journée. Il espérait que les jumeaux seraient des filles, pour leur éviter la gêne. Pour gagner de l'argent pour Bibi et Nana, il devait se mettre au travail.

********************************

Tout a commencé à se dédoubler. Deux bébés, deux lits, deux jouets, deux vêtements.

Erna inspecta la chambre d'enfant maintenant aménagée pour accueillir un autre bébé, Dniester. Au besoin, elle aurait deux crèches, avait dit Bjorn, au cas où les bébés ne s'aimeraient pas. Erna n'en voulait qu'une, elle ne voulait pas que les enfants soient séparés. Ils grandiront ensemble.

« Oh, votre Altesse, regardez par la fenêtre » dit soudain Lisa en se précipitant vers la fenêtre la plus proche.

Erna s'approcha et sursauta en voyant de la neige voltiger dans l'air. « C'est de la neige !

La première neige tombe très vite cet hiver » Même sous ses yeux, la neige grossissait rapidement et avant qu'elle ait pu dire quoi que ce soit, le jardin ressemblait déjà à un pays des merveilles hivernales. Erna consulta sa montre.

« Qu'y a-t-il, votre Altesse ? » dit Lisa, remarquant le froncement de sourcils d'Erna.

« Non, dit Erna en riant, ce n'est rien. » Elle était gênée d'admettre que son mari, qu'elle avait vu il y a à peine deux heures, lui manquait.

********************************

Une fois douché, Bjorn alla dans la chambre. Erna posa le livre qu'elle lisait et sourit à Bjorn. Lorsque leurs regards se croisèrent, Bjorn sourit à son tour. C'était un sourire qui gênait encore Erna.

« Ne le ferme pas » dit Erna lorsqu'elle s'aperçut que Bjorn s'apprêtait à fermer les rideaux du balcon. « Je les ai laissés ouverts parce que je voulais voir. »

« Mais on sent l'air froid »

« C'est bon, la pièce est trop chaude de toute façon » Erna montra les flammes rugissantes de la cheminée, plusieurs braseros disséminés dans la pièce et les deux bouillottes dans le lit. Bjorn se retira dans le lit, laissant les rideaux ouverts.

La conversation qu'ils avaient eue pendant que Bjorn se préparait à se coucher portait sur la même routine, la condition physique, la routine quotidienne et, enfin, la naissance des jumeaux. Il y avait aussi une anecdote sur la première neige qui rendit Schuber complètement blanc. Puis il fut temps de dormir.

Bjorn se pencha et éteignit la lampe. Il n'était encore que tard dans la soirée, mais Bjorn voulait dormir avec Erna ces jours-ci. Dès qu'il se retourna, Erna vint s'allonger naturellement à côté de Bjorn, enveloppée dans l'un de ses bras. Son ventre se gonfla et elle se sentit soutenue par son corps chaud, et il tint sa forme élancée tandis qu'elle poussait de doux soupirs.

« Bjorn » dit la voix d'Erna dans l'obscurité. Alors que Bjorn baissait les yeux vers elle, il fut accueilli par un baiser surprise et une main froide qui glissait sur son front.

Bien qu'il fut pris par la sensation de chatouillement pendant un moment, sentant sa main se réchauffer lentement sur lui pendant qu'elle le massait, le désir était toujours

sous son contrôle. Erna était devenue beaucoup plus fringante depuis sa grossesse et c'était une chose familière maintenant.

Erna se serra plus étroitement contre lui, l'embrassant tout en jouant, et Bjorn se mit à l'écoute de ses propres désirs. Il n'avait jamais pensé qu'Erna deviendrait aussi entreprenante sans provocation. Elle s'accrochait à lui et son désir grandissait.

« Erna »

« Tu ne veux pas ? » Erna le regarda, les yeux écarquillés comme si elle était effrayée, la lumière dansante du feu jouait sur son visage, accentuant son embarras. « Pourquoi, c'est parce que mon corps a changé, tu me trouves laide ? »

Bjorn la repoussa doucement pour pouvoir la regarder dans ses yeux rougis. Il se retourna pour poser sa tête sur sa main et posa sa main libre sur le ventre de la jeune femme.

« C'est un péché si tu es ignorante, Erna » dit Bjorn en essuyant les larmes sur les joues gonflées d'Erna, « mais si c'est intentionnel... »

« Bjorn »

« Peu importe à quel point je suis excité, Erna, je ne pense pas que ce soit approprié quand tu es enceinte » Il lutta pour contrôler ses émotions et parla aussi doucement qu'il le pouvait.

Bjorn n'avait même pas essayé de la prendre dans ses bras depuis qu'elle avait appris qu'elle était enceinte. Même après que le médecin leur dit que tout allait bien. Bjorn pensait qu'il valait mieux devenir fou de désir, plutôt que de risquer une nouvelle fausse couche.

« Mais je vais bien, même le médecin l'a dit... »

« Repose-toi, Erna » Bjorn coupa la parole à Erna, ne voulant pas se laisser entraîner dans une nouvelle dispute. Il semblait qu'il devrait utiliser davantage sa propre chambre à coucher.

« Si tu n'es vraiment pas à l'aise, je ne te forcerai pas à le faire. Reste ici avec moi, s'il te plaît » dit Erna en serrant le bras de Bjorn. « Je t'ai pardonné, alors tu ne peux pas te pardonner à toi-même maintenant ? »

Les yeux du cerf, qui le fixaient clairement, le captivèrent.

Ps de Ciriolla : Bien trouvé pour la quasi totalité des commentaires ...

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 177 – Je te refleurirai

Il suffit de regarder cette femme dépravée. Elle s'assit sur ses genoux et lui sourit gentiment. Bjorn ne put que sourire en retour, envahi par le doux sentiment de la défaite. Cette femme, résolument dépravée, monta sur ses genoux, dépourvue de tous ses vêtements de nuit. Elle hésita un instant, comme gênée, mais Erna ne chercha pas à couvrir son corps nu.

Le corps d'une femme enceinte était d'une beauté inconnue pour Bjorn. Il ne pensait pas que tout serait pareil, mais en même temps, il ne s'attendait pas à ce que ce soit si différent. Erna ne lui était pas familière dans sa nudité.

Bjorn avait apprécié les seins gonflés d'Erna, mais le ventre gonflé était autre chose et il ne savait pas quoi faire. Il se concentra sur les yeux d'Erna, dont les joues étaient gonflées et rouges, ce qui ne faisait qu'ajouter à sa beauté.

« C'est un peu bizarre ? » demanda Erna avec un sourire nerveux. Elle avait un courage téméraire, mais elle était souvent consciente d'elle-même à certains moments.

Erna savait de quoi Bjorn avait peur, car elle aussi avait les mêmes craintes et les mêmes cicatrices. Elle lui était reconnaissante de sa considération, mais une nouvelle forme de peur s'était réveillée en elle. Et si elle n'était plus belle pour lui ?

Bien qu'elle connaisse mieux que quiconque son corps, qui n’était plus vraiment le même, Erna espérait toujours être jolie aux yeux de Bjorn. Il était la seule personne au monde qu'elle aimait autant et elle espérait être toujours avec lui.

« Bjorn » Alors que le silence s'installa, l'épaule d'Erna se rétrécit un peu. Il leva la main et effleura sa joue.

« Dis-moi si ça fait mal ou si c'est inconfortable » Bjorn embrassa sa joue et l'attira avec précaution dans ses bras. Il appuya ses lèvres sur sa nuque et massa ses seins gonflés.

Erna tremblait lorsqu'il jouait avec elle, tenant ses mamelons et les pinçant légèrement.

Il continua à l'embrasser, lui caressant le dos de l'autre main. La peur n'était plus là.

Il n'était pas vraiment comme une bête en chaleur, il sentait un désir ardent s'étendre de lui, se traduisant par un toucher doux ici, un baiser doux là et un pincement stratégique pour la garder excitée. Sa peau se hérissait de chair de poule et elle gémissait à chaque nouvelle sensation.

Lorsqu'il sentit que son excitation atteignait son paroxysme sous la forme d'une chaleur qui coulait sur sa cuisse, il la souleva doucement et l'allongea sur le lit. Elle resta immobile pendant qu'il adorait son corps merveilleusement étrange.

« Bjorn... » Le temps s'écoulait, Erna sentait son impatience grandir, elle l'appelait, le suppliait de la toucher. Il ne la laissa pas attendre plus longtemps et utilisa ses cuisses douces pour prendre sa tête en sandwich pendant qu'il l'embrassait.

La chaleur de son souffle la chatouilla tandis que sa langue massait les endroits où elle sentait la chaleur monter le plus fort. Il fit quelque chose avec sa langue qui la fit rire de façon explosive et inattendue.

« C'est très étrange » dit Erna en passant ses doigts dans ses cheveux. Bjorn leva les yeux vers elle, mais ne vit que son ventre. Il l'embrassa de haut en bas jusqu'à ce qu'il puisse la voir.

« C'est étrange, c'est comme si nous avions un public » dit Bjorn. Il rit à nouveau, tandis qu'Erna lui lança un regard.

« Serait-ce que Bjorn Dniester est timide ? »

« J'ai beau être courageux, je ne suis pas prêt mentalement »

« C'est bon, les bébés dorment » Erna trouva une excuse plutôt intelligente et se caressa le ventre. Elle parla à voix basse pour ne pas déranger les bébés qui dormaient. Bjorn rit.

Bjorn se leva et s'allongea à côté d'Erna, car il ne voulait pas écraser les jumeaux. Même lorsqu'il la pénétra, il s'inquiéta de ne pas exercer trop de pression sur elle et se contenta d'enfoncer le bout lentement et prudemment. La douce stimulation était bien plus agréable qu'il ne l'aurait cru. Elle lui laissait encore le désir irrésistible de plonger aussi profondément que possible, mais il devait garder le contrôle.

Erna poussa un gémissement qui augmenta progressivement en intensité. Il l'embrassa plusieurs fois, caressant son beau corps. La respiration de Bjorn devint aussi rapide que celle d'Erna, le sentiment de plénitude grandissant en lui.

Elle était si belle, chaque fois que leurs regards se croisaient pendant qu'ils faisaient l'amour, la même pensée lui traversait l'esprit et il avait désespérément envie de saisir sa taille et de la ramener sur lui à chaque petite poussée.

************************

La neige n'avait pas cessé de tomber toute la nuit. Les flocons épais jouaient des ombres sur le sol et Erna tourna la tête, surprise par la sensation de chaleur et d'humidité sur sa joue. Bjorn était là.

« Ne bouge pas, Erna » dit-il en essuyant son corps refroidissant avec une serviette chaude et humide. Erna le regarda avec stupeur, elle n'avait aucune idée que c'était ce qu'il faisait lorsqu'il est sorti du lit après avoir fini de la pénétrer.

Lorsque la serviette fut refroidi, Bjorn se dirigeait vers le bassin pour le réchauffer à nouveau. Elle pouvait entendre le bruit des éclaboussures d'eau et elle se recroquevilla les orteils.

« Tu préfères que j'appelle les femmes de chambre ? » Bjorn se rassit sur le lit et sourit.

Erna hocha à peine la tête. « Depuis quand es-tu redevenue une femme vierge ? » dit-il avec perversité.

« Bjorn, les bébés vont t'entendre. »

« Eh bien, ils l'ont déjà vu » dit-il calmement.

Incapable de répondre à un tel commentaire, Erna fixa le plafond, se confiant à lui.

Aujourd'hui, elle était encore plus embarrassée qu'avant.

Une fois qu'il eut fini de nettoyer Erna, Bjorn remit son pyjama. Erna aurait bien fait de même, mais elle était à court d'énergie à ce moment-là. Elle aurait pu s'endormir sur-le-champ, mais Björn la dérangea en remontant dans le lit et en l'attirant contre lui.

« Dors maintenant » murmura Bjorn. Elle voulut répondre par l'affirmative, mais elle n'en eut pas l'énergie et se contenta d'acquiescer.

« Bjorn » Erna trouva le courage de demander : « Je suis jolie ? »

« Tu crois que je ferais ça si tu ne l'étais pas ? » La question était posée d'une manière si sérieuse, mais elle pouvait entendre le rire déguisé qu'elle contenait.

« Et si je ne suis plus jolie ? »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Eh bien, avec le temps, mon corps va vieillir, je vais me flétrir » La voix d'Erna trembla légèrement.

Bjorn aimait la façon dont cette femme le regardait, les petits gestes, les mimiques et les habitudes. Elle était si sottement naïve parfois, la somme de tout ce qu'était Erna, une fille si charmante, si jolie.

« Je te fleurirai à nouveau, autant que tu le voudras » Bjorn le promit de tout son cœur. Il ferait tout pour qu'Erna ne se fane jamais. Cette femme était une fleur qui s'épanouissait avec amour et c'est ce qui la rendait belle, quel que soit son âge.

« Cela veut dire que tu seras mon jardinier ? » Erna le regarda avec un sourire narquois.

« Eh bien, quelque chose de similaire, je suppose »

Ce n'était pas sa plus grande expression d'amour, mais Erna ne demanda rien de plus et ferma les yeux. Au fur et à mesure que sa respiration devenait régulière et calme, ses jumeaux, qui s'agitaient dans son ventre, s'apaisaient également.

D'un dieu tout-puissant à un arrangeur de fleurs, Bjorn donna à nouveau un baiser avec une promesse. Et même un baiser pour chacun des bébés, témoins secrets de son amour.

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Ils firent toutes deux la grasse matinée jusqu'à une heure tardive, Erna se réveillant la première sous le soleil qui entrait à flots dans la chambre, et qui semblait plus brillant que d'habitude. C'était un matin d'hiver ensoleillé, où la neige était tombée en abondance. On pouvait se croire dans un rêve.

La journée commença comme n'importe quelle autre journée. Bjorn partit gagner de l'argent pour les jumeaux et Erna bavarda avec Lisa pendant qu'elle se lavait, changeait de vêtements et se brossait les cheveux. Elle avait décidé de ne pas avoir de relations sociales jusqu'à la naissance de ses jumeaux, et son hiver était donc très détendu. Tout ce qu'elle avait prévu pour la journée, c'était de passer du temps avec la duchesse Arsène.

Ce qui allait rendre cette journée spéciale, ce fut lorsque Lisa apporta le petit déjeuner.

« Votre Altesse, regardez là-bas, c'est un bonhomme de neige » Lisa courut à la fenêtre et le montra du doigt, ravie.

Erna posa sa cuillère et se dirigea vers la fenêtre où se tenait Lisa. Il y avait en fait quatre bonshommes de neige soigneusement construits côte à côte sur la balustrade du balcon. Il y avait un grand bonhomme de neige, un petit bonhomme de neige et deux très petits bonshommes de neige. Erna n'eut pas besoin de réfléchir à ce qu'ils représentaient.

Erna laissa échapper un petit rire et sortit sur le balcon pour mieux les voir. Pendant qu'elle les étudiait, Lisa sortit un châle pour Erna. Maman Dniester, Papa Dniester, Bibi et Nana Dniester.

Erna admira les bonshommes de neige scintillants tandis que les jumeaux dansaient joyeusement dans son ventre, les doigts frigorifiés par la brise fraîche de l'hiver.

Ps de Ciriolla : je crois que c'est ces déclarations d'amour que je préfère, celle tout en poésie, promettant pas forcément la lune, mais une promesse de douceur au quotidien pour une vie entière

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 178 –

Efficacité et probabilité

Bibi et Nana venèrent au monde lorsque le printemps arriva et que les fleurs blanches déployèrent leurs pétales pour saluer le réchauffement du soleil.

Bjorn était au palais Schuber, en train de dîner avec toute sa famille pour discuter des préparatifs du mariage du couple héritier. Erna était la seule exclue, car elle était devenue trop grosse et trouvait les carrosses bien trop inconfortables.

Lorsque Bjorn apprit qu'Erna allait accoucher, il n'en crut pas ses oreilles. « Déjà ? Le médecin a dit qu'il nous restait encore une semaine ou deux » dit Bjorn, hébété, en serrant fort sa serviette de table.

« Un bébé naît quand il veut naître » dit Isabelle, « et il semble que les jumeaux aient une part de l'impatience de leur père » dit-elle en riant pour elle-même.

Le père de Bjorn le précipita hors de la pièce. « Tu ferais mieux de partir, mon garçon, il n'y a rien de plus important que la naissance de son premier enfant »

Alors que Philippe poussait son fils hors de la table, Bjorn s'empara rapidement d'un verre d'eau qu'il se versa presque à lui-même en essayant de boire, son père lui donnant une tape dans le dos au passage.

« Oh, attendez-moi » dit la duchesse Arsène, « nous sommes mercredi après tout » bien qu'aucun des autres membres de la famille ne sache ce que cela signifiait.

« Je pense que nous devrions vous accompagner, grand-mère » dit Leonid, se levant lui aussi de table avec sa fiancée Rosette.

« Mais nous sommes censés discuter des préparatifs de ton mariage » protesta Isabelle, mais il était déjà trop tard, toute la famille décida de suivre Bjorn à l'hôpital.

« Isabelle, ma chère chérie, ce n'est pas la peine de lutter, autant y aller aussi » dit Philippe.

Isabelle poussa un soupir dépité : « Très bien, si telle est votre volonté, Votre Majesté, mais si le mariage de Leonid tourne au désastre, ce sera de votre faute »

*************************************

La famille royale envahit l'hôpital royal, c'était la seule façon pour Lisa de décrire la situation. Un cortège de voitures de luxe, portant toutes l'écusson royal sur leur portière, s’arrêtèrent l'un après l'autre devant l'hôpital.

Les serviteurs de la Grande-Duchesse ne savaient plus où donner de la tête, car après l'apparition du prince Bjorn, le seul membre de la famille royale que l'on attendait, un autre carrosse royal arriva, puis un autre et encore un autre. La soudaineté de la situation prit tout le monde au dépourvu, à l'exception de Mme Fitz.

Le prince Bjorn arriva comme s'il participait à l'une de ses nombreuses visites royales. Il entra dans l'hôpital aussi calmement que d'habitude. Il n'avait pas eu à demander à qui que ce soit où se trouvait Erna, tout le monde s'attendait à son arrivée et une infirmière était prête à le conduire dans la suite d'Erna.

Quant au reste de la famille royale, personne ne savait exactement ce qu'il fallait faire, car il n'y avait pas assez de serviteurs et d'assistants pour s'occuper de tout le monde, et on ne s'attendait pas à leur apparition soudaine. Il avait été jugé trop impoli de les faire attendre dans la salle d'attente avec le reste des gens du peuple, et l'une des plus grandes salles du personnel avait donc été mise à leur disposition.

Bjorn se déplaçait calmement dans l'hôpital et mettait de l'ordre dans la panique qui régnait autour de lui, où qu'il aille. À première vue, il était difficile de croire qu'il attendait la naissance de son premier enfant d'un moment à l'autre.

« Vous êtes définitivement un Dniester » dit la duchesse Arsène, la seule à suivre Bjorn.

« Il était temps. »

Peu de temps après s'être assuré qu'Erna était bien installée, il fut expulsé de la pièce et laissé en train de faire les cent pas dans la salle d'attente. L'un après l'autre, les autres membres de la famille étaient venus prendre de ses nouvelles, lui demandant s'il avait besoin de quelque chose, et à chacun d'entre eux il avait poliment répondu qu'il allait bien.

« Regardez bien, Léo » avait dit la duchesse à Leonid lorsqu'il était arrivé. « C'est ton avenir « La duchesse esquissa un sourire gêné. « S'il montre des larmes à la fin, Bjorn sera le parfait miroir de Philippe »

Philip Dniester choisit de rester silencieux et stoïque. Il n'avait versé de larmes qu'à l'occasion de la naissance de ses premiers enfants, les princes jumeaux. Lorsqu'il se tourna vers son fils Bjorn, sa démarche agitée ressemblait à celle d'un loup autoritaire patrouillant sur son territoire, alors qu'en réalité, il n'était qu'un loup triste et inquiet pour sa femme.

La moitié de la journée s'était écoulée avant que Mme Fitz ne sorte en courant de la salle de travail. Tous les regards se tournèrent vers elle lorsqu'elle sortit précipitamment.

« Son Altesse a donné naissance à une magnifique petite fille et à un petit garçon plein d'entrain » dit-elle en retenant difficilement ses larmes. « Félicitations, votre Altesse. »

*****************************

« Bonjour, Bjorn » dit faiblement Erna le voyant entrer dans la suite. Elle avait l'air si fatiguée et vidée, c'était étrange de la voir dans un tel état de faiblesse, on aurait dit qu'elle allait s'effondrer d'un moment à l'autre, mais son sourire était fort et lumineux.

Bjorn avait du mal à garder son calme alors qu'il desserrait sa cravate et venait se placer à côté de sa femme. Il avait toujours été maître de ses émotions, mais la vue de sa femme dans le lit fit naître une boule dans sa gorge. Il s'assit sur le côté du lit et prit sa femme dans ses bras.

« Je vais bien... » dit Erna en lui caressant le dos.

Bjorn poussa un long soupir de soulagement et regarda Erna dans les yeux. Elle lui rendit son visage pâle, dont les yeux s'illuminaient de la lumière du soleil couchant. Au moment où ils se sourirent, Lisa apparut avec deux paquets bien enveloppés. Lisa mit le premier bébé, Maître Bibi, dans les bras de Bjorn et mit Maîtresse Nana dans ceux d'Erna.

Bjorn regarda le petit paquet qui ne pesait rien et vit le plus petit visage émerger de l'emmaillotement de tissu. Ses yeux étaient bien fermés et une touffe de cheveux platine sortait de l'emballage. Il regarda Nana, qui avait une fine mèche de cheveux brun, comme sa mère.

Ils s'étreignirent maladroitement, essayant de ne pas écraser leurs premiers enfants né le premier jour de leur vie de parents. Leurs yeux se regardaient profondément et leurs sourires étaient larges et lumineux. Le plus amusant, pour Bjorn, c'était que sa femme sentait encore les fleurs sauvages.

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Erna avait donné naissance à Bjorn et Erna, c'était du moins l'avis de ceux qui avaient vu Frederick et Ariel Dniester. C'était surtout l'avis d'Isabelle et de Philippe, qui croyaient voir les visages de Bjorn et de Leonid lorsqu'ils étaient bébés.

Lorsque les jumeaux ouvrirent les yeux, l'évaluation était un peu différente. Frederick avait des cheveux platine, comme son père, mais des yeux bleu argenté, comme sa mère.

Ariel avait les cheveux bruns de sa mère et les yeux gris de son père. Ce qui était clair, c'était que chaque enfant avait adopté les traits les plus jolis de chacun de ses parents.

Ce qui fut le plus remarquable, c'était la démonstration de l'efficacité des Dniesters.

N'importe qui vous dira que les chances d'avoir des jumeaux, même pour un jumeau, étaient assez minces, mais que ces jumeaux soient un garçon et une fille ? Plus on y réfléchissait, plus le miracle était grand.

« Ce sont les plus beaux bébés que j'aie jamais vus de ma vie ! »

Aujourd'hui encore, les réactions des vieilles dames qui avaient posé les yeux sur Frederick et Ariel, les frères et sœurs jumeaux du grand-duc, restaient enthousiastes.

La Grande-Duchesse écouta et accepta toutes les louanges qui lui furent été adressées avec grâce et dignité. Elle fit de son mieux pour garder un comportement calme, mais en réalité, un ouragan d'émotions se déchaînait en elle à ce moment précis.

Les pires étaient toutes les vieilles dames de la famille, qui tournaient autour d'Erna comme un troupeau de poules, la harcelant et la poussant. Au fur et à mesure, Erna reporta son attention sur le parent le plus proche, prenant ses jumeaux dans ses bras et se dirigeant vers eux, profitant de la pluie d'éloges. Le plaisir secret qu'elle éprouvait à être le centre de l'attention l'incitait à présenter fièrement ses magnifiques bébés.

La duchesse Arsène était toujours dans la pièce, posant calmement sa tasse de thé. Elle adressa un sourire chaleureux à Erna. Bjorn, assis en face d'elle, se tourna bientôt vers sa femme.

« Votre femme est très excitée » dit doucement la duchesse Arsène.

« Mes enfants le méritent » répondit Bjorn. Il détestait les parents qui se vantaient partout de la beauté de leurs enfants, mais ses jumeaux étaient exceptionnels, c'étaient de jolis bébés.

La duchesse hocha la tête, ne quittant pas des yeux les jumeaux d’Erna.

« Elle doit être épuisée, même après l'accouchement, d'avoir tous ces gens qui se pressent autour d'elle. Je ne pense pas que cela va se calmer de sitôt et vous avez rendu cette période de l'année encore plus chargée »

Les jumeaux étaient nés en mai, un mois qui deviendra sans doute le mois des festivals.

Le mariage de Leonid, le festival de la fondation, même maintenant c'était le festival des salutations au balcon. À l'heure qu'il était, la nouvelle des naissances devait faire le tour du pays, donnant aux gens encore plus de raisons de faire la fête.

« Maintenant que j'y pense, n'est-ce pas votre première année en tant que couple marié

? »

« Oui » répondit calmement Bjorn.

Ils avaient visité Buford pour la première fois l'année dernière, en tant que couple marié, et après cela, ils étaient partis en tournée en Lorca, de sorte qu'ils avaient complètement manqué les salutations au balcon.

« Venez, attrapez les jumeaux et donnons à chacun d'entre vous un premier aperçu du festival »

Bjorn se leva de son siège et s'approcha de sa femme et des jumeaux. Il était temps de sortir sur le balcon, où tout Lechen attendait impatiemment.

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 179 – Un bonheur sans fin

La première commença avec le roi et la reine. Lorsqu'ils furent sortis sur le balcon, les acclamations de la foule suffirent à faire trembler les havres et la terre. Erna tressaillit au bruit et retint son souffle. Cela faisait quelques années qu'elle était devenue princesse, elle aurait espéré être habituée à la foule maintenant.

Erna regarda par le balcon, la mer de visages qui la regardaient tous avec des sourires radieux et de l'allégresse. La place devant le palais était pleine à craquer.

« Je n'ai jamais vu une telle foule » dit la princesse Greta en s'approchant d'Erna figée «

jamais de toute ma vie »

Erna ne put s'empêcher de sourire, Greta n'avait que quatorze ans, mais elle semblait gérer la situation avec un calme qu'elle n'attendait pas de la petite fille.

Après la princesse Greta, vinrent le prince héritier et la princesse nouvellement mariés.

Ils s'étaient battus avec Erna pour obtenir les premières pages des tabloïds et il était facile de voir quel journal favorisait tel ou tel royal en lisant l'article en première page.

Erna serra la main, plus pour se soutenir que pour autre chose. C'était une journée particulièrement nerveuse pour Erna, car c'était le jour où les jumeaux seraient officiellement présentés au monde pour la première fois.

Tandis que le prince héritier et la princesse saluaient la foule, qui répondait par des acclamations, Erna remettait de l'ordre dans sa robe. Elle vérifia inconsciemment que son diadème était droit et que le pendentif de son collier était bien placé. C'était le diamant bleu que Bjorn lui avait offert lors de leur lune de miel, et qui avait été au centre d'une avalanche d'accusations d'avarice et d'extravagance. Aujourd'hui, il était pratiquement devenu le symbole de la maison de la Grande-Duchesse.

Alors que le prince et la princesse héritiers sont sous les feux de la rampe, le cœur d'Erna battait à tout rompre, elle se sentait comme une bille de verre emportée par le vent. Elle savait à quel point les gens aimaient les jumeaux, alors qu'est-ce qui la rendait si anxieuse ?

Erna lissa les plis de sa robe pour la centième fois et se rendit compte qu'elle allait faire un trou dans sa robe à force de la tripoter. C'était sa première apparition officielle depuis l'accouchement.

« Erna ? »

Une voix grave et calme se glissa derrière elle. Il était en train d'ajuster la ceinture bleue sur sa poitrine. Elle regarda Bjorn de haut en bas, son beau prince, qui l'avait sortie de la prison de sa vie et lui avait fait découvrir le monde au-delà de la familiarité des quatre murs de sa chambre. La splendide draperie de son uniforme éblouissait dans la lumière du soleil.

« Respirez »

Il regarda le visage pâle d'Erna et lui murmura des affirmations. Comme le soir de leur première rencontre, lorsqu'il avait sauvé une fille de la campagne, il venait maintenant la soutenir.

« Respirez » se dit-elle

Il regarda Erna avec un sourire rassurant et prit sa main gelée. Le cœur d'Erna se stabilisa à son contact et, comme toujours, son amour devint son salut. Elle voulut lui demander si elle était jolie, chercher d'autres affirmations positives pour l'aider à se sentir mieux, mais elle se sentit gênée d'avoir besoin de cela, elle était une femme adulte, pas une petite fille.

« Prête ? » demanda Bjorn et, après une brève pause, elle acquiesça.

Bjorn regarda derrière lui et fit un signe de tête aux baby-sitters qui s'occupaient des jumeaux pendant qu'ils sortaient sur le balcon. Les jumeaux étaient enveloppés dans une dentelle de couleur crème, marquée d'un ruban de satin bleu. En voyant leurs formes sereines et endormies, Erna sourit.

Après avoir remis l'épée au préposé, Bjorn serra Ariel dans ses bras. Erna redressa rapidement son gant et prit Frederick dans sa main gantée. Au même moment, le couple de princes héritiers qui avait terminé ses salutations se retourna.

C'était maintenant à leur tour de faire face à la foule en liesse.

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« Bjorn et Erna Dniester, avec Ariel et Frederick Dniester » Un serviteur s'écria et présenta le couple. Le couple grand-ducal se tient à la balustrade du balcon.

Les acclamations secouaient toute la ville, portées par la brise printanière. Les rideaux et le drapeau national flottaient vigoureusement au vent.

Erna reprit tout juste son souffle et trouva le courage de faire un petit signe de la main à la foule innombrable. Elle n'avait fait qu'un petit signe de la main, car elle avait peur de faire tomber le bébé. Bjorn n'avait pas la même crainte et il salua aussi vigoureusement qu'il le faisait toujours, tenant habilement sa fille dans un bras.

La foule scandait les noms des jumeaux. C'était une acclamation pleine d'affection et d'amour pour les nouveaux membres de la famille royale et cela effaça l'anxiété d'Erna.

Elle leva ses yeux brûlants et regarda Bjorn, qui se retourna pour regarder sa femme.

Quand elle sourit, il sourit aussi.

Elle se surprit à penser à sa petite chambre du manoir Baden, dont les grandes fenêtres lui donnaient une vue panoramique sur la campagne. Des vergers et des ruisseaux, des pommiers en fleurs, des champs pleins de fleurs qui s'épanouissaient en différentes couleurs à chaque saison. Chaque fois qu'elle clignait des yeux, le souvenir de la fille de la campagne l'envahit. Elle avait parcouru un long chemin et se remémorait cette époque avec tristesse. Elle n'allait plus jamais être cette simple fille de la campagne.

Elle se demandait quel genre de souvenirs l'attendaient, avec les jumeaux et Bjorn. Il ne fit aucun doute que Leonid et Rosette auront eux aussi des enfants. Elle se demandait si leurs enfants s'entendraient avec les siens et si elle en aurait d'autres.

Erna leva les yeux avec une impatience pétillante et regarda Bjorn une fois de plus. Elle essaya de l'imaginer comme un vieil homme, à l'image de son père, et elle comme Isabelle. Bjorn inclina la tête et l'embrassa, ce à quoi elle ne s'attendait pas, et elle fut ramenée au présent.

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« Maman... »

Les chauds rayons du soleil printanier tombaient sur le visage souriant d'Erna. Les voix des enfants, de plus en plus fortes, l'avaient réveillée. Les ombres de leurs mouvements se jouaient de ses paupières et elle ouvrit lentement les yeux pour voir une paire de lèvres humides et baveuses se pencher sur elle pour l'embrasser une centaine de fois.

Bjorn se tenait près du lit, consultant sa montre à gousset. « Réveille-toi Erna, il reste trois minutes »

« Hmm ? » Erna marmonna en s'endormant.

« Tu as fait tant d'histoires à propos de la tradition, mais tu sembles l'avoir complètement oubliée »

Erna se redressa avec un soupir surpris. Les jumeaux applaudirent tandis que leur mère revenait lentement à un état éveillé. « La tradition était précieuse » pensa-t-elle en se hissant hors du lit avant que les jumeaux ne puissent s'empiler sur elle.

Elle se recoiffa à la hâte et chercha des vêtements. La tradition était précieuse, mais il était hors de question qu'elle sorte nue sur le balcon, elle commençait à imaginer tous les ragots et les scandales.

« Une minute » dit Bjorn en tendant une robe à Erna. Erna s'empressa de l'enfiler et sortit sur le balcon.

« Bjorn, tu viens, dépêche-toi » dit-elle en rentrant dans la chambre.

Bjorn sourit en serrant son fils dans ses bras et en l'emmenant avec lui. L'attitude impudente de sa femme était compréhensible, étant donné l'autre tradition que tous deux partageaient la veille de la mise en marche de la fontaine.

Bjorn emmena Frederick sur le balcon et, côte à côte, toute la famille grand-ducale assista aux premiers jets de la grande fontaine. Ils applaudirent tous de joie lorsque le bruit de l'eau qui éclaboussait leur parvis.

« C'est vraiment devenu une tradition familiale » murmura Erna en regardant l'eau scintiller. Bjorn se pencha vers eux et les serra tous les trois dans ses bras.

« Et si nous prenions notre petit-déjeuner dans la serre ? Les orangers sont en train de fleurir » Bjorn fit cette suggestion en essuyant une larme sur la joue d'Erna.

Les jumeaux adoraient les paons qui vivaient dans la serre, un cadeau de la reine de Lorca. Ce serait une belle matinée tranquille que de prendre le petit déjeuner dans la serre et d'observer les oiseaux.

« Fo...un...tin » Les yeux de Bjorn s'adoucirent lorsqu'il regarda sa fille, qui trébuchait maladroitement sur les mots.

Ils prévoyaient déjà de construire une centaine de bonshommes de neige pendant l'hiver, lorsque les jumeaux seraient assez grands pour sauter dans la neige tout seuls.

L'odeur des bonbons et les rires doux et enfantins n'étaient plus un rêve ou une fantaisie.

Frederick avait l'air d'être d'humeur badine. Les gens avaient pris l'habitude de l'appeler Rick, ce à quoi Bjorn rappelait religieusement que son surnom était Bibi. Le nom qui lui était destiné était maintenant donné à son fils et Bjorn n'avait jamais eu l'intention de le taquiner pour cela lorsqu'il serait en âge de le faire.

Et sa femme, Erna.

Il sourit en revoyant le vent de ce printemps, la regardant avec des yeux aimants.

Suivant la tradition nouvellement instaurée, le couple grand-ducal contempla ensemble le paysage, jusqu'à ce que les eaux de la fontaine s'écoulèrent le long du canal et jusqu'à la rivière Abit.

Les fleurs s'épanouiront, puis se faneront, puis refleuriront, et Bjorn savait qu'il en profiterait chaque année. Comme la fin d'un beau conte de fées, où le prince tombe amoureux de la princesse, heureux jusqu'à la fin des temps.

FIN

Ps de Ciriolla : Une fin comme on les aime, pleine de douceur et d'amour.... merci a tous ceux qui ont suivit ce projet

Tome 2 (Bonus) – Chapitre 179.5 – Le mot de la fin

Nous voici encore de retour sur la fin d'un novel, j'espère que cette histoire vous aura beaucoup, je trouve son écriture d'un qualité assez rare et rempli de poésie malgré des sujets et des moments extrêmement difficiles par moment.

Maintenant que vous l'avez lu en entier, vous pouvez la notez de manière objective XD

J'espère vous revoir et me soutenir pour Princess Shu car ça sera un gros projet....

Je vous remercie encore pour tout vos petits commentaires et vos soutiens, ça fait toujours plaisir

A très vite pour une nouvelle grande histoire

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Commentaire

Chapitre Sides Stories - Tome 2 - FIN
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